DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'infrastructure du Canada
25 novembre 2021
Honorables sénateurs, nous avons été témoins au cours de la dernière semaine des conséquences dévastatrices des conditions météorologiques extrêmes sur les deux côtes de notre pays. Pensons aux pertes de vies humaines et animales, de propriétés et d’entreprises ainsi que de moyens de subsistance et de perspectives d’avenir.
La météo fait partie de la réalité de notre pays; les blizzards, la pluie verglaçante, les incendies de forêt et même les rivières atmosphériques sont une part intégrante de notre vie. Comme tous les sénateurs qui se déplacent pour venir dans cette enceinte le savent, la météo a toujours le dernier mot.
Toutefois, ce que la succession de pluies torrentielles a mis en évidence est le piètre état des infrastructures d’un bout à l’autre du Canada. Au cours des deux dernières années, la pandémie de COVID-19 a fait ressortir d’autres problèmes graves sur le plan de nos infrastructures. Nous n’avons qu’à penser à l’épouvantable histoire des pièces d’équipement de protection individuelle valant des millions de dollars et dont nous avions cruellement besoin, y compris des masques, des jaquettes d’hôpital et des gants, qui ont été jetés de manière irréfléchie sans être remplacés, mettant à risque la population canadienne pendant des mois alors que la pandémie prenait de l’ampleur.
En fait, les hôpitaux, les résidences pour personnes âgées et même les écoles n’étaient pas préparés, sans compter qu’ils étaient déjà aux prises avec des pénuries de personnel et d’équipement et des systèmes de ventilation déficients. Nos systèmes de santé se sont littéralement effondrés et ont dû cesser d’offrir une vaste gamme de services pour d’autres maladies potentiellement mortelles.
Dans certaines communautés, il faut attendre plusieurs heures ou plusieurs jours avant de recevoir l’aide de la police. Quand une personne a un accident vasculaire cérébral, des gens doivent attendre qu’une ambulance vienne la chercher pour la conduire à l’hôpital ou bien finissent par prendre un véhicule pour la conduire eux-mêmes à l’urgence la plus proche. On sait ce qui se produit, par contre, quand les gens n’ont pas accès à une route, un autobus, un train ou une voiture pour aller à l’hôpital.
Les chaînes d’approvisionnement sont interrompues elles aussi, ce qui bloque non seulement le transport des cadeaux de Noël, mais aussi celui des aliments et des médicaments.
L’infrastructure est en crise. Selon un rapport publié en 2019 par la Fédération canadienne des municipalités, 40 % des routes sont en piètre état. Les réseaux d’aqueduc et d’égouts sont désuets. À l’heure actuelle, des avis de faire bouillir l’eau sont toujours en vigueur dans des communautés des Premières Nations et dans beaucoup de petites localités, dont la mienne.
Le financement est fragmenté, ce qui pousse les provinces et les municipalités à réparer les nids-de-poule au lieu de rebâtir une route sur un terrain plus élevé ou de renforcer un pont. Résultat : on se contente de faire quelques réparations ou de reconstruire une route ou une maison au même endroit, même si cet endroit pose problème. Il est bon d’avoir des objectifs ambitieux en matière de lutte aux changements climatiques mais il faut, aujourd’hui, composer avec la réalité actuelle.
On peut toujours faire appel à l’armée pour remplir des sacs de sable, combattre des incendies ou nettoyer des bassines, bien sûr, mais ce n’est pas une vraie solution. Il nous faut plus de bon sens et moins de bureaucratie, plus de coordination et moins de doigts accusateurs. Il nous faut un engagement envers la revitalisation de l’infrastructure du pays. Donnons-nous comme objectif de la mettre à jour et de la moderniser d’ici 2030. Il est sûrement possible, dans un riche pays du G7 comme le nôtre, de faire en sorte que la santé, la sécurité, la vie et le gagne-pain des Canadiens soient en tête de nos priorités.