Célébrons l’amitié qui unit les Mi’kmaq et les Acadiens : Sénateur Christmas et Sénateur Cormier
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L’histoire du Canada en est une de rencontres. Notre pays se définit par les relations entre ses peuples. Cet été, les Canadiens célèbrent l’une de ces relations : la chaleureuse amitié entre les Mi’kmaq et les Acadiens.
À titre de sénateurs de descendance mi’kmaq et acadienne, c’est une histoire que nous tenons à raconter.
L’histoire entre les Mi’kmaq et les Européens remonte au tout début.
Et leur histoire n’est pas sans tragédie. Leur contact a mené à des épidémies ayant décimé des populations et provoqué la désintégration sociale. Toutefois, de nouvelles relations se sont aussi nouées dans les communautés.
En tissant des liens d’amitié, les Mi’kmaq et les colons Français ont échangé non seulement des biens, mais aussi des coutumes. Les premiers colons Français arrivés en 1604 ont graduellement bâti des traditions et une identité leur étant propres, soit la culture acadienne.
Malheureusement, les conflits du XVIIIe siècle ont perturbé cette période de paix et de stabilité.
En 1713, la France a cédé l’Acadie aux Britanniques et conservé les terres qu’elle possédait en Amérique du Nord avant la guerre, dont l’Île-Saint-Jean (aujourd’hui l’Île-du-Prince-Édouard) ainsi que l’Île Royale (aujourd’hui l’île du Cap-Breton).
De leur côté, les chefs Mi’kmaq ont signé des traités avec les Britanniques pour protéger leur mode de vie. Les décennies qui ont suivi ont toutefois été marquées par toutes sortes d’actes de violence et le non-respect des traités. Par exemple, la plupart des chefs Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse ont vu, dans la création unilatérale de Halifax, une violation du traité de 1726.
Plus tard, en 1749, le gouverneur Edward Cornwallis a offert de payer une prime à quiconque tuerait un Mi’kmaq. De 1713 à 1755, on a ainsi forcé de nombreux députés acadiens à prêter serment de loyauté à la Couronne britannique. L’amitié entre les Mi’kmaq et les Acadiens était alors vue comme une menace pour le port de Halifax, auquel les Mi’kmaq s’étaient opposés. À l’époque, l’objectif était de repousser ou d’éradiquer les Mi’kmaq et de déporter les Acadiens.
« Le Grand Dérangement, » une opération de nettoyage ethnique, a eu lieu de 1755 à 1763. Environ 10 000 Acadiens ont été déportés vers des colonies anglaises, la France et les Caraïbes. Des milliers d’entre eux ont succombé aux maladies ou à la famine, les conditions à bord des bateaux étant horribles. Beaucoup d’entre eux ont abouti en Louisiane, le Pays « cajun. » D’autres ont fini par revenir et par s’établir dans les provinces de l’Atlantique.
Pendant que les Britanniques déportaient leurs voisins acadiens, les Mi’kmaq ne sont pas restés les bras croisés. Leurs guerriers ont pris les armes et ont combattu aux côtés des Acadiens dans plusieurs escarmouches. Des Mi’kmaq ont aussi offert le refuge à des centaines de fugitifs acadiens.
Nos deux peuples se sont tenus debout, et ce, même au moment de la Confédération et des conflits subséquents.
Les Mi’kmaq ont perdu leurs terres, leur culture, leur mode de gouvernance. Leurs enfants ont été envoyés dans des pensionnats tout au long du XXe siècle.
Les Acadiens ont poursuivi leur chemin comme un peuple brisé, isolé du reste du Canada francophone. Jusqu’au milieu des années 1800, ils ont été tenus à l’écart du pouvoir politique et économique. De petites communautés acadiennes dans les provinces de l’Atlantique ont survécu dans la précarité. Puis, les choses se sont mises à changer avec l’ouverture d’établissements d’enseignement supérieur. Une nouvelle élite militait et revendiquait plus de droits pour les Acadiens. Une nouvelle forme de nationalisme est ainsi née; c’est l’époque de la Renaissance acadienne.
Des dizaines d’années plus tard, le français a été reconnu à titre de langue officielle au Nouveau‑Brunswick. Cette reconnaissance a mené à une revitalisation de la culture acadienne et aujourd’hui, les Acadiens forment des communautés dynamiques en Nouvelle‑Écosse, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador, aux Îles-de-la-Madeleine, au Québec, à Saint-Pierre-et-Miquelon, en France et, bien sûr, en Louisiane. Ces communautés forment la Grande Acadie, reconnue internationalement.
Du côté des Mi’kmaq, en juillet 1997, ils ont signé, de concert avec le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, le protocole d’entente tripartite de la Nouvelle-Écosse en vue de créer un forum (en anglais seulement) pour discuter des questions qui touchent les communautés des Mi’kmaq.
Les Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse ont également repris les discussions avec le gouvernement fédéral et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse sur les droits ancestraux et issus de traités (en anglais seulement). Le 23 février 2007, l’Entente Cadre entre les Mi’kmaq, la Nouvelle-Écosse et le Canada a été signée, ce qui a mené à un processus « pour le respect de droits constitutionnels à l’égard des terres, des ressources et de la gouvernance, dans la mesure des éléments traités dans l’Entente. »
Quatre siècles se sont écoulés depuis la rencontre de nos peuples, et cela fait plus de 250 ans qu’ensemble, nous avons surmonté le colonialisme. Nous souhaitons non seulement renouer les liens qui nous unissent, mais aussi montrer aux Canadiens le véritable sens de la réconciliation.
Du 10 au 13 août, quatre communautés Mi’kmaq et les Acadiens ont été les hôtes d’un grand rassemblement à Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse. L’événement a été coprésidé par l’Assemblée des Premières Nations et la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse. Visitez le grandpre2017.ca pour en apprendre davantage.
Daniel Christmas est un sénateur Mi’kmaq représentant la Nouvelle-Écosse.
René Cormier est un sénateur acadien indépendant représentant le Nouveau-Brunswick.
Cet article a été publié le 10 août 2017 dans le journal the Chronicle Herald (en anglais seulement).
Avis aux lecteurs : L’honorable Doug Black a pris sa retraite du Sénat du Canada en janvier 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
L’histoire du Canada en est une de rencontres. Notre pays se définit par les relations entre ses peuples. Cet été, les Canadiens célèbrent l’une de ces relations : la chaleureuse amitié entre les Mi’kmaq et les Acadiens.
À titre de sénateurs de descendance mi’kmaq et acadienne, c’est une histoire que nous tenons à raconter.
L’histoire entre les Mi’kmaq et les Européens remonte au tout début.
Et leur histoire n’est pas sans tragédie. Leur contact a mené à des épidémies ayant décimé des populations et provoqué la désintégration sociale. Toutefois, de nouvelles relations se sont aussi nouées dans les communautés.
En tissant des liens d’amitié, les Mi’kmaq et les colons Français ont échangé non seulement des biens, mais aussi des coutumes. Les premiers colons Français arrivés en 1604 ont graduellement bâti des traditions et une identité leur étant propres, soit la culture acadienne.
Malheureusement, les conflits du XVIIIe siècle ont perturbé cette période de paix et de stabilité.
En 1713, la France a cédé l’Acadie aux Britanniques et conservé les terres qu’elle possédait en Amérique du Nord avant la guerre, dont l’Île-Saint-Jean (aujourd’hui l’Île-du-Prince-Édouard) ainsi que l’Île Royale (aujourd’hui l’île du Cap-Breton).
De leur côté, les chefs Mi’kmaq ont signé des traités avec les Britanniques pour protéger leur mode de vie. Les décennies qui ont suivi ont toutefois été marquées par toutes sortes d’actes de violence et le non-respect des traités. Par exemple, la plupart des chefs Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse ont vu, dans la création unilatérale de Halifax, une violation du traité de 1726.
Plus tard, en 1749, le gouverneur Edward Cornwallis a offert de payer une prime à quiconque tuerait un Mi’kmaq. De 1713 à 1755, on a ainsi forcé de nombreux députés acadiens à prêter serment de loyauté à la Couronne britannique. L’amitié entre les Mi’kmaq et les Acadiens était alors vue comme une menace pour le port de Halifax, auquel les Mi’kmaq s’étaient opposés. À l’époque, l’objectif était de repousser ou d’éradiquer les Mi’kmaq et de déporter les Acadiens.
« Le Grand Dérangement, » une opération de nettoyage ethnique, a eu lieu de 1755 à 1763. Environ 10 000 Acadiens ont été déportés vers des colonies anglaises, la France et les Caraïbes. Des milliers d’entre eux ont succombé aux maladies ou à la famine, les conditions à bord des bateaux étant horribles. Beaucoup d’entre eux ont abouti en Louisiane, le Pays « cajun. » D’autres ont fini par revenir et par s’établir dans les provinces de l’Atlantique.
Pendant que les Britanniques déportaient leurs voisins acadiens, les Mi’kmaq ne sont pas restés les bras croisés. Leurs guerriers ont pris les armes et ont combattu aux côtés des Acadiens dans plusieurs escarmouches. Des Mi’kmaq ont aussi offert le refuge à des centaines de fugitifs acadiens.
Nos deux peuples se sont tenus debout, et ce, même au moment de la Confédération et des conflits subséquents.
Les Mi’kmaq ont perdu leurs terres, leur culture, leur mode de gouvernance. Leurs enfants ont été envoyés dans des pensionnats tout au long du XXe siècle.
Les Acadiens ont poursuivi leur chemin comme un peuple brisé, isolé du reste du Canada francophone. Jusqu’au milieu des années 1800, ils ont été tenus à l’écart du pouvoir politique et économique. De petites communautés acadiennes dans les provinces de l’Atlantique ont survécu dans la précarité. Puis, les choses se sont mises à changer avec l’ouverture d’établissements d’enseignement supérieur. Une nouvelle élite militait et revendiquait plus de droits pour les Acadiens. Une nouvelle forme de nationalisme est ainsi née; c’est l’époque de la Renaissance acadienne.
Des dizaines d’années plus tard, le français a été reconnu à titre de langue officielle au Nouveau‑Brunswick. Cette reconnaissance a mené à une revitalisation de la culture acadienne et aujourd’hui, les Acadiens forment des communautés dynamiques en Nouvelle‑Écosse, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador, aux Îles-de-la-Madeleine, au Québec, à Saint-Pierre-et-Miquelon, en France et, bien sûr, en Louisiane. Ces communautés forment la Grande Acadie, reconnue internationalement.
Du côté des Mi’kmaq, en juillet 1997, ils ont signé, de concert avec le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, le protocole d’entente tripartite de la Nouvelle-Écosse en vue de créer un forum (en anglais seulement) pour discuter des questions qui touchent les communautés des Mi’kmaq.
Les Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse ont également repris les discussions avec le gouvernement fédéral et le gouvernement de la Nouvelle-Écosse sur les droits ancestraux et issus de traités (en anglais seulement). Le 23 février 2007, l’Entente Cadre entre les Mi’kmaq, la Nouvelle-Écosse et le Canada a été signée, ce qui a mené à un processus « pour le respect de droits constitutionnels à l’égard des terres, des ressources et de la gouvernance, dans la mesure des éléments traités dans l’Entente. »
Quatre siècles se sont écoulés depuis la rencontre de nos peuples, et cela fait plus de 250 ans qu’ensemble, nous avons surmonté le colonialisme. Nous souhaitons non seulement renouer les liens qui nous unissent, mais aussi montrer aux Canadiens le véritable sens de la réconciliation.
Du 10 au 13 août, quatre communautés Mi’kmaq et les Acadiens ont été les hôtes d’un grand rassemblement à Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse. L’événement a été coprésidé par l’Assemblée des Premières Nations et la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse. Visitez le grandpre2017.ca pour en apprendre davantage.
Daniel Christmas est un sénateur Mi’kmaq représentant la Nouvelle-Écosse.
René Cormier est un sénateur acadien indépendant représentant le Nouveau-Brunswick.
Cet article a été publié le 10 août 2017 dans le journal the Chronicle Herald (en anglais seulement).
Avis aux lecteurs : L’honorable Doug Black a pris sa retraite du Sénat du Canada en janvier 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.