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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de l'honorable Murray Sinclair, C.C., O.M., C.M.S.

3 décembre 2024


Honorables sénateurs, il est rare que l’on puisse dire que les actions et la nature d’une personne ont changé le pays. Murray Sinclair est l’une de ces personnes. Aujourd’hui, au nom du Groupe des sénateurs indépendants, je rends hommage à notre collègue bien-aimé.

Murray Sinclair, qui était juge, sénateur et fervent défenseur des droits des Autochtones, laisse derrière lui un immense héritage. Né en 1951, il est passé à l’histoire en devenant le premier juge autochtone du Manitoba, ce qui a ouvert la voie à une plus grande représentation. Toutefois, c’est en tant que président de la Commission de vérité et réconciliation, où il s’est efforcé sans relâche de remédier au génocide culturel historique dont ont été victimes les peuples autochtones, qu’il a apporté une contribution révolutionnaire.

Sous sa sage direction, le rapport final a été publié en 2015, y compris 94 appels à l’action. Selon Murray, il faut d’abord reconnaître les douloureuses vérités du passé, puis s’engager sur la voie de la guérison et de la compréhension.

Nommé au Sénat en 2016, il y a été une voix essentielle et a veillé à ce que les droits des Autochtones soient non seulement reconnus, mais aussi intégrés dans le tissu législatif et stratégique du Canada.

J’ai moi aussi été nommée ce jour-là. À mes yeux, il était gentil, attentionné et drôle et me demandait toujours des nouvelles de mon fils et me rappelait que la famille est ce qu’il y a de plus important.

En souvenir de Murray Sinclair, nous, membres du Groupe des sénateurs indépendants, rendons hommage non seulement à l’homme qu’il était, mais aussi au mouvement qu’il a inspiré. Son héritage continuera à guider notre travail. Il nous rappelle que la réconciliation est un processus qui nécessite de la vérité, de la compréhension et un engagement inébranlable en faveur de la justice.

Même si nous le connaissions ici sous le nom de Murray Sinclair, son véritable nom a toujours été Mazina Giizhik-iban, c’est-à-dire « Celui qui parle des images dans le ciel ». Dans son cœur, il est demeuré jusqu’à la fin un inini anishinaabe.

Environ deux cordes de bois ont permis d’alimenter le feu sacré sans interruption pendant des jours. Son esprit a été nourri de ses aliments préférés, y compris de ses friandises préférées : les jujubes. La société Three Fires a organisé des funérailles privées pour les membres de sa famille et ses proches. Ce jour-là, Murray — qui aimait la musique rock et avait commencé à conduire une motocyclette à l’âge de 70 ans — a été escorté dans un cercueil par d’autres motocyclistes jusqu’à sa dernière demeure. Le cortège a joué haut et fort la chanson Another Brick in the Wall du groupe Pink Floyd.

Cela me fait sourire, et je suis certaine que cela l’a fait sourire lui aussi. Il nous a tant donné.

Daga giwii-bimaadiziyang ezhi-gii-bimaadizid. Murray, Mazina, vous nous manquez.

Meegwetch.

L’honorable Patti LaBoucane-Benson (coordonnatrice législative du représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, c’est avec tristesse que je prends la parole afin de rendre hommage à l’extraordinaire vie de notre ancien collègue l’honorable Murray Sinclair.

Murray Sinclair était juge, sénateur et militant. Dans ma communauté, c’était un monument, un héros, un guide et une lumière dans l’obscurité de la difficile quête de la vérité et de la guérison. Le pays pleure la perte d’un leader, d’un juriste brillant et de celui qui a dirigé une des enquêtes les plus conséquentes de notre époque, la Commission de vérité et réconciliation.

Dans son style direct, sans mettre de gants blancs, Murray nous a donné les outils et la feuille de route pour améliorer le Canada, un pays bâti sur les relations respectueuses, en favorisant l’honnêteté, la justice et la compassion.

Le 26 septembre, Murray publiait ses mémoires intitulées Who We Are. Chers collègues, ces mémoires nous invitent à l’action, mais elles présentent également la magnifique histoire de Murray et son important point de vue.

Murray n’était pas assez en forme pour assister au lancement de son livre. Par conséquent, j’ai été honorée qu’on me demande de me joindre à notre bon ami Shelagh Rogers, à son fils Niigan et à David Robertson au Wordfest, à Calgary, pour parler du livre et rendre hommage à l’œuvre et à la sagesse de Murray Sinclair.

En écoutant parler Niigan, je me suis rappelé qu’en tant que juge, commissaire, puis sénateur Murray a passé des heures, des jours et des mois loin de sa famille. Tout ce qu’il a fait pour le Canada, il l’a fait en sacrifiant du temps précieux qu’il aurait pu passer auprès son épouse et de ses enfants, qui s’ennuyaient énormément de lui. Je tiens à exprimer mes sincères condoléances à la famille Sinclair ainsi que les remercier d’avoir partagé Murray avec nous.

Honorables sénateurs, notre pays a une immense dette de gratitude envers Murray Sinclair qui a consacré sa vie à rétablir la relation du Canada avec les peuples autochtones, à exposer au grand jour le passé du Canada, et à nous exhorter à bâtir un avenir meilleur. Je suis impatiente de poursuivre son œuvre avec votre concours, chers collègues, tandis que nous progressons ensemble sur la voie de la vérité, de la guérison et de la réconciliation.

Hiy hiy.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, en mon nom ainsi qu’au nom de toute l’opposition au Sénat, je prends la parole pour honorer la vie et l’héritage de l’honorable Murray Sinclair.

Notre ancien collègue a consacré toute sa carrière au service de la population. Sa nomination historique comme premier juge autochtone du Manitoba marque le début de son parcours dans le service public. Sa profonde compréhension du droit lui vaut d’être nommé par le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, au poste de président de la Commission de vérité et réconciliation. En effet, Murray Sinclair a entrepris la tâche monumentale de diriger la Commission de vérité et réconciliation et de mettre au jour les douloureuses vérités du système des pensionnats indiens au Canada.

La commission a entendu plus de 6 500 témoins venant de partout au pays et ces travaux ont constitué le fondement des 94 appels à l’action que contient son rapport final. Ce rapport est le plan d’action pour la réconciliation. Il souligne l’importance de l’éducation, de la préservation de la culture et d’une réforme systémique. Il nous rappelle que la réconciliation est un cheminement qui nécessite l’engagement de chaque personne et de chaque institution.

Murray Sinclair s’est battu pour la justice et la reconnaissance des droits des Autochtones au Canada. Il n’a jamais eu peur de défendre ses convictions, et il a continué de le faire en tant que législateur, ici, au Sénat du Canada. Il a participé à des débats enflammés avec certains d’entre nous dans cette enceinte, et ces échanges sont préservés dans le hansard. On peut les examiner ou les revivre à tout moment. Je ne doute pas que, si vous choisissez de remonter dans le temps et de lire ces débats, vous vous souviendrez de Murray Sinclair et vous entendrez sa voix enveloppante, grave et sonore.

Chers collègues, j’ai du respect pour les personnes qui travaillent assidûment à défendre et promouvoir ce qu’elles jugent important, même si je ne suis pas toujours d’accord avec elles. Le sénateur Sinclair et moi-même — ce n’est pas un secret au Sénat — avons souvent eu des opinions divergentes sur les mesures législatives, ce qui, à mon avis, a donné des débats d’une grande qualité. Lors de la cérémonie de célébration de sa vie, à Winnipeg, son fils Niigaan a dit qu’un sénateur conservateur qu’il n’a pas nommé portait la responsabilité de débats qui ont bien des fois empêché son père de dormir jusque tard dans la nuit. J’en suis fier.

Au-delà de ses réalisations professionnelles, Murray Sinclair était le mari aimant de Katherine ainsi qu’un père dévoué à ses enfants. Il avait un grand sens de ses responsabilités envers sa famille et sa communauté.

Je remercie les membres de sa famille d’avoir partagé celui qu’elle aimait avec nous. Nous espérons que la gratitude que nous exprimons à l’égard d’un visionnaire canadien d’exception sera pour vous une source de force et de résilience. Nous vous présentons nos plus sincères condoléances. Je vous remercie, chers collègues.

L’honorable Flordeliz (Gigi) Osler [ + ]

Honorables sénateurs, au nom du Groupe des sénateurs canadiens, j’ai l’honneur de rendre hommage au regretté sénateur Murray Sinclair, qui nous a quittés le 4 novembre dernier. C’était une matinée ensoleillée et froide à Winnipeg, mais, lorsque la nouvelle de son décès s’est répandue, le ciel au-dessus de la ville s’est couvert, comme s’il ressentait lui aussi cette perte et reflétait notre état d’esprit.

Au Manitoba, Murray Sinclair était un nom connu de tous : il a été avocat, juge, commissaire de la Commission de vérité et réconciliation, sénateur, militant et enseignant. Je l’ai rencontré pour la première fois peu après ma nomination au Sénat. J’avais accordé une entrevue dans laquelle j’avais parlé de son impact sur le Sénat et du fait qu’il laissait un grand vide. Peu après la publication de l’entrevue, il m’a téléphoné et m’a parlé comme si nous nous connaissions depuis toujours. Il a plaisanté en disant qu’il ne laissait pas un si grand vide, et nous avons eu une longue conversation, la première d’une longue série, où j’ai pu profiter de sa grâce, de sa sagesse, de ses conseils et de son humour.

Le sénateur Sinclair a décrit le Sénat comme le « conseil des anciens du Canada ». Il m’a expliqué que chacun d’entre nous a la responsabilité professionnelle et personnelle d’être un agent de changement.

Honorables sénateurs, nous avons perdu un ancien qui nous a mis sur le long chemin vers la réconciliation. Nous avons perdu un collègue qui a laissé sa marque par sa vie passée au service de la population et par son profond engagement envers la vérité, la justice et la dignité pour tous.

Lors de la cérémonie nationale de commémoration du sénateur Sinclair, son fils Niigaan Sinclair a déclaré ceci à propos de son père :

Peu de personnes ont façonné ce pays comme mon père l’a fait et peu de personnes peuvent dire qu’elles ont changé le cours de ce pays comme mon père l’a fait pour nous mettre sur une meilleure voie. À bien des égards, il est l’incarnation de chacun d’entre nous : les bons, les mauvais, les grands et toutes les parties qui convergent en ce lieu.

Lorsqu’il est devenu premier ministre du Manitoba, Wab Kinew a dit que le sénateur Sinclair lui avait transmis des conseils dont la portée dépassait largement le cadre d’un nouveau gouvernement :

[...] apprendre à aimer les gens, même s’ils ne vous aiment pas [...] Au cours de sa grande vie, Murray a appris à nous aimer [...] Il l’a montré avec la Commission de vérité et réconciliation et avec tout ce qu’il a fait; il a aimé les gens, il les a aimés tous.

Au cours de la cérémonie, son fils a également offert les citations suivantes de son père, dont la première date de 1997 :

En fin de compte, quelle que soit la manière dont on l’envisage, le changement repose sur vous, ceux d’entre vous qui sont prêts à travailler fort pour y parvenir. Pour que le changement se produise, il faut toutefois s’engager personnellement.

Et enfin : « Continuez à essayer et rêvez. N’arrêtez jamais de rêver. C’est un don que vous avez reçu. »

À sa famille, nous exprimons nos plus sincères et profondes condoléances. Il nous manquera beaucoup.

L’honorable Brian Francis [ + ]

Honorables sénateurs, au nom du Groupe progressiste du Sénat, je prends la parole pour rendre hommage à un homme qui a touché d’innombrables vies, l’honorable Murray Sinclair.

Murray était non seulement un leader extraordinaire, mais aussi une personne exceptionnelle. Il s’est démarqué par l’autorité, l’humilité et l’amour dont il faisait preuve dans toutes les fonctions qu’il a occupées, que ce soit en tant qu’avocat, juge, commissaire ou sénateur. Peu importe à qui il s’adressait, qu’il s’agisse d’un collègue, d’un ami ou d’un étranger, Murray veillait à ce que tout le monde se sente vraiment considéré et valorisé. J’offre mes plus sincères condoléances à tous ceux qui l’ont connu et aimé, en particulier à sa famille bien-aimée, dont il parlait avec tant de fierté.

Murray était un mentor généreux et un véritable ami qui prodiguaient ses sages conseils avec une profondeur exceptionnelle et un humour joyeux. Je l’ai vu pour la dernière fois il y a quelques mois avec la sénatrice Pate. Nous avons échangé des anecdotes et des rires dans sa maison, à Winnipeg, et j’en garderai toujours un précieux souvenir.

Murray a eu une influence incommensurable sur notre pays. En tant que président de la Commission de vérité et réconciliation, par exemple, il a eu comme tâche colossale de documenter les dures réalités entourant les relations passées et actuelles du Canada avec les peuples autochtones. Il a mené ce travail incroyablement difficile et émouvant avec un courage inébranlable, une profonde compassion et un dévouement indéfectible, et nous lui devons énormément de gratitude et de respect.

Ce fut un honneur de servir dans cette enceinte aux côtés de Murray et de le considérer comme un mentor et un ami. Avant de prendre sa retraite, il m’a confié la tâche de faire de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, en réponse à l’appel à l’action no 80, une réalité. Murray était une voix puissante pour les survivants des pensionnats et les Autochtones. C’est avec humilité que je suis ses traces, et je sais que le 30 septembre de chaque année, nous nous souviendrons de son incidence profonde et durable.

Ce qui était le plus évident chez Murray, c’était sa foi dans le pouvoir de l’éducation : « C’est l’éducation qui nous a mis dans ce pétrin, et c’est l’éducation qui nous en sortira », disait-il souvent. Il nous incombe désormais d’honorer et de concrétiser la vision qu’il a exposée en faveur d’une réconciliation véritable, et fondée sur la vérité, la justice et la guérison.

Reposez en paix, Murray. Vous laissez derrière vous une vie de service qui continuera à guider les prochaines générations vers un avenir plus solidaire et plus équitable.

Merci. Wela’lin.

Son Honneur la Présidente [ + ]

Honorables sénateurs, je vous prie de vous lever pour observer une minute de silence à la mémoire de notre ancien collègue l’honorable Murray Sinclair, qui nous a quittés le 4 novembre 2024. J’offre mes plus sincères condoléances à ses proches, au nom de tous les sénateurs et de tous ceux qui sont associés à cette enceinte.

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