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Ma famille – et la gentillesse d’un étranger – m’ont redonné le goût de vivre : sénateur Brazeau

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On dit que tout le monde a droit à une deuxième chance dans la vie.  

Je dois être chanceux parce que jen ai eu trois. 

Il y a trois ans, j’étais sur un lit d’hôpital, inconscient et intubé, à me remettre de graves blessures causées par une deuxième tentative de suicide. À ce moment-là, j’avais complètement perdu espoir et abandonné tous les gens autour de moi.    

Aujourd’hui, je me prépare à retourner de nouveau au Sénat. Tous les jours, mon fils River, qui vient de naître, réussit à me faire sourire. Je me reconstruis une nouvelle vie avec ma future épouse, Marie-Claire, qui est tout pour moi.  

Mes amis et ma famille ont beaucoup contribué à mon rétablissement, surtout mon père, Marcel, qui m’a aidé à revenir à l’essentiel et à ce qui compte vraiment dans la vie. Il y a aussi une personne – un étranger – qui m’a fait comprendre, lorsque j’étais au plus bas, que ma vie valait la peine d’être vécue.   

Assis au bout de mon lit, à l’hôpital de Hull, j’ai vu un chirurgien entrer dans la chambre. Je venais de me réveiller d’un coma artificiel, mais j’avais encore l’impression que ma vie était un cauchemar. J’étais en état de choc et complètement effrayé.  

Ce qui s’est passé ensuite a changé ma vie. 

Après m’avoir posé les habituelles questions médicales, le chirurgien est resté dans la chambre. Il a commencé à discuter de choses plus profondes, plus personnelles.   

En hochant la tête, il m’a demandé ce que je faisais sur un lit d’hôpital. Il m’a dit que j’étais très chanceux d’être en vie. 

Je me souviens qu’il disait : « Vous valez mieux que cela », alors que je m’allongeais dans le lit et que mes yeux se remplissaient de larmes. Il m’a ensuite fait comprendre que j’avais encore beaucoup de choses à apporter à la société et que je devais continuer à me battre.   

Il savait que j’étais sénateur. Il m’a même parlé de l’époque où j’étais chef national du Congrès des peuples autochtones, mais nous étions de parfaits étrangers. À la fin de la discussion, je lui ai serré la main. Il m’a alors conseillé d’aller chercher de l’aide après mon congé de l’hôpital.     

Je suis moi-même allé au service de psychiatrie de l’hôpital de Hull pour demander une évaluation. Les deux années suivantes, j’ai vu aussi deux psychiatres qui m’ont aidé à comprendre les événements qui m’avaient mené tout près de la mort. 

J’ai découvert beaucoup de choses sur moi-même pendant ces séances. Ce fut rarement facile ou plaisant d’examiner aussi profondément ma propre vie, mais j’ai appris que mes difficultés découlaient de périodes de dépression et d’anxiété et de troubles de stress post-traumatique causés par des moments tumultueux de ma vie qui m’accablaient. Pour la première fois depuis longtemps, après des années de troubles personnels et professionnels qui m’avaient miné, j’ai commencé à sentir que j’étais le maître de ma vie.  

Je n’ai jamais revu ce chirurgien, mais je veux qu’il sache à quel point je suis reconnaissant de ce qu’il m’a dit ce jour-là, et que je vais bien. Parfois, tout ce qu’il faut pour aider quelqu’un en crise, ce sont de véritables rapports humains, même entre étrangers. 

Un Canadien sur cinq souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. Je fais partie de ces statistiques, mais je suis toujours vivant aujourd’hui. Je suis encore là et j’estime qu’il faut parler de santé mentale, car c’est ce qui m’a sauvé la vie. La principale raison pour laquelle les gens qui souffrent d’une maladie mentale ne demandent pas d’aide, ce sont les préjugés. Les activités comme la Journée Bell Cause pour la cause sont absolument nécessaires parce qu’elles contribuent à rompre le silence qui entoure la santé mentale.  

Il peut être difficile de demander de l’aide, surtout pour les hommes. Je veux que les hommes et les adolescents, et plus particulièrement les hommes et les adolescents autochtones, sachent qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide quand on en a besoin. Il s’agit d’une leçon que je vais transmettre à mon fils. Chaque fois que je peux le voir, le serrer dans mes bras, lui faire un câlin, l’embrasser, je me sens plus fort. Lorsque je vois ses yeux remplis d’amour, je sais que la vie vaut la peine d’être vécue : je le sens au plus profond de moi.  

 

Le sénateur Patrick Brazeau représente la division de Repentigny, au Québec. 

Cet article a été publié le 30 janvier 2019 dans le journal The Ottawa Citizen (en anglais seulement).

On dit que tout le monde a droit à une deuxième chance dans la vie.  

Je dois être chanceux parce que jen ai eu trois. 

Il y a trois ans, j’étais sur un lit d’hôpital, inconscient et intubé, à me remettre de graves blessures causées par une deuxième tentative de suicide. À ce moment-là, j’avais complètement perdu espoir et abandonné tous les gens autour de moi.    

Aujourd’hui, je me prépare à retourner de nouveau au Sénat. Tous les jours, mon fils River, qui vient de naître, réussit à me faire sourire. Je me reconstruis une nouvelle vie avec ma future épouse, Marie-Claire, qui est tout pour moi.  

Mes amis et ma famille ont beaucoup contribué à mon rétablissement, surtout mon père, Marcel, qui m’a aidé à revenir à l’essentiel et à ce qui compte vraiment dans la vie. Il y a aussi une personne – un étranger – qui m’a fait comprendre, lorsque j’étais au plus bas, que ma vie valait la peine d’être vécue.   

Assis au bout de mon lit, à l’hôpital de Hull, j’ai vu un chirurgien entrer dans la chambre. Je venais de me réveiller d’un coma artificiel, mais j’avais encore l’impression que ma vie était un cauchemar. J’étais en état de choc et complètement effrayé.  

Ce qui s’est passé ensuite a changé ma vie. 

Après m’avoir posé les habituelles questions médicales, le chirurgien est resté dans la chambre. Il a commencé à discuter de choses plus profondes, plus personnelles.   

En hochant la tête, il m’a demandé ce que je faisais sur un lit d’hôpital. Il m’a dit que j’étais très chanceux d’être en vie. 

Je me souviens qu’il disait : « Vous valez mieux que cela », alors que je m’allongeais dans le lit et que mes yeux se remplissaient de larmes. Il m’a ensuite fait comprendre que j’avais encore beaucoup de choses à apporter à la société et que je devais continuer à me battre.   

Il savait que j’étais sénateur. Il m’a même parlé de l’époque où j’étais chef national du Congrès des peuples autochtones, mais nous étions de parfaits étrangers. À la fin de la discussion, je lui ai serré la main. Il m’a alors conseillé d’aller chercher de l’aide après mon congé de l’hôpital.     

Je suis moi-même allé au service de psychiatrie de l’hôpital de Hull pour demander une évaluation. Les deux années suivantes, j’ai vu aussi deux psychiatres qui m’ont aidé à comprendre les événements qui m’avaient mené tout près de la mort. 

J’ai découvert beaucoup de choses sur moi-même pendant ces séances. Ce fut rarement facile ou plaisant d’examiner aussi profondément ma propre vie, mais j’ai appris que mes difficultés découlaient de périodes de dépression et d’anxiété et de troubles de stress post-traumatique causés par des moments tumultueux de ma vie qui m’accablaient. Pour la première fois depuis longtemps, après des années de troubles personnels et professionnels qui m’avaient miné, j’ai commencé à sentir que j’étais le maître de ma vie.  

Je n’ai jamais revu ce chirurgien, mais je veux qu’il sache à quel point je suis reconnaissant de ce qu’il m’a dit ce jour-là, et que je vais bien. Parfois, tout ce qu’il faut pour aider quelqu’un en crise, ce sont de véritables rapports humains, même entre étrangers. 

Un Canadien sur cinq souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. Je fais partie de ces statistiques, mais je suis toujours vivant aujourd’hui. Je suis encore là et j’estime qu’il faut parler de santé mentale, car c’est ce qui m’a sauvé la vie. La principale raison pour laquelle les gens qui souffrent d’une maladie mentale ne demandent pas d’aide, ce sont les préjugés. Les activités comme la Journée Bell Cause pour la cause sont absolument nécessaires parce qu’elles contribuent à rompre le silence qui entoure la santé mentale.  

Il peut être difficile de demander de l’aide, surtout pour les hommes. Je veux que les hommes et les adolescents, et plus particulièrement les hommes et les adolescents autochtones, sachent qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide quand on en a besoin. Il s’agit d’une leçon que je vais transmettre à mon fils. Chaque fois que je peux le voir, le serrer dans mes bras, lui faire un câlin, l’embrasser, je me sens plus fort. Lorsque je vois ses yeux remplis d’amour, je sais que la vie vaut la peine d’être vécue : je le sens au plus profond de moi.  

 

Le sénateur Patrick Brazeau représente la division de Repentigny, au Québec. 

Cet article a été publié le 30 janvier 2019 dans le journal The Ottawa Citizen (en anglais seulement).

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