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Un plan d’action pour le Canada : Conférence de Québec de 1864

Tableau représentant les 36 Pères de la Confédération dans une salle de conférence avec trois fenêtres donnant vue sur le fleuve Saint Laurent.

Mercy Coles était la fille de George Coles, délégué de l’Île-du-Prince-Édouard. Elle a documenté les réunions et les discussions des Conférences de Charlottetown et de Québec alors qu’elle accompagnait son père. (Crédit photo : Musée McCord Stewart, Montréal)

Le Canada que nous connaissons aujourd’hui a été formé au cours de l’automne 1864.

Tout a commencé à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, au début du mois de septembre, lorsque des délégués représentant la Province du Canada (l’Ontario et le Québec actuels) se sont joints aux représentants des colonies maritimes britanniques de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick pour discuter d’une union politique.

Ils ont pris part à des soupers, à des bals et à des pique-niques, et ont eu droit à du beau temps, à de la bonne compagnie et à de la bonne volonté. Après une semaine de négociations, ils ont levé leur verre à leur succès; le rêve d’unir les colonies britanniques d’Amérique du Nord qui était désormais un accord de principe.

Un mois plus tard, les délégués se sont réunis à nouveau à Québec, sous un ciel gris et une pluie incessante, pour s’atteler à la tâche ardue et laborieuse de définir le mode de gouvernement.

Tous réunis dans une salle de lecture du tout nouvel édifice du Parlement de Québec, les délégués ont pris part à des négociations pendant six heures ou plus par jour, les travaux législatifs en occupant plusieurs autres.

John A. Macdonald, qui allait devenir le premier premier ministre du Canada, s’est fait l’avocat d’un gouvernement central fort lors de la Conférence de Québec. Il a rédigé 50 des 72 Résolutions de Québec. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Les journalistes n’ont pas eu accès aux réunions, et les délégués ont pris des notes qu’à l’occasion. Toutefois, Mercy Coles, la fille de 26 ans du délégué de l’Île-du-Prince-Édouard, George Coles, a accompagné son père aux Conférences de Charlottetown et de Québec et a tenu un journal de ses expériences.

L’historienne Anne McDonald brosse un portrait précis de la jeune écrivaine dans son livre Miss Confederation: The Diary of Mercy Anne Coles.

« Le journal de Mercy est l’une des rares fenêtres que nous ayons sur l’atmosphère de la conférence et sur ce que pensaient les Pères de la Confédération, car il n’y a pratiquement pas eu de procès-verbal », a écrit Mme McDonald. « C’est un récit très vivant ».

Québec était un site magnifique pour la conférence. Sa garnison militaire colorée, son gouverneur général d’origine britannique, le vicomte Monck, et la cour qu’il tenait à Spencer Wood, sa résidence officielle, reconstituaient le faste de la société aristocratique britannique sur le territoire canadien.

« Alors que Charlottetown était spontanée et improvisée, tout était plus grandiose et plus formel à Québec », a déclaré Mme McDonald. « Les bals et les banquets montraient que cette conférence était importante, que la Confédération était importante et que la taille même du pays qu’ils proposaient était importante ».

George Brown, qui a ensuite été nommé au Sénat, a défendu le principe de la représentation en fonction de la population lors de la conférence. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Les délégués ont eu besoin de 16 jours de négociations pour créer le gouvernement et élaborer les Résolutions de Québec, 72 dispositions qui constituent le fondement de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, la constitution fondatrice du Canada.

Premier point à l’ordre du jour : le Canada devait-il être une union fédérale, comme les États‑Unis, avec un partage des pouvoirs entre le gouvernement central et les provinces qui le composent? Ou doit-il être une union législative, comme la Grande-Bretagne, où les pouvoirs sont concentrés dans un seul corps législatif national?

De nombreux délégués se méfiaient de l’union fédérale, convaincus qu’elle avait exacerbé la guerre civile qui fait rage au Sud. En fin de compte, l’union législative n’a pas été adoptée. Les Maritimes et le Canada français ont insisté pour conserver une forme de gouvernement local qui leur donnerait une autonomie sur les questions régionales, les droits des minorités et les questions culturelles.

Toutefois, ce gouvernement soulevait une autre question : comment répartir ces pouvoirs?

George-Étienne Cartier, l’un des rares délégués francophones à la conférence, a défendu l’attribution de pouvoirs importants en matière de culture, de langue et d’éducation aux provinces. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Les provinces conserveraient le contrôle des questions locales, y compris l’éducation, la langue et les municipalités. Le gouvernement fédéral, pour sa part, aurait autorité sur les services postaux, l’armée, les affaires étrangères, la monnaie, le commerce extérieur et le droit pénal.

Tout comme la Grande-Bretagne, le Parlement serait composé de deux chambres distinctes : le Sénat (la chambre haute) qui refléterait le principe de la représentation régionale, et la Chambre des communes (la chambre basse), le principe de la représentation par la population.

Les sièges de la chambre élue seraient répartis en fonction de la population : 82 sièges pour l’Ontario, 65 sièges pour le Québec, 19 sièges pour la Nouvelle-Écosse et 15 sièges pour le Nouveau-Brunswick. Comme la population du Canada augmenterait, l’attribution des sièges se ferait tous les dix ans en fonction des données du dernier recensement de la population.

Les délégués décident que la Chambre haute sera nommée, chaque région — l’Ontario, le Québec et les trois provinces maritimes — se voyant attribuer 24 sièges, indépendamment de sa population. Le Sénat devient ainsi le défenseur des intérêts régionaux et minoritaires, un rempart contre la domination écrasante de la majorité anglaise à l’ouest.

Ville de Québec à la fin des années 1800, avec vue sur la terrasse Dufferin, avant le début de la construction de l’emblématique Château Frontenac.Ville de Québec à la fin des années 1800, avec vue sur la terrasse Dufferin, avant le début de la construction de l’emblématique Château Frontenac. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Marché Champlain de Québec à la fin des années 1800, avec vue sur la terrasse Dufferin et la Citadelle.
Marché Champlain de Québec à la fin des années 1800, avec vue sur la terrasse Dufferin et la Citadelle. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

La Conférence de Québec a eu lieu dans la salle de lecture de l’édifice du Parlement de Québec, où les députés du Parlement de la province du Canada se sont réunis de 1860 à 1865.La Conférence de Québec a eu lieu dans la salle de lecture de l’édifice du Parlement de Québec, où les députés du Parlement de la province du Canada se sont réunis de 1860 à 1865. Le bâtiment a été ravagé par un incendie en 1883. Le parc Montmorency occupe aujourd’hui le site. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Spencer Wood était la résidence officielle du gouverneur général, le vicomte Monck, située près de Québec. Il a organisé des soupers pour les délégués et leurs familles tout au long de la Conférence de Québec, ainsi qu’un bal officiel pour lancer l’événement.Spencer Wood était la résidence officielle du gouverneur général, le vicomte Monck, située près de Québec. Il a organisé des soupers pour les délégués et leurs familles tout au long de la Conférence de Québec, ainsi qu’un bal officiel pour lancer l’événement. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Hôtel Saint-Louis, à Québec, où de nombreux délégués de la conférence, accompagnés de leurs femmes et de leurs filles, ont séjourné.Hôtel Saint-Louis, à Québec, où de nombreux délégués de la conférence, accompagnés de leurs femmes et de leurs filles, ont séjourné. L’hôtel, vu ici à la fin des années 1800, a été démoli en 1969. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

La peinture Les pères de la Confédération réalisée par Rex Woods en 1968 est fondée sur la peinture originale de 1884 de Robert Harris, qui a brûlé dans l’incendie de l’édifice du Parlement en 1916. La vue sur le fleuve Saint-Laurent depuis la salle de lecture de l’édifice du Parlement de Québec est la même, mais la salle et ses fenêtres en demi-cercle sont plus grandioses qu’en réalité. (Huile sur toile, H : 243,7 cm x L : 423,7 cm, Collection de la Chambre des communes. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)
Oliver Mowat a contribué à la répartition des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Il a été pendant près de 24 ans le troisième premier ministre de l’Ontario et a été nommé au Sénat en 1896. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Enfin, au grand soulagement de la délégation des Maritimes, les délégués ont convenu que le gouvernement fédéral financerait l’achèvement du chemin de fer Intercolonial de Québec à Halifax.

La Conférence de Québec s’est conclue avec succès, mais l’accord devait encore être ratifié par le corps législatif de chaque province.

Au cours de ces débats, l’opposition régionale à la Confédération s’est accrue, renversant des gouvernements et faisant presque échouer l’entrée de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick dans la Confédération.

L’Île-du-Prince-Édouard se retire, désenchantée par les conditions qui lui sont offertes. En 1873, les difficultés financières l’ont rattrapée et une offre généreuse des Canadiens a convaincu l’Île-du-Prince-Édouard de se joindre à l’union.

Les Pères de la Confédération ont élaboré un plan de gouvernement pour le Canada. Ils ont fourni un projet de constitution et, ce faisant, ont inventé un modèle de gouvernement entièrement nouveau, combinant un pouvoir central parlementaire avec d’importants pouvoirs pour les provinces.

L’importante étape qui a suivi a été la Conférence de Londres de 1866, au cours de laquelle la proposition des Canadiens a été soumise à l’approbation de la reine Victoria. La constitution qui en a résulté, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, a reçu la sanction royale le 29 mars 1867 et est entrée en vigueur le 1er juillet 1867, marquant ainsi la fondation du Dominion du Canada.

Étienne-Paschal Taché s’est battu lors de la guerre de 1812 et a été deux fois premier ministre de la Province du Canada. En tant qu’homme d’État principal de la Conférence de Québec, il en a présidé les réunions. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Rassemblement des délégués à la Conférence de Québec pour une photo à Spencer Wood, la résidence officielle du gouverneur général.
Rassemblement des délégués à la Conférence de Québec pour une photo à Spencer Wood, la résidence officielle du gouverneur général. (Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada)

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