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À l’ère nucléaire, la paix est le seul choix : Sénatrice Jaffer et Sénateur Woo

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À l’heure où la menace d’une guerre dévastatrice guette l’Asie du Nord-Est, le Canada a le devoir d’aider à apaiser les tensions dans la région avant qu’il ne soit trop tard.

En novembre dernier, la Corée du Nord a testé son plus récent missile à longue portée, le Hwaesong‑15, qui pourrait menacer n’importe quelle ville en Amérique du Nord. C’est là le plus récent ajout à un arsenal qui est déjà en mesure de détruire de grandes agglomérations urbaines des pays voisins.

La réponse américaine n’est, pour sa part, nullement rassurante. La rhétorique de la Maison-Blanche et du Congrès a placé les États-Unis sur la trajectoire d’une collision avec l’État voyou de Kim Jong-Un.

Le pire des scénarios pourrait mener à une guerre nucléaire. Malgré les assurances de la Maison-Blanche, l’Amérique du Nord pourrait être plus vulnérable qu’on ne le pense.

Les systèmes de défense antimissile balistique (DAB) ne sont pas infaillibles. En fait, la complaisance qui découle d’une confiance aveugle dans les systèmes DAB pourrait compliquer davantage une résolution pacifique à cette crise tout en mettant en danger les populations des deux côtés du Pacifique.

À l’heure actuelle, il n’existe qu’un seul système capable d’arrêter les missiles intercontinentaux Hwaesong de la Corée du Nord : les intercepteurs pour la défense mi-course terrestre. Selon les experts, c’est le moyen de défense presque parfait; il y a en effet 97 % de chance d’abattre un missile si quatre intercepteurs sont employés.

Ces chances peuvent paraître bonnes à première vue, mais un problème considérable demeure : les États-Unis ne possèdent que 44 de ces intercepteurs. Autrement dit, si la Corée du Nord tire plus de 11 missiles — y compris les leurres —, les chances d’intercepter les missiles diminuent rapidement. Le problème est donc complexe.

Même dans le meilleur des cas — où la Corée du Nord n’est pas en mesure de guider et de maîtriser efficacement ses missiles balistiques intercontinentaux — la confiance aveugle dans ces systèmes DAB est un pari risqué qui pourrait mettre en danger des millions de vies.

Notre monde est maintenant plus près d’une guerre nucléaire qu’à tout autre moment depuis la crise des missiles cubains, en 1962. En tant que pays sans arsenal nucléaire et avec une longue histoire de maintien de la paix, que devrait faire le Canada?

Rappelons-nous les paroles de Lester B. Pearson lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la paix, il y a 60 ans :

« Nous devons faire preuve d’une détermination rigoureuse et renouvelée d’employer toutes les techniques de discussion et de négociation qui puissent exister, voire à en inventer de nouvelles, pour parvenir à une solution aux problèmes complexes et effrayants qui nous divisent aujourd’hui, problèmes qui sèment la peur et l’hostilité [...] »

En cas de menace de guerre nucléaire, la diplomatie demeure la meilleure option. En fait, c’est peut-être l’unique option. À cet égard, le Canada a déjà démontré son leadership en organisant un sommet international au début de 2018 pour aider à désamorcer la crise. Ce sommet ne mènera peut-être à rien, mais comme l’a si bien dit Churchill, mieux vaut discourir sans fin que guerroyer.

La relation spéciale du Canada avec les États-Unis, et notre histoire généralement positive en Asie, nous place dans une position privilégiée pour faire valoir des solutions diplomatiques à la crise nucléaire en Asie du Nord-Est. Malgré les déclarations intempestives des États-Unis, nous avons déjà réussi à obtenir l’engagement du secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, à coanimer une réunion de ministres étrangers sur la menace de la Corée du Nord au début de 2018. Il ne faut ménager aucun effort pour obtenir la participation de hauts dirigeants de la Chine, pays qui détient peut-être la clé d’une solution pacifique dans la région et, de plus, pourrait représenter la voie du développement économique pour une Corée du Nord appauvri.

Reconnu sur la scène internationale pour sa réputation d’intermédiaire honnête, le Canada doit créer une tribune où toutes les parties au conflit pourront se faire entendre et trouver une solution pacifique à cette menace existentielle.

Par ailleurs, une autre Canadienne était à Oslo le 10 décembre dernier pour y recevoir le prix Nobel de la paix. En effet, Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, a reçu le prix au côté de ses collègues de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires. Elle connaît mieux que quiconque les horreurs d’une attaque nucléaire. Nous devrions suivre ses conseils pour éviter à tout prix une répétition de cette catastrophe.

Mobina Jaffer et Yuen Pau Woo sont des sénateurs de la Colombie-Britannique.

Cet article a été publié le 25 décembre 2017 dans le journal The Vancouver Sun (en anglais seulement).

L’honorable sénatrice Mobina Jaffer a pris sa retraite du Sénat du Canada en août 2024. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

À l’heure où la menace d’une guerre dévastatrice guette l’Asie du Nord-Est, le Canada a le devoir d’aider à apaiser les tensions dans la région avant qu’il ne soit trop tard.

En novembre dernier, la Corée du Nord a testé son plus récent missile à longue portée, le Hwaesong‑15, qui pourrait menacer n’importe quelle ville en Amérique du Nord. C’est là le plus récent ajout à un arsenal qui est déjà en mesure de détruire de grandes agglomérations urbaines des pays voisins.

La réponse américaine n’est, pour sa part, nullement rassurante. La rhétorique de la Maison-Blanche et du Congrès a placé les États-Unis sur la trajectoire d’une collision avec l’État voyou de Kim Jong-Un.

Le pire des scénarios pourrait mener à une guerre nucléaire. Malgré les assurances de la Maison-Blanche, l’Amérique du Nord pourrait être plus vulnérable qu’on ne le pense.

Les systèmes de défense antimissile balistique (DAB) ne sont pas infaillibles. En fait, la complaisance qui découle d’une confiance aveugle dans les systèmes DAB pourrait compliquer davantage une résolution pacifique à cette crise tout en mettant en danger les populations des deux côtés du Pacifique.

À l’heure actuelle, il n’existe qu’un seul système capable d’arrêter les missiles intercontinentaux Hwaesong de la Corée du Nord : les intercepteurs pour la défense mi-course terrestre. Selon les experts, c’est le moyen de défense presque parfait; il y a en effet 97 % de chance d’abattre un missile si quatre intercepteurs sont employés.

Ces chances peuvent paraître bonnes à première vue, mais un problème considérable demeure : les États-Unis ne possèdent que 44 de ces intercepteurs. Autrement dit, si la Corée du Nord tire plus de 11 missiles — y compris les leurres —, les chances d’intercepter les missiles diminuent rapidement. Le problème est donc complexe.

Même dans le meilleur des cas — où la Corée du Nord n’est pas en mesure de guider et de maîtriser efficacement ses missiles balistiques intercontinentaux — la confiance aveugle dans ces systèmes DAB est un pari risqué qui pourrait mettre en danger des millions de vies.

Notre monde est maintenant plus près d’une guerre nucléaire qu’à tout autre moment depuis la crise des missiles cubains, en 1962. En tant que pays sans arsenal nucléaire et avec une longue histoire de maintien de la paix, que devrait faire le Canada?

Rappelons-nous les paroles de Lester B. Pearson lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la paix, il y a 60 ans :

« Nous devons faire preuve d’une détermination rigoureuse et renouvelée d’employer toutes les techniques de discussion et de négociation qui puissent exister, voire à en inventer de nouvelles, pour parvenir à une solution aux problèmes complexes et effrayants qui nous divisent aujourd’hui, problèmes qui sèment la peur et l’hostilité [...] »

En cas de menace de guerre nucléaire, la diplomatie demeure la meilleure option. En fait, c’est peut-être l’unique option. À cet égard, le Canada a déjà démontré son leadership en organisant un sommet international au début de 2018 pour aider à désamorcer la crise. Ce sommet ne mènera peut-être à rien, mais comme l’a si bien dit Churchill, mieux vaut discourir sans fin que guerroyer.

La relation spéciale du Canada avec les États-Unis, et notre histoire généralement positive en Asie, nous place dans une position privilégiée pour faire valoir des solutions diplomatiques à la crise nucléaire en Asie du Nord-Est. Malgré les déclarations intempestives des États-Unis, nous avons déjà réussi à obtenir l’engagement du secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, à coanimer une réunion de ministres étrangers sur la menace de la Corée du Nord au début de 2018. Il ne faut ménager aucun effort pour obtenir la participation de hauts dirigeants de la Chine, pays qui détient peut-être la clé d’une solution pacifique dans la région et, de plus, pourrait représenter la voie du développement économique pour une Corée du Nord appauvri.

Reconnu sur la scène internationale pour sa réputation d’intermédiaire honnête, le Canada doit créer une tribune où toutes les parties au conflit pourront se faire entendre et trouver une solution pacifique à cette menace existentielle.

Par ailleurs, une autre Canadienne était à Oslo le 10 décembre dernier pour y recevoir le prix Nobel de la paix. En effet, Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, a reçu le prix au côté de ses collègues de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires. Elle connaît mieux que quiconque les horreurs d’une attaque nucléaire. Nous devrions suivre ses conseils pour éviter à tout prix une répétition de cette catastrophe.

Mobina Jaffer et Yuen Pau Woo sont des sénateurs de la Colombie-Britannique.

Cet article a été publié le 25 décembre 2017 dans le journal The Vancouver Sun (en anglais seulement).

L’honorable sénatrice Mobina Jaffer a pris sa retraite du Sénat du Canada en août 2024. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

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