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RIDR - Comité permanent

Droits de la personne

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Droits de la personne

Fascicule 1 - Témoignages du 3 octobre 2011


OTTAWA, le lundi 3 octobre 2011

Le Comité sénatorial permanent des droits de la personne se réunit aujourd'hui, à 16 h 5, pour surveiller l'évolution de diverses questions ayant traits aux droits de la personne et à examiner, entre autres choses, les mécanismes du gouvernement pour que le Canada respecte ses obligations nationales et internationales en matière de droits de la personne. Sujet : Les programmes fédéraux de soutien aux activités sportives et récréatives pour enfants et adolescents handicapés.

Le sénateur Patrick Brazeau (vice-président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : J'aimerais tout d'abord souhaiter la bienvenue à tous les honorables sénateurs ainsi qu'à ceux qui suivent les débats du Comité sénatorial permanent des droits de la personne. Mon nom est Patrick Brazeau, et je suis le vice-président de ce comité.

Le comité poursuit son étude sur les politiques et programmes du gouvernement fédéral qui portent sur les personnes handicapées, les sports et les loisirs, tout en s'intéressant plus particulièrement aux besoins des enfants et des jeunes âgés de moins de 25 ans, ainsi qu'aux obligations du Canada aux termes du paragraphe 30.5 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies.

Jusqu'à maintenant, notre gouvernement a notamment examiné les questions suivantes : amener les enfants handicapés à pratiquer des sports, à faire du conditionnement physique et à demeurer actif; promouvoir la création d'une collectivité sportive d'enfants et de jeunes handicapés et la maintenir; l'infrastructure locale et communautaire ainsi que les investissements en vue de créer un bassin de participants éventuels à des compétitions sportives paralympiques de niveaux national et international; et enfin examiner le rôle du gouvernement fédéral dans le financement d'une organisation sportive nationale et de projets qui améliorent l'accessibilité aux centres récréatifs communautaires et à d'autres projets d'infrastructure.

Comme le gouvernement fédéral travaille en collaboration avec les provinces en vue de la création de programmes sportifs, nous entendrons aujourd'hui des représentants de quatre organisations : Mme Darda Sales, coprésidente du Accessible Sport Council London and Area, Mme Kim McDonald, directrice exécutive du Paralympic Sports Association, M. Brian MacPherson, directeur de Parasport Ontario, et Mme Monique Lefebvre, directrice générale d'AlterGo.

Avant de débuter, j'aimerais présenter les sénateurs ici présents aujourd'hui : les sénateurs Nancy Ruth, de l'Ontario, et Elizabeth Hubley, de l'Île-du-Prince-Édouard.

[Traduction]

Madame Sales, vous avez la parole.

Darda Sales, coprésidente, Accessible Sport Council London and Area : Tout d'abord, je tiens à vous remercier énormément de votre invitation. C'est avec un très grand honneur que l'Accessible Sport Council London and Area vient vous exposer ses idées.

L'Accessible Sport Council London and Area est le regroupement de personnes provenant du milieu du sport qui veulent se faire entendre au sujet du sport adapté et développer un sentiment communautaire, ce qui les aide à exprimer les préoccupations de la collectivité. L'organisme a officiellement été formé en janvier 2010, grâce à ParaSport Ontario et à ses initiatives pour établir des conseils sur le sport adapté partout en Ontario. Nous sommes fiers de dire que nous sommes le premier conseil à avoir été créé.

La mission de l'Accessible Sport Council London and Area est de promouvoir et de favoriser les possibilités en ce qui concerne le sport adapté à London et dans les environs. Nos trois principaux objectifs sont de promouvoir les possibilités existantes en ce qui a trait au sport et à l'activité physique adaptés, de favoriser les communications entre les divers groupes concernant le sport et l'activité physique adaptés et de prôner la création de programmes et d'installations pour le sport et l'activité physique adaptés.

Dans le document que nous vous avons remis, nous avons convenu de quatre moyens principaux par lesquels le gouvernement fédéral pourrait aborder certains de nos enjeux locaux : éduquer et sensibiliser davantage les gens aux possibilités en ce qui concerne le sport adapté, développer encore plus les ressources pour aider les enfants à participer pleinement à leurs cours d'éducation physique; établir des normes nationales en matière d'accessibilité pour les installations récréatives; et rendre plus facilement disponible le transport adapté pour ceux qui veulent participer aux diverses activités offertes.

J'ai vécu à London durant 10 ans et j'ai eu l'insigne honneur de représenter notre pays lors de deux Jeux paralympiques, de deux championnats mondiaux et d'autres compétitions internationales; je suis fière de dire que j'ai remporté de nombreuses médailles. J'ai décidé de m'engager dans l'Accessible Sport Council, parce que je n'ai pratiquement pas reçu d'attention de la part des médias locaux. En fait, les médias n'ont pas du tout parlé de moi. Loin de moi l'idée de vouloir faire la une ou d'avoir des attentes à ce sujet, tout comme Scott Moir et Tessa Virtue. N'empêche que les médias ne parlaient que d'eux.

London produit depuis longtemps des nageurs paralympiques. En fait, seulement en natation, depuis 1988, ce sont 10 athlètes paralympiques qui sont venus de London. Aux Jeux olympiques de 2008, en Chine, les responsables de la natation ont accepté de modifier l'horaire des compétitions pour diffuser les finales aux heures de grande écoute en Amérique du Nord. Cette décision a permis aux Nord-Américains d'avoir la chance de voir Michael Phelps gagner huit médailles d'or et écrire une page d'histoire.

À partir de ce moment, les enfants de partout au Canada ont eu envie de faire de la natation. À l'époque, j'étais entraîneuse au London Aquatic Club, et le nombre d'inscriptions a doublé; nous avions même une liste d'attente pour la première fois depuis des années.

Si nous faisions constamment et équitablement la promotion des sports paralympiques et des sports olympiques et que nous faisions la promotion des succès de nos athlètes sur la scène mondiale, le nombre de personnes handicapées inscrites dans d'autres sports pourrait augmenter. Si les gens ne savent pas ce qui est disponible, comment peuvent-ils y participer? C'est très difficile de trouver seul un endroit pour pratiquer des sports paralympiques. Je parle par expérience. J'ai grandi à Sarnia, une très petite ville. J'ai appris qu'une personne comme moi — j'ai la jambe droite amputée — pouvait faire de la nage sportive, parce qu'un ludothérapeute du centre local de traitement pour enfants m'a demandé si je voulais pratiquer ce sport. La majorité des jeunes veulent faire de la compétition ou, du moins, pratiquer un sport. Encore une fois, s'ils ne savent pas ce qui est disponible, comment peuvent-ils y participer?

Nous sommes un petit conseil situé dans une petite ville ontarienne. Cependant, nous croyons qu'avec le soutien et les mesures législatives du gouvernement fédéral, toutes les petites villes peuvent se concerter pour amener le Canada à devenir le pays inclusif actif et en forme que nous savons qu'il peut être.

Le vice-président : Merci de votre exposé. Nous allons écouter tous les témoins avant de passer aux questions.

Kim McDonald, directrice générale, Association des sports paralympiques : Je vous remercie de votre invitation. L'Association des sports paralympiques est un organisme d'Edmonton. Aujourd'hui, j'aimerais vous parler un peu de notre organisme et de ce que nous offrons à la collectivité, en mettant particulièrement l'accent sur les enjeux qui touchent les enfants et les jeunes handicapés. Je vais aussi toucher aux sujets d'intérêt mentionnés dans votre invitation.

Depuis 46 ans, l'Association des sports paralympiques offre des possibilités adaptées de sport et de loisir aux personnes handicapées d'Edmonton et des environs. Nous nous efforçons d'améliorer l'acceptation et la valorisation des différences et des compétences individuelles, de promouvoir l'indépendance et la compréhension, de fournir des possibilités de se dépasser physiquement et personnellement et d'encourager un sentiment communautaire et de camaraderie au sein des familles et entre les familles de façon à améliorer la qualité de vie globale des personnes handicapées. Nous comptons plus de 200 membres, soit environ 185 familles.

En ce qui concerne le principe d'amener les enfants handicapés à pratiquer des sports, à faire du conditionnement physique et à demeurer actifs, nous sommes d'accord pour dire qu'il s'agit d'une priorité pour la santé des enfants et des jeunes et pour leur famille dans la collectivité en général. Pour y arriver, selon nous, un important défi sera de s'attaquer aux enjeux entourant les possibilités et la compréhension. Les enfants handicapés ont souvent besoin de programmes spécialisés qui nécessitent de l'équipement spécialisé, une expertise pédagogique unique pour comprendre les forces et apporter des modifications en fonction des besoins de la personne et un environnement inclusif et stimulant. De nombreux enfants et jeunes viennent à nous, parce que leurs besoins en sport et en activité physique ne peuvent pas être comblés dans la collectivité.

Par exemple, nous avons lancé un programme adapté de taekwondo pour les enfants et les jeunes handicapés, parce qu'une jeune fille atteinte de paralysie cérébrale souhaitait pratiquer activement ce sport au lieu de regarder ses frères aînés le faire chaque semaine. Nous avons récemment ajouté des divisions junior et intermédiaire au programme, parce que les besoins et les demandes en ce sens étaient très forts. Nous offrons de nombreux autres programmes adaptés, dont la natation, le soccer, le hockey-balle en fauteuil roulant, le hockey sur luge, le golf et l'intercrosse en luge roulante, qui est un tout nouveau sport — il n'existe que depuis deux ans. Nous organisons des colonies de vacances pour permettre aux enfants et aux jeunes handicapés de développer leurs habiletés sportives et d'êtres physiquement actifs.

Cependant, en dépit du succès de l'organisme et des vies que nos programmes ont améliorées, de nombreuses familles ne peuvent toujours pas avoir accès à ces possibilités, en raison des coûts et du manque de transport, d'installations, de compréhension et de sensibilisation au sujet des bienfaits du sport et de l'activité physique pour les enfants handicapés et de ce qui leur est offert. Ces problèmes sont exacerbés, parce que nous avons continuellement de la difficulté à trouver le financement nécessaire pour offrir des possibilités de sport et d'activité physique de qualité.

En ce qui concerne la promotion d'une collectivité de sport pour les enfants et les jeunes handicapés et son maintien, nous y arrivons en créant une collectivité au sein d'une autre. Notre collectivité comprend des enfants, des jeunes et des adultes handicapés, leur famille et leurs amis, des bénévoles, des chercheurs universitaires et d'autres organismes de sport pour les personnes handicapées et sans handicap, comme l'Association canadienne des paraplégiques d'Edmonton et de l'Alberta, les organismes de crosse de l'Alberta et d'Edmonton et le YMCA.

Pour faire la promotion d'une collectivité de sport pour les enfants et les jeunes handicapés et la maintenir, il faut un collectif regroupant, d'abord et avant tout, des personnes handicapées, leur famille et une association de sport adapté qui les appuie. Ainsi, les besoins et les demandes des enfants et des jeunes handicapés sont au premier plan. De plus, on attise un sentiment d'appartenance à une collectivité, ce qui fait en sorte que les gens veulent s'engager. Comme l'auteur James Charlton l'a dit : « Ne faites rien pour nous, sans nous. »

Nous en sommes témoins régulièrement. Par exemple, au hockey-balle en fauteuil roulant et au hockey sur luge, les équipes célèbrent leurs succès et ressentent l'engouement de la compétition et de la camaraderie. De ces programmes communautaires ont émergé des athlètes paralympiques, comme Steve Arsenault et Matt Cook. Nous soutenons qu'une infrastructure efficace et des investissements vigoureux sur la scène locale permettraient, comme notre organisme l'a démontré, de préparer la prochaine mouture d'athlètes paralympiques qui rivaliseront sur les scènes nationale et internationale. Cependant, en mettant l'accent sur le sport d'élite, nous comprenons également que cette situation peut entraîner des possibilités limitées pour la personne handicapée qui souhaite pratiquer un sport de manière récréative. Nous avons contribué à l'épanouissement du sport d'élite, mais nous avons aussi conscience que tout le monde a le droit de pratiquer le sport de son choix au calibre qui lui convient. Après tout, c'est dans l'esprit du paragraphe 30(5).

En ce qui concerne le rôle du gouvernement fédéral dans le financement des organismes de sport nationaux et des projets qui améliorent l'accessibilité aux centres récréatifs communautaires et à d'autres projets d'infrastructure, nous constatons jour après jour le besoin en financement durable et en infrastructure accessible. Nous remarquons que les défis se trouvent souvent dans les détails : les gens qui utilisent le transport public pour adultes handicapés sont à une heure des installations adaptées, les gymnases avec de grandes portes peuvent avoir des toilettes non adaptées et un centre sportif axé sur l'accessibilité ne répond pas aux attentes en raison d'un manque de fonds.

En ce qui concerne la façon dont le gouvernement fédéral collabore avec les provinces en vue de créer des programmes de sport, nous suggérons d'aller au-delà des organismes provinciaux pour les personnes handicapées et de soutenir davantage les organismes locaux qui ont de la difficulté à offrir des possibilités de sport et d'activité physique de qualité aux enfants et aux jeunes handicapés de la collectivité.

Comme solution, nous proposons d'établir des partenariats entre les organismes provinciaux et locaux pour les personnes handicapées dans le but d'offrir des possibilités de sport et d'activité physique à tous les enfants.

En terminant, j'aimerais vous raconter une histoire. L'Association des sports paralympiques offre des programmes mettant l'accent sur l'inclusion inverse. Des enfants et des jeunes handicapés et sans handicap ont l'occasion de faire équipe et de s'affronter. Des équipes locales sans handicap troquent leurs patins pour des luges, et nous nommons un arbitre et jouons au hockey, le passe-temps favori des Canadiens. Tous les enfants ont les mêmes rêves et souhaits; ils veulent faire partie d'une équipe, vivre l'excitation d'une partie et affronter d'autres enfants. Par l'entremise du sport, nous avons développé la compréhension. Merci de votre temps.

Le vice-président : Merci de votre exposé, madame McDonald

Monsieur MacPherson, vous pouvez y aller.

Brian MacPherson, directeur, ParaSport Ontario : Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner.

Étant donné que je vous ai fait parvenir mon exposé d'avance, je vais en faire un bref survol. Je représente ParaSport Ontario; il s'agit d'un organisme de bienfaisance enregistré privé et non gouvernemental qui offre des programmes de sport et de loisir aux personnes handicapées de l'Ontario, dont les Jeux ParaSport de l'Ontario d'hiver et d'été.

J'aimerais avant tout remercier le gouvernement fédéral de son leadership et du soutien qu'il fournit au sport adapté. Ces remerciements sont bien pesés, parce qu'à une certaine époque, le gouvernement fédéral n'appuyait pas équitablement le sport adapté. Laissez-moi vous donner des exemples. Jusqu'au milieu des années 1990, le gouvernement fédéral n'allouait au sport adapté qu'environ 1,2 million de dollars des 60 millions du budget annuel de Sport Canada, soit environ 2 p. 100. À cette époque, le Programme d'aide aux athlètes, ou le programme d'octroi des brevets, comme nous l'appelons, soutenait près de 800 athlètes, dont seulement six étaient des athlètes handicapés. Qui plus est, le peu de fonds que le gouvernement fédéral réservait pour le sport adapté allait aux organismes qui favorisaient l'établissement d'un système séparé, comme les organismes nationaux de sport pour les personnes handicapées.

Aujourd'hui, tout a changé. Des quelque 200 millions de dollars du budget fédéral annuel pour le sport au pays, environ 20 millions, soit 10 p. 100, sont affectés au sport adapté. C'est une grande amélioration. Qui plus est, une bonne partie de ces fonds est octroyée à des organismes de sport nationaux pour athlètes non handicapés qui ont adopté une démarche intégrée à l'égard du développement des athlètes au niveau national. Le programme de brevets compte maintenant près de 1 800 bénéficiaires, dont plus de 200 sont des athlètes paralympiques.

Le gouvernement fédéral a fait bien du chemin au cours des 15 dernières années, tant sur le plan financier que sur le plan des politiques. Il existe maintenant une politique nationale en matière de sport pour les athlètes handicapés ainsi qu'un modèle de développement à long terme de l'athlète — une voie vers le développement des athlètes handicapés — qui n'existaient pas il y a 10 ans. J'applaudis ces accomplissements, mais ce n'est toutefois pas le moment de s'endormir sur ses lauriers, car il y a encore du pain sur la planche.

Malheureusement, les gouvernements provinciaux n'en font pas autant. En moyenne, les provinces allouent au sport adapté 4 p. 100 de leur budget annuel pour le sport, une part inéquitable. Il n'est donc pas surprenant que parmi les 400 000 jeunes handicapés canadiens de cinq à 24 ans, seulement 3 p. 100 prennent part à des sports organisés à l'échelle locale, provinciale et nationale, comparativement à 36 p. 100 chez les jeunes non handicapés au pays.

Le peu de soutien financier octroyé au niveau provincial aux athlètes handicapés est dirigé principalement vers ce que nous appelons encore un système séparé. Cela signifie qu'il n'existe pas de voie d'accès claire pour ces jeunes handicapés pour progresser comme athlètes afin d'accéder aux équipes nationales et, surtout, de représenter leur pays aux événements internationaux.

Nous demandons aux gouvernements provinciaux de s'inspirer du gouvernement fédéral pour améliorer leur soutien au sport adapté.

L'invalidité est avant tout une question de perception, et le mouvement paralympique a pour mission de faire disparaître cette perception négative de l'invalidité et de la remplacer par un souci d'inclusion et d'équité. Le mouvement mise sur le sport paralympique pour améliorer nos vies et nos sociétés, pour donner espoir aux gens et pour promouvoir la paix.

Lorsque le mouvement paralympique a été créé, dans les années 1940, l'espérance de vie d'une personne en fauteuil roulant était d'environ trois ans. Aujourd'hui, une personne en fauteuil roulant a une espérance de vie normale.

D'un point de vue statistique, une personne sur cinq sera atteinte d'une déficience physique permanente ou temporaire au cours de sa vie. Tout investissement que nous ferons aujourd'hui dans les sports adaptés pourrait nous aider, nous et nos proches, dans l'avenir.

Le vice-président : Merci, monsieur Macpherson.

[Français]

Finalement, nous avons Mme Monique Lefebvre, directrice générale d'AlterGo. Vous avez la parole, madame.

Monique Lefebvre, directrice exécutive, AlterGo : Bonjour à vous tous. Je suis Monique Lefebvre, directrice générale d'AlterGo, organisme régional de l'île de Montréal, regroupant 90 organisations préoccupées par l'accès aux loisirs des personnes vivant avec une déficience. Merci beaucoup de m'accueillir aujourd'hui pour collaborer à l'avancement des droits de la personne.

Depuis sa création, en 1975, AlterGo poursuit la mission de favoriser l'inclusion sociale de 250 000 citoyens vivant avec une déficience par l'abolition des obstacles à la pratique du loisir, du sport et de la culture.

En lien avec sa mission, AlterGo s'est donné comme principe directeur de promouvoir une image dynamique et positive de la personne handicapée dans un contexte de pratique du loisir.

En 1984, j'ai fondé le Défi sportif, un événement annuel sportif rassembleur qui réunit des athlètes de tous les types de déficiences et où la relève côtoie l'élite, concept rare et inusité dans le monde du sport.

Il est pertinent de mentionner que je suis la fille de deux parents handicapés qui ont été très actifs dans le monde du sport et du loisir. Le mot « incapable » ne fait pas partie de leur vocabulaire. Mon père a joué pendant 49 ans au basket-ball en fauteuil roulant, et a fait partie de la première équipe de basket-ball en fauteuil roulant qui s'appelait, à l'époque, les Merveilles en fauteuil roulant. Eh oui, les Wheelchairs Wonders.

Mes parents sont des modèles de leadership. Le regard de pitié des gens sur eux me motive encore à contribuer à changer les mentalités et à faire voir les possibilités d'une personne vivant avec une limitation plutôt que les incapacités. Par mon travail au Défi sportif, j'ai eu le plaisir de vivre trois Jeux paralympiques à titre d'observateur, soit ceux d'Alberta, de Sydney et d'Athènes. Nous étions présents pour s'inspirer des meilleures façons de faire des grands jeux.

Après 29 ans, la mission du Défi sportif est de présenter, en partenariat, des compétitions visant le développement du sport scolaire et la pratique sportive de haut niveau. Il valorise les réussites des athlètes handicapés et contribue au rayonnement de l'accessibilité universelle. Cet événement d'envergure internationale accueille près de 4 000 athlètes de la relève et de l'élite provenant d'une quinzaine de pays. Les compétitions se déroulent sur huit grands sites de compétition à Montréal et présentent 13 sports pendant six jours.

Le budget annuel de l'événement est de 2,3 millions de dollars dont 25 p. 100 provient des gouvernements.

Nous recevons l'appui de Sport Canada dans le cadre du programme d'accueil aux événements internationaux, ce qui dit que le fédéral finance la partie du sport de haut niveau mais non le développement de la relève.

En 2010, le Défi sportif a généré des retombées économiques de quatre millions de dollars auxquelles s'ajoute l'engagement social de 900 bénévoles qui reviennent dans une proportion de 50 p. 100 à chaque année.

L'Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec et les 21 centres de réadaptation qu'elle représente collaborent officiellement au développement du sport adapté depuis 2003.

Depuis 1984, le Défi sportif a transformé la vie de milliers d'enfants vivant avec une déficience et des personnes qui gravitent autour d'eux. Il expose les enfants handicapés du Québec et leur famille au succès, aux possibilités et au plaisir d'adopter une vie active. Ils goûtent à la joie de bouger et ce, malgré une déficience. Lorsque les jeunes font du sport, leur marchette devient un engin sportif, la prothèse devient un outil pour courir plus vite.

Lors du Défi sportif, les jeunes vivent une expérience magique de dépassement, de fierté, de reconnaissance de leur potentiel lors de leur participation. En plus, par leur détermination, ils inspirent, ils changent des regards parfois trop dévalorisants.

Pendant quatre jours, à la fin d'avril, à Montréal, ils sont plus de 2200 enfants provenant de 70 écoles, soit des écoles spécialisées ou régulières, et ce, à travers le Québec pour donner le meilleur d'eux-mêmes dans huit sports.

En plus des bénévoles du Défi sportif, ils sont entourés de professeurs, de parents, d'accompagnateurs, d'entraîneurs, de supporteurs, de membres de la direction des écoles. Tous leur apportent l'appui nécessaire pour vivre ce moment tant attendu. C'est pour eux l'apothéose d'une année de sueur et d'efforts.

Comme tous les enfants, ils pratiquent du sport, socialisent, participent à une compétition dont on parle aux nouvelles, et qui a comme porte-parole officielle un modèle, l'exceptionnelle championne paralympique, Chantal Petitclerc.

Le Défi sportif a réussi, au fil des ans, à réunir un bon nombre de partenaires. Ceci, on ne l'a pas fait seul. Ensemble, on fait tomber le mieux possible les obstacles qui excluent encore trop les jeunes handicapés de la participation aux cours d'éducation physique ou à la pratique du sport parascolaire.

Il reste beaucoup à faire. Mais la mobilisation du sport scolaire du milieu de la réadaptation et des fédérations sportives est bel et bien là. Le Défi sportif, au cours de la dernière année, n'a reçu aucun soutien gouvernemental pour la participation des jeunes dans le cadre du sport scolaire, et on en a reçu 2200.

Pour abolir les obstacles à la pratique du loisir, nous travaillons en partenariat avec une approche d'accessibilité universelle. Les personnes vivant avec des limitations sont des révélateurs des besoins de la société. Si nous réussissons à répondre à leurs besoins, nous aidons ainsi l'ensemble de la population.

L'accessibilité universelle touche tous les aspects de la vie des personnes et s'appuie sur le respect des droits de tous les citoyens. Fondée sur une approche d'inclusion, l'accessibilité universelle permet à toute personne, quelles que soient ses incapacités, l'utilisation identique ou similaire, autonome et simultanée des services offerts à l'ensemble de la population.

Par l'accessibilité nous travaillons sur quatre axes : l'accès aux programmes et aux services, on parle de transport, de loisirs et d'emplois; l'accès architectural ou environnemental; l'accès aux communications; la formation et la sensibilisation.

Les enfants ou jeunes de moins de 25 ans ont-ils des programmes qui leur permettront d'adopter un mode de vie actif et sain au Canada? La réponse pour nous est non. Toutefois, le libellé de l'article 30 de la Convention des Nations Unies est très inspirant.

Pour la très grande majorité d'entre eux et d'entre elles, ces jeunes sont trop souvent exclues des cours d'éducation physique, n'ont pas accès à un réseau de compétition de sports scolaires, et bougent peu. S'ils veulent faire des activités physiques dans la communauté, par exemple s'initier aux sports dans un programme de camp de jour, cela nécessite pour les parents, une volonté , une détermination sans borne, un sens des communications hors-pair et un portefeuille bien garni pour faire en sorte que tous les éléments soient réunis et que l'accès soit réel.

Au Québec, 20 p. 100 des familles vivent avec un enfant qui a une déficience. Dans environ 100 000 familles, il y a un enfant mineur handicapé; dans près de 45 000 autres, un enfant majeur handicapé.

On sait d'emblée que la situation financière des familles est très difficile. Les parents seront-ils informés des services qu'offrent les camps de jour aux jeunes handicapés? Le programme sportif sera-t-il conçu en tenant compte des besoins de l'enfant? L'enfant aura-t-il droit à des services d'un accompagnateur pour faciliter sa participation, qu'elle soit physique ou sociale? L'enfant aura-t-il accès au transport lorsqu'ils feront une sortie de groupe? L'enfant ayant une déficience intellectuelle aura-t-il accès à une communication en langage simplifié? Auront-ils accès aux équipements ou aux bâtiments? Le personnel et les autres enfants seront-ils sensibles et ouverts à la différence? Pour avoir accès et encore avoir le plaisir de vivre des expériences sportives positives, cela demande que la chaîne d'accessibilité universelle soit complète dans les quatre axes.

Vous devinez aisément qu'il en manque souvent un ou deux. Prenons seulement l'exemple du témoin qui n'a pu participer aux travaux de votre comité, car il manquait de place dans l'avion pour mettre son fauteuil roulant. C'est tout de même injustifiable, car après avoir fait tous ces efforts pour participer en tant que citoyen canadien, il doit retourner chez lui en acceptant que ses droits soient brimés. Quelle force de caractère cela demande-t-il? Des situations où la chaîne d'accessibilité se brise sont trop courantes. Nous avons besoin que notre société crée des environnements sans obstacles. Nous travaillons à corriger des bâtiments et évitons de construire des obstacles. Il faut innover, réfléchir, développer de nouvelles façons de faire, et nous sommes convaincus que le gouvernement fédéral peut faire beaucoup.

Le vice-président : Merci beaucoup, madame Lefebvre, pour votre présentation et d'avoir comparu devant notre comité aujourd'hui.

[Traduction]

Nous allons maintenant passer aux questions, en commençant par le sénateur Nancy Ruth.

Le sénateur Nancy Ruth : Vos exposés nous donnent toujours à réfléchir. Que puis-je dire?

À la suite de ce que vous avez dit au sujet de la couverture médiatique, madame Sales, je voulais poser la question suivante : Les difficultés auxquelles sont confrontées les jeunes filles handicapées sont-elles différentes de celles des garçons dans vos programmes, aux échelons national, provincial et municipal? Cette question s'adresse à tout le monde. Dans l'affirmative, en quoi sont-elles différentes?

Mme Sales : D'après mon expérience personnelle, je ne crois pas qu'il y ait nécessairement une lutte entre les garçons et les filles. Peut-être que d'autres personnes ont vécu des situations différentes. C'est simplement une question d'accessibilité pour tous les membres de notre communauté. Ce n'est pas nécessairement les garçons contre les filles; ce n'est pas ce que j'ai vécu.

M. Macpherson : J'ajouterais qu'en ce qui concerne les Jeux paralympiques, c'est très équitable. Environ 50 p. 100 des participants sont des femmes. Ce n'était pas nécessairement le cas il y a 20 ans, mais on a fait beaucoup de chemin en ajoutant des épreuves et des sports pour les athlètes féminines handicapées. On l'a fait dans le but d'encourager les femmes et les filles ayant un handicap à participer à des activités sportives, même au niveau local.

Le sénateur Nancy Ruth : Voulez-vous dire qu'un programme a été élaboré intentionnellement en ce sens?

M. MacPherson : Oui, absolument.

Le sénateur Nancy Ruth : Quand cela a-t-il commencé?

M. Macpherson : À la fin des années 1980.

Le sénateur Nancy Ruth : Et au Québec?

[Français]

Mme Lefebvre : Je peux vous parler plus de la participation dans le cadre du Défi sportif. Soixante-huit pour cent des jeunes sont des garçons, 32 sont des filles. On est quand même contents, mais on aimerait que ce soit 50/50. De façon générale, dans les programmes sportifs, il y a plus de participants masculins que féminins, malheureusement.

[Traduction]

Le sénateur Nancy Ruth : Madame Sales, vous avez dit avoir eu moins de couverture médiatique; avez-vous une idée pourquoi? Cela est-il arrivé à d'autres athlètes féminines?

Mme Sales : Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un problème d'inégalité entre les sexes; c'est bien davantage un combat généralisé pour le sport adapté. À London, là où j'ai acquis mon expérience, nous luttons actuellement pour obtenir une couverture locale. Nos journaux locaux s'intéressent bien souvent davantage aux événements sportifs internationaux ou nationaux. Je trouve cela dommage. Il nous faut souligner ce qui se passe dans notre collectivité afin que les gens puissent y participer.

Les petits journaux de London collaborent avec le conseil du sport accessible pour nous offrir de l'espace publicitaire quand nous en avons besoin pour annoncer divers événements sportifs accessibles, qu'il s'agisse de grands tournois ayant lieu à London ou d'athlètes participant à des tournois à l'extérieur. Ils sont prêts à nous donner cet espace. Nous avons déployé beaucoup d'efforts en ce sens au conseil, au cours de la dernière année, et nous espérons que cela va continuer, car il faut que les gens sachent ce qui se passe. Plus la couverture médiatique sera importante, plus nous pourrons promouvoir les sports adaptés, et plus les gens sauront ce qui leur est offert et pourront y participer.

Mme McDonald : J'applaudis les Jeux paralympiques de Vancouver. La couverture médiatique a été formidable. C'était la toute première fois qu'on diffusait en direct le hockey sur luge. Nos athlètes à la maison n'arrivaient pas à le croire. Par la suite, la participation à nos programmes a augmenté.

Toutefois, comme l'a indiqué Mme Sales, il y a des lacunes sur le plan de la couverture locale. On ne vient pas pour appuyer le sport, mais parce qu'on pense que c'est un sport pour athlètes handicapés. C'est un sport, et ces jeunes athlètes sont ravis et fiers de montrer leur sport. Ils font beaucoup d'efforts. Ils ressentent les mêmes émotions que les autres athlètes, et nous avons besoin que les gens le comprennent. Ce sont des athlètes qui travaillent très fort.

Mme Sales : Au sujet de ce que vient de dire Mme McDonald, j'aimerais ajouter que je ne connais pas beaucoup d'athlètes ayant un handicap qui veulent qu'on les considère comme des athlètes ayant un handicap. Ils veulent être reconnus comme des athlètes, tout simplement. C'est ce que nous sommes. Nous participons à des sports qui sont peut- être un peu différents, mais ce sont tout de même des sports. Il y a une telle diversité de sports dans le monde. Nous devons arrêter de penser que c'est une activité pour les personnes handicapés; c'est une activité pour un certain pan de la population, comme n'importe quel autre sport. Tout comme certaines personnes jouent au basketball ou au baseball, certaines personnes jouent au hockey luge et d'autres non.

Le sénateur Nancy Ruth : Ma question porte sur le financement. J'ai entendu deux statistiques. L'une indiquait que 1,2 million de dollars, soit 2 p. 100 du budget de Sport Canada, sont versés à vos groupes. Par ailleurs, Mme Lefebvre a indiqué que 20 p. 100 des familles du Québec ont un enfant handicapé. Or, ces deux pourcentages ne correspondent pas. Comment pouvons-nous faire augmenter le premier? Quelles sont les luttes que vous devez mener au provincial et au fédéral pour que le financement corresponde davantage à la réalité des gens qui participent à vos activités sportives?

M. MacPherson : J'ai parlé d'un montant de 1,2 million de dollars, au milieu des années 1990, sur un budget annuel de 60 millions à Sport Canada. Aujourd'hui, c'est très différent. Sport Canada a maintenant un budget annuel approximatif de 200 millions de dollars. De ce montant, environ 20 millions de dollars, ou 10 p. 100, sont maintenant affectés au sport adapté et aux athlètes handicapés. On a fait beaucoup de chemin. On pourrait dire qu'il s'agit d'une part équitable en fonction de la population et des contribuables de ce pays. Cela dépend du point de vue, mais à mon avis, le gouvernement fédéral a beaucoup amélioré son soutien financier, ce qui est loin d'être le cas en ce qui concerne les gouvernements provinciaux.

Mme McDonald : Puisque nous sommes le seul organisme de sports paralympiques d'Edmonton, nous ne recevons pas de financement fédéral. Étant donné que la ville est notre unique source de financement, nous avons du mal à offrir des programmes abordables. L'inscription au hockey sur luge coûte 180 $ par année, sans compter le temps d'utilisation de la patinoire, et c'est cher, comme vous le savez. Nous essayons de maintenir les tarifs bas pour permettre aux adultes qui bénéficient du revenu assuré pour les personnes gravement handicapées de participer aux programmes et de demeurer actifs.

[Français]

Mme Lefebvre : Je ferais un parallèle entre la couverture médiatique et les financements que nous recevons des gouvernements provincial ou municipal. Il ne faut pas se le cacher, le sport chez les personnes handicapées n'attire pas encore les foules. Au Défi sportif, on a réussi, au cours des deux dernières années, à attirer 1200 personnes pour une finale de basketball et d'escrime en fauteuil roulant. Et c'est un très haut fait d'armes après 29 ans de Défi sportif. Quand on défend les dossiers auprès des élus afin d'obtenir plus à l'échelle provinciale, on se fait dire que cela dépend de l'intérêt de la population, que la population n'est pas derrière nous, qu'on n'en parle pas beaucoup dans les médias. Alors pourquoi nous donnerait-on des sous? On a parlé auparavant des médias de masse, comment ils parlent des athlètes en fauteuil roulant, des athlètes handicapés. Nous devons susciter l'intérêt, démontrer le potentiel et le mettre de l'avant, mais dire que le public a un intérêt?

Je dirais que le public a encore un malaise vis-à-vis des personnes handicapées. Aller s'asseoir et dire : « Je vais regarder du sport en fauteuil roulant. Je vais voir le sport en premier, avant de voir le handicap », ce n'est pas toute la population qui est rendue à cette étape. Parmi vous, il y en a peut-être plusieurs qui côtoient des personnes handicapées. Vous les voyez en premier comme des personnes et non comme des personnes handicapées. Cependant, l'ensemble de la population voit encore trop le handicap. Il y a encore beaucoup de promotion et de travail à faire pour inciter les gens à s'asseoir pour regarder des personnes handicapées faire du sport.

Les budgets des gouvernements provinciaux, entre autres au Québec, sont souvent octroyés en fonction de la visibilité de la discipline sportive. Qui offre de la visibilité? Ce sont les athlètes de haut niveau. Si on regarde les investissements du gouvernement provincial au cours des 10 dernières années, parmi les programmes qui ont été majorés, il y a le soutien aux athlètes d'élite. Tout ce qui concerne le soutien à la meilleure pratique, au meilleur mode de vie et au recrutement des enfants pour la relève, aucun sou n'est disponible. Ce que je reçois comme commentaires, c'est : « Madame Lefebvre, il n'existe aucun programme pour cette clientèle et vous n'entrez pas dans les normes. Il faut ouvrir davantage les normes. » Il faut donc faire ouvrir ces normes afin de faire notre place. C'est la réponse que je vous donnerais.

[Traduction]

Le sénateur Hubley : J'aimerais revenir sur ce que Mme Lefebvre vient de dire, c'est-à-dire que nous devons donner à tout le monde l'occasion de pratiquer un sport.

J'aimerais vous poser une question sur la manière dont vous vous y prenez pour faire connaître vos activités et services à ceux qui en ont besoin, surtout aux jeunes et aux enfants d'âge scolaire. La plupart des enfants handicapés n'envisagent même pas de pouvoir un jour pratiquer des sports ou certaines activités, car ils ne croient pas nécessairement qu'ils peuvent le faire et qu'ils y ont accès.

Dans les programmes de formation des enseignants, savez-vous si les futurs enseignants apprennent à s'occuper d'enfants handicapés en classe, mais aussi dans les programmes de loisirs offerts à l'école? Connaissez-vous des programmes que nous pourrions examiner?

Mme McDonald : Nous offrons le programme Sledges in Schools. Dans ce projet de hockey sur luge, nous fournissons des luges à toute école d'Edmonton qui en fait la demande. Nous nous occupons du matériel, et l'école loue la patinoire. Nous invitons alors les jeunes physiquement aptes à prendre place dans les luges, puis nous leur montrons à quel point c'est un sport formidable.

La ville n'impose aucune exigence en matière de sport adapté, mais les écoles devraient faire appel à notre programme pour sensibiliser tous les enfants, qu'ils soient handicapés ou non. C'est une façon de démontrer que ce sport peut être pratiqué par des personnes physiquement aptes et par des personnes handicapées. D'ailleurs, de nombreuses personnes non handicapées pratiquent les sports que nous offrons.

Nous devons convaincre les enseignants d'intégrer le sport adapté à leur programmation simplement pour le faire connaître. Nous pourrons ainsi passer le message aux enfants qui sont hors de notre portée.

Dans les régions rurales de l'Alberta, on m'a dit à maintes reprises que les enfants handicapés restent chez eux à ne rien faire parce qu'il n'y a pas assez de monde. Chaque jour, ils passent des heures devant l'ordinateur. Au contraire, les équipes sportives des petites villes de la Saskatchewan s'adaptent lorsqu'il y a un enfant handicapé. La province compte trois équipes de hockey sur luge, je crois, et il n'y a qu'un enfant handicapé dans chacune. D'après leur système de pointage, c'est un sport pour tous, comme le baseball.

C'est ainsi qu'un organisme local comme le nôtre essaie de se faire connaître.

M. MacPherson : De notre côté, Parasport Ontario offre des programmes de premier contact sur le terrain qui ciblent les enfants handicapés. Nous organisons des ateliers d'un jour qui ont pour but de leur faire découvrir plusieurs sports. Nous y arrivons principalement grâce au milieu des personnes handicapées. Par exemple, nous passons par les centres de réadaptation, les physiothérapeutes et les centres de physiothérapie, mais pas vraiment par le système scolaire, car celui-ci est parsemé d'obstacles qui nous empêchent d'offrir nos ateliers à ce groupe cible.

Le sénateur Hubley : Quelles sont les barrières?

M. MacPherson : Le temps, car les écoles sont ouvertes de 9 heures à 15 h 30. Elles ne souhaitent pas nous aider à coordonner tout ce qui se passe après ces heures ou en soirée. Mais nous le faisons quand même sans leur aide.

C'est aussi parfois une question de responsabilité liée à l'accès à l'établissement durant les heures d'ouverture, à l'obtention des services afférents et à l'utilisation des locaux après les heures d'ouverture. Ce sont certains des obstacles.

Cependant, plus nous allons dans les écoles, plus les enfants non handicapés ont la chance de découvrir les activités qui s'offrent aux personnes handicapées et, surtout, à leurs camarades handicapés. Cela contribue à briser les barrières psychologiques qui résident dans la différence et à mieux comprendre. Les jeunes qui le saisissent tôt en bénéficient longtemps.

Mme Sales : Le conseil du sport accessible de London et des environs a décidé de participer à l'organisation des journées sans voiture de la Ville de London, pendant lesquelles les principales rues du centre-ville sont fermées. Nous avons la chance de travailler avec le comité organisateur. Une fois, nous avons fait appel au programme Ready, Willing and Able de Parasport Ontario pour présenter les sports adaptés dans les rues. À cette occasion, les festivaliers ont pu essayer le hockey sur luge à roulettes, le jeu de boules, le curling en fauteuil roulant et le basket-ball en fauteuil roulant.

C'était merveilleux. C'est nous qui étions les plus actifs dans les rues. Les gens voulaient voir ce qui se passait, car nous bougions et avions du plaisir, et c'est ce que tout le monde aime. C'est l'une des choses que nous avons faites.

Nous faisons tout pour participer au plus grand nombre possible d'événements communautaires et de fêtes afin de faire connaître ces sports offerts dans notre ville. Sur notre site web, nous essayons de dresser la liste des compétitions à venir à London pour inciter les gens qui le désirent à y assister. Nous nous servons aussi du journal local à cette fin.

En réponse à votre question sur les écoles, je suis aussi récréothérapeute, et j'ai entre autres visité des écoles pour aider les enseignants à adapter leurs programmes éducatifs en fonction d'un élève de la classe, ou bien pour présenter aux autres enfants du groupe des activités auxquelles l'enfant handicapé pourrait participer. Il y a des récréothérapeutes dans les centres de traitement pour enfants de partout au pays. À ce chapitre, j'ai l'impression que les enseignants devraient mieux connaître les ressources à leur disposition. Les enseignants n'ont pas à trouver seuls ce qu'il faut faire, ni mettre la pression aux parents pour découvrir ce qui se passe. Il existe d'autres ressources, et nous devons simplement aider les enseignants à les exploiter.

[Français]

Mme Lefebvre : Quant à la question de savoir si les professeurs d'éducation physique sont formés pour accueillir les enfants handicapés, je dirais qu'il y a un cercle vicieux parce que les enfants handicapés ont très peu accès au cours d'éducation physique. Tant qu'on ne leur donnera pas accès, les professeurs seront très peu formés. Au Québec, les professeurs d'éducation physique qui ont une formation universitaire de trois ans ont suivi un cours de 45 heures sur l'activité physique adaptée. Ce cours tient compte de toutes les clientèles qui vivent des incapacités. Je dirais que les professeurs sont plutôt bien équipés pour donner à un enfant handicapé un passe-droit à la bibliothèque. C'est ce qui est un peu révoltant en 2011. On ne donne pas accès, pour toutes sortes de raisons, au cours d'éducation physique.

Maintenant, est-ce que les gens savent quels sont les programmes qui sont ouverts aux personnes handicapées? On travaille en partenariat avec la Ville de Montréal pour l'accessibilité universelle, pour l'accès aux communications. Quand on dit « accès aux communications », on a développé un concept qui s'appelle des « outils inclusifs ». Quand un dispensateur de services, comme une ville, publie un répertoire des programmes d'activités qu'elle offre, avec la liste des organismes, on oublie toujours d'indiquer les programmes qui sont ouverts et accessibles aux personnes handicapées. Est-ce que les lieux sont accessibles? La personne qui vit avec une limitation doit toujours appeler pour s'informer. Elle doit toujours faire les recherches elle-même pour savoir si l'activité lui est accessible. Et même encore, quand elle appelle, il n'est pas certain qu'elle reçoive l'information complète. On doit donc travailler à sensibiliser les dispensateurs de services à rendre les lieux accessibles et en informer les citoyens. Un jour, un élu m'a dit : « Madame Lefebvre, si on l'écrit, ils vont venir. » N'est-ce pas ça le but? C'est ce qu'il faut. Cela démontre, une fois de plus, qu'il y a encore quelques barrières. Il faut encourager les gens à dire qu'ils offrent des services.

[Traduction]

Le sénateur Hubley : Il y a deux Canadiens remarquables qui ont montré à tous les Canadiens ce qu'il est possible d'accomplir : Terry Fox et Rick Hansen. Quelle influence ont-ils eue sur votre travail? Provoquent-ils une certaine effervescence? Une tournée est organisée pour souligner l'anniversaire de l'exploit de Rick Hansen. J'ai constaté que les personnes physiquement aptes et les personnes handicapées sont tout aussi enthousiastes à ce sujet, mais c'est surtout parce que cet homme a accompli un exploit extraordinaire pour tous les Canadiens. Ressentez-vous cette effervescence chez les personnes handicapées?

M. MacPherson : Pas directement. Il est certain que les exploits de Rick Hansen et de Terry Fox sont remarquables et dignes de louanges, mais ils n'ont pas été accomplis sur un terrain de jeu ou dans le cadre d'un sport. Terry Fox a traversé le pays, et Rick Hansen a parcouru le monde. Les gens ne font pas l'association avec les sports adaptés ou les programmes de loisirs pour les personnes handicapées. Même si ces athlètes ont contribué à la sensibilisation, leur exploit n'incite pas vraiment les personnes handicapées à pratiquer des sports adaptés.

[Français]

Mme Lefebvre : On parle de Rick Hansen, de Terry Fox, pour le Québec, il y a Chantal Petitclerc. C'est sûr et certain que ce qu'on voit, les gens sont ouverts, sont impressionnés. Chantal nous dit : « Maintenant, on a fait un pas. Avant, on me demandait pourquoi je fais du sport, parce que je vis avec une déficience, et aujourd'hui, on me parle seulement de mes performances, en combien de temps j'ai couru. L'opinion publique a changé. »

Ce que les gens ne voient pas ce sont les besoins pour les autres personnes handicapées. Chantal est paraplégique, elle a l'usage de ses bras, elle parle très bien, elle communique ses besoins, ses transferts sont faciles. Prenons une personne lourdement handicapée qui est quadriplégique et qui veut jouer au rugby en fauteuil roulant, ses besoins sont beaucoup plus grands. Et la population ne sait pas quels sont les besoins. Si on prend le cas d'une personne quadriplégique qui veut aller à la piscine, qui a besoin d'un accompagnateur, quels sont ses besoins? L'ensemble de la population qui n'a pas ce vécu ne peut pas imaginer ce que cela représente.

Oui, ils ont donné une image positive de la personne handicapée, mais il y a beaucoup de modèles de personnes handicapées. Il y a un modèle qui est Chantal, mais il y a beaucoup d'autres modèles, d'autres types de besoins, et les gens les voient moins, ils comprennent moins. Souvent ils vont dire que les personnes handicapées sont capables de se débrouiller, mais elles ont besoin d'aide aussi.

[Traduction]

Le sénateur Zimmer : Le sénateur Nancy Ruth a volé ma question. Je vais donc plutôt examiner l'envers de la médaille. Le financement est un aspect fondamental. Monsieur MacPherson, j'ai créé la Fondation paralympique canadienne, comme vous le savez, et nous avons mené deux campagnes de financement au Club de golf Magna avec le concours de la famille Stronach, qui nous ont permis d'amasser 200 000 $ la première année, et j'ai oublié combien la deuxième année. Le financement est donc essentiel.

Madame Sales, vous l'avez bien dit : ce ne sont pas des athlètes handicapés, mais bien des athlètes, tout simplement. Lorsqu'ils prennent la parole à ce genre d'événement, leur sourire et leur joie de vivre sont une source d'inspiration. Ils sont fiers d'eux. En toute sincérité, ils sont nos héros.

Toutefois, j'aimerais parler du financement, qu'il soit fédéral ou autre. Quelles sont les conditions liées au financement fédéral? Le gouvernement réalise-t-il un examen de suivi à ce sujet? Est-il possible de recevoir un financement stable ou à long terme? Sinon, quelles sont les répercussions sur votre organisation? Quel type de financement aimeriez-vous que le gouvernement vous offre?

Je vous ai posé plusieurs questions en une seule, mais elles sont toutes liées entre elles. Je tiens à revenir sur ce point, car malgré l'importance cruciale des infrastructures et du reste, l'organisme doit recevoir du financement de tous les niveaux, c'est-à-dire du gouvernement fédéral, du gouvernement provincial et de l'administration municipale. Sinon, vous n'avez qu'à mener vos propres campagnes de financement comme les très nombreux autres organismes caritatifs qui existent. J'invite chacun de vous à se lancer : dites-nous comment nous pourrions vous aider à amasser plus d'argent.

M. MacPherson : Je vais commencer. Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, le gouvernement fédéral et l'organisme Sport Canada répartissent équitablement le financement en matière de sports entre les athlètes non handicapés et les sports adaptés — c'est « équitable » si l'on croit que 10 ou 15 p. 100 de l'argent est affecté au sport adapté et aux athlètes handicapés. C'est bien le cas au niveau fédéral, et tout cet argent est attribué principalement aux programmes d'équipes nationales. Ainsi, le succès d'un athlète handicapé qui gravit les échelons n'est pas attribuable au système. Mais lorsqu'il atteint le niveau national, l'athlète reçoit du soutien financier pour son entraîneur, ses entraînements et les compétitions. Rien n'est laissé de côté, et l'argent est réparti équitablement. Tous les athlètes paralympiques d'aujourd'hui, et surtout ceux de la vieille époque, vous chanteront les louanges du soutien financier fédéral.

Le problème, c'est l'aide financière des provinces et des municipalités. Il n'y a tout simplement pas suffisamment de ressources affectées aux sports et loisirs adaptés aux personnes handicapées. Il n'y a pas assez d'argent, mais en plus, il est réparti inéquitablement compte tenu de la proportion de contribuables qui vivent avec un handicap. La province réserve au sport adapté environ 4 p. 100 de son budget annuel pour les sports. Or, ce devrait plutôt être plus ou moins 20 p. 100. On pourrait donc tout simplement redistribuer plus équitablement l'argent réservé aux sports sans augmenter le budget des provinces.

Je voulais dire autre chose sur les provinces, mais je vais y réfléchir.

Mme McDonald : L'organisme national qui s'occupe des personnes non handicapées obtient de l'argent du gouvernement fédéral. Il s'occupe aussi des sports adaptés, et ce sont les athlètes de haut niveau qui profitent de l'argent. Or, ceux qui n'arriveront jamais à participer aux Jeux paralympiques ou à atteindre ce niveau supérieur n'y ont pas droit. Ces athlètes tombent dans l'oubli, mais nous avons besoin d'eux, car tous les athlètes de haut niveau sont passés par là. Nous ne devons pas mettre de côté les sportifs d'occasion.

À l'échelle locale, nous ne recevons pas de financement, comme je l'ai dit plus tôt. Il nous en faut pour payer l'équipement, les installations et les employés.

Mme Sales : Selon mon expérience, je peux vous dire qu'il est très difficile sur le plan financier d'atteindre un niveau international. Les dépenses quotidiennes des personnes handicapées sont souvent plus importantes que celles de l'ensemble de la population. Il faudrait peut-être consacrer plus d'argent aux sports et aux loisirs adaptés pour encourager les personnes handicapées à sortir de chez elles. Le niveau d'activité d'une personne handicapée dépend de sa famille, de l'importance accordée aux loisirs et du budget qui y est consacré, surtout avec les coûts additionnels liés au handicap. Il est parfois difficile d'établir les priorités. De nombreux athlètes n'ont jamais atteint le niveau international par manque d'argent. Il est extrêmement triste de constater le nombre de personnes handicapées qui ne sont pas actives par manque d'argent.

Ce que peu de gens comprennent, c'est que pour pratiquer ces sports, il faut de l'équipement spécialisé. Pour jouer au basketball en fauteuil roulant, il faut un fauteuil roulant adapté pour le basketball. Pour jouer au hockey sur luge, il faut une luge. C'est plus compliqué que de simplement prendre un ballon et aller jouer. S'il existait un programme de financement pour l'achat d'équipement spécialisé, cela aiderait de nombreux enfants handicapés à faire du sport.

[Français]

Mme Lefebvre : C'est une très belle question à laquelle je tiens à répondre. Je vous dirais qu'en ce qui concerne le financement, si on prend le soutien de haut niveau, je dirais que, en effet, il y a une nette amélioration. Dire que tout est gagné? Non. Il y a une Québécoise du nom de Viviane Forest qui a gagné plusieurs médailles aux derniers Jeux paralympiques d'hiver en ski. Elle a dû vendre sa propriété, elle a une dette de 70 000 $. Si elle avait reçu autant d'argent pour sa médaille d'or que les athlètes non handicapés, elle aurait sa maison aujourd'hui. Je ne trouve pas que la partie est gagnée pour donner pleinement accès aux athlètes qui vivent avec une déficience.

D'autre part, si je prends le volet Programme de soutien pour l'organisation d'événements internationaux, à Sport Canada, auquel on participe, c'est un programme pour lequel on doit faire des demandes à chaque année. Alors des organisations pour nos événements, si on veut voir d'une façon triennale, est-ce qu'on peut avoir une entente de trois ans, voir ce qu'on peut faire, élaborer un programme? C'est une chose qu'on demande depuis plusieurs années, mais ce n'est pas possible avec la façon de faire actuelle, parce que les événements internationaux sont supposés être ponctuels et nous, nous sommes un événement qui est récurrent à chaque année. On se considère un bijou pour le Canada mais quand vient le temps de négocier pour avoir des subventions, c'est toujours difficile.

Je ne sais pas si la reddition de comptes est devenue presque une maladie extrême, mais si on prend l'événement qu'on vient de livrer, on a reçu un nombre important de personnes handicapées, on a fait la couverture média, on a rendu tous les services, et on nous demande après l'événement de transmettre un flux de trésorerie mensuelle.

Il y a des processus administratifs qui me dépassent. Nous sommes un organisme sans but lucratif qui avons à organiser, à gérer des ressources, nous travaillons avec des bénévoles, avons à aller chercher de l'argent, à faire des travaux avec des gens pour aller chercher du financement. Je sais que le sénateur Zimmer est un expert de la collecte de fonds. Vous savez sûrement que ce n'est pas facile. On fait tout ça, et au bout du compte, il y a une personne qui est payée, dans un bureau au gouvernement, qui nous demande plein de papiers. Disons que notre seuil de tolérance commence à être atteint quand on voit toute la paperasserie administrative qui nous est demandée. On regarde les chiffres mais on dirait qu'on ne regarde pas le travail qu'on fait. J'aimerais parfois que les fonctionnaires viennent voir notre travail. Peut-être que les questions administratives seraient plus simples. On aurait aussi besoin de plus de ressources pour pouvoir mieux accueillir les événements internationaux et d'une approche à long terme. Ça, c'est pour le sport de haut niveau.

Si on regarde la condition physique, je pense que tout le monde ici sait que si tu bouges, ta santé va être meilleure. Pourquoi, si toute la société sait cela, le budget qui était donné à Condition physique Canada, il y a plusieurs années, qui était de 12 à 14 millions de dollars, est rendu à moins d'un million de dollars? Il y a des choses comme celle-là qui sont difficiles à comprendre, qui apparaissent dans mon cerveau, et j'ai l'opportunité de vous dire que oui, au Défi sportif, et dans toutes nos associations, on aide les personnes handicapées à bouger. Est-ce qu'on peut avoir un soutien? Pas juste financier mais un soutien moral, parler aux provinces et dire que le sport pour les personnes handicapées, c'est important. Ils ne le savent pas encore, il faut le redire, il faut sensibiliser, il faut prêcher. On a aussi besoin de ressources financières pour faire bouger les personnes handicapées parce qu'elles ont des besoins supplémentaires que l'ensemble de la population n'a pas.

[Traduction]

Le sénateur Zimmer : On pourrait, par exemple, créer un programme de financement de trois ans. Ainsi, les gens pourraient avoir l'esprit tranquille pendant trois ans et se concentrer sur autre chose que des processus administratifs annuels. Ça m'a toujours ennuyé de savoir que, faute de financement ou en raison de leur situation familiale, des jeunes talentueux cessent de pratiquer le sport qu'ils adorent.

M. MacPherson et moi avons collaboré à d'autres projets. Nous vous serions reconnaissants pour toute information permettant au comité de vous aider à mettre sur pied un programme de financement de trois ans.

Si je puis m'exprimer au nom du comité, nous serions très heureux de vous aider à ce chapitre. Comme je l'ai dit, c'est très émouvant de rencontrer ces gens, d'entendre leur témoignage et d'écouter Chantal nous décrire sa course. Ce sont vraiment des héros.

Le sénateur Ataullahjan : Merci pour vos exposés. J'ai été surpris d'entendre certains de vos propos. Vous dites que la population semble plus sensibilisée à la réalité des personnes handicapées, mais que les mentalités n'ont pas changé. Vous dites aussi que les gens sont plus intéressés par le fait que des athlètes handicapés participent à un événement sportif que par l'événement sportif lui-même. J'ignore si vous pouvez me répondre ou même s'il existe une réponse, mais est-ce que le comité peut faire quelque chose pour amener les gens à apprécier le sport lui-même en les sensibilisant davantage à l'énorme courage dont font preuve les personnes handicapées et à l'effort qu'elles déploient pour le pratiquer?

M. MacPherson : Selon mon expérience, si vous voulez sensibiliser le public à une cause en particulier, la meilleure façon, c'est de passer par les médias. Nous avons fait des progrès au chapitre de la diffusion des Jeux paralympiques au Canada, mais la couverture médiatique des championnats mondiaux ou nationaux, elle, est pratiquement inexistante, contrairement aux différents événements sportifs où les participants ne sont pas handicapés.

Une des principales priorités serait d'encourager la télévision d'État à diffuser plus d'événements sportifs nationaux et internationaux pour les athlètes ayant un handicap. En augmentant la visibilité de ces événements, on accroîtra aussi la sensibilisation du public.

Mme McDonald : Notre premier tournoi de hockey sur luge a eu lieu pendant le dernier conflit de travail dans la LNH. Tous les médias étaient sur place, puisque c'était les seuls matches de hockey présentés. C'était stupéfiant. Cela ne s'était jamais produit auparavant, alors nous avons été pris de court. Nous avons manqué de nourriture. Nous n'avions jamais eu une telle couverture médiatique et ce sera probablement la dernière fois, à moins qu'il n'y ait un autre conflit de travail dans le hockey professionnel. Les médias doivent parler de nous en tant qu'athlètes, et non en tant qu'athlètes handicapés.

Mme Sales : Une plus grande couverture médiatique, c'est une chose, mais nous devons aussi changer la mentalité de la population en général. Les athlètes handicapés ne veulent pas qu'on les prenne en pitié. Les reportages diffusés à la télévision et les articles publiés dans les journaux pendant les Jeux paralympiques mettent l'accent sur le handicap des athlètes : « Regardez tous les obstacles qu'ils ont dû surmonter. Ils sont formidables. » C'est vrai, mais ce sont d'abord des athlètes. Ils sont là pour compétitionner.

Si les médias mettaient plus l'accent sur les résultats, les capacités et les exploits des athlètes paralympiques comme ils le font pour les athlètes olympiques, ce serait aussi très utile. Arrêtons de prendre les athlètes handicapés en pitié. Ce n'est pas ce qu'ils veulent. Ils veulent être reconnus pour leurs exploits, c'est tout.

Le sénateur Ataullahjan : C'est ce que je veux savoir. Il arrive que les médias gonflent l'importance de nouvelles qui ne devraient même pas être publiées ou diffusées. Pourquoi sommes-nous incapables de les intéresser à aller voir des athlètes handicapés pratiquer un sport avec succès?

[Français]

Mme Lefebvre : En ce qui concerne le Défi sportif, nous avons une entente avec RDS, qui est le TSN français. On se fait demander quelles sont nos cotes d'écoute. Si on veut que le Réseau des Sports couvre l'événement, il faut s'assurer d'avoir de bonnes cotes d'écoute. Et pour avoir une bonne cote d'écoute, il faut être spectaculaire. Si vous nous dites que vous nous donnez un million de dollars, que nous devons préparer une campagne publicitaire, aller chercher des vedettes et faire un gros spectacle pour le sport, là on commence à parler. Mais on lutte contre des machines super bien rodées. Les Canadiens de Montréal, les Maple Leafs, les autres sports professionnels avec qui on lutte sur ces chaînes ont des images exceptionnelles et une machine promotionnelle qu'on n'a absolument pas. Ces mêmes ressources, ces mêmes moyens, il faut devenir plus intéressant, mieux vendu, et on a besoin de ressources.

Ça, c'est aussi pour les médias, mais je pense que c'est un ensemble. Parce que les meilleurs vendeurs, ceux qui peuvent changer les mentalités sont les personnes handicapées. Plus on va les retrouver dans les communautés, plus ils vont pratiquer le sport, plus ils vont changer l'image que les gens ont d'eux-mêmes. Lorsqu'on voit un jeune qui fait du sport, tu chemines, tu regardes.

Je pense qu'il y a un ensemble de moyens, il faut mettre la ressource aussi dans les provinces. Oui, on a une campagne pour les Jeux paralympiques mais c'est un événement qui ne revient pas souvent. On ne l'aura plus. Comment garder l'intérêt du gouvernement canadien, compte tenu qu'on n'aura pas d'autres Jeux paralympiques avant longtemps, à moins d'avoir ceux de Toronto. Il faut garder cette trame tout le temps, et je pense que le fait qu'on ait un événement annuel qui revient, année après année, on parle avec les médias, on est visible, on est présent, on essaie d'investir là-dedans, mais nos moyens sont vraiment minimes par rapport à ce que cela prendrait pour faire un impact à long terme et quelque chose qui change.

[Traduction]

Mme McDonald : Revenons à l'échelle locale. Une façon d'attirer l'attention des athlètes locaux serait d'organiser une campagne publicitaire nationale pour montrer que les sports pour personnes handicapées sont pratiqués partout au pays. Une publicité montrant un joueur de basketball en fauteuil roulant ou un joueur de hockey sur luge en pleine action pourrait ainsi susciter l'intérêt d'un jeune handicapé assis devant son ordinateur. C'est dans nos collectivités que l'on trouvera les athlètes des prochains Jeux paralympiques.

Mme Sales : Les gens aiment les champions, et il se trouve que nous avons de nombreux champions paralympiques incroyables. Lors des trois derniers Jeux paralympiques, les nageurs canadiens se sont classés parmi les dix premiers et ont remporté plusieurs médailles. En 2000, nous avons été les meilleurs en natation, mais personne n'a parlé de nos succès. L'accent est mis sur les médailles; c'est l'image de la réussite olympique. Les gens disent que le Canada ne remporte jamais de médailles en natation et ils se demandent ce qui se passe. Ils ne savent pas que les nageurs paralympiques canadiens remportent des médailles d'or. Il faudrait en parler davantage et insister sur le fait que tous les athlètes veulent gagner, comme l'on fait les athlètes paralympiques. Il faudrait promouvoir leurs exploits.

Le sénateur Nancy Ruth : Chacun de vous, dans sa déclaration, a semblé tiraillé entre deux avenues possibles : aider les familles et les jeunes athlètes à l'échelle locale ou investir de façon à amener ces athlètes à performer à un niveau supérieur. Que devrions-nous faire? À mon avis, il faudrait se concentrer sur les jeunes à l'échelle locale.

Mme McDonald : Nous profitons des connaissances de plusieurs personnes, notamment des entraîneurs dans les YMCA. Hockey Alberta reçoit beaucoup de fonds pour le hockey sur luge, mais nous ne voyons pas la couleur de cet argent. Nous n'organisons qu'un ou deux événements par année. On pourrait travailler avec des promoteurs sportifs en natation, par exemple, et profiter de leurs connaissances. Nous nous connaissons bien les personnes handicapées, et eux s'y connaissent en matière de natation. Nous pourrions collaborer pour assurer la progression des athlètes et leur offrir un bon encadrement.

M. MacPherson : Les deux objectifs vont de pair, si je peux m'exprimer ainsi. Vous ne pouvez pas avoir des athlètes de haut niveau dans un sport sans qu'ils aient d'abord découvert ce sport à l'échelle locale, et vous n'attirerez pas beaucoup de jeunes s'ils ne peuvent pas s'identifier à des champions. Lorsque vos fonds sont limités, vous devez les investir judicieusement. De nos jours, les athlètes de niveau national et international réussissent plutôt bien comparativement aux années passées, et ce, malgré des ressources limitées. Les sports de haut niveau ne bénéficient jamais d'un financement suffisant, mais ils en ont obtenu beaucoup au cours des 10 dernières années.

Nous n'avons pas de système de relève local ou provincial. Tout ce que l'on peut faire pour inciter ces deux paliers à investir davantage dans les athlètes locaux rapportera des dividendes.

Mme Sales : Il y a beaucoup d'éducation à faire à l'échelle locale. Il n'est pas nécessaire de posséder des connaissances approfondies au sujet d'un handicap en particulier pour entraîner un jeune handicapé. Il suffit d'être un expert dans un sport et d'être disposé à ouvrir ses horizons. Si l'on pouvait faire comprendre à plus d'organisations et d'entraîneurs locaux que le défi n'est pas aussi grand qu'ils le croient et si l'on pouvait offrir de la formation aux entraîneurs ou leur payer des cours, les jeunes handicapés auraient accès à plus de programmes. Nous n'aurions pas besoin de fonds particuliers ou de programmes spéciaux si l'on pouvait montrer à la population à quel point c'est facile d'initier des jeunes handicapés à des sports. Les gens pourraient voir quelle contribution ces jeunes peuvent apporter et les organisations pourraient prendre de l'expansion en offrant de nouveaux programmes.

Le vice-président : Y a-t-il d'autres questions? Dans ce cas, au nom du comité, je tiens à remercier nos témoins et d'avoir contribué à cette importante étude. En tant que père d'un enfant handicapé, je commence à comprendre deux choses : que l'accès à des programmes n'est pas facile et qu'il est difficile de sensibiliser davantage les médias et les citoyens à ce qui est offert aux personnes handicapées et à ce qui leur manque. J'espère que notre démarche amorcera une nouvelle vague de sensibilisation au pays.

Je crois comprendre qu'on vous a remis l'ébauche du budget. Je suis convaincu que vous avez eu le temps d'y jeter un coup d'œil. Ce budget a été abordé lors de la dernière législature.

Y a-t-il des questions au sujet de cette ébauche?

Le sénateur Zimmer : Non. Avez-vous besoin qu'un de nous propose une motion?

Le vice-président : S'il n'y a pas de questions, quelqu'un devra proposer une motion pour l'adoption du budget.

Le sénateur Andreychuk : J'imagine que le budget correspond à ce dont nous avions discuté. Le montant semble un peu plus élevé, mais je crois que c'est pour tenir compte des déplacements et de ce qui se fait dans les autres comités.

Daniel Charbonneau, greffier du comité : Vous avez raison. Le montant est un peu plus élevé, car il a fallu tenir compte de l'augmentation du prix des billets d'avion et des nouveaux frais de service qu'il faut payer, notamment pour les passeports et les visas.

Le sénateur Andreychuk : En fait, les billets d'avion pour l'Afrique en ce moment sont offerts à des prix ridiculement bas, pourvu que l'on évite la période des vacances scolaires alors que les élèves voyagent en Europe. Dans certains cas, c'est probablement moins dispendieux de voyager vers l'Afrique que vers l'Europe. Si l'on veut vraiment faire ce voyage, il faudrait y penser.

M. Charbonneau : Le budget doit être approuvé par le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration. Dès que ce sera fait, nous pourrons acheter les billets.

Le vice-président : Nous devons maintenant poursuivre les travaux à huis clos afin d'examiner l'ébauche du rapport sur l'exploitation sexuelle et de discuter de quelques questions de régie interne.

Est-ce que les membres conviennent de poursuivre la séance à huis clos?

(La séance se poursuit à huis clos.)


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