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PÉRIODE DES QUESTIONS — Le ministère de la Défense nationale

L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

7 novembre 2024


L’honorable Elizabeth Marshall [ - ]

Monsieur le ministre, bienvenue au Sénat du Canada. Monsieur le ministre, selon votre nouvelle politique de défense publiée en avril, les dépenses militaires atteindront 58 milliards de dollars d’ici 2029-2030. Cela représentera 1,58 % du PIB, ce qui est bien inférieur à l’objectif de 2 % fixé par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, ou OTAN. En juillet dernier, à peine trois mois plus tard, votre gouvernement a déclaré qu’il atteindrait l’objectif de 2 % de l’OTAN concernant les dépenses militaires d’ici 2032. Cependant, pour ce faire, le directeur parlementaire du budget a dit qu’il faudrait que les dépenses de défense passent de 58 milliards de dollars à 82 milliards de dollars d’ici 2032. Il s’agit d’une augmentation très importante de 24 milliards de dollars, soit 40 %, sur trois ans. Ce n’est tout simplement pas crédible. Vous n’avez pas encore publié de chiffres détaillés sur la manière dont vous allez augmenter vos dépenses pour atteindre l’objectif de 2 %.

Ma question est la suivante : quand publierez-vous les détails sur la manière dont vous allez faire passer les dépenses militaires à 82 milliards de dollars en 2032 pour atteindre l’objectif de 2 %?

L’honorable Bill Blair, c.p., député, ministre de la Défense nationale [ - ]

Merci beaucoup, madame la sénatrice. Je pense qu’il s’agit d’une question très importante, que j’ai abordée en détail avec les autres ministres de la Défense de l’OTAN. Tout d’abord, si vous me permettez d’être un peu plus clair, je suis reconnaissant au directeur parlementaire du budget de son travail. Je pense qu’il fait un travail exceptionnel en notre nom à tous. En même temps, comme je le lui ai fait remarquer, le Canada s’est engagé à atteindre la cible de 2 % recommandée par l’OTAN. Pour être clair, il s’agit d’une mesure des dépenses; cela ne dit pas ce que nous devons faire pour atteindre la cible ni pourquoi ni comment. Cela nous indique seulement le montant.

Cependant, la cible de l’OTAN que, franchement, le premier ministre Harper s’était engagé à atteindre au Pays de Galles en 2013 était de 2 % selon la définition de l’OTAN, définition qui est appliquée à l’ensemble de ses 32 membres selon un pourcentage du PIB calculé à partir des dépenses que l’Organisation de coopération et de développement économiques prévoit que nous ferons. Ces chiffres sont légèrement différents de ceux que fournit le directeur parlementaire du budget, mais je tiens à apporter cette précision.

Je dirais également que la présentation de notre mise à jour de la politique de défense, Notre Nord, fort et libre, en avril dernier a coïncidé avec la publication subséquente de notre budget, qui prévoyait un objectif de dépenses jusqu’en 2029. Cependant, nous avons reconnu, comme le premier ministre l’a fait lorsque nous sommes allés au sommet de l’OTAN, que le Canada doit atteindre la cible de 2 % et qu’il atteindra la cible de 2 % d’ici 2032. J’ai été en mesure de fournir...

Son Honneur la Présidente intérimaire [ - ]

Merci, monsieur le ministre.

La sénatrice Marshall [ - ]

Merci beaucoup, monsieur le ministre, mais vous ne m’avez pas donné la réponse, et vous devez quand même nous indiquer la façon dont vous allez atteindre les 2 %. Je tiens toutefois à dire que votre ministère a été mis au défi de mettre en œuvre la politique de défense de 2017. Votre ministère a l’habitude de ne pas utiliser ses crédits et de peiner à réaliser des projets d’immobilisations en respectant les délais et le budget. En fait, entre 2017 et 2023, votre ministère a dépensé 12 milliards de dollars de moins en projets d’immobilisations que ce qui était prévu dans votre politique de défense de 2017.

C’est la raison pour laquelle je vous demande votre plan détaillé pour atteindre les 2 %. J’aimerais savoir ce que...

Son Honneur la Présidente intérimaire [ - ]

Merci.

M. Blair [ - ]

Ce sont des questions importantes, et je tiens à en reconnaître l’importance. L’un des défis auxquels le ministère de la Défense nationale a été confronté, de même que les Forces armées canadiennes, concerne les processus d’approvisionnement. Nous reconnaissons que ces acquisitions ont pris beaucoup de temps. Il y a de nombreuses raisons à cela. Nous avons étudié en profondeur les façons d’accélérer l’acquisition de ces importants équipements. Je pense qu’un travail très important a été accompli.

Je vais vous donner un exemple : au cours de la dernière année et demie, nous avons signé des contrats pour plus de 200 nouveaux avions, y compris des P-8, des F-35 et de nouveaux avions d’entraînement. Nous avons signé de nouveaux contrats et nous sommes en train de négocier un contrat de construction pour nos nouveaux destroyers de la classe River avec Irving Shipbuilding. La conclusion de ce contrat est prévue pour le mois prochain. Nous allons les mettre à l’eau. Le premier...

Son Honneur la Présidente intérimaire [ - ]

Merci, monsieur le ministre.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Monsieur le ministre, je veux également vous poser une question au sujet de l’affirmation du premier ministre selon laquelle votre gouvernement s’attend à atteindre, d’ici 2032, la cible de l’OTAN exigeant que les dépenses en défense atteignent 2 % du PIB du pays. Comme l’a souligné la sénatrice Marshall — elle est beaucoup plus polie que moi, vous le savez —, d’après la mise à jour de la politique de défense que vous avez présentée et d’après le directeur parlementaire du budget, il est évident qu’il est impossible que votre gouvernement respecte son engagement concernant la cible des 2 %.

Monsieur le ministre, est-ce que le premier ministre a simplement tenté de berner nos alliés avec ce faux engagement ou est-ce qu’il est simplement incompétent et croit que les budgets en défense, eux aussi, peuvent s’équilibrer d’eux-mêmes?

M. Blair [ - ]

Permettez-moi d’être d’accord sur un point, monsieur. Vous êtes beaucoup moins poli, mais, malheureusement, vous êtes aussi dans l’erreur. Et si je peux me permettre, le rapport qui a été publié en avril explique clairement notre plan pour les cinq prochaines années, mais il comprend également de nouvelles dépenses importantes, 73 milliards de dollars sur 20 ans. Toutefois, presque immédiatement, nous avons reconnu que cela ne nous permettrait pas d’atteindre la cible de 2 %; la décision a donc été prise et annoncée par le premier ministre — ce n’est pas seulement une attente de notre part, c’est un engagement — d’atteindre 2 % de nos dépenses du PIB d’ici 2032.

Depuis, je travaille sans relâche. Par exemple, dans notre budget, il n’était pas question d’acheter des sous-marins en avril. En juillet, le premier ministre s’est engagé à acheter 12 nouveaux sous-marins de classe conventionnelle. En septembre, nous avons lancé une demande d’information sur le marché. Nous agissons très rapidement, car il s’agit d’une capacité dont notre marine a besoin et que nos alliés attendent de nous.

Il y a un certain nombre d’autres investissements très importants qui sont indiqués dans la politique de défense et sur lesquels nous travaillons maintenant très activement. Il y a par exemple la défense aérienne et antimissile intégrée ainsi que de nouvelles infrastructures pour soutenir nos forces armées. J’aurai peut-être l’occasion de parler plus tard des plans de reconstitution que la cheffe d’état-major de la défense et la sous-ministre ont présentés. Ces plans nous permettront d’obtenir les personnes dont nous avons besoin pour nos navires et pour entretenir et faire voler nos avions, ainsi que pour accomplir l’important travail que font les Forces armées canadiennes.

Dépensons, dépensons encore et toujours plus, et laissons Pierre Poilievre se débrouiller. Au sommet de l’OTAN, le premier ministre s’est engagé à respecter le seuil de 2 % pour se sortir d’une situation embarrassante. Nous le savons tous. Nos alliés étaient contrariés et perdaient patience avec votre gouvernement. Voilà pourquoi il a pris cet engagement sans avoir de plan crédible pour le respecter.

Monsieur le ministre, qu’allez-vous dire à la nouvelle administration Trump au sujet de votre faux engagement lorsqu’elle entrera en fonction en janvier prochain, si vous formez toujours le gouvernement à ce moment-là? Craignez-vous que le Canada se fasse expulser de l’OTAN?

M. Blair [ - ]

Je pourrais rappeler à cette nouvelle administration qu’en 2013, le premier ministre Harper s’est engagé à respecter le seuil de 2 % et que la même année, il a amputé le budget de la défense de 2,5 milliards de dollars, le faisant chuter pour la première et la seule fois dans l’histoire du Canada à moins de 1 % de notre PIB. Je vais aussi vous dire que le Canada est un membre important et respecté de l’OTAN, et que la semaine dernière, j’ai rencontré le commandant suprême des Forces alliées en Europe pour lui présenter notre plan visant à faire en sorte que nos capacités soient à la hauteur de ce que l’OTAN attend de nous. Nous allons faire ce qu’il faut. C’est notre engagement, et nous allons le respecter.

L’honorable Tony Loffreda [ - ]

Monsieur le ministre, bienvenue au Sénat. J’aimerais axer mon intervention sur l’impact que le président désigné Trump pourrait avoir sur la stratégie de défense du Canada.

Nous savons que M. Trump a clairement exigé que les membres de l’OTAN atteignent l’objectif de dépenses de 2 %. Je suis convaincu que vous avez lu la lettre d’opinion de Mike Turner, membre du Congrès, dans Newsweek le mois dernier, qui nous reprochait de ne pas avoir respecté nos engagements envers l’OTAN. Hier, le premier ministre a dit que le gouvernement se préparait à un éventuel retour de M. Trump à la Maison-Blanche. Les États-Unis seront-ils satisfaits de notre plan à long terme pour atteindre la cible de 2 % d’ici 2032? À la lumière des résultats des élections, ne devrions-nous pas réévaluer nos engagements financiers envers l’OTAN? À quel point le gouvernement fédéral prend-il au sérieux la menace de M. Trump selon laquelle les États-Unis ne protégeraient pas les alliés qui n’atteignent pas l’objectif de 2 %?

M. Blair [ - ]

Dans sa longue histoire au sein de l’OTAN et dans tous ses efforts pour promouvoir la paix et la sécurité dans le monde, le Canada a toujours été prêt à prendre part à des missions. Nous avons envoyé nos soldats se battre dans des conflits partout dans le monde, et la contribution du Canada est toujours très appréciée et respectée par tous nos alliés.

Je dirais également que la cible de 2 % est un engagement que nous avons pris envers tous nos alliés de l’OTAN, mais aussi envers tous les Canadiens et les Forces armées canadiennes. Nous savons qu’en raison de décennies d’investissements insuffisants dans les Forces armées canadiennes, nous devons faire de nouveaux investissements importants dans leur organisation, leur personnel, l’infrastructure en place pour les soutenir et les plateformes importantes qu’elles utilisent pour faire le travail que nous leur demandons de faire. Je crois donc fermement que nous serons en mesure de démontrer à tous nos alliés, y compris les États-Unis, notre engagement inébranlable à faire le travail, et je pense qu’ils comprendront également qu’il faut du temps pour livrer, par exemple, les 15 nouveaux navires de combat que nous construisons. Il faudra du temps pour construire et livrer les nouveaux sous-marins dont nous avons besoin. Même pour le nouvel avion de chasse, il y a un calendrier de livraison. Il faut du temps pour obtenir ces ressources importantes pour les Forces armées canadiennes.

Nous prenons les engagements; nous avons alloué les fonds nécessaires; nous signons les contrats et nous allons de l’avant avec toutes ces acquisitions. Je pense que nous pouvons élaborer un plan très précis pour atteindre l’objectif de 2 % d’ici 2032, comme nous avons indiqué que nous allions le faire.

Le sénateur Loffreda [ - ]

Hier encore, l’ancienne ambassadrice des États-Unis Kelly Craft nous a exhortés à prendre plus au sérieux les changements géopolitiques dans le Nord. Êtes-vous convaincu que le Canada est bien préparé et que notre financement est suffisant pour défendre et protéger l’Arctique canadien? Malgré les nouveaux investissements annoncés dans Notre Nord, fort et libre : Une vision renouvelée pour la défense du Canada, nombreux sont ceux qui craignent que les dépenses pour la défense soient insuffisantes. Personnellement, je suis préoccupé par la souveraineté de l’Arctique qui, comme l’indique votre vision, est la tâche la plus urgente et la plus importante à laquelle nous sommes confrontés.

M. Blair [ - ]

Merci beaucoup. Je vais être tout à fait d’accord avec vous. Je pense que tous ceux qui ont lu notre nouvelle politique de défense intitulée Notre Nord, fort et libre peuvent constater que j’ai beaucoup mis l’accent sur notre responsabilité de défendre la souveraineté et la sécurité de notre pays, de notre continent et de nos intérêts dans l’Extrême-Arctique. Nous avons élaboré un plan et nous reconnaissons que nous devons faire de nouveaux investissements majeurs.

Quand je me suis rendu dans le Nord, j’ai appris ce que la souveraineté et la sécurité signifiaient réellement pour les habitants du Nord. Il s’agit d’infrastructures, comme ils me l’ont dit très clairement, de construire de nouvelles pistes d’aéroport, des centrales électriques, des stations d’épuration, des réseaux de fibres optiques, des autoroutes, des installations médicales et les installations qui seront nécessaires pour soutenir nos opérations militaires dans le Nord. Il y a également une excellente occasion d’utiliser...

Son Honneur la Présidente intérimaire [ - ]

Merci, monsieur le ministre.

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