En cette période économique difficile, le Canada a besoin d’une stratégie d’innovation solide : sénatrice Wallin
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Il ne fait aucun doute que l’inflation a été dévastatrice. À elle seule, l’inflation des prix des aliments a contraint de nombreuses personnes à choisir entre acheter des aliments ou des médicaments.
Les taux d’intérêt ont été rehaussés pour contenir l’inflation et la plupart des observateurs s’accordent à dire que le resserrement de la politique monétaire était nécessaire, même s’il a entraîné un ralentissement de l’activité économique.
La hausse des taux d’intérêt a placé les propriétaires canadiens détenant un prêt hypothécaire à taux variable dans une position vulnérable face à la fluctuation du montant de leurs paiements, et ceux qui ont acheté à un prix excessivement élevé avec un faible taux d’intérêt craignent de devoir renouveler leur prêt hypothécaire à un taux nettement plus élevé.
Toutefois, il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. Si la hausse des taux d’intérêt entraîne des répercussions importantes sur les ménages fortement endettés, l’inflation touche également les personnes aux revenus les plus modestes, qui doivent trouver de nouvelles façons de tirer le maximum de chaque sou.
La hausse des taux d’intérêt a freiné la croissance économique et bon nombre d’observateurs estiment qu’il est probable que le pays connaisse une récession. Ou, dans le meilleur des cas, que le Canada demeure dans une phase de croissance lente, voire nulle. De plus, la taxe sur le carbone et la nouvelle taxe sur les carburants propres ont ralenti la croissance et pénalisé les consommateurs n’ayant pas la possibilité d’utiliser les transports en commun ou qui ont un véhicule électrique peu résistant aux températures froides. Ces mesures frappent aussi durement nos agriculteurs, ceux-là mêmes qui nous nourrissent et qui nourrissent le monde entier!
La Banque du Canada nous a envoyé des messages contradictoires, mais la dernière hausse de taux, le 7 juin 2023, a constitué une surprise. Ce ne sont pas nécessairement des messages incompatibles, plutôt une illustration d’un réalisme prudent, qui nous montre qu’il faudra du temps, et qu’il y aura des obstacles sur la route. Certains signes indiquent que l’économie reprend de la vigueur, notamment des dépenses de consommation plus élevées que prévu – mais il pourrait s’agir simplement de dépenses supplémentaires pour acquérir un panier d’épicerie identique, voire plus petit! La Banque du Canada a néanmoins décidé d’agir.
Un taux de chômage faible constitue un élément positif, mais il risque d’entraîner de nouvelles pressions sur les salaires. L’emploi est malgré tout demeuré stable, car de nombreux travailleurs ne sont pas encore revenus sur le marché du travail ou travaillent à temps partiel à domicile. Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’une grande partie de la création d’emplois s’est faite au sein d’une bureaucratie fédérale en pleine expansion.
Le gouvernement devra à un moment ou à un autre se rendre compte qu’il n’est pas possible d’échapper à l’inflation à coup de dépenses et que celles-ci doivent être limitées, mieux ciblées et avoir des résultats mesurables, car plus on en injecte des fonds dans l’économie, plus on stimule la spirale de l’inflation.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’innovation et d’investissements de la part des entreprises.
Le Canada produit des travaux de recherche de calibre mondial, mais ne parvient pas à en tirer profit par la commercialisation de sa propriété intellectuelle. Dans le domaine des technologies propres, le Canada possède moins de 1 % de la propriété intellectuelle à l’échelle mondiale. Pour un pays qui produit l’une des énergies les plus propres au monde, il n’y a pas d’excuse!
Aujourd’hui, plus de 90 % de la valeur des entreprises est constituée d’actifs incorporels, tels que des applications, du code et des idées. Subventionner des entreprises étrangères comme Stellantis et Volkswagen peut apporter des emplois au Canada, mais ce sont des pays étrangers, pas nous, qui récupéreront toute la valeur réelle de l’innovation et de la propriété intellectuelle de ces investissements.
Ces subventions ne s’inscrivent pas dans un plan d’investissement et de croissance. Il s’agit d’un plan pour favoriser l’emploi. L’annonce de ces mesures permet de faire des gains politiques, mais elle ne rendra pas les agents d’innovation canadiens plus concurrentiels sur le marché mondial.
Sans une stratégie permettant au Canada de conserver la valeur de ses produits sur son territoire, ces investissements de plusieurs milliards de dollars du gouvernement fédéral ne constituent qu’un transfert massif de richesses vers des entreprises et des pays étrangers.
La concurrence contribue à freiner l’inflation à long terme. Nous devons donc investir dans la création d’un cadre économique où les Canadiens sont encouragés à innover, à se perfectionner et à demeurer concurrentiels. Nous devons libérer l’esprit d’entreprise qui nous habite et adopter une nouvelle attitude à l’égard du risque. Une stratégie de croissance n’est pas une série d’incitatifs aléatoires qui préparent les entreprises à la vente plutôt qu’à l’expansion et à la croissance.
Il nous faut également revoir le labyrinthe que constitue notre cadre réglementaire, composé de récompenses et de sanctions souvent contradictoires. Ce système a un effet dissuasif, en particulier pour les capitaux étrangers.
Avec notre économie riche en ressources et notre accès à l’éducation et aux soins de santé, nous pourrions certainement faire mieux. Et cela est nécessaire, car les États-Unis continuent de dépenser 10 fois plus que le Canada – et la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) du président américain Joe Biden a changé la donne en consacrant près de 400 milliards de dollars américains à la croissance propre.
La sénatrice Pamela Wallin représente la Saskatchewan. Elle préside le Comité sénatorial des banques, du commerce et de l’économie.
Une version de cet article a été publiée le 12 juin 2023 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).
Il ne fait aucun doute que l’inflation a été dévastatrice. À elle seule, l’inflation des prix des aliments a contraint de nombreuses personnes à choisir entre acheter des aliments ou des médicaments.
Les taux d’intérêt ont été rehaussés pour contenir l’inflation et la plupart des observateurs s’accordent à dire que le resserrement de la politique monétaire était nécessaire, même s’il a entraîné un ralentissement de l’activité économique.
La hausse des taux d’intérêt a placé les propriétaires canadiens détenant un prêt hypothécaire à taux variable dans une position vulnérable face à la fluctuation du montant de leurs paiements, et ceux qui ont acheté à un prix excessivement élevé avec un faible taux d’intérêt craignent de devoir renouveler leur prêt hypothécaire à un taux nettement plus élevé.
Toutefois, il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. Si la hausse des taux d’intérêt entraîne des répercussions importantes sur les ménages fortement endettés, l’inflation touche également les personnes aux revenus les plus modestes, qui doivent trouver de nouvelles façons de tirer le maximum de chaque sou.
La hausse des taux d’intérêt a freiné la croissance économique et bon nombre d’observateurs estiment qu’il est probable que le pays connaisse une récession. Ou, dans le meilleur des cas, que le Canada demeure dans une phase de croissance lente, voire nulle. De plus, la taxe sur le carbone et la nouvelle taxe sur les carburants propres ont ralenti la croissance et pénalisé les consommateurs n’ayant pas la possibilité d’utiliser les transports en commun ou qui ont un véhicule électrique peu résistant aux températures froides. Ces mesures frappent aussi durement nos agriculteurs, ceux-là mêmes qui nous nourrissent et qui nourrissent le monde entier!
La Banque du Canada nous a envoyé des messages contradictoires, mais la dernière hausse de taux, le 7 juin 2023, a constitué une surprise. Ce ne sont pas nécessairement des messages incompatibles, plutôt une illustration d’un réalisme prudent, qui nous montre qu’il faudra du temps, et qu’il y aura des obstacles sur la route. Certains signes indiquent que l’économie reprend de la vigueur, notamment des dépenses de consommation plus élevées que prévu – mais il pourrait s’agir simplement de dépenses supplémentaires pour acquérir un panier d’épicerie identique, voire plus petit! La Banque du Canada a néanmoins décidé d’agir.
Un taux de chômage faible constitue un élément positif, mais il risque d’entraîner de nouvelles pressions sur les salaires. L’emploi est malgré tout demeuré stable, car de nombreux travailleurs ne sont pas encore revenus sur le marché du travail ou travaillent à temps partiel à domicile. Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’une grande partie de la création d’emplois s’est faite au sein d’une bureaucratie fédérale en pleine expansion.
Le gouvernement devra à un moment ou à un autre se rendre compte qu’il n’est pas possible d’échapper à l’inflation à coup de dépenses et que celles-ci doivent être limitées, mieux ciblées et avoir des résultats mesurables, car plus on en injecte des fonds dans l’économie, plus on stimule la spirale de l’inflation.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’innovation et d’investissements de la part des entreprises.
Le Canada produit des travaux de recherche de calibre mondial, mais ne parvient pas à en tirer profit par la commercialisation de sa propriété intellectuelle. Dans le domaine des technologies propres, le Canada possède moins de 1 % de la propriété intellectuelle à l’échelle mondiale. Pour un pays qui produit l’une des énergies les plus propres au monde, il n’y a pas d’excuse!
Aujourd’hui, plus de 90 % de la valeur des entreprises est constituée d’actifs incorporels, tels que des applications, du code et des idées. Subventionner des entreprises étrangères comme Stellantis et Volkswagen peut apporter des emplois au Canada, mais ce sont des pays étrangers, pas nous, qui récupéreront toute la valeur réelle de l’innovation et de la propriété intellectuelle de ces investissements.
Ces subventions ne s’inscrivent pas dans un plan d’investissement et de croissance. Il s’agit d’un plan pour favoriser l’emploi. L’annonce de ces mesures permet de faire des gains politiques, mais elle ne rendra pas les agents d’innovation canadiens plus concurrentiels sur le marché mondial.
Sans une stratégie permettant au Canada de conserver la valeur de ses produits sur son territoire, ces investissements de plusieurs milliards de dollars du gouvernement fédéral ne constituent qu’un transfert massif de richesses vers des entreprises et des pays étrangers.
La concurrence contribue à freiner l’inflation à long terme. Nous devons donc investir dans la création d’un cadre économique où les Canadiens sont encouragés à innover, à se perfectionner et à demeurer concurrentiels. Nous devons libérer l’esprit d’entreprise qui nous habite et adopter une nouvelle attitude à l’égard du risque. Une stratégie de croissance n’est pas une série d’incitatifs aléatoires qui préparent les entreprises à la vente plutôt qu’à l’expansion et à la croissance.
Il nous faut également revoir le labyrinthe que constitue notre cadre réglementaire, composé de récompenses et de sanctions souvent contradictoires. Ce système a un effet dissuasif, en particulier pour les capitaux étrangers.
Avec notre économie riche en ressources et notre accès à l’éducation et aux soins de santé, nous pourrions certainement faire mieux. Et cela est nécessaire, car les États-Unis continuent de dépenser 10 fois plus que le Canada – et la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) du président américain Joe Biden a changé la donne en consacrant près de 400 milliards de dollars américains à la croissance propre.
La sénatrice Pamela Wallin représente la Saskatchewan. Elle préside le Comité sénatorial des banques, du commerce et de l’économie.
Une version de cet article a été publiée le 12 juin 2023 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).