Délibérations du Sous-comité des Anciens combattants
Fascicule 9 - Témoignages du 5 décembre 2012
OTTAWA, le mercredi 5 décembre 2012
Le Sous-comité des anciens combattants du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui, à 12 h 6, pour étudier les services et les prestations dispensés aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et leurs familles (sujet : Transition à la vie civile).
Le sénateur Roméo Antonius Dallaire (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Honorables sénateurs, la séance du sous-comité des anciens combattants est maintenant ouverte. Il s'agit de la dernière réunion sur l'étude des services et les prestations dispensées aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et leurs familles, dont le sujet spécifique est la transition à la vie civile.
[Traduction]
Aujourd'hui, nous entendrons les derniers d'une longue série de témoins qui nous ont aidés à étudier la transition à la vie civile au cours des derniers mois. Nous sommes heureux que des représentants d'une organisation non gouvernementale, ou ONG, telle que Wounded Warriors, soient des nôtres aujourd'hui. Philip Ralph, secrétaire et directeur des programmes, qui est de toute évidence le cerveau de l'entité, et Wayne Johnston, CD, fondateur et responsable du financement, qui nous parlera de cet aspect.
Messieurs, nous vous remercions d'avoir répondu à notre invitation. Comme nous l'avons indiqué précédemment, nous disposons d'une demi-heure et nous espérons que vous nous laisserez assez de temps pour poser des questions pertinentes sur vos programmes.
La parole est à vous.
Philip Ralph, secrétaire et directeur des programmes, Wounded Warriors : Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, au nom de WoundedWarriors.ca, je tiens à vous dire que nous sommes fort honorés d'avoir été invités à comparaître devant vous et à prendre part à cette discussion importante sur la transition des anciens combattants canadiens à la vie civile.
Nous tenons à remercier le président, champion de longue date de la santé mentale des anciens combattants, une cause qui est très chère à notre organisation caritative.
Comme le président l'a précisé, je m'appelle Philip Ralph, et je suis secrétaire et directeur des programmes de WoundedWarriors.ca. Je supervise l'exécution d'un éventail de programmes dynamiques et emballants qui s'adressent aux anciens combattants canadiens.
En ce qui concerne mon expérience, je sers notre pays à titre d'aumônier du 32e Régiment du génie de combat, à Toronto, depuis un peu plus de 20 ans. En cette qualité, je constate les difficultés que rencontrent les anciens combattants de nos jours. Pendant mes temps libres, je suis le pasteur à temps plein d'une église qui compte une congrégation dynamique.
Je suis heureux que M. Johnston, fondateur de WoundedWarriors.ca, soit à mes côtés aujourd'hui. Membre des Forces canadiennes depuis plus de 40 ans, il a notamment été nommé officier désigné pour un soldat blessé, mais il est surtout connu pour son rôle d'officier du rapatriement des soldats ayant perdu la vie en Afghanistan, assurément l'une des tâches les plus ardues sur le plan émotionnel qui puissent être confiées à un officier des FC.
De plus, le directeur administratif de notre organisation caritative, Scott Maxwell, se trouve derrière moi.
Créé en 2006, WoundedWarriors.ca est un organisme caritatif à but non lucratif qui vient en aide aux membres des FC, à temps plein ou réservistes, ayant été blessés en service. Nous aidons les membres anciens et actuels des FC à trouver des solutions lorsqu'aucune aide n'est mise à leur disposition. Nous offrons des programmes à tous les membres des FC qui ont été blessés, mais axons principalement nos efforts sur la santé mentale des réservistes. En second lieu, nous dispensons de l'aide en matière de santé physique, puis offrons à l'ensemble des membres blessés un soutien pour le développement des aptitudes à la vie quotidienne.
De notre projet initial, c'est-à-dire l'établissement d'un fonds de bien-être pour les soldats blessés hospitalisés en Allemagne, qui est toujours en cours, aux projets de soutien individuels, en passant par la création du programme Hand Up, des programmes à l'intention des anciens combattants sans abri et des initiatives actuelles face à l'explosion des troubles liés au stress opérationnel, nous avons à cœur d'aider et de défendre les héros canadiens.
Notre organisation caritative ne cesse de prendre de l'expansion à l'échelle nationale, tout comme nos programmes et nos partenariats. En particulier, l'année 2012 a été extrêmement fructueuse pour WoundedWarriors.ca. Notre programme All the Way Home a permis à 20 membres des FC aux prises avec des problèmes de santé mentale de participer à la Big Battlefield Bike Ride 2012, dont l'itinéraire passait par les champs de bataille de France et de Belgique. Nous avons accueilli 80 réservistes dans notre retraite de Blue Mountain et plus d'une centaine de soldats canadiens et américains blessés en service pendant un week-end, à Nipawin, en Saskatchewan, lors duquel la camaraderie et la guérison mentale étaient à l'honneur.
Le financement du programme à l'intention des anciens combattants sans abri de Vancouver sera renouvelé en 2013. Ces fonds s'ajoutent aux 31 000 $ que nous avions déjà alloués à ce projet et à la somme de 45 000 $ qui a déjà été engagée pour le programme d'Anciens Combattants Canada destiné aux sans-abris de Montréal. De plus, nous avons accordé du financement pour les demandes de soutien par les pairs présentées au titre du programme Soutien social; blessures de stress opérationnel ainsi qu'une subvention de 100 000 $ à l'Université de la Colombie-Britannique afin qu'elle développe son programme de transition à l'intention des anciens combattants. Vendredi dernier, nous étions heureux d'annoncer que nous contribuerions au programme de MSAR, qui fournit des chiens d'assistance d'élite spécialement dressés aux anciens combattants atteints du trouble de stress post-traumatique, comme le montrait un reportage récent à l'émission W5, présentée sur la chaîne CTV. Je crois savoir que vous entendrez le témoignage de représentants de cette organisation cette semaine.
Comme notre programme l'indique, nous nous employons à nous assurer que les anciens combattants aux prises avec divers problèmes personnels, d'ordre financier ou médical, reçoivent de l'aide lors de leur transition à la vie civile. Nous pouvons vous donner de nombreux exemples concrets. Aujourd'hui, alors que nous étions en route, l'un des participants à la randonnée à vélo nous a appelés pour nous annoncer qu'il avait commencé sa formation de charpentier. Ce matin, nous nous sommes engagés à lui fournir des outils pour qu'il puisse poursuivre sa formation. Voilà un exemple concret de programme que nous offrons.
Les conditions particulières du service militaire, jumelées à différents facteurs personnels et environnementaux, agissent sur les membres des FC. Il est évident, pour nous tous, que nous sommes influencés par notre environnement. À leur retour au pays, les membres des FC ne sont plus les mêmes. Pour certains, ces changements sont aussi apparents que les cicatrices physiques qu'ils portent. D'autres apprennent à apprécier ce que la vie leur offre. Pour d'autres, les cicatrices sont invisibles. D'une certaine manière, c'est comme s'ils avaient laissé une partie d'eux-mêmes là-bas. Souvent, les amis et les êtres chers des militaires souffrant de troubles liés au stress opérationnel constatent qu'ils ne sont plus les mêmes qu'avant. Notre programme All the Way Home a pour but de permettre aux militaires souffrant de troubles liés au stress opérationnel et d'affections connexes d'adopter une démarche holistique, axée sur l'aspect psychologique, physique, financier et spirituel.
Pour ceux qui souffrent de troubles liés au stress opérationnel, la voie de la guérison et de la transition à la vie civile est semée d'embûches. Au sein de la communauté des FC, les difficultés auxquelles les membres de la Première réserve font face sont énormes. Ce sont les victimes les plus vulnérables et, souvent, les plus négligées. De concert avec les prestataires de soins aux membres des FC, dont les Services de santé des FC, le programme Soutien social; blessures de stress opérationnel, les aumôniers d'unité, le Directeur de la Gestion du soutien aux blessés et d'autres partenaires, WoundedWarriors.ca encourage les militaires à avoir recours aux programmes et aux services offerts tout en leur procurant un environnement sain pour les aider à se rétablir.
Mardi dernier, M. Johnston et moi avons eu le privilège d'assister au discours du sénateur Dallaire lors du Forum de recherche sur la santé des militaires et vétérans canadiens, à Kingston. Le sénateur Dallaire a lancé un appel au gouvernement fédéral pour qu'il ne confie pas les besoins particuliers des anciens combattants et de leur famille aux provinces. En tant que pays, le Canada a la responsabilité de prendre soin de ceux qui mettent leur vie en danger pour les Canadiens et leur sécurité.
La réalité, souvent passée sous silence, c'est qu'à leur retour au pays, les membres de la Première réserve, auxquels les dirigeants des FC ont donné l'assurance qu'ils étaient essentiels à l'accomplissement de leur mission, reçoivent peu de soutien, ce qui est pourtant nécessaire à la gestion de leur transition à la vie civile.
Lorsqu'ils réintègrent la société civile, ces militaires, qui représentent 30 p. 100 des forces déployées, sont mal outillés pour évaluer, reconnaître ou gérer leurs besoins. De plus, lorsqu'ils désirent utiliser les programmes en place, ils se sentent souvent abandonnés en raison des délais, et ils subissent la pression de subvenir à leurs besoins ainsi qu'à ceux de leur famille.
En outre, les membres de la Première réserve courent le risque de perdre leur emploi civil en raison de leurs blessures. C'est particulièrement vrai s'ils ont des problèmes de santé mentale. À ce risque s'ajoute la difficulté de percevoir une indemnité de la Force de réserve, précisément une indemnité d'invalidité, si un problème de santé mentale surgit après leurs 30 derniers jours de service en Classe C à la suite de leur mission.
La stabilité financière joue un rôle très important dans la capacité ou l'incapacité d'un ancien combattant à effectuer une transition harmonieuse à la vie civile. Mesdames et messieurs les sénateurs, nous savons que la sécurité financière va généralement de pair avec la santé et le bien-être. Les FC ont l'obligation morale de s'assurer que les militaires blessés puissent subvenir aux besoins de leur famille. Pourtant, il n'y a pas de véritable régime de soins de santé familiale dont peuvent bénéficier les réservistes qui touchent une indemnité. Contrairement aux familles des militaires de la Force régulière, les familles des réservistes n'ont droit à aucune couverture médicale et ne peuvent pas non plus en obtenir une en cotisant au régime civil d'assurance-maladie. Cela continue de susciter la colère et d'exercer une pression considérable sur les familles.
WoundedWarriors.ca qualifie ces problèmes, ainsi que les nombreux autres problèmes que j'ai soulevés jusqu'à maintenant, de lacunes, tant dans les services que les programmes. Les anciens combattants se heurtent à ces lacunes chaque jour sans exception. Notre existence est directement attribuable à ces lacunes, et, malheureusement, notre aide est très sollicitée à l'heure actuelle. Comme nous attendons l'année 2013 avec impatience, nous sommes déjà en train de planifier la Big Battlefield Bike Ride 2013, dont l'itinéraire ira de Paris à Londres, une randonnée à cheval et d'autres initiatives, tout en collaborant avec ceux qui cherchent à améliorer la vie des anciens combattants et de leur famille.
À la lumière de nos échanges quotidiens avec les anciens combattants et leur famille, nous serions négligents de ne pas suggérer aux FC et à ACC des moyens pratiques de mieux répondre aux besoins sur le terrain, par exemple, en s'attaquant aux longs délais administratifs pour les allocations et les indemnités. La couverture offerte par le régime d'assurance-revenu militaire doit être élargie, en particulier dans le domaine de l'éducation, tant pour les programmes offerts que leur durée. On pourrait améliorer le recyclage et l'éducation en procurant des outils aux militaires, tels que des ordinateurs portatifs et des outils liés au métier choisi, afin de leur permettre de terminer leurs études et de réussir leur transition à la vie civile.
Pour conclure sur une note personnelle, je tiens à vous mentionner que l'un de mes plus vieux et meilleurs amis, le colonel William Kelly, un homme formidable dont l'amitié m'est chère, a siégé au Sénat pendant de nombreuses années et faisait partie du Sous-comité des anciens combattants. Je crois qu'il serait particulièrement heureux d'apprendre que le sous-comité continue de veiller aux besoins des anciens combattants.
Mesdames et messieurs, nous vous remercions de nous avoir invités et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans les travaux que vous menez dans l'intérêt des anciens combattants. Nous demeurons à votre disposition si vous avez des questions, en particulier sur les histoires de certains anciens combattants, nos programmes et nos initiatives de financement.
Le président : Je vous remercie d'avoir respecté l'horaire convenu. Je vous en suis très reconnaissant. Vous avez soulevé un certain nombre de points que mes collègues et moi aimerions sans doute examiner.
Le sénateur Plett : Merci, monsieur le président, et merci, messieurs, de témoigner devant nous aujourd'hui et de nous donner votre point de vue.
J'ai quelques questions assez fondamentales. Wounded Warriors est une organisation caritative, comme vous l'avez répété à de nombreuses reprises.
M. Ralph : Oui.
Le sénateur Plett : Comment recueillez-vous des fonds au profit de votre organisation?
M. Ralph : C'est lui qui s'en occupe.
Wayne Johnston, fondateur et président du financement, Wounded Warriors : Nous utilisons les meilleures machines à sous de Vegas.
Sérieusement, je dirais que les mères et les pères d'East York sont nos principales sources de financement; les petits dons, les billets de 20 $. Cela étant dit, nous avons récemment remporté un vif succès auprès des distilleries William Grant & Sons Ltd. et Glenfiddich Scotch. Des syndicats, comme les TCA, nous versent des sommes importantes. En fin de compte, un certain nombre de leurs enfants font partie des FC.
Contrairement à la croyance populaire, les magnats de Bay Street n'émettent pas de gros chèques, surtout pas à l'ordre de notre organisation. Toutefois, nous réussissons assez bien. Depuis 2006, nous avons probablement recueilli plus de 3 millions de dollars, principalement auprès des gens ordinaires.
Le sénateur Plett : Vous n'avez aucun lien officiel avec les organisations qui vous financent, n'est-ce pas?
M. Johnston : Monsieur, qu'entendez-vous par « officiel »?
Le sénateur Plett : Par exemple, vous avez parlé d'un syndicat. Est-ce une entente officieuse ou avez-vous une sorte d'entente officielle dans le cadre de laquelle il vous fait un chèque de 500 000 $ par année?
M. Johnston : Si seulement c'était un chèque de 500 000 $! Non, chaque année, nous participons à des activités comme des tournois de golf. Bruce Power est un bon exemple. Chaque année, nous prenons part à de nombreux tournois de golf, galas — essentiellement des événements de tierces parties.
Le sénateur Plett : Comment les soldats prennent-ils contact avec vous? Quel programme les attire?
M. Ralph : En fait, ils entrent en contact avec nous de deux façons. La première, c'est qu'ils entendent parler de nous et communiquent directement avec nous par notre site Web ou par courriel. Je reçois des dizaines de courriels par jour.
Nous travaillons en collaboration avec le Directeur de la Gestion du soutien aux blessés. Ses employés évaluent les soldats et nous communiquent les renseignements qui figurent à leur dossier, nous confirmant ainsi qu'ils ont participé à un déploiement et qu'ils ont été blessés dans le théâtre. Ils nous donnent des renseignements fondamentaux sur eux pour que nous puissions vérifier leur histoire et connaître leurs antécédents. Ensuite, nous examinons le bien-fondé de leur demande et nous la faisons parvenir à notre comité des programmes. Si le montant est considérable, nous nous adresserons au conseil pour qu'il approuve le financement d'une demande en particulier, car notre budget est déjà établi pour l'année.
Comme je l'ai mentionné, nous offrons deux programmes principaux. Le premier, qui s'appelle All the Way Home, est entièrement axé sur la santé mentale, en particulier celle des réservistes. Ils sont si souvent négligés. Par exemple, 20 anciens combattants de l'Afghanistan, tous aux prises avec des problèmes de santé mentale, ont participé à l'édition 2012 de la Big Battlefield Bike Ride. Les Services de santé des FC, estimant que cette randonnée leur serait bénéfique, les ont dirigés vers nous. Tous les randonneurs étaient des soldats. Je dirais qu'ils étaient tous réservistes, à l'exception de quatre ou cinq, qui faisaient partie de la Force régulière. Nous ne négligeons pas les soldats de la Force régulière.
Il y a beaucoup de bouche à oreille. Nous vérifions ensuite les renseignements et les antécédents. Nous disposons d'un excellent réseau d'intervenants, et les responsables de la gestion du soutien aux blessés, très coopératifs, nous aident à vérifier leur histoire.
Nous avons aussi le programme Hand Up, qui répond essentiellement à des besoins individuels et qui accorde généralement des montants inférieurs à 5 000 $ — par exemple, pour acheter les outils de charpenterie auxquels nous avons fait allusion pendant notre exposé. L'ancien combattant en question, qui a l'intention de se recycler, a été mis en contact avec un syndicat. Le syndicat l'a admis comme membre et va le former. Mais où trouvera-t-il l'argent nécessaire pour se procurer les outils dont il a besoin? Nous les lui achèterons.
Le sénateur Plett : Les soldats doivent présenter une demande d'inscription à votre programme. À quel point doivent-ils souffrir de tension mentale ou d'incapacité? Comment l'admissibilité ou l'inadmissibilité d'un soldat est-elle déterminée?
M. Johnston : En gros, nous suivons la recommandation du Directeur de la Gestion du soutien aux blessés. C'est préférable. À l'occasion, nous nous fions à notre instinct, mais, dans 90 p. 100 des cas, le Directeur de la Gestion du soutien aux blessés nous fait une recommandation.
Je tiens à ajouter quelque chose en ce qui concerne le placement des militaires. Nous avons noué des relations avec beaucoup de syndicats à l'échelle nationale, et nous constatons que beaucoup d'entre eux tiennent à embaucher des membres blessés des FC. Par conséquent, nous facilitons les choses. Cela commence à porter ses fruits.
Le sénateur Plett : Quel pourcentage de personnes est inadmissible?
M. Johnston : Un très faible pourcentage.
M. Ralph : Le nombre de personnes inadmissibles est très faible. Au fond, une personne est inadmissible lorsque son histoire ne tient pas debout et n'est pas corroborée par le Directeur de la Gestion du soutien aux blessés ou lorsque sa demande est tellement folle et singulière qu'elle ne semble correspondre à aucun programme.
Nous tenons à leur offrir quelque chose qui leur sera réellement utile. Nous comblons un besoin plutôt qu'un simple désir.
Le sénateur Wallin : Je vous remercie et vous souhaite la bienvenue. Vous nous avez vus, M. Johnston et moi, nous saluer. Nous avons passé du temps ensemble à Nipawin et en Afghanistan. Je suis contente de vous voir.
Pour faire suite à la remarque que vous venez de formuler sur la volonté des syndicats d'embaucher des militaires, voulez-vous dire pour travailler pour ces organisations syndicales?
M. Johnston : Nous en avons récemment eu un bon exemple. Nous, les militaires, excellons dans le réseautage. Mike Humphries, qui était membre du Royal Canadian Regiment, est haut placé dans la section locale 27 du Carpenters' Union. Je crois qu'il s'agit du syndicat de charpentiers le plus important du Canada. Comme nous avons recours au réseautage, j'appelle Mike pour lui dire qu'un ancien membre du Royal Canadian Regiment a besoin d'aide.
Le sénateur Wallin : Ma question portait sur le fait que vous avez dit que les syndicats voulaient les embaucher. Les employeurs embauchent des travailleurs pour leur entreprise, alors sont-ils embauchés pour travailler dans le réseau syndical — au bureau du syndicat?
M. Johnston : Dans bon nombre de métiers semblables à celui de charpentier, il faut être membre du syndicat. Les travailleurs doivent adhérer à un syndicat pour obtenir un emploi décent.
Le sénateur Wallin : Ils ne travaillent donc pas pour le syndicat.
M. Johnston : Non, ils sont compagnons d'apprentissage, notamment. Le syndicat des plombiers et les syndicats d'autres corps de métier fonctionnent tous ainsi.
Le sénateur Wallin : Je veux approfondir le sujet dont parlait le sénateur Plett. Comme l'indiquent les notes et comme le président l'a précisé, nous nous sommes entretenus avec les représentants de nombreuses organisations, toutes fortement motivées et désireuses d'aider les anciens combattants. Comme vous l'avez vous-même dit, vous êtes ici pour trouver des solutions.
Ces personnes sont dirigées vers votre organisation par le service de soutien aux blessés. Elles vous sont donc recommandées. D'autres personnes vous contactent simplement par elles-mêmes. J'essaie de voir où vous vous situez dans ce tableau d'ensemble.
Quand j'étais à Nipawin, comme M. Johnston le sait, chacune des tables était occupée par des soldats blessés. Une jeune femme était assise à ma table — son fiancé souffrait d'un problème de santé mentale. Comme il était sorti pour fumer une cigarette, nous lui avons demandé de quoi il souffrait au juste. Elle nous a répondu qu'elle l'ignorait, que le nom de sa maladie était composé d'une suite d'initiales bizarres. À l'unisson, certains d'entre nous lui ont demandé s'il s'agissait du TSPT, et elle a répondu par l'affirmative.
À ce moment-là, cela faisait plusieurs mois déjà qu'il était rentré au pays — plus que six, peut-être. Elle ne semblait pas savoir qu'un ministère était dédié aux anciens combattants, qu'il y avait des groupes de soutien aux familles militaires à la grandeur du pays et que le programme Soutien social; blessures de stress opérationnel, le Régime d'assurance-revenu militaire, et cetera, existaient. Comment se fait-il qu'elle ne savait toujours pas ce à quoi correspondait le sigle TSPT après avoir passé par tant de processus, eu accès à une mine de renseignements et s'être inscrite à votre week-end?
M. Ralph : Comme je vous l'ai dit, je suis l'aumônier d'une unité de la réserve. Au manège militaire, nous assistons aux briefings obligatoires, tous les briefings qui sont présentés aux soldats. En allant à ces briefings, ils se disent « Ah, un autre briefing! » et, en général, n'écoutent pas. Ils ont assisté à toutes sortes de briefings; ils ont traité tous les sujets standards. Nous les avons amenés à Blue Mountain, ce qui est comparable à un week-end à Nipawin. Des représentants d'Anciens Combattants Canada, du programme Soutien social; blessures de stress opérationnel, des Services de santé des FC et d'autres organisations similaires étaient présents. Nous les avons envoyés là-bas et leur avons offert un beau week-end. Nous leur avons payé leur journée de ski, leur chambre et tout le reste. Ils y sont allés, je sais, parce que cette occasion de se détendre était gratuite, mais le commandant d'une compagnie de la réserve y est allé pour connaître les types de renseignements communiqués à ses soldats. À la fin du week-end, il a déclaré — et c'était un capitaine de la Force régulière — qu'il ne savait pas que tous ces services étaient offerts. Les militaires reçoivent ces renseignements, mais à une étape de leur vie où ils n'y sont pas prêts, et ils les considèrent comme superflus. Ils se concentrent sur ce dont ils ont besoin, et le reste tombe dans l'oreille d'un sourd. Voilà le problème.
M. Johnston : J'ajouterais que, ayant moi-même été sergent-major et passé quelques années dans l'armée, plus les soldats sont jeunes, plus il leur est difficile de discuter et de communiquer avec leur conjointe. Je sais de quoi je parle, compte tenu de ma vaste expérience. Ma maison est payée. Je l'ai répété à quelques reprises. J'ai une voiture de collection dans mon garage et une épouse qui, la plupart du temps, est ma meilleure amie. La maladie mentale est l'épreuve la plus difficile que j'ai traversée. La maladie mentale est l'épreuve la plus difficile que j'ai traversée, même si mon épouse est infirmière. C'est ma meilleure amie, mais j'éprouve de la difficulté à lui en parler. J'en pleure presque. Certains de ces jeunes hommes n'ont pas l'avantage de l'âge et de la sagesse ni l'expérience d'un vieux soldat. Je ne sais pas comment ils font. Ils en arrachent avec trois enfants. Ils sont coincés entre l'armée et leur conjointe. Le sénateur Dallaire a mis le doigt sur quelque chose : nous ne nous occupons pas très bien des familles dans les FC, surtout en ce qui concerne la santé mentale. Nous devons nous améliorer. La maladie mentale éprouve durement les familles. Je crois que, comme dans de nombreuses relations, ce couple — que je connais; c'est un couple solide — n'est probablement pas à l'aise d'en discuter.
Le sénateur Wallin : La situation était telle que les enfants nés de son union précédente vivaient avec sa mère, donc elle connaissait les symptômes. Elle n'avait pas besoin qu'il le lui dise. Elle le vivait.
C'est ce que nous essayons de déterminer. Vous devez en faire davantage, et nous devons en faire davantage. Il suffit de trouver la bonne façon d'en faire plus. Ces programmes existent. Il s'agit de créer des liens à un moment donné, et peut-être que le moment où ces liens sont créés est important. Que devons-nous faire?
M. Johnston : Ce n'est qu'une opinion, mais je suis convaincu que la santé mentale dans l'armée est d'abord une question de leadership. Lorsque je dis « leadership », je parle du Chef d'état-major de la Défense et des grades inférieurs. Le général Natynczyk, pour qui j'ai un grand respect, a lancé un programme intéressant appelé « Soyez la différence ». Je crois qu'il n'a rien donné au niveau des bataillons parce que le commandant d'un bataillon d'infanterie se préoccupe davantage de savoir s'il dispose de 800 commandos gonflés à bloc armés de fusils à baïonnette. Nous ne nous occupons pas bien des familles. Ces jeunes hommes et femmes occupant des postes de commandants de peloton et de commandants de compagnie en Afghanistan ont vu mourir des soldats. Ils doivent composer avec cette situation tous les jours. Lorsqu'ils seront généraux à leur tour, peut-être pourrons-nous nous améliorer. Je crois que nous pouvons nous améliorer. Que ce soit au manège militaire ou dans des installations régimentaires comme celles du Royal Canadian Regiment à Petawawa, nous devons mettre les gens à l'aise. Une zone de confort est nécessaire pour en parler. L'entraînement physique est obligatoire dans l'armée. Tous les vendredis, les soldats vont courir 13 kilomètres. Par contre, il n'y a aucune formation obligatoire en santé mentale, pas même 30 minutes. Il faudrait vraiment y songer.
M. Ralph : Le choix du moment est crucial. Comme je l'ai dit, mon poste à temps plein est censé être celui de pasteur. Tous les dimanches, je peux parler de mes croyances avec éloquence et passion pendant 25 minutes, et quelqu'un peut écouter mes discours depuis cinq ou dix ans et ne pas vraiment avoir entendu le message. Puis, un jour, il a besoin d'aide. À ce moment précis, en plein discours, il se demande pourquoi personne ne lui en avait parlé avant. Ce n'est pas que le message n'a pas été livré. Ce n'est pas parce que nous n'avons pas suffisamment de belles brochures. Dans les FC, comme nous l'avons dit pour les réservistes, les soldats peuvent se trouver loin des centres de ressources pour les familles des militaires et de toutes ces infrastructures. Un soldat se trouvant au manège militaire de Flin Flon, au Manitoba, ou de Weyburn, en Saskatchewan, ou ailleurs, est très éloigné, et peut-être que 10 p. 100 des soldats du régiment ont été déployés en Afghanistan. Où doivent-ils aller? Comment établissent-ils des liens?
Nous tentons de leur apporter l'aide nécessaire, mais le pays est grand et la population, petite. Nous le savons.
Le président : Je vais me permettre de répondre à madame le sénateur Wallin, qui se demande si le moment opportun est celui où le besoin se fait sentir, comment ils expriment ce besoin et comment toute la situation est perçue autant par leur famille qu'eux-mêmes. Je dirais que c'est peut-être une question de trouver l'aide qui existe.
Le sénateur Day : Messieurs, merci beaucoup d'être ici. Vos observations préliminaires nous aident grandement à comprendre le bon travail que vous faites. Nous avons entendu tellement de groupes différents qui accomplissent de grandes choses. Nous avons d'abord entendu des représentants d'ACC et de la Défense nationale, qui font la même chose, soit venir en aide aux soldats de retour au pays qui souffrent de blessures opérationnelles. Comment avez-vous trouvé votre créneau? Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce que vous faites? Comment en êtes-vous arrivé là? Monsieur Johnston, en tant qu'instigateur, vous saviez qu'il existait de nombreux autres organismes. Comment avez-vous commencé vos activités?
M. Johnston : À nos débuts, les organismes n'étaient pas nombreux. Nous avons commencé en 2006. J'avais recruté et enrôlé le jeune sapeur Mike McTeague. On m'a appelé dans le bureau du commandant du Secteur du Centre de la Force terrestre alors que j'étais capitaine d'état-major affecté à l'Op Connection, une initiative de sensibilisation en Ontario. Mike avait été gravement blessé lors d'un attentat suicide à la bombe commis en bicyclette le 18 septembre. Nous avons perdu 4 jeunes hommes, et 16 Canadiens ont été blessés. Mike était mal en point. Sincèrement, nous étions prêts à rapporter un cercueil, mais Dieu merci, nos alliés américains ont fait un travail incroyable. Ils ont sauvé tant de jeunes hommes et femmes.
Il est facile de mentir au sujet d'une bonne idée, mais je ne le ferai pas. Je serai franc. Cette nuit-là, étendu dans mon lit, j'ai pleuré parce que c'est moi qui l'avais recruté. C'est difficile pour l'âme. Phil est venu avec nous. En fait, il est entré en premier.
Nous sommes de tout cœur avec ces jeunes hommes et femmes. Pour moi, c'était patriotique et je me sentais coupable. Je me sentais extrêmement coupable. J'ai vu nos jeunes garçons — ils étaient tous des garçons — ils sont tous des garçons pour moi — enveloppés de couvertures aux couleurs du drapeau américain. Les Américains sont si patriotiques. Je me suis dit que nous pouvions faire mieux.
Je me demande parfois quel fou a bien pu lancer cette organisation caritative parce que cela représente beaucoup de travail. Nous avons reçu 7 000 $et nous avons pris de l'expansion. Nous avons évolué. Je suis très fier de ce que le conseil a fait. Nous avons décidé de faire de la santé mentale notre principale raison d'être.
Le sénateur Day : Vous avez choisi la santé mentale. Vous avez constaté une lacune qui devait être comblée. Vous avez également fait des réservistes votre priorité fondamentale.
M. Johnston : Une attention spéciale, pas nécessairement fondamentale. Nous prêtons particulièrement attention aux réservistes.
M. Ralph : Nous nous fondons évidemment en partie sur nos antécédents et nos observations. À nous deux, nous cumulons 60 années de service dans les FC. Nous connaissons les besoins. Nous sommes tous les deux toujours en service, et nous constatons la situation au manège militaire.
Pour revenir à quelques-unes des questions qui ont été posées sur le nombre de programmes qui existent, je peux fièrement dire que les soldats ont confiance que notre organisation fera ce qu'il faut. D'autres soldats leur ont dit que nous ne sommes pas une grande organisation bureaucratique. S'ils viennent nous voir, si leur histoire a du sens, nous les aiderons.
Des questions ont été posées sur la façon d'obtenir ces services. Le problème, et je le sais en raison de mon expérience et de ma présence au manège, c'est que les soldats ne font pas confiance à n'importe qui. Plus ils touchent le fond, moins ils font confiance au système, aux FC et au gouvernement. Quels que soient les programmes offerts et peu importe les bonnes intentions du commandement, c'est une question de confiance.
Ils nous font confiance. Ils ont vu ce que nous faisons. Nous pouvons les orienter vers un programme précis, un programme auquel ils n'auraient pas pensé parce qu'il est officiel, mais ils vont y participer.
M. Johnston : Concernant la question de la confiance, nous rencontrerons demain des représentants de la Légion royale canadienne. Nous faisons équipe avec eux pour diffuser un message. Nous avons un très grand nombre de soldats, de marins et d'aviateurs d'un océan à l'autre qui attendent le traitement de leur demande. Un grand nombre d'entre eux ont reçu un diagnostic et ne savent pas à qui s'adresser.
J'ai rempli beaucoup de demandes. Ma demande d'indemnité pour mes problèmes de santé mentale a été la plus difficile. Elle m'a pris quatre mois. Elles sont difficiles à remplir, surtout les demandes liées à la santé mentale. Elles sont très difficiles. Il faut se regarder dans le miroir et parler de soi. J'avais une dépendance au NyQuil. Je n'ai pas aimé écrire cela.
Pour différentes raisons, il faut dire que le message de la Légion a de la difficulté à trouver un écho auprès des jeunes soldats. Nous collaborerons avec la Légion et informerons ces jeunes soldats qu'ils ont ce que j'appelle un compagnon d'après-combat. Le soldat qui doit faire une demande devrait consulter les représentants de la Légion. Ils sont là pour l'aider. Nous voulons collaborer avec eux notamment sur cette question. Il existe d'importantes ressources.
Nous, les soldats souffrant de problèmes de santé mentale, sommes comme des chats sauvages. Je veux dire que vous devez travailler fort pour nous faire entrer, et même là, nous pourrions tenter de vous mordre. C'est difficile. À mon avis, un chat sauvage est une bonne analogie. Certains n'entreront jamais. Ils mangeront la nourriture, mais n'entreront jamais.
Le sénateur Day : Quelle relation avez-vous avec d'autres organismes? Recevez-vous du financement d'autres organismes qui amassent des fonds dans le même but, soit celui de veiller sur nos anciens combattants?
La deuxième partie de la question concerne votre relation avec ACC et la Défense nationale. Transmettez-vous les leçons apprises? Ce que vous apprenez et communiquez, l'apprennent-ils également?
M. Ralph : Nous nous améliorons. En résumé, je crois que nous nous améliorons.
Nous collaborons avec les partenaires. Nous rencontrerons des représentants de la Légion demain. Après la séance, plus tard cet après-midi, nous rencontrerons des représentants du programme Sans limites. Quelques membres de ce programme participeront à notre randonnée à vélo.
Nous ne sommes pas en compétition. Nous tentons de travailler ensemble. En fait, nous percevons le ministère de la Défense nationale et ACC de la même façon. Nous n'essayons pas de faire ce qu'ils font ou de faire ce qu'ACC fait. Nous tentons de nous aider mutuellement. C'est un dossier important, et nous devons tous y travailler.
Quant au financement, lorsque j'ai donné une petite tape dans le dos à M. Johnston pour signifier que c'est lui qui s'occupe de la collecte de fonds, j'aurais dû préciser que tous les membres du conseil ont fait leur part. M. Johnston a fait la majeure partie du travail, mais nous avons amassé nous-mêmes les fonds recueillis jusqu'à présent.
[Français]
Le sénateur Maltais : Je souhaite la bienvenue au témoin. Étant ici à titre de remplaçant, je ne suis pas un spécialiste de la question. Toutefois, au début de votre présentation, vous avez dit quelque chose qui m'a fait frissonner. Vous avez affirmé que les réservistes n'étaient pas couverts par le Régime d'assurance-maladie du Canada. Est-ce bien le cas ou j'ai mal compris?
[Traduction]
M. Johnston : Un réserviste qui reçoit des indemnités d'invalidité de la force de réserve... J'étais un réserviste en Classe B. Je suis tombé malade, mon contrat a pris fin et j'ai reçu des indemnités d'invalidité. C'est bien. On s'occupe des finances, mais on ne s'occupe pas de la famille. Quand j'étais en service de Classe B, les frais dentaires de ma femme étaient remboursés. Malheureusement, lorsque ma femme a eu besoin d'un traitement chez le dentiste, je n'étais plus en service. Nous nous débrouillons bien sur le plan financier, mais certaines de ces jeunes familles ayant trois enfants, dont deux ayant besoin d'un appareil orthodontique, lorsqu'elles reçoivent des indemnités d'invalidité, elles ont l'assurance d'un revenu... Je crois que la situation pourrait être corrigée très facilement. On s'occupe des finances, mais la famille d'un soldat qui reçoit des indemnités d'invalidité ne peut pas profiter de tous les avantages offerts par les FC.
[Français]
Le sénateur Maltais : Je m'excuse de vous interrompre, mais je veux bien comprendre. Il y a un régiment basé dans ma circonscription sénatoriale de Chaouinigane et je m'apprête à envoyer des cartes de Noël à 12 réservistes qui sont présentement en Afghanistan. Je ne suis quand même pas pour leur dire qu'ils ne sont pas couverts par le Régime d'assurance-maladie du Canada, leur souhaiter Joyeux Noël et Bonne Année pendant que leur famille est ici et qu'elle n'est pas couverte.
Est-ce que c'est vraiment le cas? J'aimerais que ce soit clair.
[Traduction]
M. Johnston : Non, les soldats qui sont déployés en service de Classe A bénéficient d'avantages familiaux limités. Les avantages familiaux offerts aux réservistes en service de Classe B sont les mêmes que ceux offerts à un soldat de la force régulière, et c'est la même chose pour les réservistes en service de Classe C.
Lorsque vous tombez malade, votre contrat prend fin. Vous obtenez ensuite ce que l'on appelle des indemnités d'invalidité de la force de réserve. Vous ne bénéficiez d'aucun régime de soins de santé familial. Je parle des soins dentaires. Évidemment, vous êtes couverts par les régimes provinciaux, mais les soins dentaires, les lunettes, surtout les appareils orthodontiques, sont de bons exemples. Ils coûtent de 5 000 à 6 000 $. Pour un jeune caporal qui a du mal à joindre les deux bouts, c'est beaucoup d'argent.
[Français]
Le sénateur Maltais : Je comprends ce que vous dites, mais la femme d'un des soldats qui fait partie du groupe va probablement accoucher autour de Noël. Est-ce que l'enfant sera couvert par le régime? C'est la question à laquelle j'aimerais que vous répondiez.
[Traduction]
M. Johnston : Absolument, et la question est justifiée. Si par malheur ce soldat revient au pays, et que, disons, 60 jours après son retour, un problème de santé mentale se manifeste et qu'il commence à recevoir des indemnités d'invalidité, son enfant ne sera pas couvert. Cependant, pendant une mission ou dans le cadre d'un contrat, il le serait. Par contre, si le soldat tombe malade, et généralement les problèmes de santé mentale se manifestent n'importe quand... Mais pour répondre à votre question, je peux vous dire que oui, l'enfant et la mère seraient couverts, tout à fait.
[Français]
Le sénateur Maltais : J'aimerais revenir sur les problèmes de santé mentale. Lorsque les jeunes soldats reviennent d'une mission comme en Afghanistan, avant de leur accorder leur décharge, n'ont-ils pas subi un examen médical prouvant qu'ils sont en forme, oui ou non? Ou bien le problème viendrait-il du fait que les psychiatres des Forces armées ne sont pas assez compétents?
[Traduction]
M. Johnston : Monsieur, il faut bien comprendre que, dans le meilleur des cas, les problèmes de santé mentale peuvent se manifester au bout de cinq minutes, cinq semaines ou cinq mois. Selon mon expérience auprès des soldats, et je suis sûr que c'est celle du général également, personne n'aime dire qu'il souffre de problèmes de santé mentale. Ces soldats savent exactement quoi dire. Ils savent quelles cases cocher.
Si j'étais lieutenant-colonel, je serais extrêmement proactif auprès de mes soldats. Ils disposent de 30 jours au retour d'une mission pour déclarer un problème. S'ils le font dans ce délai de 30 jours, leur contrat de service de Classe C est alors prolongé.
Par exemple, c'est un problème si un soldat revient au pays en avril et qu'en juin, ses enfants ont peur de lui et que ses problèmes de santé mentale se manifestent. C'est d'abord un problème pour l'unité que de lui faire toucher des indemnités d'invalidité.
[Français]
Le sénateur Maltais : Je comprends. Maintenant, lorsque le jeune soldat obtient sa décharge, lui remet-on une brochure l'informant que votre organisme existe et qu'il peut avoir recours à vos services s'il en ressent le besoin? Parce que vous savez, l'enfer est rempli de bonnes intentions, mais c'est quand même l'enfer.
[Traduction]
M. Ralph : C'est un bon point.
Le président : De quels moyens de communication disposez-vous au sein des unités pour vous faire connaître auprès des soldats qui sont libérés ou qui reviennent d'une mission?
M. Ralph : Nous comptons sur le bouche-à-oreille et les unités interarmées de soutien du personnel.
Le président : Elles connaissent vos capacités?
M. Johnston : Tout à fait.
M. Ralph : Oui.
Le président : Messieurs, j'ai bien peur qu'il ne nous reste plus de temps. Vos programmes sont assez vastes. Vous nous les avez présentés brièvement, mais nous pouvons obtenir de plus amples renseignements en visitant simplement votre site Web, est-ce exact?
M. Ralph : Oui, c'est exact.
Le président : C'est ce que nous ferons alors pour mieux les comprendre.
On ne saurait vous féliciter assez pour cette initiative, les efforts personnels que vous déployez au sein de cette ONG et votre volonté de collaborer avec de nombreux autres organismes pour combler certaines des lacunes qui semblent exister, certainement en ce qui concerne les réservistes, qui sont souvent isolés des grandes bases.
Au nom de mes collègues, merci beaucoup, messieurs.
Nous prendrons deux minutes pour passer à huis clos, si vous le voulez bien.
(La séance se poursuit à huis clos.)