DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — L'honorable Brent Cotter, c.r.
Hommages à l'occasion de son départ à la retraite
11 décembre 2024
Honorables sénateurs, j’aimerais moi aussi rendre hommage à notre collègue le sénateur Brent Cotter.
Le sénateur Cotter a, à tous les points de vue, contribué de manière remarquable au tissu de la jurisprudence canadienne, à l’enseignement et à l’amélioration de notre société.
J’ai rencontré Brent en 1992, lorsqu’il était sous-ministre de la Justice de la Saskatchewan. À l’époque, les juges de la cour provinciale étaient en conflit avec la province au sujet du principe de l’indépendance judiciaire. Son respect de l’équité, des principes juridiques et de la défense de la primauté du droit a permis de parvenir à la négociation d’une loi portant sur la création d’une commission sur l’indépendance judiciaire, qui est à son tour devenue un modèle pour le Canada.
En tant que sous-ministre des Affaires intergouvernementales et autochtones, il a dirigé la mise en œuvre de services pangouvernementaux à l’intention des Premières Nations et des Métis, ce qui lui a valu une reconnaissance nationale et témoigne de sa vision à l’égard d’une société plus inclusive. Cela représente un exemple durable de progrès et d’espoir.
Au début des années 1990, il a négocié la création de la Saskatchewan Indian Gaming Authority, ce qui a permis à l’ensemble des 74 Premières Nations de la Saskatchewan de bénéficier des bénéfices provenant des recettes de jeux dans les casinos exploités par des Premières Nations. Je pense qu’il s’agit d’un exemple de réconciliation économique et d’un modèle pour le Canada.
Ancien doyen de la Faculté de droit de l’Université de la Saskatchewan, sa passion pour l’enseignement résonne toujours dans la vie des étudiants dont il a été le mentor. Il a notamment enseigné l’éthique et donné un cours constamment trop populaire sur la façon de devenir un agent d’athlètes professionnels.
Au Sénat, il s’est montré extrêmement calme et juste en tant que président de comité, en tant que conseiller sur toutes les questions constitutionnelles et en tant que champion de mesures législatives notables, dont le projet de loi C-22, qui visait à renforcer la sécurité financière des personnes handicapées. Cela démontre, à mon avis, sa détermination à ne laisser personne pour compte.
Parmi les distinctions qu’il a reçues, il y a la Médaille du centenaire de la Saskatchewan, le Prix de reconnaissance pour services exceptionnels de l’Association du Barreau canadien et un prix d’excellence pour l’ensemble de ses réalisations de l’Association canadienne pour l’éthique juridique.
Alors que j’apprenais à naviguer dans cet endroit complexe, Brent fut un mentor pour moi. J’ose donc croire qu’il est responsable de toutes les erreurs que j’ai commises jusqu’à présent.
Brent aime vraiment son travail au Sénat, ce qui explique, à mon avis, pourquoi il y excelle et pourquoi il nous manquera autant que nous lui manquerons, je crois.
À titre d’ami, je vous dis ceci : que votre parcours soit aussi inspirant que le chemin que vous avez traversé jusqu’à présent. Nos meilleurs vœux à vous et à votre famille.
Merci Brent.
Honorables sénateurs, quand Brent Cotter a été nommé au Sénat en 2020, le regretté sénateur Murray Sinclair m’a dit :
M. Cotter est une sommité en matière d’éthique juridique au Canada. Nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le recruter dans le Groupe des sénateurs indépendants.
L’estime dont jouit le sénateur Cotter auprès de ses pairs est telle qu’il est arrivé au Sénat avec une aura et de grandes attentes. Il n’a pas déçu. En moins de cinq ans, le sénateur Cotter a accumulé les déclarations, les projets de loi, les motions et les interpellations, ainsi que les services rendus au Sénat.
Il a fait de son mieux, ce qui est encore plus que ce que la plupart d’entre nous peuvent espérer. Il est encore plus impressionnant qu’il ait accompli tant de choses à une époque où les travaux du Sénat étaient réduits au minimum à cause de la COVID.
Le sénateur Cotter s’est plongé dans le travail du Sénat et il n’a pas laissé la pandémie l’en empêcher. Il s’est même rendu en voiture à Ottawa pour assister à plusieurs de nos séances hybrides. J’ai été particulièrement reconnaissant de sa présence, car nous nous sentions un peu seuls dans cette enceinte qui ne contenait qu’un petit nombre de sénateurs. Il a participé activement aux discussions sur la manière de gérer la situation incertaine dans laquelle se trouvait le Sénat, qu’il s’agisse des mesures budgétaires extraordinaires, des règles sur les séances hybrides ou du recours à la Loi sur les mesures d’urgence.
Il a apporté des contributions savantes, réfléchies et raisonnées à ces projets de loi, et il a laissé une profonde impression sur ses collègues, à commencer par moi.
Brent avait l’esprit d’équipe, et il était un membre très apprécié du Groupe des sénateurs indépendants. Il a travaillé en étroite collaboration avec la regrettée sénatrice Judith Keating pour piloter une approche de l’analyse horizontale et non partisane des lois, en commençant par le projet de loi C-3, modifiant la Loi sur les juges, et le projet de loi C-7, qui portait sur l’aide médicale à mourir. Ils ont fait un si bon travail que le Groupe des sénateurs indépendants a institutionnalisé la pratique des « responsables législatifs » pour tous les projets de loi, selon laquelle certains sénateurs du groupe prennent la responsabilité de la recherche, puis communiquent leurs conclusions aux autres membres.
Le sénateur Cotter était sénateur depuis à peine neuf mois lorsqu’il s’est attelé à cette tâche, et il a frappé un coup de circuit dès sa première manche. Je parle de coup de circuit, mais j’aurais pu utiliser d’autres métaphores sur des sports dont Brent est friand, qu’il s’agisse de curling, de football ou de hockey. Vous vous souvenez peut-être d’une anecdote selon laquelle il avait l’impression d’avoir obtenu un très bon pointage lors d’une partie de golf qu’il avait jouée de nombreuses années auparavant. Ce pointage s’était amélioré dans sa mémoire au fur et à mesure que le souvenir de la partie s’était éloigné, jusqu’à ce qu’il retrouve la carte de pointage de cette partie, qui indiquait un chiffre beaucoup moins flatteur.
Je soupçonne Brent d’avoir fait preuve de modestie en racontant cette anecdote et d’être meilleur golfeur qu’il ne le laisse entendre, mais c’est le genre d’autodérision dont fait preuve cet homme que nous avons appris à connaître et à admirer. Il commence bon nombre de ses discours en nous avisant qu’il veut seulement faire quelques « observations » pour ensuite nous éblouir avec sa connaissance approfondie du droit, sa vaste expérience en administration de la justice et son engagement en faveur de la dignité humaine.
Brent, votre carte de pointage au Sénat est digne d’un tournoi des maîtres, et votre modestie ne pourra jamais minimiser l’étendue considérable des contributions que vous avez apportées à notre institution.
Vous portez bien votre nom de famille qui, comme certains de nos collègues le savent peut-être, désigne une modeste goupille qui sert à tenir ensemble d’importantes pièces de machinerie. Au Sénat, vous incarnez cette modestie qui, jumelée à votre probité morale, votre intelligence, votre esprit vif et votre sagesse, vous permet de rester humble et d’amener les gens à mettre leurs idées en commun de manière à pouvoir bien travailler ensemble. Cette cohésion est indispensable non seulement dans la machinerie, mais aussi dans la vie en général. Il nous en faut également au Sénat du Canada, et c’est pour cela que notre ami et collègue le sénateur Cotter nous manquera beaucoup.
Brent, je vous remercie de votre contribution exceptionnelle au Sénat. Je vous souhaite une retraite heureuse et en santé.
Honorables sénateurs, sens de l’humour, intégrité, amitié et famille — c’est un honneur de prendre la parole pour rendre hommage à notre collègue le sénateur Cotter. J’ai eu le plaisir de travailler avec le sénateur Cotter sur le projet de loi S-269, dont il était essentiellement le coparrain. Quand je travaillais avec le Bureau du légiste dans les phases initiales, il y avait quelques inquiétudes concernant des implications relatives à la Charte et des questions de compétence. Disons simplement que je savais à qui m’adresser. La passion du sénateur Cotter pour ces questions était évidente, et il a été incroyablement généreux de son temps, compte tenu de la multitude d’autres rôles et responsabilités qu’il avait à l’époque. Nous y allions à tour de rôle. Le sénateur Cotter était à mes côtés lors de ma première conférence de presse sur le projet de loi et il était là pour m’aider à répondre aux questions quand j’ai témoigné devant le comité.
La force de notre collègue réside non seulement dans ses connaissances encyclopédiques qui lui viennent à la demande, mais aussi dans sa capacité à vous expliquer une question complexe sans que vous vous sentiez quelque peu stupide. Cette force lui vient sans doute du fait qu’il a été professeur à la Faculté de droit de l’Université Dalhousie et doyen de la Faculté de droit de l’Université de la Saskatchewan. Nos conversations m’ont toujours appris quelque chose que j’ignorais purement et simplement.
Nous avons tous pu le constater maintes fois quand il prenait la parole dans cette enceinte. Il ne fait aucun doute que nous ressortons tous grandis d’avoir écouté ses exposés, et je le dis avec la plus grande sincérité. Je suis convaincue que le sénateur Cotter continuera de transmettre ses connaissances au reste du monde, sous une forme ou une autre, après son départ du Sénat. Sachez que je n’en ai pas encore fini avec lui, car j’aurais encore besoin de son aide pour faire adopter le projet de loi par la Chambre des communes.
Cependant, mon plus beau souvenir s’est déroulé à des kilomètres d’ici. En effet, l’un de mes moments préférés a eu lieu dans une station de ski, à Calgary, où j’ai eu le privilège de passer du temps avec le sénateur Cotter et de rencontrer sa fille, la joueuse de curling, la bâtisseuse, la fabricante d’oreillers, la jeune fille qui était si fascinante à voir à l’œuvre. J’ai eu l’honneur de participer à un événement des Jeux olympiques spéciaux où les deux étaient présents en même temps et le même jour, et je ne l’oublierai jamais.
Merci, sénateur Cotter. Je vous souhaite une excellente retraite avec votre famille.