Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 15 - Témoignages du 4 février 2013
OTTAWA, le lundi 4 février 2013
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 16 h 35, pour faire une étude sur les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.
Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Honorables sénateurs, je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je me présente; je suis la sénatrice Maria Chaput du Manitoba, présidente du comité. Avant de présenter les témoins qui comparaissent aujourd'hui, j'invite les membres du comité à se présenter.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Suzanne Fortin-Duplessis, du Québec.
Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, du Nouveau-Brunswick.
Le sénateur Tardif : Claudette Tardif, de l'Alberta.
La présidente : Le comité poursuit son étude des obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion. Nous accueillons aujourd'hui, par vidéoconférence, des représentants de l'Assemblée communautaire fransaskoise.
Les témoins vont se présenter dans quelques minutes, mais j'aimerais souligner aux membres du comité que nous avons l'occasion aujourd'hui d'entendre Mme Françoise Sigur-Cloutier, présidente de l'assemblée depuis le mois de novembre dernier. Mme Sigur-Cloutier a non seulement occupé plusieurs postes avec des organismes francophones dans l'Ouest canadien, mais a également travaillé une vingtaine d'années dans le domaine des communications et des relations publiques, dont 18 ans à Radio-Canada Saskatchewan à titre de chef régionale des communications. C'est donc avec grand intérêt, étant donné le sujet à l'étude, que nous l'accueillons aujourd'hui.
Au nom des membres du comité, je remercie les représentants de l'Assemblée communautaire fransaskoise de prendre le temps de nous présenter leur point de vue dans le cadre de notre étude et de répondre à nos questions. J'invite maintenant Mme Sigur-Cloutier à prendre la parole et à présenter ses collègues qui l'accompagnent. Les sénateurs suivront avec des questions.
Françoise Sigur-Cloutier, présidente, Assemblée communautaire fransaskoise : Merci, madame la présidente. Avec moi M. Michel Vézina, qui est aussi un nouvel élu de l'Assemblée communautaire fransaskoise. Il est responsable du dossier des communications à l'ACF. On va donc vous présenter, ensemble, les points qui nous préoccupent particulièrement en ce qui a trait à Radio-Canada Saskatchewan.
Cela fait plus de 100 ans que l'Assemblée communautaire fransaskoise est l'organisme porte-parole de la francophonie en Saskatchewan. Le rôle de l'ACF est d'assurer le développement de la communauté fransaskoise et d'en défendre tous ses intérêts.
L'ACF représente environ 47 000 locuteurs de langue française de la Saskatchewan. Depuis sa création, nous cherchons par tous les moyens à répondre aux défis des communications en français en Saskatchewan. Le rôle de Radio-Canada est perçu par notre organisme comme étant la pièce maîtresse sur l'échiquier des communications actuellement offertes aux Fransaskois et aux Fransaskoises.
On ne se le cachera pas, quand il y a eu des grèves ou lors de conflits de travail, nous avons senti toute la charge, tout le poids sur les répercussions sur la communauté.
La station de Radio-Canada est le seul média qui produit une programmation quotidienne, des bulletins d'information en français en Saskatchewan. À ce titre, elle jouit d'un rôle essentiel et indispensable auprès de la communauté.
L'ACF, connue originalement sous l'appellation de l'Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan, a revendiqué l'obtention des services de la radio et de la télévision de Radio-Canada depuis la création de Radio- Canada. L'impact des médias et leur rôle dans le développement et le soutien de la langue et de la culture ont très rapidement généré l'intérêt de nos chefs de file. À défaut de ne pas obtenir les services du diffuseur public dès sa création, nous avons établi nos propres postes de radio, ici, dans la province comme vous l'avez fait au Manitoba et en Alberta.
Ces postes ont été des atouts importants pour la communauté francophone. La communauté francophone a donc géré ces radios de 1952 à 1973. En 1973, Radio-Canada a acheté les postes et a créé la station CBKF, à Régina. Depuis CBKF sert la province par le biais d'un poste de radio et par le biais d'un poste de télévision depuis 1976. Avec les années, Radio-Canada Saskatchewan est devenue un partenaire important dans le développement de la communauté fransaskoise. Radio-Canada participe autant par sa programmation et ses partenariats que par la réalisation de ses propres initiatives. Le diffuseur public met en valeur la communauté, encourage les discussion des membres de la communauté fransaskoise sur la place publique et rapporte les péripéties et les succès des Fransaskois depuis plus de 40 ans.
Un bon nombre d'activités sont liées au développement culturel, tel que la captation de spectacles, l'offre d'ateliers de formation musicaux, la production de phonogrammes. Elles ont fourni à la communauté fransaskoise une vitrine par laquelle les artistes ont pu se développer et ont pu rayonner à l'intérieur et en dehors de la province.
Plusieurs grands événements médias ont vu le jour grâce à la collaboration entre Radio-Canada et la communauté fransaskoise. Des émissions telles que : le Mathieuthon, lorsque le Collège Mathieu a brûlé et le Francothon, qui est devenu un événement annuel depuis plusieurs années. Depuis une vingtaine d'années, la grande dictée ou des débats communautaires créent des occasions de rassembler la communauté et de débattre les enjeux de l'heure à la grandeur de la province et malgré les distances géographiques.
Radio-Canada offre également une plateforme, des séries de reportages qui permettent de grandes initiatives communautaires d'évoluer à travers les médias. La diffusion de débats télévisés, la couverture des élections communautaires ou d'activités communautaires soutenues sont des exemples de moments où le diffuseur public remplit pleinement son mandat tel que le prescrit la Loi sur les langues officielles — surtout la partie liée aux devoirs de soutenir les communautés linguistiques en milieu minoritaire, ce qu'on appelle la partie VII de la loi.
Un dernier exemple pour démontrer le rôle que Radio-Canada joue au sein de la communauté fransaskoise est le rôle qu'il a joué pendant l'Année des Fransaskois. L'année 2012 a été déclarée l'Année des Fransaskois par le gouvernement de la Saskatchewan, et Radio-Canada en a profité pour présenter une série de chroniques, de concours, de productions spéciales destinées à faire rayonner la communauté fransaskoise et de soutenir les objectifs principaux de cette année qui était d'accroître la visibilité et de mousser le sens d'appartenance à l'identité fransaskoise.
Évidemment, Radio-Canada a aussi fait intensément la couverture des événements de l'année. Un site Internet a été créé et il a permis de mieux faire connaître la communauté à travers tout le pays et il a connu un énorme succès.
Michel Vézina, secrétaire et responsable du secteur des communications, Assemblée communautaire fransaskoise : Nous vous présentons ces points dans le but de souligner l'importance de la place de Radio-Canada au sein de la communauté. Nous craignons présentement en la capacité de cette station de maintenir ces activités à la culture et aux débats publics. Peu à peu, nous sentons que ce genre de soutien n'est plus possible. Par exemple, la capacité de produire des phonogrammes ou de capter des spectacles pour la radio est presque disparue. Il n'y a pas eu de production de phonogrammes d'un artiste fransaskois depuis des années. La captation de spectacles est une activité du passé, cette tendance nous inquiète.
À maintes reprises, l'ACFC et l'ACF ont appuyé les demandes de renouvellement de licence de CBC/Radio-Canada et ont appuyé régulièrement Radio-Canada dans ses demandes de projets spéciaux lorsque ceux-ci viennent soutenir et appuyer le développement de la communauté fransaskoise. Nous ne pouvons pas cacher notre inquiétude sur le contexte particulièrement difficile dans lequel les diffuseurs publics évoluent présentement.
Nous déplorons l'ampleur de la réduction dans les budgets qui doivent être gérés présentement et dans l'avenir. Les crédits fédéraux destinés aux diffuseurs publics devraient être ajustés pour refléter le mandat et la complexité du mandat d'être un diffuseur canadien.
Comme vous le savez, le service global de CBC/Radio-Canada est énorme lorsqu'on songe un moment à l'immensité du territoire canadien, à la diversité de la population et à la dualité linguistique qui prime dans ce pays.
Les services comprennent : la Première chaîne, Espace musique, CBC 1, CBC 2, deux postes de télévision généraliste; un de langue française et un de langue anglaise, deux postes d'information continus; RDI et Newsworld, un poste de télévision spécialisé; ARTV, la nouvelle chaîne spécialisée dans les sciences; Explora, sans compter tout.tv, les services Internet et le réseau des stations régionales. La réalité de notre pays exige un tel niveau de complexité et de diversité. Nous souhaitons que CBC et Radio-Canada obtiennent du Parlement canadien un financement adéquat qui lui permettra de maintenir les services que nous connaissons et de poursuivre son développement. Nous souhaitons voir un renforcement des réseaux régionaux de Radio-Canada et voir une capacité d'action accrue dans les régions comme la nôtre en Saskatchewan.
Présentement, Radio-Canada est le seul média qui produit une programmation radio et télévision régulière en français en Saskatchewan. La station régionale de Radio-Canada de Regina joue un rôle central dans la capacité des Fransaskois et des Fransaskoises de s'informer en français, de s'entendre et de se voir dans l'espace public. Radio- Canada Saskatchewan produit en temps normal minimalement six heures de programmation locale, cinq jours par semaine à la radio et plus de cinq heures par semaine à la télévision.
Nous croyons au renforcement du statut des stations principales en place, car ces stations permettent à Radio- Canada de réaliser son mandat, selon la Loi sur la radiodiffusion, particulièrement de pouvoir contribuer activement à l'expression culturelle et à l'échange des diverses formes qu'elle peut prendre.
Mme Sigur-Cloutier : Pour vous donner quelques exemples concrets, la station de Radio-Canada Regina a produit depuis trois ans un certain nombre d'émissions locales, ce qui ne s'était pas vu depuis plusieurs années. Selon notre compréhension, cette plus grande capacité de programmation a été possible grâce au Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, le FAPL. Cette production accrue a pris la forme de projets communautaires et culturels présentés à la télévision, dont le Francothon.
Depuis 2010, le Francothon est devenu un téléthon qui vient en aide à la Fondation fransaskoise et a été présenté à la télévision. Depuis que le Francothon est devenu un téléthon, cela a contribué à hausser les dons, le nombre de donateurs et cela a permis d'atteindre des sommes records pour cette fondation. En plus d'augmenter le fonds de capital, la Fondation fransaskoise mettait en valeur des bénévoles, des donateurs et des artistes à l'interne et à l'externe.
Notre deuxième projet — Le Silo à souvenirs — était une émission de 30 minutes produite pour les célébrations du centenaire de Zenon Park. L'émission a été diffusée en décembre 2010 et mettait en vedette une équipe d'artistes multidisciplinaires et des résidents de Zenon Park.
La présidente : Madame, pourrais-je vous demander de résumer la fin de votre présentation, s'il vous plaît? Le temps passe et les sénateurs aiment beaucoup poser des questions.
Mme Sigur-Cloutier : D'accord. Je vais donc résumer en vous disant simplement que, finalement, la Société Radio- Canada est de plus en plus importante et que l'on s'inquiète à la fois des réductions du gouvernement fédéral et à la FAPL, qui entraînent probablement une diminution des services et de tous ces beaux projets dont j'étais en train de vous parler.
Une autre de nos préoccupations concerne tout l'aspect du passage du support analogique au support numérique. Radio-Canada n'en est pas responsable, sauf que cela a un impact sur la diffusion des services de Radio-Canada en Saskatchewan et la diffusion par les câblodistributeurs et les services satellitaires.
Bref, nos sources d'inquiétude viennent des réductions dans les budgets fédéraux et à la FAPL et de l'abolition des lecteurs analogiques.
Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
Le sénateur Fortin-Duplessis : D'abord, je tiens à vous remercier tous les deux. Vous connaissez bien le domaine et votre présentation était très intéressante.
La question que je vais vous adresser a été posée aux représentants d'autres organismes que nous avons entendus avant la période des Fêtes et qui représentent les communautés francophones d'autres provinces.
D'ailleurs, dans le mémoire que vous avez présenté au CRTC, vous abordez ce point et vous suggérez la mise en place d'un mécanisme de consultation formel entre la communauté de langues officielles en situation minoritaire et la Société Radio-Canada.
Maintenant, voici ma question : pouvez-vous nous parler des mécanismes actuels de consultation qui sont utilisés par Radio-Canada pour les communautés francophones, ainsi que leur taux de participation?
Mme Sigur-Cloutier : Je vais dire d'abord que, pour l'instant, les relations avec la direction de Radio-Canada demeurent très bonnes. Nous avons une bonne relation avec les chefs de la station et le chef de la région. Pour l'instant, il n'y a pas eu trop d'anicroches.
En ce qui concerne la consultation, c'est sûr que nous sommes d'avis que les nouvelles régionales devraient être plus amplement mises en évidence sur le réseau. Lors du bulletin de nouvelles nationales, très peu du contenu des nouvelles arrivent de la Saskatchewan. Des nouvelles de la Saskatchewan arrivent à travers le réseau en Saskatchewan, mais nous n'avons pas, évidemment, une consultation formelle. Les échanges ont été constants et soutenus et les partenariats ont été excellents des deux côtés, mais de fait, il n'y a pas de consultation formelle, que je sache, à part au niveau de la Fédération culturelle canadienne-française.
M. Vézina : Il n'y a pas de structure systématique de consultation. On a eu des visites et cela a été intéressant chaque fois, mais au-delà de cela, on a souvent été mis au courant par après, via d'autres médias, des décisions qui ont été prises et qui pouvaient avoir des impacts sur la programmation locale ou à une autre échelle en Saskatchewan. Donc, il s'agit plutôt de relations informelles que de relations structurées.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Selon les commentaires que nous avons reçus, les gens se plaignaient du fait qu'il n'y avait pas assez de nouvelles de leur province sur le réseau francophone dans la programmation de Radio-Canada. De votre côté, êtes-vous satisfaits à ce niveau?
M. Vézina : Si on parle de bulletin de nouvelles, on a évidemment la télévision et, avec l'aide de la FAPL, je crois, il y a eu une amélioration de la couverture locale et régionale en Saskatchewan, tant du point de vue de la communauté fransaskoise que de l'actualité générale en Saskatchewan. Par contre, quand je regarde RDI ou que je regarde le Téléjournal national, il faudrait vraiment qu'une bombe atomique explose en Saskatchewan pour entendre parler de nous. On n'entend pas souvent parler de choses qui se produisent ici.
Au moment d'élections provinciales en Saskatchewan, bien que couvertes localement par Radio-Canada, sur le réseau, nous entendons à peine qu'un tel premier ministre ou un tel gouvernement a été élu. Cela passe pratiquement inaperçu.
Je sais que sur RDI, lorsque vient le temps de couvrir la Saskatchewan de l'ouest, cela passe à des heures à peu près impossibles. On est très bien informés sur ce qui se passe à l'heure du souper sur le pont Champlain à Montréal, mais pas sur le pont Regina en Alberta.
Mme Sigur-Cloutier : Au niveau de la télévision, il y a bien sûr cette grosse lacune dont parle M. Vézina, mais à la radio, par contre, il y a eu une belle amélioration depuis que les bulletins sont des bulletins de nouvelles intégrés, même durant les fins de semaine. Ce sont des bulletins intégrés, c'est-à-dire que le journaliste prend les nouvelles à la fois de la Saskatchewan de l'ouest, du pays et du monde, et en fonction des priorités régionales.
Même la fin de semaine, s'il y a une nouvelle importante en Saskatchewan, cela va être un bulletin de nouvelles- radio, même à l'heure. Ce sont plus des bulletins de nouvelles régionaux. Ce sont des nouvelles intégrées qui retiennent les priorités, ce qu'on veut entendre, ce qu'on doit savoir en tant que citoyen pour faire ce qu'on a à faire. Pour la radio, donc, il y a eu beaucoup d'améliorations. Pour la télé, comme disait mon collègue Michel, il y a encore beaucoup à faire.
M. Vézina : Du côté de la radio, on est très bien couverts. À partir du moment où il y a quelque chose dans une communauté, on peut pratiquement dire que Radio-Canada est présente.
Mme Sigur-Cloutier : Absolument, et de plus en plus pour la télévision aussi, même les fins de semaine. Maintenant, nous avons des bulletins de nouvelles sept jours sur sept. La FAPL l'avait permis, et ce qu'on entend, c'est que même avec les réductions de budget, ils vont conserver les bulletins de nouvelles qui s'appellent Saskatchewan en bref, qui sont de courts bulletins de nouvelles en soirée, de trois à cinq minutes, le samedi soir et le dimanche soir. Ces bulletins de nouvelles sont excellents pour rapporter ce qui se passe dans la communauté durant la fin de semaine.
Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci beaucoup à vous deux.
Le sénateur Tardif : Merci, madame la présidente. Merci d'être avec nous ici aujourd'hui et pour votre excellent mémoire. Votre allocution a très bien présenté l'importance de la Société Radio-Canada pour votre communauté fransaskoise.
D'ailleurs, vous y avez indiqué que vous êtes très inquiets par rapport aux réductions du budget fédéral et que vous souhaitez que CBC/Radio-Canada obtienne du Parlement canadien un niveau de financement adéquat qui lui permettra de maintenir les services actuels et de poursuivre son développement.
À votre avis, quels sont les effets des coupures dans votre région? Que souhaiteriez-vous comme financement adéquat?
M. Vézina : Actuellement, on n'a pas vu d'impact direct au niveau de la couverture ou de la programmation comme telle. Je n'ai pas la même expérience que Mme Sigur-Cloutier. Toutefois, je sais que des postes ont été coupés à Radio- Canada ici, et ces postes n'ont pas été remplacés. Pour l'instant, on ne voit pas d'impact significatif. Il se peut qu'on en voie dans la prochaine année, car nous savons que les coupures s'étalent sur trois ans. Or, si nous n'avons rien senti encore et que les choses se sont faites à l'interne, on ne sait pas ce qui se passera dans la prochaine année et ce fait est inquiétant vu de l'extérieur.
Mme Sigur-Cloutier : Ce n'est pas la communauté qui peut savoir de quels budgets Radio-Canada a besoin. Toutefois, des coupures n'étaient pas nécessaires. Certaines stations, comme celle de la Saskatchewan, font des pieds et des mains pour desservir la communauté et offrir le plus de services possibles. Les budgets sont réduits. L'an dernier, un certain nombre de postes ont été coupés. C'est le cas de mon poste de chef des communications en Saskatchewan. Dans d'autres cas, les gens ont pris leur retraite et ces postes n'ont pas été reconduits. Jusqu'à présent, les choses se font par attrition. On peut se poser la question à savoir quelles seront les répercussions sur le plan des émissions, de la couverture, des services et des partenariats.
Pour l'instant, on n'a pas senti un très gros effet de ces coupures. Les choses sont en train d'arriver. Avec la réduction du FAPL, qui venait soutenir la production locale, nous sommes très préoccupés par la façon dont toutes ces mesures affecteront nos services.
Le sénateur Tardif : Pour ce qui est du Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, des productions ont- elles été réalisées avec les gens de la Saskatchewan?
Mme Sigur-Cloutier : Absolument. Je m'apprêtais justement à en parler.
Le sénateur Tardif : C'est sur la liste que vous avez, avec le Francothon et autres.
Mme Sigur-Cloutier : Le Francothon, Le Silo à souvenirs, La belle veillée, le projet Ô Chanter, L'Été, ça roule!, La Famille fransaskoise, Caméra boréale étaient tous des projets qui ont été mis sur pied grâce au Fonds pour l'amélioration de la programmation locale.
Le sénateur Tardif : Ces projets seront discontinués? Ils avaient une durée d'un an ou trois ans?
Mme Sigur-Cloutier : Le Francothon est une émission télé qui est venue enrichir une émission radio. Pour cette année, d'après ce que j'ai entendu dire, je crois que les choses ne changent pas.
Le Silo à souvenirs est un projet dans le cadre d'un centenaire. Si un autre centenaire se présente, on verra.
La belle veillée était pour souligner l'Année des Métis en Saskatchewan.
Ô chanter est un projet de la chorale Plaines de Gospel qui fut mis sur pied par Annette Campagne.
L'Été cela roule! est une émission d'été pour la province. On ne sait pas si cette émission reviendra.
La Familles fransaskoise est un projet dans le cadre de l'Année des Fransaskois. Je ne sais pas si ce projet se poursuivra.
Caméra boréale n'existe plus. Le projet a duré deux ans, et cette année il n'a pas été mis sur pied. Caméra boréale est déjà chose du passé.
Avec le Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, les téléjournaux sont passés d'une demi-heure à une heure. Ils sont toujours là et, d'après ce qu'on nous a indiqué, ils demeureront. Le Saskatchewan en bref et l'Alberta en bref sont les deux seuls du genre. Un projet du genre sera mis sur pied en Ontario.
Le sénateur Tardif : Vous avez indiqué que le poste de chef des communications fut aboli en Saskatchewan. Quels seront les effets de cette coupure? Le fait qu'un nouveau poste a vu le jour en Alberta aura-t-il des effets sur ce qui se passera en Saskatchewan?
Mme Sigur-Cloutier : L'Alberta n'avait plus de chef des communications depuis au moins trois ans. Les choses se sont formalisées. Le poste avait un statut intérimaire pour trois ans, et maintenant c'est un état de fait. Ils ont profité de ce prétexte pour abolir le poste de chef des communications en Saskatchewan. La Saskatchewan est maintenant jumelée avec le Manitoba, comme l'Alberta l'est avec la Colombie-Britannique. Les impacts restent à voir. Le poste a été aboli en juin, ce qui est plutôt récent. Des choses avaient été planifiées pour l'Année des Fransaskois, par exemple, jusqu'à la fin mars. Tout avait été planifié et bien engrangé. Les effets se feront peut-être sentir, mais nous l'ignorons toujours et nous attendons.
La présidente : J'aurais une question complémentaire à celle du sénateur Tardif. Le poste vient d'être aboli. Vous n'êtes donc pas encore en mesure de mesurer les impacts que le poste couvrant le Manitoba et la Saskatchewan aura sur vous.
Le Fonds pour l'amélioration de la production locale (FAPL) ne sera pas renouvelé. Vous avez mentionné des activités qui existaient grâce au fonds et qui, possiblement, ne pourront plus être réalisées étant donné la disparition de cet argent qui découle du fonds.
Mme Sigur-Cloutier : Nous n'avons pas d'indication de la part de Radio-Canada à savoir ce qui arrivera avec cette situation.
La présidente : Par conséquent, auriez-vous des suggestions pour Radio-Canada afin que ces activités se poursuivent? Le fonds n'existe plus, un poste a été combiné pour le Manitoba et la Saskatchewan. Avez-vous des suggestions pour nous ou pour Radio-Canada afin que les activités puissent se poursuivre? Êtes-vous en mesure de nous donner des exemples?
Mme Sigur-Cloutier : De choses que nous pouvons faire auprès de Radio-Canada? La situation est un peu difficile. Comme tout le monde, ils sont tributaires de l'argent du gouvernement. Si des choses ont à être coupées, nous aimerions être consultés à savoir ce qui devrait être coupé ou non et l'impact sur nos communautés.
M. Vézina : Et non pas attendre à la saison d'été pour nous dire que, à l'automne, telle émission n'existera plus ou telle chose sera annulée. Il faut tout de même une certaine planification.
Mme Sigur-Cloutier : Pour l'instant, nous ne disons pas à Radio-Canada ce qu'ils doivent faire. Nous savons que Radio-Canada subit des coupures et qu'il y en aura d'autres. La situation nous inquiète. Avons-nous des recommandations précises à leur faire? Nous aimerions simplement être consultés sur la façon dont ces coupures seront gérées, du moins en partie.
Le sénateur Robichaud : J'aimerais poursuivre dans cette ligne d'idée concernant la consultation, initiée par le sénateur Fortin-Duplessis, et sur vos propos. On entend souvent parler de ce manque de consultation, depuis un certain temps. Étant donné qu'on en parle régulièrement, est-ce que des efforts ont été faits par les autorités de Radio- Canada pour entamer le processus? Vous parlez de la façon dont vous aimeriez participer en disant, « nous croyons que s'il y avait un processus de consultation institutionnalisé ». C'est ce que vous recommandez. Pourriez-vous nous parler un peu de la façon dont vous aimeriez vous impliquer?
Mme Sigur-Cloutier : Je sais que le président Hubert Lacroix est venu à deux reprises consulter les gens de la communauté. La dernière fois, c'était à l'automne, au mois de septembre ou octobre. Je n'étais pas encore élue et M. Vézina n'y était pas non plus.
Il est venu et comme l'an passé, il a rencontré les gens de la communauté. Il leur avait présenté son plan de gestion de cinq ans en leur disant qu'il était là pour les écouter et les consulter. Hubert Lacroix est venu au moins à trois reprises. Le directeur régional vient normalement chaque année rencontrer les gens de la communauté, mais là, je ne me rappelle plus.
Régulièrement, il y a des rencontres avec la direction régionale et donc, il y a eu des rencontres, aussi, au niveau de la grande direction de Radio-Canada. Hubert Lacroix, ce n'est quand même pas rien, et le fait qu'il vienne s'asseoir avec la communauté et qu'il leur demande de lui parler de leurs préoccupations, c'est qu'il est en partie à l'écoute. Est-ce lui qui prendra toutes les décisions pour toute la division de Radio-Canada française? Je ne le sais pas.
On ne se plaint pas qu'il n'y a pas du tout de consultation. Nos récriminations viennent du fait qu'il n'y a pas de processus d'institutionnalité. Si nous avions un tel processus, on pourrait se préparer et travailler avec eux pour gérer leurs compressions. On ne leur demande pas de venir gérer nos compressions.
M. Vézina : Actuellement, lorsque M. Lacroix vient ici, c'est une belle visite. On pense qu'il nous écoute. Maintenant, comment le message se rend-il? Le Canada est une grosse machine. Comment ce message se répercute-t-il partout dans la machine? On ne le sait pas.
Il pourrait décider de ne pas venir pendant quelques années et cela mettrait une halte à ses belles visites. Il faut y aller sur quelque chose de plus systématique, sur une base qu'il faudrait déterminer dans le temps, est-ce que ce serait une, deux fois par année? Il faudrait s'asseoir pour en discuter, pour déterminer comment procéder en partenariat. Ce n'est pas qu'on veut imposer à Radio-Canada notre volonté, mais on veut leur dire qu'on tient à ce que la radio et la télévision, les différents services de Radio-Canada reflètent une communauté sur laquelle on est en train de bâtir l'identité, la langue et la culture en partant de nos aînés.
Le sénateur Robichaud : Est-ce que vous êtes avisés longtemps d'avance de ces rencontres pour pouvoir préparer des mémoires ou des suggestions à savoir comment vous aimeriez voir Radio-Canada réagir à vos besoins? Ou bien c'est plutôt : on vient vous voir, on vous écoute? D'après ce que j'ai compris, lorsqu'ils partent, vous ne savez pas de quelle façon ils vous ont écoutés.
Mme Sigur-Cloutier : On le sait de deux à trois semaines minimum.
M. Vézina : On le sait un peu d'avance, mais ce n'est pas énorme comme temps. À un moment donné, on apprend qu'ils viennent.
Mme Sigur-Cloutier : On aimerait être consultés sur les projets qu'on aimerait garder. Par exemple, si on avait à choisir entre Caméra boréale et L'été ça roule, qui est une émission hebdomadaire d'été, on pourrait choisir L'été ça roule. Entre le Francothon puis le Silo à souvenirs, on pourrait sans doute choisir le Francothon. C'est-à-dire que finalement, cette année, on a fait tant de projets et on devra couper ce chiffre en deux, mais on aimerait au moins pouvoir choisir les émissions qu'on aimerait garder. Eux ont des contraintes, nous avons des préférences dans ces contraintes.
Le sénateur Champagne : Tout comme moi, vous savez que l'automne dernier, le CRTC a tenu des audiences publiques avant de renouveler les licences de la SRC et de la CBC.
Est-ce que les organismes francophones de la Saskatchewan ont envoyé un mémoire? Ont-ils été appelés à comparaître? Avez-vous communiqué vos inquiétudes au CRTC afin qu'il en fasse un point important dans le renouvellement des licences?
Mme Sigur-Cloutier : Absolument, oui. Il y a eu un mémoire de présenté, mais l'association n'a pas participé aux audiences.
Le sénateur Champagne : Quand j'y suis allée, une des choses que j'ai fait remarquer aux gens du CRTC, c'est le problème au niveau des faits divers, les chiens écrasés, comme on appelle en France. Comme vous le disiez plus tôt, il est évident que la circulation sur le pont Champlain, à Montréal, relève des chiens écrasés. Vous voulez entendre parler de vos chiens écrasés et non de ceux de Montréal.
Vous disiez par contre que vous aviez maintenant des bulletins de nouvelles qui vous sont confiés, où on parle de ce qui se passe en Saskatchewan. Il y a quand même eu une amélioration de ce côté?
Mme Sigur-Cloutier : Il y a toujours un bulletin de nouvelles d'une demi-heure en semaine. Il n'y avait rien les fins de semaine depuis une vingtaine d'années. Depuis le Fonds pour l'amélioration de la production locale (FAPL), il y a des bulletins de nouvelles de fin de soirée les fins de semaine qui viennent complémenter les bulletins de semaine qui sont passés d'une demi-heure à une heure.
Notre récrimination est au plan national. Nos nouvelles locales nous représentent très bien, et parfois même un peu trop bien. Les gens se plaignent d'être un peu sous la loupe. Mais d'un autre côté, au niveau des nouvelles nationales au bulletin de 22 heures, par exemple, ou de 21 heures sur RDI, là on se retrouve beaucoup moins, sinon pas du tout. C'est à ce point de vue que nous trouvons qu'il y a un vide.
M. Vézina : En effet, il y a un vide qui se produit. On ne remet pas en question la qualité du Téléjournal ou du bulletin de nouvelles à ce moment-là, mais on dirait que la Saskatchewan — et pas seulement la Saskatchewan — perd l'information qui vient de partout hors du Québec.
Mme Sigur-Cloutier : Et c'est évidemment un bulletin qui ne fait pas les nouvelles des chiens écrasés. Si vous regardez le bulletin de 22 heures, il ne parle pas non plus de la circulation sur le pont Champlain. Chez nous, on dit que lorsqu'on entend la circulation sur le pont, c'est qu'on est un jour férié.
On pense, et je crois que même Radio-Canada local aimerait ça, que les nouvelles, par exemple, représentent plus le pays, tout le pays. C'est notre principal reproche.
Le sénateur Champagne : Je comprends très bien que si vous regardez les nouvelles de 21 heures, de 22 heures ou de 23 heures, même dans ce qui s'appelle « les nouvelles nationales et internationales », il n'y aura peut-être pas toujours un petit coin pour la Saskatchewan.
Nous nous plaignions aussi que la situation était la même pour les gens du Manitoba, de la Colombie-Britannique ou de l'Alberta. Vous devez en avoir assez d'entendre parler des problèmes et de tout ce qui se passe par exemple à Montréal en ce moment — on n'entend parler que de la commission Charbonneau et tout ce qui s'ensuit.
Il est évident que, dans le rapport que nous ferons, nous soulignerons à nouveau ce qui se passe en Saskatchewan, mais le problème est plus grand que cela. Ce n'est pas seulement vous qui êtes oubliés. On va nous parler davantage de ce qui se passe au Mali ou en Syrie que de ce qui se passe à Regina ou à Saskatoon. C'est triste. Même pour nous, de la région de Montréal ou de la capitale nationale, on aimerait parfois en avoir un peu plus. C'est ce que j'ai dit, d'ailleurs, quand j'ai envoyé un mémoire, alors que j'ai eu la chance d'être convoquée et de comparaître aux audiences du CRTC.
Je suis contente de savoir que vous avez au moins fait parvenir un mémoire. Les gens qui étaient là m'ont semblé être très sérieux; ils liront tout et on espère que vous n'en retirerez que de bons résultats.
M. Vézina : Les Fransaskois font partie d'une grande famille qui s'appelle la francophonie canadienne. Nous avons des enfants, des parents, des gens qu'on connaît; nous sommes impliqués dans 56 000 types d'organisations. Nous connaissons des gens d'un bout à l'autre du pays. S'il y avait quelque part un espace francophone dans un bulletin national, même s'il nous parlait de quelque chose qui s'est passé spécifiquement au gouvernement du Manitoba, cela aurait un certain impact sur nous. Globalement, nous sommes dispersés, mais nous sommes aussi « tissés » entre nous. C'est pour cela, selon moi, qu'il est important que les bulletins nationaux dépassent cet aspect de concentration de leur attention seulement sur Montréal-Ottawa et, de temps en temps, Washington.
Mme Sigur-Cloutier : J'aimerais ajouter à cela. On mentionnait tantôt que, c'est vrai, on entend beaucoup parler de la commission Charbonneau en Saskatchewan, mais je ne crois pas que les Québécois entendent parler du tout de la prospérité économique qui existe actuellement en Saskatchewan, et de tous les emplois qui existent.
Je suis sûre que personne au Québec n'en entend jamais parler, et on est obligé de faire venir des immigrants d'Afrique et surtout d'Europe, pour venir occuper les emplois. On a besoin de main-d'œuvre mais le pays n'en entend pas parler, et au lieu de faire venir des immigrants, on pourrait promouvoir la migration entre provinces. Je suis sûre que le Québec n'entend jamais parler ce cela, du fait que l'économie va bien chez nous. On a un problème de main- d'œuvre majeur, car il n'y a pas suffisamment de personnes pour remplir les postes que nous avons.
Le sénateur Champagne : Un des gros problèmes, et si vous interrogez des étudiants en journalisme dans nos différentes universités ils vont vous le dire, c'est que les bonnes nouvelles ne sont pas des nouvelles.
Je me souviens de Pierre Péladeau — Dieu ait pitié de son âme — venu témoigner un jour, et qui nous disait que, pour son journal, la seule bonne nouvelle qu'on imprimait à la une était que le Canadien avait gagné. Sinon, les bonnes nouvelles ne font pas vendre les journaux, et j'imagine que c'est la même chose à la télévision. Et le fait que tout se passe très bien en ce moment en Saskatchewan, qu'il y ait un rebond au niveau de l'économie et qu'il y ait, comme vous le disiez, beaucoup de postes à combler, ce sont des bonnes nouvelles. On entend beaucoup plus les mauvaises nouvelles que les bonnes nouvelles. Si vous posez la question à un étudiant en journalisme dans l'une ou l'autre de nos grandes universités, il vous dira que ce qui est important ce sont les mauvaises nouvelles; les bonnes, on n'en parle pas.
Espérons qu'ils nous auront entendus aujourd'hui et qu'on saura faire part à tout le monde au Canada, et particulièrement aux francophones, de tout ce qui se passe d'extraordinaire dans votre province.
Le sénateur McIntyre : Merci à tous les deux pour votre présentation. J'abonde dans le sens du sénateur Chaput en ce qui concerne le renouvellement des licences du radiodiffuseur CBC/Radio-Canada en novembre dernier. Je comprends que vous avez soumis un mémoire au CRTC et je comprends également que les audiences publiques du CRTC permettront d'établir une série de conditions pour les licences et des attentes à l'égard du radiodiffuseur.
Soyons réalistes; avez-vous des attentes précises à ce sujet? Et si oui, lesquelles?
Mme Sigur-Cloutier : Comme des conditions de licence?
Le sénateur McIntyre : On a parlé de compressions budgétaires, de la disparition éventuelle du FAPL; vous avez soumis un mémoire, même si vous ne vous êtes pas présenté devant le CRTC. Tout cela est bien beau, mais avez-vous des attentes précises de la part du CRTC, et si oui, lesquelles?
Mme Sigur-Cloutier : Je ne sais pas. Marc Masson, notre directeur des communications, est celui qui a écrit le mémoire au moment ou ni moi ni mon collègue n'étions là. Nous allons faire appel à ses lumières pour cette question.
Le sénateur McIntyre : Pour être plus direct, avez-vous l'impression que le mémoire que vous avez présenté sera tout simplement placé sur les tablettes et qu'on va vous oublier? Ma question est aussi simple que cela.
Mme Sigur-Cloutier : Le CRTC ne tiendra pas compte de nos attentes. De toute façon, ils n'en ont pas tenu compte pour le FAPL, absolument pas. Toutes les communautés francophones ont appuyé le FAPL, le Fonds d'amélioration de la programmation locale. Cela n'a pas fait la moindre différence si 90 p. 100 des gens appuyaient le FAPL. Le CRTC a décidé en fonction des 10 p. 100 qui venaient très certainement de l'industrie, mais pas des communautés.
Il est certain que le CRTC n'écoute pas que ce que les communautés ont à dire; il écoute aussi beaucoup l'industrie, les câblodistributeurs, les satellitaires et la concurrence entre les médias. Marc peut peut-être corroborer cela.
Marc Masson, directeur des communications, Assemblée communautaire fransaskoise : Le message que nous voulions véhiculer était que les crédits pour Radio-Canada doivent augmenter. On ne peut pas continuer, comme présentement, à diminuer les financements et s'attendre à un service maintenu égal. C'était le seul message que nous voulions promouvoir. Nous ne sommes pas les seuls à l'avoir dit. C'est la clé du dénouement du problème, quant à nous. Est-ce que c'est irréaliste? Je ne sais pas.
Mme Sigur-Cloutier : Je pense que la question du sénateur était de savoir si nous avions des conditions pour la licence.
Le sénateur McIntyre : C'était de savoir quelles sont vos attentes, car le CRTC va imposer des conditions de licence. Mais vous, de la Saskatchewan, avez-vous des attentes à ce sujet?
La présidente : Votre mémoire a-t-il indiqué des conditions que vous aimeriez voir rattachées au renouvellement de la licence?
Mme Sigur-Cloutier : Je dois passer la parole à Marc car je n'étais pas là à ce moment.
M. Masson : L'essentiel de notre mémoire est ce que nous vous avons soumis par écrit aujourd'hui et nos attentes concernaient surtout la consultation, c'est-à-dire que nous voulions qu'il soit stipulé que la société devrait consulter davantage les communautés. Nous vous avons aujourd'hui parlé de cela de façon très informelle; sur le plan local, nous avons de très bonnes consultations avec les dirigeants des stations ici en Saskatchewan, dont M. Lacroix.
Nous avons demandé cela au CRTC et nous ne sommes pas les seuls à l'avoir fait. J'ose croire que cela fera partie des conditions de licences, car nous croyons fondamental de maintenir les services actuellement offerts et nous avons tenté de souligner l'importance de ce service pour la communauté francophone.
Mme Sigur-Cloutier : Nous voudrions toujours être desservis par Radio-Canada, donc par le diffuseur public. Toutefois, ce dont nous avons très peur depuis des années, c'est qu'avec toutes ces compressions budgétaires il n'y ait à la fois plus de service direct et que l'on dépende d'une ou deux provinces ou bien que les quatre provinces de l'Ouest soient amalgamées sous une seule autorité. C'est d'ailleurs déjà un peu le cas quand même.
La présidente : Si je comprends bien, la consultation était prioritaire pour vous et cela faisait l'objet d'une recommandation dans votre mémoire?
Mme Sigur-Cloutier : Cela concernait surtout le maintien des services.
La présidente : Le maintien des services.
M. Masson : La consultation était un moyen de maintenir la qualité et le niveau de services offerts à la population.
La présidente : Très bien.
M. Masson : La station de Regina détenait beaucoup plus d'autonomie il y a 20 ans que ce n'est le cas aujourd'hui. Les décisions sont prises ailleurs et non plus à Regina ou de moins en moins. Cela compromet donc ce que Radio- Canada peut faire en partenariat avec la communauté pour favoriser le développement de celle-ci. Nous n'avons pas exigé cela dans notre mémoire comme condition de licence, mais c'est une grande préoccupation pour la communauté et nous l'avons réitéré au CRTC.
M. Vézina : Nous avons été échaudés en 1996 lorsqu'il avait été question de fermer la station et de tout regrouper au Manitoba. Nous avons mené une dure lutte pour conserver les services en Saskatchewan et nous avons réussi. Bon nombre de compressions budgétaires ont eu lieu à l'époque et nous avons finalement réussi à remettre sur pied un niveau de services, une visibilité et une proximité avec la communauté qui permet à la communauté de se voir, à nos artistes de se faire voir et même de participer à la programmation. Nous ne voudrions pas perdre cela et nous avons des craintes concernant cet aspect.
La présidente : Est-ce que cela répond à votre question, sénateur McIntyre?
Le sénateur McIntyre : Oui.
La présidente : Ma question concerne votre présentation d'aujourd'hui. À la page 6, vous indiquiez que certains abonnés du câble dans votre province n'ont pas accès au signal régional de Radio-Canada Saskatchewan. Cette situation est-elle en voie d'être réglée?
D'autre part, s'ils n'ont pas accès à Radio-Canada Saskatchewan, d'où le signal provient-il pour ces abonnés?
Mme Sigur-Cloutier : Ça dépend; des fois du Manitoba, des fois de Calgary et des fois d'ailleurs.
M. Masson : Nous sommes en train de faire l'inventaire des lacunes actuelles et nous allons nous intéresser à la situation de façon plus formelle avec le câblodistributeur en question. Nous comprenons que le problème concerne l'achat d'équipements.
La présidente : Très bien.
Vous vouliez ajouter quelque chose, madame?
Mme Sigur-Cloutier : Il y a non seulement un problème avec le câblodistributeur, mais il y en a aussi un avec Shaw qui ne donne pas non plus nécessairement le signal de la Saskatchewan à ses abonnés. Pour l'instant, Bell le fait, mais Shaw ne le fait pas nécessairement ou bien pas du tout.
Certains câblodistributeurs, parce qu'ils ont des équipements un peu plus vétustes, ne le peuvent pas ou bien cela leur occasionnerait de grosses dépenses. Nous sommes donc dans une période transitoire concernant toute cette question puisque l'abolition de la diffusion par signal analogique est arrivée très vite.
La présidente : Merci beaucoup. S'il n'y a pas d'autres questions de la part des sénateurs, j'aimerais remercier les témoins. Votre mémoire était excellent et vous avez très bien répondu à nos questions. Cela va certainement contribuer à notre rapport.
Merci beaucoup et bon succès dans votre province, chez vous en Saskatchewan.
Mme Sigur-Cloutier : Merci beaucoup à tous. Cela nous a fait plaisir d'être ici. Merci d'avoir pris le temps de nous entendre et nous comptons sur votre aide.
La présidente : Merci.
Honorables sénateurs, je vais suspendre la séance pour quelques minutes et nous allons reprendre sous peu.
(La séance se poursuit à huis clos.)