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Le discours du Trône

Motion d'adoption de l'Adresse en réponse--Suite du débat

8 octobre 2024


L’honorable Paul J. Prosper [ - ]

Honorables sénateurs, le débat sur cet article est ajourné au nom de l’honorable sénateur Plett, et je demande le consentement du Sénat pour que, à la suite de mon intervention, le reste du temps de parole du sénateur lui soit réservé.

Son Honneur la Présidente [ - ]

Le consentement est-il accordé?

Son Honneur la Présidente [ - ]

Il en est ainsi ordonné.

Le sénateur Prosper [ - ]

Honorables sénateurs, comme l’a déclaré Son Excellence la très honorable Mary Simon dans le discours du Trône :

La réconciliation n’est pas un geste ponctuel assorti d’une échéance. La réconciliation est le cheminement de toute une vie vers la guérison, le respect et la compréhension.

Chers collègues, dans mon discours, je me pencherai sur la signification de la réconciliation et sur sa relation avec l’obligation de consulter. Je parlerai du projet de loi C-49, de mon cher ami Wayne Fulcher et d’un rêve étrange à propos du projet de loi C-49. Enfin, je ferai un hommage sous forme de post-scriptum.

Le projet de loi C-49, Loi modifiant la Loi de mise en œuvre de l’Accord atlantique Canada — Terre-Neuve-et-Labrador et la Loi de mise en œuvre de l’Accord Canada — Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers et apportant des modifications corrélatives à d’autres lois, est fort complexe.

Je n’ai pas pu participer à l’étape de la troisième lecture la semaine dernière en raison de mes engagements préalables, mais j’ai regardé les débats enregistrés. Je tiens à remercier les sénateurs Deacon, Ross, Aucoin, Robinson, Verner et Tannas, ainsi que tous les autres membres du Groupe des sénateurs canadiens. Merci d’avoir aidé à faire en sorte que ma voix puisse être entendue dans cette enceinte et au comité. Je remercie également le sénateur Wells et la sénatrice McCallum de leur soutien. Enfin, je remercie le sénateur Dalphond de m’avoir traité de fauteur de troubles.

Chers collègues, la consultation, c’est la réconciliation en action. La loi prévoit que, lorsque la Couronne envisage une action ou une décision susceptible de porter atteinte à un droit visé à l’article 35, elle a l’obligation de consulter les détenteurs de ces droits et, le cas échéant, de tenir compte des intérêts des Autochtones. Les Mi’kmaqs ont des droits ancestraux et issus de traités qui ont été reconnus et confirmés par la plus haute instance de notre pays, la Cour suprême du Canada.

Je tiens à souligner les efforts et le succès de la sénatrice Petten en tant que marraine du projet de loi C-49 au Sénat. Dans son discours à l’étape de la troisième lecture, elle a indiqué :

Cette mesure législative créera de nouveaux débouchés économiques, mais le projet de loi veille à ce que cela se fasse en consultant les peuples autochtones [...]

Elle a poursuivi ainsi :

Nous prenons au sérieux l’obligation de consulter les peuples autochtones sur toute question touchant leurs droits et intérêts durant le cycle de vie des projets d’énergie renouvelable extracôtière.

Chers collègues, dans le cas du projet de loi C-49, les preuves sont là. Il est clair que, dans le cas du projet de loi C-49 et des lois provinciales qui lui font écho, il peut y avoir un intérêt juridique ou une obligation pour l’organisme de réglementation de consulter les Autochtones ou d’accommoder leurs intérêts en vertu de l’article 35. Pourtant, les gouvernements fédéral et provinciaux n’ont procédé à aucune consultation lors de la rédaction du projet de loi C-49.

Il est clair que les preuves de dialogue se limitent à deux lettres, à une réponse et à une réunion avec des représentants des communautés, et que le dialogue est séparé et distinct de l’obligation de consulter qui incombe à la Couronne. Il est clair que, depuis 2010, un accord officiel — le cadre de référence — définit la manière dont les consultations doivent se dérouler en Nouvelle-Écosse. Ce cadre de référence a été utilisé pour des centaines de consultations entre les Mi’kmaqs et les gouvernements fédéral et provincial. Il est clair que ni le gouvernement fédéral ni le gouvernement provincial n’ont soulevé la question du projet de loi C-49 lors des nombreuses consultations et réunions avec les Mi’kmaqs dans le domaine de l’énergie.

Le gouvernement fédéral considère qu’une consultation a lieu à l’étape de l’autorisation finale. Le chef Sidney Peters, coprésident de l’Assemblée des chefs mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse, a été mandaté par 12 des 13 bandes mi’kmaqs de Nouvelle-Écosse pour proposer des modifications au projet de loi C-49. Un processus de consultation avec les Mi’kmaqs devrait couvrir tous les principaux points de décision dans le processus de planification stratégique tel qu’il est décrit dans le projet de loi C-49.

Mercredi dernier, j’ai assisté à la célébration de la vie de mon cher ami Wayne Fulcher. Mon père est décédé quand j’avais deux ans, et Wayne a été comme un père pour moi. Il était présent dans cette enceinte l’an dernier quand j’ai prêté serment comme sénateur, et il est décédé à l’âge de 83 ans.

Ce que j’aimais chez Wayne, c’est qu’il avait toujours soif d’apprendre. Avec sa conjointe, Mary Ann, il a fondé la Fondation Fulcher, un organisme de bienfaisance privé axé sur l’inclusion, la croissance économique rurale et la durabilité. La Fondation Fulcher parraine un projet de gouvernance avec le Grand Conseil des Mi’kmaqs. Il s’agit d’un excellent exemple de réconciliation en action.

Wayne disait souvent : « Dites ce que vous pensez et pensez ce que vous dites. » Il ne supportait pas que les gens tournent autour du pot et ne s’expriment pas franchement. Ensuite, il s’attendait à ce que les gens respectent leur parole et agissent en conséquence; il voulait que les engagements soient respectés.

Lors de la cérémonie, quelqu’un a cité une phrase de George Bernard Shaw qui semblait résumer la vie de Wayne. Elle va comme suit :

Ceci est la vraie joie de vivre, servir un but que nous reconnaissons comme grandiose; être une force de la nature au lieu d’être une petite motte fiévreuse et égoïste de griefs et de tracas se plaignant que le monde n’est pas en train de se consacrer à son bonheur. Je suis convaincu que ma vie appartient à la communauté tout entière, et que tant que je vis c’est pour moi un privilège de faire tout ce que je peux pour elle. Je veux être usé jusqu’à la corde au moment de ma mort, car plus je travaille dur plus je vis. Je me réjouis de vivre au nom de la vie. La vie n’est pas pour moi une chandelle éphémère. C’est une sorte de flambeau splendide qu’il m’a été donné de tenir pour le moment, et je veux que sa flamme brûle de façon aussi éclatante que possible avant de la transmettre aux générations futures.

Voilà qui représente l’esprit de Wayne Fulcher, et il me manquera à jamais.

Voici maintenant l’acte final. Vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai intitulé ainsi cette partie. C’est parce que je suis obsédé par le projet de loi C-49. Sénatrice Petten, je ne dis pas que vous m’obsédez.

Chers collègues, les droits ancestraux ou issus de traités reposent en grande partie sur l’histoire, la culture et la tradition. Je ne pouvais pas croire que les droits constitutionnels des Mi’kmaqs ont été abandonnés dans l’ébauche du projet de loi C-49. Le chemin qui a conduit au litige à propos des droits des Mi’kmaqs est parsemé de décisions politiques expéditives et de compromis. J’attire l’attention des fonctionnaires, des ministres et des parlementaires sur le fait qu’il existe un processus de consultation efficace en Nouvelle-Écosse. Renseignez-vous à ce sujet. Utilisez-le.

Mon obsession à l’égard du projet de loi C-49 s’est même transposée dans mes rêves. Avez-vous déjà vu le film L’enlèvement mettant en vedette Liam Neeson? Dans ce film, il y a une scène où son personnage parle au téléphone avec l’individu qui a kidnappé sa fille. J’ai rêvé que j’étais Liam Neeson et que le kidnappeur était le gouvernement fédéral, qui gardait en otage les droits des Mi’kmaqs. Vous vous rendez compte?

Le dialogue était le suivant :

Je ne sais pas quel ordre de gouvernement vous représentez. Je ne sais pas ce que vous voulez. Si vous cherchez à rançonner nos droits en tant que Mi’kmaqs, je peux vous dire que je n’ai pas d’argent, mais que j’ai un ensemble de compétences très pratiques que j’ai acquises au cours d’une très longue carrière et qui font de moi un cauchemar pour des gens comme vous. Si vous nous consultez véritablement sur nos droits, vous n’aurez rien à craindre. Je ne vous chercherai pas. Je ne vous poursuivrai pas devant les comités. Cependant, si vous ne le faites pas, je vous chercherai, je vous trouverai et je laisserai un grand carnage dans mon sillage.

J’espère ne plus faire de rêves de ce genre.

Finalement, je désire dédier ce discours à ma sœur Dolly — ou Darlene — Prosper.

La sénatrice Coyle a travaillé avec Dolly à l’Université St. Francis Xavier. Il y a un an exactement, Dolly a entrepris son voyage dans le monde des esprits. Elle a joué un rôle majeur dans le développement de ma carrière. Elle m’a convaincu à deux reprises de me présenter comme chef de ma communauté. Au dos de sa carte funéraire figure une citation de Marianne Williamson. Elle se lit comme suit :

Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur. Notre peur la plus profonde est que nous soyons puissants au-delà de toutes limites. C’est notre lumière et non nos ténèbres qui nous effraie le plus. Nous nous demandons : Qui suis-je pour être brillant, magnifique, talentueux et fabuleux? En fait, qui es-tu pour ne pas l’être? Tu es un enfant de Dieu. Te restreindre et voir petit, ne rend pas service au monde. Il n’y a rien de brillant à se diminuer afin que les autres ne puissent pas se sentir menacés autour de toi. Nous sommes tous nés pour briller, comme des enfants le font. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle n’est pas seulement chez certains d’entre nous, elle est en chacun de nous. Alors que nous laissons notre propre lumière briller, inconsciemment nous donnons aux autres la permission d’en faire de même. Alors que nous nous libérons de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres.

Wela’lioq, merci beaucoup.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Honorables sénateurs, j’aimerais poursuivre ma réponse au discours du Trône. Je suis persuadé que plusieurs d’entre vous auraient aimé que nous ayons toujours la pause de deux heures pour le souper plutôt que la pause d’une heure que nous avons maintenant. J’aimerais néanmoins prendre la parole un certain temps. Comme je l’ai dit la dernière fois, je ne fais pas cela pour les gens au Sénat. Je fais cela pour les 750 000 personnes qui ont visionné un de mes récents discours dans lesquels j’ai parlé des échecs de ce gouvernement. Je fais cela au nom des milliers de personnes qui m’ont demandé de poursuivre sur ma lancée. Je prononce ce discours au nom de mon chiropraticien qui, pas plus tard que lundi, m’a demandé « Quand allez-vous prononcer votre prochain discours? J’ai hâte de vous entendre. »

Aujourd’hui, je vais parler des expériences ratées de « l’apprenti sorcier woke ».

Comme je l’ai dit, je prends la parole pour poursuivre ma réponse au discours du Trône, en me concentrant sur le legs de Justin Trudeau.

Comme beaucoup de mes honorables collègues le savent — ou non —, le poète allemand Johann Wolfgang von Goethe a écrit en 1797 un poème intitulé « Der Zauberlehrling », ou « L’apprenti sorcier » en français. Il raconte l’histoire d’un vieux sorcier qui s’était absenté de son atelier en laissant quelques tâches à son apprenti.

Fatigué de traîner un seau pour aller puiser son eau, l’apprenti jette un sort à un balai pour qu’il fasse le travail à sa place, alors qu’il ne connaît pas tout de la magie. Le sol se trouve bientôt complètement détrempé, et l’apprenti se rend compte qu’il ne peut pas arrêter le balai parce qu’il ne connaît pas la formule magique. L’apprenti s’empare alors d’une hache et fend le balai en deux, mais chacun des deux morceaux devient un balai à part entière, qui prend les seaux et continue d’aller puiser de l’eau, deux fois plus vite qu’avant. À ce rythme, la pièce entière se retrouve rapidement inondée.

Alors que tout semble perdu, le vieux sorcier revient et rompt rapidement le charme. Le poème se termine par une déclaration du vieux sorcier, qui dit que seul un maître devrait invoquer des esprits puissants.

Dans le poème, l’apprenti sorcier a recours à la magie pour alléger sa charge de travail, mais comme ses connaissances et sa compréhension sont limitées, le sort qu’il jette crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Le poème illustre les dangers du pouvoir en l’absence de sagesse, ainsi que le risque que les créations humaines échappent à tout contrôle. De la même manière, je suis d’avis que Justin Trudeau, avec tout le pouvoir mais sans la sagesse requise, a déployé une idéologie sans la moindre contrainte, faisant de ses piliers la loi du pays, et a entièrement perdu le contrôle de sa propre création.

Le premier ministre présente fièrement le Canada comme l’une des nations les plus progressistes du monde, une nation en tête de peloton sur une toute série d’enjeux sociaux. Dans les faits, toutefois, comme il manque de prévoyance autant que de souplesse ou de subtilité, il a perdu le contrôle du monstre qu’il a créé dans presque tous les grands dossiers de politiques publiques.

Permettez-moi de souligner quelques-uns des domaines cruciaux dans lesquels notre « apprenti » a hâtivement ouvert les vannes, entraînant pour le gouvernement une perte de contrôle totale qui est, dans bien des cas, irrémédiable. Je commencerai par le début, avec une promesse que M. Trudeau a faite avant même de devenir premier ministre : il a promis que l’élection de 2015 serait la dernière à se dérouler selon le système majoritaire uninominal à un tour. C’est une promesse qui avait été faite à plus de 2 000 reprises pendant la campagne électorale. Il s’était engagé à tenir des consultations et à former un comité représentatif pour trouver la meilleure solution.

Or, très rapidement, il est devenu évident que le comité spécial, les assemblées citoyennes et les consultations nationales n’étaient rien de plus qu’un écran de fumée excessivement coûteux. Il savait qu’un référendum ne donnerait pas le résultat qu’il voulait alors il a opté pour une approbation automatique déguisée.

Immédiatement après son arrivée au pouvoir, le gouvernement Trudeau a promis que, peu importe le résultat des consultations, il mettrait fin au mode de scrutin en place depuis l’établissement de la démocratie canadienne. De plus, sans surprise, le « comité multipartite » du gouvernement sur la réforme électorale était composé en majorité de libéraux. En outre, le Parti vert et le Bloc Québécois n’avaient même pas le droit de vote. Puis on a donné à ce comité un échéancier impossible de six mois pour produire un rapport et des recommandations. Pour Trudeau, tout allait comme sur des roulettes et son rêve de changer le mode de scrutin de façon à garantir l’élection de gouvernements libéraux à perpétuité allait vite devenir réalité.

Le problème pour le premier ministre, c’est que, contrairement à ce qu’il affirmait publiquement, à savoir que le gouvernement était ouvert à toutes les propositions de réformes, en vérité, il avait déjà choisi un mode de scrutin en particulier et il n’était absolument pas prêt à envisager toute autre solution.

Le premier ministre voulait un mode de scrutin préférentiel, un système qui favoriserait indiscutablement le Parti libéral. Cependant, comme aucun des experts ayant témoigné devant le comité n’avait jugé cette idée judicieuse et que le comité a par la suite recommandé un référendum national, le premier ministre a soudainement tenu beaucoup moins à respecter sa promesse électorale.

En juin 2017, le premier ministre a annoncé qu’il était impossible d’instaurer une réforme électorale, parce qu’aucun des autres partis ne voulait céder à la préférence libérale pour le scrutin préférentiel.

Justin Trudeau s’est servi de la question de la réforme électorale pour obtenir une majorité, mais lorsque sa tentative pour biaiser le système en faveur des libéraux a échoué, il a renié sa promesse, avec cynisme.

On pourrait penser que M. Trudeau accepterait le fait que, lorsqu’on veut modifier le système électoral, on doit atteindre un certain niveau de consensus. On pourrait aussi penser que, puisqu’il n’y avait pas consensus, il aurait l’élégance de se retirer. Non, pas Justin Trudeau. Il a déclaré dans une baladodiffusion la semaine dernière qu’il regrettait de ne pas avoir utilisé sa majorité à la Chambre des communes pour faire avaler son nouveau système aux Canadiens. Il a franchement dit qu’il regrettait de ne pas avoir arranger le système en faveur des libéraux.

Ironiquement, il a également déclaré que l’une des principales raisons pour lesquelles il souhaitait se présenter une nouvelle fois était pour que son fils de 18 ans puisse voter pour lui et non pour ce qu’il ferait pour notre pays.

La réforme électorale n’est pas la seule façon dont Justin Trudeau a voulu faire pencher nos institutions démocratiques en faveur du Parti libéral. Les changements qu’il a apportés au Sénat visaient sans doute à s’assurer que ses politiques, même si elles sont rejetées par une large majorité de Canadiens, survivraient à la déroute électorale qui s’annonce.

Si le désir de réformer le Sénat est aussi ancien que l’institution elle-même, tout changement risquant de compromettre l’objectif même de l’institution a toujours été traité avec une extrême prudence. En 2014, la Cour suprême du Canada a statué que toute tentative d’un premier ministre de modifier fondamentalement la nature du Sénat, sans consulter les provinces, serait inconstitutionnelle. Par le passé, en cas de doute, les premiers ministres ont eu le bon sens de s’adresser à la plus haute instance pour obtenir des éclaircissements.

Pas ce premier ministre. La prudence n’est pas son style. Par opportunisme politique, lors de ce que l’on appelle aujourd’hui le scandale des dépenses du Sénat, Trudeau a décidé de prendre ses distances avec les sénateurs libéraux, du moins aux yeux du public, et de faire passer les libéraux nouvellement nommés au Sénat pour des indépendants.

Il leur a même donné de nouveaux titres amusants, ce qui n’a fait qu’engendrer de l’incertitude dans notre Règlement et donné lieu à lourd processus pour l’adapter aux nouveaux termes inventés.

Peu importe ce que le gouvernement voudrait nous faire croire, ces nouveaux sénateurs ont été triés sur le volet par Justin Trudeau. Ils n’ont pas été choisis par un quelconque groupe. Les 88 sénateurs nommés depuis 2015 ont été choisis par Justin Trudeau personnellement. Depuis neuf longues années, on nous répète que le Sénat de Justin Trudeau est apparemment plus indépendant qu’auparavant. Rien n’est plus faux.

En juillet dernier, nulle autre que la CBC a dit ceci :

Malgré la promesse du premier ministre Justin Trudeau de débarrasser le Sénat de la partisanerie et du favoritisme, la plupart des sénateurs nommés à la Chambre haute au cours de la dernière année ont des liens avec les libéraux.

Ces sénateurs prétendument indépendants ont donné de l’argent aux libéraux fédéraux ou ont travaillé avec le Parti libéral du Canada ou un Parti libéral d’une province.

Toujours en juillet dernier, le Globe and Mail l’a expliqué clairement :

Bien qu’il ait toujours été préférable pour la santé de l’esprit sceptique de mettre les mots « sénateurs indépendants » entre guillemets lorsqu’il s’agissait des convictions politiques des 82 personnes nommées par M. Trudeau depuis 2016, ses dernières nominations en font une nécessité médicale.

C’était avant les nominations les plus récentes.

Je tiens à être clair : je suis favorable aux nominations politiques au Sénat. Je ne vise aucun sénateur en particulier. J’appuie les nominations politiques. Pour faire ce travail efficacement, il faut comprendre le fonctionnement du Canada et de ses institutions politiques. Il faut avoir accès à un réseau, y compris à un caucus, qui fournit des connaissances et des points de vue.

Ce que je n’aime pas, c’est l’hypocrisie associée à l’utilisation du mot « indépendant » alors qu’on a été nommé par un premier ministre ultrapartisan qui est le chef du parti pour lequel on a travaillé pendant des années.

Comme je l’ai dit, nos nouveaux collègues vont se joindre aux dizaines de sénateurs nommés par Justin Trudeau qui votent 96 % du temps de la même manière que le leader du gouvernement au Sénat.

Les Canadiens n’ont pas cru au simulacre d’indépendance du Sénat de Trudeau, mais son expérience représente plus qu’un problème de poudre aux yeux. Premièrement, elle a entraîné une hausse importante des coûts. Avant que Justin Trudeau se mette à nommer de nouveaux sénateurs, le budget du Sénat pour l’exercice 2015-2106 s’élevait à un peu moins de 75 millions de dollars. Après les 82 nominations de Trudeau, le budget pour l’exercice en cours s’élève à 135 millions de dollars, ce qui représente 60 millions de plus pour le Sénat de Trudeau. Ce sont les faits, même si la sénatrice Moncion aimerait changer les chiffres.

Cette situation a également entraîné un manque d’efficacité au Sénat. Ce qui était auparavant négocié entre le gouvernement et l’opposition doit désormais impliquer plusieurs leaders, ce qui rend beaucoup plus difficiles l’obtention d’un consensus et le maintien des accords, même si les autres leaders suivent inévitablement l’exemple du gouvernement. Avec autant de groupes éclatés et un manque de cohésion au sein du caucus, il y a également une augmentation frappante du nombre de sénateurs qui prennent la parole — ce n’est pas seulement moi qui parle pendant une éternité — simplement pour répéter ce qui a déjà été dit. C’est un fardeau accablant pour la productivité.

Les sénateurs qui ont toujours fait preuve d’indépendance bénéficiaient également du soutien de leur caucus national respectif et ils entretenaient des relations de travail avec lui. Les discussions relatives à la rédaction des projets de loi se déroulaient lors des réunions du caucus, au cours desquelles les sénateurs pouvaient s’exprimer, par exemple, sur l’incidence régionale d’une proposition en particulier.

Le sénateur Prosper en est un bon exemple lorsqu’il parle du projet de loi C-49. Si cette question avait relevé de deux caucus, je pense que nous aurions franchi la ligne d’arrivée d’une bien meilleure manière qu’aujourd’hui.

Maintenant, lorsque les sénateurs se penchent sur une proposition législative pour la première fois et que chaque sénateur a sa propre petite préoccupation, le processus s’enlise et prend du retard. Combien de projets de loi d’initiative parlementaire avons-nous au Sénat en ce moment? Vous pouvez ajouter à ce gâchis le fait que nous sommes saisis d’un nombre record de projets de loi d’intérêt public du Sénat, ce qui signifie que les comités n’ont plus le temps de mener des études.

Comme toutes les institutions qui existent depuis plus d’un siècle, le Sénat a toujours été appelé à devoir examiner régulièrement ses règles et procédures. Pourtant, ce qui était jadis une institution efficace qui procédait à des examens réfléchis est désormais devenu le vecteur d’innombrables projets personnels mis de l’avant au moyen de projets de loi d’intérêt public du Sénat. Ce qui a commencé comme une expérience de relations publiques précipitée pour Trudeau a entraîné le changement radical d’une institution, dont la productivité, la transparence et la valeur ajoutée pour les contribuables ont diminué.

Comme le Globe and Mail l’a conclu en juillet dernier :

[…] en plus d’être plus coûteux, mais non moins partisan qu’avant, le Sénat est également moins productif.

Il est maintenant clair que la tentative de changer le Sénat n’est qu’une expérience ratée de cet apprenti sorcier woke.

En ce qui concerne le cannabis, Justin Trudeau a abordé la légalisation du cannabis de la même façon : un mélange d’idéologie progressiste, de calcul politique et de désir de profits pour ses amis libéraux. C’était une combinaison gagnante ou du moins, c’est ce qu’il pensait.

Comme le rapporte la journaliste Susan Martinuk :

[…] il a sans doute pensé que ce serait l’une de ses tâches les plus faciles et les plus gratifiantes en tant que nouveau et très cool premier ministre du Canada […]

Cependant, lorsque des problèmes liés au projet de loi C-45 ont été révélés, M. Trudeau a quand même persisté. Comme l’a souligné Mme Martinuk :

La détermination de M. Trudeau à faire adopter le projet de loi C-45 expose clairement le problème que pose ce dernier. Il s’agit d’une mesure décisive qui couvre les politiques publiques, les soins de santé et le droit canadien. Pourtant, les libéraux refusent d’y voir autre chose qu’une promesse électorale qui doit être concrétisée d’ici août, sans se soucier aucunement des détails […]

Comme Trudeau a l’habitude de le faire lorsque les faits s’opposent à son idéologie, il a ignoré les experts. Il n’a pas écouté les services de police, qui ont affirmé ne pas être prêts. Il n’a pas tenu compte de l’avis des experts médicaux, qui ont dit que cette mesure législative présentait un risque important pour les enfants. Il a fait fi des experts du Colorado et de Washington qui sont venus témoigner pour l’exhorter à ralentir et à ne pas brûler les étapes. Ils l’ont prié de prendre son temps, malgré les revendications du public. Il n’a pas écouté non plus les professeurs de droit qui l’ont averti que la légalisation ne ferait pas disparaître le marché noir. Finalement, il a ignoré la Drug Enforcement Administration des États-Unis, qui a déclaré que la production illégale de marijuana avait été multipliée par 20 dans les États américains où cette substance avait été légalisée.

Cela fait maintenant plus de six ans que le cannabis a été légalisé. Comme beaucoup d’entre nous ici s’en souviennent, on nous a promis que la nouvelle politique accomplirait ce qui suit : premièrement, améliorer la sécurité et la santé publique et réduire l’accès des jeunes; deuxièmement, réduire la criminalité liée à la drogue et diminuer, voire éliminer, le marché illégal; et troisièmement, créer une nouvelle industrie rentable et légale.

La première promesse concernant la santé et la sécurité de nos jeunes n’a pas été tenue. À l’occasion du cinquième anniversaire de l’adoption du projet de loi C-45, le Journal de l’Association médicale canadienne a réalisé une vaste étude, l’une des plus importantes du genre, et a ensuite fait état de nombreuses conclusions inquiétantes.

Tout d’abord, selon le rapport, la prévalence de la consommation de cannabis a augmenté. Cette hausse est confirmée par Statistique Canada, dont les données montrent que 14,8 % des Canadiens consommaient du cannabis avant qu’il ne soit légalisé en 2017 et que ce chiffre s’est stabilisé à 22 % en 2021. Cela signifie qu’il y a environ 50 % plus de personnes qui consomment du cannabis par rapport au nombre de personnes qui en consommaient avant sa légalisation.

Ce n’est pas seulement l’augmentation du nombre de consommateurs qui est préoccupante. Il y a aussi la gravité des conséquences de cette consommation accrue. L’étude du Journal de l’Association médicale canadienne a montré une forte augmentation des visites aux urgences liées au cannabis et de la conduite sous l’influence de cette substance depuis la légalisation. L’étude a également découvert que les gens qui se rendent aux urgences parce qu’ils ont consommé du cannabis courent un risque accru de recevoir un diagnostic de schizophrénie. Parallèlement, les spécialistes de la santé mentale d’Ottawa affirment qu’ils constatent une augmentation spectaculaire du nombre de patients présentant des problèmes psychiatriques importants qui semblent liés à la consommation de cannabis, une tendance largement observée dans toute la province.

Le rapport note que, dans l’ensemble de l’Ontario, les taux annuels de psychoses induites par le cannabis ont augmenté de 220,7 % entre 2014 et 2021.

Comme l’avaient prédit ceux d’entre nous qui avaient mis en garde le gouvernement, on a constaté une forte augmentation des empoisonnements au cannabis chez les jeunes enfants dans les provinces où les produits comestibles sont légaux. L’augmentation de la disponibilité a également entraîné une hausse des hospitalisations attribuables au cannabis, en particulier chez les personnes de 25 ans et plus.

Nous en sommes maintenant au point où, selon Statistique Canada, de nombreux Canadiens consomment du cannabis avant ou pendant le travail, ce qui soulève des questions sur la sécurité. Statistique Canada a aussi rapporté que 1 Canadien sur 20 — environ 300 000 personnes — qui avait consommé du cannabis au cours de l’année précédente a obtenu un score suffisamment élevé sur l’échelle de gravité de la dépendance pour être considéré comme présentant un risque de toxicomanie.

Merci. Je pense la même chose. Ils... eh bien, je ne peux probablement pas dire cela. Je devrais peut-être me rétracter.

Les résultats qu’on observe sont précisément ceux contre lesquels le premier ministre a été mis en garde. Pourtant, il n’a pas eu la sagesse ni la clairvoyance de prendre le temps de réfléchir ou de s’écarter du principe idéologique qui lui était si cher. Selon un article récent de la CBC — encore une fois, il s’agit de la CBC :

Cinq ans plus tard, les experts en santé publique affirment que la légalisation n’a pas eu d’effets bénéfiques sur la santé; elle est toutefois corrélée à de graves préoccupations.

La deuxième promesse, à savoir la réduction du rôle du crime organisé sur le marché du cannabis, n’a pas non plus été tenue. Le marché noir représente aujourd’hui environ 35 % des ventes, selon Statistique Canada, et ne court pratiquement aucun risque face à la loi. Selon une étude de Deloitte, le prix moyen sur le marché illicite reste inférieur de 20 % à celui pratiqué dans les magasins de détail légaux.

En ce qui concerne les entreprises qui font le commerce légal du cannabis, c’est aussi un échec colossal. Trop d’entreprises sont entrées sur le marché et le gouvernement n’a pas réussi à mettre en place un régime fiscal réaliste.

Paul McCarthy, président du Conseil du cannabis canadien, a été cité en juillet dernier dans le National Post et il a déclaré que 40 % de toutes les demandes de protection contre les créanciers déposées par des entreprises en vue d’une restructuration l’année dernière provenaient du secteur du cannabis. Il a dit que le régime réglementaire et fiscal étouffe cette activité.

Cela n’a toutefois pas d’importance pour bon nombre de proches des libéraux. Ils ont été les premiers à investir dans ce secteur, et certains l’ont fait bien avant que le projet de loi ne soit déposé : ils savaient qu’il s’en venait. Une fois que le projet de loi C-45 a été adopté et que le cannabis a fait fureur sur les marchés boursiers, ils se sont débarrassés de leurs actions dans la production de cannabis avant que leur valeur ne s’effondre.

Au lieu de faire preuve de prudence, Justin Trudeau voulait que le Canada soit, sous sa gouverne, le premier pays à légaliser la marijuana. Il aurait ainsi eu l’air, partout dans le monde, du mec cool qu’il croit être. Tout ce qu’il a réussi à faire, par contre, c’est de créer davantage de problèmes. Il s’agit d’une autre expérience ratée de M. Trudeau.

En ce qui concerne les drogues dangereuses, le gouvernement Trudeau a utilisé la même approche idéologique d’extrême gauche.

En 2023, 8 049 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes au Canada, dont plus de 2 500 en Colombie-Britannique.

Depuis que Justin Trudeau est au pouvoir, la criminalité, l’itinérance et le désespoir ont atteint des niveaux sans précédent. C’est un terrain fertile pour l’augmentation de la toxicomanie et c’est exactement ce qui se produit. Chers collègues, 45 000 personnes ont perdu la vie à cause de la crise des opioïdes toxiques au Canada depuis que Justin Trudeau est devenu premier ministre. Le nombre de décès a augmenté de 184 % par an depuis que notre apprenti sorcier adepte du wokisme est devenu premier ministre du Canada.

Cette année, l’équivalent de la moitié de la population de ma ville, Steinbach, mourra d’une surdose d’opioïdes au Canada. C’est une tragédie nationale. Cela ne tient même pas compte des ravages causés par les autres drogues dures.

Quelle a été la réponse de Justin Trudeau? Tout d’abord, il a décidé de faciliter la mise en liberté sous caution des trafiquants de drogue et il s’est assuré qu’il n’y aurait plus de peines sévères. J’y reviendrai plus tard. Ensuite, le gouvernement s’est lancé dans un programme visant essentiellement à fournir les drogues aux toxicomanes. Au lieu de traiter la dépendance, les libéraux ont décidé qu’il serait bon de l’alimenter, comme pour le suicide assisté, je suppose.

Ce programme est un échec. Il ne réduit pas le nombre de toxicomanes, il l’augmente. Plus tôt cette année, la police a effectué des saisies massives de drogues détournées à Prince George et à Campbell River. Selon le service de police de Vancouver, environ 50 % de tout l’hydromorphone saisi a été détourné du programme de drogues du gouvernement Trudeau, qui a été financé par les contribuables.

Selon le président de l’association des policiers de London, il est de notoriété publique que les prétendus programmes d’approvisionnement sûr font l’objet d’abus et que les drogues sont largement détournées vers la collectivité afin que les consommateurs puissent utiliser les profits de leur vente pour acheter encore plus de fentanyl, une drogue mortelle.

Les drogues dures fournies par le gouvernement Trudeau sont fréquemment revendues à des adolescents et à d’autres Canadiens vulnérables, ce qui les rend dépendants aux opioïdes et les entraîne dans le cycle destructeur de la dépendance.

Non seulement ces piqueries financées par le gouvernement distribuent des drogues qui sont revendues dans la rue, mais elles sont aussi souvent situées dans des zones résidentielles, près des écoles ou des garderies. Pour les libéraux de Trudeau, il n’y a aucun problème à ce que des seringues jonchent les terrains de jeu ou à ce que les maternelles demandent à la police d’accompagner les bambins pendant leur promenade quotidienne pour assurer leur sécurité.

Une autre politique cinglée mise en place par les libéraux cinglés est la décriminalisation des drogues dures. La Colombie-Britannique, où Trudeau — l’apprenti sorcier — a commencé son expérience, a enregistré une augmentation de 400 % des décès causés par une surdose de drogues. Les surdoses de drogues constituent maintenant la principale cause de décès chez les jeunes Britanno-Colombiens âgés de 10 à 18 ans. C’est navrant, chers collègues. Navrant.

Cette expérience a également conduit à une consommation de drogue généralisée et ouverte dans les terrains de jeux, les espaces publics et même les hôpitaux. C’est pourquoi même le premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique a dû demander au gouvernement de faire marche arrière avec cette dangereuse expérience ratée.

Si vous ne me croyez pas lorsque j’affirme que le plan de Trudeau n’est qu’une expérience ratée, tournez-vous vers notre ancien collègue Larry Campbell, à qui l’on peut reprocher bien des choses, chers collègues, mais être conservateur n’en fait pas partie. Le sénateur Campbell était un fervent partisan de l’approche Trudeau en matière de drogues illégales. En juillet dernier, il a déclaré que le gouvernement avait fait une erreur en décriminalisant la possession de petites quantités de drogues illicites sans réfléchir aux répercussions sur les collectivités. Il a ajouté que le gouvernement avait commis une erreur encore plus grave en commençant à distribuer des opioïdes sur ordonnance aux toxicomanes. Selon le sénateur Campbell, le gouvernement a trop mis l’accent sur la réduction des méfaits liés à la consommation de drogues au lieu d’aider les gens à se libérer de leur dépendance. Il est rare que je sois d’accord avec le sénateur Larry Campbell, mais c’est le cas en l’occurrence. Cette expérience a été un échec.

Le mandat de Justin Trudeau en tant que premier ministre a été marqué par la COVID. Une telle pandémie ne s’était pas produite depuis un siècle, ce qui a évidemment donné lieu à beaucoup d’improvisation et d’expérimentation de la part des gouvernements, ici et dans le monde entier. Permettez-moi de résumer la façon dont le gouvernement de Justin Trudeau s’en est sorti.

Tout d’abord, nous pouvons tous déplorer le fait qu’aucune des leçons qui auraient dû être tirées de pandémies moins importantes telles que le SRAS-CoV ou la grippe aviaire ne semble avoir été retenue par le gouvernement fédéral. C’est comme si nous avions été pris au dépourvu, sans équipement ni plan. Je trouve cela étrange étant donné que le gouvernement conservateur précédent l’avait clairement indiqué — il y avait plutôt ici un ministre qui voulait parler du gouvernement conservateur précédent. Des plans avaient été élaborés et nous disposions de stocks suffisants d’équipements de protection individuelle. Il est évident que le gouvernement libéral n’a pas maintenu nos stocks stratégiques de ces équipements et qu’il ne s’est pas préparé de manière adéquate à une pandémie que presque tous les experts avaient prédite.

Donc, pris au dépourvu, comment Justin Trudeau et compagnie ont-ils réagi? Tout d’abord, ils ont nié qu’il y avait un problème. Ils ont cru tous les mensonges que le Parti communiste chinois et l’Organisation mondiale de la santé ont débités jusqu’à ce qu’il devienne manifeste qu’il s’agissait bel et bien de mensonges. Même si les organismes de sécurité et nos alliés ont averti le gouvernement Trudeau de la propagation rapide de cette maladie dangereuse, le gouvernement n’a pas pris la menace au sérieux. Les libéraux ont refusé d’interrompre les vols en provenance de Chine avant qu’il ne soit trop tard et ils ont accusé de racisme ceux d’entre nous qui proposaient d’agir. Les libéraux ont tergiversé avant de commencer à constituer des stocks d’équipements de protection individuelle et de médicaments, ce qui a placé le Canada au bout de la file pour les achats. Quand les conservateurs ont soulevé la question à la Chambre des communes le 27 janvier 2020, la ministre de la Santé a déclaré ceci : « [...] le risque pour les Canadiens demeure faible. » Le risque pour les Canadiens demeure faible. Les libéraux n’ont rien fait jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Puis, en mars 2020, le gouvernement s’est rendu compte que la COVID était bel et bien une menace grave. Au début, les libéraux ont improvisé. De toute évidence, ils n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient. Les experts de la santé nous ont dit de laver nos produits d’épicerie, mais que porter un masque ne servirait à rien étant donné que nous étions tous trop stupides pour savoir comment le porter.

Les libéraux ont paniqué et ont fait ce qu’ils font toujours, c’est-à-dire tenter de régler le problème à coup d’argent tout en permettant, bien sûr, à d’autres libéraux de s’enrichir. Ils ont acheté des millions et des millions de dollars d’équipement, toujours à des prix exorbitants et, la plupart du temps, pour rien. Ils ont signé des contrats avec des amis du Parti libéral, comme l’ancien député libéral Frank Baylis, qui a vendu des respirateurs, chers collègues, qui n’ont jamais été utilisés. D’ailleurs, le gouvernement a dépensé plus de 750 millions de dollars — 750 millions — sur des respirateurs, dont 95 % n’ont jamais été utilisés.

SNC-Lavalin a obtenu un contrat de 150 millions de dollars pour des hôpitaux de campagne qui n’ont jamais été demandés par Santé Canada. Aucune province n’a demandé ces fournitures. En plus des équipements et des fournitures qui n’ont jamais été utilisés, certains n’ont même pas été livrés. Le gouvernement lui-même a admis avoir payé plus de 100 millions de dollars pour des fournitures n’ayant jamais été livrées. Puisque nous ne possédons pas un compte rendu véridique de toutes les dépenses, nous pouvons supposer que ce montant est bien plus élevé en réalité.

Au même moment, le gouvernement libéral a décidé de fermer la frontière, quelque chose qu’il jugeait raciste quelques semaines auparavant. Les libéraux ont obligé des gens à se mettre en quarantaine dans des conditions dégoûtantes, tout cela selon de l’information erronée de l’application « ArnaqueCAN » et des tests non éprouvés.

En parlant de tests, le Canada de Justin Trudeau a été l’un des derniers pays à comprendre que les tests étaient essentiels et à les acheter. Nous avons attendu des semaines et des semaines avant d’obtenir ce que d’autres pays avaient déjà. En février dernier, Global News a révélé ce qui suit :

Le gouvernement canadien a attribué deux des plus gros contrats de fournitures médicales de la pandémie à des importateurs participant à un programme fédéral sur invitation seulement, plutôt qu’à des fabricants canadiens offrant des prix plus bas [...]

Il a aussi révélé que les contrats ont été attribués malgré le fait que le gouvernement disposait de données incomplètes sur la précision des produits.

Les libéraux ont bêtement financé le développement d’un vaccin en collaboration avec CanSino, une entreprise établie nulle part ailleurs qu’en Chine. Le vaccin n’a jamais été livré.

Ils ont donné des centaines de millions de dollars à des proches du Parti libéral pour que Medicago développe un vaccin alors qu’ils savaient qu’il ne serait jamais homologué parce que l’entreprise avait des liens avec un fabricant de tabac.

Ils ont englouti 130 millions de dollars dans le Centre de production de produits biologiques pour construire une usine de fabrication de vaccins. Savez-vous combien de doses ont été fabriquées à cet endroit? Aucune.

Les libéraux ont dû faire appel à des sociétés étrangères pour fournir les vaccins. Comme ils l’ont fait tardivement, nous étions en retard par rapport à d’autres pays. En outre, les libéraux ont acheté de telles quantités de vaccins que la vérificatrice générale a estimé qu’au moins 50 millions de doses ont été gaspillées. Combien d’argent avons-nous gaspillé? Nous ne le saurons jamais, car le gouvernement refuse de nous le dire. Parce que nous avons trop acheté et trop payé, le Canada a été considéré comme le pire pays au monde pour ce qui est de stocker inutilement des doses de vaccins et de frustrer les pays les plus pauvres.

Une fois qu’ils ont eu les vaccins, les libéraux ont décidé d’obliger les gens à se faire vacciner. Ils ont imposé la vaccination à des personnes pour lesquelles cela n’avait aucun sens, comme les fonctionnaires qui travaillaient à domicile, les camionneurs qui travaillaient seuls dans leur camion et les personnes souffrant de problèmes de santé à qui leur médecin avait déconseillé de se faire vacciner. Ils ont fait pression sur les Canadiens pour qu’ils se fassent vacciner, ce qui a souvent été dommageable pour ceux qui ont reçu le vaccin. Transports Canada a qualifié l’obligation de se faire vacciner pour voyager de politique énergique et unique au monde. Des tribunaux ont maintenant jugé ces obligations de vaccination inconstitutionnelles.

Enfin, pour couronner le tout, Justin Trudeau a décidé qu’il avait besoin de la Loi sur les mesures d’urgence pour mettre fin à l’occupation de quatre ou cinq pâtés de maisons d’Ottawa par des camionneurs, qui semblaient très dangereux dans leur spa sur la rue Wellington. Le Canada a été universellement tourné en dérision, et Justin Trudeau nous est apparu tel qu’il est : puéril, arrogant et coléreux.

La COVID a servi d’excuse aux libéraux pour enrichir leurs amis. Je n’entrerai pas dans les détails au sujet des contrats qui ont été accordés pendant cette période, mais les scandales de l’organisme UNIS et de l’application « ArnaqueCan » sont devenus des symboles de la corruption libérale.

Le gouvernement a-t-il lutté efficacement contre la COVID? Permettez-moi de résumer la situation en lisant quelques manchettes : « Les centres de soins de longue durée du Canada affichent le pire bilan au chapitre des décès liés à la COVID-19 parmi les pays riches [...] » Encore une fois, il s’agit d’un article de CBC.

« Le Canada a l’un des pires bilans au monde en matière de lutte contre la COVID. »

« [...] les mesures de confinement « extrêmes » ont entraîné des coûts exceptionnels »

L’année dernière, le British Medical Journal a dit que, lorsque la COVID a frappé, le Canada était « un pays mal préparé qui avait des systèmes de données désuets, qui manquait de coordination et de cohésion et qui était aveugle aux divers besoins des citoyens ».

Ce sont les Canadiens eux-mêmes qu’on devrait féliciter pour avoir vaincu la COVID. Le journal conclut en disant que « [...] les Canadiens ont fait des efforts pour lutter contre la pandémie, alors que les gouvernements ont manqué à leur devoir ».

Je pourrais continuer de parler en détail de la mauvaise gestion de la crise de la COVID par les libéraux pendant plusieurs minutes.

L’honorable Leo Housakos [ - ]

Vous pourriez continuer pendant des semaines.

Je le pourrais probablement. Comme d’habitude, dans le cas des libéraux, il y a un mélange d’incompétence, d’arrogance et de corruption qui leur fait prendre une mauvaise décision après l’autre. Je regrette profondément qu’il n’y ait jamais eu de véritable enquête ou d’audit sur les mesures prises par le gouvernement pour déterminer si elles ont fonctionné et comment nous pouvons faire mieux la prochaine fois, car, chers collègues, nous devons faire mieux la prochaine fois. Nous devons tirer des leçons de toutes les erreurs commises par l’apprenti sorcier libéral.

Si le gouvernement s’est assuré qu’une telle enquête n’ait jamais lieu, c’est parce qu’il savait qu’il avait échoué et que nous en apprendrions trop sur son incompétence et sa corruption. Les libéraux de Trudeau n’ont pas réussi à gérer les répercussions que la COVID-19 a eues sur la santé des gens. Ils n’ont pas non plus réussi à gérer les répercussions économiques de la pandémie.

Quand la pandémie de COVID-19 a frappé, la plupart des pays du monde ont dû déterminer quelles mesures financières seraient mises en place pour lutter contre une crise sanitaire mondiale qu’on ne comprenait pas encore. Les gouvernements ont été contraints de dépenser des fonds publics pour adopter des mesures visant à protéger les moyens de subsistance de leurs citoyens et l’économie dans son ensemble. Face à une telle incertitude, la plupart des pays ont agi avec retenue, avec prudence et de manière ciblée, mais pas notre premier ministre, notre apprenti sorcier.

Lors de la pandémie, les dépenses du gouvernement, que certains qualifiaient au départ de généreuses, ont rapidement échappé à tout contrôle. Dès le départ, il y avait des données à ce sujet, et des experts et des institutions financières lançaient des avertissements.

En novembre 2020, la CIBC a averti M. Trudeau que la majeure partie des prestations d’urgence qu’il accordait étaient consacrée à l’achat de biens de consommation importés et que cet argent fuyait donc vers l’économie d’autres pays. L’économiste qui a rédigé le rapport a noté qu’il serait facile de remédier à ces fuites en se concentrant sur des programmes qui encouragent les consommateurs à dépenser pour des services locaux. Il a également prévenu M. Trudeau que si rien n’était fait, le Canada devrait dépenser encore plus en soutien financier. Le Canada avait déjà dépensé plus que tous les pays du G20 pour ses mesures contre la pandémie mais, comme le souligne le rapport de la CIBC, cela n’avait pas eu d’effet bénéfique supplémentaire pour l’emploi ou le PIB. Ce conseil n’a pas été pris en compte.

En mars 2021, Statistique Canada a indiqué que, pendant la pandémie, les Canadiens avaient connu des changements exceptionnellement bénéfiques sur le plan de leur bien-être économique, puisque les paiements de soutien pour la COVID-19 leur avaient procuré des milliers de dollars de plus qu’ils n’en avaient perdu en salaire. Statistique Canada a indiqué qu’en fait, les prestations pour la COVID-19 étaient supérieures aux pertes de revenus dans les cinq groupes de revenus qu’elle avait étudiés.

Voici ce qu’en pense une économiste de la Banque Scotia :

Cela met en lumière, de manière générale, l’approche choisie par le gouvernement, c’est-à-dire de voir grand, de procéder rapidement et de ne pas lésiner sur les moyens [...]

Plusieurs économistes et plusieurs institutions ont averti le gouvernement qu’il devait revoir à la baisse ses programmes de prestations, en particulier la Prestation canadienne d’urgence; ils ont déclaré qu’elle était trop généreuse et risquait de dissuader les gens de reprendre le travail. Ces avertissements n’ont pas été pris en compte, eux non plus.

En février 2021, le Conference Board du Canada nous a mis en garde contre les conséquences inéluctables des dettes record accumulées pendant la pandémie, en déclarant :

Les répercussions durables sur les recettes et les dépenses portent à croire que les gouvernements du Canada auront du mal, à court et à long terme, à se sortir de ce gigantesque trou budgétaire.

Toujours en février 2021, le Fonds monétaire international a déclaré que les plans de dépenses considérables de M. Trudeau n’étaient guère justifiés et que toute autre dépense inutile pourrait affaiblir la crédibilité du cadre budgétaire.

La même semaine, l’Institut C.D. Howe a publié un rapport où les auteurs soulevaient de graves préoccupations concernant les 100 milliards de dollars de fonds de relance promis par M. Trudeau, jugeant peu prudent d’instaurer un programme de relance d’une telle ampleur.

Malgré les mises en garde, notre « apprenti » a maintenu le cap, et le déluge a commencé.

En fait, au début de mars 2021, le gouvernement Trudeau, qui avait déclaré que l’administration de la Prestation canadienne de la relance économique coûterait environ 6,3 milliards de dollars, avait déjà dépassé ce montant et presque doublé les dépenses du programme, qui s’élevaient à 11,1 milliards de dollars.

Au cas où l’on serait convaincu que ces avertissements d’experts et de grandes banques ne sont pas parvenus jusqu’au bureau du premier ministre, n’oubliez pas, chers collègues, que le ministre des Finances de Justin Trudeau, Bill Morneau, qui était chargé de la gestion budgétaire du pays et de la mise en œuvre de ces programmes, a quitté l’une des plus hautes fonctions politiques du pays parce que les dépenses de M. Trudeau étaient devenues tout à fait démesurées.

Dans son livre intitulé Where To from Here: A Path to Canadian Prosperity, M. Morneau a écrit que M. Trudeau et lui étaient à couteaux tirés sur la question des dépenses liées à la COVID. À propos de ce qui s’est passé pendant la pandémie, il a déclaré :

[On a] mis de côté les calculs et les recommandations du ministère des Finances pour gagner un concours de popularité.

Il a ajouté que son rôle de ministre des Finances « [...] s’était détérioré à un point tel que je n’étais plus qu’une figure de proue. Je n’étais là que pour la forme. »

C’est ce qu’a dit notre premier ministre, professeur d’arts plastiques et instructeur de planche à neige, à un ministre des Finances érudit.

Pourtant, l’Institut Fraser a fait remarquer ce qui suit :

En 2021, la dette fédérale par habitant a atteint un nouveau sommet et s’élevait à 48 955 $. Cependant, encore une fois, la COVID n’est pas à blâmer pour cette accumulation de dettes. Sans dépenses liées à la COVID en 2020 ou 2021, la dette fédérale par habitant se serait quand même élevée, en 2021, à 41 340 $, soit le quatrième montant en importance dans l’histoire du Canada.

Les auteurs arrivent à cette conclusion :

De toute évidence, la dette fédérale était déjà à la hausse, et la pandémie n’a fait qu’exacerber le problème.

Il se trouve que tous les experts en économie et toutes les institutions financières qui nous ont mis en garde contre cette catastrophe avaient raison. Dans l’ensemble du Canada, l’inflation a pris une ampleur désastreuse, et ce, pour tous les produits et services. Les Canadiens en subissent encore les conséquences. L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a comparé l’approche du gouvernement Trudeau à un pompier qui éteint un feu avec un boyau, ajoutant qu’on ne reproche jamais à un pompier d’utiliser trop d’eau.

Je ne suis pas d’accord. En fait, les politiques irresponsables du gouvernement Trudeau ont inondé l’économie canadienne avec trop d’argent facile. Elles ont créé le genre d’inflation contre lequel le premier ministre Trudeau avait été mis en garde. Le premier ministre Trudeau a continué d’utiliser le boyau d’incendie alors que le plancher était déjà inondé et que le feu était éteint depuis longtemps.

Le nouveau gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a confirmé que les dépenses du gouvernement ont nui à la réduction de l’inflation. Comme l’inflation demeurait élevée, la banque n’a eu d’autre choix que d’augmenter les taux d’intérêt, ce qui a eu des effets dévastateurs sur les entreprises et les propriétaires d’habitation.

En mars 2023, le sous-gouverneur de la Banque du Canada a confirmé que si elle devait revivre la crise de la COVID, la Banque n’utiliserait pas la même stratégie.

Ces dépenses inconsidérées ont été motivées par la pensée de l’extrême gauche libérale selon laquelle tous les problèmes peuvent être résolus par une augmentation des dépenses publiques. Comme je l’ai dit, pour les libéraux, ces expériences radicales sont toujours menées en tenant compte des avantages politiques.

Justin Trudeau a cru pouvoir surfer sur cette vague de dépenses massives liées à la COVID et a déclenché des élections anticipées en 2021. Il pensait pouvoir acheter les Canadiens avec leur propre argent, et comme toujours avec le gouvernement Trudeau, les effets négatifs des politiques radicales, combinés au cynisme politique, sont aggravés par l’incompétence du gouvernement.

Les programmes étaient trop généreux, mais plus encore, ils sont devenus un bar ouvert. En mai dernier, l’Agence du revenu du Canada a confirmé qu’elle avait trouvé, à ce jour, 10 milliards de dollars de prestations liées à la pandémie qui ont été versés à des personnes qui n’étaient pas admissibles à ces programmes gouvernementaux. Des centaines de fonctionnaires ont déjà été licenciés pour détournement de fonds. Ce montant s’ajoute aux plus de 15 milliards de dollars cernés par la vérificatrice générale relativement à un autre programme. Le pire, c’est qu’on a à peine effleuré la surface.

Selon la vérificatrice générale Karen Hogan, lors de contrôles aléatoires, les enquêteurs ont découvert des problèmes dans près des deux tiers des demandes relatives à la Subvention salariale d’urgence du Canada, un programme de 100,6 milliards de dollars. La proportion était si élevée qu’elle « exige qu’on examine vraiment de plus près », a-t-elle dit.

On pourrait croire que le gouvernement tenterait par tous les moyens de récupérer ces énormes paiements, mais on aurait tort. Ce serait de la mauvaise politique, n’est-ce pas?

Le chef de l’Agence du revenu du Canada a déclaré que cela n’en valait pas le coup. Le directeur parlementaire du budget a pour sa part déclaré qu’une telle attitude était déconcertante. C’est le moins qu’on puisse dire, chers collègues.

Non content d’avoir doublé la dette et provoqué de l’inflation, notre apprenti sorcier poursuit ses expériences. C’est la dernière dont je vais parler ce soir, chers collègues. Croyez-moi, il y en aura d’autres, sénatrice Pate.

Le sénateur Housakos [ - ]

Il y en a beaucoup.

Un exemple parmi les plus sombres et flagrants des expériences de notre apprenti sorcier est le régime de suicide assisté hors de contrôle du Canada. Comme c’est souvent le cas avec les pentes glissantes, l’histoire commence par le déni et la moquerie.

Dans le cas du suicide assisté, le gouvernement Trudeau et la Cour suprême du Canada ont nié haut et fort que nous nous engagions sur une pente glissante. Pourtant, il n’a pas fallu attendre longtemps avant que la proverbiale pente se profile à l’horizon.

Si vous regardez où nous avons commencé au moment de la légalisation initiale du suicide assisté, puis que vous regardez où nous en sommes aujourd’hui moins de 10 ans plus tard, c’est tout simplement choquant. Des experts inquiets d’autres administrations qui ont emprunté cette voie et qui en subissent actuellement les conséquences ont fait des mises en garde.

Dans l’affaire Carter, un expert médical belge a présenté des preuves indiquant qu’une pente glissante était très possible, à savoir qu’en ouvrant les vannes du suicide assisté, même dans un cadre étroit où des personnes en phase terminale se voient offrir de l’aide pour mettre fin à leurs jours, nous ouvririons la porte à un système dans lequel des groupes vulnérables comme les personnes handicapées se verraient offrir la mort avant de se voir offrir des soins adéquats.

La Cour a rejeté cet argument en indiquant que « [...] le régime permissif de la Belgique résulte d’une culture médico-légale très différente ».

Cette affirmation a été confirmée et répétée par le gouvernement Trudeau, qui a déclaré que nous éviterions un tel « [...] élargissement de l’admissibilité en mettant en place un « régime soigneusement réglementé » dont l’application demeurerait limitée et exceptionnelle ».

« Limitée et exceptionnelle », chers collègues.

Le nombre de Canadiens qui mettent fin à leur vie au moyen du suicide assisté a augmenté à une vitesse qui dépasse celle de tous les pays du monde. Nous sommes en train de devenir très rapidement la capitale mondiale du suicide assisté. Les cas les plus épouvantables au Canada font même l’objet d’une attention internationale.

En seulement 6 ans, le nombre de décès attribuables au suicide assisté a été multiplié par 13 : il est passé de 1 018 en 2016 à plus de 13 200 en 2022.

La sénatrice Martin [ - ]

Incroyable.

C’est incroyable.

Au Canada, il y a plus de décès associés à l’euthanasie qu’à une maladie du foie, à l’Alzheimer, au diabète ou à la pneumonie. En fait, le suicide assisté est désormais à égalité avec la cinquième cause de décès au pays.

Pourtant, les chiffres du gouvernement ne reflètent pas cette réalité. Pourquoi?

Quand ils remplissent le certificat médical de décès, les médecins sont tenus d’indiquer comme cause du décès la maladie, l’affection ou le handicap à l’origine de la demande d’aide au suicide, plutôt que les médicaments administrés, qui en sont la cause réelle. Il s’agit d’une manipulation étrange et suspecte des données. Comme l’a demandé Barbara Kay : « Si l’aide médicale à mourir est un bien public, pourquoi cette diversion? »

Si les chiffres astronomiques ne suffisent pas à vous convaincre que le gouvernement a perdu le contrôle, peut-être que certaines circonstances le feront.

Une femme de 54 ans de Vancouver fait partie des plus de 1,4 million de Canadiens handicapés qui vivent dans la pauvreté. Chers collègues, cela représente 40 % de ce segment de la population. En raison de l’absence de services adéquats pour la soutenir avec son handicap, elle utilise une carte de crédit pour couvrir ses dépenses. Au total, sa dette s’élève à 40 000 dollars. Les recherches insuffisantes sur son état font en sorte que les traitements qu’elle désire tombent dans la catégorie des traitements expérimentaux et, par conséquent, ils ne sont pas couverts par notre système de santé.

Cependant, elle a découvert que ce qui est couvert, c’est l’aide au suicide. Après l’élargissement de nos politiques en matière de suicide assisté par le biais du projet de loi C-7 — qui permet l’accès aux personnes dont la mort n’est pas raisonnablement prévisible —, elle a fait une demande pour le suicide assisté et sa demande a été approuvée. Ses amis ont créé une page GoFundMe dans une tentative désespérée de la garder plus longtemps en vie, mais ils admettent douter que cela soit suffisant. De l’avis de cette femme, le suicide assisté est probablement sa seule option.

Un homme de 54 ans, Amir Farsoud, de St. Catharines, en Ontario, a demandé à bénéficier de l’aide au suicide non pas parce qu’il veut mourir, mais parce que le filet social lui fait défaut et qu’il craint de ne pas avoir d’autre choix. Il a déclaré aux journalistes : « Je ne veux pas mourir, mais je veux encore moins devenir itinérant. »

Un autre cas troublant concerne Christine Gauthier, caporale à la retraite et athlète paralympique, qui demandait de l’aide depuis plus de cinq ans pour faire installer une rampe d’accès pour fauteuils roulants. Dans une entrevue accordée à CTV, Mme Gauthier a fait part de son incrédulité lorsque le gouvernement n’a pas pu accéder à sa demande, mais qu’il lui a plutôt proposé, chers collègues, l’aide à mourir. C’est l’œuvre de notre gouvernement.

Dans le reportage, elle a dit une chose déchirante : « [V]ous êtes prêts à m’aider à mourir, mais vous n’êtes pas prêts à m’aider à vivre? ».

C’est l’œuvre de notre gouvernement.

Nous avons tous entendu parler d’un certain nombre de cas de vétérans à qui l’on a proposé le suicide assisté pour soulager leurs souffrances mentales et physiques. Il s’agit d’un groupe envers lequel nous sommes collectivement — chacun d’entre nous dans cette salle et dans notre pays — redevables, et qui devrait pouvoir compter sur un réseau stable pour faciliter sa transition vers la vie civile. Pourtant, les travailleurs de ce système leur laissent entendre que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

L’été dernier, une femme de 37 ans, Kathrin Mentler, s’est rendue à l’hôpital général de Vancouver en pleine crise de santé mentale, alors qu’elle était terriblement vulnérable et suicidaire. Un clinicien l’a informée que l’attente pour voir un psychiatre serait longue et a fait remarquer que le système de santé est défaillant, puis lui a demandé si elle avait envisagé l’aide médicale à mourir. C’était un professionnel de la santé. Elle était une patiente vulnérable et suicidaire qui demandait de l’aide pour vivre, et on lui a plutôt offert une façon de mourir.

Chers collègues, si la prochaine étape sur ce terrain dangereux est menée à terme, c’est-à-dire l’expansion proposée de l’admissibilité au suicide assisté afin d’inclure les personnes dont la seule condition sous-jacente est un trouble mental, c’est le genre de cas qui risque de devenir la norme au pays. La politique va bien au-delà de ce que la société ou le système sont prêts à accepter, ou même disposés à accepter, que le gouvernement a initialement adopté une disposition de caducité et l’a ensuite reportée à deux reprises.

Les retards répétés ont donné lieu à de nombreuses occasions pour débattre et soulever la myriade de préoccupations morales et éthiques liées au fait d’offrir la mort à des patients suicidaires ou atteints d’une maladie mentale. Le gouvernement Trudeau et certaines des personnes qu’il a nommées au Sénat ont tenté à maintes reprises de faire la distinction entre les demandes de suicide assisté et les pensées suicidaires.

Lorsque la journaliste Althia Raj a demandé à l’ancien ministre de la Justice, David Lametti, comment faire en sorte que le système offre réellement aux gens des choix éthiques, il a répondu :

[N]’oublions pas que le suicide est généralement à la disposition des gens. On parle de membres d’un segment de la population qui, pour des raisons physiques ou possiblement mentales, n’ont pas la possibilité de passer elles-mêmes à l’acte. Au bout du compte, cette mesure leur offre un moyen plus humain d’opter pour une solution qu’elles auraient choisie si elles avaient eu la capacité de la mettre en œuvre.

Chers collègues, la meilleure chose à dire à propos de David Lametti, c’est qu’il a démissionné du Cabinet Trudeau.

L’aveu est clair comme le jour : le gouvernement Trudeau ne voit aucun problème à accélérer l’accès des patients déprimés et suicidaires à ce qu’il appelle une forme « humaine » de suicide.

Comme l’a fait remarquer Althia Raj :

La tâche du gouvernement n’est-elle pas de prévenir le suicide? Ne faudrait-il pas essayer de donner aux gens une raison de vivre?

Vous aurez remarqué que je n’emploie pas le terme « aide médicale à mourir » pour décrire ce qui est, fondamentalement, un suicide assisté. Pour moi, l’emploi du terme froid « aide médicale à mourir » fait partie des efforts déployés par certains pour le détacher de la réalité et créer un concept différent qui n’est pas acceptable. La trajectoire que suit le gouvernement Trudeau renforce la nécessité de faire preuve de clarté — d’une grande clarté — au sujet de ce dont nous parlons.

Le Dr Sonu Gaind, le très estimé ex-président de l’Association des psychiatres du Canada, a dit ceci au Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir :

Cette augmentation n’est pas vraiment une pente glissante. C’est un train dont on a perdu le contrôle [...] Une multitude de signes montrent au gouvernement qu’il ne devrait pas aller de l’avant. S’il choisit de le faire, il ne pourra pas dire qu’il n’aura pas été averti.

Le mécontentement du public face aux cas scandaleux qui ont été rapportés a été considérable et, en réalité, c’est la véritable raison pour laquelle le gouvernement n’a pas encore procédé à l’élargissement.

Comment le gouvernement a-t-il répondu à cette préoccupation croissante du public? Est-ce en améliorant l’accès aux soins de santé mentale, en rendant les logements plus abordables ou bonifiant les services aux anciens combattants? Bien sûr que non. En fait, dans chacun de ces domaines, notre système s’est dégradé.

Les gens se sentent abattus. Les cas de dépression et de troubles anxieux généralisés ont considérablement augmenté. L’accès aux soins de santé mentale demeure catastrophique. Pourtant, le gouvernement reste fermement décidé à ouvrir la porte au suicide assisté par l’État pour les Canadiens qui souffrent de maladies mentales.

Les partisans du projet savent qu’ils sont allés beaucoup trop loin. Le public canadien n’en veut pas. Les provinces et les territoires ne sont pas prêts à cela. Les médecins ne sont pas prêts. Pourtant, le gouvernement Trudeau refuse de faire marche arrière. Il a clairement indiqué que l’élargissement de l’accès au suicide assisté aux personnes souffrant d’une maladie mentale n’est pas une question de « si », mais de « quand ». Comme l’a déclaré le sénateur Kutcher, qui est à l’origine de l’amendement sur l’élargissement de la portée, la question est tranchée.

En matière de politiques, rien ne convient mieux à la métaphore de L’apprenti sorcier que la trajectoire du régime d’aide au suicide au Canada. On a d’abord ouvert la porte sous le couvert et la promesse d’une application « restreinte et exceptionnelle » pour finir par devenir la capitale mondiale du suicide. Nous avons maintenant les mains liées par une future politique si ignoble que même ses plus grands partisans doivent continuer d’en retarder la mise en œuvre. Il ne s’agit pas de la reconsidérer, juste de la reporter.

Chers collègues, je sais que la déclaration suivante vous réjouira: cela conclut la première partie de mon analyse des expériences ratées de Justin Trudeau. J’invite tous mes collègues à rester à l’écoute pour la suite, mais en attendant, je propose l’ajournement du débat pour le temps de parole qu’il me reste.

Son Honneur la Présidente [ - ]

L’honorable sénateur Plett, avec l’appui de l’honorable sénatrice Seidman, propose que le débat soit ajourné à la prochaine séance du Sénat.

Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?

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