Rencontre avec le sénateur Richard Neufeld
Le sénateur Richard Neufeld représente la population de la Colombie‑Britannique et du Canada depuis maintenant quatre décennies. Il a d’abord rempli quatre mandats à titre de député provincial pour la circonscription de Peace River North en Colombie‑Britannique, y compris huit ans comme ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources pétrolières. Il a également été conseiller municipal et maire de Fort Nelson, en Colombie‑Britannique.
Nommé au Sénat en 2009, il est membre des comités du Sénat de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, des finances nationales et de l’Arctique.
Dites-nous quelque chose que les Canadiens ne connaissent peut‑être pas à votre sujet.
J’ai été adopté. Mes parents ne pouvaient pas avoir d’enfants. En 1940, ils se sont rendus dans un grand orphelinat de Lethbridge en Alberta et il y avait des bébés partout. Ils ont simplement circulé dans la pièce et ont dit en pointant ma sœur aînée : « Nous allons prendre celle‑ci ».
Ils ont fait exactement la même chose pour moi. Quatre ans plus tard, mes parents et ma sœur sont revenus à l’orphelinat. Ma sœur me le rappelait constamment : « Je t’ai choisi parce que tu souriais, couché dans ton berceau ». C’était super. Et ma mère et mon père ont dit : « Nous le prenons », et je suis parti avec eux. C’était la façon de faire à cette époque.
Ma sœur m’a écrit une note pour mon 65e anniversaire et cette note est encore accrochée au mur à la maison. Elle a écrit un mot au sujet de cette journée : « Tu souriais, mais je suis certaine que c’était un gaz ».
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique auquel le Canada fait face à l’heure actuelle?
Je pense que c’est l’économie et l’emploi. Dans la ville où je demeure, la principale industrie est dans le domaine du pétrole et du gaz. Dans le nord-est de la Colombie‑Britannique, il s’agit d’une industrie de premier plan. L’exploitation forestière est aussi très importante, tout comme l’agriculture. Ces trois industries évolueront avec le temps, mais je crois que ce sont des industries dont nous avons tous besoin et sur lesquelles nous comptons, mais les opinions semblent diverger selon l’endroit où vous demeurez au Canada.
Lorsque je suis dans l’Est du pays, beaucoup de gens affirment : « Débarrassons-nous de l’industrie pétrolière et gazière ». Ils disent que tout fonctionnera à l’électricité. Je suis d’accord avec eux dans une certaine mesure. Vous pouvez conduire une voiture qui fonctionne à l’électricité, mais vous ne pouvez pas la fabriquer avec de l’électricité. Vous avez besoin de produits comme du gaz naturel et du pétrole pour le plastique, l’acier, le cuivre et pour toutes sortes de choses. Les gens ont tendance à simplifier les choses. Je ne verrai pas la fin de l’industrie pétrolière et gazière de mon vivant. Il y a des milliers de produits que nous utilisons, comme les vêtements que nous portons, qui dépendent du pétrole. Ces produits sont si nombreux que nous ne pouvons même plus les compter. Personne ne sait encore ce qui va les remplacer.
Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devraient-ils s’intéresser aux travaux du Sénat?
Cela fait partie de notre système parlementaire. Cela fait partie intégrante du gouvernement. C’est l’endroit où les sénateurs examinent les lois et les budgets pour déterminer s’il y a des aspects qui pourraient avoir des répercussions négatives sur différentes régions du pays, et ils tentent de les faire ressortir et de les améliorer. Nous devrions tirer parti des connaissances de chacun pour prendre les meilleures décisions pour aller de l’avant.
Il y a beaucoup de travail à faire. Ce sont de longues heures et de longues journées, et je dirais que les sénateurs déploient beaucoup d’efforts pour que le système fonctionne, et je pense qu’il serait bien que les Canadiens comprennent un peu plus le fonctionnement du Sénat.
De plus, il n’y a pas autant de partisannerie qu’à la Chambre des communes, et c’est bien comme ça. J’ai présidé un comité pendant quatre ou cinq ans, et je dois admettre que les sénateurs du comité ont très bien travaillé ensemble par consensus.
Pouvez-vous me nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
La route de l’Alaska – j’en parle toujours comme étant la version non commercialisée de Banff et de Jasper. Elle a été construite pendant la Seconde Guerre mondiale par des militaires canadiens et américains pour se protéger d’une invasion japonaise en Alaska. Il y a des kilomètres et des kilomètres de plans d’eau, de rivières, de lacs et de forêts intacts. Le paysage est de toute beauté. Il n’y a pas beaucoup de Canadiens qui s’y rendent, mais il y a beaucoup d’Américains. L’été, vous ne voyez que des plaques d’immatriculation des États‑Unis, car les gens vont voir leur dernière frontière. Il s’agit d’un véritable bijou.
Le long de la route, vous apercevez des lacs dont l’eau est cristalline. Vous devez vous émerveiller un peu de voir comment elle a été construite à l’époque. C’est vraiment un chef‑d’œuvre d’ingénierie impressionnant – quelque 2 300 kilomètres en huit mois environ à travers la nature sauvage et les chaînes de montagnes.
Nommez une chanson ou un album qui vous fait toujours sourire, mais que vous avez un peu honte d’aimer.
Je suis un amateur de musique country et western. J’aime « Humble and Kind » de Tim McGraw. Cette chanson parle de la famille et d’être gentil avec les autres. Vous aurez certainement une meilleure vie si vous êtes humble et gentil, plutôt que misérable. J’écoute aussi d’autres styles de musique. J’adore Céline Dion; j’adore sa voix. J’aime aussi, à cause de mon âge – j’ai 74 ans – revenir à Elvis Presley. Lorsque j’étais jeune, j’écoutais Elvis Presley. Il détient encore une foule de records que personne n’a encore battu.
Que faites-vous pour relaxer?
J’éprouve beaucoup de plaisir à démonter une voiture ou un tracteur et à me salir les mains. Comme mon père était mécanicien, j’ai donc une certaine expérience en mécanique sur les vieilles bagnoles. Pas sur les modèles plus récents – vous avez besoin d’ordinateurs pour les réparer. Certaines personnes lisent des livres, mais moi, j’aime bien aller dans mon atelier, qui est raccordé à la sono et où vous pouvez même regarder la télé. Je rafistole ceci et cela. C’est ce qui me détend. Ou même tondre ma pelouse.
Ma femme et moi avons quatre voitures d’époque à la maison : un modèle Ford d’une demi-tonne de 1936, un coupé Ford 1947, un Ford Crown Victoria 1955 et une MGB 1965. Ma femme et moi avons fait un voyage en Californie à bord de notre MGB qui faisait en moyenne 38 milles au gallon. Aujourd’hui, il est difficile d’obtenir un tel rendement avec des voitures plus récentes.
Pourquoi êtes-vous fier d’être Canadien?
C’est mon chez-moi. Je pense qu’il y a beaucoup de choses pour lesquelles nous pouvons être reconnaissants. Si je suis malade, si j’ai des problèmes cardiaques, je sais que je peux me rendre dans presque n’importe quel hôpital du Canada et être bien soigné. On ne me demande pas en premier lieu ma carte de crédit, on vous admet et on prend soin de vous. Et mes enfants ont aussi accès à ce genre de soins de santé. Malheureusement, les mêmes services ne sont pas toujours offerts dans les communautés plus petites ou éloignées en raison de la pénurie de médecins.
Il y a tant de choses dont nous pouvons être fiers au Canada : notre démocratie, nous votons, nous avons notre mot à dire. Je sais que de nombreux autres pays ont la même chose, mais pour moi, c’est spécial. C’est ici que je suis né et je ne me sentirai jamais chez moi ailleurs. Lorsque vous quittez le pays pour voyager à l’étranger, vous y pensez un peu plus et vous constatez à quel point vous êtes chanceux de vivre dans un aussi beau pays.
Avis aux lecteurs : L’honorable Richard Neufeld est retraité du Sénat du Canada depuis novembre 2019. Apprenez-en davantagesur son travail au Parlement.
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Rencontre avec le sénateur Richard Neufeld
Le sénateur Richard Neufeld représente la population de la Colombie‑Britannique et du Canada depuis maintenant quatre décennies. Il a d’abord rempli quatre mandats à titre de député provincial pour la circonscription de Peace River North en Colombie‑Britannique, y compris huit ans comme ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources pétrolières. Il a également été conseiller municipal et maire de Fort Nelson, en Colombie‑Britannique.
Nommé au Sénat en 2009, il est membre des comités du Sénat de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, des finances nationales et de l’Arctique.
Dites-nous quelque chose que les Canadiens ne connaissent peut‑être pas à votre sujet.
J’ai été adopté. Mes parents ne pouvaient pas avoir d’enfants. En 1940, ils se sont rendus dans un grand orphelinat de Lethbridge en Alberta et il y avait des bébés partout. Ils ont simplement circulé dans la pièce et ont dit en pointant ma sœur aînée : « Nous allons prendre celle‑ci ».
Ils ont fait exactement la même chose pour moi. Quatre ans plus tard, mes parents et ma sœur sont revenus à l’orphelinat. Ma sœur me le rappelait constamment : « Je t’ai choisi parce que tu souriais, couché dans ton berceau ». C’était super. Et ma mère et mon père ont dit : « Nous le prenons », et je suis parti avec eux. C’était la façon de faire à cette époque.
Ma sœur m’a écrit une note pour mon 65e anniversaire et cette note est encore accrochée au mur à la maison. Elle a écrit un mot au sujet de cette journée : « Tu souriais, mais je suis certaine que c’était un gaz ».
Selon vous, quel est le plus important enjeu de politique publique auquel le Canada fait face à l’heure actuelle?
Je pense que c’est l’économie et l’emploi. Dans la ville où je demeure, la principale industrie est dans le domaine du pétrole et du gaz. Dans le nord-est de la Colombie‑Britannique, il s’agit d’une industrie de premier plan. L’exploitation forestière est aussi très importante, tout comme l’agriculture. Ces trois industries évolueront avec le temps, mais je crois que ce sont des industries dont nous avons tous besoin et sur lesquelles nous comptons, mais les opinions semblent diverger selon l’endroit où vous demeurez au Canada.
Lorsque je suis dans l’Est du pays, beaucoup de gens affirment : « Débarrassons-nous de l’industrie pétrolière et gazière ». Ils disent que tout fonctionnera à l’électricité. Je suis d’accord avec eux dans une certaine mesure. Vous pouvez conduire une voiture qui fonctionne à l’électricité, mais vous ne pouvez pas la fabriquer avec de l’électricité. Vous avez besoin de produits comme du gaz naturel et du pétrole pour le plastique, l’acier, le cuivre et pour toutes sortes de choses. Les gens ont tendance à simplifier les choses. Je ne verrai pas la fin de l’industrie pétrolière et gazière de mon vivant. Il y a des milliers de produits que nous utilisons, comme les vêtements que nous portons, qui dépendent du pétrole. Ces produits sont si nombreux que nous ne pouvons même plus les compter. Personne ne sait encore ce qui va les remplacer.
Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devraient-ils s’intéresser aux travaux du Sénat?
Cela fait partie de notre système parlementaire. Cela fait partie intégrante du gouvernement. C’est l’endroit où les sénateurs examinent les lois et les budgets pour déterminer s’il y a des aspects qui pourraient avoir des répercussions négatives sur différentes régions du pays, et ils tentent de les faire ressortir et de les améliorer. Nous devrions tirer parti des connaissances de chacun pour prendre les meilleures décisions pour aller de l’avant.
Il y a beaucoup de travail à faire. Ce sont de longues heures et de longues journées, et je dirais que les sénateurs déploient beaucoup d’efforts pour que le système fonctionne, et je pense qu’il serait bien que les Canadiens comprennent un peu plus le fonctionnement du Sénat.
De plus, il n’y a pas autant de partisannerie qu’à la Chambre des communes, et c’est bien comme ça. J’ai présidé un comité pendant quatre ou cinq ans, et je dois admettre que les sénateurs du comité ont très bien travaillé ensemble par consensus.
Pouvez-vous me nommer un trésor caché de votre région que les Canadiens gagneraient à découvrir?
La route de l’Alaska – j’en parle toujours comme étant la version non commercialisée de Banff et de Jasper. Elle a été construite pendant la Seconde Guerre mondiale par des militaires canadiens et américains pour se protéger d’une invasion japonaise en Alaska. Il y a des kilomètres et des kilomètres de plans d’eau, de rivières, de lacs et de forêts intacts. Le paysage est de toute beauté. Il n’y a pas beaucoup de Canadiens qui s’y rendent, mais il y a beaucoup d’Américains. L’été, vous ne voyez que des plaques d’immatriculation des États‑Unis, car les gens vont voir leur dernière frontière. Il s’agit d’un véritable bijou.
Le long de la route, vous apercevez des lacs dont l’eau est cristalline. Vous devez vous émerveiller un peu de voir comment elle a été construite à l’époque. C’est vraiment un chef‑d’œuvre d’ingénierie impressionnant – quelque 2 300 kilomètres en huit mois environ à travers la nature sauvage et les chaînes de montagnes.
Nommez une chanson ou un album qui vous fait toujours sourire, mais que vous avez un peu honte d’aimer.
Je suis un amateur de musique country et western. J’aime « Humble and Kind » de Tim McGraw. Cette chanson parle de la famille et d’être gentil avec les autres. Vous aurez certainement une meilleure vie si vous êtes humble et gentil, plutôt que misérable. J’écoute aussi d’autres styles de musique. J’adore Céline Dion; j’adore sa voix. J’aime aussi, à cause de mon âge – j’ai 74 ans – revenir à Elvis Presley. Lorsque j’étais jeune, j’écoutais Elvis Presley. Il détient encore une foule de records que personne n’a encore battu.
Que faites-vous pour relaxer?
J’éprouve beaucoup de plaisir à démonter une voiture ou un tracteur et à me salir les mains. Comme mon père était mécanicien, j’ai donc une certaine expérience en mécanique sur les vieilles bagnoles. Pas sur les modèles plus récents – vous avez besoin d’ordinateurs pour les réparer. Certaines personnes lisent des livres, mais moi, j’aime bien aller dans mon atelier, qui est raccordé à la sono et où vous pouvez même regarder la télé. Je rafistole ceci et cela. C’est ce qui me détend. Ou même tondre ma pelouse.
Ma femme et moi avons quatre voitures d’époque à la maison : un modèle Ford d’une demi-tonne de 1936, un coupé Ford 1947, un Ford Crown Victoria 1955 et une MGB 1965. Ma femme et moi avons fait un voyage en Californie à bord de notre MGB qui faisait en moyenne 38 milles au gallon. Aujourd’hui, il est difficile d’obtenir un tel rendement avec des voitures plus récentes.
Pourquoi êtes-vous fier d’être Canadien?
C’est mon chez-moi. Je pense qu’il y a beaucoup de choses pour lesquelles nous pouvons être reconnaissants. Si je suis malade, si j’ai des problèmes cardiaques, je sais que je peux me rendre dans presque n’importe quel hôpital du Canada et être bien soigné. On ne me demande pas en premier lieu ma carte de crédit, on vous admet et on prend soin de vous. Et mes enfants ont aussi accès à ce genre de soins de santé. Malheureusement, les mêmes services ne sont pas toujours offerts dans les communautés plus petites ou éloignées en raison de la pénurie de médecins.
Il y a tant de choses dont nous pouvons être fiers au Canada : notre démocratie, nous votons, nous avons notre mot à dire. Je sais que de nombreux autres pays ont la même chose, mais pour moi, c’est spécial. C’est ici que je suis né et je ne me sentirai jamais chez moi ailleurs. Lorsque vous quittez le pays pour voyager à l’étranger, vous y pensez un peu plus et vous constatez à quel point vous êtes chanceux de vivre dans un aussi beau pays.
Avis aux lecteurs : L’honorable Richard Neufeld est retraité du Sénat du Canada depuis novembre 2019. Apprenez-en davantagesur son travail au Parlement.