Une toile propre : la conservation des plafonds de lin du Sénat
En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, soit à l’ancienne gare construite en 1912. Le Sénat occupera ces locaux temporaires pendant que l’édifice du Centre du Parlement – emplacement permanent du Sénat – fait l’objet de rénovations.
L’édifice du Centre est fermé pendant les travaux, mais le public peut continuer d’admirer son architecture et ses œuvres d’art grâce à la visite virtuelle immersive du Sénat.
Avec ses magnifiques dorures, le flamboyant plafond à caissons de l’édifice du Centre éclipse bien souvent le trésor architectural qui se cache derrière.
Un tissu de lin peint flotte au-dessus de la tribune nord de la Chambre, témoignage subtil d’un degré inégalé d’ingénierie et de savoir-faire.
Bordé de symboles royaux aux teintes feutrées, le plafond de lin a été suspendu en plusieurs bandes, il y a plus d’un siècle, et flotte au-dessus des visiteurs et journalistes venus assister aux débats depuis le balcon qui surplombe le fauteuil du Président.
Jugé trop fragile pour demeurer en place durant les travaux à l’édifice du Centre, le plafond de lin a été retiré par des restaurateurs au moyen d’une technique semblable à celle employée pour retirer les tableaux de scènes de guerre ornant la Chambre du Sénat, et plus récemment, le plafond de lin de la Chambre des communes.
Histoire des plafonds de lins de l’édifice du Centre
L’architecte de l’édifice du Centre, John A. Pearson, a adopté le style néo-gothique et employé l’une des plus importantes innovations architecturales du Moyen-Âge pour embellir les deux chambres dans un style compatible avec l’édifice du 20e siècle.
Quelle est cette innovation? Le plafond.
Avant l’ère gothique, les chevrons étaient laissés à découvert. L’idée du plafond offrait ainsi de nouvelles possibilités ornementales.
Pour la chambre principale du Sénat, le choix s’est porté sur un plafond suspendu à caissons dorés, peint de symboles nationaux et d’évocations de la Couronne.
Du lin peint a été utilisé pour les autres plafonds de l’édifice du Centre, y compris ceux de les tribunes du Sénat et de la Chambre des communes.
Les plafonds de lin, dessinés par l’entreprise new-yorkaise Mack, Jenney et Tyler, partagent les mêmes teintes discrètes. Ils arborent des symboles provinciaux ainsi que des treillis appliqués au pochoir, qui cachent les coutures des panneaux de lin. L’entreprise a peint et assemblé les panneaux du plafond de lin de l’édifice du Centre en studio, puis les a installés en une seule pièce, en 1920, au moyen de palans au lieu d’échafaudages. Des nattes de crin de cheval ont été utilisées pour remplir l’espace entre le plafond de plâtre et les panneaux de lin. S’attendait-on à ce que les élus ruent dans les brancards?
Une solution audacieuse
La méthode utilisée pour retirer les plafonds de lin du Sénat est une adaptation de la solution audacieuse appliquée pour retirer les toiles de guerre de la Chambre du Sénat.
Voyez comment les toiles de guerre ont été retirées de la Chambre du Sénat :
Les restaurateurs ont commencé par stabiliser la couche de peinture de la toile de lin puis ont appliqué un revêtement protecteur, au besoin.
Des échafaudages retenaient l’équipement utilisé, notamment un palan ainsi qu’un système roulant, déplacé mètre par mètre à mesure que les éléments du plafond étaient retirés.
Des sections du plafond ont été soigneusement découpées le long des coutures et déposées sur des palans de soutien et des tables roulantes. La poussière et les débris au dos ont été retirés à l’aspirateur et les toiles ont été enroulées sur des tubes Sonoco renforcés, soit des cylindres de carton creux utilisés dans divers projets de construction. Des feuilles Mylar ont été intercalées pour protéger la couche de peinture durant l’entreposage.
Les toiles de lin enroulées et scellées dans des pellicules de plastique seront emportées dans une installation à ambiance contrôlée, où une analyse approfondie permettra de déterminer le meilleur moyen de les conserver.