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OLLO - Comité permanent

Langues officielles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 17 - Témoignages du 25 mars 2013


OTTAWA, le lundi 25 mars 2013

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 16 heures, pour étudier les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.

La sénatrice Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Chers collègues, je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis la sénatrice Maria Chaput du Manitoba, présidente du comité.

Avant de céder la parole aux témoins, j'invite les membres du comité à se présenter.

[Français]

À ma gauche, la vice-présidente.

La sénatrice Champagne : Bonjour, Andrée Champagne, je suis du Québec.

[Traduction]

Vous le devinez par mon nom.

La sénatrice Ringuette : Non, vous pourriez venir du Nouveau-Brunswick ou du Manitoba.

[Français]

La sénatrice Ringuette : Bonjour, je suis la sénatrice Pierrette Ringuette, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Bonjour, je suis la sénatrice Fortin-Duplessis, du Québec.

[Traduction]

Le sénateur McInnis : Bonjour. Mon nom est Tom McInnis, de la Nouvelle-Écosse. Malheureusement, mon français n'est pas très bon.

La présidente : Merci. Le comité poursuit son étude sur les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion. Jusqu'à maintenant, le comité a entendu plus de 30 témoins, notamment des responsables de CBC/Radio-Canada et du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le commissaire aux langues officielles, le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, ainsi que des chercheurs et des représentants d'organisations anglophones et francophones.

Plusieurs témoins ont fait valoir que les jeunes, qui représentent l'avenir, devraient être au cœur des stratégies de CBC/Radio-Canada. Par conséquent, le comité a pris l'initiative d'inviter des représentants de jeunes à témoigner afin de savoir comment ils perçoivent les obligations linguistiques de CBC/Radio-Canada.

Le comité est heureux d'accueillir aujourd'hui trois représentants de Canadian Youth for French : Justin Morrow, fondateur et président; Christie Dennison, vice-présidente; et Anna Parkhomenka, membre du conseil; de même que deux délégués du Quebec Community Groups Network, David Hodges et Rae-Anna Maitland.

[Français]

Bienvenue au comité. Au nom du Comité sénatorial permanent des langues officielles, je vous remercie de prendre le temps de vous présenter votre point de vue à l'égard de notre étude.

[Traduction]

Le comité a invité chacun d'entre vous à faire un exposé de cinq minutes. Vous avez maintenant la parole. Les sénateurs vous poseront ensuite des questions. Je crois que nous commençons par M. Morrow.

[Français]

Justin Morrow, fondateur et président, Canadian Youth for French : Bonjour tout le monde. Merci beaucoup de nous avoir invités aujourd'hui ici parmi vous. Je suis président et fondateur de Canadian Youth for French qui vise à inspirer une plus grande appréciation pour le français et à augmenter le nombre de Canadiens bilingues au sein du Canada anglais.

Avec moi aujourd'hui, notre vice-présidente du conseil d'administration, Mme Dennison, et un autre membre, Mme Parkhomenka. Avant d'aller plus loin, j'aimerais vous féliciter d'avoir spécifié que vous aimeriez entendre la perspective de gens qui n'ont pas l'anglais ni le français comme langue maternelle comme les nouveaux arrivés. C'est pour cette raison que nous avons invité Anna à siéger à notre conseil d'administration et c'est avec plaisir qu'elle est avec nous aujourd'hui. Merci beaucoup et bravo à vous pour cela!

Parce que vous vous demandez certainement d'où sort cette organisation, je devrais partager mon histoire personnelle avec vous comme fondateur, et après, je vais faire une belle liaison avec la raison d'être et les activités de l'organisation. Une fois que vous savez ce qu'on fait comme organisation, je vais vous donner mon avis personnel par rapport à votre étude, et avant de laisser la parole à Anna et après à Christie, elle va partager sa perspective, je vais reprendre la parole afin de vous présenter la perspective globale de Canadian Youth for French, si cela vous va.

Mon histoire personnelle; en 2006, j'étais un jeune canadien anglais assez normal dans le sens où je ne parlais pas un mot de français. J'ai lâché le français après la neuvième année avec une moyenne de 55 p. 100, comme la plupart des jeunes, peut-être pas si bas que cela, mais il y avait d'autres choses à faire dans la vie et le français, je n'en avais pas besoin. C'était cela. Mais j'étais un peu différent de la plupart des jeunes dans le sens où j'étais bon au football. J'étais joueur de football et en 2006, le Rouge et Or de l'Université Laval m'a recruté pour jouer pour eux à la condition que j'apprenne le français et que je fasse mon baccalauréat en français. Personne n'avait tenté de faire ce qu'on m'a présenté avant, mais voyant que je n'avais presque rien à perdre, j'ai sauté dans le feu et trois ans plus tard, j'avais appris le français, j'avais mon bac en français en administration des affaires, gagné deux championnats canadiens au football. J'étais pour la première fois de ma vie un étudiant, marqué par le fait que j'ai été étoilé deux des trois ans. J'avais une expérience professionnelle à Vancouver incroyable grâce au français et une expérience internationale encore plus incroyable, grâce encore une fois au français.

C'était en réfléchissant sur comment ma vie a changé depuis que j'ai commencé à apprendre le français que je me sentais obligé de partager mes expériences avec les autres jeunes canadiens anglais du Canada pour qu'ils puissent profiter des bénéfices du français.

Voilà comment l'organisation est née. Comme je vous l'ai dit, notre organisation existe pour inspirer une plus grande appréciation du français et augmenter le nombre de Canadiens bilingues au Canada anglais. On inspire une plus grande appréciation et on augmente le nombre de Canadiens bilingues.

La première chose, via notre site web, c'est de faire la promotion avec les témoignages du français et les bénéfices auprès des anglophones. La deuxième chose, c'est peut-être notre activité principale, c'est la CYF Discover Zone. Pour le conceptualiser un peu plus, ce n'est peut-être pas la bonne méthode ou l'analogie, c'est un peu comme un site de rencontre, un réseau contact mais au lieu de chercher l'homme ou la femme de votre vie, vous allez chercher l'opportunité postsecondaire en français de votre vie. Vous dites ce que vous voulez avoir, le logiciel va sortir les opportunités au collège, à l'université, les forums et échanges dans la communauté, dans votre communauté au Manitoba ou autre. C'est notre activité principale. Donc, c'est ce qu'on fait en gros.

C'est vraiment spécialisé pour chaque individu, ce que l'individu recherche comme façon d'apprendre le français ou d'améliorer son français. C'est apprécié. C'est cela en gros l'organisation qu'on représente.

[Traduction]

Voilà qui conclut le cours accéléré sur Canadian Youth for French. J'en viens maintenant à la vraie raison de notre présence ici aujourd'hui, et sur notre point de vue au sujet de CBC/Radio-Canada. Vous avez eu la gentillesse de nous proposer quelques questions, et je les passerai en revue une à une.

Pour moi, CBC/Radio-Canada évoque une source de nouvelles et de divertissement à laquelle tous les Canadiens devraient avoir droit, peu importe leur situation économique. Je ne sais pas trop comment tout fonctionne en cette ère numérique, mais quand je pense à CBC/Radio-Canada, j'ai l'image d'une personne au milieu de nulle part qui n'a pas accès au câble ni à l'Internet, mais qui a accès au diffuseur public.

Quelle place occupe CBC/Radio-Canada dans ma vie? Radio-Canada est ma principale source de nouvelles, mais certainement pas ma première source de divertissement.

Est-ce que je consomme les produits de CBC/Radio-Canada? Je n'ai pas de télévision. À l'occasion, je regarde des émissions sur le site web de Radio-Canada et de CBC, mais pas beaucoup, parce que je ne trouve pas l'offre très intéressante. Toutefois, ce qui m'attire vers une émission de télévision, c'est sans aucun doute le contenu canadien. J'adore voir des émissions qui parlent de sujets qui me touchent, d'endroits que j'ai visités, d'expériences que j'ai vécues et de gens que j'ai rencontrés. J'aime voir ces éléments reflétés dans les émissions que je regarde. C'est principalement ce que je relève. J'ai vu une bonne émission sur le football, Les Béliers. Je n'écoute jamais la radio de CBC/Radio-Canada. J'ai d'autres sources médiatiques pour cela. J'utilise beaucoup l'application mobile pour les nouvelles.

Jusque-là, mes préparatifs allaient bon train, puis le comité m'a demandé si CBC/Radio-Canada occupait une place importante dans la vie des jeunes, et quelles étaient mes attentes. J'ai réfléchi plusieurs semaines à ce que j'allais dire; j'ai décidé de m'en tenir à la raison de ma présence ici aujourd'hui, et de vous faire part de mon idéal.

Mon idéal serait que tous les Canadiens comprennent, acceptent et respectent les nombreuses cultures représentées dans notre pays, et qu'ils parlent tous les deux langues officielles. Je sais que ce souhait ne peut pas se réaliser aujourd'hui. Il ne se réalisera peut-être pas demain ni dans un an, ni même dans 10 ans, mais c'est mon objectif de vie. Lorsque je céderai ma place, je veux être certain d'avoir contribué à accroître le bilinguisme. Cela étant dit, lorsque je pense à CBC et à Radio-Canada, je vois une entité anglophone et une entité francophone qui ne cohabitent pas, dans ce monde où nous sommes majoritaires. Dans mon monde idéal, où tous les Canadiens parleraient les deux langues, il n'y aurait qu'une seule entité, qui nous montrerait comment les deux solitudes linguistiques peuvent communiquer entre elles.

C'est mon souhait, et mon opinion personnelle, non pas celle de mon organisation. Je crois que mon temps est écoulé. Je cède donc la parole à Mme Parkhomenka.

[Français]

Anna Parkhomenka, membre du conseil, Canadian Youth for French : Merci beaucoup, cela fait presque trois ans que j'habite à Vancouver, en Colombie-Britannique. Avant d'immigrer au Canada, j'ai terminé mes études supérieures à l'université linguistique de Minsk en Biélorussie.

Le fait que je ne parlais pas vraiment anglais ne m'a pas arrêté de venir à Vancouver. J'aurais pu aller au Québec où les premiers pas seraient peut-être plus faciles. Mais pour moi, l'immigration n'était pas comme un simple déménagement. Je voulais et je veux toujours devenir une citoyenne canadienne. Et pour moi, d'être citoyen, ce n'est pas tout simplement d'avoir un passeport. C'est d'être capable de m'exprimer dans les deux langues officielles, anglais et français, de posséder un diplôme universitaire canadien. Je suis en train de préparer mon diplôme universitaire en sciences politiques et en administration publique et de m'intégrer dans la société.

Quand j'ai entendu parler de CYF, j'ai senti que je devais absolument être membre de cette équipe ambitieuse car l'idéal du Canada bilingue correspond à mon idéal dans mon nouveau pays. Après que je me suis trouvée dans l'immersion anglophone, c'était principalement grâce à Radio-Canada que j'ai réussi à maintenir mon français. Je regardais et je continue toujours à regarder Le Téléjournal de Radio-Canada de même que The National sur CBC, les programmations qui me permettent premièrement d'améliorer la maîtrise des langues officielles de même que de m'informer sur mon pays, de mieux comprendre les problèmes de la société canadienne.

Présentement, puisque je fais mes études à l'université à temps plein et que je travaille aussi, cela devient plus difficile de regarder la télé. Pourtant, j'adore le site web de CBC/Radio-Canada où on peut trouver toutes les émissions, y compris mes émissions préférées. J'ai visité quelquefois le TOU.TV. Je trouve que c'est une ressource très pratique à l'époque moderne où les gens sont très occupés et n'ont pas la possibilité de suivre les émissions en direct.

Sur Internet les émissions sont disponibles nuit et jour. Tout est parfaitement organisé et gratuit. En parlant de l'idéal, j'aimerais bien que CBC/Radio-Canada soit un outil qui permettra d'unir les jeunes des communautés anglophones et francophones. Parce que pour le moment, comme Justin l'a dit, on a des programmations soit uniquement anglophones, soit uniquement francophones.

Pourtant, je voudrais voir les jeunes des deux communautés ensemble à travers une programmation bilingue qui serait diffusée sur les deux chaînes CBC et Radio-Canada. Je crois que le fait d'avoir au moins quelques émissions bilingues soulèvera l'intérêt des jeunes envers le radiodiffuseur public et éliminera graduellement les tensions entre les communautés différentes.

[Traduction]

Comme je représente à la fois les jeunes et les immigrants aujourd'hui, j'aimerais faire valoir un dernier argument en faveur de la radiodiffusion bilingue.

Pour être bilingue, il ne suffit pas de parler le français et l'anglais; il faut être capable de passer d'une langue à l'autre. C'est un art qu'il faut maîtriser. J'aimerais que CBC et Radio-Canada nous aident à le faire. Merci.

Christie Dennison, vice-présidente, Canadian Youth for French : Bonjour. Je m'appelle Christie Dennison, et je suis vice-présidente de Canadian Youth for French.

[Français]

J'ai appris le français dans un programme d'immersion à Fredericton au Nouveau-Brunswick. Mes parents m'ont inscrite au programme public car ils voulaient me donner toutes les chances de réussir dans une province bilingue et dans un monde multilingue et multiculturel. Après 12 ans en immersion, j'ai décidé de poursuivre mes études à l'Université d'Ottawa où j'étais page à la Chambre des communes et ensuite à l'Université de Bradford, en Angleterre, où j'ai terminé ma maîtrise en résolution des conflits.

Grâce à mes capacités linguistiques, j'ai eu l'occasion de travailler à travers le monde dans le domaine de la coopération internationale, en Ouzbékistan, dans des pays francophones comme à Haïti, au Sénégal et au Cameroun, un pays bilingue comme le Canada.

[Traduction]

Je travaille maintenant pour LearnSphere Canada, un organisme sans but lucratif constitué en vertu d'une loi fédérale dont le mandat est commercial. Notre objectif consiste à offrir de nouvelles possibilités d'affaires aux entreprises du Nouveau-Brunswick dans les domaines de la formation et du perfectionnement de la main-d'œuvre. Je suis également responsable de la gestion des projets de développement international de LearnSphere. Je suis mère d'une fille de deux ans. Mon conjoint et moi l'élevons dans un environnement bilingue, à la maison et dans la collectivité. Mon conjoint est un francophone bilingue originaire d'Edmundston, au Nouveau-Brunswick.

CBC et Radio-Canada jouent toutes deux un rôle très important dans ma vie. D'aussi loin que je me souvienne, depuis que je suis très petite me dit-on, j'ai toujours écouté la radio et la télévision de CBC et de Radio-Canada. Encore aujourd'hui, ces postes sont mes principales sources de nouvelles, d'information et de musique. J'écoute surtout la radio, en anglais et en français, sur CBC Radio One et 2, Radio-Canada et Espace Musique, environ deux ou trois heures par jour, et plus longtemps lorsque je suis à la maison à temps partiel avec ma fille. Nous écoutons ensemble Espace Musique.

Je regarde rarement la télévision si ce n'est, à l'occasion, la CBC; c'est donc un maximum d'environ 30 minutes, deux ou trois fois par semaine. Je consulte CBC News en ligne environ 15 à 30 minutes par jour, en moyenne. Je choisis d'écouter CBC et Radio-Canada plus que toute autre source de nouvelles, d'information et de musique étant donné qu'il n'y a pas de publicité et que j'ai confiance que l'information et les nouvelles qui y sont diffusées sont vérifiées.

En musique, j'aime la programmation de CBC Radio 2 et d'Espace Musique plus que toute autre source de musique à laquelle j'ai accès, et elles sont nombreuses. La programmation répond à mes besoins et à mes intérêts plus que tous les autres médias.

Je crois fermement que CBC et Radio-Canada ont un rôle très important à jouer auprès des jeunes. Les deux chaînes sont très importantes pour transmettre les nouvelles, l'information, la musique et le divertissement du Canada à l'ensemble de la population. Je crois qu'elles représentent la croissance et le développement de la culture canadienne, et y contribuent, tout comme les jeunes du Canada.

En tant que jeune Canadienne, je m'attends à ce que CBC et Radio-Canada offrent gratuitement, de façon fiable et continue les nouvelles, l'information, la musique ou le divertissement sans publicité commerciale en anglais et en français à tous les Canadiens.

[Français]

J'aimerais ajouter qu'il y a de la place pour une programmation bilingue, probablement surtout à CBC, pas nécessairement à Radio-Canada. Et que si cela prenait forme, j'y porterais attention. Je crois qu'il pourrait y avoir un appétit pour cela, du moins au Nouveau-Brunswick. Merci, je repasse la parole à Justin qui va compléter. Il va présenter les intérêts de nos autres membres très brièvement.

M. Morrow : Je pense que nous n'avons plus le temps. J'ai parlé au conseil d'administration où nous avons des amis et j'ai un résumé. Je peux le partager avec vous.

La présidente : Vous aurez la chance de répondre aux questions, merci de votre compréhension.

[Traduction]

Nous passons maintenant la parole à M. Hodges du Quebec Community Groups Network.

David Hodges, délégué, Quebec Community Groups Network : Je suis ici au nom du Quebec Community Groups Network. Mon nom est David Hodges, et je suis artiste et producteur hip-hop; je suis également travailleur auprès des jeunes. Je travaille pour la Commission scolaire Lester B. Pearson à Montréal. J'ai été professeur au secondaire pendant quelques années, mais je fais actuellement une tournée provinciale financée — en fait, en collaboration avec le Quebec Community Groups Network — par le gouvernement du Québec. C'est un projet qui m'amène dans toutes les écoles anglophones du Québec, où je tente d'encourager les jeunes à s'identifier à la culture québécoise. On parle de musique et on organise des ateliers dont les thèmes touchent les jeunes au quotidien. Je crois que j'ai été invité ici pour combler, en quelque sorte, l'écart linguistique, puisque je suis bilingue.

[Français]

Je suis fier d'être Québécois et c'est le message que je communique dans les ateliers quand je vais dans les écoles.

[Traduction]

Voilà qui conclut ma présentation personnelle. Comme l'a fait M. Morrow, je vais maintenant répondre aux questions que l'on se pose sur CBC/Radio-Canada.

Qu'est-ce que je connais de CBC/Radio-Canada? Qu'est-ce qu'elle signifie pour moi? Comme le savent la plupart des gens, c'est une plaque tournante de l'information canadienne sur la culture, la politique et les nouvelles nationales et internationales.

Qu'est-ce qu'elle signifie pour moi? Elle signifie beaucoup, particulièrement quand je pense à mon enfance. J'ai grandi avec Hockey Night in Canada, qui m'a rendu fier d'être Canadien et m'a permis de voir Don Cherry et Ron McLean, et aussi Dick Irving annoncer les sports. Nous voulions suivre ses traces, mon frère et moi, et devenir annonceurs sportifs. Nous étions très jeunes à l'époque, mais ces moments passés devant la télévision, avec mon père aussi, ont été très importants pour moi. La CBC a occupé une grande place dans mon enfance, sans que je m'en aperçoive, mais maintenant que j'y pense, elle a été très importante.

Quel rôle joue-t-elle dans ma vie aujourd'hui? Je dirais qu'elle n'est pas aussi présente qu'avant étant donné que je n'ai plus autant de temps pour regarder la télévision ou écouter la radio, mais lorsque j'ai besoin d'information, je consulte souvent le site web de la CBC. Aussi, en tant que musicien, je m'intéresse beaucoup aux artistes et à ce qu'ils ont à dire, particulièrement les artistes canadiens, et je crois que la CBC offre d'excellentes émissions pour cela. Je pense à George Stroumboulopoulos Tonight; il fait des entrevues exceptionnelles, je trouve qu'il fait ressortir ce qu'il y a de mieux chez les gens. Je pense aussi à Q, animée par Jian Ghomeshi. Je n'arrive jamais à prononcer son nom correctement. Ce que j'aime de son émission, c'est qu'il invite aussi des artistes québécois, comme Béatrice Martin, Cœur de pirate. J'aime beaucoup ça. Donc, CBC/Radio-Canada joue un plus petit rôle dans ma vie.

En ce qui concerne la radio, je l'écoute parfois, surtout si je vais passer à la station de radio. Je l'écoute donc, mais le simple fait de passer à la radio a commencé à m'encourager à écouter l'émission de Mike Finnerty, et je parle précisément des émissions diffusées à Montréal actuellement. De plus, quand je suis dans un bouchon de circulation, au lieu d'écouter de la musique, je me demande de quoi les animateurs peuvent bien parler; je syntonise alors CBC Radio tout simplement pour écouter. Je trouve que c'est très intéressant, mais je ne le fais pas toujours, car je n'ai pas le temps.

Je répondrai brièvement à la dernière question. Ce que M. Morrow a dit à l'instant est intéressant. Comment CBC/ Radio-Canada joue-elle un rôle particulier auprès des jeunes et quelles sont mes attentes à cet égard? Il a fait remarquer qu'il y a un clivage linguistique entre CBC et Radio-Canada, puisque CBC est une radio anglaise et que Radio-Canada est une radio française. Pas plus tard qu'hier, je crois, CBC Music a publié une liste subjective de musiciens largement diffusés qui, aux dires de ses auteurs, constituent les 25 meilleurs rappeurs et artistes hip-hop de tous les temps au Canada. Ils ont expliqué les raisons pour lesquelles ils avaient choisis les rappeurs figurant sur la liste, comme Classified, k-os, Shad et Maestro Fresh West, un rappeur hip-hop canadien de la vieille école qui mérite certainement d'apparaitre sur cette liste. Mais cette dernière ne comprend aucun artiste hip-hop anglophone du Québec, alors qu'il y a tant de figures de proue qui font de la musique depuis longtemps, notamment The Narcissists, un groupe qui compte parmi les artistes hip-hop les plus connus au Canada et même au monde. Cette situation laisse à désirer et me donne également à penser qu'il existe un préjugé selon lequel il n'y a pas d'artiste anglophone au Québec. Personnellement, j'attends de la CBC en particulier, mais aussi de Radio-Canada, qu'elles s'attaquent à ce préjugé, car il y a des artistes anglophones qui font carrière au Québec également. C'est pas mal tout ce que j'ai à dire. Merci.

Rae-Anna Maitland, déléguée, Quebec Community Groups Network : J'ai un exposé et je m'efforcerai de le suivre, car je l'ai chronométré.

Merci de m'avoir invitée. Jusqu'à tout récemment, je ne savais pas vraiment que la CBC avait un site web. Enfin, je veux dire qu'on sait qu'elle en a un, mais je ne l'avais pas vraiment visité. C'est donc ce que j'ai fait aujourd'hui, et j'y ai appris ce matin qu'en ce jour même, en 1974, Peter Gzowski interviewait un très modeste Wayne Gretzky alors âgé de 13 ans au sujet de ses espoirs d'avenir dans le domaine du hockey, et qu'hier, en 1989, débutait le nettoyage de la marée noire provoquée par l'Exxon Valdez le long des côtes de l'Alaska. Je l'ignorais. J'ai l'impression d'apprendre quelque chose chaque jour et je suis heureuse d'avoir été invitée ici pour consulter le site web de la CBC et toutes ces sources que je n'avais pas vraiment vues auparavant.

Je suis originaire de l'Outaouais et j'ai grandi à Chelsea. Je suis anglophone; ma langue maternelle est donc l'anglais. Je vis à Montréal, où j'étudie les arts de la scène à l'Université Concordia. J'y étudie notamment le marionnettisme, l'histoire du théâtre, la dramaturgie et bien d'autres matières. Toutes ces techniques se résument pour moi à l'art de saisir et de relater les faits, ce qui est, je crois, le rôle de la CBC à bien des égards. Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd'hui pour nous demander si les faits importants qu'il faut relater sont entendus?

J'ai grandi bercée par la radio et la télévision de la CBC. Les voix désincarnées de Barbara Budd et de Stuart McLean exerçaient une grande influence durant mon enfance et semblaient parfois faire partie de la famille. Ma sœur et moi avons ainsi forgé nos identités de personnes dotées de sens critique et de citoyennes canadiennes sous l'action combinée des nouvelles et des entrevues que nous écoutions à la radio.

Cependant, quand on m'a demandé de m'adresser au comité, il m'est venu à l'esprit que je n'étais pas la meilleure candidate, puisque je n'ai pas de radio ou de télévision, et que je ne lis pas vraiment les médias imprimés. Je m'informe principalement sur les médias sociaux comme Facebook, où les gens publient des informations, comme des articles de la CBC ou de diverses sources, qui sont transmises encore et encore au fil du temps. Je suppose que nous vivons dans une ère de l'information qui est en quelque sorte gérée par ses participants, ce qui est assez intéressant. Ce n'est pas le même genre de médiateur de tierce partie que pour les autres formes de médias d'information.

Je me demandais ce qui m'échappe quand je fais des médias sociaux ma principale source de nouvelles et d'informations nationales. Quelle est la valeur d'une radio comme la CBC dans la vie des jeunes Canadiens? J'ai parfois l'impression d'être submergée d'informations sur Internet. Je crois que cela arrive à tout le monde. Il y a tant d'opinons et d'informations que je ne sais souvent pas où aller et à qui me fier vraiment. Après avoir découvert récemment que la CBC offre un merveilleux site web débordant d'archives incroyables, je me suis aperçue que je disposais sur Internet d'une source fiable pour trouver plus de renseignements sur des sujets actuels et antérieurs d'intérêt canadien.

Pour vous donner un exemple, les marcheurs de Nishiyuu étaient à Chelsea hier soir, et ce n'est qu'il y a quelques jours que j'en ai entendu parler. J'ai été informée par ma sœur qui vit en Colombie-Britannique, où elle étudie les Premières nations. Elle m'a envoyé un lien, que j'ai transmis à mes parents sur Facebook. Une fois informés, ils se sont beaucoup investis pour accueillir les marcheurs. Voilà qui montre comment les médias sociaux peuvent nous mobiliser, alors que les reportages peuvent aussi nous fournir l'information dont nous avons besoin. Ainsi, ce matin, j'ai pu consulter le site web de la CBC pour lire des articles ou écouter des extraits sonores enregistrés au cours de la marche.

Pendant l'été, je travaille à Wakefield, au Québec, avec des jeunes de 11 à 17 ans avec qui je crée des courts-métrages de fiction.

Cet emploi m'a permis d'apprendre ce qui importe aux yeux des jeunes. Si le Canada veut en savoir davantage sur ce que les jeunes pensent et font actuellement, il faut qu'il leur permette d'avoir leur mot à dire sur la programmation. Ils doivent se sentir écoutés et respectés, pas seulement tolérés, comme je me sens en étant invitée ici aujourd'hui : non pas tolérée, mais respectée. Et voilà. C'est ce que je voulais dire. Merci.

La présidente : Merci beaucoup.

[Français]

La présidente : La première question sera posée par la sénatrice Fortin-Duplessis.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Merci beaucoup, madame la présidente. En tout premier lieu, Justin, Anna, Christie, David, Rae-Anna, je tiens à vous féliciter pour les efforts extraordinaires que vous avez faits pour devenir bilingues. Ça n'a pas toujours été facile pour vous, mais on peut voir maintenant le résultat des efforts que vous avez faits.

Je vais avoir trois questions assez brèves. Selon vous, est-ce que les journalistes de CBC/Radio- Canada assurent une couverture médiatique suffisante pour les jeunes des communautés minoritaires que vous représentez? C'est ma première question.

M. Morrow : De ce qu'on a vu de notre conseil d'administration, on représente plutôt les anglophones en majorité, mais on a quelques francophones en minorité et c'est certain qu'ils ne se sentent pas représentés.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Ils ne se sentent pas représentés?

M. Morrow : C'est ça. Et nous aussi les anglophones, on voyait CBC et on ne voit rien des francophones, des minorités. Mais ce sont nos voisins, on les voit à chaque jour, on leur parle, mais à CBC, on ne les voit jamais.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Dans les choses qui nous ont été dites par les groupes précédents, qu'ils soient adultes ou autres, il y avait le fameux problème que Radio-Canada français, à la Société Radio-Canada à Montréal, c'était presque toujours des nouvelles de Montréal, et les gens reprochaient toujours de ne pas avoir de nouvelles de leur propre province. Les gens étaient vraiment déçus.

Alors selon vous, quels moyens devraient utiliser Radio-Canada pour accroître la participation des jeunes des communautés de langue officielle en situation minoritaire? Anna, je crois que tu as levé la main?

Mme Parkhomenka : Chez nous en Colombie-Britannique, j'adore regarder toujours le téléjournal de la Colombie- Britannique parce que c'est la programmation qui permet de voir les problèmes de la province qui existent. En plus, il y a quelques jours, je viens de participer à un forum sur la francophonie. On a parlé lors d'une émission locale. On a parlé des problèmes et enjeux qui existent par rapport à des communautés francophones minoritaires en Colombie-Britannique et on pense à créer plus de programmation, plus d'émissions locales. Mais souvent, c'est la question du financement surtout. Radio-Canada en Colombie-Britannique a des représentants à Vancouver, à Victoria, mais il y a beaucoup de problèmes à trouver des journalistes et des stations dans plusieurs autres villes parce que la province est très grande. Souvent c'est la question du financement qui revient, parce que pour voyager, cela prend vraiment beaucoup d'argent et de ressources et ils n'en ont pas assez pour assurer la représentation de tous les problèmes qui existent partout dans la province. Pour le moment, c'est surtout Vancouver, Victoria et l'île de Vancouver.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Est-ce qu'il y en a d'autres qui ont un commentaire à ajouter?

Mme Dennison : Je pense que si Radio-Canada a la responsabilité d'être notre chaîne nationale publique financée par des fonds publics, elle a la responsabilité d'être présente dans les communautés minoritaires francophones hors Québec et les communautés anglophones minoritaires à l'intérieur du Québec. Ce n'est pas juste ce qui se passe dans la francophonie canadienne au Québec qui est important dans un téléjournal national. Il est important d'avoir une réflexion de ça dans sa propre communauté dans la programmation qui existe dans nos régions.

[Traduction]

Si Radio-Canada continue de recevoir des fonds à titre de radiodiffuseur national, je crois qu'elle devrait être obligée de représenter les communautés minoritaires et de diffuser des émissions à saveur régionale à l'échelle régionale.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : Vous avez quelque chose à rajouter?

M. Morrow : On a dit que c'est sous-représenté. J'ai rencontré quelques journalistes de Radio-Canada, au Manitoba et ailleurs. Et ça a l'air qu'ils sont tous ou à peu près tous des Québécois. Donc ça peut être un des problèmes. C'est que les journalistes de Québec qui viennent dans les provinces en situation minoritaire pour devenir journalistes pour Radio-Canada au Québec, ils commencent dans des situations minoritaires. Je ne sais pas s'il y a assez d'offre et de demande.

[Traduction]

Je ne suis pas certain qu'il y ait suffisamment de jeunes en situation minoritaire qui peuvent agir comme radiodiffuseurs ou journalistes dans leurs régions. Le problème vient peut-être en partie du fait qu'ils ne sont pas tellement représentés et que les journalistes s'intéressent surtout au Québec.

Mme Parkhomenka : Pendant mes études, j'ai toujours considéré que pour améliorer sa langue, il faut regarder la télévision ou écouter la radio parce que la langue y est exemplaire. Voilà pourquoi il y a un problème. Quand un intervenant ou un journaliste ne s'exprime pas dans sa langue maternelle, CBC et Radio-Canada doivent s'assurer qu'il possède une maîtrise suffisante de la langue pour s'exprimer parfaitement.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : Vous avez déjà touché un peu à ce point. Madame Christie, quelles seraient les principales recommandations que vous souhaiteriez faire à CBC/Radio-Canada?

[Traduction]

M. Morrow : Ceux qui regardent surtout Radio-Canada ne s'intéressent pas nécessairement à ce qui se passe dans le Canada anglais, alors que le Canada anglais s'intéresse certainement à ce qui se passe dans le Canada français, que ce soit au Québec ou dans les communautés en situation minoritaire. Nous nous intéressons à la francophonie et voulons lui tendre la main. Voilà où je veux en venir. Nous voudrions qu'il y ait beaucoup plus de promotion mutuelle entre les deux. Il faut que nous nous parlions et communiquions les uns avec les autres. Il faudrait faire la promotion d'émissions ou d'épisodes diffusés sur les autres stations ou dire « Hé, vous pouvez venir et faire ceci. »

Vous avez posé une question sur Tou.TV. Dans le Canada anglais, personne n'en a entendu parler, et nous considérons que c'est un problème de taille, car le site déborde de contenu intéressant. Pourtant, aucune des personnes à qui nous avons parlé ne le connaissait.

[Français]

Mme Parkhomenka : Je pense que CBC/Radio-Canada reste en premier lieu une source d'information et d'instruction pour les jeunes. Mais pourtant le rôle de diffuseur public diminue dans la vie des jeunes. C'est pourquoi il faut trouver des moyens pour attirer l'attention des jeunes et répondre à leurs besoins. Il faut trouver d'autres moyens.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Je vous remercie à tous les cinq. Vous faites très bien cela.

[Traduction]

La présidente : Monsieur Hodges, avez-vous indiqué que vous vouliez dire quelque chose?

M. Hodges : Je pourrais intervenir, mais pas au sujet des questions posées. Cela concerne plutôt la culture, parce que je parle essentiellement au nom de la culture hip-hop. Comme je travaille dans les communautés de l'ouest de l'île de Montréal, je constate une certaine absence de diffusion à la radio, qui est tenue pour acquise.

Nous traitons de la manière de rejoindre les jeunes aujourd'hui. Nous pouvons discuter de ces questions. Je sais avec certitude qu'un grand nombre des jeunes avec lesquels je travaille ou que je connais écoutent de la musique hip-hop ou composent de la musique. Mais par la suite, aucune station de radio n'accepte de diffuser leur musique. Voyez-vous ce que je veux dire? C'est une sorte de représentation d'un groupe minoritaire qui souffre beaucoup. Ce sont des jeunes pleins de talent qui n'ont nulle part où aller.

Je suis déjà passé à la CBC/Radio-Canada, mais habituellement sous un éclairage que je qualifierais de défavorable, étant donné que je représentais et défendais en quelque sorte le hip-hop. Pourtant, je respecte toujours CBC/Radio- Canada pour son approche journalistique. Mais comme je travaille avec des jeunes et j'encourage les arts, je me demande s'il y aura un jour de la place pour la musique hip-hop à CBC/Radio-Canada. C'est ce qui m'inquiète. La société d'État fait-elle des efforts en ce sens?

[Français]

La sénatrice Charette-Poulin : J'aimerais seconder la motion de ma collègue, la sénatrice Fortin-Duplessis, pour vous féliciter de tout le travail que vous avez mis, qui vous permet aujourd'hui de parler au nom de groupes pour nous faire des recommandations concernant notre radiodiffuseur public et national.

Ce qui me frappe le plus est votre enthousiasme pour le radiodiffuseur public. On retrouve chez vous une intention authentique de contribuer justement à l'amélioration du service public que la Société Radio-Canada et CBC doivent rendre au pays.

J'ai trois questions. Ma première s'adresse à M. Hodges. Monsieur Hodges, vous avez soulevé une responsabilité clef de l'entreprise, soit le développement du talent canadien.

J'aimerais d'abord citer deux exemples. M. Juneau avait déposé, au Parlement du Canada, dans les années 1980, un rapport intitulé Le courage de nos convictions. Dans un chapitre de ce rapport, on mentionnait tous les talents canadiens développés grâce à Radio-Canada. On parlait de talents littéraires, musicaux, professionnels, des animateurs, des journalistes, des historiens, et il y en avait plusieurs.

J'avais alors soulevé deux exemples qui touchent une région du Canada et deux artistes, un anglophone et l'autre francophone. Je ne sais pas si vous les connaissez, mais il s'agissait d'Édith Butler et d'Anne Murray. On a reconnu que c'était CBC/Radio-Canada qui avait développé leur talent alors qu'elles étaient de jeunes adolescentes.

Monsieur Hodges, comment CBC/Radio-Canada pourrait revenir à cette responsabilité de façon à vraiment engager les jeunes talents, qu'il s'agisse de hip-hop ou de gens qui aiment écrire et parler? Comment verriez-vous ce développement, le rôle du radiodiffuseur public dans le développement du talent canadien?

[Traduction]

M. Hodges : C'est une excellente question. J'attendais une question comme cela.

La sénatrice Charette-Poulin : Voulez-vous dire que je peux y aller maintenant?

M. Hodges : Vous voudrez peut-être entendre ma réponse en premier.

L'accessibilité est ce qui le plus important, ne serait-ce que pour être diffusé à la radio. J'ai actuellement une pièce intitulée Notre Home. C'est un hymne bilingue, interprété notamment par Stefanie Parnell, une artiste présente ici aujourd'hui. Sept artistes ont choisi l'anglais pour s'exprimer musicalement, mais la chanson est bilingue afin d'inspirer les gens et de les motiver à être fiers d'être Québécois. Nous avons beaucoup de difficultés à la faire diffuser par les stations de radio, qui préfèrent faire entendre Justin Timberlake ou Rihanna. Appuie-on les artistes québécois ou canadiens, ou soutient-on davantage les artistes populaires? C'est presque un couteau à double tranchant pour CBC/ Radio-Canada, car les stations veulent diffuser la musique ou les informations que les auditeurs veulent entendre. C'est un couteau à double tranchant et c'est difficile.

Je crois qu'il existe d'autres voies, comme la radio alternative ou la présence accrue en ligne. Anne Murray a percé à une époque où YouTube, iTunes et la possibilité de diffusion virale en ligne n'existaient pas. On ne pouvait écouter les pièces d'un artiste qu'à la radio. De nos jours, les artistes passent plus de temps à se faire connaître sur Internet et moins à s'efforcer de faire diffuser leurs pièces à la radio.

On en arrive au point où on s'interroge sur l'accessibilité. Si un artiste hip-hop ou d'un autre style musical veut faire diffuser sa musique à la radio, comment s'y prend-il? Je suis dans l'industrie depuis 10 ans, et je ne peux vous dire comment je pourrais y parvenir. J'effectue une tournée dans la province avec ma chanson, qui bénéficie de l'aval du gouvernement du Québec, mais on refuse toujours de la diffuser à la radio. Est-ce un problème? Oui, c'en est un. Comment encouragera-t-on la jeune génération, particulièrement les artistes anglophones du Québec? C'est là mon objectif principal. Comment peut-on les encourager à faire carrière au Québec plutôt qu'à Toronto ou à New York? C'est ce qui me préoccupe le plus. Pourtant, nous encourageons les artistes à se lancer, à vivre leur passion, à étudier et à faire tout ce qu'il faut pour atteindre leurs buts. C'est difficile. Il faudrait probablement commencer par voir comment on pourrait favoriser l'accessibilité et diffuser plus d'information sur le site web de CBC/Radio-Canada.

[Français]

La sénatrice Charette-Poulin : Ce que vous dites est très intéressant, monsieur Hodges. Si jamais vous avez d'autres suggestions, j'apprécierais que vous les fassiez parvenir à notre greffier ou à la présidente du comité. Nous aimerions que notre rapport mentionne vos recommandations.

J'avais plusieurs questions. Toutefois, je vais gérer mon enthousiasme. Plusieurs d'entre ont avez parlé de l'importance de l'information. Chose intéressante, vous avez abordé, tous les cinq, ce thème de façon différente. Certains d'entre vous ont parlé de nouvelles ou d'affaires publiques, d'autres ont parlé de la curiosité intellectuelle qu'elle suscite.

Comment Radio-Canada pourrait-elle mieux jouer son rôle? Je ne parle pas de l'information et des affaires publiques, car vos propos ont été éloquents sur cet aspect. Au niveau de la curiosité intellectuelle, notamment en ce qui touche l'histoire canadienne, la géographie canadienne et la culture canadienne sur le plan de l'information, comment Radio-Canada pourrait-elle améliorer son rôle? Je crois que Rae-Anna avait des suggestions plus tôt.

[Traduction]

Mme Maitland : Je réfléchissais à la question et je me demande s'il serait pertinent qu'il y ait au Québec des collèges anglophones offrant une sorte de programme de radio dramatique qui permettrait d'entendre des étudiants parler de ce qu'ils vivent. Mes parents ne tarissaient pas d'éloges sur Afghanada, une émission diffusée à CBC Radio One. C'était merveilleux d'écouter l'émission, d'imaginer les scénarios et de participer à une initiative créative. Il me semble que ce serait intéressant.

La sénatrice Charette-Poulin : Justin, Christie ou Annam, avez-vous des suggestions à formuler?

Mme Dennison : Je pourrais proposer de ne pas chercher à concurrencer les stations de télévision ou de radio privées. David a fait remarquer que ce n'est pas pour entendre les 10 ou 40 pièces les plus populaires que les gens écoutent CBC/Radio-Canada. Ils le font en raison de leur intérêt clairement exprimé pour le contenu canadien. Actuellement, les stations doivent respecter des normes relatives au contenu canadien minimal. Pourquoi ne pas imposer un contenu presque exclusivement canadien? Les stations auraient davantage l'occasion de diffuser des pièces de groupes canadiens et divers styles de musique représentatifs des communautés qui composent la trame du pays. L'augmentation du contenu canadien favoriserait le régionalisme. Je ne crois pas qu'il soit nécessairement de l'intérêt de l'entreprise privée de faire concurrence aux autres stations pour l'instant.

La sénatrice Charette-Poulin : Une chose est claire avec vous cinq : la participation des Canadiens aux réseaux, que ce soit ceux des services régionaux ou nationaux.

[Français]

La sénatrice Ringuette : Premièrement, je dois vous dire que je suis épatée par la qualité et l'aisance avec laquelle vous vous exprimez sur un sujet qui peut être un peu complexe, CBC/Radio-Canada. J'ai discerné que vous aimez les nouvelles de Radio-Canada/CBC parce que vous avez confiance dans les faits qu'on vous propose. Donc c'est une section de responsabilité de CBC/Radio-Canada dont on peut dire que les jeunes approuvent et avec laquelle ils sont d'accord. Et là je me dis, bon, chacun de vous a semblé nous indiquer que votre réseau de communication avec Radio-Canada, ce n'était plus simplement la télévision et plus ou moins la radio. Je conduis 20 heures par semaine, j'écoute la radio de Radio- Canada et de CBC.

Donc essentiellement, au niveau des communications via Internet, tout est permis parce qu'il n'y a plus de limites de temps au contenu sur Internet pour CBC/Radio-Canada.

[Traduction]

Je vous entends parler d'Internet. Personnellement, je considère que CBC et Radio-Canada ont fort bien réussi à adopter ce nouvel outil de communication médiatique, mais qu'elles peuvent faire davantage pour combler vos aspirations grâce aux services Internet. Par exemple, il me semble que M. Morrow a parlé de promotion mutuelle. Il n'y a pas de limite de temps ou de contenu sur Internet. J'espère que CBC/Radio-Canada prêtent l'oreille à ce qui se dit à l'heure actuelle. Pour l'avenir des jeunes Canadiens, vous avez indiqué ce que vous vouliez. Notre génération ne disposait que d'un temps limité à la télévision et à la radio pour diffuser toute une variété de contenus. Une séparation s'imposait donc. Mais cette contrainte n'existe plus. Vous pouvez demander tout ce que vous voulez à CBC/Radio- Canada pour combler vos besoins, car vous pouvez tout obtenir sur Internet par l'entremise de leurs services. Ais-je raison ou pas?

Mme Dennison : Je crois que vous avez raison. Il n'y a absolument aucune limite au contenu auquel nous pouvons accéder, toujours au moment qui nous convient. C'est sur demande. Nous pouvons aller sur leur site web et regarder des émissions diffusées il y a une semaine, un an ou cinq minutes, et ce, quand bon nous semble. Nous pouvons absorber autant d'information que nous le pouvons, vraiment. Il y en a tant qu'il n'y a pas de limite aux renseignements auxquels on peut accéder.

Voilà pourquoi je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir de programmation en collaboration, de promotion accrue ou même un site web. Le site n'a pas à être seulement en anglais ou en français. Il serait très avantageux que tout le monde n'ait pas à choisir et puisse accéder aux émissions proposées, sans égard à la langue dans laquelle elles ont été produites, sans devoir choisir entre le site web de Radio-Canada ou de la CBC. Nous devrions avoir toute l'information au bout des doigts. Ce n'est qu'un site web, qui a l'ampleur qu'on veut bien lui conférer. Il serait avantageux pour tout le monde de ne pas être obligé de choisir immédiatement.

M. Hodges : Je dirais même plus : il faudrait établir un réseau supérieur qui engloberait toute l'information. Juste entre nous, j'ignore si les gens trouveraient cette formule plus pratique ou plus embêtante. C'est le seul bémol. La séparation découle-t-elle d'un fossé linguistique ou du fait qu'il est tout simplement pratique que CBC soit en anglais et Radio-Canada en français?

Par exemple, j'ai visité aujourd'hui le site YouTube pour voir si CBC était présente en ligne. Je ne savais même pas que la société avait une page YouTube. Je l'ai consultée et l'ai trouvée incroyable. Elle est tellement bien conçue. On peut aisément y accéder à toutes les émissions qu'on veut voir ou que CBC diffuse, et elle est mise à jour très régulièrement. On pourrait passer 24 heures d'affilée à regarder George Stroumboulopoulos Tonight si on le voulait.

La sénatrice Ringuette : Vous êtes un fervent admirateur.

M. Hodges : Il est bon. Si CBC et Radio-Canada avaient une page YouTube intégrée, est-ce que les gens qui veulent voir une émission en anglais trouveraient agaçant de prendre le temps de la chercher? La séparation a du bon et du mauvais. Je me ferai un peu l'avocat du diable ici. Je crois que c'est pratique et que cela répond à un besoin humain. Tout repose sur la convivialité. Voyez-vous ce que je veux dire? Il n'y a rien de mal à séparer la CBC et Radio-Canada, mais il me semble qu'elles devraient agir davantage de concert. Je ne sais pas.

La sénatrice Ringuette : Il faudrait jeter un pont entre les deux.

M. Hodges : Il faudrait en effet qu'il y ait davantage de liens entre les deux. Elles pourraient produire une émission servant de pont ou établir un nouveau réseau expressément à cette fin pour qu'il n'y ait plus que cet hybride de Radio- Canada et de la CBC.

La sénatrice Ringuette : Le meilleur des deux.

M. Hodges : Le meilleur des deux ou simplement un poste entièrement distinct diffusant des émissions en anglais et en français ou même dans une autre langue. Pour ma part, j'ai grandi dans un environnement néerlandais. Ma mère est néerlandaise. J'ai grandi avec une quatrième langue, l'indonésien. C'est un autre facteur dont il faut tenir compte. Qu'en est-il des gens qui parlent d'autres langues? Je vis dans une communauté qui compte de nombreux Haïtiens. Ce serait extraordinaire s'ils pouvaient regarder un poste en créole à la CBC. Les possibilités sont infinies si on y réfléchit.

[Français]

M. Morrow : Oui, on a deux ou trois choses à dire à ce sujet. La première, un genre de parapluie, on fait quelque chose du genre sur notre site web. On existe. On voit trois communautés linguistiques au Canada, les francophones, les anglophone et ceux qui parlent les deux langues. On veut avoir l'information dans les deux langues. Sur notre site web, vous pouvez voir tout de suite, vous allez tomber sur les deux ou both. C'est un mélange de l'anglais et du français. Ça ne se répète pas. C'est de la façon qu'on le lit, tout est là. Et c'est quelque chose au-dessus. Et tout ce qu'on fait est dans ce genre et les communications sont là aussi.

Autre chose qu'il y avait pour éviter les deux, c'est le dubbing ou le voice-over. Tout le monde, c'est la chose qu'on déteste le plus. Dès que j'emploie ce terme, on n'aime pas ça, il faut que ça arrête. Et la troisième chose, j'aime Facebook et YouTube dans le sens où ils comprennent ce que je cherche. Quand je regarde quelque chose, c'est en français autant qu'en anglais. Quand les publicités arrivent, c'est anglais ou français. Si je regarde des émissions anglaises, il va arriver des publicités en français parce que YouTube sait que j'aime le français aussi. C'est juste quelque chose à l'interne. Et je trouve cela incroyable, quand je regarde quelque chose en anglais et  que je vois les publicités qui s'annoncent à moi en français.

La même chose pour Facebook où j'ai des amis francophones et anglophones. Sur la page, c'est français, anglais, français, anglais. C'est exactement ce que je cherche comme personne dans ce groupe linguistique qui veut s'exprimer dans les deux langues.

[Traduction]

Mme Maitland : J'ai remarqué qu'il y a certains inconvénients à avoir tant d'information. J'ai l'impression que les gens ne découvriront pas nécessairement des choses différentes de celles vers lesquelles leur cercle d'amis ou leurs propres intérêts les portent

Quand j'ai grandi, j'aimais beaucoup les émissions de radio et de télévision conçues par une source fiable, comme DNTO, qui propose une merveilleuse magistrale. On peut choisir si on sait déjà ce qu'on veut, mais si on l'ignore, il est difficile d'avoir vraiment la même ouverture. S'il existe un moyen de le trouver sur Internet avec l'aide de quelqu'un ou d'un groupe auquel on fait confiance qui met en œuvre quelque chose...

La sénatrice Ringuette : D'après vous, est-ce que la page web de la CBC et de Radio-Canada rejoint les jeunes? La CBC est-elle trop éloignée des premières lignes?

Mme Maitland : J'ai une question pour éclaircir un point. Quand vous parlez des jeunes, les données démographiques varient tellement...

La sénatrice Ringuette : Tous ceux qui sont plus jeunes que moi sont des jeunes.

Mme Maitland : C'est difficile. Nous avons souligné plus tôt que les jeunes de 12 à 17 ans sont très différents de ceux qui ont entre 25 et 30 ou 35 ans. Il est donc...

La sénatrice Ringuette : Je dirais de 20 à 35 ans.

Mme Maitland : D'accord. C'est très différent de ce que j'imaginais. Je pensais à des adolescents et me disais qu'on ne les rejoignait pas du tout. Je connais toutefois bien des gens de ma tranche d'âge de 25 à 30 ans qui, particulièrement au cours de la grève étudiante de l'an dernier, dépendaient vraiment de la CBC et s'échangeaient constamment des articles pour diffuser l'information.

La sénatrice Ringuette : Je sais que George est très populaire et peut attiser l'intérêt de la jeune génération à l'égard de la CBC.

M. Hodges : Entre 12 et 17 ans, je ne crois pas qu'il y ait d'intérêt.

La sénatrice Ringuette : Aucun intérêt.

M. Hodges : Ces jeunes préféreraient regarder une vidéo d'Epic Meal Time que de lire les nouvelles à la CBC. C'est complètement différent pour ces jeunes. Je ne dis pas que c'est sans espoir. Peut-on parler d'autres sites de diffusion, comme PBS, par exemple?

La sénatrice Ringuette : Vous êtes ici pour dire ce que vous voulez dire.

M. Hodges : PBS a fait quelque chose d'intéressant. J'ignore combien de gens regardent PBS ou connaissent sa nouvelle campagne en ligne, mais la station a entrepris quelque chose de dingue et de complètement révolutionnaire. Les créateurs ont essentiellement produit des montages vidéo au moyen d'un logiciel d'accord automatique. C'est le studio numérique de PBS qui a entamé cette campagne en ligne en utilisant des émissions classiques de PBS, comme Mister Rogers' Neighborhood, par exemple, en enlevant la voix et en ajoutant de la musique. Je ne sais pas si vous connaissez le logiciel d'accord automatique qui permet de produire des notes en parlant. Les concepteurs ont essentiellement composé une chanson à partir d'un montage des meilleurs passages de Mister Rogers. Un épisode servirait de couplet et un autre passage, de refrain. Le résultat de cette fusion est vraiment intéressant.

Je pense que c'est aux enseignants et aux gens de la génération précédente qu'il incombe de montrer ce genre de choses aux jeunes. Comme je fais présentement de la suppléance en enseignement, il arrive que je puisse faire un peu ce que je veux. Si les enfants se retrouvent à ne rien faire, je leur propose de regarder des trucs sur YouTube. Je leur fais jouer ces montages de PBS et les jeunes posent des questions au sujet de cette chaîne. Si CBC ou Radio-Canada adoptaient davantage d'approches axées sur les jeunes, ils pourraient capter l'intérêt des adolescents. Il s'agit en fait de s'assurer de la contribution d'artistes de talent capables de créer ce genre de concepts qui intéressent les plus jeunes.

[Français]

La sénatrice Champagne : Monsieur Morrow, vous avez parlé de votre rêve, de votre souhait d'avoir une émission qui passe d'une langue à l'autre sans interruption. Retournons à une émission qui se faisait au début des années 1980 et qui s'appelait quelque chose comme Tale of Two Cities. C'était une émission de variétés qui durait une heure.

[Traduction]

Une semaine, on était à Montréal et, deux semaines plus tard, on se retrouvait à Toronto. On pouvait ainsi mettre en vitrine quelques artistes montréalais sur le réseau anglais et vice versa. Je m'en souviens très bien, car j'y aurais moi- même participé si je n'avais pas été coincée dans la circulation à Montréal, en route vers l'aéroport de Dorval. Ce n'est donc pas d'hier que l'on a de la difficulté à se rendre jusqu'à l'aéroport. J'ai manqué mon vol et l'avion s'est écrasé à Ste-Thérèse, juste au nord de Montréal. Le réalisateur de l'émission est mort dans cet écrasement.

J'y pense donc à deux fois avant de me plaindre des problèmes de circulation à Montréal; de toute façon, cela nous donne beaucoup de temps pour écouter la radio.

Sur la scène québécoise, il y a certains artistes d'expression anglaise qui se produisent au Club Soda, par exemple, et dans d'autres salles. Il ne faut pas croire que la musique hip-hop constitue un problème en elle-même ou qu'elle soit mise de côté.

Je peux vous assurer que le classique subit exactement le même sort. À CBC, il y a l'émission de Julie Nesrallah qui fait jouer de la bonne musique, appuyée par d'excellentes présentations bien détaillées. En revanche, il fut une époque où Radio-Canada diffusait dans tout le pays six ou sept demi-heures par semaine consacrées à la musique classique. Les jeunes artistes qui avaient chanté ou joué dans cette émission pouvaient recevoir un appel d'Edmonton ou de Regina. On leur disait : « Nous vous avons entendu à la radio et vous avez beaucoup de talent, pourquoi ne viendriez- vous pas chez nous pour donner un concert? » Ces émissions n'existent plus. Nous avons seulement droit maintenant à l'Orchestre symphonique de Montréal une ou deux fois par année. Je ne veux donc pas que vous croyiez que le hip-hop est la grande victime. C'en est une parmi tant d'autres.

M. Hodges : Oui.

La sénatrice Champagne : Nous avons un théâtre anglais à Montréal. Il y a aussi une excellente troupe de théâtre d'expression anglaise à l'Université Concordia. Je me souviens y être allée voir la pièce No Exit. Ça ne date pas d'hier.

Je ne peux pas dire que j'apprécie particulièrement la musique hip-hop, mais ce n'est pas moi qui vais soutenir que c'est mauvais et que je n'en écouterai jamais. Disons simplement que je ne ferai pas d'effort particulier pour en entendre, ce qui ne signifie pas que cette musique n'est pas digne d'intérêt, loin de là.

Pour revenir à l'activité artistique d'expression anglaise, il y a même maintenant une troupe de théâtre anglophone dans la ville de Québec, ce qui fait qu'il y a tout lieu d'espérer.

J'ai une question pour Mme Parkhomenka. Vous avez dit que vous étiez au Canada depuis deux ans?

Mme Parkhomenka : Deux ans et huit mois.

La sénatrice Champagne : Quelle est votre langue maternelle?

Mme Parkhomenka : Le russe.

La sénatrice Ringuette : Vous êtes formidable.

La sénatrice Champagne : Vous avez appris deux langues, le français et l'anglais, en à peine deux ans et demi?

Mme Parkhomenka : Non, j'ai appris le français à l'école, chez moi au Bélarus. C'était ma matière principale à l'université.

La sénatrice Champagne : Tout de même, en deux ans et demi...

Mme Parkhomenka : Cinq jours par semaine.

La sénatrice Champagne : Madame Dennison, d'après ce que vous nous avez dit sur vous, votre enfant a toutes les chances de devenir rapidement bilingue.

[Français]

D'après mon expérience personnelle, je peux dire que si un parent parle à l'enfant dans une langue et l'autre parent dans l'autre langue, il se fait une sorte d'osmose où l'enfant à huit ans ou neuf ans parle les deux langues et va se promener d'une langue à l'autre.

Je peux le dire par expérience parce que j'ai vécu moi-même une union exogame. J'ai élevé deux enfants qui élèvent maintenant un enfant bilingue. Je trouve cela très bien. Si dans notre rapport, nous revenons à Radio-Canada avec cette idée de cette émission lorsqu'elle passait une semaine, on la faisait à Toronto, et l'autre semaine, on la faisait à Montréal et où les deux langues et les deux cultures étaient vraiment le traditionnel mélange; peut-être que quelqu'un voudrait bien recommencer à préparer ce genre d'émission, avec beaucoup d'artistes de tous les genres qui pourraient se faire connaître dans les deux coins, dans le monde francophone et dans le monde anglophone.

Je pense que c'est une des idées, madame la présidente, que nous devrions soulever parce que cette émission-là, quand je vous parle de cet accident d'avion, moi j'ai été à cela. J'ai manqué le vol.

Dans le monde artistique au Québec, pour les anglophones, vous disiez qu'il n'y a plus rien ou à peu près pas. Je me demande pourquoi. Il doit y avoir des choses dans le West Island. Il y a des endroits où on fait des concerts, je ne sais pas s'ils font du hip-hop, je ne me suis pas déplacée pour un concert de hip-hop, cela manque à mon éducation.

Mais 65 ans plus tard, je vous avoue que quand on a toujours vécu dans le monde classique, cela dérange un peu. Mais il n'y a vraiment rien. Cette chanson bilingue dont vous parliez tout à l'heure, est-ce que c'est possible que je l'ai entendue à la télévision. Ce n'était pas Radio-Canada, probablement CTV dans un bloc de nouvelles de la région de Montréal où il y avait ce groupe de jeunes qui chantait cette chanson en français et en anglais. Je n'ai pas rêvé?

[Traduction]

M. Hodges : Oui, je suis absolument certain que c'est bien la chanson que nous avons créée il y a environ un an lorsque nous préparions une tournée provinciale des écoles à laquelle je participe maintenant. Cependant, Jean- François Lisée, notre ministre responsable des communautés anglophones, souhaitait appuyer publiquement le projet, ce qu'il a fait en annonçant une subvention de 20 000 $ pour contribuer à lancer la tournée. C'est devenu un sujet d'actualité à l'échelle nationale qui a fait l'objet de commentaires dans un sens comme dans l'autre. Tous les médias se sont intéressés à la chanson; certains la critiquaient pendant que d'autres ne tarissaient pas d'éloges. C'était de la bonne publicité pour un artiste anglophone comme moi. Je ne me préoccupais pas trop des critiques et j'ai bien apprécié l'expérience.

La sénatrice Champagne : La chanson m'a tout au moins arraché un sourire, car il était bien agréable de voir tous ces jeunes passer ainsi d'une langue à l'autre; sans compter que c'est une belle chanson.

M. Hodges : Oui, mais plusieurs ont trouvé à y redire, peut-être en partie à cause de la subvention, mais davantage parce que les gens en ont marre de ces vieilles querelles linguistiques. Une transition s'est opérée, surtout au sein même des collectivités, et on en vient à penser qu'il n'y a plus aucune tension entre francophones et anglophones. Je n'ai pour ma part jamais constaté ou vécu une telle tension. J'ai des tas d'amis qui ne parlent que le français, et je n'ai jamais eu de problèmes avec eux. Quel que soit le style, la musique d'expression anglaise se porte très bien au Québec. C'est simplement qu'elle n'est pas diffusée autant, mais il y a de nombreuses organisations communautaires qui s'y emploient. Je l'ai appris en travaillant avec le QCGN et en voyageant. Je reviens tout juste de la Gaspésie où une organisation appelée CASA travaille auprès des collectivités et des commissions scolaires anglophones pour assurer le maintien de cette culture tout en entretenant les liens avec la communauté francophone. J'ai participé récemment à un événement organisé par la Commission scolaire Central Québec en collaboration avec Voices of English Quebec, un organisme basé à Québec. Quelque 500 élèves de cette commission scolaire dans toute la province ont été conviés pour participer au spectacle qui s'est tenu essentiellement en anglais dans la ville de Québec. Les commissions scolaires commencent à intensifier leurs efforts pour encourager les jeunes à s'intéresser aux arts. La menace du projet de loi 14 plane toutefois au-dessus de certaines des écoles que j'ai visitées qui pourraient être fermées.

Tout cela est très confus. En fin de compte, ce sont les citoyens canadiens et québécois qui doivent agir au sein de leur collectivité pour faire changer les choses. En toute franchise, je ne vais pas attendre que des lois soient adoptées. J'agis dès maintenant pour apporter ma contribution pendant que j'en suis encore capable. Je ne critique pas les actions du gouvernement, car cela signifierait simplement que je n'assume pas mes responsabilités. Je me retrousse donc les manches en essayant de trouver d'autres personnes prêtes à mettre l'épaule à la roue. C'est à ce niveau que se situe ma contribution pour les arts et la musique.

[Français]

La sénatrice Champagne : Madame la présidente, si vous me permettez de boucler la boucle, je crois qu'il serait très intéressant, monsieur Hodges, que vous lisiez ou voyiez un des derniers rapports que ce comité a présenté où nous sommes allés, dans les coins avec QCGN et les autres, rencontrer tous les groupes d'anglophones qui sont éparpillés au Québec. On parle toujours des pauvres francophones en situation minoritaire, mais on a fait tout un rapport sur les anglophones en situation minoritaire. C'est notre comité qui l'a fait.

Au moins, vous saurez que vous n'êtes pas nécessairement tout seul avec votre problème; nous nous sommes penchés là-dessus et nous l'avons étudié. On pourrait peut-être s'assurer de vous faire parvenir une copie de ce rapport. Merci beaucoup et bonne chance, et votre chanson, il faut qu'elle revienne. Je serais ravie de recevoir un CD. On va vous envoyer le rapport, moi je veux avoir un CD.

La sénatrice Poirier : Depuis le début de ses travaux, le comité a entendu différents groupes concernant CBC/Radio- Canada. La majorité des témoins ont dit que Radio-Canada se concentrait trop sur le Québec et pas nécessairement sur les régions. Présentement, c'est possible qu'il y ait une nouvelle chaîne de télévision francophone qui soit créée et qui aurait comme but de refléter la francophonie canadienne hors Québec.

Je me demandais seulement si vous aviez été contactés par eux à titre de génération future : les jeunes, vous êtes notre génération du futur, avez-vous été contactés par eux pour voir s'il y a quelque chose à partager avec eux qui serait à votre avantage? La deuxième partie de ma question : CBC/Radio-Canada comme organisation ou comme représentant des groupes de jeunes Canadiens, est-ce qu'elle vous avez déja été consultés pour obtenir vos opinions sur ce que vous aimeriez voir dans le futur qui pourrait vous servir?

M. Morrow : Canadian Youth for French a été approché par la chaîne Accent, il y a un an. On trouve l'idée super et on supporte cela. Cela parle des problèmes que vous avez constatés dans votre étude, à savoir que les francophones en milieu minoritaire sont sous-représentés. Le fait qu'il y ait deux chaînes de télévision qui veulent aller plus loin et demander au CRTC une licence, cela dit quelque chose, c'est clair.

[Traduction]

Si ces gens-là se sont rendus aussi loin dans leur démarche, c'est que quelque chose ne tourne pas rond.

[Français]

Quand je regardais la documentation et le site web, j'étais inquiet parce que ça ne parle que des francophones. Des francophones et des francophones. Mais moi je ne me trouve pas francophone. Est-ce que ça parle de moi comme francophone ou c'est votre définition de francophone? Je me suis inquiété de ça aussi. Autour de notre second partner language group, on s'inquiétait beaucoup des anglophones pour le français.

Je suis allé voir le président et les membres du comité et chaque personne du comité nous a dit que non, vous êtes des anglophones, vous êtes des francophones, vous allez être représentés et je l'ai eu par écrit. Donc comme organisation, on soutient cette chaîne de télévision avec notre inclusion. Ils nous ont consultés et on trouve cela super. CBC/Radio-Canada ne nous a jamais approchés. Je n'ai pas de nouvelles.

La sénatrice Poirier : Ça ne me surprend pas. Les autres groupes nous ont donné la même réponse.

[Traduction]

Mme Parkhomenka : Ils m'ont approchée pour que je participe au Forum de la francophonie justement parce qu'ils souhaitaient connaître le point de vue des jeunes Canadiens.

La sénatrice Poirier : Alors, CBC vous a approchée?

Mme Parkhomenka : C'est Radio-Canada.

[Français]

On a organisé le forum sur la francophonie.

M. Morrow : Ils ne nous ont pas consultés mais nous avons été interviewés par Radio-Canada à plusieurs reprises. Ils veulent savoir ce que nous faisons.

La sénatrice Poirier : Mais ils ne demandent pas votre opinion sur le partenariat qu'on peut faire pour s'assurer que votre voix soit entendue et de ce qu'on peut faire à l'avenir. Ils ne vous consultent pas.

M. Morrow : Non.

[Traduction]

La sénatrice Poirier : Je suis arrivée à peu près au début de l'exposé de Mme Maitland et j'y ai prêté une oreille attentive. Vous avez indiqué que vous n'écoutez pas la radio, que vous n'avez pas la télé et que Facebook et YouTube sont vos principaux moyens de communication. Si j'ai bien compris, c'est ce matin même que vous avez fait votre toute première visite sur le site web de CBC. J'aimerais bien connaître votre opinion sur ce que l'avenir nous réserve. J'invite tous nos témoins à répondre, car vous représentez la génération du futur. Faut-il s'attendre à ce que les gens en viennent à se tourner davantage vers Facebook et YouTube pour se tenir au courant de l'actualité et savoir ce qui se passe dans le monde, plutôt que de syntoniser des chaînes comme Radio-Canada et CBC, par exemple?

Mme Maitland : C'est une question intéressante. J'y ai beaucoup réfléchi et je crois que c'est effectivement vers cela que l'on se dirige, car il y a une sorte de volonté ou de détermination à trouver rapidement la vidéo ou l'article que l'on cherche. Je me disais également que la situation pourrait évoluer. Peut-être que ce sera mon cas quand j'aurai plus de temps à ma disposition. Mme Dennison parlait du temps passé avec sa fille où elle pouvait écouter une émission de radio ou s'intéresser à des choses de plus longue durée. J'espère en quelque sorte pouvoir en arriver à connaître le même genre d'expérience. Quand on est étudiant, il est souvent difficile de se plonger dans de grandes quantités d'information. Vous voulez trouver le plus rapidement possible les renseignements dont vous avez besoin. Mais qui peut vraiment savoir ce que l'avenir nous réserve. Comme nous sommes la première génération à vivre cette nouvelle réalité de l'information circulant via ces modes de transmission, il sera intéressant de voir comment les choses vont évoluer. Les gens vont s'habituer à ce format et éprouveront le besoin d'obtenir toujours plus facilement ce qu'ils cherchent dans l'immédiat.

La sénatrice Poirier : Estimez-vous fiable l'information que vous obtenez via Facebook et YouTube concernant les actualités ou ce qui se passe dans le monde, votre région, votre province ou votre pays? Peut-on se fier à cette information?

Mme Maitland : Il faut prendre ce qu'on y trouve avec un grain de sel. Tout dépend de la source. Si je trouve quelque chose sur le site de CBC, j'aurai plus tendance à m'y fier. Cependant, il faut dire qu'une partie des informations diffusées proviennent de témoins directs des événements. Ce sont des gens qui étaient présents et qui ont pu voir telle ou telle chose. Il y a aussi les blogs que l'on doit consulter avec une certaine réserve. On doit en quelque sorte se fier à l'expérience du blogueur, mais cela demeure subjectif. Il faut analyser le tout en comparant avec ce qui nous arrive de différentes sources, un luxe que l'on ne peut pas toujours s'offrir. Nous devons constamment retourner en arrière en nous demandant d'où vient l'information que nous souhaitons retrouver.

La sénatrice Poirier : Y a-t-il d'autres points de vue à ce sujet?

Mme Dennison : J'aimerais ajouter quelque chose. Je crois que les médias sociaux offrent une avenue pour la diffusion d'information, mais il faut faire très attention aux sources. Cela nous ramène à votre question de suivi, madame la sénatrice. Lorsque les gens ont besoin d'une source fiable d'information, ils se tournent vers CBC ou Radio-Canada parce que c'est le diffuseur public qui a une responsabilité envers la population canadienne. Je me souviens par exemple des attentats contre le World Trade Center. Je travaillais sur la Colline du Parlement ici même à Ottawa. Notre premier réflexe a été de syntoniser la radio de CBC pour savoir ce que nous devrions faire et où nous devrions aller. J'aurais bien pu consulter fébrilement mon compte Facebook, mais qui aurait pu me dire où aller et quoi faire dans cette situation bien particulière? Je ne crois pas que j'aurais pu y trouver une source fiable d'information. Cependant, rien n'empêche CBC et Radio-Canada de maintenir une certaine présence sur ces réseaux sociaux de telle sorte que, dans une situation d'urgence, les gens portés à consulter d'emblée Twitter ou Facebook puissent tout de même y trouver cette source fiable s'appuyant sur les fonds publics pour s'acquitter du mandat de transmettre à la population canadienne une information soigneusement vérifiée.

Mme Parkhomenka : Je conviens que c'est la voie de l'avenir, mais j'ai des doutes concernant la formule envisagée parce que Facebook et Twitter ne nous fournissent qu'une brève description des faits. J'espère simplement que les gens qui reçoivent ces brèves descriptions sur leur compte Facebook ou Twitter en viendront avec le temps à vouloir effectuer leurs propres recherches pour en apprendre davantage sur ce qui s'est passé. Ces bribes de phrases ne suffisent pas à bien informer les gens.

M. Hodges : C'est vraiment un point intéressant, car c'est ce qui m'amène plus souvent qu'autrement à me retrouver sur le site de CBC. Je passe mon temps sur Twitter à lire toutes sortes de trucs. Si tout le monde parle d'une inondation au centre-ville de Montréal, je vais sur le site de CBC pour découvrir ce qu'il en est exactement. Je pense que beaucoup de gens dans la vingtaine procèdent de la même manière, et je crois que les plus jeunes en font tout autant.

Je suis un grand nombre des journalistes de CBC et de Radio-Canada sur Twitter. Tout le monde est un petit peu journaliste sur Twitter de toute manière. Vous pouvez suivre quelqu'un et savoir ce qu'il fait et ce qu'il pense d'un événement ou de quoi que ce soit d'autre. Je crois que c'est la façon pour bien des jeunes de se tenir au courant de l'actualité. Parallèlement à cela, il faut espérer le maintien d'une base solide de renseignements que les jeunes seront encouragés à consulter pour apprendre vraiment toute l'histoire. Le site web de CBC est excellent à ce chapitre. Chaque fois qu'un article important est mis à jour, il y a un lien permettant d'accéder directement au site web pour en prendre connaissance, en plus de méthodes intégrées permettant de partager l'article sur votre mur Facebook, sans doute un moyen privilégié d'information pour bien des gens.

Je dirais qu'avec la combinaison actuelle des services Internet, radio et télé, le réseau de CBC fonctionne de la meilleure façon possible. Je ne crois pas que l'on saurait mieux faire pour assurer l'accessibilité à toute une diversité de gens à l'échelle planétaire. Car l'auditoire ne se limite pas aux seuls Canadiens. On s'adresse aussi à ma grand-mère qui habite aux Pays-Bas et qui peut obtenir de l'information sur ce qui se passe à Montréal et sur ce qui arrive à son petit- fils. Il y a sans doute une transition marquée en direction de l'Internet, ce qui n'est pas nécessairement une bonne nouvelle pour la radio, mais je ne pense pas que celle-ci soit nécessairement appelée à disparaître, car il y a encore bien des gens qui apprécient ce mode de communication. J'ai fréquenté le Collège John Abbott où j'aspirais à devenir journaliste à la radio. Ces programmes existent toujours et il y a encore des jeunes qui s'y inscrivent, ce qui témoigne du fait que le monde de la radiodiffusion a encore de nombreux adeptes et ne s'éteindra pas de sitôt.

La sénatrice Poirier : Merci de votre réponse et merci à tous de votre contribution. Vous représentez l'avenir et j'estime important que notre comité vous donne voix au chapitre. Je suis persuadée que les observations formulées par les jeunes Canadiens que nous avons rencontrés ne manqueront pas d'alimenter notre rapport. Je vous en remercie.

Le sénateur McInnis : Madame la présidente, je suis de passage au sein de votre comité pour remplacer mon collègue, Paul McIntyre, qui ne pouvait être présent aujourd'hui et j'ai été fort impressionné par ce que j'ai entendu. Je suis un grand fervent de la télé de CBC et bien sûr de la radio également.

Je n'ai pas vraiment aimé vos commentaires au sujet de l'équipe de football du Rouge et Or de l'Université Laval. Vous avez parlé des deux défaites qu'ils sont venus infliger en Nouvelle-Écosse aux Huskies de l'Université St-Mary's, alors je ne vous compte pas parmi mes amis.

D'après mon expérience, plus on vieillit, plus on apprécie CBC. À la lumière de ce que j'ai pu entendre aujourd'hui, vous ne semblez pas si loin d'atteindre ce stade.

Pour ce qui est de la musique hip-hop, j'ai dû apprendre à la tolérer parce que j'ai de jeunes garçons. Le problème vient en partie du fait que CBC a tendance à coller à un style de musique, plutôt que de proposer une diversité de genres permettant de rejoindre les minorités dans différentes régions du pays. Vous l'avez vous-même souligné et c'est vraiment dommage. Comme vous l'avez fait valoir, je préférerais que l'on mise sur le contenu canadien. On devrait le faire non seulement au Québec, mais dans l'ensemble du pays. La seule fois où l'on a entendu de la musique country à CBC, c'est à l'occasion du décès de Stomping Tom Connors la semaine dernière et on ne semblait plus vouloir s'arrêter. C'est déplorable parce que c'est une musique très appréciée dans différentes régions du pays, et il y a d'autres cas semblables. À mon avis, le rôle de CBC devrait s'articuler autour du contenu canadien. Du côté de la télévision, pourquoi essayons-nous de compétitionner NBC et les grands réseaux américains? Nous devrions nous concentrer sur le contenu canadien et c'est à cela que devrait servir le budget de près de 2 milliards de dollars. C'était donc davantage un commentaire qu'une question.

Quelle serait selon vous la proportion de jeunes Québécois qui connaissent aussi bien que vous CBC et Radio- Canada?

M. Morrow : D'après ce que j'ai pu constater, pas tant au Québec que chez mes amis dans les autres provinces, cette proportion est étonnamment beaucoup plus élevée que ce que j'aurais pu croire. Je parle d'étonnement parce que lorsque j'ai déménagé au Canada anglais, j'ai commencé à me tenir avec des jeunes qui me disaient qu'ils écoutaient la radio de CBC. Je leur demandais pourquoi ils syntonisaient ce réseau et qu'est-ce qu'ils pouvaient bien y entendre. C'est avec surprise, et cela m'étonne encore, que j'ai appris en leur posant la question que la plupart de nos membres et de nos amis écoutent la radio de CBC. C'est quelque chose qui m'a frappé. La place accordée aux arts par CBC est beaucoup plus importante que ce que l'on peut imaginer. Je ne sais pas si c'est un fait avéré, mais c'est ce que j'ai pu constater.

Le sénateur McInnis : Je vous remercie; j'ai bien apprécié mon expérience d'aujourd'hui.

La présidente : Merci, sénateur.

[Français]

Le président : Au nom des membres du comité, je tiens à vous remercier très sincèrement.

[Traduction]

Ce fut une excellente réunion, surtout grâce à vous cinq. Je vous remercie donc très sincèrement. Si l'avenir de notre pays réside dans des jeunes comme vous, je peux vous dire que le Canada est entre bonnes mains.

(La séance est levée.)


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