« Ma passion » : Réflexions du sénateur Eggleton sur son héritage au Sénat
Le sénateur Art Eggleton a pris sa retraite du Sénat en septembre 2018, après avoir représenté l’Ontario à la Chambre rouge pendant plus de 13 ans.
Il a été nommé au Sénat en 2005, où il a poursuivi sa carrière dans le secteur public. En tant que président et vice-président du Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, il a supervisé des rapports importants sur des sujets très variés allant de l’obésité à l’intelligence artificielle, en passant par les soins de santé. Une partie importante de son travail à la Chambre rouge a été consacrée à la sensibilisation des gens à la pauvreté et à l’itinérance. Sa retraite du Sénat marque la fin de près de 50 ans dans le secteur public.
SenCAplus a demandé au sénateur Eggleton de partager ses réflexions sur son passage au Sénat.
Vous êtes encore aujourd’hui le maire de Toronto qui a occupé ce poste le plus longtemps. Comment cette expérience vous a-t-elle préparé à votre carrière au Sénat?
J’ai été conseiller, maire, député, ministre et je suis maintenant sénateur. Tous ces périples furent merveilleux. J’ai consacré plus de 45 ans à la vie publique, je suis donc heureux de passer à autre chose à cette étape de ma vie. Ce sont toutes des fonctions et responsabilités fantastiques. Je les ai toutes aimées, mais rien n’égale le fait d’être maire de sa propre ville. C’est tout un honneur parce que c’est là que je suis né et que j’ai grandi. Cette ville fait partie intégrante de ce que je suis.
Interagir avec les gens au niveau local vous donne une bonne base pour en apprendre davantage sur les enjeux qui les préoccupent. En d’autres mots, cela permet d’être bien connecté avec l’action politique populaire.
Quel est le souvenir le plus marquant de vos 13 années au Sénat?
L’ancien sénateur Michael Kirby était président du comité des affaires sociales et il voulait que je me joigne à ce comité. C’est ce que j’ai fait et j’en fais toujours partie, alors que je m’apprête à prendre ma retraite du Sénat. J’ai consacré mon temps à la justice sociale et à la réforme des soins de santé, des enjeux qui sont au cœur des études menées par ce comité.
Ce fut pour moi une passion, c’est pourquoi j’ai consacré autant de temps et d’énergie à ce comité.
La première chose que j’ai faite a été de lancer une étude sur la pauvreté, le logement et l’itinérance, particulièrement dans les villes du pays. Cette étude a mené à la publication d’un rapport intitulé Pauvreté, logement, itinérance : Les trois fronts de la lutte contre l'exclusion. Ce fut le début de mon dévouement envers cette cause et les problèmes qui touchent certaines des personnes les plus vulnérables au pays. Je me consacre à cet enjeu depuis.
Ce rapport a soulevé de nombreux problèmes liés à la pauvreté et l’itinérance, de même que la nécessité que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership en ce qui concerne les programmes de sécurité du revenu, les autres programmes de soutien social, les programmes de logement et les programmes de lutte contre l’itinérance. Nous nous sommes efforcés d’attirer l’attention du gouvernement fédéral sur ces enjeux, et nous y sommes parvenus. Ainsi, nous avons maintenant une stratégie de réduction de la pauvreté et une stratégie en matière de logement, en partie grâce aux efforts que nous avons déployés au Sénat.
J’ai également fondé et organisé le Caucus anti-pauvreté multipartite pour m’assurer que ces enjeux sont toujours compris, tant par les sénateurs que par les députés. Il nous rappelle que nous ne devons pas oublier de nous pencher sur les problèmes qui touchent nos citoyens les plus vulnérables.
Plus récemment, nous avons publié des rapports sur l’obésité, qui contenaient plusieurs recommandations auxquelles le gouvernement donne maintenant suite. Nous avons également effectué d'autres études importantes sur les troubles cognitifs, l'intelligence artificielle et la robotique dans le secteur des soins de santé, ainsi que sur la réglementation des médicaments pharmaceutiques au Canada.
Comment le Sénat a-t-il changé depuis votre nomination en 2005?
Les trois dernières années de cette 42e législature, je crois, ont été les meilleures en raison du changement apporté au processus de nomination par le gouvernement. Il y a moins de sénateurs partisans et plus de sénateurs indépendants dans l’enceinte du Sénat, ce qui respecte davantage la nature de notre travail. Je crois qu’il y a une plus grande ouverture qu’à tout autre moment depuis que j’ai été nommé. Pendant la dernière législature et les législatures qui l’ont précédé, pendant un certain nombre d’années, il y avait en grande partie les libéraux d’un côté et les conservateurs de l’autre — plus ou moins une réplique de la structure de la Chambre des communes pour ce qui est de la relation entre le gouvernement et l’opposition. Les sénateurs siégeaient aux mêmes caucus que les députés, ce qui se prêtait mal à l’indépendance. Un changement considérable a donc été opéré à cet égard.
Je crois que nous nous sommes engagés sur une meilleure voie. Je crois que le Sénat s’en trouve amélioré. Il y a un grand territoire inexploré devant nous, mais je suis persuadé que nous sommes sur la bonne voie.
Et maintenant, qu’est-ce qui vous attend?
Je vais continuer de m’intéresser aux enjeux communautaires, particulièrement la justice sociale et la réforme des soins de santé. Ce sont les passions qui sont ressorties de mon travail au Sénat. Je poursuivrai mon travail par l’entremise d’organismes communautaires et je garderai un œil sur ce qui se passe au conseil municipal de Toronto. Certains enjeux liés à la ville me préoccupent : son accessibilité financière, les besoins en matière de logements abordables, la nécessité de mieux lutter contre la pauvreté. Je suis également président du Conseil mondial des données urbaines, qui a été créé par l’Institut urbain mondial de l’Université de Toronto.
Vous ne prendrez donc pas une retraite tranquille?
Je vais rester occupé. Je vais tenter de trouver un meilleur équilibre entre, d’une part, ma famille et mes amis, et, d’autres part, mon travail. L’idée de la retraite ne me plaît pas.
Quels conseils donneriez-vous à un nouveau sénateur?
Je lui dirais de trouver des gens qu’il connaît et en qui il a confiance, et de travailler avec eux et d’apprendre d’eux. Aucun sénateur ne peut connaître tous les dossiers ici. Un sénateur indépendant doit pouvoir travailler avec d’autres sénateurs, faire partie d’une équipe et se spécialiser dans certains domaines (par exemple, je me suis spécialisé dans les questions sociales par l’entremise du comité des affaires sociales). Je crois que c’est bien de trouver ce qui nous passionne.
Bon nombre de ces personnes proviennent de différents secteurs, qu’ils voudront mettre à profit ici. Bon nombre d’entre eux possèdent des connaissances dans divers domaines, ce qui peut s’avérer très utile. Ils devraient miser sur cela pour orienter leur travail. Ils ne peuvent pas tout faire. Ils doivent se concentrer sur un enjeu à propos duquel ils croient pouvoir faire une différence.
L’honorable Art Eggleton a pris sa retraite du Sénat du Canada en spetembre 2018. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.
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« Ma passion » : Réflexions du sénateur Eggleton sur son héritage au Sénat
Le sénateur Art Eggleton a pris sa retraite du Sénat en septembre 2018, après avoir représenté l’Ontario à la Chambre rouge pendant plus de 13 ans.
Il a été nommé au Sénat en 2005, où il a poursuivi sa carrière dans le secteur public. En tant que président et vice-président du Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, il a supervisé des rapports importants sur des sujets très variés allant de l’obésité à l’intelligence artificielle, en passant par les soins de santé. Une partie importante de son travail à la Chambre rouge a été consacrée à la sensibilisation des gens à la pauvreté et à l’itinérance. Sa retraite du Sénat marque la fin de près de 50 ans dans le secteur public.
SenCAplus a demandé au sénateur Eggleton de partager ses réflexions sur son passage au Sénat.
Vous êtes encore aujourd’hui le maire de Toronto qui a occupé ce poste le plus longtemps. Comment cette expérience vous a-t-elle préparé à votre carrière au Sénat?
J’ai été conseiller, maire, député, ministre et je suis maintenant sénateur. Tous ces périples furent merveilleux. J’ai consacré plus de 45 ans à la vie publique, je suis donc heureux de passer à autre chose à cette étape de ma vie. Ce sont toutes des fonctions et responsabilités fantastiques. Je les ai toutes aimées, mais rien n’égale le fait d’être maire de sa propre ville. C’est tout un honneur parce que c’est là que je suis né et que j’ai grandi. Cette ville fait partie intégrante de ce que je suis.
Interagir avec les gens au niveau local vous donne une bonne base pour en apprendre davantage sur les enjeux qui les préoccupent. En d’autres mots, cela permet d’être bien connecté avec l’action politique populaire.
Quel est le souvenir le plus marquant de vos 13 années au Sénat?
L’ancien sénateur Michael Kirby était président du comité des affaires sociales et il voulait que je me joigne à ce comité. C’est ce que j’ai fait et j’en fais toujours partie, alors que je m’apprête à prendre ma retraite du Sénat. J’ai consacré mon temps à la justice sociale et à la réforme des soins de santé, des enjeux qui sont au cœur des études menées par ce comité.
Ce fut pour moi une passion, c’est pourquoi j’ai consacré autant de temps et d’énergie à ce comité.
La première chose que j’ai faite a été de lancer une étude sur la pauvreté, le logement et l’itinérance, particulièrement dans les villes du pays. Cette étude a mené à la publication d’un rapport intitulé Pauvreté, logement, itinérance : Les trois fronts de la lutte contre l'exclusion. Ce fut le début de mon dévouement envers cette cause et les problèmes qui touchent certaines des personnes les plus vulnérables au pays. Je me consacre à cet enjeu depuis.
Ce rapport a soulevé de nombreux problèmes liés à la pauvreté et l’itinérance, de même que la nécessité que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership en ce qui concerne les programmes de sécurité du revenu, les autres programmes de soutien social, les programmes de logement et les programmes de lutte contre l’itinérance. Nous nous sommes efforcés d’attirer l’attention du gouvernement fédéral sur ces enjeux, et nous y sommes parvenus. Ainsi, nous avons maintenant une stratégie de réduction de la pauvreté et une stratégie en matière de logement, en partie grâce aux efforts que nous avons déployés au Sénat.
J’ai également fondé et organisé le Caucus anti-pauvreté multipartite pour m’assurer que ces enjeux sont toujours compris, tant par les sénateurs que par les députés. Il nous rappelle que nous ne devons pas oublier de nous pencher sur les problèmes qui touchent nos citoyens les plus vulnérables.
Plus récemment, nous avons publié des rapports sur l’obésité, qui contenaient plusieurs recommandations auxquelles le gouvernement donne maintenant suite. Nous avons également effectué d'autres études importantes sur les troubles cognitifs, l'intelligence artificielle et la robotique dans le secteur des soins de santé, ainsi que sur la réglementation des médicaments pharmaceutiques au Canada.
Comment le Sénat a-t-il changé depuis votre nomination en 2005?
Les trois dernières années de cette 42e législature, je crois, ont été les meilleures en raison du changement apporté au processus de nomination par le gouvernement. Il y a moins de sénateurs partisans et plus de sénateurs indépendants dans l’enceinte du Sénat, ce qui respecte davantage la nature de notre travail. Je crois qu’il y a une plus grande ouverture qu’à tout autre moment depuis que j’ai été nommé. Pendant la dernière législature et les législatures qui l’ont précédé, pendant un certain nombre d’années, il y avait en grande partie les libéraux d’un côté et les conservateurs de l’autre — plus ou moins une réplique de la structure de la Chambre des communes pour ce qui est de la relation entre le gouvernement et l’opposition. Les sénateurs siégeaient aux mêmes caucus que les députés, ce qui se prêtait mal à l’indépendance. Un changement considérable a donc été opéré à cet égard.
Je crois que nous nous sommes engagés sur une meilleure voie. Je crois que le Sénat s’en trouve amélioré. Il y a un grand territoire inexploré devant nous, mais je suis persuadé que nous sommes sur la bonne voie.
Et maintenant, qu’est-ce qui vous attend?
Je vais continuer de m’intéresser aux enjeux communautaires, particulièrement la justice sociale et la réforme des soins de santé. Ce sont les passions qui sont ressorties de mon travail au Sénat. Je poursuivrai mon travail par l’entremise d’organismes communautaires et je garderai un œil sur ce qui se passe au conseil municipal de Toronto. Certains enjeux liés à la ville me préoccupent : son accessibilité financière, les besoins en matière de logements abordables, la nécessité de mieux lutter contre la pauvreté. Je suis également président du Conseil mondial des données urbaines, qui a été créé par l’Institut urbain mondial de l’Université de Toronto.
Vous ne prendrez donc pas une retraite tranquille?
Je vais rester occupé. Je vais tenter de trouver un meilleur équilibre entre, d’une part, ma famille et mes amis, et, d’autres part, mon travail. L’idée de la retraite ne me plaît pas.
Quels conseils donneriez-vous à un nouveau sénateur?
Je lui dirais de trouver des gens qu’il connaît et en qui il a confiance, et de travailler avec eux et d’apprendre d’eux. Aucun sénateur ne peut connaître tous les dossiers ici. Un sénateur indépendant doit pouvoir travailler avec d’autres sénateurs, faire partie d’une équipe et se spécialiser dans certains domaines (par exemple, je me suis spécialisé dans les questions sociales par l’entremise du comité des affaires sociales). Je crois que c’est bien de trouver ce qui nous passionne.
Bon nombre de ces personnes proviennent de différents secteurs, qu’ils voudront mettre à profit ici. Bon nombre d’entre eux possèdent des connaissances dans divers domaines, ce qui peut s’avérer très utile. Ils devraient miser sur cela pour orienter leur travail. Ils ne peuvent pas tout faire. Ils doivent se concentrer sur un enjeu à propos duquel ils croient pouvoir faire une différence.
L’honorable Art Eggleton a pris sa retraite du Sénat du Canada en spetembre 2018. Visitez le site web Parlinfo de la bibliothèque du parlement et apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.