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Le décès du très honorable Brian Mulroney, c.p., C.C., G.O.Q.

29 février 2024


L’honorable Leo Housakos [ + ]

Honorables sénateurs, je déteste être le porteur de mauvaises nouvelles, mais je viens d’apprendre que le Canada a perdu aujourd’hui l’un de ses grands hommes d’État, le dix-huitième premier ministre du Canada, et quelqu’un que je porte au plus profond de mon cœur, à l’instar de tous les Canadiens.

J’ai commencé ma carrière politique en tant que jeune conservateur en 1983, lors d’une convention nationale où j’ai été impressionné par son intégrité, son dynamisme, son engagement envers le public et envers notre pays, son amour pour la province de Québec, d’où il vient, son amour pour notre pays et son amour pour notre parti.

Je suis fier d’avoir travaillé sous sa direction en tant que jeune conservateur. Il a toujours été généreux de son temps alors que je n’étais qu’un jeune adolescent. Sa porte était toujours ouverte. Je me souviens des campagnes électorales de 1984 et de 1988. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi généreux et brillant.

Bien entendu, ses réalisations sont nombreuses. Il a été le dix-huitième premier ministre du Canada, élu à la tête du Parti progressiste-conservateur en 1983, et il a servi avec honneur et intégrité en tant que chef de l’opposition. On se souviendra de lui pour le concept du libre-échange. Il a entrepris ce projet et l’a mené à bien contre toute attente, à une époque où ce n’était pas populaire. Il savait que c’était la bonne chose à faire.

Il s’est battu pour la TPS parce qu’il estimait qu’elle contribuerait à assurer la sécurité financière du Canada et il a défendu cette mesure quand elle n’était pas populaire. Je me souviens des rares occasions dans ma vie où j’ai eu le privilège de le côtoyer et où il disait toujours : « Dans la vie publique, on ne fait pas ce qui est populaire; on fait ce qui est juste, et l’histoire nous jugera. » C’est ce qu’il a fait avec le libre-échange, la TPS et l’apartheid. Nous le considérions comme un pionnier, et il a mené cette lutte pendant de nombreuses années.

J’offre mes plus sincères condoléances à sa famille : Mila, Ben, Mark, Nicolas, Caroline. Merci.

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, c’est le cœur lourd que je prends la parole pour souligner le décès d’un grand Canadien et passer quelques instants à vous faire part de mes réflexions.

Comme nous l’a rappelé le sénateur Housakos, Brian Mulroney a été l’un des premiers ministres les plus importants de notre histoire. On peut ne pas être d’accord avec ses politiques, mais personne ne peut nier l’effet qu’il a eu sur le Canada et le dévouement avec lequel il a mené sa vie dans le secteur des affaires publiques. Bien qu’elle n’ait pas été couronnée de succès, sa promotion de la revitalisation constitutionnelle est néanmoins tout à fait à son honneur.

Il a commencé sa carrière lorsqu’il était jeune homme et a gravi les échelons de la profession juridique. Mon défunt père et lui ont travaillé ensemble lorsque Brian Mulroney était un jeune avocat. Il faisait partie de son équipe pour le port de Montréal et a facilité — il y a une éternité de cela on dirait — une transformation très importante de ce lieu.

Sur une note personnelle, mon épouse et moi avons eu le privilège de nous rendre avec Mila et Brian dans l’ancienne Union soviétique à l’époque de Mikhaïl Gorbatchev. Nous faisions partie d’une délégation de chefs d’entreprise canadiens qui souhaitaient contribuer à ce que l’on espérait être l’ouverture de la société et des marchés de l’Union soviétique et à un avenir plus libéral et pluraliste pour ses habitants. Une fois de plus, il s’agissait d’un effort inspiré par les meilleures valeurs canadiennes, qui sont incarnées par Brian Mulroney.

À notre retour, d’autres sénateurs auront l’occasion d’ajouter leurs voix, sous une forme ou une autre, pour célébrer sa vie, ses réalisations et ses contributions au Canada.

Au nom de ma famille, qui le connaissait personnellement, et de tous les sénateurs, j’offre mes condoléances à son épouse, Mila, à ses enfants, Caroline, Ben, Nicolas et Mark, ainsi qu’à leurs conjoints. Que son souvenir soit une source de réconfort. Merci.

L’honorable Raymonde Saint-Germain

C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole, puisque j’ai eu moi aussi l’occasion de connaître et d’apprécier personnellement le très honorable Brian Mulroney, qui s’est toujours — grand Québécois qu’il était — identifié d’abord et avant tout comme le « petit gars de Baie-Comeau ». Il était un anglophone ouvert aux francophones qui a été toute sa vie un connecteur, un homme qui a su faire des relations entre le Québec et le Canada des relations harmonieuses, respectueuses et compréhensives de l’ensemble des caractéristiques particulières du pays et de chacune des provinces.

Il a aussi été un premier ministre qui a beaucoup privilégié les relations internationales et le commence international. On sait qu’il a été déterminant dans le premier accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, puis dans la conclusion de l’ALENA. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’occasion, à titre de sous-ministre adjointe aux Relations internationales du Québec, de mener différentes missions commerciales en sa compagnie, tout en accompagnant des équipes de négociations québécoises et canadiennes.

Il a toujours été quelqu’un qui comprenait les intérêts de toutes les parties et qui visait à obtenir les meilleures conclusions et à mener les meilleures négociations possibles pour l’ensemble du pays, dans le respect de ses partenaires. On sait que, après ses mandats comme premier ministre, il est devenu et est resté, pour le gouvernement du Canada, un grand négociateur des accords commerciaux et aussi un grand médiateur dans plusieurs dossiers, notamment celui de l’apartheid, un grand dossier de négociation avec l’Afrique du Sud.

Il me revient un beau souvenir — les circonstances sont tristes — où, alors qu’il était à Québec avec le président Reagan et son épouse, il a chanté, sur la scène du Grand Théâtre, When Irish Eyes Are Smiling, parce qu’il a toujours été très fier de ses origines. Il était un homme de diversité et de respect; c’est un grand premier ministre que nous perdons, un grand homme d’État.

J’offre moi aussi à sa famille à ses proches et à tous ceux qui vont le pleurer nos plus sincères condoléances.

L’honorable Scott Tannas [ + ]

Honorables sénateurs, je tiens à ajouter quelques mots au sujet du grand Brian Mulroney. Depuis que j’ai appris la nouvelle de son décès, je pense à lui. Ce qui ressort, c’est sa vision du libre-échange et la vision de réconciliation qu’il a eue avec l’Accord du lac Meech. Même si ses efforts n’ont pas été couronnés de succès, il s’est efforcé de réconcilier les provinces.

Le partenariat qu’il a établi avec Joe Clark en ce qui concerne l’Afrique du Sud et le travail qu’ils ont accompli ont ébranlé le monde.

Conteur exceptionnel, il faisait un tabac avec ses histoires et ses blagues. Je l’ai vu à l’œuvre à maintes reprises, comme d’autres sénateurs ici présents probablement. C’était un homme merveilleusement drôle et plein d’humour.

C’était un homme attaché à sa famille. Je me souviens qu’au début de notre relation, alors que j’étais un jeune homme, il parlait souvent de sa mère et racontait comment elle le mettait au pas, même lorsqu’il était premier ministre. C’était un fils dévoué.

C’était un mari admirable, le père de quatre enfants merveilleux que nous avons vu grandir et un grand-père. Il n’avait pas son pareil pour raconter des histoires, avec sa voix profonde qu’il modulait au fil des émotions pour nous faire vibrer à son rythme et ainsi nous captiver.

Taryn et moi avons eu la chance de passer du temps avec lui à quelques reprises et de discuter avec lui. Ce fut un véritable plaisir de passer du temps avec lui et Mila, et d’avoir connu une figure emblématique du pays et un grand Canadien. Il nous manquera énormément.

L’honorable Pierre J. Dalphond [ + ]

J’apprends moi aussi avec tristesse le décès du très honorable Brian Mulroney, qui est survenu plus tôt aujourd’hui.

Je n’ai pas très souvent rencontré Brian Mulroney, sauf à quelques occasions au Ritz. Il y avait un bar bien connu dans cet hôtel. C’était un homme chaleureux et souriant.

Nous ne sommes pas de la même génération de juristes, mais quand j’ai commencé ma carrière comme jeune avocat, sa réputation était déjà faite. Il l’avait faite en droit du travail où il avait su démontrer, comme le soulignait le juge Gold, des qualités qui lui ont servi toute sa vie : l’écoute, la médiation et la manière de trouver une voie de passage. Ce sont ces grandes qualités qui ont fait de lui un médiateur reconnu en droit du travail partout au Québec, et surtout dans son bureau chez Ogilvy Renault, où il excellait à régler les conventions collectives les plus difficiles. C’est ce qui lui a même valu d’être nommé président d’Iron Ore en raison de ses qualités remarquables comme gestionnaire.

Ce qui est intéressant, c’est qu’il a gardé ces qualités. Il les a gardées dans sa vie politique; il était toujours l’homme qui cherchait à écouter et à trouver une voie de passage. Comme Québécois, je veux lui rendre hommage pour tous ses efforts en ce qui a trait à l’Accord du lac Meech, qui est peut-être une occasion que nous avons manquée comme pays, mais dans laquelle il a investi considérablement et qui aurait dû réussir. Heureusement, certaines parties de cet accord sont en train d’être mises en place grâce à des jugements de la Cour suprême. Pour moi, c’est une œuvre qui reste et c’est l’une de ses contributions que je n’oublierai jamais.

Je dois dire aussi que lorsqu’il a participé à la négociation de l’accord de libre-échange avec les États-Unis, le Québec était derrière lui, et que j’ai voté moi-même pour lui. C’est un homme qui a eu mon vote plus d’une fois, parce que je trouvais qu’il méritait le soutien des Québécois pour les efforts qu’il a faits pour assurer que les Québécois se sentent à l’aise dans ce pays et pour combattre certaines idées qui étaient parfois excessives en ce qui a trait aux rapports entre les Canadiens français et les Canadiens anglais.

Il est impossible pour moi de ne pas souligner tous les efforts qu’il a faits pour combattre l’apartheid, surtout quand on regarde la série sur Nelson Mandela, et pour combattre Margaret Thatcher, qui était opposée à ses idées. À l’occasion de certaines conférences, il a amené les pays du Commonwealth à prendre position fermement et à appliquer un boycottage qui a porté ses fruits plus tard. Il est trop tôt pour en dire plus — je réagis à froid. M. Mulroney mérite un hommage à la hauteur de ses actions, et j’espère que le pays va le lui rendre.

Pour moi, ce soir, c’est un moment très triste. Je vais répéter un passage qui m’a frappé dans le discours que notre collègue la sénatrice Saint-Germain a prononcé plus tôt.

Ce soir, les yeux irlandais ne sourient plus.

Qu’il repose en paix.

L’honorable Michael L. MacDonald [ + ]

J’ai rencontré Brian Mulroney pour la première fois en 1976. J’étais un étudiant de 21 ans à l’Université Dalhousie et j’assistais au congrès du Parti progressiste-conservateur à l’hôtel Lord Nelson, à Halifax. Il était candidat à la direction du parti, et j’avais le droit de vote. J’ai écouté cet homme intelligent et incroyablement charmant. Je me souviens qu’il a regardé les gens dans la salle et qu’il a prononcé ces paroles célèbres : « Je vois beaucoup de sénateurs dans la foule. »

J’ai suivi sa campagne à la direction du parti. Je l’ai soutenu lors des congrès de 1976 et de 1983. J’ai travaillé pour son gouvernement de 1984 à 1988. Je me suis porté candidat de son parti en 1988. C’était un politicien incomparable, surtout pour le Parti conservateur. Dès la première fois que je l’ai entendu parler, je me suis dit que c’était lui que nous allions choisir, qu’il allait devenir le premier ministre de notre pays. Il ne nous a pas déçus.

C’est un jour particulièrement triste pour moi et pour tous les Canadiens, sans parler de tous les conservateurs du pays ni de sa famille. Nous n’attendions pas une telle nouvelle aujourd’hui, mais je suppose que cela fait partie de la vie. Nous vieillissons tous. Je tiens simplement à dire que j’ai été fier de le soutenir et que je suis fier de son bilan. Il a offert une bonne gouvernance à notre pays. Il laisse un grand héritage. J’attends avec impatience d’entendre ce qu’on aura à dire à son sujet au cours des prochaines semaines, alors que nous ferons nos adieux à ce grand premier ministre.

Merci.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Je vais réserver mes observations. Le sénateur Housakos et le sénateur MacDonald ont fait de l’excellent travail. Je vous remercie de me donner cette possibilité. Je voulais venir pour le moment de silence, et j’aurai d’autres observations à faire plus tard. Je vous remercie.

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