Magnifiques dorures : le superbe plafond du Sénat dévoilé
En février 2019, le Sénat s’est installé dans l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare construite en 1912. Il occupera cet emplacement temporaire pendant les travaux de réhabilitation de l’édifice du Centre, qui est sa demeure permanente.
Bien que l’édifice du Centre soit fermé en raison des travaux, les Canadiens peuvent quand même découvrir les œuvres d’art et l’architecture de l’édifice en effectuant une visite virtuelle immersive du Sénat.
Nous sommes en milieu de matinée, mais une étrange lueur règne sur la Chambre du Sénat dans l’édifice du Centre.
De multiples échafaudages ont pris racine là où se trouvaient les bureaux des sénateurs. Les discours passionnés ont laissé place au bruit des bottes à embouts d’acier sur le métal froid, loin au-dessus du vieux tapis rouge.
Kate Westbury, qui dirige le programme de réhabilitation de l’édifice du Centre pour Services publics et Approvisionnement Canada, n’arrive pas à cacher sa fébrilité alors qu’elle gravit les échafaudages pour en venir à être baignée d’une lumière dorée.
« Le plafond de la Chambre du Sénat fait partie de mes chouchous », dit-elle avec un ton empreint de respect, les yeux rivés sur les lions, les feuilles d’érable et les fleurs de lys peints à la main qui ornent le plafond centenaire qui est maintenant à sa portée.
Puis, son attitude devient toute professionnelle.
« Il sera intéressant de voir le résultat du nettoyage. »
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Mme Westbury participe à la vaste initiative qui vise à restaurer et à moderniser l’édifice du Centre vieillissant. Tout l’édifice est fermé depuis la fin 2018, et les sénateurs travaillent à partir d’une chambre temporaire située dans l’ancienne gare d’Ottawa, alors que les députés ont déménagé à l’édifice de l’Ouest.
Les travaux en sont principalement à une phase de diagnostic. Les restaurateurs doivent savoir à quoi ils ont affaire avant de concevoir un plan qui convient pour la restauration du plafond.
Voilà pourquoi, ce jour-là, Mme Westbury était accompagnée de Caroline Wright, une spécialiste de la peinture de Hirst Conservation, qui aide à évaluer l’état du plafond du Sénat afin que les générations futures puissent aussi admirer sa beauté.
« On peut voir les marques des pochoirs », décrit Mme Wright en orientant une lampe de poche vers l’un des 40 caissons qui composent le plafond. Ces indentations octogonales encadrent des panneaux ornés de symboles culturels canadiens, anglais, irlandais, écossais, gallois et français.
L’une de ses premières découvertes a été la présence « d’images fantômes » sur certains de ces panneaux qui n’en étaient pas à leur première œuvre.
« Ici, nous voyons deux lions sous les lions existants. Ils sont orientés différemment.
Ce sont probablement des esquisses préliminaires destinées à être approuvées ».
Le fait de travailler à une telle proximité de ce plafond permet de mieux reconnaître à quel point ce travail était laborieux.
La partie du plafond où se trouvent les lions a été dorée entièrement à la main. C’est un processus délicat qui demande de brosser doucement sur du plâtre des feuilles d’or larges de quelques centimètres et d’une épaisseur de quelques microns seulement. « Les feuilles sont tellement légères que si vous respirez, elles disparaissent », explique Mme Wright.
L’or se fendille à certains endroits (les experts appellent ce processus le « faïençage »), mais cela ne nous empêche pas d’apprécier la beauté du plafond, surtout de la perspective du plancher de la Chambre.
Le faux plafond en plâtre est lui aussi fendillé en raison des petits déplacements qui ont eu lieu au fil des décennies, mais Mme Wright nous assure que de tels plafonds sont « incroyablement stables ».
« Selon toute probabilité, il y aura toujours de petits mouvements. L’important, c’est de s’assurer qu’une marge de manœuvre rende les mouvements possibles », selon Mme Wright.
Cela met en lumière le genre de dilemmes que doivent résoudre les restaurateurs. En ajoutant du vernis pour protéger la peinture, par exemple, on risque de rendre le plafond trop lourd et de créer des dommages structurels.