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Des survivantes de la politique d’adoption d’après-guerre se confient

Sandra Jarvie avait 20 ans lorsqu’on l’a forcée à abandonner son enfant.

À l’époque, en 1968, le seul fait de ne pas être mariée suffisait pour qu’on la juge inapte à élever un enfant.

Le mardi 20 mars 2018, devant le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, Mme Jarvie a raconté avec émotion son expérience :

« La travailleuse sociale s’est postée devant moi et m’a annoncé froidement que je ne reverrais jamais mon bébé de toute ma vie, et que, si je cherchais à le retrouver, je détruirais sa vie. »

Entre les années 1940 et les années 1970, plus de 300 000 femmes non mariées ont été forcées de donner leur bébé en adoption. Souvent rejetées par leur famille, nombre de ces femmes qui avaient désespérément besoin d’aide se sont retrouvées dans des foyers financés par l’État et gérés par les grandes organisations religieuses, où elles étaient cachées et traitées comme si elles avaient fait quelque chose de mal.

Les membres du comité se penchent sur les répercussions de la politique d’adoption du Canada d’après-guerre sur les survivantes. Pendant les trois jours d’audience, les sénateurs ont entendu des détails parfois horribles sur la façon dont des femmes se sont fait enlever leurs enfants, avec l’appui de tous les ordres de gouvernement et de tous les groupes religieux.

Parmi ces groupes, seule l’Église Unie a accepté l’invitation à comparaître devant le comité.

Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux joints par le comité ont également décliné l’invitation.

Valerie Andrews, directrice générale d’Origins Canada, un organisme qui vient en aide aux survivantes de la politique d’adoption du Canada d’après-guerre, a expliqué aux sénateurs que les mères non mariées étaient considérées comme atteintes de « maladie mentale ».

« Les travailleurs sociaux refusaient systématiquement de leur fournir des renseignements sur les ressources qui pourraient leur venir en aide pour exercer le métier de mère, même celles qui déclaraient explicitement vouloir être mères », a expliqué Mme Andrews.

Le comité a appris que des bébés ont été enlevés à leur mère presque immédiatement après la naissance. Certaines femmes, sous sédation pendant l’accouchement, n’ont jamais vu leur enfant. D’autres se sont fait dire que leur bébé était mort.

« Il y a toujours des mères qui ignorent si elles ont donné naissance à un garçon ou à une fille », a ajouté Mme Andrews.

Le comité a aussi entendu le témoignage de Rachel Siewert, sénatrice de l’Australie, qui a dirigé l’enquête sur l’histoire de la politique d’adoption de son pays. L’Australie a présenté des excuses officielles à toutes les personnes touchées par ce sombre chapitre de l’histoire du pays.

Le comité devrait publier un rapport sur la politique d’adoption du Canada d’après-guerre plus tard au cours de l’année.


Dans leurs propres mots : Récits de survivantes

Dans le cadre de son étude, le comité a reçu des mémoires de personnes du public qui ont été touchées par le mandat d'adoption du Canada. Ces récits ont été condensés.

 

Un secret

Je vis avec un secret.

On m’a enlevé ma fille dès sa naissance, alors que j’étais sous sédation. J’ai été maintenue sous sédation pendant trois jours. On m’a obligée à signer des documents d’adoption en me menaçant d’appeler la police si je refusais.

Pendant l’année qui a suivi la signature de ces documents, j’aurais pu changer d’avis n’importe quand, mais la travailleuse sociale ne me l’a jamais dit. Rien de ce que je pouvais dire à qui que ce soit n’avait d’importance. Personne ne voulait m’écouter.

Encore aujourd’hui, je suis étranglée par des sanglots et je dois retenir mes larmes juste à penser à l’envie désespérée d’être écoutée, de sentir que j’ai ma place et de serrer mon bébé dans mes bras.

Merci de m’écouter maintenant.

Vivre l’enfer en silence

On m’a violée en mai 1965. J’avais 20 ans.

Désespérée, je me suis adressée aux services sociaux. La travailleuse sociale m’a dit qu’elle allait trouver un « foyer » où je pourrais habiter jusqu’à mon accouchement.

J’étais sûrement sous anesthésie pendant l’accouchement, car j’étais complètement inconsciente! On ne m’a rien dit; je n’ai même pas su si c’était une fille ou un garçon!

L’infirmière m’a posé des bandages autour du torse pour me serrer la poitrine et empêcher la lactation. Je souffrais énormément.

J’ai souffert du trouble de stress post-traumatique tellement la douleur était insupportable, mais j’ai dû reprendre ma vie, me résoudre à vivre l’enfer en silence.

Des survivantes de la politique d’adoption d’après-guerre se confient

Sandra Jarvie avait 20 ans lorsqu’on l’a forcée à abandonner son enfant.

À l’époque, en 1968, le seul fait de ne pas être mariée suffisait pour qu’on la juge inapte à élever un enfant.

Le mardi 20 mars 2018, devant le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, Mme Jarvie a raconté avec émotion son expérience :

« La travailleuse sociale s’est postée devant moi et m’a annoncé froidement que je ne reverrais jamais mon bébé de toute ma vie, et que, si je cherchais à le retrouver, je détruirais sa vie. »

Entre les années 1940 et les années 1970, plus de 300 000 femmes non mariées ont été forcées de donner leur bébé en adoption. Souvent rejetées par leur famille, nombre de ces femmes qui avaient désespérément besoin d’aide se sont retrouvées dans des foyers financés par l’État et gérés par les grandes organisations religieuses, où elles étaient cachées et traitées comme si elles avaient fait quelque chose de mal.

Les membres du comité se penchent sur les répercussions de la politique d’adoption du Canada d’après-guerre sur les survivantes. Pendant les trois jours d’audience, les sénateurs ont entendu des détails parfois horribles sur la façon dont des femmes se sont fait enlever leurs enfants, avec l’appui de tous les ordres de gouvernement et de tous les groupes religieux.

Parmi ces groupes, seule l’Église Unie a accepté l’invitation à comparaître devant le comité.

Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux joints par le comité ont également décliné l’invitation.

Valerie Andrews, directrice générale d’Origins Canada, un organisme qui vient en aide aux survivantes de la politique d’adoption du Canada d’après-guerre, a expliqué aux sénateurs que les mères non mariées étaient considérées comme atteintes de « maladie mentale ».

« Les travailleurs sociaux refusaient systématiquement de leur fournir des renseignements sur les ressources qui pourraient leur venir en aide pour exercer le métier de mère, même celles qui déclaraient explicitement vouloir être mères », a expliqué Mme Andrews.

Le comité a appris que des bébés ont été enlevés à leur mère presque immédiatement après la naissance. Certaines femmes, sous sédation pendant l’accouchement, n’ont jamais vu leur enfant. D’autres se sont fait dire que leur bébé était mort.

« Il y a toujours des mères qui ignorent si elles ont donné naissance à un garçon ou à une fille », a ajouté Mme Andrews.

Le comité a aussi entendu le témoignage de Rachel Siewert, sénatrice de l’Australie, qui a dirigé l’enquête sur l’histoire de la politique d’adoption de son pays. L’Australie a présenté des excuses officielles à toutes les personnes touchées par ce sombre chapitre de l’histoire du pays.

Le comité devrait publier un rapport sur la politique d’adoption du Canada d’après-guerre plus tard au cours de l’année.


Dans leurs propres mots : Récits de survivantes

Dans le cadre de son étude, le comité a reçu des mémoires de personnes du public qui ont été touchées par le mandat d'adoption du Canada. Ces récits ont été condensés.

 

Un secret

Je vis avec un secret.

On m’a enlevé ma fille dès sa naissance, alors que j’étais sous sédation. J’ai été maintenue sous sédation pendant trois jours. On m’a obligée à signer des documents d’adoption en me menaçant d’appeler la police si je refusais.

Pendant l’année qui a suivi la signature de ces documents, j’aurais pu changer d’avis n’importe quand, mais la travailleuse sociale ne me l’a jamais dit. Rien de ce que je pouvais dire à qui que ce soit n’avait d’importance. Personne ne voulait m’écouter.

Encore aujourd’hui, je suis étranglée par des sanglots et je dois retenir mes larmes juste à penser à l’envie désespérée d’être écoutée, de sentir que j’ai ma place et de serrer mon bébé dans mes bras.

Merci de m’écouter maintenant.

Vivre l’enfer en silence

On m’a violée en mai 1965. J’avais 20 ans.

Désespérée, je me suis adressée aux services sociaux. La travailleuse sociale m’a dit qu’elle allait trouver un « foyer » où je pourrais habiter jusqu’à mon accouchement.

J’étais sûrement sous anesthésie pendant l’accouchement, car j’étais complètement inconsciente! On ne m’a rien dit; je n’ai même pas su si c’était une fille ou un garçon!

L’infirmière m’a posé des bandages autour du torse pour me serrer la poitrine et empêcher la lactation. Je souffrais énormément.

J’ai souffert du trouble de stress post-traumatique tellement la douleur était insupportable, mais j’ai dû reprendre ma vie, me résoudre à vivre l’enfer en silence.

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