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Le discours du Trône

Motion d'adoption de l'Adresse en réponse--Suite du débat

3 décembre 2024


L’honorable Mohammad Al Zaibak [ + ]

Honorables sénateurs, le débat sur cet article est ajourné au nom de l’honorable sénateur Plett. Je demande le consentement du Sénat pour qu’il reste ajourné à son nom après mon intervention d’aujourd’hui.

Son Honneur la Présidente intérimaire

Honorables sénateurs, le consentement est-il accordé?

Son Honneur la Présidente intérimaire

Il en est ainsi ordonné.

Le sénateur Al Zaibak a la parole pour sa première participation au débat.

Le sénateur Al Zaibak [ + ]

[Note de la rédaction : Le sénateur Al Zaibak s’exprime en arabe.]

Honorables sénateurs, en ce jour où je prends la parole pour la première fois au Sénat pour participer au débat sur le discours du Trône, j’avoue être habité par une seule émotion : une profonde humilité.

Dans cet esprit d’humilité et avec révérence, je commence par reconnaître que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin anishinaabe, qui vit sur cette terre depuis des temps immémoriaux et dont l’intendance de cette terre nous précède tous.

Honorables collègues, je suis né à Damas, en Syrie. Damas et la Syrie sont toutes deux imprégnées d’une histoire connue sous le nom de « berceau de la civilisation ». Pendant des siècles, Damas a été un phare de connaissance et de culture ainsi qu’un carrefour de l’histoire commune de l’humanité.

J’ai choisi de venir au Canada parce qu’ici, dans ce pays relativement jeune, j’ai vu se réaliser la promesse de ma culture authentique et de ma civilisation ancienne. J’ai vu un pays où la bonté et la décence font partie intégrante du caractère national. J’ai vu des dirigeants qui agissaient dans les affaires mondiales dans ce même esprit de décence et de sens moral. J’ai vu un pays qui avait collectivement décidé d’utiliser sa richesse et ses privilèges pour aider d’autres pays à s’élever.

Mes collègues sénateurs, je suis tombé amoureux du Canada et de son peuple. J’ai découvert, à ma grande joie, que le Canada m’aimait en retour.

Le Canada m’a accueilli dans ma quête d’un avenir meilleur. Ce pays m’a offert des possibilités personnelles et professionnelles au-delà de mes rêves. Le fait de siéger aujourd’hui en tant que sénateur à la Chambre haute de l’une des nations les plus démocratiques du monde moderne n’est pas seulement un honneur pour moi, mais un témoignage de la diversité, de l’inclusivité et de l’engagement commun du Canada en faveur du respect et de la compréhension mutuels.

Lorsque je repense à mon parcours, je suis reconnaissant envers le Canada. Ce sentiment de gratitude nourrit mon désir de redonner à ce pays que j’aime tant et si profondément.

Honorables sénateurs, le Sénat est souvent appelé « la Chambre de second examen objectif », où les textes législatifs sont soigneusement examinés et affinés avant de devenir des lois. Cette réputation est bien méritée.

Je suis absolument impressionné par le calibre de mes collègues sénateurs. Votre engagement à servir le Canada m’inspire, et votre expérience et votre sagesse collectives témoignent de l’importance du rôle de cette Chambre dans la démocratie canadienne.

Je suis également très conscient que le temps qui m’est imparti ici est limité. Si je semble pressé, c’est parce que je suis déterminé à tirer le meilleur parti de chaque instant et à contribuer autant que possible à l’important travail que nous accomplissons ensemble.

Lorsque j’atteindrai l’âge de 75 ans, j’aurai, je l’espère, remboursé une partie de la dette que j’ai envers mon Canada bien-aimé. Je pourrai alors commencer à rembourser la dette que j’ai envers ma femme et ma famille, qui me soutiennent incroyablement, peut-être en prenant de très longues vacances en famille.

Nous arrivons tous au Sénat d’endroits différents, de cultures différentes et après avoir vécu des expériences différentes. Pourtant, nous mettons ces différences de côté et travaillons pour atteindre un objectif commun. En tant que Syrien, je connais très bien les conséquences dévastatrices de l’orientation et de la dérive des sociétés vers le conflit plutôt que vers la coopération. Ma patrie était autrefois un symbole de résilience, de coexistence et d’harmonie. Aujourd’hui, elle nous rappelle brutalement ce qui peut arriver lorsque la division supplante le dialogue et que la méfiance l’emporte sur l’objectif commun.

Le Canada, en revanche, montre au monde entier qu’il est possible d’embrasser la diversité. Ici, nous érigeons des ponts plutôt que des murs. Toutefois, ce n’est pas quelque chose que nous pouvons tenir pour acquis. Notre pays, comme tous les autres, doit constamment s’efforcer d’être la meilleure version possible de lui-même. Le mode de vie canadien, ancré dans l’inclusion, la paix et le respect des droits de la personne, est un modèle pour le monde entier. Il ne s’agit pas d’idéaux abstraits, mais de principes vivants qui façonnent notre manière d’interagir, de gouverner et de grandir en tant que société.

Lorsque j’étais un nouvel immigrant au Canada et un jeune homme, j’avais l’habitude de regarder les débats parlementaires à la Chambre des communes avec révérence et admiration. J’ai regardé et écouté des géants comme les très honorables Joe Clark, Brian Mulroney et Jean Chrétien ainsi que des vidéos de Pierre Trudeau et de John Turner alors qu’ils débattaient de questions importantes du jour avec intelligence, rigueur, passion, fidélité aux faits et avec beaucoup d’honnêteté et d’intégrité.

Les dirigeants que j’admirais s’abaissaient rarement à des attaques personnelles mesquines, ne s’exprimaient pas avec des phrases-chocs et ne s’adressaient pas uniquement à leur circonscription. Au contraire, ils enrichissaient notre discours public. Ce faisant, ils nous enrichissaient tous.

Ce sens du décorum, l’idée que le débat parlementaire doit être axé sur les mérites d’un argument plutôt que sur les personnalités en cause, est resté en moi. Je pense qu’il perdure dans cette enceinte et qu’il vaut la peine d’être préservé. Il nous sert, et sert tous les Canadiens, bien mieux que le contraire.

Je sais que c’est vrai parce que j’ai déjà vu cet esprit à l’œuvre. En février dernier, peu après mon assermentation, cette assemblée a montré à quel point elle était consciencieuse lors du débat à l’étape de la troisième lecture du projet de loi C-62. Ce fut une discussion réfléchie et passionnée, car toute discussion sur l’aide médicale à mourir est difficile — et elle le sera toujours. À l’époque, nous avons vu des sénateurs représentant l’opposition appuyer le projet de loi proposé par le gouvernement, tandis que d’autres, dont la plupart avaient été nommés par le gouvernement actuel, ne l’appuyaient pas. En fin de compte, le projet de loi a été adopté sans amendement.

Le professionnalisme et le profond respect qui ont régné dans cette enceinte au cours de ce débat important, malgré le caractère extrêmement délicat de la discussion, m’ont rendu fier de siéger parmi vous, chers collègues.

Malgré les divisions et les problèmes de notre époque, c’est ce que le Canada est vraiment : un pays ancré dans le respect des uns envers les autres. Le débat qui s’est déroulé dans cette enceinte en février en a été une démonstration claire, et une preuve évidente — du moins, à mes yeux — de l’impartialité et de l’indépendance du Sénat réformé.

Mon expérience en tant que Canadien d’origine syrienne a façonné ma compréhension de l’importance de l’unité. Le Canada a accueilli des personnes venues des quatre coins du monde, créant ainsi une riche mosaïque de cultures, de croyances et de traditions. Notre diversité est une force, mais elle doit être constamment entretenue.

La communauté arabe et la communauté musulmane canadiennes — deux communautés culturellement distinctes et diversifiées qui se recoupent de manière importante, et dont je suis fier d’être membre —, font partie intégrante de notre tissu social. Malgré leurs immenses contributions, ces communautés se heurtent souvent à l’incompréhension et sont fréquemment sous-représentées.

En tant que seul Canadien d’origine arabe siégeant actuellement dans cette enceinte, je me sens investi d’une profonde responsabilité : celle de me faire le porte-parole de ces communautés, de défendre et de célébrer leurs réalisations et de plaider pour une plus grande inclusion dans tous les ordres de gouvernement et dans toutes les couches de la société. J’en parlerai plus en détail dans les jours à venir.

Sur la scène internationale, le Canada est depuis longtemps un partenaire de confiance, un intermédiaire honnête, un phare de paix et de stabilité. Or, nous devons toujours renouveler le leadership que nous exerçons. Dans un monde où les alliances changent et les tensions augmentent, nous ne pouvons pas nous permettre de faire preuve de complaisance.

La réputation du Canada en tant qu’artisan de la paix nous donne des occasions uniques d’influencer les enjeux mondiaux, des changements climatiques à la résolution des conflits. Plus particulièrement, je crois que nous devons faire preuve de leadership encore une fois en favorisant la paix dans des régions comme le Moyen-Orient et l’Afrique, où des décennies d’agitation ont causé des souffrances catastrophiques.

En participant aux échanges sur la scène internationale, il faut aussi que nous gardions en mémoire que le leadership commence chez soi. En bâtissant un Canada plus harmonieux et plus inclusif, où nous essayons toujours de suivre le meilleur côté de notre nature, nous pouvons donner l’exemple au monde. C’est aussi quelque chose dont je parlerai à la Chambre rouge.

Au cours des prochains mois, je m’engage à parler plus d’autres grandes priorités dans cette enceinte et ailleurs, des priorités qui coïncident largement avec celles présentées dans le discours du Trône, et j’espère inciter les Canadiens à participer à des discussions qui façonnent notre avenir collectif.

Honorables sénateurs, maintenant que j’ai trouvé mes marques dans cette fonction, je suis reconnaissant aux femmes et aux hommes qui travaillent en coulisses pour les efforts extraordinaires qu’ils déploient afin que le Sénat fonctionne sans heurts. Ces professionnels dévoués sont les héros méconnus de notre démocratie, des experts de grand talent qui entretiennent la machinerie complexe et invisible qui fait fonctionner le Sénat au quotidien. Sans leur expertise et leur engagement, notre travail ne serait pas possible.

Je leur exprime mes plus sincères remerciements et j’encourage tous les sénateurs à reconnaître le rôle essentiel qu’ils jouent dans le maintien de nos institutions démocratiques.

Son Honneur la Présidente [ + ]

Sénateur Al Zaibak, votre temps de parole est malheureusement écoulé. Demandez-vous plus de temps pour terminer votre discours?

Le sénateur Al Zaibak [ + ]

Est-il possible de demander le consentement?

Son Honneur la Présidente [ + ]

Le consentement est-il accordé, honorables sénateurs?

Le sénateur Al Zaibak [ + ]

Merci, chers collègues.

Je m’engage envers vous, chers collègues, à m’inspirer de votre travail et de votre bon exemple. Je travaillerai sans relâche à promouvoir la compréhension, le dialogue et la coopération entre les gens, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances. Je m’efforcerai de jeter des ponts favorisant la paix, la confiance et le respect mutuel, dans l’objectif de nourrir un sentiment d’unité et de solidarité qui transcende les frontières géographiques et culturelles.

Honorables sénateurs, le temps que j’ai passé au Canada m’a permis de tirer de nombreuses leçons. J’ai appris que travailler ensemble est un chemin plus sûr vers le succès que de travailler seul. J’ai constaté que l’ajout et l’intégration de nouvelles cultures valent mieux que de vivre dans l’isolement et la division. Selon mon expérience, une vie au service des autres est plus gratifiante qu’une existence animée par l’égoïsme. Il vaut mieux vivre en pensant à son avenir que de se cantonner à un passé imaginé. Surtout, l’entraide mutuelle est la seule façon d’avancer en tant que peuple.

Puissions-nous travailler ensemble en tant que membres de différentes cultures pour assurer notre avenir, alors que nous nous entraidons et nous bâtissons un Canada meilleur.

Merci, meegwetch et shukran.

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