Rencontre avec le sénateur Jim Quinn
Comme ses ancêtres irlandais avant lui, le sénateur Jim Quinn a passé beaucoup de temps sur des bateaux pendant son enfance à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Il n’avait que 14 ans lorsque, à l’aube, il ramenait les pêcheurs au rivage à bord du vieux bateau de son oncle – puis se précipitait à l’école avant que ne sonne la cloche. Jeune adulte, il s’est joint à la Garde côtière canadienne dans le but de devenir le prochain capitaine de la famille.
Mais après avoir navigué pendant des années à destination et en provenance de Port Saint John, une blessure aux yeux lui a fait prendre une voie différente. Il est resté à terre avec la Garde côtière et en a gravi les échelons, ainsi que ceux de la fonction publique, avant de retourner chez lui en 2010 pour devenir PDG de l’Administration portuaire de Saint John, organisation qu’il a dirigée pendant une modernisation majeure et une pandémie.
Le sénateur Jim Quinn a été nommé à la Chambre rouge en 2021.
Vous venez d’une famille de travailleurs de Port Saint John. Comment votre éducation a-t-elle façonné qui vous êtes aujourd’hui?
Mon père et mon oncle étaient des pilotes de port, et le port de Saint John était ma cour arrière, alors j’ai toujours eu une attirance pour la mer.
J’avais un frère et cinq sœurs. Trois d’entre eux sont devenus médecins et trois, infirmières. J’ai commencé dans la même voie, mais pendant ma deuxième année au programme préparatoire de médecine de l’Université Dalhousie et après avoir obtenu mon diplôme, j’ai pris conscience que je voulais travailler en mer. Je pense que ce sont les gènes qui m’ont poussé dans cette direction.
Tout le long de votre carrière au sein de la Garde côtière canadienne, vous avez visité des ports au Canada et partout dans le monde. Y a-t-il des destinations qui vous ont marqué?
En tant que membre de la Garde côtière, j’ai eu l’occasion de me rendre dans chaque province et territoire du Canada. J’ai vraiment appris à aimer le pays dans lequel nous vivons, de l’Arctique au Pacifique et à l’Atlantique.
En tant que marin et officier à bord de pétroliers, j’ai également visité des ports en Colombie, aux Canaries, au Sénégal, en Méditerranée et aux États-Unis. Je pense que tous ces voyages m’ont aidé à gagner en maturité rapidement.
Vous avez travaillé dans le secteur public pendant plus de 30 ans. Comment cette expérience vous a t elle préparé à votre rôle de sénateur?
J’ai déménagé à Ottawa en 1982 pour une affectation de six mois à la Garde côtière et j’ai fini par y rester pendant 18 années de plus. Ensuite, j’ai travaillé pour le Bureau du Conseil privé pendant deux ans et demi. Pendant la plus grande partie de cette période, j’ai été l’analyste principal des dossiers autochtones. Ce fut une expérience qui a changé ma vie. Je suis devenu un meilleur fonctionnaire, un Canadien plus compréhensif et, aujourd’hui, un meilleur sénateur parce que j’en ai appris davantage sur l’histoire et les contributions des peuples autochtones.
Comment en êtes-vous venu à être le PDG de l’Administration portuaire de Saint John?
Ma famille et moi retournions souvent dans l’Est pour rendre visite à notre parenté. Je me souviens d’avoir traversé le pont du port de Saint John en voiture et d’avoir constaté que le port était beaucoup plus tranquille qu’à l’époque où je le fréquentais. Je me souviens très bien d’avoir pensé qu’un jour, je ferais quelque chose pour aider ce port.
Puis, j’ai appris que mon frère aîné avait reçu un diagnostic de cancer du pancréas. J’ai appelé ma femme et je lui ai dit que nous retournions dans l’Est et que j’allais démissionner. Au même moment, l’homme qui dirigeait l’Administration portuaire de Saint John a annoncé son départ. J’ai donc proposé ma candidature. Plus de 200 personnes venant de partout au Canada et d’ailleurs ont postulé. J’ai été ravi d’être le candidat retenu.
À mon premier jour au bureau, je pouvais regarder dans la rue et presque voir la maison de Broad Street où j’ai grandi. Je pouvais regarder au bout de la rue et voir le quai où j’ai marché sur une passerelle vers mon premier navire. C’était comme boucler la boucle.
Le Port Saint John a connu des hauts et des bas au fil des décennies, depuis l’époque de la Première Guerre mondiale, où il était en plein essor, jusqu’à son déclin, après que les brise-glace eurent ouvert le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Montréal. Aujourd’hui, le port connait de nouveau une période florissante. Quel a été votre rôle à cet égard?
Après ma nomination au poste de PDG en 2010, le conseil m’a confié plusieurs tâches, dont la transformation du Port Saint John en un port reconnu à l’échelle internationale, comme il l’était jadis. Quelques mois plus tard, je me souviens avoir pris une serviette de table dans le bureau de mon collègue et tracé un diagramme de toutes les mesures que nous devions prendre pour que notre port redevienne un incontournable dans les voies de navigation principales et l’équation commerciale du Canada. Il ne nous a pas fallu beaucoup de temps pour élaborer un plan directeur de modernisation majeure du port. Cette modernisation est devenue un élément important de l’histoire économique du Nouveau-Brunswick et le demeure encore aujourd’hui. Tout cela était écrit sur cette serviette de table.
J’ai également eu la chance d’avoir l’une des meilleures équipes de travail, sinon la meilleure, que j’ai connues dans ma carrière.
Nous avons changé toute la dynamique de l’autorité portuaire. La main‑d’œuvre est maintenant plus diversifiée et plus jeune, et le milieu de travail est agréable et renommé partout au Nouveau-Brunswick et ailleurs. Il faut donner aux employés les moyens de faire ce qu’ils font bien. J’ai toujours eu cette conviction.
En tant que sénateur, vous avez participé au programme de sensibilisation des jeunes du Sénat, S’ENgage. Quel est votre moment le plus mémorable?
Mon premier événement officiel S’ENgage a eu lieu à Saint John avec un groupe qui accueille de nouveaux arrivants. Il était planifié depuis des mois. Il se trouve que c’était le jour même où le président américain Joe Biden s’est rendu à Ottawa, un événement dont nous n’avons été mis au courant que quelques jours à l’avance. Mais on m’avait parlé de l’événement S’ENgage bien avant que je ne sois au courant de la visite du président. Je savais que l’organisation avait travaillé très fort pour se préparer à notre rencontre et j’ai senti que je ne pouvais pas la décevoir. J’ai donc laissé tomber le discours du président. Après une excellente séance à Saint John et après avoir constaté l’enthousiasme des nouveaux membres de la communauté canadienne, je savais que j’avais pris la bonne décision.
Ce qui devait être un événement d’une heure en a finalement pris trois. Depuis, je suis devenu mentor pour l’un des participants, un homme du Nigeria, et je communique chaque semaine avec lui pour parler des défis auxquels il fait face en tant que nouvel arrivant.
Quels sont les enjeux politiques qui sont importants pour vous?
Je pense que les gens doivent accorder plus d’attention à l’importance de nos systèmes de transport et aux changements climatiques. Nos systèmes de transport maritime font rouler l’économie.
À la suite des récentes inondations en Nouvelle-Écosse, le fret n’a pas quitté le port de Halifax par train pendant cinq jours. L’an dernier, le port de Vancouver a été paralysé par les feux de forêt et les inondations. Ces événements coûtent des millions de dollars à l’économie canadienne et continueront de se produire de plus en plus souvent.
J’ai également déposé récemment le projet de loi S-273, la Loi sur le réseau de digues de l’isthme de Chignecto, qui assujettirait le corridor ferroviaire et routier vulnérable reliant le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse à la compétence fédérale. Ces basses terres sont protégées par des digues centenaires qui risquent d’être submergées. Le gouvernement fédéral devrait financer des améliorations pour l’adaptation aux changements climatiques quand la vulnérabilité menace le commerce interprovincial et international. Les Pères de la Confédération ont compris ce principe et l’ont inscrit dans la Constitution. Il faut agir maintenant avant qu’une catastrophe ne survienne.
Pouvez-vous me nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
La baie de Fundy, qui a les plus grandes marées du monde, celles-ci pouvant atteindre 50 pieds. C’est comme un immeuble de cinq étages qui monte et qui descend. Deux fois par jour, plus de 100 milliards de gallons d’eau de mer entrent dans la baie de Fundy et en sortent. Vous y verrez des bateaux de pêche qui flottent, puis qui se retrouvent assis sur des vasières.
Le deuxième trésor caché pour moi, ce sont les réseaux fluviaux de Saint John et de Kennebecasis, parsemés d’îles, qui traversent des vallées entourées de magnifiques campagnes. Ces cours d’eau contribuent à donner au Nouveau-Brunswick sa réputation de « province aux mille panoramas ».
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Comme ses ancêtres irlandais avant lui, le sénateur Jim Quinn a passé beaucoup de temps sur des bateaux pendant son enfance à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Il n’avait que 14 ans lorsque, à l’aube, il ramenait les pêcheurs au rivage à bord du vieux bateau de son oncle – puis se précipitait à l’école avant que ne sonne la cloche. Jeune adulte, il s’est joint à la Garde côtière canadienne dans le but de devenir le prochain capitaine de la famille.
Mais après avoir navigué pendant des années à destination et en provenance de Port Saint John, une blessure aux yeux lui a fait prendre une voie différente. Il est resté à terre avec la Garde côtière et en a gravi les échelons, ainsi que ceux de la fonction publique, avant de retourner chez lui en 2010 pour devenir PDG de l’Administration portuaire de Saint John, organisation qu’il a dirigée pendant une modernisation majeure et une pandémie.
Le sénateur Jim Quinn a été nommé à la Chambre rouge en 2021.
Vous venez d’une famille de travailleurs de Port Saint John. Comment votre éducation a-t-elle façonné qui vous êtes aujourd’hui?
Mon père et mon oncle étaient des pilotes de port, et le port de Saint John était ma cour arrière, alors j’ai toujours eu une attirance pour la mer.
J’avais un frère et cinq sœurs. Trois d’entre eux sont devenus médecins et trois, infirmières. J’ai commencé dans la même voie, mais pendant ma deuxième année au programme préparatoire de médecine de l’Université Dalhousie et après avoir obtenu mon diplôme, j’ai pris conscience que je voulais travailler en mer. Je pense que ce sont les gènes qui m’ont poussé dans cette direction.
Tout le long de votre carrière au sein de la Garde côtière canadienne, vous avez visité des ports au Canada et partout dans le monde. Y a-t-il des destinations qui vous ont marqué?
En tant que membre de la Garde côtière, j’ai eu l’occasion de me rendre dans chaque province et territoire du Canada. J’ai vraiment appris à aimer le pays dans lequel nous vivons, de l’Arctique au Pacifique et à l’Atlantique.
En tant que marin et officier à bord de pétroliers, j’ai également visité des ports en Colombie, aux Canaries, au Sénégal, en Méditerranée et aux États-Unis. Je pense que tous ces voyages m’ont aidé à gagner en maturité rapidement.
Vous avez travaillé dans le secteur public pendant plus de 30 ans. Comment cette expérience vous a t elle préparé à votre rôle de sénateur?
J’ai déménagé à Ottawa en 1982 pour une affectation de six mois à la Garde côtière et j’ai fini par y rester pendant 18 années de plus. Ensuite, j’ai travaillé pour le Bureau du Conseil privé pendant deux ans et demi. Pendant la plus grande partie de cette période, j’ai été l’analyste principal des dossiers autochtones. Ce fut une expérience qui a changé ma vie. Je suis devenu un meilleur fonctionnaire, un Canadien plus compréhensif et, aujourd’hui, un meilleur sénateur parce que j’en ai appris davantage sur l’histoire et les contributions des peuples autochtones.
Comment en êtes-vous venu à être le PDG de l’Administration portuaire de Saint John?
Ma famille et moi retournions souvent dans l’Est pour rendre visite à notre parenté. Je me souviens d’avoir traversé le pont du port de Saint John en voiture et d’avoir constaté que le port était beaucoup plus tranquille qu’à l’époque où je le fréquentais. Je me souviens très bien d’avoir pensé qu’un jour, je ferais quelque chose pour aider ce port.
Puis, j’ai appris que mon frère aîné avait reçu un diagnostic de cancer du pancréas. J’ai appelé ma femme et je lui ai dit que nous retournions dans l’Est et que j’allais démissionner. Au même moment, l’homme qui dirigeait l’Administration portuaire de Saint John a annoncé son départ. J’ai donc proposé ma candidature. Plus de 200 personnes venant de partout au Canada et d’ailleurs ont postulé. J’ai été ravi d’être le candidat retenu.
À mon premier jour au bureau, je pouvais regarder dans la rue et presque voir la maison de Broad Street où j’ai grandi. Je pouvais regarder au bout de la rue et voir le quai où j’ai marché sur une passerelle vers mon premier navire. C’était comme boucler la boucle.
Le Port Saint John a connu des hauts et des bas au fil des décennies, depuis l’époque de la Première Guerre mondiale, où il était en plein essor, jusqu’à son déclin, après que les brise-glace eurent ouvert le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Montréal. Aujourd’hui, le port connait de nouveau une période florissante. Quel a été votre rôle à cet égard?
Après ma nomination au poste de PDG en 2010, le conseil m’a confié plusieurs tâches, dont la transformation du Port Saint John en un port reconnu à l’échelle internationale, comme il l’était jadis. Quelques mois plus tard, je me souviens avoir pris une serviette de table dans le bureau de mon collègue et tracé un diagramme de toutes les mesures que nous devions prendre pour que notre port redevienne un incontournable dans les voies de navigation principales et l’équation commerciale du Canada. Il ne nous a pas fallu beaucoup de temps pour élaborer un plan directeur de modernisation majeure du port. Cette modernisation est devenue un élément important de l’histoire économique du Nouveau-Brunswick et le demeure encore aujourd’hui. Tout cela était écrit sur cette serviette de table.
J’ai également eu la chance d’avoir l’une des meilleures équipes de travail, sinon la meilleure, que j’ai connues dans ma carrière.
Nous avons changé toute la dynamique de l’autorité portuaire. La main‑d’œuvre est maintenant plus diversifiée et plus jeune, et le milieu de travail est agréable et renommé partout au Nouveau-Brunswick et ailleurs. Il faut donner aux employés les moyens de faire ce qu’ils font bien. J’ai toujours eu cette conviction.
En tant que sénateur, vous avez participé au programme de sensibilisation des jeunes du Sénat, S’ENgage. Quel est votre moment le plus mémorable?
Mon premier événement officiel S’ENgage a eu lieu à Saint John avec un groupe qui accueille de nouveaux arrivants. Il était planifié depuis des mois. Il se trouve que c’était le jour même où le président américain Joe Biden s’est rendu à Ottawa, un événement dont nous n’avons été mis au courant que quelques jours à l’avance. Mais on m’avait parlé de l’événement S’ENgage bien avant que je ne sois au courant de la visite du président. Je savais que l’organisation avait travaillé très fort pour se préparer à notre rencontre et j’ai senti que je ne pouvais pas la décevoir. J’ai donc laissé tomber le discours du président. Après une excellente séance à Saint John et après avoir constaté l’enthousiasme des nouveaux membres de la communauté canadienne, je savais que j’avais pris la bonne décision.
Ce qui devait être un événement d’une heure en a finalement pris trois. Depuis, je suis devenu mentor pour l’un des participants, un homme du Nigeria, et je communique chaque semaine avec lui pour parler des défis auxquels il fait face en tant que nouvel arrivant.
Quels sont les enjeux politiques qui sont importants pour vous?
Je pense que les gens doivent accorder plus d’attention à l’importance de nos systèmes de transport et aux changements climatiques. Nos systèmes de transport maritime font rouler l’économie.
À la suite des récentes inondations en Nouvelle-Écosse, le fret n’a pas quitté le port de Halifax par train pendant cinq jours. L’an dernier, le port de Vancouver a été paralysé par les feux de forêt et les inondations. Ces événements coûtent des millions de dollars à l’économie canadienne et continueront de se produire de plus en plus souvent.
J’ai également déposé récemment le projet de loi S-273, la Loi sur le réseau de digues de l’isthme de Chignecto, qui assujettirait le corridor ferroviaire et routier vulnérable reliant le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse à la compétence fédérale. Ces basses terres sont protégées par des digues centenaires qui risquent d’être submergées. Le gouvernement fédéral devrait financer des améliorations pour l’adaptation aux changements climatiques quand la vulnérabilité menace le commerce interprovincial et international. Les Pères de la Confédération ont compris ce principe et l’ont inscrit dans la Constitution. Il faut agir maintenant avant qu’une catastrophe ne survienne.
Pouvez-vous me nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
La baie de Fundy, qui a les plus grandes marées du monde, celles-ci pouvant atteindre 50 pieds. C’est comme un immeuble de cinq étages qui monte et qui descend. Deux fois par jour, plus de 100 milliards de gallons d’eau de mer entrent dans la baie de Fundy et en sortent. Vous y verrez des bateaux de pêche qui flottent, puis qui se retrouvent assis sur des vasières.
Le deuxième trésor caché pour moi, ce sont les réseaux fluviaux de Saint John et de Kennebecasis, parsemés d’îles, qui traversent des vallées entourées de magnifiques campagnes. Ces cours d’eau contribuent à donner au Nouveau-Brunswick sa réputation de « province aux mille panoramas ».