Résumé des réunions tenues à Washington, D.C.
par le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense
du lundi 24 mars au jeudi 28 mars 2003
Lundi
24 mars 2003
Christopher Sands, associé
principal, Projet Canada, Centre for
Strategic and International Studies (CSIS)
M. André Belelieu, associé
en recherche, Centre for Strategic and
International Studies (CSIS)
Le
sénateur Kenny lance la discussion en demandant pourquoi le Canada n’a pas été
inclus dans la liste des pays qui viennent en aide aux États-Unis, autrement
dit, la liste des volontaires, malgré le soutien qu’il a apporté dans le
Golfe persique et sa promesse de fournir des troupes pour l’Afghanistan.
M.
Sands invoque un certain nombre de raisons, faisant surtout valoir que les États-Unis
sont entièrement centrés sur l’Irak et que le Canada n’est pas à
l’avant-scène pour le moment. D’autre part, le fait est que
l’administration Bush en particulier et le Parti républicain en général
n’aiment pas le Parti libéral, une attitude qui remonte à l’époque où
Lloyd Axworthy était ministre des Affaires étrangères. Il faut s’attendre
à ce que cette froideur persiste tant qu’il n’y aura pas de changement dans
l’idéologie du Parti libéral. (Sands croit d’ailleurs que ce n’est pas
à l’avantage des États-Unis.) Le peu d’attention que les gens en dehors du
« circuit canadien » prêtent au Canada se concentre sur ce que les
médias rapportent des propos de la faction anti-américaine du Parti libéral.
L’administration
et l’opinion publique américaines considèrent la guerre en Irak comme le
prolongement de la guerre contre le terrorisme et, aux États-Unis comme au
Canada, les représentants de l’administration américaine se sont dit déçus
que le Canada ne voit pas les choses de la même façon.
En
réponse à une question du sénateur Banks quant au fait que les États-Unis
jouent la « carte de la loyauté », M. Sands répond qu’en
effet, l’administration américaine a souvent joué la « carte de la
loyauté » (contre ses adversaires internes ainsi que le Canada et le
Mexique, par exemple) et la « carte de la gratitude » (contre la
France, par exemple et contre le Canada en raison de sa facilité d’accès au
marché des États-Unis) pour convaincre les récalcitrants à l’intérieur du
pays comme à l’extérieur.
M.
Sands mentionne au comité que les États-Unis ont perdu confiance dans l’ONU;
l’administration actuelle a toujours été sceptique au sujet de cette
organisation et depuis la débandade concernant une deuxième résolution du
Conseil de sécurité, la plupart des gens s’en sont détournés et ont même
laissé entendre que les États-Unis devraient songer à renoncer à leur siège
permanent au Conseil de sécurité.
Le
sénateur Kenny fait remarquer que les États-Unis doivent se rendre compte
qu’il ne suffit pas d’obtenir l’appui des gouvernements démocratiques et
qu’il faut également rallier l’opinion publique. M. Sands répond que
l’administration sait que les Forces canadiennes étaient déjà déployées
au maximum et qu’elles ne s’attendaient pas à grand-chose de plus qu’un
soutien diplomatique.
Le
sénateur Cordy pose une question sur les torts que l’intervention unilatérale
des États-Unis en Irak a causés aux Nations Unies. M. Sands répond qu’à
son avis l’administration Bush se méfiait déjà des Nations Unies au début
de son mandat et qu’elle semblait maintenant lui avoir retiré sa confiance.
On laisse entendre que les Nations
Unies devraient réviser leurs institutions, et surtout la composition du
Conseil de sécurité.
Les
liens étroits qui unissent la Grande-Bretagne et les États-Unis ont fait du
Canada un « outsider ». Le premier ministre Blair visait l’après-guerre
et a vu l’occasion de se servir de la coalition pour modifier les institutions
multilatérales et l’attitude des États-Unis vis-à-vis de ces dernières,
surtout en ce qui concerne les Nations Unies.
M.
Sands fait valoir que le Canada n’a pas fait état de son soutien et de ses réalisations
sur la scène mondiale avec suffisamment de vigueur. Selon lui, le Canada
devrait insister davantage sur les aspects positifs. Il a récemment déclaré
au magazine Macleans que « l’administration américaine prend note des
attaques personnelles lancées contre elle (et M. Bush) et que de tels
propos confirment que le Canada n’est plus un ami fiable ».
Major général Michael
Dunn, J-5 intérimaire, Ministère de la défense
Le
sénateur Kenny entame la discussion en déclarant que les membres du comité
sont venus à Washington en tant qu’amis des États-Unis et alliés dans la
guerre contre le terrorisme. Le comité s’intéresse à deux questions en
particulier : la guerre et le Commandement du Nord.
Le
général Dunn déclare au comité que les États-Unis ont établi leur stratégie
de guerre contre l’Irak en partant du principe qu’ils seraient responsables
de la reconstruction après le conflit. Des mesures extraordinaires ont donc été
prises pour éviter de faire des victimes chez les civils et de causer des dégâts
inutiles dans l’économie non militaire. Cela explique pourquoi il n’y a pas
eu d’offensive aérienne massive avant le début des opérations terrestres.
Bien
que le régime irakien ait distribué des vivres et du matériel à la
population juste avant le début de la guerre, si l’électricité est coupée,
l’eau potable viendra rapidement à manquer. La coalition aura pour priorité
de rétablir l’approvisionnement en eau potable et il est donc prioritaire de
préserver ou de restaurer le réseau électrique. On songe à embaucher des
soldats irakiens et à les payer avec les avoirs de l’Irak et de Saddam
Hussein qui ont été gelés. L’un des gros problèmes à résoudre pour
l’administration de l’après-guerre sera de décider de la monnaie à
utiliser en Irak. Le général Dunn prévoit la tenue d’une « conférence
de Bagdad » une fois que les hostilités auront pris fin pour discuter de
la « reconstruction du pays ». Il pense que les Nations Unies
adopteront probablement une résolution leur permettant de participer aux
efforts de reconstruction. Les États-Unis s’attendent à ce que les Irakiens
rebâtissent leur pays grâce à une aide importante des organismes non
gouvernementaux.
À
la question de savoir pourquoi le Canada n’est pas cité parmi les volontaires
alors qu’il continue de soutenir la guerre contre le terrorisme, le général
Dunn répond qu’il n’a pas été inclus, car le gouvernement canadien ne le
souhaitait pas. Cette réponse amène certains membres du comité à mentionner
que les Libéraux qui critiquent les États-Unis ont été marginalisés au sein
du parti.
Le
général Dunn reconnaît que les États-Unis et l’Europe ne se font pas du
tout la même idée de la nature et de l’ampleur de la menace terroriste. Les
États-Unis se sont laissé prendre par surprise le 11 septembre. Depuis,
ils ont constaté que leur infrastructure comptait plus de 30 000 cibles
critiques, un chiffre trop élevé pour assurer une protection adéquate. On a
donc décidé d’attaquer les États terroristes pour prévenir une future
attaque lancée avec des armes de destruction massive. Le général Dunn laisse
également entendre que la Corée du Nord pose un problème qui pourrait
contribuer à la prolifération des armes de destruction massive si on n’y remédie
pas.
Le
sénateur Kenny souligne que le Canada préfère le multilatéralisme à
l’unilatéralisme pour faire face aux crises internationales. Suite au 11 septembre,
le Canada a adopté une loi draconienne pour resserrer l’accueil des
immigrants et des demandeurs d’asile, il a investi des milliards dans le
renforcement de la sécurité aux frontières et a largement augmenté le budget
des services de renseignement et de l’armée.
Le
général Dunn répond que les inspections ne peuvent assurer le désarmement
que dans des cas comme celui de l’Afrique du Sud dont le gouvernement voulait
se débarrasser de ses armes de destruction massive; l’Irak a refusé de coopérer
dès le début et les Nations Unies ont souvent omis de contacter les États-Unis.
Ces derniers ne pouvaient pas attendre que le multilatéralisme donne finalement
des résultats parce qu’au bout de 10 années d’inaction, la prolifération
des armes de destruction massive allait modifier les relations bilatérales.
Le
général Dunn déclare au comité, en ce qui concerne le Commandement du Nord,
que ce dernier dispose actuellement d’environ 30 p. 100 de ses
effectifs. Une fois qu’il sera entièrement opérationnel, il aidera à placer
tout le problème de la défense de l’Amérique du Nord dans sa juste
perspective. L’assistance du Canada est importante ne serait-ce que parce que
la loi interdit aux États-Unis d’espionner son voisin nordique. Le
Commandement du Nord devra notamment veiller à ce que les divers organismes échangent
des renseignements et mettent au point des moyens d’acheminer l’information
jusqu’au niveau de la police locale, des inspecteurs des douanes et de
l’immigration, etc.
Le
général Dunn laisse entendre que le Canada doit insister sur les aspects
positifs et se vanter davantage de l’aide qu’il apporte aux États-Unis. Le
sénateur Kenny remarque que les États-Unis n’ont pas présenté
d’arguments convaincants au public canadien pour déclarer la guerre à
l’Irak. Le Canada demeure toutefois déterminé à lutter contre le terrorisme
et a annoncé son intention d’envoyer, encore une fois, un important
contingent militaire en Afghanistan.
Michael O’Hanlon, attaché
supérieur de recherche, études sur la politique étrangère, The Brookings Institution
Dans sa déclaration
liminaire, le sénateur Kenny s’avoue très surpris de voir le Canada absent
de la liste des amis des États-Unis étant donné sa contribution à la guerre
contre le terrorisme et sa décision de redéployer des forces de combat en
Afghanistan. Il ajoute que la stratégie de guerre des États-Unis ne se limite
pas à des objectifs militaires et qu’elle vise à implanter la démocratie en
Irak en espérant que cela se répercutera dans tout le Moyen-Orient. Mais il
s’inquiète également des répercussions du conflit sur le commerce bilatéral
et des effets de la liste d’amis des États-Unis sur les membres du Congrès.
M. O’Hanlon
répond au comité qu’en refusant de participer à la guerre en l’Irak ou même
à l’appuyer sur le plan diplomatique, le Canada avait raté l’occasion de
compter parmi les « principaux alliés » comme la Grande-Bretagne et
l’Australie. Les dommages seraient encore plus grands si l’Américain moyen
remarquait le manque de soutien du Canada et si les membres du Congrès décidaient
d’exploiter la situation. Même le déploiement de forces canadiennes en
Afghanistan pourrait donner au public américain l’impression que le Canada
n’est pas prêt à le soutenir dans le conflit irakien. Il estime que le
Canada devrait revoir sa décision de ne pas participer à la guerre en Irak et
refuser de se joindre à l’ISAF en Afghanistan. L’administration ne subit
pratiquement aucune pression en faveur d’un règlement des questions économiques
en suspens comme le conflit sur le bois d’œuvre et le Canada ne lui a donné
aucune raison d’user de son influence.
D’un
autre côté, les États-Unis ont besoin de toute l’aide qu’ils pourront
obtenir pour stabiliser l’Irak après la guerre (même de la France et de
l’Allemagne) car ils ne pourront pas fournir suffisamment de soldats pour
maintenir une « force de stabilisation ». Ce problème suscite des
divergences de vue quant au nombre de soldats nécessaire après la guerre :
le Pentagone parle de 500 000 tandis que le Secrétaire à la défense,
Donald Rumsfeld, croit que 100 000 suffiront.
M.
O’Hanlon estime que l’administration n’a pas encore fait la preuve d’un
lien entre le gouvernement irakien et al quaïda. Il évalue les membres de
« l’axe du mal » et estime que l’Irak n’aurait pas eu accès
à la bombe nucléaire avant 10 ans et que la menace chimique et bactériologique
était donc la plus importante. La capacité nucléaire de la Corée du Nord
représente un défi particulier. Une politique reposant sur des menaces et des
tentatives d’étranglement économique a conduit le régime à se retrancher
derrière le nationalisme, mais l’administration Bush s’est mise à dos les
sud-coréens ce qui rend peu probable la possibilité d’une frappe préventive.
La politique de « la carotte et le bâton » donnerait sans doute des
résultats à la condition que la carotte soit plus visible que le bâton.
Certains analystes croient que la Syrie sera la prochaine cible, mais ils ne
pensent pas que des arguments valides penchent de ce côté-là. Le régime
iranien a manifesté des signes de modération en s’efforçant de ne pas
offenser les États-Unis et en soutenant même discrètement l’offensive
contre le régime de Saddam Hussein en Irak.
En
ce qui concerne le Patriot Act, M. O’Hanlon déclare que
cette loi fait passer la sécurité avant les libertés civiles. Néanmoins, à
l’avenir, les documents de voyage devront intégrer des identifications biométriques
et les autorités douanières américaines accorderont la priorité aux pays qui
émettent des documents de voyage hautement sécuritaires. Les intérêts des États
frontaliers limiteront les répercussions de la loi sur le Canada étant donné
que ces États veulent le resserrement de la frontière à la condition que cela
ne nuise pas au commerce entre le Canada et les États-Unis.
La
première guerre du Golfe s’est déroulée avec une facilité inattendue, mais
George Bush père a perdu les élections qui ont suivi parce que l’économie
s’était mal comportée. Il y a de bonnes chances que l’histoire se répète
et que le fils, malgré une seconde guerre du Golfe facile, connaisse le même
sort que son père pour des raisons identiques.
Vers
la fin de la réunion, les membres du comité soulèvent la question des
exportations canadiennes de gaz, de pétrole et d’électricité en faisant
remarquer que le Canada est le principal fournisseur des États-Unis, que ses réserves
sont énormes et qu’elles se trouvent en Amérique du Nord.
Mardi 25 mars 2003
Michael Kergin,
ambassadeur du Canada auprès des États-Unis
L’ambassadeur Kergin présente
au comité un aperçu général des relations entre le Canada et les États-Unis.
Il commence par les comparer avec les Grands Lacs. Dans les deux cas, étant
donné leur ampleur, un incident ne peut pas, à lui seul, leur nuire sérieusement,
mais une accumulation d’événements risque de leur causer du tort. Comme les
Grands Lacs, ces relations sont paisibles et le calme n’est troublé que par
des remous occasionnels, comme le conflit sur le bois d’œuvre ou la guerre en
Irak, qui risquent d’avoir des effets dévastateurs pour leurs protagonistes.
L’ambassadeur laisse
entendre que les difficultés du Canada dans les sphères politiques de
Washington sont dues à un certain nombre de mythes et de réalités. Le mythe
voulant que certains des terroristes du 11 septembre soient entrés aux États-Unis
par le Canada persiste et on continue à croire erronément que la frontière
canadienne est « poreuse ». Les Américains sont également très déçus
que le Canada ne fasse pas partie de la « coalition de volontaires »
et demeurent insatisfaits de la taille de notre armée et de notre budget de défense.
La Maison Blanche a exprimé
son mécontentement devant le refus du Canada de participer à la guerre, mais
elle est parfaitement au courant de sa contribution à la lutte contre le
terrorisme. Les membres du Congrès connaissent moins bien le Canada, mais ils
n’en ont pas une opinion très négative. Néanmoins, la vive opposition à la
guerre en Irak exprimée par certains partisans ou membres du gouvernement et
rapportée par les médias pourrait modifier cette opinion. La progression de la
guerre déterminera l’attitude que le Congrès adoptera vis-à-vis du Canada
de même que vis-à-vis de la France et de l’Allemagne pour leur opposition au
sein du Conseil de sécurité. Le Congrès reproche au Canada de ne pas dépenser
suffisamment pour son armée, mais il est conscient de la qualité des Forces
canadiennes et de la difficulté de les maintenir.
À propos de la sécurité
du territoire, l’ambassadeur Kergin fait remarquer que l’administration est
certaine de la coopération canadienne et n’ignore pas que ses propres
organismes et ministères ont souvent moins de problèmes à coopérer avec
leurs homologues canadiens comme le Service canadien du renseignement de sécurité,
la GRC, les douanes, l’immigration, etc., qu’avec les services américains.
Le Congrès demeure
toutefois un problème. Les mythes au sujet du 11 septembre persistent et
ont contribué à faire croire que l’attaque est venue de l’étranger. Les médias
insistent sur le fait que la menace émane du Canada alors que le problème est
dû à l’insuffisance des ressources du côté américain de la frontière. Néanmoins,
comme le public américain, le Congrès est nerveux et redoute vivement une
nouvelle attaque si bien qu’il préfère penser que le danger vient de l’étranger
plutôt que de l’intérieur du pays.
Les Républicains et Démocrates
ont des divergences de vue sur un certain nombre de sujets. Le plus important
est le budget de la défense du territoire auquel il manquerait 10 milliards
de dollars selon les Démocrates. Les Démocrates de New York comme le sénateur
Clinton redoutent particulièrement une nouvelle attaque contre Manhattan et
s’inquiètent donc de l’insuffisance des ressources affectées à la frontière
septentrionale.
La création du nouveau
ministère de la Défense du territoire a intensifié le sentiment de vulnérabilité.
Les voies normales de planification, de communication et de prise de décision
entre les organismes compétents ont été complètement bouleversées.
L’ambassade a eu de la difficulté à établir des contacts avec le nouveau
personnel de la sécurité du territoire parce que les joueurs ne sont plus les
mêmes. L’ambassade a l’intention d’inviter un certain nombre de
sous-ministres et de sous-ministres adjoints des ministères clés du
gouvernement canadien à venir lancer la coopération avec le nouveau ministère.
Le Canada pourrait faciliter la mise en œuvre du Patriot Act en enregistrant les sorties dans le cadre de son contrôle
des douanes et de l’immigration. Malheureusement, c’est la pagaille au sein
du nouveau ministère et ce n’est pas avant plusieurs années qu’il
atteindra son niveau d’efficacité maximum.
L’ambassadeur va
retourner à Ottawa pour « accélérer » la planification canadienne
de la reconstruction de l’Irak après la guerre. Les États-Unis sont prêts
à le faire seuls, mais ils apprécieraient l’aide de leurs amis.
L’administration a apprécié l’appui discret de l’Allemagne à la guerre
en Irak et a exprimé sa déception au sujet de la décision du Canada de ne pas
y participer ou de ne pas l’appuyer.
Amiral
Brian Peterman, directeur principal, Sécurité des frontières et des
transports, Conseil de la sécurité du territoire
M.
John Maisto, directeur principal, Affaires de l’hémisphère occidental,
Conseil de la sécurité du territoire
Chris
Hornbarger, directeur, Conseil de la sécurité du territoire
Una
Brien, directrice, Conseil de la sécurité du territoire
Lisa
Bobbie Schreiber Hughes, directrice, Conseil de la sécurité du territoire
M.
John McGowan, directeur, Conseil de la sécurité du territoire
M.
Sam Brock, directeur, Affaires de l’hémisphère occidental, Conseil de la sécurité
du territoire
Le sénateur Kenny ouvre
la réunion en indiquant qu’aux yeux des Canadiens le 11 septembre était
une attaque à la fois contre les États-Unis et le Canada et que, pour cette
raison, les Canadiens participent à la guerre contre le terrorisme. Le comité
a déjà publié un rapport sur la défense des côtes d’Amérique du Nord et
a l’intention de produire un nouveau rapport sur le sujet.
L’amiral
Peterman fait remarquer que le Patriot Act
n’est qu’une de quatre ou cinq mesures législatives qui ne seront pas entièrement
mises en œuvre avant quatre ou cinq ans. Quand ce sera chose faite, les
documents de voyage seront informatisés et intégreront un système
d’identification biométrique. Les États-Unis ont déjà entamé des
pourparlers avec le Canada au sujet de l’application des dispositions du Patriot
Act qui exigent un document de sortie et la possibilité que les douanes
canadiennes contrôlent les sorties pour le compte des États-Unis.
M.
Hornbarger caractérise les relations canado-américaines de très pragmatiques
et se dit d’avis que les deux pays trouveront le moyen de coopérer à la mise
en œuvre des exigences législatives du Patriot
Act. Il en est convaincu, car il n’est pas vrai que les intérêts des États-Unis
se situent strictement sur le plan de la sécurité et ceux du Canada, purement
sur le plan du commerce. En réalité, les deux pays ont un vif intérêt tant
pour le commerce que pour la sécurité.
La
coopération canadienne à l’opération Bouclier de la liberté pour protéger
les États-Unis pendant la guerre contre l’Irak a été jugée excellente. Le
Canada a renforcé son contrôle à la frontière et ses hélicoptères ont été
autorisés à faire le plein de carburant aux États-Unis. Néanmoins, pour le
moment, aucune attaque terroriste imminente n’a été signalée par les
services de renseignement.
L’amiral
Peterman déclare que le Commandement du Nord a deux missions :
-
Défendre les États-Unis
-
Mettre des moyens militaires à la disposition du ministère de la Défense du territoire et des intervenants de première ligne
Au
cours de la discussion avec les membres du comité, l’amiral Peterman a
convenu qu’aux États-Unis comme au Canada il y avait un problème de
communication au sein des administrations civiles et militaires et entre ces
dernières. Le téléphone cellulaire est souvent le mode de communication le
plus efficace et les membres des EISN s’en servent souvent pour parler entre
eux. Le NORAD a donné aux deux pays un excellent modèle de coopération qui
pourrait s’appliquer au Commandement du Nord.
En
réponse à une observation concernant la situation délicate du gouvernement
canadien face à une opinion publique divisée au sujet de la guerre en Irak,
l’ambassadeur Maisto fait valoir que les États-Unis jugent la menace bien réelle
et sont déçus de constater que certains de leurs amis les plus proches ne
voient pas les choses de la même façon. Il comprend les difficultés
politiques que le Canada pourrait éprouver au Québec, mais il fait remarquer
que d’autres pays sont restés fidèles à leurs principes et ont fait preuve
de leadership et de courage politique. À son avis, la question irakienne
n’exige pas le soutien militaire, mais plutôt le soutien politique du Canada.
Il ajoute que si la tragédie du 11 septembre n’avait pas eu lieu,
l’administration américaine aurait quand même jugé nécessaire de résoudre
la situation en Irak parce qu’elle craignait que la situation ne dégénère
(en raison de la prolifération des armes de destruction massive).
L’ambassadeur
estime qu’en raison des liens d’amitié étroits entre le Canada et les États-Unis,
ces derniers ne peuvent pas comprendre pourquoi le Canada ne les soutient pas
quand ils ont besoin d’aide. Il souligne que la guerre en Irak ne se compare
pas à Kyoto, aux mines terrestres ou à d’autres questions de principe; il
s’agit plutôt de défendre sa « famille ». L’ambassadeur
Cellucci a tenu le même genre de propos dans un discours qu’il a prononcé au
Canada à peu près à la même époque.
Le
sénateur Kenny et les membres du comité répondent que les États-Unis n’ont
pas réussi à convaincre l’opinion publique canadienne que l’Irak représentait
une menace à ce point imminente qu’il fallait intervenir unilatéralement
plutôt qu’au niveau multilatéral sous les auspices des Nations Unies. Le sénateur
Kenny souligne que le Canada préfère le multilatéralisme à l’unilatéralisme
pour résoudre les crises internationales. Suite au 11 septembre, le Canada
a adopté une législation draconienne pour resserrer la procédure d’accueil
des immigrants et des réfugiés, il a investi des milliards dans le
renforcement de la sécurité aux frontières et a largement augmenté le budget
de ses services de renseignement et de son armée. Toutes ces politiques ainsi
que la décision récente de déployer des forces de combat en Afghanistan témoignent
de l’engagement du Canada dans la guerre contre le terrorisme.
M.
Hornbarger rétorque que, même s’il n’y avait pas eu le 11 septembre,
Saddam Hussein et le gouvernement irakien auraient continué à se doter
d’armes de destruction massive; cela aurait eu, pour les États-Unis, des conséquences
encore beaucoup plus coûteuses que le 11 septembre. Les États-Unis ne
sont tout simplement pas prêts à attendre qu’une nouvelle attaque cause 30 000
ou 300 000 victimes.
Le sénateur Kenny rappelle l’engagement du Canada et son
soutien à la guerre contre le terrorisme notamment grâce à la présence
continue de navires et d’avions canadiens dans la région du Golfe.
M. Stephen McHale,
sous-secrétaire adjoint de la sécurité des transports, Bureau de la sécurité
du territoire
Dans
sa déclaration liminaire, le sénateur Kenny attire l’attention sur les
rapports que le comité a produits sur la défense côtière, les ports
maritimes et les aéroports ainsi que son intention d’étudier le rôle de la
Garde côtière canadienne.
M.
McHale fait remarquer que l’administration de la sécurité des transports est
l’élément le plus important du nouveau ministère de la défense du
territoire. C’est à la suite du 11 septembre qu’on a eu l’idée de réunir
tous les organismes reliés à la sécurité des transports. Le but visé était
de mieux leur permettre de prévenir une nouvelle attaque en évitant les
erreurs. Le plan national de sécurité des transports à partir duquel ont été
établis des plans d’action pour le transport maritime, terrestre, aérien,
ferroviaire, routier, etc., repose sur les principes du plan de sécurité du
territoire. L’administration de la sécurité des transports devra travailler
en collaboration étroite avec les organismes de réglementation pour protéger
les réseaux de transport contre les attaques.
M. McHale
déclare au comité que les États-Unis comptent environ 350 ports et que
les 50 principaux ports ont des commissions de sécurité. Le Congrès a
chargé la Garde côtière américaine d’établir une norme de sécurité pour
les ports et les navires. À l’heure actuelle, les ports américains, comme
leurs homologues canadiens, sont placés sous l’autorité de diverses
administrations dont la police locale, la Garde côtière, l’administration
portuaire locale, etc. Les États-Unis investissent 195 millions dans la sécurité
portuaire, sur deux ans. Les ports sont indépendants et il n’y a pas de vérification
uniforme des antécédents de la main-d’œuvre portuaire à l’échelle du
pays. On a donc proposé un système de vérification à deux niveaux comportant
à la fois une enquête de sécurité et la vérification du casier judiciaire.
Le crime organisé pose un problème, mais une condamnation pour certains actes
criminels interdit automatiquement l’accès à certains secteurs du port.
Aucun des ports américains n’est clôturé de façon hermétique.
M. McHale
aborde le problème des conteneurs en provenance d’outre-mer. Il explique que
les États-Unis ne vident pas systématiquement un pourcentage donné de
conteneurs, mais qu’ils font plutôt un « ciblage intelligent ».
Les États-Unis ont décidé de poster des agents des douanes américains dans
une vingtaine de grands ports internationaux pour mieux savoir ce qui se trouve
dans les conteneurs à destination des États-Unis. On cherche également une
meilleure façon de suivre la trace des conteneurs grâce à la technologie.
Interrogé sur le ciblage systématique des conteneurs, M. McHale répond
que l’industrie s’est vivement opposée à cette solution.
Les
navires de croisière soumettent les passagers et le fret à un contrôle plus
strict. En ce qui concerne le fret, on s’efforce par tous les moyens d’éviter
les dédoublements. Les bagages sont enregistrés à l’aéroport et transportés
à bord du navire par des moyens sécurisés. Les bagages qui doivent être déchargés
du navire sont inspectés et envoyés par des moyens sécurisés à l’aéroport.
La
décision d’inspecter la totalité des bagages placés dans la soute des
avions transportant des passagers a posé des problèmes, au moins à certains
égards. Plusieurs aéroports n’étaient tout simplement pas conçus pour
accueillir les machines volumineuses nécessaires et il a fallut installer de
l’équipement dans des halls. Le courrier n’est pas examiné, mais ce problème
est moins grave du fait qu’une règle interdit aux avions transportant des
passagers d’accepter du courrier pesant plus de 16 onces. Le personnel
des aéroports doit faire l’objet d’une vérification des antécédents
(enquête de sécurité plus casier judiciaire), mais il n’est pas prévu de
le soumettre à une fouille à l’entrée ou à la sortie des zones à accès réglementé.
Makan
Delrahim – avocat principal et directeur du personnel, Comité judiciaire du sénat
américain
Le sénateur Kenny, K.
McDonald et M. LaRocco rencontrent M. Delrahim.
Ce dernier déclare que
le comité vient de terminer ses audiences sur « la technologie pour la sécurité
des frontières » (toutes les frontières et pas seulement celle du Nord)
qui se rapportaient aux diverses lois récemment adoptées en matière de sécurité.
(Enhanced Border
Security Act, Patriot Act, Department
of Homeland Security Act, etc.) Il
ajoute que les États-Unis cherchent à élaborer une « base de données »
détaillée et complète sur toutes les personnes qui entrent dans leur
territoire.
À propos du contrôle
des entrées et des sorties et de ses répercussions possibles sur le commerce
entre les deux pays, M. Delrahim déclare que la Chambre cherche peut-être
à marquer des points politiques plutôt que d’agir de façon souhaitable et
logique.
Il précise que les États-Unis
n’envisagent AUCUNE nouvelle loi si ce n’est, peut-être, une mesure
relative aux « travailleurs invités » à moins qu’il ne soit
absolument nécessaire de résoudre un problème particulier.
Le Comité judiciaire ne
s’intéresse pas particulièrement à la « mise en œuvre d’une loi »
à moins qu’un organisme ayant des intérêts particuliers n’exerce des
pressions dans ce sens.
M. Delrahim ne s’attend
pas non plus à une nouvelle loi sur les ports avant un certain temps. Il déclare
que le Sénat doit réorganiser son système de comités avant de pouvoir
continuer à légiférer en matière de sécurité. Le Sénat n’a PAS de comité
de la sécurité du territoire comparable au nouveau comité constitué à la
Chambre et il doit donc se réorganiser pour constituer un comité ou sous-comité
spécialement mandaté. Il y a actuellement trop de comités sénatoriaux qui
abordent un aspect limité de la question chacun de leur côté.
La réunion porte brièvement
sur les nouveaux pouvoirs du FBI de placer sur table d’écoute les agents de
gouvernements étrangers, y compris les « loups solitaires » qui
piratent les réseaux informatiques, définition qui comprend maintenant le
personnel militaire participant à des programmes d’échange, etc.
Mercredi 26
mars 2003
Comité
spécial de la Chambre sur le renseignement
Onze membres du Comité spécial
de la Chambre sur le renseignement participent à un petit déjeuner de travail
avec le comité. Le président, Porter Goss (Républicain – Floride) et Robert
Cramer (Démocrate – Alabama) dirigent la discussion pour le comité de la
Chambre et c’est le sénateur Kenny qui la dirige pour le comité sénatorial
canadien.
Porter
Goss fait d’abord remarquer que l’échange de renseignements entre les cinq
puissances (Canada, États-Unis, Grande-Bretagne, Australie et Nouvelle-Zélande)
est excellent. Néanmoins, pour ce qui est de parvenir à une coopération
parfaite entre les services de renseignement américains, ce n’est pas pour
demain.
Peter
Hoekstra mentionne que le 11 septembre a montré que le FBI avait de sérieux
problèmes sur le plan de l’échange de renseignements et de la technologie.
Ces attaques ont soulevé la question de savoir si le FBI devait continuer
d’assumer la responsabilité de l’application de la loi d’une part et de
la sécurité nationale et du renseignement d’autre part. Les États-Unis
songent sérieusement à séparer les deux fonctions. Le Congrès et
l’administration doivent se demander s’il est possible pour le FBI de passer
d’une culture de la répression à une culture fondée sur l’échange de
renseignements.
En
réponse à une question quant aux moyens de vérifier s’il y a échange de
renseignements, Porter Goss précise que le personnel du Comité de la Chambre a
des sources au sein des services de renseignement qui lui ont permis de
constater un manque de coopération. Cela confirme l’importance pour les comités
d’avoir du personnel qui a déjà travaillé pour des services de
renseignement et qui a conservé des contacts dans ce milieu.
Le
Counter Terrorism Centre était chargé
de filtrer les renseignements étrangers et de transmettre les données
pertinentes au Ministère de la défense du territoire. On a toutefois constaté
que ce centre était moins « solide » qu’on ne le pensait pour ce
qui est de la fusion entre l’information et le renseignement.
La
discussion porte alors sur le fait que le Canada n’a pas de service de
renseignements extérieurs et doit compter sur ses alliés. Porter Goss
mentionne que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont un meilleur réseau de
renseignement en Asie que les États-Unis. Le Canada n’a pas besoin d’agents
dans tous les pays, mais il devrait choisir les régions les plus importantes
pour ses intérêts. Il demande : « Le Canada veut-il continuer à se
fier à ses alliés pour obtenir des renseignements dans des domaines essentiels
pour sa sécurité? »
Le
sénateur Kenny fait remarquer que le directeur du SCRS a déclaré à de
nombreuses reprises au comité qu’il disposait d’un réseau de renseignement
à l’étranger.
À
propos de la sécurité aux frontières, Peter Hoekstra déclare au comité
qu’au cours des six derniers mois, la coopération entre les États-Unis et le
Canada a permis d’accélérer la circulation des personnes et des
marchandises. Le sénateur Kenny souligne l’importance d’améliorer
l’infrastructure des deux côtés de la frontière, car son engorgement
ralentit NEXUS et le programme EXPRES. Cela soulève la question du Patriot
Act et de la nécessité d’enregistrer les sorties aussi bien que les entrées.
Le sénateur Kenny mentionne que la solution pourrait consister à exempter les
citoyens canadiens de cette exigence et à charger les autorités canadiennes de
recueillir les données sur les sorties et de les transmettre aux États-Unis.
La
discussion porte alors sur la nécessité d’améliorer l’infrastructure des
deux côtés de la frontière et l’inutilité de dépenser des milliards supplémentaires
à mettre en place des installations similaires de part et d’autre au lieu de
construire et de se partager un même immeuble. Jane Harmon, la doyenne démocrate,
fait valoir que le simple bon sens exige que la frontière intelligente repose
sur des installations communes.
Peter
Hoekstra aborde toutefois les conséquences de la décision du Canada de ne pas
soutenir publiquement la guerre en Irak. En réponse à une observation selon
laquelle les Canadiens ont de la difficulté à relier l’Irak au terrorisme
international sur la foi des renseignements rendus publics, il déclare qu’il
a constaté chez ses concitoyens du Michigan de l’amertume vis-à-vis du
Canada. Il serait donc très difficile de les convaincre que le contrôle de la
frontière doit être unifié. Pour le moment, bien des gens préféreront faire
cavalier seul, sans le Canada.
Les membres du comité répondent
en soulignant que le Canada préfère le multilatéralisme à l’unilatéralisme
pour résoudre les crises internationales. Les États-Unis n’ont pas réussi
à convaincre le public canadien que la menace irakienne était immédiate.
Depuis le 11 septembre, le Canada a largement participé à la guerre
contre le terrorisme. Il a adopté une législation draconienne pour resserrer
la sélection des immigrants et des demandeurs d’asile, il a investi des
milliards dans le renforcement de la sécurité aux frontières et a largement
augmenté le budget de ses services de renseignement et de son armée. Tout récemment,
le Canada a annoncé son intention de déployer des troupes de combat en
Afghanistan.
Kelly Ryan, secrétaire
adjointe déléguée, Bureau de la population, des réfugiés et des migrations,
Département d’État
Nan Kennelly, agent de
politique sur les migrations, Bureau de la population, des réfugiés et des
migrations, Département d’État
Kelly
Ryan commence par souligner que le ministère de la Justice du Canada a été le
premier à contacter ses homologues américains suite aux événements du 11 septembre.
Elle ajoute que l’accord sur le pays tiers sûr a été retardé par la réorganisation
du Ministère de la défense du territoire parce que les problèmes de compétence
n’ont pas encore été résolus. La rédaction du règlement d’application
de l’accord est presque terminée. Quand ce sera chose faite, le public sera
invité à dire ce qu’il en pense. Le gouvernement considère que le processus
progresse rapidement, mais il faut compter des mois et non pas des semaines.
Mme
Ryan mentionne que certains demandeurs d’asile refoulés à la frontière
canadienne seront détenus aux États-Unis. Ils seront traités comme ils le
seraient dans n’importe quel port d’entrée, comme s’ils ne se trouvaient
pas aux États-Unis. S’ils n’ont pas de document, leur renvoi pourrait être
accéléré, mais s’ils demandent asile, ils seront renvoyés vers l’autorité
compétente qui examinera leur cas. Le réfugié pourra se reposer 48 heures
et contacter le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies avant
l’audience. La loi des États-Unis exige que le demandeur d’asile soit détenu
jusqu’à ce que la validité de sa revendication du statut de réfugié soit
établie. Des exceptions sont toutefois faites à cette règle au cas par cas.
Ces personnes seront détenues dans des camps de détention en plein air, des établissements
carcéraux et des prisons privées.
Un
membre du comité faisant observer que les Canadiens considèrent les faux réfugiés
comme des resquilleurs qui cherchent à passer avant les immigrants, elle répond
que cela ne préoccupe pas vraiment le public américain. Par ailleurs, les systèmes
canadien et américain sont très similaires si ce n’est que les États-Unis
accordent le statut de réfugié avec davantage de circonspection et que le
Canada offre davantage de recours avant le renvoi. Les États-Unis ont toutefois
appris du Canada qu’il était important de disposer de renseignements à jour
pour l’examen des demandes d’asile. Aux États-Unis, il est possible de
coordonner le renvoi et la procédure judiciaire si bien qu’une fois sa peine
purgée, le détenu est renvoyé vers son pays au lieu d’être libéré et arrêté
de nouveau.
L’arrivée
massive de demandeurs d’asile à la frontière canadienne résulte de la peur
de mesures sévères contre les personnes qui ont excédé la durée de leur
visa et d’une mésinformation au sujet de l’accord sur le pays tiers sûr.
Un grand nombre de ces demandeurs d’asile ont de la famille au Canada et
auraient donc le droit de présenter une demande au Canada plutôt qu’aux États-Unis.
Quoi qu’il en soit, ces personnes ne sont ni des terroristes ni des criminels
et ne constituent pas un risque pour la sécurité de l’un ou l’autre des
deux pays.
Mme
Ryan a dit que son pays apprécie beaucoup le fait que le Canada établisse des
dossiers sur les réfugiés potentiels. Elle estime toutefois que le processus
canadien est trop long, parfois aux dépens du demandeur d’asile. Elle donne
l’exemple d’un Colombien que les autorités canadiennes considéraient comme
un réfugié potentiel et qui a été tué avant que les formalités canadiennes
ne soient terminées.
CATO
Institute
Gene
Healy,
rédacteur
principal
Daniel
T. Griswold,
codirecteur, Center
for Trade Policy Studies
Patrick
Basham, attaché supérieur de recherche, Center
for Representative Government
À
propos de l’évolution de la situation, les représentants de CATO déclarent
au comité que la suggestion de militariser les frontières des États-Unis avec
le Canada et le Mexique en y stationnant en permanence des gardes nationaux,
sous prétexte de fermer la porte aux terroristes, n’est qu’une façon détournée
de réduire le nombre d’immigrants illégaux.
Ils
considèrent que diverses mesures législatives comme le Patriot
Act et le Entry Reform Act
resserreront la frontière en obligeant les organismes américains à échanger
leurs renseignements, en recueillant davantage de données aux postes frontières,
en adoptant une identification biométrique et en utilisant de façon générale
les données électroniques plutôt que les documents papier pour le contrôle
des voyageurs et des marchandises. Mais il n’en reste pas moins que le
commerce qui passe par le pont Ambassador est plus important que l’ensemble
des échanges commerciaux entre les États-Unis et le Japon.
À
bien des égards, un périmètre de sécurité commun pour l’Amérique du
Nord, un modèle que laissent entrevoir le NORAD et l’Union européenne,
semble tout à fait logique. Le sénateur Kenny répond à cela que
l’harmonisation va se faire sur de nombreux plans, mais que ce sera étape par
étape.
Les
membres du comité discutent des moyens de faire comprendre au public américain
que le Canada participe à la guerre contre le terrorisme et qu’il a pris de
nombreuses mesures pour resserrer la frontière depuis le 11 septembre. Le
Canada dispose d’un avantage du fait que ses services de police et de
renseignement sont beaucoup mieux coordonnés que ceux des États-Unis. Les représentants
de CATO répondent que les États-Unis ont rendu l’accès à leur pays
beaucoup plus difficile pour les jeunes hommes des pays musulmans âgés de 16
à 25 ans, une politique que le Canada ne pourrait pas adopter. On
mentionne que, même si le Canada a pris les mesures qui s’imposaient depuis
le 11 septembre, il est resté beaucoup trop discret quant à sa
contribution à la sécurité des États-Unis. Le sénateur Kenny réplique que,
de leur côté, les États-Unis n’ont pas su justifier l’« axe du mal »
et la guerre en Irak aux yeux du public canadien.
En
ce qui concerne la politique à l’égard des immigrants et des réfugiés, les
représentants de CATO font valoir que le Canada ne devrait pas être considéré
comme un pays qui accepte des réfugiés ou des immigrants représentant une
menace terroriste pour les États-Unis. Il est beaucoup plus facile de refouler
les indésirables que de les retracer et de surveiller leurs activités une fois
qu’ils sont à l’intérieur du pays. Ils font toutefois remarquer que 16 des
19 terroristes qui ont participé aux attaques du 11 septembre
n’avaient pas de casier judiciaire ni d’antécédent qui les désignait
comme des terroristes potentiels. Comment peut-on déceler des intentions
haineuses ou mauvaises? Il est donc nécessaire de se fier à d’autres caractéristiques
comme le groupe ethnique, la religion, la nationalité, etc.
Les
représentants de CATO font remarquer que la Maison Blanche est généralement
mieux disposée que le Congrès envers le Canada et les intérêts canadiens.
Les commentaires peu flatteurs au sujet de l’administration ont un effet négatif.
Le sénateur Banks répond que les médias américains ont beaucoup insisté sur
les épithètes de « moron » et « bastard », mais
qu’ils n’ont tenu aucun compte d’un discours important que le Premier
ministre Chrétien a prononcé à Chicago.
Caucus congressionnel sur
la frontière nord
L’honorable
George R. Nethercutt (R-Washington), l’honorable Bart Stupak (D-Michigan),
l’honorable Mark Souder (R-Indiana)
Le
comité a eu une réunion beaucoup trop brève avec les membres du caucus
congressionnel sur la frontière nord, un groupe d’une cinquantaine de membres
de la Chambre des représentants qui s’intéressent à la libre circulation
des personnes et des marchandises de part et d’autre de la frontière. George
Nethercutt Jr. commence par mentionner que les deux pays ont d’excellentes
raisons de développer leurs relations malgré les difficultés actuelles. Il
voit deux principales sources de tensions
-
le refus du Canada d’appuyer la guerre en Irak
-
les observations de l’ambassadeur Cellucci au sujet du budget de défense du Canada
Le
sénateur Kenny répond en insistant sur la contribution du Canada dans le Golfe
persique et en Afghanistan et les efforts qu’il a déployés pour trouver une
solution à la crise irakienne et en mentionnant également l’échange de
renseignements et le renforcement de la sécurité dans les ports. Le public
canadien n’est tout simplement pas encore prêt à appuyer la guerre :
les États-Unis n’ont pas su les convaincre qu’une action unilatérale immédiate
était préférable à la poursuite d’une action multilatérale sous les
auspices des Nations Unies, la solution que privilégie le Canada.
Tout
le monde est d’accord pour la mise en œuvre de l’Accord sur la frontière
intelligente. Un représentant américain fait remarquer que le côté canadien
est beaucoup plus avancé sur le plan de l’informatisation et que l’effectif
américain vient seulement d’être porté de 350 agents à 750 alors que
9 000 agents surveillent la frontière sud.
Les
représentants des États-Unis s’inquiètent vivement de certaines activités
canadiennes, surtout du film récemment diffusé par les médias canadiens
montrant des soldats américains capturés ou exécutés pendant la guerre
contre l’Irak (ils reconnaissent que certains médias américains ont montré
le même film) et les propos déplacés qui ont été tenus par des personnalités
politiques éminentes. Ils sont convaincus que les dirigeants doivent rapidement
se dissocier de tels propos. La délégation canadienne répond que les auteurs
de ces commentaires ont démissionné ou ont été marginalisés au sein du
parti libéral.
Vers
la fin de la réunion, un représentant parle ouvertement de l’opposition à
la guerre en Irak. Selon lui, cette opposition est beaucoup plus explosive
qu’elle ne l’était dans le cas du Vietnam parce que les États-Unis se
sentent directement menacés par le terrorisme. Il craint surtout que cela
n’entraîne un sentiment anti-canadien comparable au sentiment anti-français.
En raison du ressentiment actuel contre la France, le
Canada est encore peu visé. TOUTEFOIS si le Canada continue à agacer les États-Unis
(par exemple si nos politiciens tiennent d’autres propos anti-américains), le
sentiment anti-canadien pourrait s’amplifier. On continue à s’en prendre au
Canada dans certaines émissions de la télévision américaine. (Par exemple,
le dimanche 30 mars 2003, le magazine de nouvelles Dateline, de la chaîne
NBC, a commencé son reportage sur la porosité de la frontière Canada-États-Unis
en déclarant que « deux jours après le 11 septembre, on apprenait
que deux des terroristes étaient entrés aux États-Unis en profitant du manque
de contrôle à la frontière canadienne).
La discussion se termine sur les « bonnes
nouvelles », le comité américain s’engageant à visiter le Canada pour
poursuivre les « discussions bilatérales » dans un proche avenir.
Jeudi 27 mars 2003
Comité
judiciaire de la Chambre
James
Sensenbrenner Jr. (R-Wisconsin) président
Howard Coble, président,
Sous-comité du crime, du terrorisme et de la sécurité du territoire
(R-Caroline du Nord)
John
N. Hostettler, président, Sous-comité du crime, du terrorisme et de la sécurité
du territoire (R-Indiana)
Sheila Jackson Lee
(D-Texas), doyenne, Sous-comité de l’immigration, de la sécurité des frontières
et du crime
Le
comité a eu une réunion très fructueuse avec trois des membres du Comité
judiciaire. Le président Sensenbrenner entame la discussion en disant que
l’accord sur les pays tiers sûrs une fois mis en œuvre supprimerait un
irritant important et qu’il ne voit « pas d’objection » à
exempter les citoyens canadiens et américains des dispositions du Patriot
Act concernant l’entrée et la sortie. Il ajoute que le Canada a entièrement
coopéré aux efforts visant à sécuriser davantage le passage des voyageurs et
des marchandises par les ports et les aéroports du Canada, une coopération qui
peut servir d’exemple au reste du monde. En réponse à une question, il a
ajouté qu’il n’avait entendu aucune critique au sujet de la protection des
agents américains qui travaillent sans arme dans les ports et aéroports
canadiens.
La
coopération étroite du Canada et des États-Unis pour le prédédouanement des
passagers et des marchandises dans les ports et aéroports des deux pays
peuvent, selon lui, servir d’exemple au monde entier. La sécurité portuaire
demeure une menace importante, mais la sécurité dans les aéroports a été améliorée
depuis le 11 septembre. Le sénateur Kenny fait valoir les principaux
points du dernier rapport du comité, mais surtout, les recommandations voulant
que le personnel à terre soit soumis aux mêmes contrôles que les passagers et
l’équipage et que le cockpit soit protégé par des doubles portes, ce qui réduirait
la nécessité d’avoir des policiers à bord.
M.
Sensenbrenner réplique que les États-Unis n’ont pas l’intention, dans
l’immédiat, de soumettre le personnel à terre à ces contrôles ou à
doubler la porte du cockpit. Quand il est nécessaire d’ouvrir la porte du
cockpit l’équipage de cabine bloque le couloir avec un chariot. La fédéralisation
a beaucoup amélioré le contrôle dans les aéroports des États-Unis. On a
beaucoup plus confiance dans le professionnalisme et les antécédents des
agents de sûreté. Auparavant, près de 60 p. 100 d’entre eux étaient
des étrangers sans document.
Selon
M. Sensenbrenner, les États-Unis sont en train d’améliorer leurs bases de
données et de les relier entre elles. Il s’est rendu personnellement outremer
pour vérifier les bases de données des bureaux des douanes américaines. Une
quantité beaucoup plus importante de renseignements apparaît maintenant sur
les écrans des ordinateurs dans les ports d’entrée des États-Unis. Il
faudra se servir de la technologie pour enregistrer les entrées et les sorties.
La plupart des 30 millions d’illégaux ont simplement prolongé indûment
leur séjour. Il se dit pour une coordination avec le Canada pour le contrôle
des non-Canadiens qui traversent la frontière.
M.
Sensenbrenner croit que les cartes d’identité doivent être biométriques. Il
a été très impressionné par la nouvelle carte de résident permanent du
Canada qui présente des caractéristiques la protégeant des contrefaçons,
mais il croit que les documents de voyage devraient intégrer deux
identifications biométriques, par exemple l’empreinte digitale et
l’empreinte rétinienne et qu’il faudra adopter une norme internationale
commune.
Il
fait remarquer, en passant, que les États-Unis emploient une méthode qui a
pour effet d’alerter les autres pays lorsqu’ils refusent d’accorder un
visa. Lorsqu’une personne demande un visa, la mention « Visa demandé »
est estampillée sur son passeport. Si le visa lui est accordé, il est appliqué
sur ce timbre si bien que si la mention demeure visible, cela veut dire que le
visa a été refusé.
Le
comité a une discussion très intéressante avec Sheila Jackson Lee au sujet de
la façon dont les États-Unis traitent les Canadiens d’origine arabe, des
voyageurs du Commonwealth et du respect des libertés civiles. Mme Jakson
Lee souhaite que les Canadiens d’origine non européenne soient mieux traités
à la frontière et ailleurs. La prise des empreintes digitales vise seulement
les immigrants reçus et les résidents permanents et non pas les citoyens du
Canada. Elle désire savoir si en pratique, les États-Unis respectent cette
restriction aux postes frontière.
Le
sénateur Kenny mentionne que le 11 septembre a eu d’énormes répercussions
sur les libertés civiles au Canada, mais que les efforts visant à soumettre à
une clause d’abrogation les lois les plus rigoureuses ont échoué. La façon
dont certains Canadiens sont traités à la frontière pose un sérieux problème.
Un parlementaire canadien d’origine arabe se plaint régulièrement de la façon
dont il est traité à la frontière malgré son passeport spécial.
Comme
avec les autres groupes, la réunion se termine sur un engagement à renouveler
prochainement ces rencontres.
L’honorable Paul McHale
Jr., secrétaire adjoint de la défense du territoire, Ministère de la défense
Peter F. Verga, secrétaire
adjoint délégué principal de la défense du territoire
M.
McHale commence par dire que des terroristes et même des individus sont désormais
en mesure de détruire un pays.
Il
décrit les relations entre le Ministère de la défense et le Ministère de la
défense du territoire en retraçant la chaîne de commandement de
l’administration locale jusqu’au niveau fédéral. Lorsque survient une
crise, le gouvernement fédéral intervient au niveau de l’État avec la
participation du bureau local de la Federal
Emergency Management Agency. Son chef évalue la situation et, si nécessaire,
il contacte l’armée par l’intermédiaire de l’officier de coordination de
la défense.
Un
processus parallèle peut être entamé si le gouverneur de l’État estime que
l’urgence est trop grave pour que la garde nationale suffise à la tâche. Le
titre 32 prévoit que la garde nationale peut rester sous le contrôle de l’État
pendant que le gouvernement fédéral paie ses dépenses, mais l’armée fédérale
représente « le dernier recours ».
Malgré
la chaîne de commandement, les commandants locaux peuvent répondre à une
urgence pour sauver des vies, etc.
En
réponse à une question, M. McHale précise qu’en cas d’incident à la
frontière ou impliquant les deux pays, les dirigeants politiques doivent se
consulter pour coordonner leur intervention. Il y a eu des pourparlers à ce
sujet, mais aucun protocole d’entente n’a encore été conclu pour faire
face à des situations de ce genre.
En
ce qui concerne la défense antimissile, M. McHale dit au comité que les
États-Unis prendront toutes les mesures nécessaires pour se protéger contre
une attaque. Les États-Unis sont prêts à discuter avec le Canada d’un système
partagé, mais ce n’est pas indispensable. M. McHale déclare que les
relations entre le Commandement du Nord et la défense antimissile n’ont pas
encore été entièrement définies bien que ce dernier élément ait été
affecté au commandement stratégique. En fin de compte, la défense antimissile
devra comporter à la fois des éléments locaux et stratégiques.
Le
Commandement du Nord insiste surtout sur la défense maritime et terrestre, mais
il dispose de peu de ressources militaires. M. McHale croit possible de
conclure une association maritime avec le Canada sur le modèle du NORAD. Mais
il faut établir une défense maritime intégrée la plus étendue et la plus
loin des côtes possibles. Il faut également renforcer les moyens de
renseignements et d’analyse et se doter d’une meilleure technologie. Enfin,
les diverses ressources permettant d’assurer la défense côtière doivent être
mieux intégrées.
L’honorable Michael P.
Jackson, secrétaire adjoint des Transports
Jeffrey N. Shane, secrétaire
adjoint délégué
David G. DeCarme, chef,
Division de la facilitation, des transports de surface et maritime
M.
Jackson félicite le Canada de l’appui qu’il a accordé aux États-Unis le
11 septembre 2001 et depuis cette tragédie. Il déclare que le Canada et
les États-Unis sont des voisins très proches et que les deux pays devraient
pouvoir résoudre tous leurs problèmes en tant que membres d’une même
famille. Il cite en exemple la question des explosifs et matières dangereuses
transportées du Canada aux États-Unis qui a été rapidement réglée.
M.
Jackson aborde certaines des difficultés que les États-Unis ont éprouvées à
inspecter tous les bagages enregistrés à la recherche d’explosifs. Les États-Unis
ont dépensé plusieurs milliards de dollars pour équiper leurs aéroports.
Certains d’entre eux exigent d’importantes transformations pour recevoir les
nouvelles machines. M. Jackson déclare au comité que le nouvel équipement
devrait être utilisable pendant environ trois ans. Il y a toujours un certain
rapport entre le volume d’explosifs qui peut être détecté et le taux de
faux résultats positifs. Si l’appareil est réglé pour détecter de très
faibles quantités, il y a davantage de faux résultats positifs, mais cela vaut
mieux que l’inverse. On se sert de systèmes de détection des traces
d’explosifs pour vérifier les résultats.
Des
tests continus ont mis en lumière les défaillances humaines et surtout la nécessité
de garder en alerte les agents qui manipulent les dispositifs d’inspection. Le
problème n’est seulement réglé qu’en partie lorsqu’on les transfère
d’un type de machine à un autre.
En
ce qui concerne le transport maritime, M. Jackson reconnaît que son pays
n’a pas actuellement pour objectif d’inspecter un certain pourcentage de
conteneurs. Il déclare que les États-Unis cherchent un moyen d’obtenir des
renseignements sur le contenu des conteneurs maritimes. Certaines mesures ont été
prises pour améliorer la sécurité lors du chargement et de la manutention des
conteneurs, mais la sécurité portuaire demeure médiocre. Une somme de 100 millions
de dollars a été consacrée à Operation
Safe Commerce et 100 millions supplémentaires à la sécurité
portuaire.
Plusieurs
mesures devront être prises pour accroître la sécurité dans les ports. Il
s’agit notamment d’installer de meilleures clôtures, de développer des
services de renseignement intégrés pour obtenir de l’information sur la
cargaison et l’expéditeur, d’établir le profil des passagers pour
identifier les risques élevés, d’adopter une carte d’identité pour les
travailleurs des transports qui sera délivrée après contrôle des antécédents
et du casier judiciaire et qui intégrera une identification biométrique et
d’établir une banque de données centralisée pour empêcher les employés
peu fiables d’aller simplement travailler ailleurs.
Les
États-Unis ont mis au point un système informatisé pour établir le profil
des passagers. Ce système est encore assez grossier, mais on est en train de
l’améliorer. Un code tricolore, rouge, jaune et vert s’appliquera à tous
les passagers. Les passagers qui recevront le code rouge seront dans la même
situation que ceux à qui on interdit de monter à bord d’un avion et ils ne
pourront pas entrer aux États-Unis.