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L’infrastructure canadienne du transport n’est pas prête pour la tempête à venir : sénatrice Simons

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À la mi-novembre 2021, la vallée du Fraser et la prairie Sumas dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique ont été touchées par des inondations extrêmes. Ce que l’on nomme une rivière atmosphérique a entraîné de la pluie torrentielle au point où de nombreux cours d’eau de la Colombie-Britannique, dont le fleuve Nooksack et les rivières Chilliwack, Coquihalla, Coldwater, Similkameen et Tulameen, ont été submergés.

Des milliers de personnes ont été déplacées. Des dizaines de milliers d’acres des plus riches terres agricoles du Canada étaient sous l’eau. De plus, à notre grande surprise, toutes les principales voies de communication entre le Port de Vancouver et le reste du Canada, des autoroutes aux chemins de fer, étaient devenues impraticables en raison de coulées de boue et d’inondations qui ont bloqué, entravé ou emporté certains des couloirs de circulation les plus névralgiques au pays.

Ce fut notamment le cas de la transcanadienne, de la Coquihalla et des autoroutes 3, 7 et 99. Le district régional du Grand Vancouver s’est retrouvé isolé du reste du pays par la voie terrestre. Au moins quatre personnes ont perdu la vie suivant une coulée de boue près d’une autoroute importante. De plus, les principales voies ferrées du Canadien Pacifique (CP) et du Canadien National (CN) ont été coupées à plusieurs endroits; il n’y avait donc aucune liaison ferroviaire pour le transport de marchandises ou de passagers entre Vancouver et Kamloops, et par conséquent dans le reste du Canada.

Les répercussions sur la chaîne d’approvisionnement ont été instantanées et considérables. Rien ne pouvait sortir du Port de Vancouver, et rien ne pouvait y entrer. Cette expérience m’a fait réfléchir. En tant qu’Albertaine, j’ai réalisé à quel point les agriculteurs, les fabricants et les entreprises de tout genre des Prairies étaient vulnérables. Un gros orage et toutes nos certitudes organisationnelles ont volé en éclats.

Cela aurait pu être pire. Le CP et le CN, ainsi que les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada, ont travaillé de concert et ont réalisé des miracles : ils ont rétabli les infrastructures ferroviaires et routières plus rapidement qu’on n’avait osé l’espérer. Mais les inondations de 2021 auraient dû être un signal d’alarme pour le pays. Une sonnette pour nous avertir de la fragilité de notre infrastructure du transport de base et de la nécessité de renforcer dès aujourd’hui la résilience de nos réseaux de chaînes d’approvisionnement, pendant que nous avons encore la possibilité de limiter certaines des répercussions les plus graves des changements climatiques.

Dans notre vaste pays peu peuplé, nous sommes exceptionnellement vulnérables aux répercussions des phénomènes météorologiques extrêmes sur nos autoroutes, nos chemins de fer, nos ports et nos aéroports. Nous sommes tous prisonniers de notre géographie lorsque nos trains, nos camions, nos navires, nos traversiers et nos avions sont cloués sur place.

En 2021, c’était la Colombie-Britannique, mais presque aucun tronçon du réseau de transport canadien n’est à l’abri des inondations, des feux de forêt, des blizzards, des ouragans ou des tornades qui déforment, tordent et rompent les chaînes d’approvisionnement qui sont censées nous lier et nous unir.

L’état de notre infrastructure physique du transport, conçue en grande partie durant le 19e et le 20e siècle, n’est qu’une partie du problème.

Suivant les bouleversements provoqués par la COVID-19 dans le monde du travail, nous n’avons pas non plus restauré adéquatement notre infrastructure humaine. Les blizzards de la période des Fêtes de 2022, qui ont perturbé les activités des aéroports de Vancouver à Toronto et bloqué le trajet le plus achalandé de VIA Rail, l’ont bien montré. Nous manquons de pilotes, d’agents de services aux passagers, de personnel de piste et de contrôleurs de circulation aérienne, donc lorsque la météo nous envoie une balle courbe, le système n’a ni résilience ni latitude.

Nous n’avons ni les plans d’intervention ni les effectifs d’urgence qu’il faudrait pour secourir les passagers coincés dans des trains immobilisés par la tempête ou des avions cloués au sol, et donc les voyageurs affolés sont pris au piège. Les histoires de ces voyageurs qui n’ont pas eu la chance d’être chez eux pour Noël nous vont droit au cœur, mais ces embouteillages dus à la météo, amplifiés par la pénurie de main-d’œuvre, ont aussi un effet dévastateur sur nos systèmes de transport aérien, ferroviaire et routier.

Les changements climatiques sont déjà là. On peut bien discuter des moyens de limiter le réchauffement climatique, mais il faut surtout affronter de dures réalités. Notre infrastructure du transport n’est pas conçue pour ce qui nous attend, pas plus que notre marché du travail.

Nous devons être prêts pour ce que l’avenir nous réserve, sans quoi notre chaîne d’approvisionnement risque d’être bouleversée au point d’ébranler nos certitudes.

La sénatrice Paula Simons représente l’Alberta. Elle est vice-présidente du Comité sénatorial de l’agriculture et des forêts et membre du Comité sénatorial des transports et des communications.

Une version de cet article a été publiée le 18 janvier 2023 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).

À la mi-novembre 2021, la vallée du Fraser et la prairie Sumas dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique ont été touchées par des inondations extrêmes. Ce que l’on nomme une rivière atmosphérique a entraîné de la pluie torrentielle au point où de nombreux cours d’eau de la Colombie-Britannique, dont le fleuve Nooksack et les rivières Chilliwack, Coquihalla, Coldwater, Similkameen et Tulameen, ont été submergés.

Des milliers de personnes ont été déplacées. Des dizaines de milliers d’acres des plus riches terres agricoles du Canada étaient sous l’eau. De plus, à notre grande surprise, toutes les principales voies de communication entre le Port de Vancouver et le reste du Canada, des autoroutes aux chemins de fer, étaient devenues impraticables en raison de coulées de boue et d’inondations qui ont bloqué, entravé ou emporté certains des couloirs de circulation les plus névralgiques au pays.

Ce fut notamment le cas de la transcanadienne, de la Coquihalla et des autoroutes 3, 7 et 99. Le district régional du Grand Vancouver s’est retrouvé isolé du reste du pays par la voie terrestre. Au moins quatre personnes ont perdu la vie suivant une coulée de boue près d’une autoroute importante. De plus, les principales voies ferrées du Canadien Pacifique (CP) et du Canadien National (CN) ont été coupées à plusieurs endroits; il n’y avait donc aucune liaison ferroviaire pour le transport de marchandises ou de passagers entre Vancouver et Kamloops, et par conséquent dans le reste du Canada.

Les répercussions sur la chaîne d’approvisionnement ont été instantanées et considérables. Rien ne pouvait sortir du Port de Vancouver, et rien ne pouvait y entrer. Cette expérience m’a fait réfléchir. En tant qu’Albertaine, j’ai réalisé à quel point les agriculteurs, les fabricants et les entreprises de tout genre des Prairies étaient vulnérables. Un gros orage et toutes nos certitudes organisationnelles ont volé en éclats.

Cela aurait pu être pire. Le CP et le CN, ainsi que les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada, ont travaillé de concert et ont réalisé des miracles : ils ont rétabli les infrastructures ferroviaires et routières plus rapidement qu’on n’avait osé l’espérer. Mais les inondations de 2021 auraient dû être un signal d’alarme pour le pays. Une sonnette pour nous avertir de la fragilité de notre infrastructure du transport de base et de la nécessité de renforcer dès aujourd’hui la résilience de nos réseaux de chaînes d’approvisionnement, pendant que nous avons encore la possibilité de limiter certaines des répercussions les plus graves des changements climatiques.

Dans notre vaste pays peu peuplé, nous sommes exceptionnellement vulnérables aux répercussions des phénomènes météorologiques extrêmes sur nos autoroutes, nos chemins de fer, nos ports et nos aéroports. Nous sommes tous prisonniers de notre géographie lorsque nos trains, nos camions, nos navires, nos traversiers et nos avions sont cloués sur place.

En 2021, c’était la Colombie-Britannique, mais presque aucun tronçon du réseau de transport canadien n’est à l’abri des inondations, des feux de forêt, des blizzards, des ouragans ou des tornades qui déforment, tordent et rompent les chaînes d’approvisionnement qui sont censées nous lier et nous unir.

L’état de notre infrastructure physique du transport, conçue en grande partie durant le 19e et le 20e siècle, n’est qu’une partie du problème.

Suivant les bouleversements provoqués par la COVID-19 dans le monde du travail, nous n’avons pas non plus restauré adéquatement notre infrastructure humaine. Les blizzards de la période des Fêtes de 2022, qui ont perturbé les activités des aéroports de Vancouver à Toronto et bloqué le trajet le plus achalandé de VIA Rail, l’ont bien montré. Nous manquons de pilotes, d’agents de services aux passagers, de personnel de piste et de contrôleurs de circulation aérienne, donc lorsque la météo nous envoie une balle courbe, le système n’a ni résilience ni latitude.

Nous n’avons ni les plans d’intervention ni les effectifs d’urgence qu’il faudrait pour secourir les passagers coincés dans des trains immobilisés par la tempête ou des avions cloués au sol, et donc les voyageurs affolés sont pris au piège. Les histoires de ces voyageurs qui n’ont pas eu la chance d’être chez eux pour Noël nous vont droit au cœur, mais ces embouteillages dus à la météo, amplifiés par la pénurie de main-d’œuvre, ont aussi un effet dévastateur sur nos systèmes de transport aérien, ferroviaire et routier.

Les changements climatiques sont déjà là. On peut bien discuter des moyens de limiter le réchauffement climatique, mais il faut surtout affronter de dures réalités. Notre infrastructure du transport n’est pas conçue pour ce qui nous attend, pas plus que notre marché du travail.

Nous devons être prêts pour ce que l’avenir nous réserve, sans quoi notre chaîne d’approvisionnement risque d’être bouleversée au point d’ébranler nos certitudes.

La sénatrice Paula Simons représente l’Alberta. Elle est vice-présidente du Comité sénatorial de l’agriculture et des forêts et membre du Comité sénatorial des transports et des communications.

Une version de cet article a été publiée le 18 janvier 2023 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).

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