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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le troupeau de vaches de Saint-Sévère

23 novembre 2022


L’honorable Julie Miville-Dechêne

Chers collègues, habituellement, quand nous faisons des hommages ici, c’est pour reconnaître le mérite de certains de nos concitoyens. Aujourd’hui, toutefois, je veux exprimer mon admiration amusée et saluer la détermination remarquable d’un troupeau de vaches.

L’histoire concerne une vingtaine de vaches dans la région de Saint-Sévère, au Québec. Elles se sont enfuies de leur enclos l’été dernier et depuis, pour citer l’article remarquable du journaliste Sébastien Houle, elles « seraient en voie de retourner à l’état sauvage ». Des témoins racontent même qu’« elles sautent les clôtures comme des chevreuils ». Depuis leur fuite il y a quatre mois, le troupeau s’est même agrandi, parce que certaines vaches ont vêlé.

La directrice générale du village de Saint-Sévère, Marie-Andrée Cadorette, a pris les choses en main. Elle a contacté le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), mais le ministère a dit qu’il ne pouvait rien faire, et a suggéré d’appeler le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Le ministère a dit qu’il ne pouvait rien faire, parce que les bovins ne sont pas des animaux sauvages. Le ministère a suggéré d’appeler la Société protectrice des animaux (SPA).

Or, la SPA a dit qu’elle ne pouvait rien faire, parce que les vaches ne sont pas des animaux domestiques et elle a proposé de contacter le MAPAQ. Mme Cadorette a donc rappelé le MAPAQ qui, cette fois, a suggéré que la municipalité abatte le bétail délinquant.

Mme Cadorette a répondu : « La Municipalité c’est moi, en robe puis en talon aiguille... Je ne vais pas à la chasse aux vaches! » On la comprend.

Mme Cadorette a ensuite contacté la Sûreté du Québec (SQ) pour lui demander d’abattre les vaches, mais la SQ a refusé, parce qu’il ne s’agit pas, selon le corps policier, d’une situation d’urgence immédiate.

Finalement, Mme Cadorette a contacté des cowboys par l’entremise du Festival western de Saint-Tite, une belle institution de chez nous. Pour la première fois, quelqu’un était prêt à aider.

Le 30 octobre, la veille de l’Halloween, neuf cowboys ont débarqué à Saint-Sévère : huit à cheval et un autre avec un drone. Les cowboys ont trouvé les vaches et sont presque parvenus à les attraper, mais à la dernière minute, elles se sont enfuies à travers un champ de maïs. Elles courent toujours, passant leurs journées cachées dans la forêt et broutant la nuit.

J’aimerais donc profiter de cette tribune pour saluer chaleureusement la détermination formidable de Marie-Andrée Cadorette et lui souhaiter la meilleure des chances. Ne lâchez pas! J’aimerais aussi féliciter les cowboys qui se sont portés volontaires, alors que tous les ministères et corps de police du Québec ont déclaré qu’ils ne pouvaient rien faire. Il y a sans doute une leçon politique.

J’aimerais finalement confesser mon admiration sans bornes pour ces vaches qui ont retrouvé leur liberté et qui gambadent toujours. Alors que nous nous enfargeons trop souvent dans les fleurs du tapis, elles ont appris à sauter les clôtures.

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