Il est temps pour le Canada de faire payer les dirigeants iraniens corrompus : La sénatrice Omidvar
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La situation en Iran est à la fois inspirante et terrifiante.
Des femmes iraniennes courageuses descendent dans la rue afin de lutter pour leur liberté. Elles jettent et brûlent leurs foulards et se coupent les cheveux pour protester contre le régime iranien.
En agissant ainsi, elles s’exposent à des risques considérables, et y exposent également leur famille.
Je fais écho au chant scandé par les manifestantes : femmes, vie, liberté!
Il y a quarante ans, j’ai fui l’Iran avec ma famille parce que je ne voulais pas que ma fille vive sous le régime répressif iranien après la révolution. Prendre la décision de partir au milieu de la nuit n’a pas été facile. C’était une décision effrayante, qui supposait de s’exposer à des dangers.
Je me souviens encore du moment où nous avons passé la frontière turque depuis l’Iran. Je me souviens clairement du sentiment de peur qui imprégnait la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Cette peur était la nôtre, mais aussi celle des très jeunes gardes révolutionnaires qui nous fouillaient.
Ce doit être ce même sentiment que les femmes et les filles iraniennes ressentent aujourd’hui. Je sais, pour l’avoir vécu, que la peur peut être paralysante, mais qu’elle est aussi un puissant catalyseur de courage.
Ce que les Iraniens, et en particulier les Iraniennes, ont dû endurer depuis 40 ans est terrible. Le contrôle exercé sur leur corps, leur habillement, leurs pensées… Tout cela rappelle dramatiquement La servante écarlate.
Mais comme nous le voyons maintenant, les Iraniennes en ont assez, et les Canadiens se rallient à leur cause en demandant la fin de leur oppression.
Récemment, le Canada a annoncé une interdiction d’entrée visant des milliers de membres haut placés du Corps des gardiens de la révolution islamique, en plus de sanctionner officiellement 25 dirigeants iraniens et 9 entités iraniennes en conséquence de la répression exercée par le régime iranien contre le soulèvement actuel.
Cela vient s’ajouter aux 41 Iraniens et aux 161 entités iraniennes qui avaient déjà été sanctionnés par le Canada. De plus, dans un geste de soutien symbolique, la colline du Parlement a été illuminée aux couleurs du drapeau iranien la semaine dernière.
Mais ces mesures ne sont pas suffisantes. Nous avons d’autres moyens à notre disposition. Je pense plus précisément à une nouvelle mesure qui a été adoptée par le Parlement en juin 2022, dans le cadre du projet de loi C-19. Cette nouvelle mesure améliore deux des régimes de sanction du Canada, établis dans la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus (loi de Sergueï Magnitsky) et dans la Loi sur les mesures économiques spéciales. Ces améliorations sont fondées sur un projet de loi que j’ai présenté au Sénat, la Loi sur la réaffectation des biens bloqués, qui s’inspire d’un modèle de gel des avoirs élaboré par le Conseil mondial pour les réfugiés et la migration.
Les nouvelles dispositions du projet de loi C‑19 permettent au gouvernement d’aller au-delà du gel des biens des dirigeants étrangers corrompus par la confiscation de ces biens et par le réacheminant de leur valeur monétaire vers des victimes de persécution ou d’oppression.
Si le Canada veut réellement contribuer à la libération des femmes iraniennes, il doit appliquer ces mesures aux Iraniens et entités iraniennes visés par des sanctions. Les sommes obtenues par suite de la disposition des biens saisis pourraient ensuite être réacheminées vers des ONG qui soutiennent les droits et l’éducation des femmes iraniennes. Cet argent pourrait également être utilisé pour venir en aide aux réfugiés iraniens.
Comme on le dit souvent : suivez l’argent. Si vous suivez l’argent, vous arriverez à la vérité.
Et la vérité, la voici : pendant trop longtemps, des dirigeants iraniens corrompus ont agi en toute impunité. Ils ont non seulement volé d’importantes quantités de richesses à leur propre peuple, mais ont également opprimé ce peuple et bafoué ses droits. Ils ont assujetti les femmes et les jeunes filles au point que les hommes leur dictent ce qu’elles peuvent porter, penser, lire et étudier.
Les dénoncer n’est pas suffisant.
Inscrire le Corps des gardiens de la révolution islamique sur la liste des entités terroristes n’est pas suffisant. Nous devons les faire payer.
Le Canada dispose maintenant d’un moyen unique pour le faire, et je demande instamment à mon gouvernement de prendre des mesures immédiates.
La sénatrice Ratna Omidvar représente l’Ontario au Sénat.
Une version de cet article a été publiée dans l’édition du 12 octobre 2022 du Globe and Mail.
Avis aux lecteurs : L’honorable Ratna Omidvar a pris sa retraite du Sénat du Canada en novembre 2024. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.
La situation en Iran est à la fois inspirante et terrifiante.
Des femmes iraniennes courageuses descendent dans la rue afin de lutter pour leur liberté. Elles jettent et brûlent leurs foulards et se coupent les cheveux pour protester contre le régime iranien.
En agissant ainsi, elles s’exposent à des risques considérables, et y exposent également leur famille.
Je fais écho au chant scandé par les manifestantes : femmes, vie, liberté!
Il y a quarante ans, j’ai fui l’Iran avec ma famille parce que je ne voulais pas que ma fille vive sous le régime répressif iranien après la révolution. Prendre la décision de partir au milieu de la nuit n’a pas été facile. C’était une décision effrayante, qui supposait de s’exposer à des dangers.
Je me souviens encore du moment où nous avons passé la frontière turque depuis l’Iran. Je me souviens clairement du sentiment de peur qui imprégnait la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Cette peur était la nôtre, mais aussi celle des très jeunes gardes révolutionnaires qui nous fouillaient.
Ce doit être ce même sentiment que les femmes et les filles iraniennes ressentent aujourd’hui. Je sais, pour l’avoir vécu, que la peur peut être paralysante, mais qu’elle est aussi un puissant catalyseur de courage.
Ce que les Iraniens, et en particulier les Iraniennes, ont dû endurer depuis 40 ans est terrible. Le contrôle exercé sur leur corps, leur habillement, leurs pensées… Tout cela rappelle dramatiquement La servante écarlate.
Mais comme nous le voyons maintenant, les Iraniennes en ont assez, et les Canadiens se rallient à leur cause en demandant la fin de leur oppression.
Récemment, le Canada a annoncé une interdiction d’entrée visant des milliers de membres haut placés du Corps des gardiens de la révolution islamique, en plus de sanctionner officiellement 25 dirigeants iraniens et 9 entités iraniennes en conséquence de la répression exercée par le régime iranien contre le soulèvement actuel.
Cela vient s’ajouter aux 41 Iraniens et aux 161 entités iraniennes qui avaient déjà été sanctionnés par le Canada. De plus, dans un geste de soutien symbolique, la colline du Parlement a été illuminée aux couleurs du drapeau iranien la semaine dernière.
Mais ces mesures ne sont pas suffisantes. Nous avons d’autres moyens à notre disposition. Je pense plus précisément à une nouvelle mesure qui a été adoptée par le Parlement en juin 2022, dans le cadre du projet de loi C-19. Cette nouvelle mesure améliore deux des régimes de sanction du Canada, établis dans la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus (loi de Sergueï Magnitsky) et dans la Loi sur les mesures économiques spéciales. Ces améliorations sont fondées sur un projet de loi que j’ai présenté au Sénat, la Loi sur la réaffectation des biens bloqués, qui s’inspire d’un modèle de gel des avoirs élaboré par le Conseil mondial pour les réfugiés et la migration.
Les nouvelles dispositions du projet de loi C‑19 permettent au gouvernement d’aller au-delà du gel des biens des dirigeants étrangers corrompus par la confiscation de ces biens et par le réacheminant de leur valeur monétaire vers des victimes de persécution ou d’oppression.
Si le Canada veut réellement contribuer à la libération des femmes iraniennes, il doit appliquer ces mesures aux Iraniens et entités iraniennes visés par des sanctions. Les sommes obtenues par suite de la disposition des biens saisis pourraient ensuite être réacheminées vers des ONG qui soutiennent les droits et l’éducation des femmes iraniennes. Cet argent pourrait également être utilisé pour venir en aide aux réfugiés iraniens.
Comme on le dit souvent : suivez l’argent. Si vous suivez l’argent, vous arriverez à la vérité.
Et la vérité, la voici : pendant trop longtemps, des dirigeants iraniens corrompus ont agi en toute impunité. Ils ont non seulement volé d’importantes quantités de richesses à leur propre peuple, mais ont également opprimé ce peuple et bafoué ses droits. Ils ont assujetti les femmes et les jeunes filles au point que les hommes leur dictent ce qu’elles peuvent porter, penser, lire et étudier.
Les dénoncer n’est pas suffisant.
Inscrire le Corps des gardiens de la révolution islamique sur la liste des entités terroristes n’est pas suffisant. Nous devons les faire payer.
Le Canada dispose maintenant d’un moyen unique pour le faire, et je demande instamment à mon gouvernement de prendre des mesures immédiates.
La sénatrice Ratna Omidvar représente l’Ontario au Sénat.
Une version de cet article a été publiée dans l’édition du 12 octobre 2022 du Globe and Mail.
Avis aux lecteurs : L’honorable Ratna Omidvar a pris sa retraite du Sénat du Canada en novembre 2024. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.