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Que faire pour éliminer les disparités en matière de santé pour les peuples autochtones : Sénatrice McCallum

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Le point de vue présenté ici vise principalement les Premières Nations, à qui j’ai fourni des soins de santé et des soins dentaires pour la majeure partie de ma carrière avant d’être nommée au Sénat. Comme l’histoire en matière d’accès aux soins de santé est fort différente pour les Métis et les Inuit, il est important de faire la distinction entre les trois groupes autochtones dans ce contexte afin de bien représenter la situation.

En tant que professionnelle de la santé buccodentaire, j’ai été en contact avec différents secteurs du système de santé depuis 1973. Je possède plus de 40 ans d’expérience directe et approfondie de ce milieu.

Pendant cette période, je n’ai observé que très peu de changements positifs dans les soins de santé offerts aux Premières Nations autant en ce qui concerne les soins offerts par les médecins et les infirmières qu’en ce qui concerne les soins relatifs à la santé mentale. Les lacunes en matière de services juridiques, d’hébergement, d’éducation et d’alimentation ainsi que la violence constituent des obstacles inhérents à l’accès aux soins.

L’existence des disparités en matière de santé qui touchent les peuples autochtones du Canada a été reconnue par le gouvernement, les universitaires et les défenseurs du droit à la santé. Tous ont proposé différentes méthodes pour éliminer ces disparités. Le taux de maladie continue pourtant d’augmenter et l’accès aux services assurés et au Programme des soins de santé non assurés est toujours parsemé d’embûches.  

Pour éliminer les disparités en matière de santé, il faut examiner attentivement les facteurs qui continuent d’influencer l’accès des peuples autochtones aux soins de santé, basés sur leur situation géographique, soit isolée, urbaine ou rurale. La fragmentation sociale, politique et économique des régimes de soins de santé mène à la création de cultures cliniques variées, ce qui fait que certaines pratiques sont plus susceptibles de devoir composer avec les contraintes sur le plan des ressources associées à ces segments de la population. Les disparités créées par cette fragmentation affectent la prestation de soins de santé pour les Premières Nations et découlent d’injustices à la fois passées et contemporaines. La situation a évolué de différentes façons en raison d’une gestion inefficace des programmes de santé; de la prédétermination effectuée à Ottawa; d’ententes d’offres à commandes; et d’autres mécanismes.

L’éducation et la formation des professionnels de la santé limitent la façon dont ils offrent des soins. Les services facturés à l’acte constituent l’une des principales composantes de la prestation des services de santé offerts aux Premières Nations.  Dans ce contexte, la prestation des soins est conçue de façon à ce que les professionnels voient autant de patients que possible : ce sont alors les symptômes, et non les patients, qui se retrouvent au cœur des priorités.

Les professionnels de la santé n’adoptent pas une vue d’ensemble des soins aux patients ou des éventuels dommages causés par les déterminants sociaux de la santé. Les problèmes endémiques (pénurie de logements, maladies infectieuses, chômage, problèmes de consommation) qui surviennent dans les secteurs où la population est confinée dans des établissements délabrés contribuent à la désintégration des communautés et accélèrent la propagation des maladies.

Dans les secteurs de The Pas et de la nation crie Opaskwayak, au nord du Manitoba, ces deux groupes de personnes ont reçu des soins de santé fournis par les mêmes médecins. Toutefois, l’un des groupes était en santé, alors que l’autre était aux prises avec un taux élevé de maladie. Par conséquent, la nation crie Opaskwayak a créé ses propres programmes de services médicaux et de soins de santé, lesquels ont déjà donné lieu à des résultats positifs.

Comme l’indique le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones : « Nous en sommes même arrivés à la conclusion que le maintien de l’approche actuelle en matière de services ne fait que perpétuer le mauvais état de santé et les problèmes sociaux des peuples autochtones. Quelle que puisse être la qualité des résultats obtenus dans le cadre restreint d’un programme de santé ou d’un programme social donné, ce programme ne peut modifier la réalité des conditions défavorables des Autochtones – ces cycles de pauvreté, de dépendance et de désespoir – qui déterminent leur état de santé et leur vulnérabilité à la maladie. »

Le rapport ajoute : « La Commission propose que les nouveaux systèmes de santé et de guérison autochtones s’inspirent de quatre principes essentiels : équité en matière d’accès aux services de santé et de guérison et état de santé comparable; approche holistique des problèmes, de leur traitement et de leur prévention; prise en charge des systèmes de soins de santé par les Autochtones et, si possible, prise en charge des services par la communauté; diversité dans la conception des systèmes et des services de façon à tenir compte des réalités culturelles et communautaires différentes. »

La question qui se pose maintenant est la suivante : par où commencer?

Dre Mary Jane McCallum est une sénatrice du Manitoba qui milite pour la justice sociale. D’origine crie, elle a donné des soins dentaires dans les communautés des Premières Nations partout au Manitoba.

Cet article a été publié le 18 avril 2018 dans le Hill Times (en anglais seulement).

Le point de vue présenté ici vise principalement les Premières Nations, à qui j’ai fourni des soins de santé et des soins dentaires pour la majeure partie de ma carrière avant d’être nommée au Sénat. Comme l’histoire en matière d’accès aux soins de santé est fort différente pour les Métis et les Inuit, il est important de faire la distinction entre les trois groupes autochtones dans ce contexte afin de bien représenter la situation.

En tant que professionnelle de la santé buccodentaire, j’ai été en contact avec différents secteurs du système de santé depuis 1973. Je possède plus de 40 ans d’expérience directe et approfondie de ce milieu.

Pendant cette période, je n’ai observé que très peu de changements positifs dans les soins de santé offerts aux Premières Nations autant en ce qui concerne les soins offerts par les médecins et les infirmières qu’en ce qui concerne les soins relatifs à la santé mentale. Les lacunes en matière de services juridiques, d’hébergement, d’éducation et d’alimentation ainsi que la violence constituent des obstacles inhérents à l’accès aux soins.

L’existence des disparités en matière de santé qui touchent les peuples autochtones du Canada a été reconnue par le gouvernement, les universitaires et les défenseurs du droit à la santé. Tous ont proposé différentes méthodes pour éliminer ces disparités. Le taux de maladie continue pourtant d’augmenter et l’accès aux services assurés et au Programme des soins de santé non assurés est toujours parsemé d’embûches.  

Pour éliminer les disparités en matière de santé, il faut examiner attentivement les facteurs qui continuent d’influencer l’accès des peuples autochtones aux soins de santé, basés sur leur situation géographique, soit isolée, urbaine ou rurale. La fragmentation sociale, politique et économique des régimes de soins de santé mène à la création de cultures cliniques variées, ce qui fait que certaines pratiques sont plus susceptibles de devoir composer avec les contraintes sur le plan des ressources associées à ces segments de la population. Les disparités créées par cette fragmentation affectent la prestation de soins de santé pour les Premières Nations et découlent d’injustices à la fois passées et contemporaines. La situation a évolué de différentes façons en raison d’une gestion inefficace des programmes de santé; de la prédétermination effectuée à Ottawa; d’ententes d’offres à commandes; et d’autres mécanismes.

L’éducation et la formation des professionnels de la santé limitent la façon dont ils offrent des soins. Les services facturés à l’acte constituent l’une des principales composantes de la prestation des services de santé offerts aux Premières Nations.  Dans ce contexte, la prestation des soins est conçue de façon à ce que les professionnels voient autant de patients que possible : ce sont alors les symptômes, et non les patients, qui se retrouvent au cœur des priorités.

Les professionnels de la santé n’adoptent pas une vue d’ensemble des soins aux patients ou des éventuels dommages causés par les déterminants sociaux de la santé. Les problèmes endémiques (pénurie de logements, maladies infectieuses, chômage, problèmes de consommation) qui surviennent dans les secteurs où la population est confinée dans des établissements délabrés contribuent à la désintégration des communautés et accélèrent la propagation des maladies.

Dans les secteurs de The Pas et de la nation crie Opaskwayak, au nord du Manitoba, ces deux groupes de personnes ont reçu des soins de santé fournis par les mêmes médecins. Toutefois, l’un des groupes était en santé, alors que l’autre était aux prises avec un taux élevé de maladie. Par conséquent, la nation crie Opaskwayak a créé ses propres programmes de services médicaux et de soins de santé, lesquels ont déjà donné lieu à des résultats positifs.

Comme l’indique le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones : « Nous en sommes même arrivés à la conclusion que le maintien de l’approche actuelle en matière de services ne fait que perpétuer le mauvais état de santé et les problèmes sociaux des peuples autochtones. Quelle que puisse être la qualité des résultats obtenus dans le cadre restreint d’un programme de santé ou d’un programme social donné, ce programme ne peut modifier la réalité des conditions défavorables des Autochtones – ces cycles de pauvreté, de dépendance et de désespoir – qui déterminent leur état de santé et leur vulnérabilité à la maladie. »

Le rapport ajoute : « La Commission propose que les nouveaux systèmes de santé et de guérison autochtones s’inspirent de quatre principes essentiels : équité en matière d’accès aux services de santé et de guérison et état de santé comparable; approche holistique des problèmes, de leur traitement et de leur prévention; prise en charge des systèmes de soins de santé par les Autochtones et, si possible, prise en charge des services par la communauté; diversité dans la conception des systèmes et des services de façon à tenir compte des réalités culturelles et communautaires différentes. »

La question qui se pose maintenant est la suivante : par où commencer?

Dre Mary Jane McCallum est une sénatrice du Manitoba qui milite pour la justice sociale. D’origine crie, elle a donné des soins dentaires dans les communautés des Premières Nations partout au Manitoba.

Cet article a été publié le 18 avril 2018 dans le Hill Times (en anglais seulement).

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