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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

Le décès de l'honorable Ian Shugart, c.p.

2 novembre 2023


L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage au sénateur Ian Shugart, qui nous a quittés trop jeune et trop tôt dans sa carrière de sénateur. Il n’est jamais facile de dire adieu à un estimé collègue, et c’est encore plus difficile lorsque ce collègue est devenu un ami, ce qui est mon cas aujourd’hui.

Permettez-moi de commencer en offrant mes sincères condoléances à son épouse Linda, à ses enfants Robin, James et Heather, à sa famille et à ses nombreux amis. Que son souvenir soit une bénédiction et qu’il vous épargne davantage de chagrin.

Ian Shugart était un fonctionnaire dans le sens le plus noble du terme. Pendant plus de 40 ans, il a servi le Canada et les Canadiens en tant que sous-ministre adjoint ou sous-ministre dans divers ministères. Il a aussi été le vingt-quatrième greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet. Il a servi notre pays de manière exemplaire et suscité l’admiration de tous ceux qui ont travaillé avec lui. Il nous faudrait beaucoup plus de temps que ce dont nous disposons aujourd’hui pour énumérer l’ensemble de ses contributions et de ses réalisations.

Mais c’est à l’homme, à la personne que je veux rendre hommage aujourd’hui. Ian Shugart et moi nous étions déjà rencontrés à quelques reprises auparavant, mais c’est à partir du moment où il s’est joint à nous, au Sénat, que j’ai pu bien le connaître, très bien même. En effet, chers collègues, il est très rare — du moins pour moi — d’arriver à connaître quelqu’un aussi profondément et aussi intimement en aussi peu de temps.

Lors de ses premiers mois au Sénat, nous avons passé beaucoup de temps ensemble dans mon bureau. Nous parlions de l’institution du Sénat, du processus d’élaboration des politiques et des responsabilités qui nous incombent à titre de titulaires d’une charge publique, de parlementaires et de citoyens. Il était bien informé, réfléchi, curieux et ouvert d’esprit. Je suis d’ailleurs convaincu que tous les autres sénateurs ont pu observer ces mêmes qualités en le côtoyant au quotidien et en entendant ses interventions au Sénat et aux comités.

Le sénateur Shugart est arrivé au Sénat après avoir été aux prises avec de graves problèmes de santé. Ces mêmes problèmes sont réapparus peu de temps après son arrivée, mais il n’a jamais perdu de vue la contribution qu’il souhaitait faire aux travaux du Sénat. Même pendant ses traitements et ses opérations, il n’a jamais manqué à son devoir de servir le Canada.

Nous nous sommes parlé à plusieurs occasions, lui et moi, tout au long de l’été et cet automne. Comme son état de santé allait en se détériorant, j’ai été profondément ému, pour ne pas dire inspiré, de voir toute la considération qu’il avait pour tous ceux qui l’entouraient, moi y compris, sa détermination à servir son pays et la quiétude que lui apportait sa foi inébranlable.

Lors de nos deux dernières conversations, chers collègues, il lançait encore des idées pour un discours qu’il aurait aimé lui-même prononcer si son état lui avait permis de se déplacer jusqu’ici, mais qui aurait pu être confié à quelqu’un d’autre dans le cas contraire. Même pendant ses dernières semaines, alors qu’il menait son ultime bataille, il essayait de trouver la meilleure façon d’exprimer l’attachement qu’il avait pour le Canada et pour la cause publique.

On dit que c’est dans l’adversité qu’on voit le vrai visage d’une personne. Or, c’est devant la mort que le vrai visage de Ian Shugart s’est révélé : celui d’un fonctionnaire dévoué, d’un mari et d’un père aimant et d’un homme attentionné, prévenant et animé de grandes convictions religieuses.

Je suis reconnaissant d’avoir eu le privilège de connaître l’honorable Ian Shugart, même si ce fut pour un trop bref moment. Il manquera à tous ceux qui l’ont connu, qui l’ont admiré et qui l’ont aimé. Qu’il repose en paix.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ + ]

Honorables sénateurs, c’est avec beaucoup de chagrin que je prends à mon tour la parole aujourd’hui pour rendre hommage à un collègue et ami qui m’était cher, l’honorable Ian Shugart.

Ian aimait me rappeler qu’il était le seul sous-ministre que notre chef, Pierre Poilievre, ait connu lorsqu’il était ministre. Nous nous connaissions depuis l’époque de mes bons amis Jake Epp, Brian Mulroney et Joe Clark.

Je sais qu’on dit souvent d’un défunt qu’il nous a quittés trop tôt, mais ces paroles n’ont jamais été plus vraies que dans le cas de notre ami Ian. C’était trop tôt, car c’était un époux, un père, un membre de la famille et un ami aimé. C’était trop tôt, car c’était un homme intègre qui possédait une vaste expérience et de vastes connaissances, mais tout de même un homme d’une grande humilité. C’était trop tôt, car c’était un homme dont l’immense sagesse et la vaste expérience auraient enrichi nos discussions et nos délibérations au Sénat.

Lorsque Ian Shugart a prononcé son premier discours au Sénat en juin dernier, nous ignorions qu’il s’agissait également de son discours d’adieu. Ses paroles ne s’adressaient pas à la population canadienne, ni au premier ministre, ni à un parti politique. Elles s’adressaient à nous. Il a lancé le défi à chacun de nous d’être au sommet de sa forme et de faire preuve de retenue. Permettez-moi de lire quelques lignes de son discours. Il a dit :

Le Canada fait face à de grands défis, notamment en ce qui concerne la justice sociale, les crises environnementales, les risques économiques majeurs et un contexte mondial de sécurité très dangereux. Pour survivre — sans parler d’exceller — à ces réalités, nous devrons être au sommet de notre forme. L’autre solution est la médiocrité...

Le Canada est un grand pays diversifié, tant sur le plan géographique que sur les plans social, culturel, économique et philosophique. Pour chacun d’entre nous, pour les partis politiques et pour les institutions, la retenue peut commencer pas la reconnaissance que notre point de vue, si légitime soit-il, n’est pas le seul point de vue possible.

La retenue a toujours bien servi l’intérêt de notre pays, et à l’heure actuelle, nous en avons besoin. Puissions-nous trouver le courage de faire preuve de retenue.

Puissent les propos du sénateur Shugart tous nous inspirer à donner le meilleur de nous-mêmes pour que le Canada ne se limite pas à survivre, mais pour qu’il excelle. Puissions-nous, tout comme Ian, faire preuve d’humilité et d’intégrité. Puissions-nous, tout comme Ian, donner le meilleur de nous-mêmes et finir en force.

Ian m’a confié qu’il aurait souhaité passer plus de temps avec nous ici, mais que, fort de sa profonde foi en Dieu et en son Sauveur, il n’aspirait qu’à ce que la volonté de Dieu soit faite en ce qui concernait sa vie et il était prêt à l’accepter sans se plaindre.

Aujourd’hui, Ian est arrivé dans les bras de Jésus, mais son départ laisse un grand vide chez chacun de nous. Au nom du caucus conservateur et en mon nom personnel, je tiens à présenter mes plus sincères condoléances à son épouse Linda et à ses enfants, Robin, James et Heather, ainsi qu’à tous les autres membres de sa famille. Que Dieu réconforte tous ceux qui pleurent son départ.

Je vous remercie, chers collègues.

Bonjour, honorables sénateurs. Mes collègues du Groupe des sénateurs canadiens et moi-même avons été profondément attristés par le décès du sénateur Shugart. J’ai eu le privilège de m’entretenir avec lui à plusieurs reprises, notamment cet été. Nous avons discuté de l’utilisation par les gouvernements de projets de loi omnibus. Il m’a prodigué de sages conseils et m’a donné une vision claire des relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Cette conversation, comme d’autres, a toujours été riche, réfléchie et assortie de solutions de rechange orientées vers l’action.

Les derniers mots qu’il m’a adressés étaient des mots d’encouragement, alors qu’il vivait ses derniers jours. C’est extraordinaire qu’il ait continué à servir le Canada avec courage et sans relâche aussi longtemps qu’il en ait été capable. Quand je penserai au service public et au devoir, je penserai toujours à Ian.

Sa contribution au Sénat, même si elle a été de courte durée, n’aura été que la partie visible du grand iceberg des contributions que le sénateur Shugart nous aurait apportées s’il en avait eu la chance.

Ian nous manquera beaucoup. Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille, à son personnel et à ses amis.

Le jour où le sénateur Shugart a prêté serment dans cette enceinte, j’ai parlé, dans mon allocution de bienvenue, des paroles qu’il adressait aux nouvelles législatures lorsqu’il était greffier du Conseil privé, et je pense qu’il vaut la peine de les répéter ici; c’est un message qu’il nous adressait. Il disait ceci :

Ne perdez jamais, au grand jamais, ce sentiment d’espérance qui vous a menés ici, cette motivation qui vous a menés ici. Cette flamme ne doit jamais s’éteindre [...] Nous sommes ici pour une certaine période et une raison précise, et je parle des institutions et du bien-être public. Nous détenons un privilège extraordinaire : être responsables de l’intérêt public et représenter celui-ci.

La flamme de notre cher ami et collègue Ian s’est peut-être éteinte mais, en tant que détenteurs de cet extraordinaire privilège, nous continuons de servir la nation en son honneur. Merci.

L’honorable Jane Cordy [ + ]

Honorables sénateurs, c’est le cœur lourd que j’interviens aujourd’hui au nom du Groupe progressiste du Sénat pour joindre ma voix à celles d’autres sénateurs qui ont rendu hommage à l’honorable Ian Shugart. Alors qu’il y a à peine plus d’un an, nous l’accueillions dans cette enceinte, il semble à la fois irréel et injuste d’évoquer maintenant sa mémoire.

Lors de sa nomination à titre de greffier du Conseil privé, les médias ont noté qu’il avait rarement fait la manchette au cours de son long mandat au sein du gouvernement et qu’il était un orateur prudent et réfléchi. S’il est vrai qu’Ian Shugart a travaillé admirablement mais discrètement dans l’ombre pendant la plus grande partie de sa carrière, la nouvelle de son décès a certes fait la manchette.

Ian Shugart incarnait vraiment le service à l’État et les innombrables hommages qui lui ont été rendus au cours de la dernière semaine soulignent particulièrement son dévouement au service, sa vivacité d’esprit, sa sagesse et, bien sûr, sa bienveillance et sa générosité.

Voici un extrait d’un de ces hommages :

Qu’un si petit nombre de personnes sachent que Ian Shugart officiait régulièrement comme prédicateur dans de nombreuses églises d’Ottawa en dit long sur l’homme qu’il était. Ian s’est hissé jusqu’à la tête de la fonction publique du Canada, qui compte quelque 300 000 fonctionnaires. Vite d’esprit et le jugement sûr, il savait observer le caractère d’autrui. Prudent, sage et rigoureux, il était un fonctionnaire modèle... Il allait droit au but et n’avait pas peur d’aller au fond des choses. Il avait l’œil pour déceler les éléments qui tenaient à cœur aux autres, mais sans jamais perdre de vue l’objectif à atteindre.

Honorables sénateurs, comme d’autres l’ont dit avant moi, nous avons eu droit en juin dernier à ce qui semble être un discours typique du sénateur Shugart. Hélas, ce fut sa première et sa seule intervention ici au Sénat. Il a choisi ses mots et son moment avec soin, et j’oserais dire qu’il a su retenir notre attention et laisser une impression durable.

Il a notamment dit ceci :

Honorables sénateurs, qu’il s’agisse de ce que nous disons les uns aux autres ou les uns sur les autres, de la manière dont nous réapprenons à écouter ceux qui ne partagent pas notre point de vue ou à dialoguer avec eux, ou de la façon dont nous veillons à la santé de nos institutions, nous devons réapprendre la vertu de la modération.

Quelle marque indélébile le bref passage de Ian Shugart en ces murs aura laissée si nous mettions tous ce conseil à exécution.

C’est terriblement dommage qu’il n’ait pas eu la chance de participer pleinement aux travaux du Sénat — et c’est nous qui perdrons au change. Je suis malgré tout reconnaissante du peu de temps qu’il a passé parmi nous.

Au nom des sénateurs progressistes, j’offre mes plus sincères condoléances à son épouse Linda, à ses enfants Robin, James et Heather, ainsi qu’à tous les proches et amis qui le pleurent aujourd’hui. Qu’il repose en paix.

L’honorable Peter M. Boehm [ + ]

Honorables sénateurs, c’est avec une profonde tristesse que je prends la parole aujourd’hui au nom du Groupe des sénateurs indépendants pour rendre hommage à notre regretté collègue l’honorable Ian Shugart, qui nous a quittés beaucoup trop tôt.

Ian avait bien des qualités : il était un excellent collègue, un érudit, un enseignant, un chef de file, un intellectuel et un patriote. Pour moi, il était aussi un mentor, un modèle et un ami.

J’ai fait la connaissance d’Ian il y a une vingtaine d’années, alors qu’il était sous-ministre adjoint à Santé Canada et que je passais de mon affectation à notre ambassade à Washington à un poste de sous-ministre adjoint ici, dans ce qui s’appelait alors le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.

À l’époque, Ian avait géré avec succès les politiques relatives au syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS, et j’ai assisté à quelques réunions interministérielles sur le sujet. J’ai été frappé par ses interventions calmes et très intelligentes sur les moyens d’aller de l’avant une fois que les autres avaient exprimé leur point de vue. Je me souviens qu’il avait déclaré que le Canada devait élaborer des procédures opérationnelles normalisées pour se préparer à la prochaine grave crise sanitaire, voire à une pandémie. Quelle clairvoyance!

Quelques années plus tard, j’ai quitté le Canada pour mon affectation en Allemagne et, sans surprise, Ian a gravi les échelons. Il a été nommé sous-ministre délégué puis sous-ministre à Environnement Canada. Quand je suis revenu à Ottawa en 2012, Ian occupait les fonctions de sous-ministre à Emploi et Développement social Canada, tandis que j’étais ce qu’on appelle dans le jargon bureaucratique un « apprenti sous-ministre ». Je ressentais le besoin d’avoir un mentor qui m’aiderait à m’y retrouver dans les méandres de l’administration à Ottawa. Il m’a pris sous son aile et il était toujours disponible pour discuter d’enjeux politiques et de stratégies. À ma grande satisfaction, nous nous sommes retrouvés à travailler ensemble au sein du même portefeuille quelques années plus tard.

Ian a même été l’hôte de la soirée organisée pour souligner mon départ à la retraite, à Affaires mondiales Canada. Il avait présenté un diaporama aux multiples images tirées de la bande dessinée à l’humour mordant intitulée The Far Side. L’image la plus percutante représentait deux ours vus à travers le viseur d’un fusil de chasse, l’un d’eux souriait en pointant l’autre pour indiquer lequel des deux était la meilleure cible. Ian avait déclaré : « Vous êtes l’ours qui sourit, Peter. »

Chers collègues, je ne suis pas le seul qui a été encadré et orienté par Ian Shugart. Depuis son décès mercredi dernier, en plus du chagrin éprouvé par sa famille bien-aimée — son épouse, Linda, et leurs enfants, Robin, James et Heather, qui sont ici avec nous aujourd’hui —, il y a eu un énorme élan de gratitude de la part de nombreuses personnes, non seulement des fonctionnaires, mais aussi des gens de tout le pays, dont la vie et la carrière ont été touchées par sa douceur et sa bienveillance. C’est cette qualité, conjuguée à sa grande spiritualité et à son amour pour son pays et ses institutions, qui lui a permis d’atteindre le sommet de la fonction publique en tant que greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet.

Ian Shugart était un leader sans égal. C’est ce qui ressort du remarquable discours qu’il a prononcé au Sénat le 20 juin dernier sur la valeur de la retenue dans le discours et l’action politiques. Comme dans le cas du SRAS il y a bien des années, il nous a dit de nous préparer, de faire preuve de discernement et d’être conscients des conséquences de nos actes. Il a tenu ces propos sur un ton diplomatique, bien sûr, parce que, après tout, l’art de la diplomatie consiste à laisser quelqu’un d’autre faire ce que vous voulez.

Repose en paix, mon ami le grand Canadien.

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