Délibérations du comité sénatorial permanent des
Droits de la personne
Fascicule 15 - Témoignages (séance de 10 heures)
OTTAWA, le lundi 11 juin 2012
Le Comité sénatorial permanent des droits de la personne se réunit aujourd'hui, à 10 heures, pour étudier la question de la cyberintimidation au Canada en ce qui concerne les obligations internationales du Canada en matière de droits de la personne aux termes de l'article 19 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.
Le sénateur Mobina S. B. Jaffer (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Honorables sénateurs, nous en sommes à la septième réunion du Comité sénatorial permanent des droits de la personne de la 41e législature. Le Sénat nous a confié le mandat d'examiner les questions relatives aux droits de la personne au Canada et ailleurs dans le monde.
Je m'appelle Mobina Jaffer, et en tant que présidente de ce comité, j'ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette réunion.
[Traduction]
Bienvenue à tous. Nous avons hâte d'entendre ce que vous avez à nous dire. Sachez que nous avons commencé nos réunions très tôt ce matin uniquement dans le but de pouvoir vous accueillir. Merci de prendre le temps de venir nous voir. Avant de vous donner la parole, je vais demander aux membres du comité de se présenter. Je m'appelle Mobina Jaffer et je suis présidente du Comité sénatorial permanent des droits de la personne.
Le sénateur Ataullahjan : Salma Ataullahjan; je représente Toronto, en Ontario.
Le sénateur Meredith : Sénateur Don Meredith, de l'Ontario également.
[Français]
Le sénateur Boisvenu : Sénateur Pierre Hugues Boisvenu, représentant du Québec.
[Traduction]
Le sénateur White : Sénateur Vern White, de l'Ontario.
Le sénateur Harb : Mac Harb, de l'Ontario.
La présidente : Le 30 novembre 2011, le Comité sénatorial permanent des droits de la personne a été autorisé à étudier la question de la cyberintimidation au Canada en ce qui concerne les obligations internationales du Canada en matière de droits de la personne aux termes de l'article 19 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.
Vous connaissez la définition que donne l'ONU au mot cyberintimidation, mais je vais la répéter à l'intention de ceux et celles qui nous regardent :
Les brimades et le bizutage psychologiques de la part d'adultes ou d'autres enfants, y compris au moyen des technologies de l'information et de la communication (TIC) comme les téléphones mobiles et Internet (on parle alors de « cyberintimidation »).
Au cours des dix dernières années, nous avons vu comment le phénomène de l'intimidation s'est propagé des salles de classe et des terrains de jeux jusqu'à nos foyers, au moyen d'Internet. Vu la popularité des appareils mobiles et des téléphones intelligents, il est devenu difficile, voire impossible, d'échapper aux cyberintimidateurs. On peut même dire que les appareils mobiles comme les Blackberry et les iPhone sont devenus un appendice anatomique de beaucoup de jeunes, car ils ne s'en séparent pratiquement jamais.
Nous pensions au début que la cyberintimidation concernait les adolescents de 12 à 17 ans, à peu près. Mais la semaine dernière, des jeunes nous ont dit que des enfants de six ans avaient des iPhone et des téléphones mobiles. Le problème concerne donc un plus grand nombre d'enfants.
Nous vous souhaitons la bienvenue parmi nous. Je vais présenter brièvement vos organisations à mes collègues, mais je suis sûre que vous le ferez aussi. Nous accueillons ce matin les représentants de trois organisations. La première est une organisation de lutte contre l'intimidation, qui nous parlera de ce problème au niveau international. Les deux autres sont l'Anti-Bullying Alliance et Childnet International.
Je vais vous demander de vous présenter et de dire quelques mots sur votre organisation. Vous avez la parole.
Lauren Seager-Smith, coordonnatrice, Anti-Bullying Alliance : Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant votre comité. Je m'appelle Lauren Seager-Smith, de l'Anti-Bullying Alliance, qui a son siège en Angleterre. Notre organisation a été créée en 2002 par le National Children's Bureau et la National Society for the Prevention of Cruelty to Children, car il était nécessaire de coordonner la lutte contre l'intimidation dans les écoles anglaises. Nos membres sont des organisations, des écoles et des collèges qui sont déterminés à lutter contre toutes les formes d'intimidation parmi les enfants et les adolescents.
Je vais commencer par vous donner un aperçu très général du dispositif législatif et des lignes directrices qui s'appliquent aux cas d'intimidation, y compris la cyberintimidation, en Angleterre, au cas où vous ne soyez pas très au courant. Ensuite, je vous parlerai de ce qui se fait dans les écoles, avant de conclure par quelques réflexions sur les défis qui se posent actuellement chez nous, pour ce qui est de la cyberintimidation.
Je dois commencer par dire qu'en Angleterre la cyberintimidation n'est pas une infraction en soi, même si certaines lois traitent de ce phénomène. L'Education and Inspections Act de 2006 dispose que chaque école doit prendre des mesures pour prévenir toute forme d'intimidation parmi ses élèves, notamment communiquer chaque année à tous les élèves, au personnel et aux parents les lignes de conduite qu'elle a adoptées à cet égard.
L'Education and Inspections Act donne également aux chefs d'établissement le pouvoir de prendre des mesures disciplinaires à l'encontre des élèves qui ont une conduite répréhensible en dehors des locaux scolaires. Notre secrétaire d'État à l'Éducation a dit très clairement que les chefs d'établissement avaient la responsabilité d'intervenir directement en cas de cyberintimidation, en dehors des heures scolaires et à domicile.
L'an dernier, notre gouvernement a adopté un texte plus musclé, l'Education Act de 2011, qui donne expressément aux enseignants le pouvoir de vérifier que des appareils électroniques, y compris les téléphones mobiles, ne contiennent pas d'images inappropriées et, le cas échéant, de les supprimer. Cela a bien sûr des répercussions sur les droits des enfants, et il faut que vous sachiez que certaines organisations de défense des droits des enfants s'opposent à ce que les enseignants aient le droit de vérifier le contenu des téléphones mobiles de leurs élèves.
Faire du harcèlement ou proférer des menaces au moyen d'un outil de communication peut être considéré comme une infraction pénale, en vertu du Protection from Harassment Act 1997, du Malicious Communications Act 1988, du Communications Act 2003 et du Public Order Act 1986. Par exemple, si une école soupçonne qu'une infraction a été commise, elle est censée en informer la police. Le Malicious Communications Act 1988 pénalise l'envoi d'un message électronique à une autre personne qui a pour but de lui causer de la détresse ou de l'anxiété, qui est indécent ou manifestement insultant, qui constitue une menace, ou qui contient des informations que l'auteur sait être erronées. Même si nous n'avons pas de loi spécifique contre la cyberintimidation, nous pouvons invoquer d'autres lois pour lutter contre ce phénomène, et en Angleterre, des organisations comme le Child Exploitation Online Protection Centre ne se lassent pas de rappeler aux enfants et aux jeunes que la cyberintimidation peut être considérée comme une infraction pénale.
C'est en août 2009 qu'une première adolescente a été emprisonnée pour s'être livrée à de l'intimidation sur Facebook. Keely Houghton, âgée de 18 ans, a plaidé coupable de harcèlement et a été condamnée à trois mois d'emprisonnement dans un établissement pour jeunes délinquants, parce qu'elle avait publié un message sur Facebook où elle disait qu'elle voulait tuer Emily Moore.
S'agissant des activités que les écoles organisent pour lutter contre la cyberintimidation, je dois vous dire que, depuis sept ans, l'Angleterre organise, chaque mois de novembre, la Semaine contre la cyberintimidation. Cette semaine fait désormais partie du calendrier scolaire, et elle donne lieu à toutes sortes d'activités que les écoles et les collèges organisent pour lutter contre l'intimidation. Il y a à peu près trois ans, le thème particulier de cette semaine-là était justement la cyberintimidation, et ça a suscité beaucoup d'intérêt et de discussions.
Le Goldsmith College, de l'Université de Londres, a récemment fait une recherche sur la cyberintimidation chez les adolescents, et même si les résultats ne sont pas encore publiés, le collège a accepté que nous vous en communiquions une partie aujourd'hui.
Les auteurs constatent que la majorité des écoles ont adopté une politique sur une utilisation raisonnable de l'Internet à l'intérieur des locaux scolaires, et c'est dans ce document qu'il devrait être fait mention de la cyberintimidation. La majorité des écoles signalent des cas d'intimidation. La moitié d'entre elles le font par écrit, l'autre moitié par Internet, en laissant un message. En Angleterre, la loi n'oblige pas les écoles à signaler les cas d'intimidation, mais elles sont fortement encouragées à le faire.
La moitié des écoles sondées par l'étude avaient complètement interdit l'utilisation de téléphones mobiles dans leurs locaux. On parle beaucoup, chez nous, des pratiques à adopter en ce qui concerne l'utilisation du téléphone à l'école. Certaines écoles estiment que ça fait partie des technologies que l'enfant doit savoir utiliser, mais d'autres écoles estiment qu'il vaut mieux interdire l'utilisation du téléphone.
Soixante pour cent des écoles ont signalé des cas de cyberintimidation à leur fournisseur de service afin qu'il supprime du contenu, mais elles ont constaté que cela pouvait prendre jusqu'à trois mois. À maintes reprises, nous avons entendu dire qu'il était très difficile de supprimer des contenus sur des sites web comme YouTube et Facebook, et même si vous réussissez à les faire supprimer, ils ressurgissent ailleurs très rapidement.
Selon l'étude, les écoles signalent les cas d'intimidation qui se produisent à l'intérieur et à l'extérieur de leurs locaux, ce qui signifie qu'elles se servent des dispositions législatives en vigueur. Pour lutter contre la cyberintimidation, elles donnent à leur personnel la formation adéquate, envoient des notes d'information aux parents, et utilisent en salle de classe le matériel didactique que leur fournit le Child Exploitation Online Protection Centre, notamment une série de court- métrages sur la cyberintimidation.
L'Anti-Bullying Alliance se heurte à plusieurs obstacles dans sa lutte contre la cyberintimidation et dans les efforts qu'elle déploie avec ses organisations membres dans les écoles. Nous avons toujours le même problème avec les fournisseurs de services, car il est très difficile de faire retirer un contenu offensant d'un site. On nous dit toujours que ça va prendre beaucoup de temps. Et comme je le disais tout à l'heure, même si on réussit à le faire enlever, le contenu peut ressurgir ailleurs très rapidement. Ce n'est donc pas nécessairement une solution.
En Angleterre, on entend dire que des enfants de plus en plus jeunes utilisent les réseaux sociaux et un téléphone mobile. Vous parliez d'enfants de six ou sept ans tout à l'heure, et en Angleterre, c'est de moins en moins rare. Cela pose des problèmes lorsqu'ils n'ont pas la maturité nécessaire pour éviter les pièges des relations dans le cyberespace. Ce qui nous préoccupe particulièrement, c'est le contenu sexuel de ces communications, comment les enfants réagissent à ça, et aussi comment ils réagissent à la cyberintimidation. Les sextos, c'est-à-dire les images ou les messages explicites envoyés au moyen des technologies numériques, sont un problème de plus en plus fréquent non seulement chez les adolescents, mais aussi chez les enfants plus jeunes. Selon des études récentes de la NFPCC, ces sextos sont souvent coercitifs; ils touchent surtout les filles; les sextos entre les enfants et les adolescents révèlent des pressions sexuelles exacerbées; et même les enfants plus jeunes sont touchés par ça.
Il est particulièrement difficile, pour les écoles, de contrôler les sextos, car ils font intervenir d'autres problèmes relatifs aux relations sexuelles, à l'éducation et à la protection des très jeunes enfants. De plus, les enfants qui envoient des sextos peuvent se retrouver sur le registre des délinquants sexuels ou être poursuivis pour des infractions liées à des infractions sexuelles. C'est donc un problème qui nous préoccupe beaucoup.
L'ABA part du principe qu'on ne réglera pas le problème de la cyberintimidation tant qu'on n'aura pas donné aux enfants et aux adolescents l'éducation et le soutien nécessaires pour avoir des relations saines avec leurs pairs, y compris des relations sexuelles. Nous sommes convaincus que ce qu'on constate dans le cyberespace n'est qu'une manifestation amplifiée des relations réelles qui existent entre les enfants et les adolescents, que ce soit sur Internet ou non, et que les enfants et les adolescents d'aujourd'hui ne font pas la distinction entre le monde réel et le monde virtuel. Ils considèrent plutôt que leurs sites de réseautage font partie de leur réalité quotidienne. Pour les générations plus anciennes, c'est parfois difficile à comprendre.
Il y a des solutions techniques à ce genre de problème, mais elles deviennent très rapidement désuètes. Ce qu'il faut, c'est enseigner aux jeunes les principes du respect et de la sécurité dans les relations interpersonnelles, que ce soit sur Internet ou ailleurs.
Stan Davis, corecherchiste, Youth Voice Project, Stop Bullying Now : Je m'appelle Stan Davis et je suis conseiller scolaire, psychologue pour enfants et chercheur aux États-Unis. J'ai écrit plusieurs ouvrages. J'ai un site web, j'enseigne aux éducateurs des techniques de prévention contre l'intimidation, et j'ai contribué à un livre sur la cyberintimidation. Je vais me faire l'écho de ce que vous avez dit. Je ne peux pas parler de la loi, car je ne suis pas avocat, mais je vais vous présenter ce que je considère comme des pratiques exemplaires dans ce domaine, du point de vue des États-Unis.
Premièrement, nous sommes nombreux à penser qu'il est important que les adolescents s'intéressent activement à la création de leur propre code en matière de citoyenneté numérique. Autrement dit, c'est l'adolescent qui doit forger son propre leadership, avec l'aide des adultes, parce que le genre de vie et de relations qu'il mène échappe en partie à notre compréhension. Il est très difficile pour les adultes de réussir à faire comprendre à l'adolescent ce qu'il doit faire et ce qu'il ne doit pas faire. Quand on essaie de passer du concept de la cyberintimidation à celui de la citoyenneté numérique, qui définit ce qu'est un citoyen positif en cette ère nouvelle, ça encourage la pensée créative et on s'aperçoit que les adolescents sont beaucoup mieux placés pour apprendre des choses aux autres adolescents et aux enfants plus jeunes, ce qui aboutit à un comportement nettement meilleur dans l'univers numérique.
Deuxièmement, nous devons poursuivre nos efforts et apprendre aux adolescents à être résilients, c'est-à-dire à ne pas renoncer à la moindre difficulté. Tout comme l'intimidation physique, la cyberintimidation est tantôt mineure, tantôt grave. Il ne faut pas oublier que notre objectif n'est pas seulement d'éliminer les comportements répréhensibles, mais aussi d'essayer d'aider les enfants à faire face à ce genre de comportement et à s'aguerrir, car nous n'arriverons jamais à éliminer complètement ces comportements. Il est important de bien garder ces deux perspectives à l'esprit. Elles ne sont pas opposées. Nous ne disons pas qu'il ne faut pas lutter contre la cyberintimidation; nous voulons simplement que les enfants soient plus résilients. Car il faut bien comprendre que si notre seul objectif est d'éradiquer la cyberintimidation, on n'aide pas vraiment les enfants à comprendre que ce n'est pas parce que quelqu'un ne les aime pas qu'ils doivent avoir quelque chose à se reprocher. Ces deux perspectives sont importantes. L'environnement médiatique dans lequel les enfants grandissent aujourd'hui est tel que, bien souvent, comme on le voit dans les émissions de téléréalité, il y a quelqu'un qui vous juge et qui vous fait pleurer, que ce soit une émission de variétés, un défilé de mode ou autre. Il est donc tout aussi important d'apprendre à être résilient.
Outre les solutions technologiques qui permettent d'empêcher la cyberintimidation, il faut aussi s'intéresser aux structures organisationnelles et lucratives qui se traduisent par une violation de la vie privée des adolescents. Je vais vous donner un exemple qui préoccupe un grand nombre d'entre nous. Nous savons que des adolescents s'inscrivent sur Facebook alors qu'ils sont loin d'avoir l'âge requis. Ils mentent, tout simplement. Même quand ils respectent les directives de Facebook, ça peut être un problème — et nous avons constamment des difficultés avec Facebook à ce sujet — parce que les paramètres par défaut en matière de protection de la vie privée sont très vagues. Autrement dit, ces paramètres permettent de nombreuses violations de la vie privée. Il faut prendre la peine de choisir les paramètres qui empêchent les autres d'avoir accès à nos renseignements personnels, et qui interdisent la divulgation de ces renseignements personnels sans notre consentement. Il va falloir se pencher sur ce problème. Il faudrait qu'il soit beaucoup plus difficile pour les adolescents, qui n'ont pas toujours suffisamment de jugeote pour penser aux conséquences que cela pourra avoir pour leur avenir et pour eux-mêmes, de s'inscrire dans un système où tout le monde peut avoir accès à toutes sortes d'informations sur eux. La protection de la vie privée, si ça veut encore dire quelque chose, c'est tout aussi important.
Il faut que la loi prévoie des sanctions. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que, et nous en avons un exemple flagrant avec les sextos, que la loi peut avoir d'énormes conséquences négatives imprévues, notamment à long terme, pour ce qui est des comportements sous la contrainte ou des comportements entre amis. Si elle pénalise autant un sexto échangé sans contrainte entre deux jeunes du même âge que l'infraction commise par un délinquant sexuel récidiviste, la loi risque de dissuader les gens de signaler ce genre de comportement et de les traumatiser inutilement.
Aux États-Unis, nous avons commis des excès. Nos lois sont souvent locales plutôt que nationales. Nous avons vraiment commis des excès en pénalisant trop lourdement des comportements qui auraient pu être sanctionnés avec moins de sévérité. C'est vrai qu'il faut des lois pour empêcher l'exploitation des enfants et des adolescents par des adultes et pour punir des comportements particulièrement cruels.
Nous avons aussi besoin de la technologie, même s'il est toujours possible de la court-circuiter. Elle nous permet de retracer l'identité de l'auteur ou l'origine d'un message. Mais nous avons pris du retard à ce niveau-là. Je sais, par mon expérience de psychologue, que le harcèlement au téléphone a beaucoup changé avec l'invention de l'affichage numérique de l'identité de l'appelant, car les gens se sont rendu compte qu'on pouvait les retracer. L'une des choses qui encouragent la cyberintimidation, c'est ce que mon amie Nancy Willard appelle « la planque de l'anonymat ». Les gens se disent : « je suis anonyme, j'ai un pseudo, mais personne ne sait qui je suis », et ça encourage les comportements répréhensibles. Toutes les études sur le mensonge et l'agression montrent bien que les gens dont la véritable identité est connue sont moins susceptibles de se livrer à des comportements répréhensibles. J'espère qu'on mettra au point des solutions technologiques qui permettront d'identifier clairement celui qui a publié un message ou qui en est à l'origine, et de supprimer rapidement et définitivement des contenus offensants. Pour l'instant, c'est difficile car les gens peuvent les télécharger et les publier ailleurs.
J'ai trois autres observations à faire. Premièrement, dans une étude nationale très importante que Charisse Nixon, de l'Université de Pennsylvanie, et moi-même avons réalisée, nous avons constaté que les jeunes victimes d'intimidation avaient surtout besoin du soutien et des encouragements de leurs camarades. On voit se dessiner des tendances encourageantes, avec des jeunes qui s'identifient, sur Internet ou ailleurs, pour apporter des encouragements et du soutien à ceux qui en ont besoin.
Le livre intitulé Letters to a Bullied Girl, qu'on appelle parfois aussi Olivia's Letters, est le compte rendu de plusieurs communications qui ont été données à ce sujet. Il montre bien les effets positifs que peuvent avoir des lettres de soutien anonymes ou même avec le nom de l'auteur. Une jeune femme m'a dit l'autre jour qu'elle avait créé une page Facebook à son école pour recueillir les compliments que les élèves se font entre eux. C'est très important d'encourager le soutien des camarades, car ça peut contribuer à réduire considérablement l'impact négatif de la cyberintimidation. Dans une certaine mesure, quand on participe à ce genre de manifestations de soutien, on est moins enclin à publier des commentaires méchants ou critiques.
J'ai deux autres observations. C'est un domaine où les parents ont un rôle important à jouer au niveau du soutien et des conseils, mais il y en a beaucoup qui ne comprennent pas le monde dans lequel vivent leurs enfants ou qui ignorent complètement quelle utilisation ces derniers font de la technologie. Mon amie Elizabeth Englander, de l'Université Bridgewater du Massachusetts, a constaté que beaucoup d'élèves du secondaire vont se coucher quand leurs parents leur disent, mais ils attendent que leurs parents soient endormis pour se relever en plein milieu de la nuit et passer quatre ou cinq heures au téléphone ou sur Internet. Ils retournent ensuite se coucher, dorment ou font semblant de dormir lorsque leurs parents viennent les réveiller, et se rendorment ensuite à l'école. Les parents n'ont aucune idée du nombre d'heures que leurs enfants passent à jouer avec ces appareils, appareils qu'ils leur offrent d'ailleurs de plus en plus tôt. Il y a beaucoup à faire pour éduquer les parents, même si, d'un autre côté, il faut aussi que les enfants aient la possibilité de faire partie de l'univers des communications électroniques.
Cela dit, si un enfant ne s'adresse pas à ses parents quand il a besoin d'aide, c'est souvent parce qu'il a peur qu'ils lui confisquent son téléphone mobile ou qu'ils lui annulent son compte Facebook. Car à ce moment-là, il se sent complètement isolé du reste du monde, et pour lui, c'est comme être mort. Les parents ont donc un parcours extrêmement difficile à négocier, et ils doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour aider leurs enfants. J'aimerais dire une dernière chose à propos de la terminologie.
Nous avons inventé le mot « intimidation » parce que nous croyions que ça nous aiderait à comprendre le phénomène. Le problème qui se pose, c'est qu'à ce mot, il y en a toutes sortes d'autres qui se raccrochent, et ça ne nous aide pas beaucoup. On en arrive à mettre des étiquettes sur les enfants : intimidateurs, cyberintimidateurs ou victimes, et j'aimerais bien qu'on cesse d'employer ces mots. Le même enfant peut être méchant à l'égard d'un autre, être la victime de la méchanceté d'un autre ou être témoin d'un comportement méchant. Mais si nous commençons à utiliser des étiquettes pour les désigner — par exemple, les cyberintimidateurs font ci, les intimidateurs font ça, ou les victimes font autre chose —, les enfants vont se sentir soit stigmatisés soit déculpabilisés. Quand je demande à un enfant qui était l'intimidateur, au fond de lui-même, il pense toujours : « c'est quelqu'un d'autre que moi ». À mon avis, ce sont les actes qui doivent compter, et pas le caractère.
Voilà donc ce qu'il est possible de faire, à l'aide de pratiques exemplaires : établir des normes de comportement avec la participation active des camarades et des enseignants; faire tout ce que nous pouvons, en tant qu'adulte, pour protéger les enfants contre des comportements répréhensibles, y compris leur exploitation par des entreprises qui fournissent des services numériques aux jeunes; et obtenir le maximum de soutien des pairs, des parents et des autres adultes.
La présidente : Merci beaucoup. Votre exposé était très intéressant.
Will Gardner, président-directeur général, Childnet International : Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître. Childnet est un organisme d'aide à l'enfance, qui a son siège au Royaume-Uni et dont la mission est de contribuer à faire d'Internet un espace sûr et attrayant pour les enfants.
En janvier 2011, Childnet a créé le Centre Internet sans crainte au Royaume-Uni. Il en existe un dans chaque pays de l'Union européenne. Notre rôle consiste notamment à organiser la Journée de la sécurité sur Internet, et à mobiliser le maximum d'organisations pour sensibiliser la population quant à l'utilisation sûre et responsable de la technologie.
Notre travail nous amène à nous rendre dans les écoles, et ce que vous avez dit à propos des utilisateurs de plus en plus jeunes m'intéresse tout particulièrement. Dans les écoles, nous parlons aux enfants, aux parents et au personnel de l'établissement, mais on nous demande de nous adresser à des enfants de plus en plus jeunes. Au début, nous pensions qu'il fallait prendre contact avec les enfants quand ils commencent à utiliser la technologie, afin d'influer sur leur comportement. C'est pour ça que nous avons commencé avec des enfants de l'école primaire, mais de plus en plus, on nous demande de parler aux enfants dès la première année du primaire, et ce sont des enfants de quatre et cinq ans. Il nous arrive même de parler à des enfants de trois et quatre ans pour leur expliquer comment envoyer de simples messages et parler à quelqu'un en cas de difficultés.
J'aimerais profiter de cette occasion pour vous parler de certaines études que nous avons faites au Royaume-Uni ainsi que des initiatives que nous avons entreprises. Dans des études récentes, nous avons constaté qu'environ 20 p. 100 du groupe des 9 à 16 ans estimaient avoir été victimes d'intimidation et que 8 p. 100 des enfants et des adolescents disaient avoir été victimes de cyberintimidation. On voit que la cyberintimidation est une sous-catégorie de l'intimidation.
J'aimerais vous faire part de certaines lignes directrices que nous avons établies pour les écoles au Royaume-Uni. Nous l'avons fait dans le but d'informer le personnel de ces établissements sur l'utilisation que les enfants font de la technologie, ce que la loi prévoit dans ce domaine, et ce qu'est la cyberintimidation, et afin de leur proposer toute une série de mesures — elles sont répertoriées dans deux grands chapitres — pour lutter contre la cyberintimidation et pour y faire face.
En gros, nous leur disons que la cyberintimidation, c'est de l'intimidation. Le fait qu'elle se fasse au moyen de la technologie change un peu les choses, mais c'est de l'intimidation quand même, qui décrit un comportement entre deux protagonistes différents.
Nous avons préparé un document de 35 pages, mais comme il avait de fortes chances de dormir sur les étagères des chefs d'établissement, nous avons aussi préparé un résumé de huit pages pour que l'information soit vraiment relayée au personnel des établissements et que le document puisse être consulté dans la salle des professeurs, par exemple. Après la publication de ce document, les syndicats d'enseignants du pays sont venus nous voir pour nous demander des conseils sur la façon de protéger leurs enseignants et le personnel des établissements contre la cyberintimidation.
D'après les études sur le sujet, environ 35 p. 100 des enseignants disent avoir été témoins de la cyberintimidation d'un collègue. C'est une constatation intéressante. C'est un phénomène qui touche les enfants et le personnel des établissements, mais nous savons aussi qu'il peut faire intervenir les parents également. Ce que nous préconisons, pour lutter contre la cyberintimidation dans les écoles, c'est une approche tous azimuts, en ce sens que, comme l'ont dit les témoins précédents, l'école va bien au-delà des locaux scolaires, elle inclut toute la collectivité. Elle doit donc informer les parents, les enfants, les jeunes, les enseignants ainsi que le personnel et la direction de l'établissement. Tout le monde doit savoir ce qu'est la cyberintimidation et ses conséquences. Chaque membre de la collectivité a un rôle à jouer pour prévenir la cyberintimidation et pour intervenir lorsqu'un cas se produit, et c'est cette approche que nous voulons encourager quand nous parlons de la cyberintimidation dans les écoles.
Mme Seager-Smith a parlé des pouvoirs qui ont été conférés aux écoles, en ce sens que le chef de l'établissement peut réglementer la conduite des élèves en dehors des locaux scolaires. C'est un pouvoir important que détiennent les chefs d'établissement, quand on sait que la cyberintimidation se produit souvent sur des supports comme Facebook, BlackBerry Messenger ou Windows Live Messenger, auxquels les élèves britanniques n'ont généralement pas accès dans les locaux de l'école. Et pourtant, nous savons que cela a un impact direct sur la vie scolaire des enfants qui utilisent ces supports-là. Nous encourageons donc les écoles à exercer ces pouvoirs.
Nous savons aussi que les élèves ne sont pas les seuls en cause, et que parfois, des enseignants font des commentaires sur leur réseau social à propos de leurs élèves, des parents et des autres enseignants à l'école. Sans parler des parents qui, eux aussi, peuvent publier des commentaires méchants sur des enseignants de l'école, par exemple.
Nous sommes convaincus que la lutte contre la cyberintimidation ne se limite pas à l'école et qu'il faut éduquer les enfants, les jeunes et l'ensemble du personnel.
J'aimerais maintenant dire quelques mots du régime d'inspection qui existe au Royaume-Uni. Nous avons une organisation, l'Ofsted, qui fait des inspections dans les écoles de l'ensemble du pays, sur la base d'un certain nombre de critères. Ces critères portent notamment sur la qualité de l'enseignement et l'efficacité de la direction de l'établissement, mais ils portent aussi sur la conduite et la sécurité des enfants. Ces inspections sont très utiles, car elles obligent la direction et le chef de l'établissement à rendre des comptes sur ce qu'ils ont fait pour assurer la sécurité des enfants qui leur sont confiés. C'est pour nous un outil important.
La cyberintimidation fait expressément partie du mandat de l'Ofsted.
Vous avez entendu parler des politiques en vigueur, et Mme Seager-Smith a fait allusion à celles qui se fondent sur une utilisation raisonnable des technologies. Il est important que la cyberintimidation figure dans les politiques qu'adoptent les écoles en ce qui concerne la conduite des élèves et la lutte contre l'intimidation, et c'est encore mieux si les enfants et les adolescents participent à l'élaboration de ces politiques. C'est à la direction de l'établissement de s'assurer que ces politiques ne sont pas reléguées aux oubliettes, qu'elles font partie de la vie scolaire et qu'elles correspondent bien à l'attitude qu'il faut avoir vis-à-vis des technologies, à l'école et en dehors; il est important bien sûr que les enfants aussi bien que le personnel connaissent parfaitement ces règles.
Au Royaume-Uni, nous avons une ligne d'assistance téléphonique qu'on appelle POSH, la Professionals Online Safety Helpline. Ne faites pas attention au sigle. La ligne est accessible aux enseignants, aux chefs d'établissement et aux travailleurs sociaux. Quand ils ont des problèmes relatifs à la technologie, ils peuvent téléphoner ou envoyer un courriel. La ligne a été créée il y a à peu près un an, et elle reçoit de plus en plus d'appels, notamment des chefs d'établissement qui s'inquiètent — comme l'a indiqué M. Davis — que de plus en plus d'enfants de moins de 13 ans utilisent Facebook à l'école, ou qui demandent ce qu'il faut faire en cas de sextos à l'école. Ils s'inquiètent aussi parfois que des parents fassent de l'intimidation à l'égard d'un enseignant de leur école, et ils demandent quoi faire.
Les chefs d'établissement font vraiment face à des problèmes délicats, et nous sommes heureux qu'ils aient accès à ce genre de soutien.
L'éducation est une composante importante de notre travail. Au cours des cinq dernières années, nous avons mis à la disposition des écoles différents matériels didactiques. Nous essayons de les rendre aussi accessibles que possible pour encourager les enseignants à les utiliser dans leur classe.
Il y a parfois de la réticence face à la technologie. Les enseignants doivent pouvoir utiliser des ressources avec lesquelles ils se sentent à l'aise pour parler de ces problèmes en salle de classe. Toutes sortes de ressources ont été mises au point au Royaume-Uni et dans les autres pays, qui sont vraiment utiles à l'enseignant et qui peuvent être utilisées dans les autres pays.
Les enseignants et le personnel de l'école ont eux aussi besoin de formation. Comme ils sont aussi la cible de cyberintimidation, il est facile de leur démontrer que c'est un phénomène qui les touche et qu'ils doivent par conséquent s'informer sur la façon d'utiliser les réseaux sociaux en toute sécurité et avec professionnalisme, et en informer à leur tour leurs élèves. Nous accordons donc beaucoup d'importance à l'éducation et à la formation du personnel.
De plus en plus d'écoles adoptent des politiques dans ce domaine. Nous en avions besoin parce qu'il fallait s'assurer que le personnel de l'école sache qu'il vaut mieux ne pas avoir des relations sociales avec des élèves sur Facebook, par exemple. Quand ils en recevaient la demande, très souvent, les enseignants étaient pris au dépourvu, et ils acceptaient. Il est important qu'ils reçoivent le soutien nécessaire pour pouvoir naviguer dans cet environnement en toute sécurité.
Permettez-moi d'ajouter simplement un ou deux commentaires. Nous voulons convaincre les écoles qu'en adoptant des politiques adéquates, elles pourront lutter efficacement contre l'intimidation, et que ces politiques s'appliquent aussi à la cyberintimidation. Les deux phénomènes ne sont pas tellement différents. Il faut donc convaincre les écoles que, pour régler le problème, il est préférable de commencer par des solutions concrètes, en dehors d'Internet. Même si, par exemple, un contenu est publié en ligne, la solution la plus rapide pour le faire disparaître est de demander à celui qui l'a publié de le retirer lui-même.
Par ailleurs, quand on a des preuves de cyberintimidation, il faut que les gens comprennent qu'il est important de garder ces preuves.
La cyberintimidation n'est pas un phénomène nouveau. Bon nombre d'outils sont à la disposition des écoles : des lignes directrices pour aider les écoles à étoffer leurs propres politiques; des matériels didactiques pour aider les écoles et autres groupes s'occupant d'éducation; des lignes d'assistance téléphonique pour le personnel des écoles, et des lignes d'assistance téléphonique pour les enfants.
Je m'en voudrais de ne pas vous dire quelques mots de notre service en ligne de mentorat par les pairs, le CyberMentors. Les enfants peuvent aller en ligne et parler à d'autres enfants qui ont reçu une formation de mentor. C'est une utilisation positive de l'anonymat d'Internet. Nous savons que les enfants n'aiment pas parler d'intimidation, mais ce service utilise une technologie qui encourage les enfants à partager leurs expériences.
Les écoles ont donc à leur disposition toutes sortes d'outils et de services susceptibles de les aider. La cyberintimidation est un défi que nous devons relever, mais nous avons des outils à notre disposition; il faut que les gens le sachent.
Pour terminer, j'aimerais faire un dernier commentaire sur les sextos. Au Royaume-Uni, l'Association of Chief Police Officers, l'ACPO, a publié des lignes directrices à toutes ses forces de police en leur recommandant essentiellement de faire preuve de bon sens dans les cas où des enfants publient des images d'eux-mêmes. La priorité absolue est de protéger l'enfant en cause, et ils comprennent bien que la pénalisation n'est pas nécessairement la meilleure solution. C'est ce que je tenais à vous dire pour conclure ma déclaration. Merci.
La présidente : Nous allons maintenant passer aux questions. J'aimerais en poser une à M. Davis. C'est notre dernière réunion sur cette question et vous êtes les derniers témoins que nous entendons. Il a souvent été question de la définition de l'intimidation. Plusieurs témoins ont essayé de définir la cyberintimidation. Dans votre déclaration, vous y avez fait allusion. Pensez-vous qu'il soit nécessaire d'élaborer une définition précise de la cyberintimidation?
M. Davis : C'est une question très intéressante. Les définitions qu'on trouve dans les études sur l'intimidation, puisqu'on a commencé à parler d'intimidation avant de parler de cyberintimidation, et dans un grand nombre de lois ne nous aident pas beaucoup dans le concret. Les trois types de définitions qu'on y retrouve sont très différents. Selon le premier type de définition, il faut, pour qu'il y ait intimidation, démontrer qu'il y a intention de causer du tort à quelqu'un. Cela pose énormément de problèmes, car on ne peut jamais vraiment déterminer les intentions de quelqu'un; par conséquent, les jugements comportent toujours une part de subjectivité, ce qui risque de provoquer des injustices.
Selon le deuxième type de définition, l'intimidation physique doit être documentée par une personne qui détient un pouvoir ou une autorité, et c'est encore moins applicable en ligne ou sur un support numérique que ça l'est en personne. C'est un gros problème.
À mon avis, la meilleure façon de définir ces comportements est d'appliquer la norme des « comportements qu'une personne raisonnable juge susceptibles de causer du tort ». J'ai passé en revue les lois relatives aux menaces, et j'ai trouvé, dans une ancienne loi canadienne, je crois, la norme des « menaces proférées », qui me semble tout à fait adéquate; il y a aussi la norme que nous avons dans notre District of Columbia : comportements qu'une personne raisonnable juge susceptibles d'inspirer la peur chez une autre personne.
Si nous définissons ainsi ces comportements dans la loi, nous risquons moins d'avoir des décisions injustes ou bizarres, que si nous essayons de savoir ce qu'il y avait vraiment dans la tête de celui qui a commis tel ou tel acte.
Cela dit, je pense qu'il est important d'assortir cette définition de sanctions minimes mais efficaces, quitte à prévoir des sanctions plus sévères en fonction de la gravité des comportements.
Chez nous, nous avons 42 lois différentes sur l'intimidation, et ce sont essentiellement les textes que j'ai consultés. Leur efficacité dépend de la définition qu'elles donnent de l'acte et du tort potentiel, comme les lois sur l'alcoolisme au volant, par exemple; tout dépend aussi si elles exigent la preuve qu'il y a eu intention de causer du tort, ce qui devient alors extrêmement difficile.
La présidente : Merci, monsieur Davis. Ce que vous dites est très instructif.
J'aimerais poser une question à Mme Seager-Smith et à M. Gardner. Je suppose que vous administrez des programmes, et j'aimerais savoir comment vous mesurez leurs succès, à l'aide de quels indicateurs?
Monsieur Davis, et vous deux aussi, vous avez parlé d'éducation. Devrions-nous mettre en garde les parents lorsqu'ils achètent un téléphone pour leur enfant, comme nous le faisons pour le tabac? Les fournisseurs devraient-ils faire une mise en garde aux parents? Cela devrait-il faire partie de notre programme d'éducation?
Mme Seager-Smith : Pour juger de l'efficacité des interventions, notre gouvernement a procédé, pendant un certain temps, à un télé-sondage annuel qui portait sur toutes sortes de questions relatives au bien-être des enfants et des adolescents. Il posait notamment des questions très détaillées sur l'intimidation et la prévalence de ce phénomène. Il demandait aussi aux enfants et aux adolescents, et c'est important, ce qu'ils pensaient de l'attitude de leur école face à l'intimidation. À notre avis, c'était une façon efficace de faire le constat de tout ce qui s'est fait en Angleterre, pendant les 10 dernières années, pour lutter contre l'intimidation, et une bonne façon aussi de l'évaluer. Ces télé-sondages ont montré que l'incidence de l'intimidation est restée relativement stable, mais qu'en revanche, même si 30 p. 100 des enfants ont dit avoir fait l'expérience d'une forme d'intimidation ou d'une autre au cours des 12 derniers mois et que 6 p. 100 ont dit avoir été victimes de grave intimidation, le nombre d'enfants qui l'ont signalé aux enseignants sans craindre des représailles a augmenté substantiellement au cours des années. Même s'il y avait toujours des cas d'intimidation, les enfants et les adolescents étaient beaucoup plus enclins à en parler et en savaient nettement plus sur la question. Pour nous, c'est un résultat positif.
Malheureusement, le gouvernement ne finance plus ce sondage annuel, ce que nous déplorons tout à fait, et nous allons essayer de faire en sorte qu'il soit rétabli. À l'heure actuelle, il est difficile de mesurer les taux de prévalence du phénomène dans nos écoles et dans nos collectivités.
Pouvez-vous me rappeler la deuxième question?
La présidente : Devrait-on inscrire une mise en garde sur les appareils?
Mme Sieger-Smith : Pour ça, je pense que c'est un peu trop tard. La majorité des enfants et des adolescents ont aujourd'hui ces appareils, et je ne vois pas quelle différence ça pourrait faire ou même si les gens y prêteraient attention. Il est important d'éduquer les parents et ceux qui s'occupent des enfants sur la façon d'utiliser un téléphone mobile en toute sécurité, mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne façon de le faire.
M. Gardner : Permettez-moi de répondre d'abord à la deuxième question, au sujet des mises en garde sur les appareils. Le problème avec les téléphones mobiles, c'est que quand vous les achetez, ils sont déjà dans une boîte, tout emballés. La première personne à utiliser l'appareil, c'est l'enfant qui le reçoit, quelle que soit l'occasion, et qui l'utilise immédiatement.
À notre avis, c'est le détaillant qui devrait donner des conseils, pas seulement en ce qui concerne la cyberintimidation, mais aussi sur la façon de se protéger contre des contenus inappropriés, sur le contrôle parental, ce genre de choses.
Au Royaume-Uni, les entreprises ont pour pratique de donner des conseils aux clients, qu'il s'agisse d'opérateurs de téléphones mobiles ou de sites de réseaux sociaux. La difficulté, c'est de s'assurer que les gens y prêtent attention. On constate que, malgré toutes les informations disponibles, les gens n'y font pas toujours attention. Il y a aussi les outils qui sont mis à la disposition des parents et de ceux qui s'occupent des enfants et des adolescents. Il faut encourager les écoles à faire la promotion des outils disponibles aux parents, comme les fonctions de signalement et les mécanismes de blocage de certains services. Au Royaume-Uni, les opérateurs de mobiles ont tous un centre d'appels ou un service pour les appels malveillants, qu'il est possible de contacter si vous êtes victime d'intimidation ou si vous êtes harcelé au téléphone. Ce sont là des mesures qui ont été prises.
Mme Seager-Smith a dit qu'il ne servait à rien de signaler des cas d'intimidation sur les réseaux sociaux, par exemple. Nous commençons toutefois à voir certaines améliorations. Facebook est en train de tester une sorte de tableau de bord où on peut signaler un cas d'intimidation : on reçoit alors un accusé de réception et on peut presque suivre les progrès du rapport, comme on le ferait pour un colis. Autrement dit, vous pouvez vérifier s'ils ont reçu le rapport, s'ils l'ont examiné et s'ils ont pris des mesures en conséquence. Nous faisons des pressions pour que ce système soit plus transparent, afin que les utilisateurs lui fassent davantage confiance.
En ce qui concerne l'évaluation des résultats, c'est toujours un exercice difficile à faire. Pour l'instant, ce n'est pas très structuré; nous avons fourni des ressources didactiques aux écoles et, pour voir si elles suscitent de l'intérêt, nous vérifions combien d'écoles les ont téléchargées; de cette façon, nous savons si les écoles utilisent ces ressources dans les salles de classe.
Un nombre limité d'études ont été faites sur l'efficacité de tel ou tel matériel. Je pense à une, relativement récente, qui souligne les résultats positifs de ces matériels.
Quand on fait ce genre de choses, ça coûte beaucoup d'argent et ça prend beaucoup de temps avant qu'on ait des résultats.
J'aimerais maintenant dire quelques mots sur la définition à donner à ce phénomène. Ce n'est pas une tâche facile. Je suis d'accord avec M. Davis à propos de l'intention, surtout lorsqu'il est question de technologie. Supposons que j'envoie un message à Mme Sieger-Smith où je dis du mal de quelqu'un; je ne m'attends pas à ce qu'elle le transmette à d'autres personnes. Donc, l'intention n'est pas là. Pour ce qui est maintenant de la récurrence, qui fait souvent partie de la définition de l'intimidation, ça aussi c'est difficile à prouver, car il se peut que je publie un message une seule fois et qu'il soit répété par ceux qui le regardent plutôt que par moi, même si on peut démontrer que l'objectif était que le message soit répété. Pour ce qui est de la définition, la formulation la plus simple est souvent la meilleure. Je ne veux pas dissuader les écoles de trouver une définition, mais, à mon avis, « intimidation par des moyens technologiques » serait une définition concise, utile et pratique.
Le sénateur Ataullahjan : Je vous remercie de vos exposés. J'aimerais vous poser une question, monsieur Davis. Vous avez parlé de citoyenneté numérique responsable. Comment apprend-on ça aux enfants?
Si j'ai retenu quelque chose de toutes les audiences que nous avons eues sur la cyberintimidation, c'est bien que la plupart des enfants et des spécialistes reconnaissent la nécessité de faire participer les parents. Comment pouvons-nous amorcer ce dialogue avec les parents? Nous aurons beau adopter des lois et faire témoigner des spécialistes, rien ne changera tant que les parents des enfants qui font de l'intimidation et les parents des enfants qui sont victimes d'intimidation ignorent ce qui se passe sur Internet.
M. Davis : En réponse à la première question, je dirai qu'au lieu d'imposer une définition de la citoyenneté numérique responsable, il vaut mieux poser des questions et écouter les suggestions. Nous avons constaté, aux États- Unis, au Canada et notamment au Nouveau-Brunswick, que lorsque vous demandez aux jeunes de définir ce que devrait être l'univers numérique et ce qu'il faudrait faire pour en favoriser l'instauration, ils sont prêts à faire des suggestions. En tout cas, j'ai constaté qu'ils réagissaient plus positivement que lorsque les adultes essaient de leur imposer une liste de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire. Il est important d'aider les enfants à comprendre que les messages qu'ils publient aujourd'hui peuvent avoir un effet négatif sur leurs possibilités d'emploi dans quelques années. Certes, il faut les sensibiliser au problème, au départ, mais ils participent beaucoup plus positivement à l'exercice si nous leur demandons de collaborer avec nous à la création d'un code de citoyenneté, plutôt que si nous leur imposons une définition quelconque.
Pour l'élaboration d'une définition, je pense qu'il est préférable d'avoir un processus en évolution constante, plutôt que d'imposer aux jeunes un code ou un ensemble de normes que nous avons au préalable établi. Les principes sont les mêmes : il faut avant tout éviter de causer du tort, il faut se protéger soi-même et protéger les autres, il faut se soucier des autres. Et les jeunes intégreront d'autant plus ces principes dans leur utilisation de la technologie qu'ils auront eu l'occasion de participer à leur établissement.
Nous avons parlé des enfants plus jeunes. Dans mon école, j'ai constaté que des enfants de neuf et 10 ans avaient un compte Facebook et qu'un nombre surprenant d'entre eux avaient été encouragés par leurs parents à mentir sur leur âge pour avoir le droit d'ouvrir un compte. J'allais leur expliquer ce qu'ils doivent faire pour éviter que leurs renseignements personnels ne soient divulgués, quand un ami m'a rappelé que j'avais dit que c'était les enfants qui devaient créer leur propre code. Je leur ai donc proposé de répondre à un questionnaire, et de m'indiquer ce qu'ils avaient fait pour protéger leurs renseignements personnels sur leur compte Facebook. Ces enfants avaient en moyenne 10 ans, et j'ai été estomaqué par la qualité de leurs commentaires. J'en ai conclu que la meilleure solution était de les laisser s'apprendre des choses entre eux. Lorsqu'un enfant disait : « Il faut faire comme ci ou comme ça », un autre répondait : « Moi, je sais le faire. »
Le fait que les jeunes s'adaptent vite aux technologies a ceci de positif que, lorsqu'on leur demande comment on doit se comporter dans l'univers numérique, on obtient beaucoup de réponses. On peut demander à un adolescent de l'enseigner à des enfants plus jeunes, ou demander à un enfant de 10 ans de l'enseigner à des jeunes âgées des six ans, mais il faut, bien entendu, aussi impliquer des adultes. La deuxième question se rapportait aux parents, et il y a trois domaines prioritaires. Je ne sais pas si c'est comme cela au Canada, mais j'ai l'impression que c'est le cas. Dans tous les secteurs que je connais, on constate que les parents ont de moins en mois l'impression d'avoir de l'autorité sur leurs enfants. Dans une certaine mesure, même dans notre pays, les parents croient de moins en moins qu'ils doivent avoir quoi que ce soit à dire sur la vie de leurs enfants. Nous devons faire du mieux que nous pouvons pour encourager l'exercice de l'autorité légitime et pour faire comprendre aux parents qu'ils ont un rôle à jouer.
En réponse à votre deuxième question, je dirai que nous devons aider les parents à faire face à des difficultés qui seront de plus en plus complexes. Il y a quelques semaines, un article extrêmement intéressant du New York Times traitait d'une problématique tout à fait caractéristique des parents modernes, à savoir comment discuter avec un enfant de neuf ans de sa première expérience de pornographie en ligne. Les choses ont beaucoup changé sur ce plan, car des enfants très jeunes, qui naviguent sur le Web ou sur leur téléphone, peuvent tomber, par hasard ou non, sur des images pornographiques, et ils se demandent alors s'ils doivent en parler à leurs parents, au risque de se voir confisquer leur appareil. Cela soulève toutes sortes de questions.
J'en viens maintenant aux étiquettes de mise en garde. Je reconnais qu'en général, ce genre d'étiquettes n'est pas ce qu'il y a de plus efficace. Par contre, ce qui est efficace, et les études sur le changement comportemental le montrent, ce sont les paramètres par défaut. Dans un monde idéal, il faudrait que l'enfant ou l'adolescent qui ouvre un compte Facebook s'inscrive, par défaut, au niveau de confidentialité maximum.
On pourrait aussi demander aux parents si le téléphone mobile, le téléphone intelligent, l'iPad ou l'appareil numérique qu'ils achètent est destiné à un enfant. Bien sûr, si les parents mentent, on ne peut rien faire, mais s'ils répondent oui, à ce moment-là, on peut programmer l'appareil pour qu'il ait accès à moins de sites. On pourrait même installer des filtres sur ces appareils, libre aux parents de les modifier ensuite.
C'est ce qu'on voit dans le monde hétéroclite de la restauration. Un menu de restaurant, c'est très calorique par défaut, et c'est à vous de demander le format plus petit pour la boisson gazeuse ou pour l'assiette de frites. Les gens consommeraient moins de calories si le menu par défaut comptait un nombre raisonnable de calories, et si les gens voulaient consommer davantage de calories, ce serait à eux de le demander.
Si les appareils vendus aux enfants avaient par défaut un accès un peu plus limité à Internet et si les parents devaient intervenir ou payer pour que leur enfant de sept ans ait un accès illimité à Internet dans sa chambre pendant la nuit, ils y penseraient à deux fois avant de prendre leur décision.
Par contre, si l'appareil ne comporte aucun filtre par défaut et offre un accès illimité à Internet, comme c'est le cas des téléphones intelligents, c'est alors aux parents qu'il incombe de prendre la décision de limiter l'accès, et il y a beaucoup moins de chances que cela se produise.
Plutôt que d'utiliser des étiquettes de mise en garde, il vaut mieux que les appareils destinés aux enfants aient, par défaut, un accès limité à Internet. On pourrait même envisager, lorsqu'un jeune veut ouvrir un compte sur un réseau social, qu'un paramètre par défaut exige le consentement des parents pour publier une photo sur ce compte. Il y a toutes sortes de solutions possibles. L'objectif doit être de faire en sorte que ces choses-là deviennent plus difficiles.
Les textos sont une autre fonction qu'on pourrait désactiver. La cyberintimidation permet d'envoyer des textos à un groupe, par conséquent on pourrait envisager de désactiver cette fonction. Ce sont des idées.
Le sénateur Wight : Je vous remercie de votre témoignage. Je pense qu'on est bien conscient que ceux qui font de l'intimidation traditionnelle sont bien différents de ceux qui font de la cyberintimidation. Ces derniers préfèrent souvent garder l'anonymat, alors que les intimidateurs traditionnels le font devant leurs amis ou d'autres personnes. Je dis cela parce que les méthodes de la justice réparatrice sont assez efficaces auprès des intimidateurs traditionnels.
Est-ce que l'un d'entre vous a fait l'expérience de la justice réparatrice, notamment en milieu scolaire, pour ce qui est de la cyberintimidation? Je vais d'abord m'adresser aux témoins britanniques, car ce pays est sans doute plus en avance que les États-Unis dans l'application des principes de la justice réparatrice.
Mme Sieger-Smith : Le Restorative Justice Council du Royaume-Uni a commencé à s'intéresser de très près à l'application des principes de la justice réparatrice dans les cas d'intimidation. En fait, on recourt de plus en plus aux méthodes de la justice réparatrice dans le cas des jeunes délinquants, mais encore assez peu en milieu scolaire, dans les cas d'intimidation.
L'une des difficultés que pose l'application de la justice réparatrice à des comportements d'intimidation vient du fait que l'intimidation traduit généralement un rapport de force inégal, et si l'on essaie de rassembler les deux parties dans une même salle, ça peut être extrêmement traumatisant pour la jeune victime. La chose peut être très difficile à gérer, et il faudrait que les enseignants reçoivent une bonne formation avant de pouvoir appliquer les principes de la justice réparatrice dans ce genre de situation, afin d'assurer la protection de toutes les parties.
Il est important de rappeler que les enfants et les adolescents sont les mêmes, qu'ils soient en ligne ou pas. C'est simplement la relation qui se fait en ligne ou pas. Les enfants et les adolescents qui se livrent à l'intimidation, en ligne ou pas, sont les mêmes. C'est simplement le support qui est différent.
Comme M. Davis, je ne voudrais pas qu'on colle à un enfant une étiquette d'intimidateur. À mon avis, c'est plus un type de comportement qu'un trait de caractère.
Même si on peut garder un certain anonymat quand on est en ligne, je ne pense pas que les enfants et les adolescents choisissent de faire de l'intimidation en ligne pour pouvoir garder l'anonymat. Je crois au contraire que certains enfants cherchent plutôt à le faire savoir. C'est vrai qu'on se sert de plus en plus chez nous du BlackBerry Messenger pour faire de la cyberintimidation, et que ça donne lieu à des humiliations très publiques, où les gens n'ont pas peur de s'identifier lorsqu'ils affirment que « telle fille est une pute, j'ai des photos qui le prouvent ». L'anonymat n'est pas nécessairement un facteur. L'essentiel, encore une fois, c'est le respect dans les relations, et je pense que ça s'applique à tous les enfants et à tous les adolescents.
Le sénateur Meredith : Monsieur Davis, vous avez pratiquement répondu à ma question au sujet du rôle que les parents ont à jouer. Plusieurs étudiants nous ont dit, la semaine dernière, que leurs parents ne s'intéressaient pas à ce qu'ils faisaient et que, par conséquent, ils n'osaient pas leur confier qu'ils avaient été victimes d'intimidation parce que... Monsieur Gardner, vous avez dit qu'ils avaient peur de se faire confisquer leur appareil.
Ce qui a piqué ma curiosité, monsieur Garner, c'est lorsque vous avez dit qu'il fallait éduquer les enseignants et que, eux aussi, ils étaient victimes d'intimidation. Comment ont réagi les directeurs d'écoles lorsque vous leur avez dit qu'il fallait éduquer leur personnel et que celui-ci était lui aussi victime d'intimidation et de cyberintimidation?
Les directeurs d'écoles ont-ils réagi favorablement à ce que leur personnel reçoive la formation nécessaire, afin de savoir quoi répondre quand un élève leur demande de devenir son ami sur Facebook? Que peuvent faire les directeurs d'écoles?
M. Gardner : Nous avons fait pas mal de travail sur ce front-là au cours des dernières années. Au début, il y a cinq ou six ans, les écoles ont commencé à se préoccuper du problème de la cyberintimidation parce que des membres de leur personnel en avaient été victimes; et tout d'un coup, le problème a pris de l'ampleur au sein de la communauté scolaire. Je pense qu'il faut saisir l'occasion. L'école a pour mission d'assurer la sécurité non seulement des enfants mais aussi des membres du personnel. C'est un aspect important de sa mission, et nous avons préparé toutes sortes de matériels didactiques qui présentent les réseaux sociaux et les technologies de façon très positive, car nous voulons que les écoles et les éducateurs soient parfaitement à l'aise vis-à-vis de ces choses.
Nous ne voulons pas que les nouveaux enseignants qui arrivent dans la profession se sentent obligés de renoncer à Facebook. Il y a des façons, pour eux, de continuer d'utiliser ces outils, mais ils ont besoin de conseils. Les réseaux sociaux estompent les distinctions entre la vie privée et la vie professionnelle, et c'est un défi important pour les enseignants. Ils doivent apprendre à utiliser les fonctionnalités appropriées pour préserver leur vie privée et pour gérer leur réputation professionnelle en ligne.
Parmi ces matériels didactiques, j'ai parlé d'une ligne d'assistance téléphonique pour les écoles. Les syndicats enseignants sont très actifs au Royaume-Uni, et nous avons fait de nombreuses démarches auprès d'eux à propos de cette question, notamment pour promouvoir les droits de leurs membres.
Ça a été très utile, et je pense que ça aide à sensibiliser les gens au problème de la cyberintimidation. Ça touche directement le personnel de l'école, la direction de l'école et, bien sûr, les enfants et les adolescents.
La présidente : Merci beaucoup. Nous pourrions vous écouter pendant des heures, mais nous devons terminer l'examen de cette question aujourd'hui. J'espère que nous aurons l'occasion de reprendre cette conversation un autre jour.
Merci beaucoup.
(La séance est levée.)