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La mise à niveau de l’infrastructure de défense dans l’Arctique canadien devrait avoir des avantages sociaux et économiques collatéraux : sénateur Dean

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L’Arctique canadien est menacé. Par les changements climatiques, mais aussi par la belligérance de la Russie et de la Chine, qui partagent toutes deux un intérêt pour les ressources énergétiques, les minéraux rares et très prisés ainsi que les fruits de mer de la région. Et tandis que la Russie multiplie les bases militaires sur son littoral arctique et lorgne occasionnellement les systèmes de défense nord-américains, la Chine tente de se présenter comme un « État du Proche-Arctique ». Tout ça n’augure rien de bon.

Ce sont là autant de signaux d’alarme pour le Canada et son partenaire du NORAD, les États-Unis. D’ailleurs, le NORAD et le Commandement du Nord des États-Unis ont publié à ce sujet, en 2021, un document stratégique dans lequel ils ne mâchent pas leurs mots : « Les peuples américain et canadien sont en sécurité aujourd’hui, mais, sans efforts intentionnels pour contrer les avancées rapides de nos concurrents, notre avantage concurrentiel s’effritera ».

La stratégie de modernisation de la défense du Canada a été exposée par la ministre canadienne de la Défense nationale, Anita Anand, en juin 2022, lors de l’annonce d’un nouveau financement pour l’infrastructure du NORAD : 4,9 milliards de dollars pour les six premières années, avec 38,6 milliards de dollars attribués sur 20 ans. Cette annonce s’inscrivait dans la vision et le plan de modernisation de la défense du Canada de 2017, Protection, Sécurité, Engagement.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été un autre signal d’alarme et a intensifié l’urgence de réévaluer nos capacités de défense dans le Nord. Le Canada a maintenant une occasion sans précédent de procéder à une modernisation plus que nécessaire de son infrastructure de défense dans l’Arctique, mais de nombreux observateurs disent déjà qu’il faudra investir davantage.

Les besoins financiers découlent en partie de l’ampleur et des caractéristiques de l’Arctique canadien. Il représente 40 % de la masse terrestre du Canada et 75 % de son littoral, et compte environ 140 000 habitants, soit 0,3 % de la population du pays, répartis dans 72 communautés. Défendre l’Arctique est donc un défi de taille.

Le Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants a choisi la sécurité de l’Arctique comme priorité d’étude en 2022. Après avoir entendu de nombreux témoins, le comité s’est rendu dans l’Arctique en octobre, visitant Iqaluit et Cambridge Bay au Nunavut, ainsi qu’Inuvik, Tuktoyaktuk et Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest. Le comité y a rencontré des représentants du ministère de la Défense nationale, des Forces armées canadiennes, de la Garde côtière canadienne, de la Gendarmerie royale du Canada et des Rangers canadiens, ainsi que des chefs autochtones, des représentants du gouvernement et des dirigeants politiques locaux et régionaux.

Les sénateurs ont entendu leurs interlocuteurs parler de la nécessité de moderniser les infrastructures de défense et de recruter du personnel pour gérer les nouveaux équipements. Ils ont également vu de près certaines des infrastructures vieillissantes qui bénéficieront de nouveaux fonds pour des mises à niveau indispensables.

L’une des infrastructures observées était le Système d’alerte du Nord à Cambridge Bay, qui repose sur une technologie vieille de 30 ans qui n’a pas été conçue pour détecter les armes modernes, comme les missiles de croisière et hypersoniques à longue portée. La cure de rajeunissement comprendra notamment l’ajout d’un système radar transhorizon dans l’Arctique assurant une couverture radar d’alerte lointaine et un suivi des menaces depuis la frontière canado-américaine jusqu’au cercle arctique.

Ce système fonctionnerait de pair avec une surveillance spatiale améliorée qui permettrait aux Forces armées canadiennes d’accroître considérablement la connaissance globale de la situation et d’améliorer la capacité actuelle du Canada à surveiller les navires s’approchant des eaux canadiennes. Parmi les autres mises à niveau attendues, citons la modernisation des communications et de la connectivité Internet afin d’améliorer l’efficacité et la portée des communications entre les stations des Forces armées canadiennes et les membres sur le terrain. Tout cela s’inscrit dans un contexte où les forces terrestres canadiennes abandonneront probablement le développement d’installations fixes sur le terrain au profit d’un déploiement agile et rapide adapté aux besoins et à la situation, qu’il s’agisse de capacité de défense ou de recherche et sauvetage.

On a également fait part aux sénateurs des retombées positives que les nouveaux investissements dans l’Arctique pourraient avoir sur les communautés autochtones. Nous en avons déjà vu un exemple : fin janvier 2022, la Nasittuq Corporation, une entreprise détenue majoritairement par des Inuits, a remporté un contrat de sept ans pour l’exploitation et l’entretien du Système d’alerte du Nord, évalué à 592 millions de dollars.

Les investissements dans les capacités de défense ont également des avantages mutuels pour les infrastructures sociales. Les dirigeants autochtones ont confié aux sénateurs qu’à leur avis, les nouveaux investissements créeraient des débouchés collatéraux pour l’infrastructure économique et sociale des communautés du Nord, en particulier dans des domaines essentiels tels que l’énergie propre, la salubrité de l’eau, le réseau à large bande résilient, les routes et les installations aéroportuaires. Ces types d’investissements sont également essentiels à la sécurité et à la souveraineté dans l’Arctique.

Pour les prochaines étapes, il ne faudra pas négliger de cerner, autant que possible, les avantages sociaux et économiques qui découleront de manière réaliste des dépenses en matière de sécurité et de défense, et d’en faire une priorité dans la planification, la prise de décision et l’exécution communes.

Le sénateur Tony Dean est président du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants. Il représente l’Ontario au Sénat.

Une version de cet article a été publiée le 23 novembre 2022 dans le journal The Hill Times, dans le cadre du dossier spécial sur la défense.

L’Arctique canadien est menacé. Par les changements climatiques, mais aussi par la belligérance de la Russie et de la Chine, qui partagent toutes deux un intérêt pour les ressources énergétiques, les minéraux rares et très prisés ainsi que les fruits de mer de la région. Et tandis que la Russie multiplie les bases militaires sur son littoral arctique et lorgne occasionnellement les systèmes de défense nord-américains, la Chine tente de se présenter comme un « État du Proche-Arctique ». Tout ça n’augure rien de bon.

Ce sont là autant de signaux d’alarme pour le Canada et son partenaire du NORAD, les États-Unis. D’ailleurs, le NORAD et le Commandement du Nord des États-Unis ont publié à ce sujet, en 2021, un document stratégique dans lequel ils ne mâchent pas leurs mots : « Les peuples américain et canadien sont en sécurité aujourd’hui, mais, sans efforts intentionnels pour contrer les avancées rapides de nos concurrents, notre avantage concurrentiel s’effritera ».

La stratégie de modernisation de la défense du Canada a été exposée par la ministre canadienne de la Défense nationale, Anita Anand, en juin 2022, lors de l’annonce d’un nouveau financement pour l’infrastructure du NORAD : 4,9 milliards de dollars pour les six premières années, avec 38,6 milliards de dollars attribués sur 20 ans. Cette annonce s’inscrivait dans la vision et le plan de modernisation de la défense du Canada de 2017, Protection, Sécurité, Engagement.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été un autre signal d’alarme et a intensifié l’urgence de réévaluer nos capacités de défense dans le Nord. Le Canada a maintenant une occasion sans précédent de procéder à une modernisation plus que nécessaire de son infrastructure de défense dans l’Arctique, mais de nombreux observateurs disent déjà qu’il faudra investir davantage.

Les besoins financiers découlent en partie de l’ampleur et des caractéristiques de l’Arctique canadien. Il représente 40 % de la masse terrestre du Canada et 75 % de son littoral, et compte environ 140 000 habitants, soit 0,3 % de la population du pays, répartis dans 72 communautés. Défendre l’Arctique est donc un défi de taille.

Le Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants a choisi la sécurité de l’Arctique comme priorité d’étude en 2022. Après avoir entendu de nombreux témoins, le comité s’est rendu dans l’Arctique en octobre, visitant Iqaluit et Cambridge Bay au Nunavut, ainsi qu’Inuvik, Tuktoyaktuk et Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest. Le comité y a rencontré des représentants du ministère de la Défense nationale, des Forces armées canadiennes, de la Garde côtière canadienne, de la Gendarmerie royale du Canada et des Rangers canadiens, ainsi que des chefs autochtones, des représentants du gouvernement et des dirigeants politiques locaux et régionaux.

Les sénateurs ont entendu leurs interlocuteurs parler de la nécessité de moderniser les infrastructures de défense et de recruter du personnel pour gérer les nouveaux équipements. Ils ont également vu de près certaines des infrastructures vieillissantes qui bénéficieront de nouveaux fonds pour des mises à niveau indispensables.

L’une des infrastructures observées était le Système d’alerte du Nord à Cambridge Bay, qui repose sur une technologie vieille de 30 ans qui n’a pas été conçue pour détecter les armes modernes, comme les missiles de croisière et hypersoniques à longue portée. La cure de rajeunissement comprendra notamment l’ajout d’un système radar transhorizon dans l’Arctique assurant une couverture radar d’alerte lointaine et un suivi des menaces depuis la frontière canado-américaine jusqu’au cercle arctique.

Ce système fonctionnerait de pair avec une surveillance spatiale améliorée qui permettrait aux Forces armées canadiennes d’accroître considérablement la connaissance globale de la situation et d’améliorer la capacité actuelle du Canada à surveiller les navires s’approchant des eaux canadiennes. Parmi les autres mises à niveau attendues, citons la modernisation des communications et de la connectivité Internet afin d’améliorer l’efficacité et la portée des communications entre les stations des Forces armées canadiennes et les membres sur le terrain. Tout cela s’inscrit dans un contexte où les forces terrestres canadiennes abandonneront probablement le développement d’installations fixes sur le terrain au profit d’un déploiement agile et rapide adapté aux besoins et à la situation, qu’il s’agisse de capacité de défense ou de recherche et sauvetage.

On a également fait part aux sénateurs des retombées positives que les nouveaux investissements dans l’Arctique pourraient avoir sur les communautés autochtones. Nous en avons déjà vu un exemple : fin janvier 2022, la Nasittuq Corporation, une entreprise détenue majoritairement par des Inuits, a remporté un contrat de sept ans pour l’exploitation et l’entretien du Système d’alerte du Nord, évalué à 592 millions de dollars.

Les investissements dans les capacités de défense ont également des avantages mutuels pour les infrastructures sociales. Les dirigeants autochtones ont confié aux sénateurs qu’à leur avis, les nouveaux investissements créeraient des débouchés collatéraux pour l’infrastructure économique et sociale des communautés du Nord, en particulier dans des domaines essentiels tels que l’énergie propre, la salubrité de l’eau, le réseau à large bande résilient, les routes et les installations aéroportuaires. Ces types d’investissements sont également essentiels à la sécurité et à la souveraineté dans l’Arctique.

Pour les prochaines étapes, il ne faudra pas négliger de cerner, autant que possible, les avantages sociaux et économiques qui découleront de manière réaliste des dépenses en matière de sécurité et de défense, et d’en faire une priorité dans la planification, la prise de décision et l’exécution communes.

Le sénateur Tony Dean est président du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants. Il représente l’Ontario au Sénat.

Une version de cet article a été publiée le 23 novembre 2022 dans le journal The Hill Times, dans le cadre du dossier spécial sur la défense.

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