Délibérations du Sous-comité des Anciens combattants
Fascicule 7 - Témoignages du 24 octobre 2012
OTTAWA, le mercredi 24 octobre 2012
Le Sous-comité des anciens combattants du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui, à 12 h 10, pour étudier les services et les prestations dispensés aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et leurs familles.
Le sénateur Roméo Antonius Dallaire (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Mesdames et messieurs bienvenus. Nous poursuivons l'étude sur la transition des vétérans militaires et la possibilité de retourner sur le marché du travail et être des citoyens à part entière tout en reconnaissant leurs limitations et les avantages qu'ils peuvent offrir à la société civile.
Nous recevons aujourd'hui Elizabeth Steggles, directrice des affaires publiques à l'Association canadienne des ergothérapeutes (ACE). Elle nous fera part de son mémoire, ensuite, nous passerons à la période des questions.
[Traduction]
Vous pourriez commencer par quelques remarques ou par un résumé du document, après quoi, nous aimerions vous poser quelques questions. Nous avons jusqu'aux environs de 13 h 15.
Elizabeth Steggles, directrice des affaires publiques, Association canadienne des ergothérapeutes : Bonjour, mesdames, messieurs les sénateurs. Je m'appelle Elizabeth Steggles et je suis heureuse de représenter l'Association canadienne des ergothérapeutes. Merci de m'avoir invitée à partager de l'information sur le rôle de l'ergothérapie pour aider les anciens combattants dans leur transition vers la vie civile et sur les défis à relever pour offrir des services de réadaptation professionnelle dans un tel contexte.
S'adonner à une profession utile et appréciable est un facteur déterminant pour la santé. Selon les ergothérapeutes, une profession, c'est non seulement un emploi rémunéré — ce qui est un élément important — mais c'est aussi tout ce dont on a besoin, tout ce que l'on souhaite et tout ce que l'on est censé faire. Il s'agit du fonctionnement quotidien. Cela peut inclure non seulement le fait de gagner sa vie, mais aussi des « occupations » comme l'action de conduire jusqu'à la banque, jouer avec les enfants, regarder une partie de quelque chose avec des amis ou se brosser les dents. Une occupation ou une profession valable, c'est aussi personnel que des empreintes digitales et on ne peut pas deviner ce que les autres trouvent utile ou valorisant.
L'ergothérapie est née en 1915 pour aider les soldats qui rentraient de la Première Guerre mondiale dans leur transition vers la vie civile. Les ergothérapeutes travaillent avec les anciens combattants depuis près d'un siècle. On a reconnu que les soldats blessés avaient intérêt à avoir une occupation constructive et pertinente. Les « aides de guerre ou aides opérationnelles », comme on les appelait à l'époque, travaillaient de manière thérapeutique avec des soldats blessés pour rétablir leurs fonctions et pour les aider à faire la transition vers la vie civile. Aujourd'hui, les ergothérapeutes travaillent non seulement avec des anciens combattants qui ont subi des blessures physiques, mais aussi avec ceux qui souffrent de dépression, d'anxiété et de TSPT, suite à leurs expériences.
Les ergothérapeutes sont hautement qualifiés pour aider les personnes à identifier et à atteindre leurs objectifs professionnels, afin qu'elles puissent avoir des vies productives et satisfaisantes, avec une dépendance minime sur leur famille et sur la société, au sens large. Leur dépendance peut être d'ordre physique, émotif ou financier. J'aimerais vous fournir un exemple.
La semaine dernière, une ergothérapeute m'a dit qu'elle travaillait avec un ancien combattant d'aujourd'hui et avec sa famille. L'homme a toujours été quelqu'un de responsable et auquel tout le monde se fiait. À cause du TSPT, il s'est replié sur lui-même, incapable de quitter sa chambre et détaché de sa femme et de ses deux enfants. Après avoir discuté de la question, séparément avec le mari et avec sa femme, l'ergothérapeute les a encouragés à s'expliquer mutuellement leurs peurs et leurs frustrations. La femme a confié qu'elle se sentait impuissante et désemparée face au fardeau de s'occuper de toute la famille. Pour sa part, l'homme a expliqué qu'il avait peur des situations qui entraîneraient des retours en arrière et qui susciteraient des pensées intrusives, ajoutant qu'il se sentait en sécurité dans son lit, mais qu'il ressentait de la culpabilité et de la peur face à l'échec.
Le couple s'est entendu sur le fait que le mari allait essayer de se lever, de se laver et de s'habiller tous les jours. C'était un début. Aujourd'hui, avec l'aide de l'ergothérapeute, le couple se fixe de nouveaux petits objectifs pratiques, chaque jour. Il y a des rechutes, mais le mari s'occupe désormais de la plupart des tâches ménagères et il a commencé à conduire les enfants à des activités sportives, ce qui faisait partie de ses objectifs. La femme travaille. La vie n'est pas parfaite, mais elle s'améliore de jour en jour. Cela n'est qu'un seul exemple de la façon dont l'intervention d'un ergothérapeute peut être utile.
On sait que 48 p. 100 des anciens combattants signalent avoir du mal à effectuer la transition vers la vie civile. Ils sont atteints d'un plus grand nombre de maladies chroniques que la population générale et peuvent également souffrir de blessures physiques ou de troubles liés au stress opérationnel.
Les ergothérapeutes travaillent avec leurs clients et avec leurs familles, pour identifier les objectifs personnels, réaliser une évaluation des capacités et fixer des objectifs mesurables qui tiennent compte de l'environnement, dans son intégralité, à savoir des dimensions physiques, sociales et institutionnelles. En d'autres mots, l'ergothérapeute ne se concentre pas sur un seul aspect de la personne sans tenir compte de tout le contexte. Un médecin peut prescrire un médicament, tandis qu'un physiothérapeute peut soigner un muscle. Pour leur part, les ergothérapeutes travaillent avec leurs clients individuels et prennent tout en considération. C'est pour cela que les ergothérapeutes sont souvent comme des catalyseurs qui permettent de rassembler toutes les parties. Ils voient comment vit une personne, chez elle, et non pas dans un cabinet. Pour revenir à mon exemple, l'ergothérapeute m'a dit être la seule professionnelle à avoir vu le client, chez lui. Elle l'a vu alors qu'il n'était ni rasé, ni lavé. Il lui a dit : « Je suis désolé, mais je ne fais pas particulièrement bonne impression », à quoi elle a répondu « Non, effectivement. Parlons-en, justement ».
Anciens Combattants emploie des ergothérapeutes, mais j'ai cru comprendre qu'il y a trois principaux domaines de préoccupation.
Les ergothérapeutes sont employés à titre d'analystes des politiques et de gestionnaires de cas. Étant donnée la vision globale des ergothérapeutes, cela semble être tout naturel, mais ils jouent un rôle de généralistes. Les ergothérapeutes n'ont aucun représentant précis, à l'échelle nationale ou régionale. À cause de cela, on ne tient pas compte de l'incidence qu'ils peuvent avoir et on ne tire pas parti de leurs effets potentiels, de manière réaliste et efficace.
Dans certains districts, mais pas dans tous, les ergothérapeutes sont employés uniquement sur une base contractuelle. Ils travaillent en marge des équipes d'employés et ne sont pas inclus dans le processus décisionnel, voire même dans les événements sociaux. Par exemple, on m'a raconté l'histoire d'un ergothérapeute qui a été exclu des activités sociales de Noël. Cela limite l'incidence qu'ils peuvent avoir.
Les services directs d'ergothérapie sont offerts efficacement par des membres du secteur privé. Ces personnes relèvent du district et doivent faire rapport aux ergothérapeutes à contrat ou aux infirmiers. Les ergothérapeutes à contrat servent habituellement à examiner les rapports des ergothérapeutes privés — ce qui constitue un dédoublement de services. Les rapports peuvent aussi être examinés par des infirmiers ou infirmières qui ne comprennent pas les recommandations, ce qui mène souvent à des questions qui ne sont pas nécessaires et à des retards dans les services. Il convient d'employer des ergothérapeutes à l'échelle des districts, mais il faut qu'ils soient inclus au sein des équipes du personnel et qu'ils aient l'occasion de recommander l'inclusion de services d'ergothérapie appropriés et efficaces.
Je me suis délibérément concentrée sur l'exemple d'un ancien combattant souffrant de troubles mentaux, car le public n'est généralement pas au courant de ce secteur d'activité chez les ergothérapeutes. J'aimerais toutefois conclure en donnant un exemple tiré de ma propre expérience clinique.
Je travaillais avec un jeune homme atteint de lésions à la moelle épinière qui l'avaient rendu paralysé du cou jusqu'en bas. Ce n'était pas un ancien combattant, mais il aurait tout aussi bien pu en être un. Mes collègues ergothérapeutes lui ont fourni un fauteuil roulant motorisé qui lui permettait de se déplacer de manière indépendante et ils ont travaillé avec des architectes et des entrepreneurs pour concevoir et construire une maison accessible qui répondait à ses besoins individuels. J'ai travaillé avec un technologue en réadaptation pour lui fournir de l'équipement électronique à activation vocale pour qu'il puisse faire fonctionner un ordinateur et tout ce qui s'y rattache, contrôler sa télévision et autres technologies audiovisuelles, se servir du téléphone, répondre à la porte d'entrée et changer sa position dans le lit. La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles, il m'a dit : « Les médecins et les infirmières n'ont sauvé la vie, mais vous m'avez donné une vie qui vaut la peine d'être vécue ».
Merci.
Le président : Merci d'avoir été bref dans le survol de votre mémoire. Si mes collègues me donnent deux minutes, j'aimerais vous poser une ou deux questions.
Le sénateur Plett : Ce ne sera pas à cause de mes questions que vous n'aurez pas votre temps de parole, monsieur le président.
Merci d'être ici et merci pour votre exposé. Je crois qu'avec votre dernière histoire, vous avez, en quelque sorte, déjà répondu à une question que j'allais vous poser, mais êtes-vous également ergothérapeute?
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Plett : Travaillez-vous aussi avec Anciens Combattants?
Mme Steggles : Non, et je n'ai aucune expérience avec les anciens combattants.
Le sénateur Plett : Dans le premier exemple que vous nous avez donné — et il s'agit d'une magnifique histoire de réussite, ou, tout du moins, il semble que ça le sera — comment la famille est-elle entrée en contact avec la thérapeute? Habituellement, que faut-il faire? Il m'a semblé que c'était peut-être la femme qui l'a contacté, car l'homme n'était pas trop en état de le faire, n'est-ce pas?
Mme Steggles : Non. L'ergothérapeute travaillait à contrat, dans le privé, et je crois qu'elle avait été recommandée par le district. Désolée — la famille a été aiguillée par le district vers cette ergothérapeute privée.
Le sénateur Plett : Tout cela s'est fait en privé; il s'agissait de quelque chose de complètement privé —
Mme Steggles : Mais c'était couvert par Anciens Combattants Canada.
Le sénateur Plett : Couvert par Anciens Combattants Canada.
Le président : À l'échelle du district.
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Plett : Savez-vous combien est-ce qu'ils couvrent? Couvrent-ils jusqu'à ce que l'ergothérapeute juge que ce n'est plus nécessaire ou bien jusqu'où va cette couverture?
Mme Steggles : Dans ce cas précis, je crois que l'ergothérapeute a été prescrit pour une certaine période. Toutefois, si, en travaillant avec le psychologue, elle trouvait qu'il lui fallait plus de temps, on en tiendrait compte. En fait, dans ce cas précis, il se trouve que je sais que l'ergothérapeute travaille avec cet homme depuis cinq ans.
Le sénateur Plett : Vous avez dit « en travaillant avec le psychologue ». Les ergothérapeutes ne sont-ils pas des psychologues?
Mme Steggles : Non, il s'agit d'une profession différente.
Le sénateur Plett : S'agit-il alors surtout de physiothérapie?
Mme Steggles : Non. Comme j'ai tenté de vous l'expliquer, les ergothérapeutes travaillent avec les personnes qui souffrent de problèmes tant physiques que mentaux, ainsi que de maladies chroniques. Toutefois, nous nous concentrons sur les activités quotidiennes de la vie; nous nous concentrons sur tout ce que ces personnes doivent ou veulent faire dans la vie. Plutôt que d'essayer de changer l'état de santé mentale de la personne ou de lui prescrire des médicaments, nous nous concentrons sur ce que cette personne veut et doit faire dans la vie. Nous regardons la personne, nous lui parlons, nous travaillons avec elle et identifions ses passions dans la vie et ce qui est important à ses yeux.
Dans cet exemple précis, l'homme en question avait évidemment envie de réintégrer le milieu du travail, sous une forme ou une autre. Toutefois, il faut procéder petit à petit pour y arriver. D'après mon expérience, par exemple, quelqu'un qui souffre d'une blessure à la moelle épinière pourrait dire : « J'aimerais marcher ». Nous savons que ce n'est pas réaliste et il nous faut donc travailler avec le client pour essayer, petit à petit, de trouver ce qu'il doit faire. S'il me dit, par exemple, « je veux marcher », je lui réponds « Pourquoi avez-vous besoin de marcher? » et s'il me dit que c'est pour pouvoir aller promener son chien, je lui réponds qu'il pourrait le faire en fauteuil roulant. Vous vous efforcez de trouver d'autres façons de faire les choses.
Je ne suis pas sûre de répondre à votre question.
Le sénateur Plett : Si, c'est bon. Je vous demande votre indulgence, ici.
Mme Steggles : L'ergothérapie est souvent un concept difficile à comprendre pour les gens.
Le sénateur Plett : C'est clair. Vous faites toutefois un bon travail pour nous l'expliquer. N'êtes-vous donc pas une physiothérapeute?
Mme Steggles : Non.
Le sénateur Plett : Dans l'exemple que vous avez donné de la personne qui souffre de problèmes physiques, si elle pouvait marcher à nouveau, ne l'aideriez-vous pas pour qu'elle y arrive?
Mme Steggles : Non, mais parfois il y a un petit chevauchement, dans la mesure où nous offrons de la réadaptation, ce qui équivaut davantage à des mesures correctives. Par exemple, si quelqu'un a une blessure à la main, nous pourrions également prendre des mesures correctives, mais nous nous concentrons toujours sur la profession. Plutôt que de dire « je vais faire fonctionner cette main », on se demande plutôt « qu'ai-je besoin de faire avec cette main ».
Le sénateur Plett : J'ai une dernière question. Quelle est votre formation; qu'est-ce qu'il faut faire pour devenir ergothérapeute?
Mme Steggles : Il s'agit d'un programme de maîtrise clinique. Vous avez besoin d'un diplôme de premier cycle, puis il vous faut suivre un programme de maîtrise clinique sur deux ans. Cela a changé, il y a six ans, à peu près.
Le sénateur Plett : Y a-t-il une pénurie d'ergothérapeutes?
Mme Steggles : Oui. La pénurie se fait sentir davantage dans les régions moins desservies, telles que les régions éloignées. Il semble y en avoir assez dans les régions urbaines.
Le sénateur Plett : Toronto et Ottawa en ont suffisamment, par exemple.
Mme Steggles : Oui, mais si vous regardez les statistiques projetées, on s'attend à faire face à une grave pénurie d'ergothérapeutes et de la plupart des autres professionnels de la santé d'ici 2031.
Le sénateur Day : En raison des départs à la retraite?
Mme Steggles : Oui, surtout pour des raisons démographiques.
Le président : Cela nous permet d'enchaîner sur le milieu pour obtenir l'information.
Le sénateur Nolin : Merci d'avoir accepté notre invitation. Étiez-vous avec votre présidente lorsqu'elle a comparu devant le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes, en 2009?
Mme Steggles : Non, je n'y étais pas.
Le sénateur Nolin : En parlant des soins aux anciens combattants et aux soldats blessés, elle a déclaré que l'ergothérapie était une profession sous-utilisée par le ministère de la Défense nationale, les Forces canadiennes et Anciens combattants Canada. Pensez-vous que ce soit toujours le cas?
Mme Steggles : Oui, je crois. En réalité, je suis nouvelle à ce poste et j'essaye donc de rapidement me mettre au parfum. Je parle à des ergothérapeutes qui travaillent avec des anciens combattants et ils me disent qu'ils ont encore tendance à être utilisés comme des prescripteurs d'équipement. Toutefois, vous pouvez voir, avec le premier exemple que je vous ai donné, que nous faisons beaucoup plus que cela. Nous examinons la personne dans son ensemble. Souvent, lorsqu'on fait de la gestion de cas, on arrive bien à voir le tableau d'ensemble et à voir où les différents morceaux du casse-tête doivent s'imbriquer.
D'après ce que je peux donc voir, effectivement, les ergothérapeutes sont toujours sous-utilisés. Je crois que cela est peut-être dû à ce que je disais plus tôt, à savoir qu'il n'y a pas d'ergothérapeutes aux plus hauts échelons d'Anciens Combattants Canada et qu'il n'y a pas de surveillance du rôle que les ergothérapeutes peuvent jouer.
Le sénateur Nolin : Examinons la situation sous un autre angle. Quel est le niveau de collaboration qui existe entre votre association et les deux ministères que je viens juste de mentionner?
Mme Steggles : Je ne suis pas sûre de pouvoir répondre à cette question, car je suis, comme je l'ai indiqué, nouvelle dans ce rôle, mais je peux certainement me renseigner pour vous. Je sais qu'il s'agit là d'un domaine qui intéresse énormément l'Association canadienne des ergothérapeutes, car nous pensons qu'il serait tout naturel de travailler avec des anciens combattants, mais je peux certainement me procurer cette information pour vous.
Le sénateur Nolin : Parmi vos membres, combien travaillent dans les deux ministères que j'ai mentionnés?
Mme Steggles : Je suis désolée — je ne connais pas ces chiffres, non plus. Je peux me renseigner.
Le sénateur Nolin : Si vous arrivez à vous procurer ces renseignements, cela nous aidera à cerner le besoin. Merci. Je vous reviendrai lors d'un second tour.
Le sénateur Day : J'aimerais savoir si l'on retrouve des ergothérapeutes parmi les employés de la Défense nationale ou d'Anciens Combattants Canada.
Mme Steggles : Je pense qu'il y en a. En fait, je crois que le directeur de la réadaptation est un ergothérapeute et donc, nous y sommes représentés. Je suis désolée, mais je ne peux pas vous donner de chiffres exacts.
Le sénateur Day : Ainsi, il ne s'agit pas seulement d'un service externe, auquel on a recours de temps en temps, selon les besoins, n'est-ce pas?
Mme Steggles : Pour ce qui est des interventions cliniques, je crois qu'il y a des contractuels qui sont embauchés dans un but précis. Les gens qui travaillent à des échelons plus élevés sont généralement ceux qui travaillent sur les politiques et autres choses semblables. En revanche, je pense qu'à Anciens Combattants Canada, il n'y a aucun ergothérapeute à ces échelons supérieurs.
Le sénateur Day : Vous venez de décrire une personne.
Mme Steggles : Je suis désolée, mais quelle est la première organisation que vous avez mentionnée?
Le sénateur Day : Le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada. Ils travaillent ensemble sur le dossier des soldats blessés qui deviendront des anciens combattants.
Il arrive que vous ayez des gens avec la formation, n'est-ce pas?
Mme Steggles : Jusqu'à un certain point, oui.
Le sénateur Day : Aimeriez-vous simplement qu'il y en ait plus?
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Day : Il y a une relation que vous aimeriez voir se développer d'un point de vue clinique — notamment les ergothérapeutes qui sont indépendants et qui offrent leurs services, au besoin. Vous voudriez que cela se répande également, n'est-ce pas?
Mme Steggles : À l'échelle des districts, je crois que nous aimerions que les ergothérapeutes travaillent comme des employés plutôt qu'à contrat.
Je crois savoir qu'ils vont et viennent et que les choses changent, selon la politique. Je crois que ce n'est pas nécessairement mauvais d'embaucher un ergothérapeute à contrat, en fonction du niveau réel de prestation de service.
Le sénateur Day : Merci de nous avoir fourni vos documents de référence. Vous y indiquez être directrice des Affaires publiques à l'Association canadienne des ergothérapeutes.
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Day : Êtes-vous relativement nouvelle à ce poste?
Mme Steggles : Cela fait trois semaines que je suis arrivée.
Le sénateur Day : Toutes mes félicitations. C'est le baptême par le feu, ici.
Mme Steggles : Effectivement.
Le sénateur Day : Par le passé, avez-vous travaillé dans le domaine que vous venez de nous décrire dans le privé, en offrant vos services à des particuliers?
Mme Steggles : J'ai une longue expérience à mon actif et j'ai donc travaillé dans de nombreux domaines de l'ergothérapie, aussi bien dans le privé que dans les soins de santé, dans des hôpitaux et dans des services de soins à domicile.
Le sénateur Day : Si nous allions dans un grand hôpital, y trouverions-nous probablement des ergothérapeutes?
Mme Steggles : Oui, vous en trouveriez.
Le sénateur Day : Si le docteur responsable d'un patient pensait que la personne avait besoin des services d'un ergothérapeute, il les lui prescrirait?
Mme Steggles : C'est possible. Toutefois, étant donné que nous sommes des professionnels autonomes et indépendants, n'importe qui peut demander nos services. Cela n'a pas besoin de passer par un médecin. Si je me fie à ma propre expérience — je suis au Canada depuis 1982 — je n'ai jamais une seule fois travaillé sous la direction d'un médecin.
Le sénateur Day : De temps en temps, les assureurs demandent-ils les services d'un ergothérapeute?
Mme Steggles : Cela varie et cela dépend des assureurs. Cela varie beaucoup d'une région à l'autre du pays. Dans le domaine des assurances automobiles, les services sont généralement couverts. Un autre sujet qui tient à cœur à l'Association canadienne des ergothérapeutes, c'est que nous voulons encourager les assureurs privés à couvrir un plus grand nombre de services d'ergothérapie.
Le sénateur Day : Qu'en est-il des indemnisations des accidents du travail, par exemple, dans d'autres domaines?
Mme Steggles : Je dirais qu'elles couvrent l'ergothérapie, jusqu'à un certain point.
Le sénateur Day : Les assureurs d'invalidité longue durée aimeraient voir les gens s'en sortir et retourner au travail, au moins les voir devenir plus mobiles?
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Day : Toutes ces questions sont assez fondamentales, car nous essayons de comprendre le programme.
Le sénateur Plett : Une petite question supplémentaire : travaillez-vous pour le régime d'assurance-maladie, à l'occasion?
Mme Steggles : Oui. Vous voulez dire le système de santé public?
Le sénateur Plett : Santé publique.
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Day : Pour revenir à l'exemple précis que vous nous avez cité — et c'est très utile que vous nous donniez de tels exemples — vous avez parlé d'un homme qui était alité et qui a présenté ses excuses, car il avait mauvaise mine, et j'ai eu l'impression que l'ergothérapeute faisait preuve d'une fermeté affectueuse en lui disant : « Vous avez raison; vous n'avez pas bonne mine, alors parlons-en ». Pensez-vous que c'est le genre de démarche qu'utiliseraient tous les ergothérapeutes ou s'agit-il d'une démarche individuelle? Il me semble que j'aurais dit : « Eh bien, oui, mais ne vous en faites pas; on peut s'en occuper », ou quelque chose de ce genre.
Mme Steggles : Je crois qu'il s'agit d'une démarche individuelle de l'ergothérapeute qui jauge ce qu'elle sait de la personne et qui essaye de savoir s'il est approprié d'adopter une telle méthode avec quelqu'un. Je crois que l'objectif visé, ici, était de dire : « Vous n'êtes pas en train de cacher quoi que ce soit ». Le but de cet exemple, c'est de montrer que, très souvent, si les gens vont dans un cabinet pour parler à quelqu'un, ils se pomponnent, ils se ressaisissent avant d'entrer parler aux autres. Si vous voyez quelqu'un chez lui, vous voyez les mauvais côtés également et il s'agit de reconnaître qu'il y a du mauvais et que l'on peut en parler — vous n'avez pas besoin de le cacher.
Le sénateur Day : Cela préoccupait le patient — si je peux me permettre de l'appeler ainsi; et l'ergothérapeute ne lui a fait aucune concession à ce chapitre, en lui disant : « Oui, vous avez l'air plutôt sale et d'apparence négligée, mais parlons-en ». Est-ce la démarche à laquelle on peut normalement s'attendre?
Mme Steggles : Encore une fois, comme je l'ai dit, je crois que cela dépend du thérapeute et de ses connaissances d'un client précis. Cela fait partie de notre expertise, de changer d'angle d'approche, en fonction de la personne avec laquelle on travaille, de ce que l'on a appris sur cette personne et de ce qu'elle peut ou ne peut pas encaisser et accepter.
Le sénateur Day : Il s'agit de quelque chose d'individuel. L'exemple ne visait pas à nous faire croire que les ergothérapeutes sont durs et francs.
Mme Steggles : Nous ne sommes pas tous durs. Nous essayons d'être francs, mais nous nous efforçons de le faire de manière réaliste et d'accepter les choses. Je crois qu'il s'agit davantage d'accepter les choses.
Le sénateur Day : Merci. Vos réponses ont été très utiles.
Le sénateur Wallin : Mes questions vont dans le même ordre d'idées. J'essaye de savoir ce que c'est. La plupart de vos membres travaillent à contrat, soit dans le monde civil, soit dans le monde militaire, et vous aimeriez en voir davantage travailler comme employés?
Mme Steggles : Oui. Cela fait partie du message, oui.
Le sénateur Wallin : Pourquoi en est-il ainsi?
Mme Steggles : En fait, il y a deux raisons à cela. D'abord, s'ils sont embauchés à contrat par quelqu'un qui n'est pas ergothérapeute, cette personne ne sait pas nécessairement quels services d'ergothérapie sont requis et cela revient au point soulevé par le sénateur Nolin, quant au fait que les ergothérapeutes sont souvent sous-utilisés, car ils sont perçus comme étant des prescripteurs ou des spécialistes de l'équipement.
L'autre point — le plus important, d'après les conversations que j'ai pu avoir avec des ergothérapeutes, au cours de la dernière semaine — c'est que ceux qui travaillent à contrat ou les ergothérapeutes qui sont à contrat avec le district ne sont pas perçus comme faisant partie de l'équipe décisionnelle. Ils sont perçus beaucoup plus comme des gens de l'extérieur, ce qui fait qu'ils ne sont pas consultés; il ne s'agit pas d'une équipe interprofessionnelle; il n'y a pas particulièrement d'esprit de collaboration.
Le sénateur Wallin : Pourquoi les choses sont-elles différentes dans un environnement hospitalier? Comme vous l'avez dit, dans votre situation, vous n'avez jamais été sous la direction d'un médecin.
Mme Steggles : On a davantage tendance à travailler de manière interprofessionnelle. Si je suis assise autour de la table, cela ne veut pas dire que je ne communique pas avec un médecin, par exemple. Dans un monde idéal, dans un environnement interprofessionnel, nous devrions tous travailler pour atteindre le même objectif pour une personne, en particulier. Le médecin s'occuperait de sa part pour réaliser l'objectif; l'infirmière s'occuperait aussi de sa contribution à l'objectif et l'ergothérapeute s'occuperait de sa contribution à l'atteinte du but visé.
Le sénateur Wallin : Ce que j'essaye de dire, c'est que dans la vraie vie, nous aimerions tous bénéficier d'une continuité des services, dans tous les domaines, mais mon père, un ancien combattant, reçoit des soins à domicile. Tous les jours, c'est une personne différente. Lorsque vous allez chez votre médecin, vous pouvez aller voir le docteur A ou le docteur B, si le docteur A, qui est le vôtre, est absent ce jour-là. Les infirmières travaillent par rotation, en fonction de leurs quarts de travail. La profession médicale ne vous garantit aucunement que vous verrez la même personne ou qu'il y aura même une certaine continuité.
Mme Steggles : Je crois que vous trouveriez la situation différente dans le domaine de la réadaptation. Avec les soins de santé primaires, vous finissez par aller voir la personne qui est disponible. En réadaptation, je crois que la situation serait différente, de manière à ce que si vous étiez admise à l'hôpital pour votre réadaptation, vous verriez le même ergothérapeute et le même physiothérapeute, tout au long de votre réadaptation. Ensuite, les choses changeraient, une fois rentrée chez vous, car les services à domiciles sont très souvent différents.
Le sénateur Wallin : Ce qui ne me semble pas être une solution, ici, ce serait de demander au ministère des Affaires étrangères de devenir un genre de service de soins de santé, pas plus qu'il ne devrait se transformer en service de conseils financiers. Lorsqu'un soldat se retire et qu'il est en transition, on souhaite qu'il reçoive de bons conseils sur la façon de dépenser son argent et sur la façon de le placer ou sur ce qu'il pourrait faire. Vous n'avez pas besoin de toujours avoir une personne à l'interne pour faire cela. Vous pourriez par exemple aller dans votre communauté, qui se trouve à des centaines de kilomètres de là, voir Joe Blogs, qui est la personne avec qui traiter. Pensez-vous vraiment qu'Anciens Combattants Canada devrait engager des ergothérapeutes? Est-ce là ce que vous proposez?
Mme Steggles : C'est ce que j'estime, oui, car on ne comprend pas toujours ce qu'un ergothérapeute peut faire. Si l'on a un ergothérapeute au sein du personnel, on peut lui demander de contribuer au processus en reconnaissant les différentes choses que l'on peut faire pour aider à changer la vie de quelqu'un. Vous avez des infirmières parmi le personnel; elles s'y connaissent en soins infirmiers, elles savent prendre soin des blessures et administrer des médicaments. Elles connaissent ce genre de choses, mais elles ne savent pas comment aider les gens à atteindre leurs objectifs quotidiens et à effectuer leurs activités journalières.
Le sénateur Wallin : Est-ce que vous nous avez dit que le chef des services de réadaptation était un ergothérapeute?
Mme Steggles : Je crois que oui. Je n'ai appris cela qu'aujourd'hui, de la bouche de mon assistante.
Le sénateur Wallin : Il y a donc vraisemblablement quelqu'un là-bas qui comprend, n'est-ce pas?
Mme Steggles : Cependant, ils ont tendance à jouer davantage un rôle de généraliste. Cela ne parvient pas jusqu'à la base.
Le sénateur Wallin : Merci.
Le président : Afin de préciser, cette personne haut placée dont nous sommes en train de parler, elle se trouve dans le domaine de la politique au MDN, mais pas à Anciens Combattants, n'est-ce pas?
Mme Steggles : Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre.
Le président : J'essaye de cerner exactement où vous vous situez dans cet exercice. Nous avons des blessures aussi bien physiques que psychologiques. Vous avez les physiothérapeutes et les médecins qui s'occupent de l'aspect physique, pendant les soins primaires, comme vous l'avez indiqué. Du côté psychologique, vous avez les psychiatres. Nous connaissons les frictions qui existent entre les psychiatres et les psychologues, au sujet de qui fait quoi, entre autres choses.
Étant donné cet ordre de préséance, au sein de ce que vous avez appelé un milieu interprofessionnel ou interdisciplinaire, y a-t-il des problèmes quant à la place que vos ergothérapeutes et vous occupez dans cet exercice et existe-t-il un désir de complémentarité entre les trois groupes ou bien êtes-vous les petits nouveaux dans le domaine?
Mme Steggles : Nous ne devrions pas être les petits nouveaux, étant donné que nous existons depuis un siècle, mais l'ergothérapie est une petite profession. Nous sommes 13 000 dans ce pays, de sorte que si vous nous comparez au nombre de psychologues et de physiothérapeutes, nous formons un petit groupe professionnel.
Nous traversons les frontières entre les disciplines car il est bien évident que bien des gens ne peuvent pas être étiquetés comme souffrant uniquement d'un trouble de santé mentale, d'un problème physique ou d'un état chronique. Nous serions en mesure de travailler avec ces gens, quels que soient les enjeux. Nous ne travaillons pas avec les gens en les classant dans des catégories, par exemple « Je travaille avec quelqu'un qui est atteint du TSPT » ou « Je travaille avec quelqu'un qui a eu une amputation ». Nous serions en mesure de travailler par-delà ces frontières.
Cela étant dit, il y a bien évidemment des personnes qui possèdent plus d'expertise que d'autres, dans certains domaines.
Le président : En guise de suivi, au sujet de l'éventail des compétences et des connaissances que vous utilisez durant vos soins, nous effectuons une étude sur la transition et le retour dans la société. Nous savons qu'ils obtiennent des soins de ces autres groupes professionnels qui offrent des services spécifiques. J'essaye de comprendre exactement quelle est votre position, là-dedans. Vous vous rendez au domicile de la personne, ce que d'autres professionnels ne font pas particulièrement.
Comment vous faites-vous confier un client de manière à intervenir et à commencer à aider cette personne à passer à un emploi ou à une activité occupationnelle?
Mme Steggles : Je crois que cela renvoie encore au fait que l'on émet une ordonnance pour un objectif précis qui risque de ne pas tenir compte de la vaste gamme de choses qu'un ergothérapeute peut faire. J'ose espérer que l'ergothérapeute travaillerait avec le client pour identifier ses objectifs, puisqu'il en ferait rapport en disant : « Voici ce que je peux vous offrir; je peux aider cette personne à retourner au travail », si c'est ce dont il s'agit, pour ensuite travailler, en suivant les processus mis en place pour atteindre cet objectif.
Le président : Vous apportez donc un élément différent de ce que ferait, admettons, un psychologue, dont l'objectif est de ramener les gens dans un cadre où ils pourront être stabilisés pour l'emploi. Quel serait donc votre angle d'approche à cet égard?
Mme Steggles : Sur un plan beaucoup plus pratique — en cherchant davantage à identifier l'occupation qui est importante pour cette personne, en voyant ce qu'elle veut faire et réaliser et en regardant ce que sa famille espère qu'elle pourra faire et atteindre.
Nous nous concentrons davantage sur l'aspect fonctionnel de la vie. Nous ne cherchons pas simplement à réparer un volet précis, mais nous essayons plutôt d'amener cette personne à une étape de sa vie beaucoup plus fonctionnelle et impliquée.
Le président : Vous travaillez dans les tranchées, aux premières lignes avec les personnes et leurs familles. Merci beaucoup.
Le sénateur Nolin : Madame Steggles, je m'inquiète. Je suis de plus en plus convaincu que vous pouvez aider. Toutefois, j'imagine que cela relève de votre mandat d'établir une relation entre votre association et les deux ministères dont il est question ici. N'est-ce pas?
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Nolin : Ils auront les mêmes questions que nous avons ici. Ce sera à vous de donner toute l'information manquante et de fournir des explications.
J'imagine que trois semaines, seulement, après votre arrivée, vous n'avez probablement pas encore toutes les réponses, mais je voudrais simplement vous poser quelques questions et essayer de comprendre le plan directeur que vous allez mettre sur pied pour présenter votre association et le travail de vos membres, afin d'appuyer ces deux ministères dans leur mandat pour que, ensemble, vous puissiez assurer le bien-être de nos soldats et de nos anciens combattants. Quels sont vos plans pour vous acquitter de ce rôle?
Après 45 minutes de questions, je crois avoir trouvé le problème, c'est-à-dire que j'essaye toujours de comprendre votre place dans le continuum de services.
Mme Steggles : Je prends note de vos commentaires. Il faut certainement que nous examinions cela. Comme je l'ai indiqué, nous sommes une petite profession dotée de peu de ressources et il nous est donc difficile de nous concentrer sur un domaine quand il en existe autant.
Je dirais que c'est une question prioritaire pour les ergothérapeutes. Nous essayons de faire de petits progrès. Le sénateur Wallin a eu l'amabilité de venir faire une présentation à notre conférence nationale, il y a deux ans, pour nous aider à sensibiliser les gens. Nous essayons de faire avancer les choses et de parler aux personnes qui comptent, ce qui explique notre grand enthousiasme lorsque nous avons été invités à comparaître ici. Cela est important pour nous.
Si vous pouvez nous donner des conseils et des suggestions sur la façon de faire avancer les choses, nous trouverions cela très utile également.
Le sénateur Nolin : Je crois que la première chose devra venir de vous. Il vous faudra élaborer votre propre plan en identifiant ce que vous avez à offrir et la façon dont vous voulez vous promouvoir et vous mettre en valeur. Je ne crois pas que cela fonctionnerait d'aller frapper à la porte du sous-ministre pour lui demander « Que puis-je faire pour vous aider? ». « Eh bien, qu'avez-vous à offrir? » C'est le genre de travail préparatoire que vous devrez faire avant d'aller faire votre promotion ou d'aller rencontrer les différentes personnes et les ministères responsables.
Mme Steggles : Merci. Vos commentaires sont utiles.
Le président : Je suis un tantinet surpris par le fait que les autres professions qui œuvrent dans le domaine et qui aident les gens à réintégrer un cadre de vie normal ne semblent pas reconnaître votre profession comme étant essentielle ou voir ce que vous pourriez faire comme un atout. C'est pour cela que j'ai demandé, plus tôt, s'il existait des tensions, dont nous n'étions pas au courant.
Mme Steggles : Je vois où vous voulez en venir. Je ne crois pas qu'il y ait de frictions; je crois plutôt qu'il s'agit d'un manque de compréhension de ce que nous sommes en mesure de contribuer.
Le sénateur Plett : Merci. Le sénateur Nolin a vraiment mis le doigt sur un sujet que je voulais aborder. C'est pourquoi je vous ai demandé, plus tôt, si le système public de santé couvrait vos services. J'ai cru comprendre que c'était le cas, tout comme pour le régime d'indemnisation des accidents du travail et pour différentes compagnies d'assurance.
Plus tôt, vous avez dit qu'Anciens Combattants avait recommandé que vous veniez en aide à cette personne. J'essaye également de voir ou de comprendre qui a demandé quoi. Je ne veux pas me montrer cynique, car je suis convaincu que vous faites certainement un excellent travail. Permettez-moi d'être clair à ce sujet. Je crois que les organisations comme la vôtre sont nécessaires.
De quoi s'agit-il, au juste : votre organisation est-elle en train d'essayer d'exploiter un autre filon ou bien est-ce que ce sont les anciens combattants qui estiment ne pas être suffisamment bien desservis? De quoi s'agit-il? D'après ce que j'ai pu comprendre et d'après vos commentaires, les anciens combattants peuvent s'adresser à votre organisation pour de l'aide dans différents domaines. Qu'est-ce qui a cafouillé? Où est le problème?
Mme Steggles : Je ne suis pas certaine de pouvoir répondre à cette question. Il est évident que quelqu'un d'autre dans mon organisation pourrait vous répondre. Je ne pense pas pouvoir le faire.
Le sénateur Plett : Et pourtant, vous êtes ici avec nous. Vous pourriez peut-être, par l'entremise de la greffière, nous envoyer des renseignements là-dessus, s'il y a quelqu'un d'autre qui peut répondre à cette question.
Mme Steggles : Oui.
Le sénateur Plett : Je suis vraiment curieux de savoir si ce sont les anciens combattants qui vous ont demandé de l'aide ou bien si c'est votre organisation qui a besoin d'un autre client.
Mme Steggles : D'après ce que m'ont dit les ergothérapeutes à qui j'ai parlé et qui travaillent avec le ministère des Anciens Combattants, ils pensent que leurs services sont sous-utilisés et que, dans certains districts, il n'y a même pas d'ergothérapeutes.
Le sénateur Plett : Pourriez-vous nous remettre quelque chose par écrit, par l'entremise de la greffière, pour nous dire qui est-ce qui pense cela? S'il s'avère que votre organisation est sous-utilisée, j'aimerais le savoir. Il se pourrait que les ergothérapeutes soient sous-utilisés, mais voient-ils des gens qui ont besoin d'eux ou pensent-ils ne pas avoir assez à faire en une journée et ne pas avoir assez de clients avec qui travailler?
Mme Steggles : Je vais certainement me procurer de plus amples renseignements et je vous les ferai parvenir.
Le président : Nous vous sommes reconnaissants d'être des nôtres. Votre expérience est certes considérable, mais vous êtes nouvelle dans vos fonctions.
Toutefois — et le sénateur Plett et le sénateur Nolin vous l'ont demandé — l'information que nous demandons à votre organisation est extrêmement importante pour nous aider à atteindre notre objectif et, possiblement, le vôtre. Elle viendrait très bien compléter le mémoire que vous nous avez remis.
Le sénateur Nolin : Il contient beaucoup de matière.
Le président : Oui. Entre ce qui est déjà ici et ce que vous pouvez nous fournir en plus, nous aurons un tableau beaucoup plus complet de la situation et nous pourrons ainsi juger de la manière dont vous pourrez, espérons-le, être utilisés à bon escient pour aider ces anciens combattants à faire la transition vers un emploi. Merci. Nous attendons avec impatience votre réponse.
Le sénateur Day : Mes questions, monsieur le président et chers collègues, découlent en quelque sorte de celles qui ont déjà été posées.
Tout d'abord, il y a peut-être d'autres professionnels qui estiment être tout aussi qualifiés pour offrir certains des services que vous avez décrits et que vous estimez pouvoir fournir. Comme le sénateur Nolin l'a fait remarquer, il serait important pour vous d'expliquer pourquoi vous êtes spécialement qualifiés pour offrir les services que vous avez mentionnés.
Par exemple, je crois qu'il est injuste de suggérer que les infirmières ne servent qu'à faire des pansements et à nettoyer les bassins de lit. Je crois qu'elles en seraient grandement insultées. Bon nombre d'entre elles travaillent dans des domaines comme les services infirmiers de santé publique et les soins infirmiers gériatriques. Il existe beaucoup de spécialités au sein des soins infirmiers qui ne consistent pas à prescrire de l'équipement pour des soins de physiothérapie, mais qui concernent plutôt l'aspect psychologique des soins aux patients. Vous le savez et il y a donc un chevauchement, ici.
Mon second commentaire porte sur les pratiques spéciales qui ont trait aux anciens combattants. Nous savons que les anciens combattants ou le personnel blessé des forces armées et qui ont besoin d'aide ont peut-être une mentalité différente de celle de monsieur et madame tout le monde. Ce sont des personnes qui ont été exposées à des situations personnelles difficiles, mais qui, aussi, de par le fait même d'être dans les forces armées, ont souvent tendance à nier leurs blessures ou à nier qu'elles souffrent d'un problème, physique ou psychologique, simplement à cause de la nature de leur occupation.
Vous n'avez probablement pas une masse critique suffisante d'ergothérapeutes qui travaillent au ministère de la Défense nationale et à Anciens Combattants Canada pour pouvoir développer ces pratiques exemplaires, mais s'agit-il là d'un des domaines que vous espérez développer et qui vous rendrait particulièrement qualifiés pour travailler avec des anciens combattants?
Mme Steggles : Vous m'avez fait penser à un exemple, pendant que vous parliez. Les ergothérapeutes travaillent notamment dans le domaine de la réadaptation des conducteurs. Nous savons que les gens qui ont appris à conduire au combat sont souvent très agressifs au volant et qu'ils ont du mal à s'adapter, une fois revenus à la vie civile. Ils ont tendance à avoir plus d'accidents que le grand public. Je crois que c'est un exemple qui montre qu'effectivement, nous reconnaissons que les gens ressortent avec une autre vision des choses et avec un éventail de compétences différent et que les gens qui ont servi dans les forces ont peut-être effectivement une vision de la vie qui est différente. Ils ont effectivement besoin d'une approche différente.
Le sénateur Day : Permettez-moi de terminer avec une petite histoire drôle. J'étais à Kaboul, en Afghanistan, il y a un certain temps de cela, et je me faisais conduire par des chauffeurs britanniques. On leur avait donné cet emploi à Kaboul, car ils avaient l'expérience de conduire à Londres, en tant que civils.
Mme Steggles : Oui; j'adore conduire à Londres.
Le sénateur Day : C'est justement l'autre côté de mon histoire.
Le président : Merci, sénateur. Cela met fin au deuxième tour de questions et je n'ai encore aucun nom sur ma liste pour le troisième tour. Prenons maintenant l'exemple d'une personne qui suit une thérapie toutes les semaines, la plupart du temps, chez des psychologues et, une fois par mois environ, chez un psychiatre. Toutefois, entre ses séances, cette personne rentre chez elle et sa famille est affectée par son état d'esprit et ressent les conséquences de sa présence.
Est-ce que votre travail consiste à aller dans cette famille pour aider les gens à vivre dans ce genre de situation, afin qu'ils puissent aider à stabiliser la personne qui est blessée et aussi pour empêcher que les choses ne tournent à la catastrophe, dans de telles conditions? S'agit-il d'un de vos domaines d'expertise?
Mme Steggles : Oui, je suis d'accord avec ce que vous venez de dire. Si vous reprenez l'exemple que je vous ai donné, c'était le psychologue et l'ergothérapeute qui m'ont parlé de la personne en question. La psychologue recevait cet homme dans son cabinet, mais les choses ne changeaient pas, car ils ne faisaient que parler des problèmes, sans que quiconque ne les aborde réellement, sur le terrain. C'est alors que l'ergothérapeute est intervenue pour que, ensemble, ils puissent travailler précisément sur ce qui ne fonctionnait pas pour le client et pour sa famille — c'est-à-dire pour commencer, à petits pas, à travailler sur des objectifs pratiques pour surmonter les difficultés, un pas à la fois.
Le président : C'est un rôle qui me paraît non négligeable. Bien des gens s'écroulent pendant ou entre ces séances et leurs familles vivent dans un stress énorme.
Vous pourriez être envoyée par le psychiatre ou le psychologue pour aller faire le sale boulot, sur le terrain, auprès de la famille, pour aider ces gens à appliquer ce sur quoi on est en train de travailler?
Mme Steggles : Oui.
Le président : Permettez-moi maintenant de transposer cela dans l'autre domaine. Qu'en est-il de la transition vers le milieu de travail? L'industrie veut-elle que vous veniez en aide à un ancien combattant blessé, qui arrive avec certaines limitations, pour adapter le milieu de travail à la personne, et vice-versa, pour que cet emploi soit efficace?
Mme Steggles : Il y a certainement des fabricants et des entreprises qui emploient des ergothérapeutes. Un qui me vient en tête est Toyota. Ils ont également des ergothérapeutes parmi leurs employés qui, je crois, s'occupent principalement du personnel qui a été blessé pour aider les gens à retourner au travail. Je ne suis pas sûre qu'il y ait la même volonté chez les employeurs d'aider les gens qui ne sont pas leurs employés à retourner au travail. Je crois qu'il va falloir sensibiliser les gens pour qu'ils voient le bien-fondé de tout cela. Toutefois, une fois que quelqu'un a déterminé que la personne a des compétences dans un domaine précis, le rôle des ergothérapeutes serait de l'aider à travailler en ce sens. Il existe des services d'ergothérapie professionnelle qui permettent aux gens de travailler pour atteindre des objectifs précis axés sur le travail.
Le président : C'est là que je veux en venir. Il existe des sous-spécialités, certaines qui sont davantage d'ordre professionnel et d'autres qui visent davantage les traumatismes et les ajustements à la vie. Il s'agit de volets que vous offrez aux gens pour les aider en phase de transition et de stabilisation, puis à devenir employables, n'est-ce pas?
Mme Steggles : Oui.
Le président : Les forces ont un grand nombre de psychiatres, mais ils n'ont que très peu de psychologues et ils ont tendance à sous-traiter leurs services. Toutefois, ils se sont rendu compte, tout comme Anciens Combattants Canada, qu'il y avait des problèmes lorsque les gens sont mutés d'un endroit à l'autre ou lorsqu'ils changent de service, allant du MDN à ACC. Ils changent alors de thérapeute. Ils en ont pris conscience et essayent d'éviter ce problème. Ils ont des thérapeutes d'AAC qui travaillent déjà au sein du MDN, de manière à ce qu'il n'y ait pas de changement de thérapie, car il s'agit d'un travail de longue haleine.
Votre organisation existe depuis une centaine d'années. S'il y a bien quelqu'un, au MDN et à ACC, qui devrait avoir de solides connaissances sur les besoins des anciens combattants, c'est bien votre organisation. Pourtant, vous nous donnez l'impression que vous êtes comme la cinquième roue du carrosse ou que vous brillez par votre absence. J'essaye juste de comprendre pourquoi votre profession ne s'est pas impliquée plus activement dans ce processus, si vous existez depuis aussi longtemps.
Mme Steggles : Je crois qu'il y a plusieurs facteurs en jeu, ici. D'abord, il faut préciser que, par le passé, nous n'avons pas étudié précisément les résultats de nos interventions. Nous nous sommes beaucoup améliorés à ce chapitre. Nous sommes maintenant nettement plus efficaces pour donner des statistiques, pour examiner une pratique fondée sur des données probantes et pour fournir un bon soutien, non seulement par rapport aux résultats, pour le client, sur une base individuelle, mais aussi par rapport aux résultats financiers. Je dirais que, par le passé, nous n'étions pas particulièrement bons dans ces domaines. Désormais, nous le sommes. En fait, de par le monde, les ergothérapeutes canadiens sont considérés comme des leaders de la profession. Nous avons créé la Mesure canadienne du rendement occupationnel, dont on se sert désormais dans le monde entier. Je crois que cela est utile. D'après ma propre expérience, je sais que cela fait une différence quand on peut fournir des statistiques qui démontrent, à l'aide de chiffres, la réussite de quelqu'un.
Je crois que nous avons fait des progrès à cet égard. Je le répète, nous sommes une petite profession et nous sommes souvent en situation minoritaire face à d'autres professions qui ne comprennent pas nécessairement les choses aussi bien que nous.
Le président : Il va falloir que vous vous débarrassiez de cette paranoïa à l'égard des chiffres, car vous disposez d'un produit de qualité que d'autres, à mon avis, n'offrent pas — vous vous rendez dans les familles, dans les tranchées, entre les séances formelles, pour venir en aide aux gens et atténuer leurs problèmes. Je crois qu'entre vous et vos pairs, vous pouvez probablement apporter une aide précieuse. Cela nécessite une reconnaissance de la profession et de nous. Merci pour cette information.
Le sénateur Nolin : Si vous me le permettez, j'aimerais faire ressortir une chose. Quand on forme une profession, cela signifie que dans chaque province, on retrouve un ordre pour sa profession. Tous les praticiens en ergothérapie dans la province du Québec doivent être inscrits ou autorisés.
Mme Steggles : C'est exact.
Le sénateur Nolin : À l'échelle du pays, on dénombre 13 000 membres?
Mme Steggles : Oui. Ils ne sont pas réglementés dans les territoires, mais ils le sont partout ailleurs.
Le sénateur Nolin : Pour être autorisé, il faut avoir suivi des études spéciales et avoir réussi un examen. Vous serait-il possible d'envoyer à la greffière et à nos chargés de recherche des renseignements sur le type de cours qu'on doit suivre, le type d'examen que l'on doit passer et tout autre renseignement que vous jugez pertinent, pour nous convaincre du fait que vous êtes des professionnels, dans un domaine bien précis?
[Français]
Le président : Il faut dire qu'ils ont tous une maîtrise en ergothérapie.
Le sénateur Nolin : C'est ce que je veux savoir.
Le président : C'est utile parce que cela va nous donner un autre point de vue.
[Traduction]
Le sénateur Nolin : Quel est le budget annuel de votre association?
Mme Steggles : Je suis désolée, mais je ne peux pas vous citer ce chiffre de mémoire.
Le sénateur Nolin : Voilà le genre de renseignements que vous devriez nous envoyer, car vous allez devoir mener une bataille ardue et vous aurez besoin de ressources.
Mme Steggles : C'est difficile.
Le sénateur Nolin : Oui.
Le président : Ai-je raison de dire que le MDN et Anciens Combattants font appel à vos ergothérapeutes pour aider les familles autant, sinon plus, que les membres eux-mêmes qui sont blessés?
Mme Steggles : Je crois qu'étant donné que nous ne voyons pas les gens de manière isolée uniquement, mais également comme faisant partie d'une famille, comme faisant partie de la société et de leur environnement, eh bien oui, nous les inclurions.
Le président : Je sais que vous nous avez dit que plus vite on réintègre les gens dans la vie active, mieux c'est. Ainsi, les Forces canadiennes ne devraient sûrement pas garder les gens longtemps et devraient leur faire faire la transition plus tôt. Toutefois, les forces ont une culture et un lien de loyauté incroyables que l'on ne peut pas briser uniquement, car une personne ne va pas bien. Je suppose qu'ils leur offrent un emploi, avec leur programme d'accommodement sur trois ans et avec leurs unités de soutien conjoint. Ils ne sont pas en train de se morfondre chez eux. Votre association ferait peut-être bien de réexaminer cette dimension, afin de voir comment le MDN s'occupe de ses employés et voir si vous maintenez toujours cette position. Nous aimerions beaucoup que vous nous donniez une réponse sur ce point. Avez-vous des derniers commentaires, madame Steggles?
Mme Steggles : Non, merci. Merci de m'avoir écoutée.
Le président : Merci d'avoir été franche avec nous à cet égard.
Honorables sénateurs, j'ai seulement deux points à aborder avant de lever la séance. J'aimerais attirer votre attention sur le rapport du Vérificateur général sur la transition des anciens combattants qui est sorti hier, notamment le chapitre 4. Si vous ne l'avez pas, je demanderai à la greffière de vous le distribuer. La lecture en vaut la peine, car il aborde exactement ce que nous sommes en train de faire — cela ne pouvait pas mieux tomber.
Le sénateur Nolin : Ce rapport contient de nombreux chapitres.
Le président : Oui, il en contient d'autres également, mais j'ai mentionné celui-là.
Sénateur Plett, vous avez demandé au comité directeur d'approuver l'ébauche de rapport sur la nouvelle Charte des anciens combattants que nous avons élaborée. Nous en sommes désormais aux deux dernières phrases à examiner. Le sénateur Plett et moi allons tirer nos conclusions d'ici vendredi, de manière à ce que, la semaine prochaine, vous puissiez avoir un exemplaire de cette ébauche en anglais et en français. Je sais que nous visions mercredi pour terminer notre révision, mais ce n'est pas ce que je veux faire, car cela ne nous donne pas suffisamment de temps pour tout lire. Nous ne souhaitons pas que notre étude ligne par ligne soit futile. Nous voulons que les gens reviennent en ayant lu le document. Nous allons quelque peu changer de vitesse, si cela vous convient, sénateur Plett. La semaine prochaine, nous recevons les représentants d'Anciens Combattants, puis, la semaine suivante, nous procéderons à l'étude de la charte. Cela vous donnera environ 10 jours pour passer le document en revue.
Le sénateur Plett : Après le congé?
Le président : Après le congé, désolé. Vous avez raison, ce qui vous accorde une semaine supplémentaire.
Je tiens à vous rappeler que vous nous avez confié, à nous deux, d'énormes responsabilités. Notre personnel travaille sur le dossier depuis près d'un an et en a fait l'étude minutieuse, à maintes reprises. Le personnel a fait un travail exceptionnel et je ne veux donc pas que les gens me disent : « Je n'aime pas cette virgule ici ou là ». Je veux savoir si nous sommes complètement à côté de la plaque ou pas. Nous commencerons notre étude par les recommandations, puis nous passerons au corps du document, si cela vous convient.
Le sénateur Plett : S'il s'agit d'un bon rapport, le sénateur Dallaire et moi aimerions en assumer tout le mérite, mais, si ce n'est pas le cas, comme il l'a dit, on dira que c'est surtout l'œuvre du personnel.
Le président : Si ce n'est pas le cas, je l'imputerai à l'ensemble des membres du comité. Ce sera la responsabilité du comité et non pas celle du personnel.
Merci encore, madame Steggles.
(La séance est levée.)