Rencontre avec la sénatrice Josée Forest-Niesing
La sénatrice Josée Forest-Niesing a pratiqué le droit pendant 20 ans à Sudbury, en Ontario, et se spécialise en droit de la famille, en droit des successions, en droit du travail et en litige civil. En tant que fière Franco-Ontarienne, elle a favorisé l’accès à la justice dans les deux langues officielles au cours de sa carrière d’avocate. Elle a aussi aidé sa communauté à divers titres, notamment en tant que membre du conseil d’administration de la Galerie d’art de Sudbury, du Conseil des arts de l’Ontario, du Carrefour francophone de Sudbury et de l’Université de Sudbury. Elle a été nommée au Sénat le 11 octobre 2018.
Est-ce qu’il y a une personne ou un événement qui vous a incité à faire le saut dans la sphère publique?
C’est une question facile : je suis la fille de deux Canadiens extraordinaires. Mon père consacrait beaucoup de temps au travail communautaire en plus de diriger un cabinet juridique très achalandé, et je l’admirais vraiment. J’ai donc fini par devenir avocate et me joindre à son cabinet. Ma mère aussi était une bénévole dévouée. C’est donc en suivant leur modèle que j’ai eu envie d’aider la société à mon tour.
Lorsqu’une personne s’engage au service de la communauté, elle finit par aimer ceux qu’elle aide et par désirer en faire plus encore — il m’était donc tout naturel de répondre à l’appel du Sénat.
Qu’est-ce que les Canadiens ignorent peut-être à votre sujet?
J’ai cru toute ma vie que ma famille était originaire de Normandie, en France, entre autres. Lors du décès de ma grand-mère paternelle, des membres de ma famille élargie ont fait quelques recherches sur l’histoire et la généalogie de ma famille. C’est alors qu’un certificat de mariage appartenant à mon arrière-grand-mère maternelle a été découvert.
À l’époque, les gens des réserves et des petites communautés rurales se mariaient dans une sorte de cérémonie de fortune. Le prêtre faisait ensuite une tournée pour enregistrer le certificat de mariage.
Sur le document, le prêtre notait une petite description. C’est ainsi qu’à côté du nom de mon arrière-grand-mère maternelle se trouve le terrible mot « sauvage », un terme qui était employé il y a longtemps, comme nous le savons, mais qui n’est plus acceptable aujourd’hui.
Tout le monde s’est alors demandé de quoi il s’agissait. Cette découverte a révélé que la mère de ma grand-mère était Abénakise, de sorte que ma grand-mère était Métisse. À la suite de cette trouvaille, j’ai demandé à devenir membre de l’Association des Métis de l’Ontario. J’ai été ravie de découvrir ce volet de mon patrimoine familial, que j’adopte avec beaucoup d’enthousiasme étant donné que j’ai toujours admiré la richesse et la beauté de la culture autochtone.
Qu’avez-vous ressenti en apprenant cette nouvelle sur votre famille?
J’ai été triste de constater que ma grand-mère avait renié cette partie d’elle-même et n’avait pas pu adhérer sans réserve à sa propre culture. Pour notre part, nous avons changé d’optique et y voyons une occasion d’apprivoiser cette culture en essayant d’en apprendre davantage sur elle.
Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devraient-ils s’intéresser à ce qui se passe à la Chambre rouge, d’après vous?
Les Canadiens doivent se soucier de ce qui se passe au Sénat au même titre qu’ils s’intéressent aux travaux de la Chambre des communes. Tout ce qui se produit dans une chambre a une incidence sur l’autre. Je ne saurais trop insister sur le grand respect que j’éprouve à l’égard des élus qui nous représentent à la Chambre des communes. Je pense à eux chaque fois qu’un projet de loi aboutit au Sénat.
Étant donné que nous ne sommes pas des élus, nos commentaires et notre vote final sur un projet de loi ne nous touchent pas personnellement ou ne compromettent pas notre réélection. Nous sommes donc libres de nous laisser guider par notre conscience, notre expérience de vie et nos connaissances pour prendre des décisions tout en ayant une vision à long terme de leur incidence.
Nous apportons une réflexion et une analyse additionnelles de l’incidence que les projets de loi auront sur nos communautés respectives, qui ne sont pas toujours écoutées, ou dont l’opinion n’est pas toujours entendue avec force. Le fait que nous ne soyons pas des élus nous permet donc de faire valoir leurs points de vue très importants lorsqu’une décision finale doit être prise à l’égard d’un projet de loi et ses répercussions sur les communautés qu’il prétend aider.
Y a‑t‑il un dossier auquel vous avez participé dans un comité sénatorial dont vous êtes particulièrement enthousiaste ou fière?
J’ai siégé au Comité sénatorial des finances nationales et au Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Le travail des deux groupes est fascinant. Au comité des affaires sociales, j’ai pris part à certaines modifications qui, à mon avis, étaient importantes au projet de loi C‑81, Loi visant à faire du Canada un pays exempt d’obstacles. Ce projet de loi visait à faire tomber les barrières au sein des ministères fédéraux qui offrent des services à la population. Je suis particulièrement fière d’une chose : après l’écoute de témoins qui voulaient nous faire profiter de leur savoir-faire, nous avons découvert que l’interprétation gestuelle en langue française avait été négligée.
Étant donné que le Sénat étudiait aussi le projet de loi C‑91, Loi concernant les langues autochtones, qui avait récemment reçu la sanction royale, j’ai pensé qu’il vaudrait peut-être mieux inclure la langue des signes autochtone, afin de pouvoir l’offrir à toute personne d’origine autochtone qui est aux prises avec une déficience auditive. Nous avons donc proposé la modification, que mes collègues ont acceptée à mon grand bonheur, de sorte que la disposition se trouve désormais dans le texte de loi. J’en suis très fière.
Quel joyau caché de votre région les Canadiens devraient-ils connaître?
Vous devez visiter Science Nord. L’architecture du musée est très originale et forme un flocon de neige. C’est magnifique. À l’intérieur se trouve un musée des sciences interactif, qui mène des recherches remarquables, et qui collabore même avec d’autres musées des sciences dans le but d’accomplir de grandes choses. En raison des particularités géologiques de la région de Sudbury, qui a un sol très rocailleux et une ligne de faille que des astronautes sont venus étudier, le secteur a vraiment beaucoup à offrir sur le plan des recherches en géologie. Le musée s’avère une expérience fabuleuse pour les familles qui décident de le visiter lors de leur passage à Sudbury.
Pouvez-vous nommer une chanson qui vous fait toujours sourire?
J’adore la musique des années 1970. Une de mes chansons préférées est Superstition, de Stevie Wonder. Le début de cette chanson me rappelle toujours mon adolescence. Dès que j’entends le premier « do-do-do-do-do-do-do-do-do-do-do », je me remémore une époque au début de mon adolescence où je faisais du patin à roulettes. Il y avait à Sudbury un aréna du nom de Roller Country. Tout le monde connaissait mon nom là‑bas, et je m’y sentais chez moi. Lorsque l’école finissait le vendredi, je m’y rendais pour patiner et socialiser, puis j’y retournais le samedi et le dimanche aussi pour toute la journée. Je sautais sur la patinoire dès les premières notes de Superstition. Aujourd’hui encore, si la chanson joue à la radio ou lors d’une fête, le début de la chanson m’incite à me lever juste pour danser.
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Est-ce qu’il y a une personne ou un événement qui vous a incité à faire le saut dans la sphère publique?
C’est une question facile : je suis la fille de deux Canadiens extraordinaires. Mon père consacrait beaucoup de temps au travail communautaire en plus de diriger un cabinet juridique très achalandé, et je l’admirais vraiment. J’ai donc fini par devenir avocate et me joindre à son cabinet. Ma mère aussi était une bénévole dévouée. C’est donc en suivant leur modèle que j’ai eu envie d’aider la société à mon tour.
Lorsqu’une personne s’engage au service de la communauté, elle finit par aimer ceux qu’elle aide et par désirer en faire plus encore — il m’était donc tout naturel de répondre à l’appel du Sénat.
Qu’est-ce que les Canadiens ignorent peut-être à votre sujet?
J’ai cru toute ma vie que ma famille était originaire de Normandie, en France, entre autres. Lors du décès de ma grand-mère paternelle, des membres de ma famille élargie ont fait quelques recherches sur l’histoire et la généalogie de ma famille. C’est alors qu’un certificat de mariage appartenant à mon arrière-grand-mère maternelle a été découvert.
À l’époque, les gens des réserves et des petites communautés rurales se mariaient dans une sorte de cérémonie de fortune. Le prêtre faisait ensuite une tournée pour enregistrer le certificat de mariage.
Sur le document, le prêtre notait une petite description. C’est ainsi qu’à côté du nom de mon arrière-grand-mère maternelle se trouve le terrible mot « sauvage », un terme qui était employé il y a longtemps, comme nous le savons, mais qui n’est plus acceptable aujourd’hui.
Tout le monde s’est alors demandé de quoi il s’agissait. Cette découverte a révélé que la mère de ma grand-mère était Abénakise, de sorte que ma grand-mère était Métisse. À la suite de cette trouvaille, j’ai demandé à devenir membre de l’Association des Métis de l’Ontario. J’ai été ravie de découvrir ce volet de mon patrimoine familial, que j’adopte avec beaucoup d’enthousiasme étant donné que j’ai toujours admiré la richesse et la beauté de la culture autochtone.
Qu’avez-vous ressenti en apprenant cette nouvelle sur votre famille?
J’ai été triste de constater que ma grand-mère avait renié cette partie d’elle-même et n’avait pas pu adhérer sans réserve à sa propre culture. Pour notre part, nous avons changé d’optique et y voyons une occasion d’apprivoiser cette culture en essayant d’en apprendre davantage sur elle.
Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devraient-ils s’intéresser à ce qui se passe à la Chambre rouge, d’après vous?
Les Canadiens doivent se soucier de ce qui se passe au Sénat au même titre qu’ils s’intéressent aux travaux de la Chambre des communes. Tout ce qui se produit dans une chambre a une incidence sur l’autre. Je ne saurais trop insister sur le grand respect que j’éprouve à l’égard des élus qui nous représentent à la Chambre des communes. Je pense à eux chaque fois qu’un projet de loi aboutit au Sénat.
Étant donné que nous ne sommes pas des élus, nos commentaires et notre vote final sur un projet de loi ne nous touchent pas personnellement ou ne compromettent pas notre réélection. Nous sommes donc libres de nous laisser guider par notre conscience, notre expérience de vie et nos connaissances pour prendre des décisions tout en ayant une vision à long terme de leur incidence.
Nous apportons une réflexion et une analyse additionnelles de l’incidence que les projets de loi auront sur nos communautés respectives, qui ne sont pas toujours écoutées, ou dont l’opinion n’est pas toujours entendue avec force. Le fait que nous ne soyons pas des élus nous permet donc de faire valoir leurs points de vue très importants lorsqu’une décision finale doit être prise à l’égard d’un projet de loi et ses répercussions sur les communautés qu’il prétend aider.
Y a‑t‑il un dossier auquel vous avez participé dans un comité sénatorial dont vous êtes particulièrement enthousiaste ou fière?
J’ai siégé au Comité sénatorial des finances nationales et au Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie. Le travail des deux groupes est fascinant. Au comité des affaires sociales, j’ai pris part à certaines modifications qui, à mon avis, étaient importantes au projet de loi C‑81, Loi visant à faire du Canada un pays exempt d’obstacles. Ce projet de loi visait à faire tomber les barrières au sein des ministères fédéraux qui offrent des services à la population. Je suis particulièrement fière d’une chose : après l’écoute de témoins qui voulaient nous faire profiter de leur savoir-faire, nous avons découvert que l’interprétation gestuelle en langue française avait été négligée.
Étant donné que le Sénat étudiait aussi le projet de loi C‑91, Loi concernant les langues autochtones, qui avait récemment reçu la sanction royale, j’ai pensé qu’il vaudrait peut-être mieux inclure la langue des signes autochtone, afin de pouvoir l’offrir à toute personne d’origine autochtone qui est aux prises avec une déficience auditive. Nous avons donc proposé la modification, que mes collègues ont acceptée à mon grand bonheur, de sorte que la disposition se trouve désormais dans le texte de loi. J’en suis très fière.
Quel joyau caché de votre région les Canadiens devraient-ils connaître?
Vous devez visiter Science Nord. L’architecture du musée est très originale et forme un flocon de neige. C’est magnifique. À l’intérieur se trouve un musée des sciences interactif, qui mène des recherches remarquables, et qui collabore même avec d’autres musées des sciences dans le but d’accomplir de grandes choses. En raison des particularités géologiques de la région de Sudbury, qui a un sol très rocailleux et une ligne de faille que des astronautes sont venus étudier, le secteur a vraiment beaucoup à offrir sur le plan des recherches en géologie. Le musée s’avère une expérience fabuleuse pour les familles qui décident de le visiter lors de leur passage à Sudbury.
Pouvez-vous nommer une chanson qui vous fait toujours sourire?
J’adore la musique des années 1970. Une de mes chansons préférées est Superstition, de Stevie Wonder. Le début de cette chanson me rappelle toujours mon adolescence. Dès que j’entends le premier « do-do-do-do-do-do-do-do-do-do-do », je me remémore une époque au début de mon adolescence où je faisais du patin à roulettes. Il y avait à Sudbury un aréna du nom de Roller Country. Tout le monde connaissait mon nom là‑bas, et je m’y sentais chez moi. Lorsque l’école finissait le vendredi, je m’y rendais pour patiner et socialiser, puis j’y retournais le samedi et le dimanche aussi pour toute la journée. Je sautais sur la patinoire dès les premières notes de Superstition. Aujourd’hui encore, si la chanson joue à la radio ou lors d’une fête, le début de la chanson m’incite à me lever juste pour danser.