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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de France Geoffroy

6 mai 2021


Honorables sénatrices et sénateurs, le 30 avril dernier, France Geoffroy nous a quittés. La grande majorité d’entre vous ne la connaît probablement pas. Elle a été une battante, une pionnière, une grande artiste et une Canadienne marquante.

À 17 ans, France Geoffroy se dirige vers une formation en danse lorsqu’un accident de plongeon la laisse quadriplégique. C’est donc à partir de son fauteuil roulant qu’elle décide de repousser les limites de la danse. Au Canada, c’est à elle qu’on doit la danse intégrée, un art qui mélange sur scène des artistes handicapés et des artistes sans handicap. À partir de mouvements hors norme, ses chorégraphies transforment la vision du public sur les corps; il s’agit d’une célébration de l’inclusion et de la diversité. Que ce soit pour le danseur avec handicap, pour celui sans handicap ou pour le public, l’expérience est transformatrice.

Elle nous a marqués comme artiste, mais aussi par son combat pour que la danse intégrée soit reconnue dans le milieu. En 2000, France Geoffroy porte la troupe Corpuscule Danse. Elle portera pendant plus de 20 ans les chapeaux de directrice générale, de directrice artistique et d’interprète. C’est grâce à sa persévérance qu’aujourd’hui, le Conseil des arts du Canada reconnaît toute la légitimité de la danse intégrée.

Depuis quelques années, elle se consacrait à l’enseignement, entre autres, dans des camps d’été pour enfants en situation de handicap.

Nos chemins se sont croisés souvent par l’entremise de mon mari, qui est aussi dans le domaine des arts. Elle l’avait marqué avec la clarté de sa démarche artistique et l’audace de ses chorégraphies. Nous n’étions pas proches, mais comme on habite le même quartier, on se croisait deux à trois fois par année au parc La Fontaine et chaque fois, la conversation était chaleureuse, facile, spontanée. France était très drôle, très authentique.

Au cours de la dernière année, France m’a écrit plusieurs fois. Elle souffrait atrocement, elle avait tout tenté et ne souhaitait pas mourir sans dignité. Le 8 février, elle terminait la dernière lettre qu’elle m’a écrite avec les mots suivants, et je la cite :

Je ne peux qu’espérer la possibilité de disposer de mon corps et de tirer ma révérence dignement et avec grâce... comme je savais le faire sur scène.

France, on s’était promis d’aller prendre un café cet été au parc La Fontaine. Ce café, je le prendrai pour nous deux, magnifique France, en pensant fort à toi et en te remerciant pour tout ce que tu as fait. Merci.

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