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RAPPORT DE VISITES D'ÉTUDE : 5-6 NOVEMBRE 2001 MONTRÉAL

Le Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense 

les 5 et 6 novembre 2001


AÉROPORT DE MONTRÉAL – DORVAL  

            Le sergent d’état-major Charles Castonguay a fait la démonstration d’un détecteur d’ions, un petit dispositif portatif qui peut servir à détecter la présence d’explosifs ou de drogues à l’intérieur de contenants fermés comme des paquets ou des valises.  Les détecteurs d’ions sont très utilisés par les agents des Douanes, mais la GRC est le premier service de police à les utiliser. 

            Aucun profil racial ou ethnique ne sert à trier les voyageurs dans les aéroports; ces derniers sont plutôt évalués d’après leurs réponses aux questions, leur langage corporel, etc. 

 

CRIME ORGANISÉ  

                        Le mandat de la GRC aux aéroports est axé sur les activités du crime organisé et sur l’application des lois fédérales ayant trait à la contrebande, aux drogues, aux immigrants illégaux, à Agriculture Canada, aux profits du crime, aux droits d’auteur, aux brevets, aux substances réglementées, etc.  Des unités spécialisées dans la lutte contre le crime organisé sont présentes dans tous les grands aéroports internationaux.  Les plus importantes unités qui comptent des effectifs de 40 agents de police, sont basées à Toronto et à Montréal, tandis qu’une unité de 20 personnes est basée à Vancouver. 

            Les unités de la lutte contre le crime organisé comprennent des fonctionnaires d’autres ministères du gouvernement fédéral.  L’unité de Montréal compte :

·        40 policiers

·        1 analyste du renseignement

·        1 substitut du procureur général

·        1 inspecteur des aliments

·        1 agent de renseignements – Douane

·        1 agent d’immigration

·        Du matériel spécial, y compris un camion de radiologie et un détecteur d’ions.

 

            La drogue illégale la plus souvent interceptée à l’aéroport est la marijuana, suivie de la cocaïne et de l’ecstasy.

 

            D’après le sergent d’état-major, l’unité pourrait compter 20 membres de plus. 

            M. Pierre-Paul Pharand, vice-président intérimaire, Administration aéroportuaire

 

M. Pharand a commencé son témoignage en soulignant qu’il n’y avait pas eu beaucoup de changements à la suite du rapport de 1999 sur la sécurité dans les aéroports du Comité sénatorial des transports; ceci a été déclenché par les attaques du 11 septembre aux États‑Unis.  Malgré le resserrement de la sécurité.  Deux problèmes de taille demeurent :

·        La vérification des laissez-passer dans les zones d’accès restreint – les employés qui avaient besoin d’un laissez-passer devaient subir une vérification de leurs antécédents.  Par contre, même une personne ayant un casier judiciaire pouvait en obtenir un;

·        Le filtrage des passagers et de leurs bagages.

 

            D’après M. Pharand, les autorités aéroportuaires sont responsables de toute la sécurité, sauf du filtrage des passagers et de leurs bagages, une tâche que les compagnies aériennes font faire à contrat par des firmes de sécurité privées.  La façon la meilleure et la plus rapide d’améliorer la sécurité dans les aéroports serait de rendre les autorités aéroportuaires responsables du filtrage.

·        S’ils relevaient des autorités aéroportuaires, les agents de sécurité pourraient faire le filtrage un jour, le contrôle de la circulation le lendemain et ensuite des tâches à l’intérieur.  La rotation assurerait une plus grande vigilance de la part du personnel chargé du filtrage;

·        Au Québec, le salaire des agents de sécurité est de 11 $ de l’heure, beaucoup plus que les 7 $ de l’heure payés en Ontario;

·        Si le travail et le salaire étaient plus intéressants, le roulement du personnel ne serait pas aussi élevé.

 

            M. Pharand croit que Transports Canada ne devrait pas être à la fois responsable de réglementer la sécurité à bord des avions, le filtrage des passagers et le filtrage des bagages.  Les autorités aéroportuaires auront plus de facilité à prendre des mesures disciplinaires ou à renvoyer des agents de sécurité qui ne font pas bien leur travail.  Les coûts supplémentaires de la sécurité accrue devraient être compris dans le prix du billet.

 

ÉMISSION ET VÉRIFICATION DES LAISSEZ-PASSER  

            D’après M. Pharand, le filtrage de sécurité de tous les travailleurs du côté de la piste des barrières est effectué par la GRC et le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) à la demande de Transports Canada.  La GRC et le SCRS fait rapport à Transports Canada qui décide ou non de délivrer un laissez-passer.  Environ 40 à 50 personnes en tout participent au processus de vérification des laissez-passer dont il y a deux types : bleu pour l’accès aux zones d’accès restreint à l’intérieur; et rouge pour accéder aux zones de sécurité à l’extérieur.  Il y a en tout temps environ 15 000 à 17 000 laissez-passer en circulation en même temps, y compris ceux qui ont été perdus par les employés et qui n’ont pas été remis par les employés lorsqu’ils ont quitté leur emploi. 

·        La puce du laissez-passer qui permet au détenteur de traverser des portes verrouillées peut être désactivée;

·        Les employés d’employeurs qui ont un taux de roulement élevé peuvent recevoir un laissez-passer qui n’est valide que d’un à trois ans au lieu cinq ans comme c’est le cas habituellement;

·        L’équipage de bord doit maintenant faire l’objet d’une vérification de sécurité.

 

            La vérification des personnes qui travaillent dans l’aéronef ou près de l’aéronef est encore insuffisante. 

·        Les conditions pour recevoir ces laissez-passer doivent être plus rigoureuses.

·        Les laissez-passer ne devraient être délivrés à ces travailleurs que s’ils acceptent de faire l’objet de fouilles aléatoires lorsqu’ils entrent dans une zone d’accès restreint.

 

SÉCURITÉ DES LIEUX 

            NAVCANADA est responsable de la sécurité dans la tour de contrôle. 

            Les autorités aéroportuaires sont responsables de la première intervention si un incident survient.  L’intervention se fait à partir d’une salle spéciale.

·        Salle d’intervention d’urgence

·        Autorités aéroportuaires

·        Représentants du service de la police avec moyens de communication distincts

·        Officier de santé

·        Agent de relations publiques

            Poste de commande mobile – un camion qui a été aménagé comme un poste de commande avec une cuisinette et une salle de bain, des pupitres et des moyens de communication pour le personnel essentiel. 

            Le bureau de renseignements/sécurité de l’aéroport s’affaire à relever les points faibles de la sécurité de l’aéroport et à évaluer les menaces potentielles. 

            Un comité spécial de sûreté/sécurité se réunit périodiquement pour coordonner le travail de la police, de NAVCAN, des autorités aéroportuaires, des compagnies aériennes, etc., afin d’échanger des idées sur les points faibles en matière de sécurité, les menaces possibles, etc. 

 

REPRÉSENTANTS DE LA POLICE DE LA COMMUNAUTÉ URBAINE

DE MONTRÉAL ET DE LA POLICE PROVINCIALE DU QUÉBEC  

            Les représentants de la police de la Communauté urbaine de Montréal et de la Sûreté du Québec ont fait l’éloge des niveaux de coopération et de coordination qui existaient entre les trois corps policiers.  Un groupe de travail mixte de la GRC a assuré la coordination et établi la responsabilité de chacun des trois services en cas de différents incidents/urgences.

·        Le district local de la Police de la Communauté urbaine de Montréal a affecté des policiers pour qu’ils patrouillent à l’intérieur et à l’extérieur de l’aérogare lorsque la GRC a cessé d’assurer les services policiers en 1996.  Ils appliquaient des lois non fédérales; les infractions les plus courantes étaient la possession d’articles interdits et la profération de menaces.  (Les coûts de ce service de police et les coûts des services de police rendus nécessaires à la suite des attaques du 11 septembre, qui ont été, semble-t-il, absorbés par la Communauté urbaine de Montréal, était un irritant pour la police locale.)

·        Le rôle de la Sûreté du Québec était plutôt limité.  En effet, elle a affecté six policiers aux groupes de travail sur le crime organisé de la GRC aux aéroports de Dorval et Mirabel et dans le Port de Montréal.  Elle est également chargée de patrouiller les autoroutes locales qui mènent aux aéroports et aux quais.

 

LE PORT DE MONTRÉAL 

            Le déjeuner d’information a été présidé par le surintendant adjoint, M. Pierre Droz de la GRC, avec l’assistance des agents du renseignement criminel de la GRC, des Douanes du Canada et de la police de la Communauté urbaine de Montréal.

 

            D’après le surintendant Droz, le service de police le plus important était assuré  par le petit groupe de travail sur le crime organisé composé d’agents de la GRC, de la Sûreté du Québec et de la Police de la Communauté urbaine de Montréal.

·        Très peu a été fait pour lutter contre le crime depuis le démantèlement de la police portuaire. Seuls les agents des Douanes s’efforcent activement de prévenir le crime;

·        La plupart des infractions criminelles – vol de conteneurs, vol du contenu – ne sont pas déclarés par les entreprises et par conséquent, il n’y a pas de statistique.

·        Les gardes de sécurité mis en place par la firme embauchée par les autorités portuaires ne sont pas armés, n’ont pas l’autorité nécessaire pour faire des arrestations et n’ont pas de capacité de renseignement.  Il est probablement facile pour des membres du crime organisé de se rendre sur les lieux (l’ancienne firme à contrat était liée aux Hell’s Angels).

 

SOLUTIONS 

·        En arriver à mieux comprendre le crime dans le port;

·        Échanger de l’information à l’échelle nationale et internationale;

·        Effectuer une étude approfondie du crime et du port;

·        Arrêter et inculper les chefs (c.-à-d. le clan criminel dominant, dont bon nombre travaillent comme vérificateurs, inspecteurs et assurent même la sécurité.)

·        Mettre fin au contrôle syndical de l’embauche, de la mise à pied et de l’affectation des travailleurs sur le quai - les débardeurs et les vérificateurs.  Les vérificateurs ne doivent pas décider qui décharge le conteneur.  Le syndicat est « fermé » aux personnes de l’extérieur; les candidats doivent être parrainés par une personne du syndicat, c.-à-d. le clan dominant et ses amis; donc, il est très difficile d’infiltrer le syndicat.  Actuellement, environ 15 p. 100 des débardeurs ont un casier judiciaire, de même que 36,3 p. 100 des vérificateurs et 54 p. 100 des employés d’Urgence Marine, l’entreprise chargée par contrat d’enlever les ordures, de faire des réparations mineures et de piloter les navires annexes qui servent les navires amarrés en eau libre à l’extérieur du port. 

·        Améliorer les points de contrôle aux sorties du port en faisant en sorte que les autorités portuaires rétablissent les points de vérification des camionneurs.  Actuellement, il est trop facile pour les vérificateurs de la famille Matticks de surcharger un terminal au petit jour comme écran pour prendre livraison de produits de contrebande. 

 

TECHNIQUES EFFICACES  

·        Les agents des Douanes et les policiers ont essayé d’inspecter un plus grand pourcentage des conteneurs.  Cela n’est pas nécessairement suffisant parce que les criminels peuvent réacheminer les conteneurs et ensuite les cacher jusqu’à ce qu’ils aient pris des dispositions pour en retirer le contenu ou pour enlever les conteneurs de la propriété.  Tout ce qu’il faudrait, c’est la complicité de deux vérificateurs – un pour « détacher » le conteneur lorsqu’il est déchargé du navire et avant qu’il ne soit envoyé dans l’entrepôt des douanes et un autre pour aider à faire sortir le conteneur « chaud » ou « ciblé » du port avant que sa disparition ne soit remarquée.

·        Il faut mettre au point un meilleur service de renseignement – un réseau de contacts – ce qui prend du temps et nécessite l’intervention du service de police ordinaire ayant une capacité de renseignement;

·        Les Douanes reçoivent les manifestes 72 heures avant l’amarrage du navire.  Ils ciblent de 15 à 20 conteneurs par jour pour effectuer une vérification détaillée, en fonction du profil de la société de transport, de l’exportateur et de l’importateur et du contenu prétendu du conteneur.

·        Il faut donner aux contrebandiers des peines de prison plus longues.  Actuellement, les personnes condamnées pour contrebande sont de retour sur les quais après quelques mois.  (Ceci renvoie au problème du contrôle syndical de l’embauche et de l’affectation des débardeurs et de la promotion des vérificateurs.  Les personnes qui ont des casiers judiciaires lourds ou qui sont associés à des organisations criminelles ou à des criminels connus devraient être frappés d’interdiction de se trouver sur la propriété du port.)

 

LA RÉSERVE DE LA FORCE TERRESTRE (MILICE) 

            Il n’y a pas eu de séance d’information formelle avec les agents et les sous-officiers supérieurs du 3e bataillon du Black Watch, mais les membres du Comité ont pu s’entretenir avec plusieurs d’entre eux.  Voici quelques-uns des points qui ont été abordés :

·        La milice locale manque souvent de moniteurs et par conséquent, elle ne peut augmenter leur nombre rapidement;

·        L’envoi de grands nombres de membres d’une unité de la milice pour servir avec la force régulière compromet la capacité de former les recrues et d’autres personnes;

·        Les réservistes n’ont pas d’emploi garanti lorsqu’ils retournent de missions, parce que les employeurs ne sont pas tenus par la loi de tenir leur poste ouvert;

·        Pourquoi est-il plus long de porter à l’effectif quelqu’un qui a une expérience dans la milice qu’une nouvelle recrue?

·        Le recrutement d’officiers et d’hommes est empêché par la centralisation; en général, le matériel et les budgets promotionnels sont inadéquats.  On fait très peu d’effort pour faire vibrer la corde de l’idéalisme chez les jeunes ou pour attirer de jeunes femmes dans l’infanterie; il est également très difficile pour les unités locales d’obtenir l’autorisation de recruter de leur propre chef dans les écoles secondaires, les collèges et les universités. 


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