Projet de loi sur le cadre national sur l’insuffisance cardiaque
Deuxième lecture--Suite du débat
20 novembre 2025
Honorables sénateurs, je prends la parole au sujet du projet de loi S-204, Loi concernant l’élaboration d’un cadre national sur l’insuffisance cardiaque. Je salue les efforts de mon éminente collègue, la sénatrice Martin, qui a présenté ce projet de loi. Merci.
Chers collègues, l’insuffisance cardiaque est aujourd’hui reconnue comme l’une des maladies cardiovasculaires dont la prévalence augmente le plus rapidement, tant au Canada que dans le reste du monde. Elle touche plus de 100 000 Canadiens chaque année. En tant que clinicien, je rencontrais chaque jour des patients dont la vie était profondément bouleversée par cette maladie chronique, évolutive et trop souvent mal comprise.
J’ai toujours redouté les fêtes comme Noël et l’Action de grâces, quand beaucoup de mes patients se livraient à un repas traditionnel festif riche en sel et susceptible de déclencher une insuffisance cardiaque. Ils arrivaient aux urgences, essoufflés, stoïques, avec un air coupable, en disant : « Docteur, je l’ai encore fait. S’il vous plaît, retirez le liquide de ma poitrine. »
Malgré les progrès réalisés dans la compréhension et la prise en charge de cette maladie, l’insuffisance cardiaque demeure l’une des cinq principales causes d’hospitalisation au Canada et la deuxième cause de décès. Il s’agit d’une affection qui nécessite non seulement une attention urgente en cas de crise, mais aussi des soins multidisciplinaires soutenus. Or, les besoins des patients atteints d’insuffisance cardiaque sont particuliers, car ils englobent non seulement un traitement médical, mais aussi un soutien en matière de santé mentale et de stabilité sociale et, souvent, de soins à domicile.
Je tiens à souligner que l’insuffisance cardiaque n’est pas le bout de la route, mais un tournant. Pour beaucoup, un diagnostic précoce et l’accès à des soins fondés sur des données probantes, à des médicaments et à des réseaux de soutien peuvent améliorer à la fois la qualité et la durée de vie.
Cependant, ces ressources ne sont pas toujours accessibles de manière égale à tous les Canadiens. Trop de patients se heurtent encore à des obstacles qui entravent l’accès aux meilleurs traitements disponibles en raison du coût, de la géographie ou simplement d’un manque de sensibilisation du public. Malgré nos idéaux en matière de soins de santé universels, les médicaments sur ordonnance essentiels au traitement de l’insuffisance cardiaque ne sont pas universellement couverts. En 2016, un Canadien sur six souffrant d’une maladie cardiaque a déclaré ne pas avoir accès aux médicaments nécessaires en raison des coûts. Cette lacune entraîne non seulement des hospitalisations et des décès qui auraient pu être évités, mais elle impose également un fardeau considérable aux familles et au système de santé. En tant que clinicien, je trouvais frustrant de voir des patients réadmis à l’hôpital simplement parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se procurer les médicaments dont ils avaient besoin pour stabiliser leur état à domicile.
Il n’a jamais été aussi urgent d’agir. La présentation par la sénatrice Martin du projet de loi S-204, qui vise à établir un cadre national sur l’insuffisance cardiaque, marque une avancée décisive. Un cadre national peut définir des normes de soins afin que chaque Canadien reçoive le meilleur traitement possible, quel que soit son code postal. Il peut favoriser une éducation complète des patients, encourager la recherche sur les nouvelles thérapies et renforcer le rôle des associations de patients et des soignants dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque.
Je félicite le Sénat d’avoir donné la priorité à ce projet de loi. J’exhorte tous mes collègues à travailler rapidement et à collaborer pour qu’il soit adopté.
Outre un accès équitable aux soins et aux médicaments, les politiques doivent également investir dans la prévention, le diagnostic précoce et la réadaptation, non seulement pour traiter cette maladie, mais aussi pour en réduire l’incidence et les effets négatifs. Une approche globale de l’insuffisance cardiaque permettra en fin de compte de sauver des vies et de réduire les dépenses de soins de santé.
En conclusion, les témoignages que nous entendons tous les jours, ceux de patients qui veulent vivre pour voir grandir leurs petits-enfants comme ceux d’aidants qui concilient leurs responsabilités au travail et à domicile, nous rappellent que, derrière chaque décision politique, il y a des personnes, des familles et des communautés bien réelles. Le Canada a maintenant l’occasion de montrer la voie et de prendre l’engagement non seulement de traiter l’insuffisance cardiaque, mais aussi de la prévenir et d’aider les Canadiens à vivre leur vie le plus pleinement possible. Saisissons cette occasion, chers collègues, pour combler les lacunes, sensibiliser le public et avancer avec audace vers un avenir où tous les Canadiens auront accès à des soins de haute qualité pour traiter l’insuffisance cardiaque.
Merci. Meegwetch.