Un siècle de deuil : honorer le Newfoundland Regiment
Chaque année, le 1er juillet est un jour de célébration nationale pour les Canadiens.
Malgré les festivités et les feux d’artifice, une province pleure ses morts, soit toute une génération perdue de jeunes hommes tombés au combat lors de l’une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale.
Le 1er juillet, Terre-Neuve-et-Labrador, la plus jeune des provinces canadiennes, souligne le Jour du Souvenir et commémore le moment où a eu lieu le massacre du Newfoundland Regiment lors de la bataille de la Somme en 1916.
Dans le même champ de bataille du Nord-Est de la France où les Romains repoussèrent jadis Attila le Hun, les Alliés avaient planifié de percer les tranchées allemandes en lançant une « grande offensive. »
Le 1er juillet 1916, près de la ville de Beaumont-Hamel, 801 Terre-Neuviens ont reçu l’ordre de s’avancer dans le No Man’s Land.
Ce fut un massacre.
Seuls 68 hommes répondirent à l’appel le lendemain. Le 1er juillet est ainsi devenu un jour de deuil pour toute une population que la douleur liée à la perte d’êtres chers rapprocha.
« Il ne fait aucun doute que [la Bataille de la Somme] a changé à jamais le cours de l’histoire de Terre-Neuve-et-Labrador, » a déclaré le sénateur Fabian Manning.
« Les sacrifices incroyables consentis par les hommes du 1er Régiment à Beaumont-Hamel ce jour-là résonnent encore aujourd’hui à travers Terre-Neuve-et-Labrador. »
Aujourd’hui, une statue commémorative représentant un caribou s’élève à Beaumont-Hamel – un monument en l’honneur de Terre-Neuve et en reconnaissance des jeunes hommes courageux, qui ont renoncé à leur foyer et à leur sécurité pour aller se battre dans des tranchées boueuses, sont disparus à jamais.
Le régiment de Terre-Neuve, ou les « Blue Puttees » comme on les appelait, en raison de leurs jambières bleues, ont défini un moment qui, à ce jour, renforce le caractère unique de Terre‑Neuve‑et‑Labrador.
Pour souligner le 100e anniversaire de la Bataille de Beaumont-Hamel, le Président du Sénat, George Furey, originaire de Terre-Neuve, a suspendu au Sénat une œuvre d’art commémorative de l’artiste terre-neuvien Grant Boland.
"Le vide laissé par le sacrifice de cette génération de jeunes hommes a longtemps été ressenti à Terre‑Neuve-et-Labrador, et il est toujours présent dans notre mémoire. Le récit de leur dévouement et de leur courage extraordinaire continuera d’être raconté.
Le Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel, en France, le symbolise : il s’agit d’un véritable testament de l’esprit des sacrifices qui ont été faits en ce jour fatidique, il y a 100 ans. Le majestueux caribou de bronze, emblème du régiment terre-neuvien, avec sa tête haute en direction du champ de bataille rappelle le courage et la résilience du régiment. On peut y lire le nom des défunts inscrits sur trois plaques de bronze ainsi que ces paroles de John Oxenham, sur l’épitaphe au bas :
Et, la tête baissée et le cœur humble
Tentez tant que possible de saisir le gain à venir dans cette dure perte
Car jamais une tourbe froide et humide n’a bu
Son trop-plein de sang d’hommes vaillants
Eux qui pour leur foi, leur espoir – de vie et de liberté
Ont ici fait le sacrifice
Ont ici donné leur vie, de bon cœur – pour vous et moi."
Grant Boland, artiste terre-neuvien qui a peint l’œuvre d’art commémorative
"Lors d’une chaude soirée, un 1er juillet, je sirotais un whisky en compagnie d’un ami au centre‑ville de St. John’s. Nous levions notre verre aux Terre-Neuviens morts au combat lors de cette journée instituée en leur honneur. Pour faire contraste à notre solennité, une foule de gens vêtus de rouge et de blanc défilaient, la plupart affichant avec fierté leur patriotisme. J’étais agacé par l’indifférence apparente de cette foule à l’égard de l’importance historique et du caractère sacré de cette journée pour Terre-Neuve. Je me suis alors mis à demander à des passants au hasard ce que signifiait pour eux le 1er juillet. Tous, sans exception, m’ont donné la même réponse : « la fête du Canada ! » Nul n’a fait mention du Jour du Souvenir de Terre-Neuve. Je ressens encore la vive piqûre de leur ignorance.
Notre histoire est-elle vouée à l’oubli, jusqu’au jour où certains d’entre nous la découvrent par hasard ? L’histoire de Terre-Neuve ne semble occuper qu’une place marginale dans le cursus scolaire. Je me suis demandé ce qu’il en serait si je traitais notre culture et notre histoire à l’américaine au moyen d’affiches de films peintes à la main – un art qui se meurt – dignes des belles années du cinéma hollywoodien du milieu du siècle dernier ? Peut-être que ces affiches nous renverraient une autre image de nous."
Regardez l’œuvre complet:
Grant Boland continuera d’alimenter sa série d’affiches de films « Talking Pictures, » qui met en scène l’histoire de Terre‑Neuve.
Pour en apprendre davantage sur les 100e anniversaires des batailles de la Somme et de Beaumont-Hamel, visitez les Anciens Combattants Canada.
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Un siècle de deuil : honorer le Newfoundland Regiment
Chaque année, le 1er juillet est un jour de célébration nationale pour les Canadiens.
Malgré les festivités et les feux d’artifice, une province pleure ses morts, soit toute une génération perdue de jeunes hommes tombés au combat lors de l’une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale.
Le 1er juillet, Terre-Neuve-et-Labrador, la plus jeune des provinces canadiennes, souligne le Jour du Souvenir et commémore le moment où a eu lieu le massacre du Newfoundland Regiment lors de la bataille de la Somme en 1916.
Dans le même champ de bataille du Nord-Est de la France où les Romains repoussèrent jadis Attila le Hun, les Alliés avaient planifié de percer les tranchées allemandes en lançant une « grande offensive. »
Le 1er juillet 1916, près de la ville de Beaumont-Hamel, 801 Terre-Neuviens ont reçu l’ordre de s’avancer dans le No Man’s Land.
Ce fut un massacre.
Seuls 68 hommes répondirent à l’appel le lendemain. Le 1er juillet est ainsi devenu un jour de deuil pour toute une population que la douleur liée à la perte d’êtres chers rapprocha.
« Il ne fait aucun doute que [la Bataille de la Somme] a changé à jamais le cours de l’histoire de Terre-Neuve-et-Labrador, » a déclaré le sénateur Fabian Manning.
« Les sacrifices incroyables consentis par les hommes du 1er Régiment à Beaumont-Hamel ce jour-là résonnent encore aujourd’hui à travers Terre-Neuve-et-Labrador. »
Aujourd’hui, une statue commémorative représentant un caribou s’élève à Beaumont-Hamel – un monument en l’honneur de Terre-Neuve et en reconnaissance des jeunes hommes courageux, qui ont renoncé à leur foyer et à leur sécurité pour aller se battre dans des tranchées boueuses, sont disparus à jamais.
Le régiment de Terre-Neuve, ou les « Blue Puttees » comme on les appelait, en raison de leurs jambières bleues, ont défini un moment qui, à ce jour, renforce le caractère unique de Terre‑Neuve‑et‑Labrador.
Pour souligner le 100e anniversaire de la Bataille de Beaumont-Hamel, le Président du Sénat, George Furey, originaire de Terre-Neuve, a suspendu au Sénat une œuvre d’art commémorative de l’artiste terre-neuvien Grant Boland.
"Le vide laissé par le sacrifice de cette génération de jeunes hommes a longtemps été ressenti à Terre‑Neuve-et-Labrador, et il est toujours présent dans notre mémoire. Le récit de leur dévouement et de leur courage extraordinaire continuera d’être raconté.
Le Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel, en France, le symbolise : il s’agit d’un véritable testament de l’esprit des sacrifices qui ont été faits en ce jour fatidique, il y a 100 ans. Le majestueux caribou de bronze, emblème du régiment terre-neuvien, avec sa tête haute en direction du champ de bataille rappelle le courage et la résilience du régiment. On peut y lire le nom des défunts inscrits sur trois plaques de bronze ainsi que ces paroles de John Oxenham, sur l’épitaphe au bas :
Et, la tête baissée et le cœur humble
Tentez tant que possible de saisir le gain à venir dans cette dure perte
Car jamais une tourbe froide et humide n’a bu
Son trop-plein de sang d’hommes vaillants
Eux qui pour leur foi, leur espoir – de vie et de liberté
Ont ici fait le sacrifice
Ont ici donné leur vie, de bon cœur – pour vous et moi."
Grant Boland, artiste terre-neuvien qui a peint l’œuvre d’art commémorative
"Lors d’une chaude soirée, un 1er juillet, je sirotais un whisky en compagnie d’un ami au centre‑ville de St. John’s. Nous levions notre verre aux Terre-Neuviens morts au combat lors de cette journée instituée en leur honneur. Pour faire contraste à notre solennité, une foule de gens vêtus de rouge et de blanc défilaient, la plupart affichant avec fierté leur patriotisme. J’étais agacé par l’indifférence apparente de cette foule à l’égard de l’importance historique et du caractère sacré de cette journée pour Terre-Neuve. Je me suis alors mis à demander à des passants au hasard ce que signifiait pour eux le 1er juillet. Tous, sans exception, m’ont donné la même réponse : « la fête du Canada ! » Nul n’a fait mention du Jour du Souvenir de Terre-Neuve. Je ressens encore la vive piqûre de leur ignorance.
Notre histoire est-elle vouée à l’oubli, jusqu’au jour où certains d’entre nous la découvrent par hasard ? L’histoire de Terre-Neuve ne semble occuper qu’une place marginale dans le cursus scolaire. Je me suis demandé ce qu’il en serait si je traitais notre culture et notre histoire à l’américaine au moyen d’affiches de films peintes à la main – un art qui se meurt – dignes des belles années du cinéma hollywoodien du milieu du siècle dernier ? Peut-être que ces affiches nous renverraient une autre image de nous."
Regardez l’œuvre complet:
Grant Boland continuera d’alimenter sa série d’affiches de films « Talking Pictures, » qui met en scène l’histoire de Terre‑Neuve.
Pour en apprendre davantage sur les 100e anniversaires des batailles de la Somme et de Beaumont-Hamel, visitez les Anciens Combattants Canada.