DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le revenu de base garanti
6 février 2020
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour attirer votre attention sur la question de la pauvreté au Canada.
L’an prochain marquera le 50e anniversaire du rapport Croll, un document marquant sur le sujet. On estime que la pauvreté au Canada coûte entre 72 et 84 milliards de dollars chaque année, sous forme de pertes de recettes fiscales et de coûts liés aux soins de santé, aux prisons et au système juridique. Effectivement, comme nous l’a rappelé hier l’ancien sénateur Hugh Segal, 85 % des personnes incarcérées sont pauvres.
Hier, la décision rendue par la Cour de justice du Nunavut, de même que la chronique publiée par Niigaan Sinclair dans le Winnipeg Free Press, nous ont montré qu’au lieu de lutter contre la pauvreté et la marginalisation, nous réagissons trop souvent par la criminalisation et l’emprisonnement.
Le rapport Croll, de même que les anciens sénateurs Segal et Eggleton, ont appelé à la mise en place au niveau national d’un revenu de subsistance garanti dans le but de réduire la pauvreté. Le mois dernier, le Réseau canadien pour le revenu garanti a expliqué comment nous pouvons mettre en place un revenu de subsistance garanti entièrement financé — pas un projet pilote ou de belles promesses, mais un véritable revenu de subsistance garanti à l’échelle du pays dès aujourd’hui.
Le gouvernement doit prendre des mesures à l’appui des gouvernements autochtones afin de répondre aux besoins particuliers des Autochtones. Comme le savent les membres des comités de l’Arctique et des peuples autochtones, jusqu’à 46 % et 70 % des ménages dans les collectivités rurales, isolées et surtout nordiques sont en situation d’insécurité alimentaire, et ces chiffres sont en hausse. Le fait que ces populations n’aient pas suffisamment accès aux produits de première nécessité et aux possibilités d’études et d’emploi constitue un obstacle important à la vie et la survie des jeunes, sans parler de l’apprentissage de leur culture et de leur langue. Si on ajoute à cela que l’aide sociale exige que les personnes consacrent tout leur temps à chercher des emplois qui n’existent pas, faut-il s’étonner qu’elles ne puissent pas accéder aux langues traditionnelles, à l’éducation ou à la formation professionnelle, ou qu’elles ne puissent pas profiter de leur territoire?
Un revenu de subsistance garanti comme l’a recommandé le rapport du mois dernier pourrait apporter une plus grande stabilité.
À l’approche du 50e anniversaire du rapport Croll, il est temps de poursuivre ce travail. Je vous encourage à examiner la décision, la chronique et les rapports que j’ai mentionnés, et je vous exhorte tous à réfléchir à la manière dont les revenus de subsistance garantis peuvent contribuer à reconstruire notre filet de sécurité sociale et nous aider à créer des collectivités plus en santé, plus équitables et plus résilientes pour tous.
Meegwetch. Je vous remercie.