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L’effort émotionnel du Mois de l’histoire des Noirs : sénatrice Clement

La sénatrice Bernadette Clement se tient aux côtés d’une vingtaine d’étudiants.

Le Mois de l’histoire des Noirs a lieu durant le plus court mois de l’année, et pour moi l’un des plus chargés. En 2024, nous avons droit à une journée supplémentaire – pour moi, c’est une autre journée de partage, d’écoute et de guérison.

Les invitations commencent à affluer plusieurs semaines avant février :

« Aimeriez-vous partager vos expériences avec mes élèves? »

« Pouvez-vous visiter notre municipalité pour un événement? »

« Êtes-vous disponible pour une entrevue? »

La réponse, dans la mesure du possible, est toujours oui.

Habituellement, je suis épuisée quand mars arrive. Il y a fort à parier que j’aurai pleuré durant ou après la plupart de ces conversations — si nous n’allons pas au plus profond de nous-mêmes, si nous ne faisons pas face à nos émotions les plus vives, si nous ne montrons pas notre vulnérabilité, à quoi bon avoir ces échanges. C’est l’effort émotionnel des leaders de la communauté noire, du Mois de l’histoire des Noirs.

La visibilité est importante, et je me mets à l’avant-scène durant ces événements parce que les jeunes Noirs doivent voir des leaders qui leur ressemblent. C’est ma responsabilité de raconter mon histoire, mais c’est un honneur d’écouter les autres relater leurs expériences.

Ma vulnérabilité encourage aussi les autres à s’exprimer. 

Tout au long du mois, je discuterai de mon intersectionnalité en tant que francophone noire, fille d’un père trinidadien et d’une mère franco-manitobaine. J’expliquerai comment mon identité de femme noire a évolué au travers d’élections fédérales et municipales, après le meurtre de George Floyd, et dans mon parcours de sénatrice canadienne dans une position avantageuse qui continue d’être confrontée à des obstacles et à la solitude. 

Je serai franche. C’est encore difficile d’être noire au Canada, malgré mon rôle de sénatrice. Et c’est en raison de ces obstacles que j’exprime ma reconnaissance : mes liens avec ma communauté, avec les jeunes et avec des personnes de tous les milieux nourrissent mon âme et me réconfortent. 

Quand les gens me demandent de leur raconter mon histoire, ils m’encouragent à être ouverte, à dire de dures vérités, mais aussi à les responsabiliser. Je veux qu’ils m’écoutent, dans l’inconfort, et qu’ils ressortent de cette expérience avec des questions et de nouvelles idées. Voilà comment les gens de tous les âges peuvent apprendre à devenir des alliés.

Les Canadiens ont à leur disposition une immense quantité d’information à consulter durant le Mois de l’histoire des Noirs : balados, livres, blogues, médias sociaux, articles, télévision, musique... Ces ressources peuvent changer les perceptions de nos alliés, les pousser à célébrer la création et l’innovation, les instruire sur le passé, et les informer sur des lois et des politiques utiles ou préjudiciables.

J’encourage tout le monde à profiter de l’accessibilité de ces possibilités d’apprentissage.

Il incombe à nos alliés de chercher eux-mêmes l’information, sans s’attendre à ce que les personnes qui ont vécu ces expériences fassent tout le travail. Mais les rapports humains ont un pouvoir transformateur. Ils sont essentiels à notre croissance. Quand les personnes noires ont des conversations sur la race, on s’attend à ce qu’elles soient vulnérables. Accompagnez-les dans ces moments pendant que vous écoutez. Poser des questions en face à face peut s’avérer intimidant, mais quand c’est fait dans le respect, on a la possibilité d’ouvrir la voie à une plus grande compréhension. 

La sénatrice Bernadette Clement a été la première femme noire à occuper un poste de mairesse en Ontario lorsqu’elle a été élue mairesse de Cornwall en 2018. Elle représente l’Ontario au Sénat.

Cet article a été publié le 9 février 2024 dans Le Droit.

Le Mois de l’histoire des Noirs a lieu durant le plus court mois de l’année, et pour moi l’un des plus chargés. En 2024, nous avons droit à une journée supplémentaire – pour moi, c’est une autre journée de partage, d’écoute et de guérison.

Les invitations commencent à affluer plusieurs semaines avant février :

« Aimeriez-vous partager vos expériences avec mes élèves? »

« Pouvez-vous visiter notre municipalité pour un événement? »

« Êtes-vous disponible pour une entrevue? »

La réponse, dans la mesure du possible, est toujours oui.

Habituellement, je suis épuisée quand mars arrive. Il y a fort à parier que j’aurai pleuré durant ou après la plupart de ces conversations — si nous n’allons pas au plus profond de nous-mêmes, si nous ne faisons pas face à nos émotions les plus vives, si nous ne montrons pas notre vulnérabilité, à quoi bon avoir ces échanges. C’est l’effort émotionnel des leaders de la communauté noire, du Mois de l’histoire des Noirs.

La visibilité est importante, et je me mets à l’avant-scène durant ces événements parce que les jeunes Noirs doivent voir des leaders qui leur ressemblent. C’est ma responsabilité de raconter mon histoire, mais c’est un honneur d’écouter les autres relater leurs expériences.

Ma vulnérabilité encourage aussi les autres à s’exprimer. 

Tout au long du mois, je discuterai de mon intersectionnalité en tant que francophone noire, fille d’un père trinidadien et d’une mère franco-manitobaine. J’expliquerai comment mon identité de femme noire a évolué au travers d’élections fédérales et municipales, après le meurtre de George Floyd, et dans mon parcours de sénatrice canadienne dans une position avantageuse qui continue d’être confrontée à des obstacles et à la solitude. 

Je serai franche. C’est encore difficile d’être noire au Canada, malgré mon rôle de sénatrice. Et c’est en raison de ces obstacles que j’exprime ma reconnaissance : mes liens avec ma communauté, avec les jeunes et avec des personnes de tous les milieux nourrissent mon âme et me réconfortent. 

Quand les gens me demandent de leur raconter mon histoire, ils m’encouragent à être ouverte, à dire de dures vérités, mais aussi à les responsabiliser. Je veux qu’ils m’écoutent, dans l’inconfort, et qu’ils ressortent de cette expérience avec des questions et de nouvelles idées. Voilà comment les gens de tous les âges peuvent apprendre à devenir des alliés.

Les Canadiens ont à leur disposition une immense quantité d’information à consulter durant le Mois de l’histoire des Noirs : balados, livres, blogues, médias sociaux, articles, télévision, musique... Ces ressources peuvent changer les perceptions de nos alliés, les pousser à célébrer la création et l’innovation, les instruire sur le passé, et les informer sur des lois et des politiques utiles ou préjudiciables.

J’encourage tout le monde à profiter de l’accessibilité de ces possibilités d’apprentissage.

Il incombe à nos alliés de chercher eux-mêmes l’information, sans s’attendre à ce que les personnes qui ont vécu ces expériences fassent tout le travail. Mais les rapports humains ont un pouvoir transformateur. Ils sont essentiels à notre croissance. Quand les personnes noires ont des conversations sur la race, on s’attend à ce qu’elles soient vulnérables. Accompagnez-les dans ces moments pendant que vous écoutez. Poser des questions en face à face peut s’avérer intimidant, mais quand c’est fait dans le respect, on a la possibilité d’ouvrir la voie à une plus grande compréhension. 

La sénatrice Bernadette Clement a été la première femme noire à occuper un poste de mairesse en Ontario lorsqu’elle a été élue mairesse de Cornwall en 2018. Elle représente l’Ontario au Sénat.

Cet article a été publié le 9 février 2024 dans Le Droit.

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