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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Journée nationale de sensibilisation à la traite des personnes
14 février 2024
Le 22 février, c’est la Journée nationale de sensibilisation à la traite des personnes décrétée en 2021 par le Parlement grâce aux efforts soutenus du Groupe parlementaire multipartite de lutte contre l’esclavage moderne et la traite des personnes, dont je fais partie.
La traite des filles et des femmes au Canada est un fléau invisible aux yeux de la plupart des citoyens, mais qui détruit des vies. En novembre dernier, à moins de 10 minutes de la Colline du Parlement, une jeune fille a été libérée par quatre unités policières, dont le service policier mohawk d’Akwesasne. C’était l’aboutissement d’une enquête de 10 mois. Cette mineure était victime d’exploitation sexuelle depuis quatre ans. C’est long, très long. Quatre jeunes hommes ont été arrêtés et accusés, notamment de traite de la personne. La jeune fille connaissait ceux qui l’ont recrutée.
Ottawa, ville tranquille, une plaque tournante de la traite au Canada? Eh oui. Selon le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes, les trafiquants déplacent systématiquement leurs victimes de ville en ville pour ne pas être épinglés à partir de Montréal vers Ottawa, puis vers le sud de l’Ontario, pour atteindre différents marchés commerciaux, particulièrement Toronto où ce crime inqualifiable est le plus répandu. Ces déplacements incessants désorientent les victimes. Les jeunes francophones seraient surreprésentées, car elles sont plus faciles à manipuler dans un environnement anglophone qu’elles ne connaissent pas.
Pourquoi Ottawa est-elle dans ce circuit? La ville est parmi les premières destinations des Autochtones du Nord et des Inuits, et elle est à 150 kilomètres de la frontière américaine. Bien que les femmes autochtones ne représentent que 4 % de toutes les femmes canadiennes, elles constituent près de la moitié des victimes de traite, donc elles sont particulièrement à risque.
Ce sont surtout les filles et les femmes de 24 ans et moins qui sont les plus vulnérables à ce crime. Que ce soit l’étudiante qui est dans un bar de campus universitaire ou l’adolescente qui vit dans votre quartier et qui traverse une période difficile qui la rend plus vulnérable, de plus en plus, les trafiquants sont en ligne, sur les médias sociaux, où ils profitent de l’anonymat pour leurrer leurs victimes.
Un des nombreux sites problématiques a été lancé en 2019 : Wizz, une application gratuite de rencontre destinée aux adolescents, téléchargée 14 millions de fois. Le quotidien La Presse rapportait hier que le Centre canadien de protection de l’enfance recommande ce qui suit aux parents : « songer à supprimer Wizz des téléphones de leurs adolescents et de leur parler des dangers auxquels cette application les expose. »
L’an dernier, il y a eu 168 signalements d’exploitation sexuelle. Les services policiers canadiens ont recensé 4 000 cas de traite en une décennie. Moins de 10 % des procès se soldent en un verdict de culpabilité.
En cette journée de sensibilisation, ce qui compte comme citoyen et citoyenne, c’est d’être alerte aux changements de comportement des filles et des jeunes femmes qui nous entourent.
Merci.