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Le multiculturalisme, une insulte désuète : sénateur Housakos

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Les événements des derniers jours ont clairement montré qu’après trois ans de politiques identitaires fractionnelles de notre gouvernement fédéral, il est temps que nous discutions franchement de ce qui nous définit en tant que Canadiens et de la réelle source de notre force.

En 2013 j’ai rédigé un éditorial pour le journal The Globe and Mail à la suite d’un scandale politique qui impliquait des fonctionnaires de la Colombie-Britannique qui auraient courtisé l’électorat ethnique. Le texte est aussi pertinent aujourd’hui qu’à l’époque.


Au Canada, le multiculturalisme est une fraude commise à des fins politiques.

Le Parti libéral du Canada a créé le multiculturalisme dans les années 1960 dans le but d’intégrer les nouveaux immigrants dans la société canadienne. L’objectif affiché était d’encourager et de célébrer la diversité culturelle au sein d’un Canada bilingue.

Or, toutes ces bonnes intentions dissimulaient une stratégie politique pour acheter l’électorat ethnique, faisant ainsi du multiculturalisme un programme de marketing financé par l’État. Le gouvernement s’est servi de l’argent des contribuables pour tenir des séances de photo avec des dirigeants des communautés ethniques — habituellement dans des villes diversifiées sur le plan culturel, comme Montréal, Toronto et Vancouver. Cette stratégie allait se traduire par un soutien accru lors des élections générales.

Quoique cette stratégie soit une initiative des libéraux de Pierre Elliott Trudeau, les gouvernements de différentes allégeances qui leur ont succédé — dirigés par Brian Mulroney, Jean Chrétien ou Stephen Harper — l’ont également adoptée pour exploiter le potentiel électoral de ceux que l’on appelle les « Canadiens d’origine ethnique ». Cette pratique a cours depuis un demi-siècle et le bilan de ses résultats s’avère inquiétant. Bien que nous, les conservateurs, parlons plutôt de « rayonnement » auprès des communautés ethniques, je crains que nous ne perpétuions la politique libérale de profilage des Canadiens en fonction de leur race, de leur couleur et de leur religion.

À leur arrivée au Canada dans les années 1950, mes parents ont été la cible de cette politique. Comme la plupart des Canadiens qui ne sont pas d’origine française ou britannique, ils ont constaté que cette politique était non seulement malavisée, mais aussi désobligeante.

Le plus grand exploit de cette politique semble être la création de « Canadiens à traits d’union ». Mes parents me rappellent que des gens — habituellement des politiciens — les désignent toujours par l’appellation « Gréco‑Canadiens », à l’instar d’autres citoyens qui se font appeler « Italo‑Canadiens » ou « Sino‑Canadiens ». Ils ont traversé une période dite « d’intégration » en portant cette étiquette qui a créé plus de confusion et d’inconvénients que d’avantages. Les étiquettes à trait d’union ont entravé l’adaptation et le succès des communautés ethniques dans leur nouvelle patrie.

Je suis un Canadien d’origine grecque — ma nation est le Canada, ma nationalité est canadienne et mon origine culturelle est grecque. Le gouvernement canadien ne devrait pas tolérer la classification des citoyens à base de profilage racial.

Le Canada est une société bilingue, multiculturelle et multiconfessionnelle, mais composée de citoyens égaux. Nous devrions remplacer le multiculturalisme par une politique d’intégration. Nous devrions trouver des moyens d’aider les nouveaux arrivants à s’établir au Canada et à assumer leurs responsabilités en tant que citoyens. Nous devrions aussi nous montrer plus fermes et nous attendre à ce que les nouveaux Canadiens s’engagent à respecter les libertés fondamentales, la primauté du droit et les droits de la personne.

Les membres de nombreuses communautés ethniques en ont assez des platitudes. Ils sont des membres actifs de notre société sur tous les plans, et ils n’exigent aucun statut spécial — ils veulent simplement une chance égale de contribuer au développement continu de leurs communautés. Voilà ce à quoi ils devraient s’attendre et ce que nous devrions exiger d’eux.

Notre politique de multiculturalisme est désuète et ne répond pas aux défis auxquels font face les nouveaux immigrants dans leur intégration et leur adaptation. Le multiculturalisme est une insulte à notre statut de Canadiens. Les statistiques les plus récentes révèlent que 28 % de la population est d’origine britannique, 23 % d’origine française, 15 % d’origine européenne, 6 % d’origine arabe, 2 % d’origine amérindienne, etc. Or, la statistique la plus remarquable est que 26 % de la population a des origines multiples. Devrions-nous faire de ces citoyens des « Canadiens à double trait d’union » ou devrions-nous plutôt abandonner cette politique avilissante?

Le sénateur Leo Housakos représente la division de Wellington, au Québec. Il est un ancien Président du Sénat.

Cet article a été publié le 11 mars 2013 dans le journal The Globe and Mail (en anglais seulement).

Les événements des derniers jours ont clairement montré qu’après trois ans de politiques identitaires fractionnelles de notre gouvernement fédéral, il est temps que nous discutions franchement de ce qui nous définit en tant que Canadiens et de la réelle source de notre force.

En 2013 j’ai rédigé un éditorial pour le journal The Globe and Mail à la suite d’un scandale politique qui impliquait des fonctionnaires de la Colombie-Britannique qui auraient courtisé l’électorat ethnique. Le texte est aussi pertinent aujourd’hui qu’à l’époque.


Au Canada, le multiculturalisme est une fraude commise à des fins politiques.

Le Parti libéral du Canada a créé le multiculturalisme dans les années 1960 dans le but d’intégrer les nouveaux immigrants dans la société canadienne. L’objectif affiché était d’encourager et de célébrer la diversité culturelle au sein d’un Canada bilingue.

Or, toutes ces bonnes intentions dissimulaient une stratégie politique pour acheter l’électorat ethnique, faisant ainsi du multiculturalisme un programme de marketing financé par l’État. Le gouvernement s’est servi de l’argent des contribuables pour tenir des séances de photo avec des dirigeants des communautés ethniques — habituellement dans des villes diversifiées sur le plan culturel, comme Montréal, Toronto et Vancouver. Cette stratégie allait se traduire par un soutien accru lors des élections générales.

Quoique cette stratégie soit une initiative des libéraux de Pierre Elliott Trudeau, les gouvernements de différentes allégeances qui leur ont succédé — dirigés par Brian Mulroney, Jean Chrétien ou Stephen Harper — l’ont également adoptée pour exploiter le potentiel électoral de ceux que l’on appelle les « Canadiens d’origine ethnique ». Cette pratique a cours depuis un demi-siècle et le bilan de ses résultats s’avère inquiétant. Bien que nous, les conservateurs, parlons plutôt de « rayonnement » auprès des communautés ethniques, je crains que nous ne perpétuions la politique libérale de profilage des Canadiens en fonction de leur race, de leur couleur et de leur religion.

À leur arrivée au Canada dans les années 1950, mes parents ont été la cible de cette politique. Comme la plupart des Canadiens qui ne sont pas d’origine française ou britannique, ils ont constaté que cette politique était non seulement malavisée, mais aussi désobligeante.

Le plus grand exploit de cette politique semble être la création de « Canadiens à traits d’union ». Mes parents me rappellent que des gens — habituellement des politiciens — les désignent toujours par l’appellation « Gréco‑Canadiens », à l’instar d’autres citoyens qui se font appeler « Italo‑Canadiens » ou « Sino‑Canadiens ». Ils ont traversé une période dite « d’intégration » en portant cette étiquette qui a créé plus de confusion et d’inconvénients que d’avantages. Les étiquettes à trait d’union ont entravé l’adaptation et le succès des communautés ethniques dans leur nouvelle patrie.

Je suis un Canadien d’origine grecque — ma nation est le Canada, ma nationalité est canadienne et mon origine culturelle est grecque. Le gouvernement canadien ne devrait pas tolérer la classification des citoyens à base de profilage racial.

Le Canada est une société bilingue, multiculturelle et multiconfessionnelle, mais composée de citoyens égaux. Nous devrions remplacer le multiculturalisme par une politique d’intégration. Nous devrions trouver des moyens d’aider les nouveaux arrivants à s’établir au Canada et à assumer leurs responsabilités en tant que citoyens. Nous devrions aussi nous montrer plus fermes et nous attendre à ce que les nouveaux Canadiens s’engagent à respecter les libertés fondamentales, la primauté du droit et les droits de la personne.

Les membres de nombreuses communautés ethniques en ont assez des platitudes. Ils sont des membres actifs de notre société sur tous les plans, et ils n’exigent aucun statut spécial — ils veulent simplement une chance égale de contribuer au développement continu de leurs communautés. Voilà ce à quoi ils devraient s’attendre et ce que nous devrions exiger d’eux.

Notre politique de multiculturalisme est désuète et ne répond pas aux défis auxquels font face les nouveaux immigrants dans leur intégration et leur adaptation. Le multiculturalisme est une insulte à notre statut de Canadiens. Les statistiques les plus récentes révèlent que 28 % de la population est d’origine britannique, 23 % d’origine française, 15 % d’origine européenne, 6 % d’origine arabe, 2 % d’origine amérindienne, etc. Or, la statistique la plus remarquable est que 26 % de la population a des origines multiples. Devrions-nous faire de ces citoyens des « Canadiens à double trait d’union » ou devrions-nous plutôt abandonner cette politique avilissante?

Le sénateur Leo Housakos représente la division de Wellington, au Québec. Il est un ancien Président du Sénat.

Cet article a été publié le 11 mars 2013 dans le journal The Globe and Mail (en anglais seulement).

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