La restauration du patrimoine prend le virage vert à l’édifice du Sénat du Canada
Cet article fait partie d’une série de textes sur le déménagement du Sénat à l’édifice du Sénat du Canada, auparavant connu sous le nom de Centre de conférences du gouvernement. En 2018, le Sénat a entamé son déménagement au nouvel édifice, une ancienne gare construite en 1912, alors que l’édifice du Centre – l’emplacement permanent du Sénat – sera restauré. Le Sénat commencera à opérer à partir de l’édifice du Sénat du Canada au début de 2019.
Les économies réalisées au profit des contribuables seront d’environ 200 millions de dollars comparativement à la proposition originale qui consistait à réinstaller le Sénat sur la Colline du Parlement. Il est prévu que le Sénat occupe cet emplacement temporaire pendant au moins 10 ans.
La restauration de l’édifice du Sénat du Canada a nécessité la gestion d’un fragile équilibre entre la durabilité et des considérations patrimoniales afin de respecter les normes environnementales Green Globe reconnues à l’échelle internationale.
Les édifices centenaires comme celui-ci présentent un défi en ce qui concerne la durabilité; les architectes se sont concentrés sur les aspects où ils étaient le plus en mesure d’apporter une contribution à la réduction de l’empreinte de carbone de l’édifice.
« Avoir l’occasion de remettre cet édifice en état et de le ramener à la vie est une contribution vraiment importante, ne serait-ce que du point de vue environnemental uniquement », affirme Ralph Wiesbrock, architecte à KWC, qui a supervisé la certification Green Globe de l’édifice.
« La perte d’un tel bien serait vraiment dommage pour notre patrimoine culturel. »
L’énergie, l’environnement intérieur et l’eau
Les murs épais en pierre calcaire et en maçonnerie de briques de l’édifice aident à conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. De nouveaux systèmes de chauffage et de refroidissement ont été conçus pour venir compléter cette tendance naturelle à maintenir une température intérieure constante. L’ensemble des systèmes et composantes mécaniques et électriques ont été remplacés par de l’équipement efficace de pointe.
« L’édifice utilise maintenant un système d’automatisation du bâtiment ultramoderne, qui est une version hautement sophistiquée de votre thermostat domestique programmable », indique M. Wiesbrock. « Vous pouvez le baisser un peu tous les soirs et pendant le jour, et le remonter un peu lorsque vous rentrez à la maison à la fin de la journée. »
L’édifice n’utilise pas beaucoup d’eau, mais les architectes ont tout de même réussi à trouver des améliorations possibles : des appareils économes en eau ont été installés dans les cuisines et les toilettes, les eaux pluviales qui étaient simplement rejetées dans le canal Rideau sont maintenant détournées vers des réservoirs de stockage souterrains pour permettre la libération contrôlée dans les égouts pluviaux municipaux, et le système de chauffage et de refroidissement du bâtiment reçoit son approvisionnement en eau chaude et froide de l'usine du district de Cliff Street.
Les matériaux de construction
Les architectes n’ont pas eu carte blanche pour la finition de l’édifice. Des éléments patrimoniaux uniques tels que les planchers de marbre et des piliers de calcaire sont irremplaçables. Cependant, des matériaux provenant de sources durables, telles les cloisons sèches entre les bureaux, ont été utilisés partout où cela était possible.
« Nous sommes en mesure d’obtenir ces produits d’usines de fabrication à Montréal, donc très près d’ici », précise M. Wiesbrock. « Les coûts et les répercussions environnementales liés au transport, entre autres, sont donc réduits. »
La restauration et la réutilisation de matériaux existants ont contribué à limiter les déchets envoyés dans les sites d’enfouissement, avec en prime les caractéristiques patrimoniales de l’édifice qui ont été intégrées aux espaces rénovés.
Tout au long du processus de démolition, ce sont 99 % des matériaux qui ont été détournés de l’enfouissement.
Étude du comité de l’énergie
Les membres du Comité sénatorial de l’Énergie, de l’environnement et des ressources naturelles ont visité l’édifice du Sénat du Canada dans le cadre de leur étude sur l’incidence de l’économie à faible émission de carbone sur les bâtiments au Canada. Le rapport examine les politiques et les solutions technologiques afin d’améliorer l’efficacité énergétique et d’émission des bâtiments neufs et existants.
Au cours de leur visite, les sénateurs ont pu en apprendre davantage sur les défis et les succès du projet de rénovation qui s’est valu trois Green Globes.
« Cette restauration durable est un brillant exemple de ce qui peut être accompli quand la volonté de faire les choses correctement est présente », a affirmé la sénatrice Rosa Galvez, présidente du comité. « Les Canadiens peuvent maintenant constater qu’il vaut vraiment la peine de faire ce genre de changements à la maison. »
Pour lire le rapport, Réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’environnement bâti au Canada.