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Le Nord canadien est l’avenir du Canada : sénatrice Bovey

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Près de 40 % du Canada se trouve au nord du 60e parallèle. Les Canadiens du Sud comprennent-ils les enjeux nordiques ou les richesses du Nord — son écologie unique et fragile et des siècles de traditions inuites, dénées et des Premières Nations du Nord?

Le Nord est l’avenir du Canada. Le Comité sénatorial spécial sur l’Arctique a pour mandat d’évaluer et de traiter des questions complexes et interdépendantes concernant le Nord : la souveraineté, la sécurité, les changements climatiques, les réalités sociales, le logement et la santé, l’infrastructure numérique, l’éducation, les ressources minières et pétrolières, la langue, la culture, etc. 

Le mois dernier, les membres du comité ont visité Kuujjuaq, au Québec, Iqaluit, Baker Lake, la mine d'or Meadowbank et Cambridge Bay, au Nunavut, Yellowknife et Inuvik dans les Territoires-du-Nord-Ouest, et Whitehorse, au Yukon, pour comprendre comment les réalités actuelles et les possibilités et besoins futurs sont liés, de sorte que des politiques et des mesures appropriées puissent assurer un avenir positif. L’avenir doit être fait par le Nord, dans le Nord et pour le Nord — et le Nord doit être accessible.

La première étape consiste à réparer la ligne ferroviaire et le port en eau profonde de Churchill au Manitoba, qui ont été abîmés le 17 mai 2017 en raison de l’inondation du chemin de fer. L’annonce du gouvernement, le 14 septembre 2018, de l’octroi de 117 millions de dollars pour l’acquisition et la réparation de cette ligne ferroviaire par l’Arctic Gateway Group était d’une importance capitale.

La sénatrice Patricia Bovey rencontre Mike Spence, le maire de Churchill (Manitoba), après avoir participé à un atelier sur le changement climatique et la mondialisation de l'Arctique en juillet 2018. (Crédit : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

Le groupe comprend Fairfax Financial Holdings, AGT Limited Partnership de Regina et Missinippi Rail Limited Partnership, qui regroupe les Premières Nations des Cris de Mathias Colomb, de Fox Lake, d’Opaskwayak, et de Tataskweyak, et les Premières Nations de War Lake et de York Factory, la Cross Lake Band of Cree Indians et la Nisichawayasihk Cree Nation. Les municipalités desservies par la ligne participent également.

Mike Spence, maire de Churchill, a déclaré : « Cette entente est historique. Je ne pense pas qu’il y ait eu un modèle similaire au Canada pour répondre à une telle situation. Les Premières Nations, les communautés et les municipalités, et les acteurs du secteur privé travailleront main dans la main avec le gouvernement du Canada. Ce sera un succès. Nous envisageons l’avenir avec beaucoup d’enthousiasme. »

Les réparations de la plateforme et du pont ferroviaires, essentielles pour toutes les livraisons et le tourisme, les recherches en cours au Centre d’études nordiques de Churchill et l’Observatoire maritime de Churchill, actuellement en construction, sont pratiquement terminés. La certification devrait avoir lieu dans quelques semaines.

Le chemin de fer, le port en eau profonde et l’aéroport de Churchill — à l’origine une piste d’atterrissage militaire — pourront de nouveau desservir l’ensemble des marchés arctique et mondial.

Le Comité sur l’Arctique s’est penché sur les six thèmes précisés dans la stratégie du gouvernement pour l’Arctique: l’infrastructure globale de l’Arctique; des citoyens forts et des communautés fortes dans l’Arctique; des économies solides, durables et diversifiées dans l’Arctique; les connaissances scientifiques et autochtones dans l’Arctique; la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité dans l’Arctique; et l’Arctique dans un contexte mondial.

Les changements climatiques, l’exploitation minière, l’exploration pétrolière et gazière et les préoccupations environnementales sont particulièrement complexes. La bonne gestion des ressources du Nord est impérative, car elle permet d’équilibrer l’extraction et les ventes avec l’environnement. Les gains financiers devraient être réinvestis dans le Nord, et pas seulement dans les sociétés internationales et du Sud qui en tirent profit.

Les effets à court et à long terme du changement climatique rapide, de la fonte des glaces de mer et des changements dans la vie marine sont très importants.

Des espèces marines ont été recensées plus au nord que jamais auparavant. Les niveaux de mercure augmentent avec la fonte du pergélisol. La chaîne alimentaire est en train de changer. Qu’est-ce qui découlera de l’élévation du niveau de la mer et de la disparition prévue de 40 communautés côtières?

L’ouverture du passage du Nord-Ouest augmentera le trafic maritime commercial international et le tourisme. Pourtant, seule une infime fraction de la côte de l’océan Arctique du Canada est cartographiée.

La Russie et la Chine connaissent mieux nos fonds marins que nous.

Le nombre croissant de paquebots de croisière crée des opportunités et des défis. Il a fallu plusieurs jours aux brise-glaces pour atteindre un paquebot de croisière échoué cet été, ce qui les a rendus non disponibles pour aider aux livraisons annuelles destinées à des communautés éloignées comme Cambridge Bay.

Les problèmes qui s’aggravent dans le Nord comprennent le manque de logements adéquats, l’accès aux soins de santé, les crises de santé mentale, la toxicomanie et le suicide, l’emploi et l’accès inéquitable aux études et à la formation. L’éducation et la formation sont des conditions préalables à la résolution de tous ces problèmes.

Plusieurs des meilleurs diplômés du secondaire ont révélé qu’ils étaient perdus sur le plan scolaire et qu’ils avaient été évalués au niveau de la 5e année dans le cadre des programmes postsecondaires du Sud.

Le lien avec le logement est évident. Comment peut-on faire ses devoirs dans une petite maison ou trois générations ou plus cohabitent, ou rester en phase avec un accès à Internet par ligne commutée ou par satellite?

De plus, les installations sportives et les activités parascolaires sont inexistantes ou insuffisantes.

Les câbles à fibres optiques sont essentiels pour l’éducation, les soins de santé, les affaires et plus encore. Le financement par habitant dans le Nord ne répond pas aux besoins. Les distances entre les communautés sont énormes.

Nous devons répondre ensemble à ces innombrables préoccupations et relier les connaissances scientifiques et autochtones, tout en reconnaissant le point de vue des résidents. Sinon, le Canada fera face à une grave régression. L’écart entre les nantis du Sud et les démunis du Nord va se creuser. Tous les Canadiens, du Nord au Sud, perdront.

 

Patricia Bovey est sénatrice pour le Manitoba et vice-présidente du Comité sénatorial spécial sur l’Arctique.

Une version de cet article est parue le 31 octobre 2018 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).

Avis aux lecteurs : L’honorable Patricia Bovey a pris sa retraite du Sénat du Canada en février 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Près de 40 % du Canada se trouve au nord du 60e parallèle. Les Canadiens du Sud comprennent-ils les enjeux nordiques ou les richesses du Nord — son écologie unique et fragile et des siècles de traditions inuites, dénées et des Premières Nations du Nord?

Le Nord est l’avenir du Canada. Le Comité sénatorial spécial sur l’Arctique a pour mandat d’évaluer et de traiter des questions complexes et interdépendantes concernant le Nord : la souveraineté, la sécurité, les changements climatiques, les réalités sociales, le logement et la santé, l’infrastructure numérique, l’éducation, les ressources minières et pétrolières, la langue, la culture, etc. 

Le mois dernier, les membres du comité ont visité Kuujjuaq, au Québec, Iqaluit, Baker Lake, la mine d'or Meadowbank et Cambridge Bay, au Nunavut, Yellowknife et Inuvik dans les Territoires-du-Nord-Ouest, et Whitehorse, au Yukon, pour comprendre comment les réalités actuelles et les possibilités et besoins futurs sont liés, de sorte que des politiques et des mesures appropriées puissent assurer un avenir positif. L’avenir doit être fait par le Nord, dans le Nord et pour le Nord — et le Nord doit être accessible.

La première étape consiste à réparer la ligne ferroviaire et le port en eau profonde de Churchill au Manitoba, qui ont été abîmés le 17 mai 2017 en raison de l’inondation du chemin de fer. L’annonce du gouvernement, le 14 septembre 2018, de l’octroi de 117 millions de dollars pour l’acquisition et la réparation de cette ligne ferroviaire par l’Arctic Gateway Group était d’une importance capitale.

La sénatrice Patricia Bovey rencontre Mike Spence, le maire de Churchill (Manitoba), après avoir participé à un atelier sur le changement climatique et la mondialisation de l'Arctique en juillet 2018. (Crédit : Bureau de la sénatrice Patricia Bovey)

Le groupe comprend Fairfax Financial Holdings, AGT Limited Partnership de Regina et Missinippi Rail Limited Partnership, qui regroupe les Premières Nations des Cris de Mathias Colomb, de Fox Lake, d’Opaskwayak, et de Tataskweyak, et les Premières Nations de War Lake et de York Factory, la Cross Lake Band of Cree Indians et la Nisichawayasihk Cree Nation. Les municipalités desservies par la ligne participent également.

Mike Spence, maire de Churchill, a déclaré : « Cette entente est historique. Je ne pense pas qu’il y ait eu un modèle similaire au Canada pour répondre à une telle situation. Les Premières Nations, les communautés et les municipalités, et les acteurs du secteur privé travailleront main dans la main avec le gouvernement du Canada. Ce sera un succès. Nous envisageons l’avenir avec beaucoup d’enthousiasme. »

Les réparations de la plateforme et du pont ferroviaires, essentielles pour toutes les livraisons et le tourisme, les recherches en cours au Centre d’études nordiques de Churchill et l’Observatoire maritime de Churchill, actuellement en construction, sont pratiquement terminés. La certification devrait avoir lieu dans quelques semaines.

Le chemin de fer, le port en eau profonde et l’aéroport de Churchill — à l’origine une piste d’atterrissage militaire — pourront de nouveau desservir l’ensemble des marchés arctique et mondial.

Le Comité sur l’Arctique s’est penché sur les six thèmes précisés dans la stratégie du gouvernement pour l’Arctique: l’infrastructure globale de l’Arctique; des citoyens forts et des communautés fortes dans l’Arctique; des économies solides, durables et diversifiées dans l’Arctique; les connaissances scientifiques et autochtones dans l’Arctique; la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité dans l’Arctique; et l’Arctique dans un contexte mondial.

Les changements climatiques, l’exploitation minière, l’exploration pétrolière et gazière et les préoccupations environnementales sont particulièrement complexes. La bonne gestion des ressources du Nord est impérative, car elle permet d’équilibrer l’extraction et les ventes avec l’environnement. Les gains financiers devraient être réinvestis dans le Nord, et pas seulement dans les sociétés internationales et du Sud qui en tirent profit.

Les effets à court et à long terme du changement climatique rapide, de la fonte des glaces de mer et des changements dans la vie marine sont très importants.

Des espèces marines ont été recensées plus au nord que jamais auparavant. Les niveaux de mercure augmentent avec la fonte du pergélisol. La chaîne alimentaire est en train de changer. Qu’est-ce qui découlera de l’élévation du niveau de la mer et de la disparition prévue de 40 communautés côtières?

L’ouverture du passage du Nord-Ouest augmentera le trafic maritime commercial international et le tourisme. Pourtant, seule une infime fraction de la côte de l’océan Arctique du Canada est cartographiée.

La Russie et la Chine connaissent mieux nos fonds marins que nous.

Le nombre croissant de paquebots de croisière crée des opportunités et des défis. Il a fallu plusieurs jours aux brise-glaces pour atteindre un paquebot de croisière échoué cet été, ce qui les a rendus non disponibles pour aider aux livraisons annuelles destinées à des communautés éloignées comme Cambridge Bay.

Les problèmes qui s’aggravent dans le Nord comprennent le manque de logements adéquats, l’accès aux soins de santé, les crises de santé mentale, la toxicomanie et le suicide, l’emploi et l’accès inéquitable aux études et à la formation. L’éducation et la formation sont des conditions préalables à la résolution de tous ces problèmes.

Plusieurs des meilleurs diplômés du secondaire ont révélé qu’ils étaient perdus sur le plan scolaire et qu’ils avaient été évalués au niveau de la 5e année dans le cadre des programmes postsecondaires du Sud.

Le lien avec le logement est évident. Comment peut-on faire ses devoirs dans une petite maison ou trois générations ou plus cohabitent, ou rester en phase avec un accès à Internet par ligne commutée ou par satellite?

De plus, les installations sportives et les activités parascolaires sont inexistantes ou insuffisantes.

Les câbles à fibres optiques sont essentiels pour l’éducation, les soins de santé, les affaires et plus encore. Le financement par habitant dans le Nord ne répond pas aux besoins. Les distances entre les communautés sont énormes.

Nous devons répondre ensemble à ces innombrables préoccupations et relier les connaissances scientifiques et autochtones, tout en reconnaissant le point de vue des résidents. Sinon, le Canada fera face à une grave régression. L’écart entre les nantis du Sud et les démunis du Nord va se creuser. Tous les Canadiens, du Nord au Sud, perdront.

 

Patricia Bovey est sénatrice pour le Manitoba et vice-présidente du Comité sénatorial spécial sur l’Arctique.

Une version de cet article est parue le 31 octobre 2018 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).

Avis aux lecteurs : L’honorable Patricia Bovey a pris sa retraite du Sénat du Canada en février 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

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