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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'indice des dettes à la consommation

23 juin 2020


Honorables sénateurs, en mars de cette année, près de la moitié des Canadiens que la firme MNP a interrogés afin d’établir son indice des dettes à la consommation ont affirmé être à 200 $ de l’insolvabilité. Alors que les Canadiens doivent déjà trouver le moyen de survivre aux perturbations économiques sans précédent que nous vivons actuellement, le pseudo-répit que leur donnent les six grandes banques du Canada, qui figurent parmi les sociétés les plus riches du pays, n’en est pas vraiment un.

En janvier, le taux de chômage était de 5,5 %. En mai, il passait à 13,7 %. Il dépassait même les 29 % chez les jeunes. Nous avons mis l’économie sur pause pour limiter la propagation de la COVID-19, et les Canadiens ont accepté docilement de modifier leur mode de vie pour contribuer à l’effort collectif, ce qu’ils continuent d’ailleurs de faire. Résultat : ils doivent désormais puiser dans leurs économies ou se tourner vers les emprunts pour joindre les deux bouts. Or, avant même la pandémie, ils étaient déjà parmi les plus endettés du monde. En juin, Statistique Canada nous apprenait que, pour chaque dollar de revenu disponible, les dettes du ménage canadien moyen s’élevaient à 1,77 $, ce qui comprend l’hypothèque, les cartes de crédit et les marges de crédit.

De 2002 à 2017, au Canada, le salaire horaire médian moyen a augmenté de 7,4 %, mais seulement dans les deux dernières années, la rémunération des PDG des six grandes banques, qui avoisine aujourd’hui 10,5 millions de dollars par année, a grimpé de 13,5 %. C’est plus de 200 fois le revenu par habitant du pays.

Qu’ont fait les grandes banques pour les Canadiens au cours de la pandémie de COVID-19? Elles ont offert le report des paiements hypothécaires, qui permet aux propriétaires de suspendre, sans pénalité, leurs paiements hypothécaires pour une période pouvant aller jusqu’à six mois. Les propriétaires doivent toutefois payer les intérêts qui se sont accumulés sur les paiements reportés. Le gouvernement fédéral a négocié une baisse temporaire des taux d’intérêt des cartes de crédit pour les consommateurs et les propriétaires de petites entreprises. Toutefois, comme pour le report des paiements hypothécaires, les intérêts, auxquels s’ajoute une pénalité pour bien des cartes, s’accumulent sur les soldes de carte de crédit impayés et doivent être payés à l’expiration de la période de report, qui approche à grands pas. Cela signifie que les personnes vulnérables sur le plan financier verront leur endettement croître de plus en plus tandis qu’elles doivent demeurer à la maison.

L’an dernier seulement, la Banque Royale a enregistré des profits de 9,6 milliards de dollars; la Banque TD, 11,6 milliards de dollars; la Banque Scotia, 8,7 milliards de dollars; la Banque de Montréal, 6,2 milliards de dollars; la CIBC, 5,4 milliards de dollars; la Banque nationale, 1,6 milliard de dollars. Comme la rémunération des PDG, le prix des actions et le rendement boursier augmentent en période de croissance économique, les banques ne devraient pas profiter de l’épreuve que vivent les Canadiens.

Le premier ministre Trudeau et le ministre des Finances Bill Morneau ont déclaré il y a longtemps, en avril, que les banques devraient en faire davantage. Mais que fait le gouvernement fédéral au juste pour empêcher les sociétés les plus riches du secteur financier de tirer profit de l’infortune des Canadiens?

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