Des souvenirs de la Première Guerre mondiale occupent une place importante au Sénat
La Colline du Parlement compte des centaines d’œuvres d’art. Parmi les plus impressionnantes figurent huit toiles de guerre accrochées aux murs de la Chambre du Sénat. Celles-ci rappellent les sacrifices du Canada lors de la Première Guerre mondiale.
En raison de leur taille monumentale, soit plus de trois mètres de largeur et deux mètres de hauteur, elles présentent un défi aux spécialistes qui devront s’assurer de les manipuler avec soin lorsque les travaux de rénovation débuteront à l’édifice du Centre centenaire.
À cette fin, une équipe de conservateurs du Musée canadien de la guerre et de l’Institut canadien de conservation a évalué l’état des toiles à l’hiver 2018.
Cette analyse les aidera à identifier les mesures de protection qui s’imposent lorsque les toiles seront décrochées.
Ces toiles sont accrochées dans la Chambre haute du Parlement depuis 1921 grâce à un prêt du Musée des beaux-arts du Canada au Sénat. Cent ans plus tard, ces toiles servent toujours à rappeler aux sénateurs leurs responsabilités face au pays et aux gens qu'ils servent.
Ces œuvres d’art font partie d’une collection de près de 1 000 œuvres commandées par le Fonds de souvenirs de guerre canadien, une invention de Max Aitken, le baron des médias néo-brunswickois qui est ensuite devenu le premier baron Beaverbrook en 1917.
Il a par la suite servi en tant que ministre au Royaume-Uni sous les gouvernements de David Lloyd George et de Winston Churchill. La collection a été confiée au Musée canadien de la guerre en 1971.
La sénatrice Patricia Bovey, historienne de l’art et ancienne directrice de la Winnipeg Art Gallery, a affirmé que le fonds, le tout premier programme d’œuvres d’art de la Première Guerre mondiale, a permis de relater l’histoire de plus de 425 000 Canadiens qui ont servi à l’étranger et dont les sacrifices ont permis de renforcer la réputation du Canada à l’échelle mondiale.
« Le Canada a atteint sa majorité sur le plan international durant la Première Guerre mondiale, et le programme d’art a contribué à rendre cela possible. Ce sont nos artistes, nos photographes et nos réalisateurs qui ont dépeint les images, les horreurs et les actions de la guerre. »
Même si la majorité des artistes de guerre ayant peint les troupes canadiennes en action étaient Anglais, plusieurs d’entre eux avaient des liens étroits avec le Canada, notamment James Kerr-Lawson, né en Écosse, mais qui a grandi à Hamilton, en Ontario.
Sa toile représentant Ypres, en Belgique, anéantie par les bombardements, où des troupes allemandes ont lancé des attaques au chlore gazeux contre des soldats canadiens, anglais et français, est suspendue au mur du côté est.
« L'utilisation de la lumière et de la couleur par l'artiste est poignante », a souligné la sénatrice Bovey.
« La teinte acide de vert choisie par M. Kerr-Lawson illustre de façon frappante l’horreur liée à l’utilisation des gaz pendant les guerres. »
Rebecca Renner, superviseure, Conservation et Services techniques au Musée canadien de la guerre, faisait partie de l’équipe de conservateurs chargés d’examiner les toiles à l’aide de loupes, un centimètre à la fois.
« Nous faisons le point sur l’état actuel des toiles et des causes de détérioration avant qu’elles soient décrochées », a expliqué Mme Renner.
« Cela nous permet de bien comprendre la portée des travaux qui seront requis afin de protéger les œuvres lorsqu’elles seront retirées du Sénat. »
« Une planification soignée est nécessaire pour manipuler des tableaux d’une telle importance et de telles dimensions. Il ne sera pas facile de les retirer de la Chambre du Sénat en toute sécurité. »
Apprenez-en davantage sur les tableaux de guerre, ainsi que sur la Chambre du Sénat, en effectuant la visite virtuelle du Sénat.
Avis aux lecteurs : L’honorable Patricia Bovey a pris sa retraite du Sénat du Canada en février 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.