Le savoir local et les bénévoles soutiennent les opérations de recherche et de sauvetage dans le Nord
Les côtes du Canada présentent certaines des conditions environnementales des plus difficiles au monde lorsqu’il s’agit de mener des missions de recherche et de sauvetage maritimes. Impitoyable, le Nord canadien pose des défis bien particuliers : les conditions météorologiques peuvent être brutales, la Garde côtière canadienne dispose de ressources limitées pour couvrir un vaste territoire, et les ressources militaires aériennes doivent partir de bases situées dans le sud de l’Ontario et sur la côte est en cas d’appel à l’aide.
Des groupes de résidents locaux déterminés — la plupart des bénévoles — trouvent toutefois des solutions novatrices, propres au Nord, pour assurer la sécurité des gens.
Des membres du Comité sénatorial des pêches et des océans ont poursuivi leur étude approfondie sur les opérations de recherche et sauvetage maritimes en effectuant une mission d’étude à Iqaluit, au Nunavut et à Kuujjuaq, au Québec, en octobre 2018. Voici un aperçu de ce qu’ils ont découvert.
Un petit aéronef effectue sa descente vers l’aéroport d’Iqaluit alors que le soleil se couche à Frobisher Bay. Il est difficile de trouver des ressources aériennes dans le Nord. Quelques brise-glaces de la Garde côtière canadienne sont équipés d’hélicoptères légers qui peuvent aider à effectuer des recherches seulement, et non à mener des opérations de sauvetage. Quant aux ressources militaires, elles se trouvent toutes à des heures de distance, dans des bases situées dans le Sud du Canada.
Michael Chappell, commandant de zone de l’Association civile de recherche et de sauvetage aériens — un groupe à but non lucratif formé de bénévoles qui est mieux connu par son acronyme en anglais CASARA — a indiqué au comité que son groupe bâtit des liens avec des entreprises privées qui ont des aéronefs dans le Nord de manière à pouvoir lancer plus rapidement les opérations de recherche.
De droite à gauche : Le sénateur Fabian Manning (président du comité), le sénateur Marc Gold (vice‑président) et la sénatrice Nancy Hartling écoutent les explications de Louis Robert au sujet du logiciel utilisé pour surveiller le trafic maritime dans l’Arctique au centre de communications de la Garde côtière canadienne à Iqaluit. La Garde côtière s’attend à ce que le trafic maritime augmente progressivement dans le périlleux passage du Nord-Ouest avec le réchauffement climatique dans le Nord.
À gauche, Glenn Williams, chef des opérations d’Arctic UAV, explique aux sénateurs comment les drones pourraient accroître l’efficacité des missions de recherche et sauvetage dans le Nord, sous l’œil attentif de Kirt Ejesiak, président-directeur général. Les drones qui utilisent des compas magnétiques ne sont pas efficaces lorsqu’ils sont si proche du pôle Nord magnétique. Cette entreprise d’Iqaluit utilise donc deux appareils GPS pour orienter ses drones, qui sont aussi équipés de caméras à haute résolution. Or, les règlements interdisent aux pilotes de faire voler leurs drones au-delà de leur ligne de vision, ce que M. Ejesiak cherche à changer.
La sénatrice Hartling et M. Williams examinent un des drones d’Arctic UAV dans l’atelier de travail de l’entreprise à Iqaluit. Chaque appareil coûte environ 300 000 $, ce qui peut sembler trop élevé pour la plupart des gens, mais pour le gouvernement, cela est beaucoup moins coûteux que d’envoyer des ressources militaires aériennes dans le Nord. Le comité a entendu qu’opérer un aéronef Hercules coûte 12 000 $ l’heure. M. Williams a également indiqué que l’entreprise est particulièrement fière de former des pilotes locaux.
Dans le cadre de sa mission d’étude, le comité s’est ensuite rendu à Kuujjuaq, un village situé près de la rivière Koksoak, juste au sud de la baie d’Ungava, dans la région du Nunavik, au nord du Québec. Accessible seulement par voie maritime ou aérienne, Kuujjuaq est le centre névralgique de cette région peu peuplée. Près de 90 % des habitants du Nunavik sont d’origine inuite.
La chasse et la pêche constituent un aspect important du mode de vie local. Or, le comité a entendu que les gens doivent aller de plus en plus loin pour chercher de la nourriture, ce qui augmente les risques qu’ils se heurtent à des difficultés et aient besoin d’être secourus.
Une embarcation rapide de sauvetage effectue une manœuvre devant la digue du petit port de Kuujjuaq. Le gouvernement local a dépensé 3,5 millions de dollars pour mettre en place une embarcation comme celle-ci dans chacune des 14 communautés du Nunavik à la suite d’un accident de bateau tragique survenu en 2003 dans la baie d’Ungava, un accident qui a coûté la vie de quatre résidents locaux, dont une jeune fille de 11 ans.
Les quatre personnes se rendaient en canot de Kuujjuaq à Kangirsuk, ce qui représente une distance d’environ 230 kilomètres à vol d’oiseau. Les autorités locales ont lancé des recherches lorsqu’ils ont constaté que les voyageurs n’arrivaient pas à destination. Les forces militaires ont été appelées environ deux jours plus tard.
Le manque de confiance grandissant entre les résidents locaux et les militaires ont nui aux activités de sauvetage selon les témoignages entendus et le rapport produit à la suite de l’opération. Les militaires et la garde côtière ont concentré leurs efforts dans une région près de laquelle on avait découvert des débris. Les résidents locaux qui connaissent bien les courants dans la baie d’Ungava croient que l’on aurait dû concentrer les recherches ailleurs
Le sénateur Manning, au centre, et le coordonnateur de la sécurité civile du gouvernement régional de Kativik, Craig Lingard, s’apprêtent à examiner l’embarcation rapide de sauvetage de Kuujjuaq. L’embarcation est pilotée par une équipe d’Inuits chevronnés. Selon M. Lingard, il s’agit d’un des moyens d’utiliser les connaissances locales pour améliorer les chances de succès en cas de recherches. Les règlements interdisent toutefois aux équipages de transporter des armes, ce qui peut causer des problèmes lorsque les sauveteurs rencontrent des ours durant une mission. M. Lingard a indiqué que les résidents locaux sont frustrés par les règles établies par des politiciens et des fonctionnaires du Sud qui ne comprennent pas les réalités du Nord.
Le sénateur Gold au volant d’une embarcation rapide de sauvetage.
Les sénateurs retournent sur la terre ferme après une expédition sous le vent à bord de l’embarcation rapide de sauvetage à Kuujjuaq. Le comité devrait publier son rapport sur les opérations de recherche et de sauvetage maritimes au Canada plus tard en 2018.
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Le savoir local et les bénévoles soutiennent les opérations de recherche et de sauvetage dans le Nord
Les côtes du Canada présentent certaines des conditions environnementales des plus difficiles au monde lorsqu’il s’agit de mener des missions de recherche et de sauvetage maritimes. Impitoyable, le Nord canadien pose des défis bien particuliers : les conditions météorologiques peuvent être brutales, la Garde côtière canadienne dispose de ressources limitées pour couvrir un vaste territoire, et les ressources militaires aériennes doivent partir de bases situées dans le sud de l’Ontario et sur la côte est en cas d’appel à l’aide.
Des groupes de résidents locaux déterminés — la plupart des bénévoles — trouvent toutefois des solutions novatrices, propres au Nord, pour assurer la sécurité des gens.
Des membres du Comité sénatorial des pêches et des océans ont poursuivi leur étude approfondie sur les opérations de recherche et sauvetage maritimes en effectuant une mission d’étude à Iqaluit, au Nunavut et à Kuujjuaq, au Québec, en octobre 2018. Voici un aperçu de ce qu’ils ont découvert.
Un petit aéronef effectue sa descente vers l’aéroport d’Iqaluit alors que le soleil se couche à Frobisher Bay. Il est difficile de trouver des ressources aériennes dans le Nord. Quelques brise-glaces de la Garde côtière canadienne sont équipés d’hélicoptères légers qui peuvent aider à effectuer des recherches seulement, et non à mener des opérations de sauvetage. Quant aux ressources militaires, elles se trouvent toutes à des heures de distance, dans des bases situées dans le Sud du Canada.
Michael Chappell, commandant de zone de l’Association civile de recherche et de sauvetage aériens — un groupe à but non lucratif formé de bénévoles qui est mieux connu par son acronyme en anglais CASARA — a indiqué au comité que son groupe bâtit des liens avec des entreprises privées qui ont des aéronefs dans le Nord de manière à pouvoir lancer plus rapidement les opérations de recherche.
De droite à gauche : Le sénateur Fabian Manning (président du comité), le sénateur Marc Gold (vice‑président) et la sénatrice Nancy Hartling écoutent les explications de Louis Robert au sujet du logiciel utilisé pour surveiller le trafic maritime dans l’Arctique au centre de communications de la Garde côtière canadienne à Iqaluit. La Garde côtière s’attend à ce que le trafic maritime augmente progressivement dans le périlleux passage du Nord-Ouest avec le réchauffement climatique dans le Nord.
À gauche, Glenn Williams, chef des opérations d’Arctic UAV, explique aux sénateurs comment les drones pourraient accroître l’efficacité des missions de recherche et sauvetage dans le Nord, sous l’œil attentif de Kirt Ejesiak, président-directeur général. Les drones qui utilisent des compas magnétiques ne sont pas efficaces lorsqu’ils sont si proche du pôle Nord magnétique. Cette entreprise d’Iqaluit utilise donc deux appareils GPS pour orienter ses drones, qui sont aussi équipés de caméras à haute résolution. Or, les règlements interdisent aux pilotes de faire voler leurs drones au-delà de leur ligne de vision, ce que M. Ejesiak cherche à changer.
La sénatrice Hartling et M. Williams examinent un des drones d’Arctic UAV dans l’atelier de travail de l’entreprise à Iqaluit. Chaque appareil coûte environ 300 000 $, ce qui peut sembler trop élevé pour la plupart des gens, mais pour le gouvernement, cela est beaucoup moins coûteux que d’envoyer des ressources militaires aériennes dans le Nord. Le comité a entendu qu’opérer un aéronef Hercules coûte 12 000 $ l’heure. M. Williams a également indiqué que l’entreprise est particulièrement fière de former des pilotes locaux.
Dans le cadre de sa mission d’étude, le comité s’est ensuite rendu à Kuujjuaq, un village situé près de la rivière Koksoak, juste au sud de la baie d’Ungava, dans la région du Nunavik, au nord du Québec. Accessible seulement par voie maritime ou aérienne, Kuujjuaq est le centre névralgique de cette région peu peuplée. Près de 90 % des habitants du Nunavik sont d’origine inuite.
La chasse et la pêche constituent un aspect important du mode de vie local. Or, le comité a entendu que les gens doivent aller de plus en plus loin pour chercher de la nourriture, ce qui augmente les risques qu’ils se heurtent à des difficultés et aient besoin d’être secourus.
Une embarcation rapide de sauvetage effectue une manœuvre devant la digue du petit port de Kuujjuaq. Le gouvernement local a dépensé 3,5 millions de dollars pour mettre en place une embarcation comme celle-ci dans chacune des 14 communautés du Nunavik à la suite d’un accident de bateau tragique survenu en 2003 dans la baie d’Ungava, un accident qui a coûté la vie de quatre résidents locaux, dont une jeune fille de 11 ans.
Les quatre personnes se rendaient en canot de Kuujjuaq à Kangirsuk, ce qui représente une distance d’environ 230 kilomètres à vol d’oiseau. Les autorités locales ont lancé des recherches lorsqu’ils ont constaté que les voyageurs n’arrivaient pas à destination. Les forces militaires ont été appelées environ deux jours plus tard.
Le manque de confiance grandissant entre les résidents locaux et les militaires ont nui aux activités de sauvetage selon les témoignages entendus et le rapport produit à la suite de l’opération. Les militaires et la garde côtière ont concentré leurs efforts dans une région près de laquelle on avait découvert des débris. Les résidents locaux qui connaissent bien les courants dans la baie d’Ungava croient que l’on aurait dû concentrer les recherches ailleurs
Le sénateur Manning, au centre, et le coordonnateur de la sécurité civile du gouvernement régional de Kativik, Craig Lingard, s’apprêtent à examiner l’embarcation rapide de sauvetage de Kuujjuaq. L’embarcation est pilotée par une équipe d’Inuits chevronnés. Selon M. Lingard, il s’agit d’un des moyens d’utiliser les connaissances locales pour améliorer les chances de succès en cas de recherches. Les règlements interdisent toutefois aux équipages de transporter des armes, ce qui peut causer des problèmes lorsque les sauveteurs rencontrent des ours durant une mission. M. Lingard a indiqué que les résidents locaux sont frustrés par les règles établies par des politiciens et des fonctionnaires du Sud qui ne comprennent pas les réalités du Nord.
Le sénateur Gold au volant d’une embarcation rapide de sauvetage.
Les sénateurs retournent sur la terre ferme après une expédition sous le vent à bord de l’embarcation rapide de sauvetage à Kuujjuaq. Le comité devrait publier son rapport sur les opérations de recherche et de sauvetage maritimes au Canada plus tard en 2018.