Adieu de la Finlande : Le sénateur Vernon White prend sa retraite
Qu’il s’agisse de la crise des opioïdes ou des questions de sécurité nationale, les décennies d’expérience du sénateur Vernon White au sein des services policiers ont contribué à son travail à la Chambre haute.
L’ancien chef de police d’Ottawa, qui a été nommé au Sénat en 2012, a siégé à plusieurs comités pendant son mandat de dix ans, notamment le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles et le Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise. Il a également été membre du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Le sénateur de l’Ontario a quitté ses fonctions le 2 octobre 2022 et vit maintenant en Finlande avec sa femme et sa fille. Il a donné une entrevue à SenCAplus afin de faire part de ses réflexions sur la Chambre haute et de ses futurs projets.
Vous avez décidé de démissionner du Sénat avant la date prévue de votre retraite en 2034. Qu’est‑ce qui a motivé votre décision?
Lorsque je suis devenu sénateur, j’ai affirmé clairement, publiquement et en privé, que je n’occuperais pas les fonctions de sénateur jusqu’à la fin du mandat maximal prévu en 2034. Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agissait pour moi d’une stratégie de sortie. À l’époque, je comptais occuper mes fonctions au Sénat de six à neuf ans. La pandémie a quelque peu repoussé mon départ, mais c’était mon intention depuis le début.
L’ancien premier ministre Stephen Harper vous a nommé au poste de sénateur alors que vous étiez le chef de police d’Ottawa. Qu’avez‑vous ressenti lorsque vous avez reçu son appel?
Comme je n’avais jamais été actif en politique, j’ai été surpris. Je n’avais rencontré le premier ministre qu’à l’occasion de quelques événements en tant que chef de police de Durham, puis d’Ottawa. Mes opinions politiques ne sont pas arrêtées; sur le plan budgétaire, je suis conservateur alors que pour tout le reste, mes opinions varient.
Au départ, je pensais que mes amis me jouaient un tour, mais lorsque je me suis rendu compte qu’il s’agissait vraiment du premier ministre, j’ai décidé de réfléchir sérieusement à la possibilité de rejoindre le Sénat. J’occupais un emploi que j’adorais et j’étais inquiet des effets que la politique pourrait avoir sur moi, étant donné que j’avais une expérience très limitée en politique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter le poste de sénateur?
J’espérais pouvoir faire une différence à plus grande échelle comme sénateur que comme chef de police. Je n’avais pas présenté ma candidature alors mes motivations étaient différentes, mais ma décision de devenir sénateur reposait sur mon souhait de faire une différence à plus grande échelle.
En 2017, vous avez plaidé en faveur d’un amendement au projet de loi C‑37 pour permettre au personnel des sites de consommation supervisée d’offrir à leurs patients des options de pharmacothérapie. Pourquoi cet amendement était‑il important pour vous?
À mon avis, les toxicomanes qui consomment des opioïdes devraient avoir accès à des drogues sécuritaires au lieu de devoir se procurer des drogues illégales dans la rue, qui causent près de 21 décès chaque jour au pays. Nombreux sont ceux qui croient que nous pouvons gagner la lutte contre les drogues en supprimant l’offre. Pour être honnête avec vous, j’aurais peut-être été de cet avis il y a une vingtaine d’années, mais cette approche s’est soldée par un échec. Nous devons travailler du côté de la demande également.
Nous devons changer les rapports que nous entretenons avec les toxicomanes, surtout ceux qui consomment des opioïdes. L’accès à des drogues sécuritaires pourrait sauver des vies. Je crois que l’amendement qui a été adopté au Sénat à l’époque aurait obligé les sites de consommation supervisée à offrir des options de pharmacothérapie, un choix qui aurait été à la discrétion du personnel médical.
Le sénateur Vernon White, à droite, accueille Christopher Pyne, Ministre australien de la défense, de l’industrie et leader de la Chambre des représentants de l’époque à la Chambre rouge dans l’édifice du Centre en 2017.
Le sénateur White, ancien policier devenu parlementaire, dans son bureau de la Colline du Parlement en 2020.
Le sénateur White sourit en présence du sergent d’état-major de la GRC, Marc Richer, dont la fille, la sergente Julie Richer, a été assermentée au sein du Service de police d’Ottawa le 9 septembre 2009. Le sénateur White a occupé le poste de chef de police d’Ottawa de 2007 à 2012. (Crédit photo : bureau du sénateur Vernon White)
Le sénateur White (dernière rangée, deuxième à partir de la droite) pose avec les membres de la Commission du droit constitutionnel du Parlement de Finlande dans la Chambre rouge dans l’édifice du Centre en 2017. La sénatrice Kim Pate (première rangée, au milieu) apparaît également dans la photo.
Je crois que le Sénat a fait un travail remarquable dans ce dossier. J’ai été très déçu de voir que la Chambre des communes n’a pas compris la pertinence de l’amendement et qu’elle l’a rejeté. J’estime que leur décision manquait de vision, surtout après avoir constaté une augmentation du nombre de décès quotidiens attribuables aux surdoses accidentelles, qui sont passés de 11 à 21 par jour pendant la pandémie.
Vous avez également été membre du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Comment la sécurité nationale a‑t‑elle évoluée pendant votre mandat?
Ce qui ne change pas avec la sécurité nationale, c’est que les choses sont en constante évolution. Les événements qui ont cours à l’international y sont pour beaucoup, comme on a pu le voir avec les répercussions de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Tous les pays se concentrent sur la nature changeante de la cybersécurité. C’est au cœur de la sécurité nationale du Canada.
Vous avez eu la chance de siéger à de nombreuses séances dans l’édifice du Centre sur la Colline du Parlement avant que l’édifice ne soit fermé pour être rénové. Voudriez-vous partager quelques‑uns de vos bons souvenirs de ces séances dans l’édifice du Centre?
C’est une question intéressante, car avant que nous ne déménagions dans l’édifice du Sénat du Canada, j’étais convaincu que la transition aurait des répercussions néfastes sur notre travail. Cette appréhension n’était de toute évidence pas fondée sur la réalité. L’espace du Sénat temporaire est un édifice spectaculaire et les organisateurs ont fait un travail de préparation hors pair. J’ai toujours aimé l’édifice du Centre pour son caractère historique et j’ai beaucoup aimé y travailler.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris concernant le Sénat?
Probablement la quantité de travail abattue par les comités sénatoriaux. J’avais entendu dire que le travail en comité dépassait largement ce qui se faisait du côté de la Chambre des communes. Je crois que cela s’explique surtout par le fait que le Sénat dispose de plus de temps et de moins de distractions. Aussi, les sénateurs s’engagent pour longtemps; leur mandat ne dure pas que trois ans et demi. Malgré tout cela, j’ai été très surpris.
Quels conseils offririez-vous aux prochains sénateurs?
J’ai tendance à ne pas donner de conseils et à laisser les gens tracer leur propre chemin. Cela dit, je dirais aux futurs sénateurs qu’ils doivent trouver ce qui les passionne au Sénat. C’est ce qui m’a motivé.
Outre votre déménagement à l’étranger avec votre famille, quels sont vos projets?
J’ai obtenu un poste au sein d’une entreprise finlandaise, Secapp Oy, dans le domaine de la sûreté et de la sécurité, plus précisément les communications en situation d’urgence. Cela cadre avec les emplois que j’ai occupés par le passé et je pense pouvoir apporter une bonne contribution.
Je vais également continuer à travailler dans le domaine de l’éducation à l’Institut de politique stratégique de l’Australie. J’ai récemment rédigé un article sur l’avenir des services policiers (en anglais seulement) pour le Forum politique de l’Asie et du Pacifique. J’espère pouvoir continuer à faire ce genre de travail.
Apprenez-en davantage sur le sénateur Vernon White dans cet article de SenCAplus.
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L’ancien chef de police d’Ottawa, qui a été nommé au Sénat en 2012, a siégé à plusieurs comités pendant son mandat de dix ans, notamment le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles et le Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise. Il a également été membre du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Le sénateur de l’Ontario a quitté ses fonctions le 2 octobre 2022 et vit maintenant en Finlande avec sa femme et sa fille. Il a donné une entrevue à SenCAplus afin de faire part de ses réflexions sur la Chambre haute et de ses futurs projets.
Vous avez décidé de démissionner du Sénat avant la date prévue de votre retraite en 2034. Qu’est‑ce qui a motivé votre décision?
Lorsque je suis devenu sénateur, j’ai affirmé clairement, publiquement et en privé, que je n’occuperais pas les fonctions de sénateur jusqu’à la fin du mandat maximal prévu en 2034. Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agissait pour moi d’une stratégie de sortie. À l’époque, je comptais occuper mes fonctions au Sénat de six à neuf ans. La pandémie a quelque peu repoussé mon départ, mais c’était mon intention depuis le début.
L’ancien premier ministre Stephen Harper vous a nommé au poste de sénateur alors que vous étiez le chef de police d’Ottawa. Qu’avez‑vous ressenti lorsque vous avez reçu son appel?
Comme je n’avais jamais été actif en politique, j’ai été surpris. Je n’avais rencontré le premier ministre qu’à l’occasion de quelques événements en tant que chef de police de Durham, puis d’Ottawa. Mes opinions politiques ne sont pas arrêtées; sur le plan budgétaire, je suis conservateur alors que pour tout le reste, mes opinions varient.
Au départ, je pensais que mes amis me jouaient un tour, mais lorsque je me suis rendu compte qu’il s’agissait vraiment du premier ministre, j’ai décidé de réfléchir sérieusement à la possibilité de rejoindre le Sénat. J’occupais un emploi que j’adorais et j’étais inquiet des effets que la politique pourrait avoir sur moi, étant donné que j’avais une expérience très limitée en politique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter le poste de sénateur?
J’espérais pouvoir faire une différence à plus grande échelle comme sénateur que comme chef de police. Je n’avais pas présenté ma candidature alors mes motivations étaient différentes, mais ma décision de devenir sénateur reposait sur mon souhait de faire une différence à plus grande échelle.
En 2017, vous avez plaidé en faveur d’un amendement au projet de loi C‑37 pour permettre au personnel des sites de consommation supervisée d’offrir à leurs patients des options de pharmacothérapie. Pourquoi cet amendement était‑il important pour vous?
À mon avis, les toxicomanes qui consomment des opioïdes devraient avoir accès à des drogues sécuritaires au lieu de devoir se procurer des drogues illégales dans la rue, qui causent près de 21 décès chaque jour au pays. Nombreux sont ceux qui croient que nous pouvons gagner la lutte contre les drogues en supprimant l’offre. Pour être honnête avec vous, j’aurais peut-être été de cet avis il y a une vingtaine d’années, mais cette approche s’est soldée par un échec. Nous devons travailler du côté de la demande également.
Nous devons changer les rapports que nous entretenons avec les toxicomanes, surtout ceux qui consomment des opioïdes. L’accès à des drogues sécuritaires pourrait sauver des vies. Je crois que l’amendement qui a été adopté au Sénat à l’époque aurait obligé les sites de consommation supervisée à offrir des options de pharmacothérapie, un choix qui aurait été à la discrétion du personnel médical.
Le sénateur Vernon White, à droite, accueille Christopher Pyne, Ministre australien de la défense, de l’industrie et leader de la Chambre des représentants de l’époque à la Chambre rouge dans l’édifice du Centre en 2017.
Le sénateur White, ancien policier devenu parlementaire, dans son bureau de la Colline du Parlement en 2020.
Le sénateur White sourit en présence du sergent d’état-major de la GRC, Marc Richer, dont la fille, la sergente Julie Richer, a été assermentée au sein du Service de police d’Ottawa le 9 septembre 2009. Le sénateur White a occupé le poste de chef de police d’Ottawa de 2007 à 2012. (Crédit photo : bureau du sénateur Vernon White)
Le sénateur White (dernière rangée, deuxième à partir de la droite) pose avec les membres de la Commission du droit constitutionnel du Parlement de Finlande dans la Chambre rouge dans l’édifice du Centre en 2017. La sénatrice Kim Pate (première rangée, au milieu) apparaît également dans la photo.
Je crois que le Sénat a fait un travail remarquable dans ce dossier. J’ai été très déçu de voir que la Chambre des communes n’a pas compris la pertinence de l’amendement et qu’elle l’a rejeté. J’estime que leur décision manquait de vision, surtout après avoir constaté une augmentation du nombre de décès quotidiens attribuables aux surdoses accidentelles, qui sont passés de 11 à 21 par jour pendant la pandémie.
Vous avez également été membre du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Comment la sécurité nationale a‑t‑elle évoluée pendant votre mandat?
Ce qui ne change pas avec la sécurité nationale, c’est que les choses sont en constante évolution. Les événements qui ont cours à l’international y sont pour beaucoup, comme on a pu le voir avec les répercussions de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Tous les pays se concentrent sur la nature changeante de la cybersécurité. C’est au cœur de la sécurité nationale du Canada.
Vous avez eu la chance de siéger à de nombreuses séances dans l’édifice du Centre sur la Colline du Parlement avant que l’édifice ne soit fermé pour être rénové. Voudriez-vous partager quelques‑uns de vos bons souvenirs de ces séances dans l’édifice du Centre?
C’est une question intéressante, car avant que nous ne déménagions dans l’édifice du Sénat du Canada, j’étais convaincu que la transition aurait des répercussions néfastes sur notre travail. Cette appréhension n’était de toute évidence pas fondée sur la réalité. L’espace du Sénat temporaire est un édifice spectaculaire et les organisateurs ont fait un travail de préparation hors pair. J’ai toujours aimé l’édifice du Centre pour son caractère historique et j’ai beaucoup aimé y travailler.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris concernant le Sénat?
Probablement la quantité de travail abattue par les comités sénatoriaux. J’avais entendu dire que le travail en comité dépassait largement ce qui se faisait du côté de la Chambre des communes. Je crois que cela s’explique surtout par le fait que le Sénat dispose de plus de temps et de moins de distractions. Aussi, les sénateurs s’engagent pour longtemps; leur mandat ne dure pas que trois ans et demi. Malgré tout cela, j’ai été très surpris.
Quels conseils offririez-vous aux prochains sénateurs?
J’ai tendance à ne pas donner de conseils et à laisser les gens tracer leur propre chemin. Cela dit, je dirais aux futurs sénateurs qu’ils doivent trouver ce qui les passionne au Sénat. C’est ce qui m’a motivé.
Outre votre déménagement à l’étranger avec votre famille, quels sont vos projets?
J’ai obtenu un poste au sein d’une entreprise finlandaise, Secapp Oy, dans le domaine de la sûreté et de la sécurité, plus précisément les communications en situation d’urgence. Cela cadre avec les emplois que j’ai occupés par le passé et je pense pouvoir apporter une bonne contribution.
Je vais également continuer à travailler dans le domaine de l’éducation à l’Institut de politique stratégique de l’Australie. J’ai récemment rédigé un article sur l’avenir des services policiers (en anglais seulement) pour le Forum politique de l’Asie et du Pacifique. J’espère pouvoir continuer à faire ce genre de travail.
Apprenez-en davantage sur le sénateur Vernon White dans cet article de SenCAplus.