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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de l'honorable Yoine Goldstein

14 juin 2022


L’honorable Dennis Dawson [ + ]

Honorables sénateurs, au nom du Groupe progressiste du Sénat et de la sénatrice Cordy qui ne pouvait pas être présente, j’aimerais dire quelques mots à la famille.

Les gens se réunissent pour de nombreuses raisons. Beaucoup d’entre elles sont joyeuses et beaucoup d’autres sont tristes. Quelle que soit l’occasion, il est sans aucun doute mieux de pouvoir la marquer avec d’autres. C’est ce lien important qui nous a manqué au cours des deux dernières années où nous avons lutté contre la pandémie. Nous sommes tous unis dans cette épreuve, tant collectivement que séparément. Ces déclarations étaient cruciales pour assurer la sécurité de notre famille et de nos amis.

Alors que les restrictions s’assouplissent un peu, nous sommes mieux outillés pour gérer la pandémie de COVID. Nous devons maintenant rattraper les occasions que nous n’avons pas pu marquer correctement.

L’une de ces occasions est le décès de notre ancien ami et collègue Yoine Goldstein. De nombreux membres de la famille de Yoine sont avec nous aujourd’hui et je veux les saluer. J’espère qu’ils trouveront un certain réconfort dans cette commémoration tardive de sa vie et en particulier de son passage au Sénat.

Le sénateur Larry Campbell et moi avons prêté serment en même temps que Yoine et l’expérience nous a marqués. Je sais que Yoine a vraiment aimé le temps qu’il a passé avec nous au Sénat.

Yoine est né à Montréal en 1934. Il a obtenu un baccalauréat ès arts et un baccalauréat en droit civil avec distinction de l’Université McGill. Pendant ses études à McGill, il a été choisi comme rédacteur d’articles pour la Revue de droit de McGill. En 1960, il a obtenu son doctorat en droit de l’Université de Lyon et a été admis au Barreau du Québec l’année suivante. Il a été reconnu à l’échelle nationale et internationale pour son expertise en matière d’insolvabilité, de faillites et de litiges commerciaux.

Il s’est fait le défenseur des étudiants canadiens et des réformes systémiques afin que les études postsecondaires ne se transforment pas en un fardeau financier insurmontable pour les étudiants. Plus directement, il a également travaillé avec les étudiants, partageant ses connaissances en tant que chargé de cours de 1973 à 1997 à la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Nommé à l’Institut d’insolvabilité du Canada, Yoine était également le seul Canadien à être membre de l’American College of Trial Lawyers et de l’American College of Bankruptcy.

Très actif au sein de la communauté juive de Montréal — je suis sûr que mon ami Marc Gold nous en dira davantage à ce sujet —, Yoine a été président de 1995 à 1997 de la Fédération CJA, un organisme de coordination du financement et de la planification pour la communauté juive de Montréal. Il a de plus été membre du conseil consultatif communautaire de la chaire d’études juives canadiennes de l’Université Concordia.

Bien qu’il n’ait siégé que quatre ans avec nous, ici au Sénat, le sénateur Goldstein a eu un impact considérable. Sans surprise, il a apporté une contribution importante à titre de membre du Comité sénatorial permanent des banques et du commerce. Il a été un ardent défenseur des droits de la personne, parlant souvent de tolérance, de respect et de justice sociale dans le monde entier. Ses descriptions de la situation au Darfour ont été d’une importance particulière. Sur la scène internationale, il a représenté le Canada et les Canadiens au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Le sénateur Goldstein a apprécié le temps qu’il a passé dans cette enceinte et l’occasion qui lui a été donnée de servir les Canadiens. Dans son discours d’adieu, il a déclaré :

Le Canada n’est pas qu’un beau paysage; c’est un pays qui a une âme [...] Cette âme est incarnée aussi dans la volonté et l’intention sincère de tous les partis politiques d’améliorer le Canada, voire d’en faire le meilleur pays possible.

Un pays ne peut en demander plus de la part de ses citoyens.

À sa femme, Elaine, à ses enfants et au reste de sa famille, j’offre les souhaits suivants : j’espère que vous savez qu’il a atteint ses objectifs merveilleusement. Alors que vous ressentez encore sa perte, j’espère que le souvenir de Yoine et ces mots d’adieu à un ami et à un collègue cher vous remonteront le moral.

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’ancien sénateur et mon ami de toujours Yoine Goldstein, et pour honorer sa mémoire en présence de son épouse, Elaine, de leur fils, Doron, de leur fille, Dahna, de leur belle-fille, Sarah, de leur petit-fils, Ezra, ainsi que de ses collègues de confiance et de ses amis dévoués.

Comme notre collègue le sénateur Dawson l’a mentionné, Yoine a eu une brillante carrière à titre de juriste. Je ne veux pas répéter toutes ses réalisations, mais j’aimerais ajouter qu’il était également un talentueux pédagogue qui a enseigné à la Faculté de droit de l’Université de Montréal de 1973 à 1997.

En août 2005, Yoine a été nommé au Sénat par le très honorable Paul Martin et il a siégé aux comités qui lui tenaient le plus à cœur professionnellement et personnellement : le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce, le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration, le Comité des droits de la personne et le Comité des langues officielles. Il était un sénateur dévoué et exemplaire dont la contribution était reconnue par tous ceux avec qui il travaillait.

J’aimerais citer l’ancienne sénatrice Nancy Ruth. Voici ce qu’elle avait déclaré le 7 mai 2009 à l’occasion de la retraite du sénateur Goldstein :

Permettez-moi de vous dire que, semaine après semaine, jour après jour, déclaration après déclaration, motion après motion, question après question, je vous ai écouté, avec toute votre éloquence, votre fureur, votre droiture, votre engagement, votre tristesse, votre persévérance, votre dévouement et votre vision.

Merci d’avoir pris le temps d’être ici [...]

Voici, en résumé, qui était Yoine Goldstein.

Permettez-moi de vous raconter un autre aspect de Yoine, car je l’ai connu et j’ai collaboré avec lui pendant plusieurs décennies alors qu’il était un des leaders de ma communauté.

Yoine s’est dévoué corps et âme au travail communautaire et il a occupé tous les postes de direction au sein de la communauté juive de Montréal et même au-delà, à l’échelle nationale et internationale. Il a fait une véritable différence, chers collègues. Il était un bâtisseur de ponts entre la communauté juive et la société québécoise. Il était une voix progressiste, un pionnier en matière de dialogue et de collaboration interculturels.

Yoine a aussi été un membre fondateur de La Fondation de la tolérance, aujourd’hui connue sous le nom d’ENSEMBLE pour le respect de la diversité, un organisme ayant pour but d’aider les jeunes du Québec à mieux comprendre les enjeux et les défis liés au fait de cohabiter dans une société de plus en plus diversifiée et pluraliste.

Yoine et moi avons travaillé au sein de cet organisme pendant de nombreuses années. J’ai eu l’honneur de lui succéder à la coprésidence quand il a dû passer le flambeau en raison de ses responsabilités au Sénat. Il était un modèle à suivre, un mentor et une source d’inspiration, et ce, non seulement pour moi, mais pour toutes les personnes qui ont eu le privilège de collaborer avec lui.

En terminant, j’aimerais prendre l’exemple de notre collègue le sénateur Dawson et vous citer un passage du dernier discours prononcé par Yoine dans cette enceinte. Il a dit :

[...] le livre de la Bible, Qohelet, dit l’Ecclésiaste, contient une parole chargée de sens pour moi en ce moment : « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux. » Et voilà que le temps est venu pour moi de prendre congé [...]

Yoine, vous nous avez quittés beaucoup trop tôt. Toutefois, vous laissez derrière vous un héritage remarquable qui nous met tous au défi de poursuivre sur la voie de l’excellence, comme vous l’avez fait au nom de tous les Canadiens. Votre présence parmi nous a été une véritable bénédiction. Vous nous manquez terriblement.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, je prends aussi la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’honorable Yoine Goldstein. Né à Montréal, Yoine Goldstein était profondément convaincu de l’importance de redonner à sa communauté. Les gestes qu’il a posés tout au long de sa vie illustrent son engagement et son dévouement envers le service public.

Avant d’être nommé sénateur par le très honorable Paul Martin, Yoine Goldstein était avocat et universitaire. C’était l’un des associés directeurs du cabinet d’avocats Goldstein, Flanz & Fishman, où il était spécialisé en insolvabilité, en faillites et en litiges commerciaux.

Il était très actif dans le monde universitaire. Son nom figure d’ailleurs dans la liste des juristes canadiens, et son expertise était reconnue. Il a reçu de nombreux prix, dont le prix pour la défense des droits de la personne et le prix du service décernés par l’Association de droit Lord Reading.

Yoine Goldstein a enseigné pendant plus d’un quart de décennie à la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Le droit n’était toutefois que l’une des voies qu’il empruntait pour redonner à la communauté. Il était aussi très actif dans la communauté juive de Montréal, comme on l’a déjà souligné aujourd’hui. Il a été président de la Fédération CJA, qui vise à recueillir des fonds pour financer une multitude de programmes locaux et nationaux. C’est une organisation que le sénateur Gold connaît aussi très bien.

Le sénateur Goldstein a siégé au Sénat d’août 2005 à mai 2009, de sorte que nos chemins ne se sont jamais croisés dans cette enceinte. J’ai été nommé quelques mois seulement après le départ à la retraite du sénateur Goldstein. Son mandat n’a pas été très long, mais sa contribution en tant que vice-président du Comité sénatorial permanent des banques et du commerce a certainement été précieuse.

Pour conclure, chers collègues, voici une citation d’un texte de Jonathan Kay, publié en octobre 2013 dans le National Post  :

Yoine Goldstein est un modèle : arrivé au Sénat avec une expérience diversifiée en tant qu’expert juridique, il a utilisé cette expertise dès le premier jour pour rédiger des mesures législatives régissant des domaines complexes du droit que peu d’autres sénateurs pouvaient maîtriser.

Au nom de l’opposition au Sénat, je souhaite exprimer mes plus sincères condoléances à son épouse, Elaine, à ses enfants, Doron et Dahna, et à toute sa famille et ses amis. Le dévouement de votre proche au Sénat ne sera jamais oublié. Merci d’avoir partagé votre mari, père et grand-père avec tout le Canada. Que Dieu vous bénisse généreusement.

Il me revient aujourd’hui l’honneur insigne, au nom du Groupe des sénateurs indépendants, de commémorer notre regretté collègue l’honorable Yoine Goldstein.

En nommant le sénateur Goldstein, de la région sénatoriale québécoise de Rigaud, en 2005, le premier ministre Martin réaffirmait son engagement à redynamiser l’institution du Sénat.

Dès lors, et pour les quatre précieuses années suivantes, notre institution a bénéficié de l’excellence professionnelle du sénateur Goldstein, un juriste hors pair de réputation internationale qui a su élever le calibre de nos débats et discours tant au sein des comités que dans la Chambre.

Mais notre cher collègue a défini le fondement de son legs durable dans une déclaration qu’il a faite dans cette enceinte. Le 5 avril 2006, au cours de la 1re session de la 39e législature du Parlement du Canada, l’honorable sénateur Yoine Goldstein n’a pas parlé de politique. Il n’a fait aucune allusion à la politique. Au lieu de cela, il a parlé directement aux futures générations de Canadiens — autochtones et immigrants, juifs et non juifs. Il nous a directement demandé à tous d’être les meilleures versions de nous-mêmes.

Cela fait déjà 16 ans, mais ses paroles résonnent aujourd’hui plus fort que jamais. La sagesse d’un grand Montréalais vaut la peine d’être répétée. Aujourd’hui, je pense que la meilleure façon de rendre hommage à la mémoire et à l’héritage de notre cher collègue est de citer ses paroles pour qu’elles soient encore une fois consignées au compte rendu officiel.

Il a dit :

Honorables sénateurs, la tolérance est une valeur passive. Elle traduit la simple acceptation des différences, mais l’acceptation ou la tolérance ne suffisent pas. Notre objectif est de faire prendre conscience que, dans notre société, la diversité est une valeur importante, qu’il faut l’exalter et la chérir et pas seulement l’accepter.

Il a ajouté ce qui suit : « […] la célébration de la diversité et des différences comme valeurs fondamentales, comme valeurs sociales positives et non comme sources de dissensions. »

Honorables sénateurs, nous vivons aujourd’hui en période d’incertitude croissante. Les médias sociaux nous ont rendus hypervigilants et critiques les uns envers les autres. Un ralentissement économique se dessine peu à peu à l’horizon.

Yoine Goldstein a vécu selon ses convictions religieuses en incarnant ses valeurs de tolérance et de conciliation envers tout un chacun. La meilleure façon d’honorer sa mémoire est de suivre l’exemple qu’il a donné. Montrons-nous charitables. Soyons solidaires envers ceux qui souffrent d’un conflit dont ils ne sont pas responsables. Apportons collectivement notre soutien aux personnes défavorisées sur le plan social et économique. Soyons fermes dans notre lutte contre l’intolérance et la discrimination.

Rendons hommage à l’honorable Yoine Goldstein en lui disant : « Mazel tov, cher Yoine. Espérons que, grâce au savoir que vous avez transmis aux générations qui ont été sensibilisées par la Fondation de la tolérance, rebaptisée ENSEMBLE pour le respect de la diversité, votre appel à la conciliation se fera entendre plus fort que jamais. Nous vous remercions de votre service. »

J’aimerais aussi profiter de cette occasion pour remercier sa veuve bien-aimée, Elaine, ainsi que son fils et sa fille, de lui avoir permis de consacrer une partie de son temps précieux à travailler avec nous, au Sénat, et à servir la population canadienne. Merci.

Son Honneur le Président [ + ]

Merci beaucoup, chers collègues.

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