Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international
Fascicule 22 - Témoignages du 18 février 2015
OTTAWA, le mercredi 18 février 2015
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 16 h 18, pour étudier les questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères et au commerce international en général (sujet : promotion du commerce).
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international est autorisé à étudier les questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères et au commerce international en général.
La semaine dernière, conformément à ce mandat, nous avons entendu le témoignage de la Chambre de commerce du Canada sur la promotion du commerce. Nous poursuivons aujourd'hui dans le même ordre d'idées.
Je suis heureuse de souhaiter la bienvenue à M. Neil Lang, chef de l'exploitation à Corvus Energy Ltd, qui se joindra à nous par vidéoconférence depuis Vancouver, et à M. Jim Reynolds, président-directeur général de Padre Software Inc.
Nous écouterons les exposés des deux témoins, puis nous passerons aux questions.
Soyez les bienvenus au comité. Nous commençons par M. Reynolds.
Jim Reynolds, président-directeur général, Padre Software Inc. : Madame la présidente et honorables sénateurs, merci de m'avoir invité.
C'est la première fois que j'ai l'occasion de présenter un exposé devant un comité sénatorial permanent et j'en suis ravi.
Notre entreprise, Padre Software, est un fabricant de pointe. Nous œuvrons dans le domaine de la haute technologie : nous mettons au point des systèmes innovateurs de manutention de matériel et nous concentrons nos efforts sur la logistique à l'intérieur de grandes installations de fabrication. Tout le monde connaît les systèmes de logistique qui permettent d'acheminer des produits étrangers vers une usine de fabrication au Canada. Ce que nous offrons à nos clients, c'est une approche innovatrice axée sur les différentes étapes logistiques, et ce, à partir du moment où les pièces arrivent à l'usine, pour que celles-ci arrivent en temps opportun au point d'assemblage ou au point d'utilisation.
Nous connaissons un grand succès dans ce secteur. Nous offrons des services uniques et différents de ceux offerts par les grandes entreprises de planification des ressources. Nous sommes présents partout au Canada et aux États-Unis dans des usines de fabrication automobile de grandes entreprises japonaises et allemandes.
On m'a aussi demandé de parler de mon rôle à titre de président du Conseil consultatif sur les petites et moyennes entreprises, qui fait rapport au ministre Fast. Le comité se réunit à Ottawa deux fois par an pendant deux jours environ. Les 18 membres du comité sont tous des présidents-directeurs généraux qui représentent des PME des quatre coins du Canada.
Notre mandat consiste à conseiller le ministre sur des questions relatives aux petites et moyennes entreprises. Nous nous réunissons pendant deux jours environ et assistons à des exposés présentés par divers groupes venant de différents ministères. Il y a aussi des organisations participantes et d'autres choses du genre. Au terme de ces séances, nous préparons des recommandations destinées au ministre. Le ministre vient ensuite nous rencontrer pendant environ une heure et demie. Il prend connaissance des recommandations, puis les transmet à son ministère, qui y donnera suite.
Cam Vidler, qui a témoigné précédemment, est l'un des observateurs participants, de même de la Chambre de commerce du Canada, l'Association canadienne des importateurs et exportateurs, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Manufacturiers et Exportateurs du Canada, ainsi que la BDC, EDC, la Corporation commerciale canadienne et l'Agence canadienne des services frontaliers.
À la lumière des notes et des documents du comité, j'adopterai aujourd'hui une perspective différente, qui sera axée sur le commerce en général du point de vue des exportateurs canadiens ainsi que sur les PME. Les PME veulent faire fond sur les accords de libre-échange très positifs mis en place par le gouvernement au cours des dernières années, tout en exploitant ce qu'elles estiment être une convergence entre des sociétés d'État comme EDC, la BDC et le Service des délégués commerciaux, intégré au MAECD, qui concentrent leurs efforts pour transmettre un message unique et offrir du soutien aux PME.
La position du Canada n'a jamais été meilleure pour appuyer et aider les entreprises de toutes tailles, particulièrement les PME, à exporter leurs produits. À l'heure actuelle, les PME sont devenues un moteur de croissance en matière d'exportation. Le terme « PME » est aussi en train de devenir très en vogue. Les banques, la BDC, EDC et d'importantes sociétés de comptabilité financière sont en train de mettre au point des sites Web ou des services destinés aux PME. Ce dont je voulais parler, ce sont des meilleures stratégies à adopter pour aborder les marchés d'exportation et pour aider plus efficacement les PME.
J'ai lu un rapport qui relève quatre secteurs ciblés. Premièrement, les statistiques fournies par le gouvernement, si vous en avez entendu parler, révèlent que 1 100 000 entreprises sont reconnues comme PME. De ce nombre, 40 000 sont des entreprises exportatrices, et seules 10 000 d'entre elles exportent ailleurs qu'aux États-Unis. Par conséquent, moins de 4 p. 100 des entreprises exportent leurs produits et moins de 1 p. 100 les exportent ailleurs qu'aux États-Unis. Quand on fait le calcul, cela représente un très petit pourcentage des PME canadiennes.
Il faut toutefois savoir que les statistiques sur les PME englobent les entreprises individuelles, les entreprises ponctuelles, les entreprises qui ont pignon sur rue et celles qui mènent leurs activités depuis un domicile. Ce sont des entreprises qui peuvent aussi être considérées comme des PME, puis on gravit la pyramide jusqu'aux entreprises dont le revenu est inférieur à 1 milliard de dollars. La portée du terme est donc assez vaste.
Nous avons réussi à cibler les entreprises de ce groupe qui n'exportent pas, mais qui sont prêtes à le faire. Au cours de nos entretiens avec le représentant du Service des délégués commerciaux de la région de Kitchener-Waterloo, celui-ci a indiqué qu'il faut chercher les PME qui sont prêtes à exporter. Celles qui n'ont pas encore exporté leurs produits, mais qui sont prêtes et disposées à le faire.
La définition d'une PME prête à exporter n'a pas été clairement définie, mais si je puis me permettre, sénateur Demers, c'est comme si l'on choisissait des joueurs de hockey pour une équipe compétitive masculine ou féminine. Il faut des gens qui savent patiner, décocher un tir, faire et recevoir des passes, mais qui ont aussi une mentalité et une éthique du travail, ou ce qu'on appelle aujourd'hui « l'esprit compétitif », pour pouvoir progresser.
Quand nous lui avons parlé, le représentant du Service des délégués commerciaux travaillant dans notre secteur a déclaré ouvertement qu'au lieu de viser à ajouter un million de PME à la filière d'exportation, il faudrait plutôt cibler celles qui sont prêtes à devenir exportatrices. Pendant les autres exposés où il sera question des PME et des enjeux qui leur sont propres, il faudra garder à l'esprit que personne n'a encore prévu de cibler ces entreprises et de concevoir des messages à leur intention.
Le conseil de consultation sur les PME a proposé au ministre des façons d'accroître la communication et la sensibilisation. Au fil des ans, divers organismes ont mis sur pied une multitude d'excellents programmes conçus pour soutenir le commerce et les PME, mais peu de PME les connaissent, comme l'ont admis des intervenants de tous les horizons.
Dans un premier temps, il faudrait donc établir une stratégie de communication et faire savoir aux PME que le Service des délégués commerciaux du Canada, la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada peuvent leur offrir du soutien.
Deuxièmement, si on regarde les groupes qui reçoivent du soutien, le troisième bloc, en quelque sorte, on y retrouve des entreprises qui ont déjà eu l'occasion de conclure des ententes importantes, de l'ordre de 10 millions de dollars.
Imaginez que vous rencontrez un client. Les entreprises aptes à traiter une entente d'exportation de 10 millions de dollars sont généralement d'une bonne taille et bien établies. Elles ont des ressources à leur disposition. Elles ont aussi des avocats et des comptables bien au fait de ces situations. Ce n'est pas le cas des PME.
Par conséquent, un changement de culture et de stratégie s'impose si on souhaite se concentrer sur les PME plutôt que sur les grandes entreprises traditionnelles. J'aimerais inviter le comité à reconnaître ce fait, à favoriser les réflexions à ce sujet, et à promouvoir l'idée qu'on devrait tendre la main aux PME.
Des cadres supérieurs de grands organismes tels que la BDC et EDC siègent au conseil de consultation sur les PME. Il y a même des vice-présidents. Sous la direction du ministre, on assiste à un léger changement de cap, puisqu'on met davantage l'accent sur les PME que sur les grandes entreprises. Il s'agit d'un changement considérable, qui doit être soutenu par les programmes de récompenses et de reconnaissance des organismes. Leur structure organisationnelle doit changer un peu, voire beaucoup, pour s'adapter à cette nouvelle réalité et leur permettre d'offrir des solutions qui répondent aux besoins des PME, captent leur attention et, si elles sont en mesure d'exporter, leur donnent les moyens de le faire et de s'engager sur les marchés internationaux.
Le quatrième point que j'aimerais aborder brièvement, dans une perspective historique, touche les débouchés qu'offrent les nouveaux accords de libre-échange. Le Canada est maintenant mieux placé que jamais pour profiter du marché de l'exportation.
Pensons, par exemple, au virage technologique des années 1970. À l'époque, une entreprise qui voulait se doter d'un grand système informatique devait débourser une fortune. Les seuls à pouvoir se le permettre étaient les grandes banques et les grandes sociétés d'assurance ou de commerce au détail. Puis la technologie a évolué, les prix ont baissé et, tout à coup, les systèmes informatiques étaient à la portée des petites et moyennes entreprises. Nous assistons à un phénomène semblable aujourd'hui.
On pourrait comparer les accords de libre-échange à la baisse du coût de la technologie. Aujourd'hui, de nouveaux marchés s'ouvrent aux exportateurs canadiens, et les PME canadiennes peuvent se positionner pour profiter de ces nouvelles possibilités.
Les entreprises qui ont vécu l'ouverture technologique des années 1970 ont dû repenser leurs stratégies de commercialisation et de soutien. Je pense notamment à IBM. J'ai passé 10 ans à IBM, et j'ai vécu cette transformation, même si je n'en étais pas conscient à l'époque. Il a fallu rebâtir l'entreprise autrement, établir des divisions distinctes, repenser les objectifs et les programmes de reconnaissance pour mieux cibler les entreprises de taille moyenne, aller à leur rencontre, commencer à les attirer et à les convaincre de l'importance des systèmes informatiques.
Je crois que si nous voulons, maintenant, tirer parti des nombreuses PME qui n'exportent pas encore, il faut garder en tête cette stratégie complexe et proactive.
Le président : Je vous remercie, monsieur Reynolds.
Monsieur Lang, vous avez la parole.
Neil Lang, chef de l'exploitation, Corvus Energy Ltd : Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui. Je suis vraiment ravi de pouvoir m'adresser au comité sénatorial. Corvus, une jeune entreprise axée sur les technologies propres, compte une cinquantaine d'employés. Elle fournit au marché maritime des systèmes de stockage d'énergie et des piles de grande taille.
Pensez à une Prius hybride ou à une Tesla électrique. Nous faisons l'équivalent, mais pour les navires : nous offrons des piles de grande taille robustes conçues pour les traversiers, les remorqueurs et les navires hauturiers de ravitaillement.
Les exportations représentent une grande partie de nos activités. Nous exportons environ 95 p. 100 de nos produits, principalement vers l'Europe et l'Asie. Dans notre créneau, nous occupons environ 80 p. 100 du marché.
Je crois que l'expérience de Corvus ressemble à celle de nombreuses PME qui se concentrent sur de nouveaux marchés d'exportation. C'est pourquoi j'aimerais décrire brièvement les défis que nous avons dû surmonter et l'excellent soutien que nous avons reçu, dans l'espoir que ces observations seront utiles.
Dans bien des cas, la croissance d'une entreprise de technologie doit passer par l'exportation parce que le marché canadien est trop limité ou n'a pas besoin du produit en question. Dans le cas de Corvus, le centre décisionnel du marché maritime mondial se trouve en Europe du Nord, la région où les mesures de protection de l'environnement sont les plus rigoureuses. Nous avons toujours su qu'il faudrait exporter.
Rappelons que, toutes proportions gardées, il est généralement plus simple pour un client de ne pas importer de produits. À l'intérieur de notre propre chaîne d'approvisionnement, nous nous efforçons, dans la mesure du possible, de faire affaire avec des fournisseurs locaux. Pour assurer la réussite de Corvus sur le marché des exportations, nous nous sommes concentrés sur trois points. Il fallait, tout d'abord, disposer d'un produit de première classe, en termes de fonctionnalité, de qualité et de coût; deuxièmement, faire connaître notre marque dans nos marchés d'exportation afin que les acheteurs nous connaissent et puissent nous joindre; et troisièmement, réduire les risques transactionnels du client, pour qu'il n'ait pas à s'inquiéter de traiter avec une entreprise étrangère.
Bon nombre de services offerts au Canada peuvent soutenir ces trois volets et ont fourni une aide considérable à Corvus. Voici quelques précisions.
Tout d'abord, en ce qui concerne la création d'un produit de qualité, le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental nous a grandement aidés à prolonger notre financement à l'étape de la recherche. Notre défi consiste maintenant, d'une part, à commercialiser nos produits et, d'autre part, à recueillir des données sur les produits de première génération déjà en fonction, puis à les utiliser pour élaborer les produits de deuxième et troisième générations sur lesquels se bâtira notre réussite à long terme.
Le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental ne soutient pas vraiment cette nouvelle étape. Nous avons toutefois la chance d'être admissibles à l'Initiative d'innovation dans l'Ouest. Ce programme nous donne accès à des prêts à long terme à faible taux d'intérêt pour financer les activités de commercialisation nécessaires à notre succès à long terme.
Il serait bon qu'un programme semblable soit offert partout au pays. Il pourrait aider beaucoup de jeunes entreprises à traverser cette étape difficile de leur croissance.
Bon nombre de nos fournisseurs et de nos concurrents ont aussi pu profiter du développement de technologies de base, de même que d'initiatives conjointes entre l'industrie et les centres de recherche. Je pense, par exemple, à l'Institut de recherche sur les technologies industrielles de Taïwan, à l'Institut des technologies industrielles de la Corée et, en Allemagne, à l'Institut Fraunhofer. Le résultat de ces recherches fondamentales est ensuite accessible gratuitement ou à faible coût. Nous n'avons pas trouvé aussi avantageux de travailler avec des universités canadiennes. Il pourrait donc être bon d'adopter au Canada un modèle semblable à celui de ces autres pays, de façon à faciliter la commercialisation des technologies.
Pour ce qui est du deuxième volet, la visibilité de la marque, Corvus a reçu un soutien limité de la part d'organismes fédéraux et provinciaux. La plupart de nos démarches dans ce domaine ont été financées grâce à nos propres ressources, à nos initiatives sur le terrain, à nos contacts et à nos investisseurs. Il serait probablement fort utile d'aider les entreprises à assister aux foires commerciales pertinentes et à trouver des occasions de s'adresser à leurs marchés cibles. Pour réduire les coûts, on pourrait penser à un pavillon canadien qui accorderait une certaine place aux PME. Cela pourrait représenter un premier pas tout à fait réalisable.
Jusqu'à maintenant, les missions commerciales à l'étranger ont moins profité à Corvus qu'à d'autres entreprises plus importantes en raison des coûts associés à ces missions et des nombreux domaines représentés. Il serait peut-être plus efficace pour les PME de faire venir au Canada des groupes d'acheteurs intéressés par une industrie précise.
Par ailleurs, les délégués commerciaux nous ont grandement aidés à franchir les étapes subséquentes et à trouver des partenaires. Les activités visant à intégrer les délégués à des groupes tels que Manufacturiers et Exportateurs du Canada facilitent grandement l'accès à ces ressources.
Nous avons aussi eu recours aux délégués commerciaux pour établir notre réseau d'approvisionnement, puisque nous devons optimiser notre chaîne d'approvisionnement mondiale pour continuer d'offrir les meilleurs prix dans notre domaine.
Enfin, je diviserais le risque associé aux transactions en deux composantes, soit le risque technologique et le risque financier. Pour réduire le risque technologique, on gagne à disposer d'un projet de référence que l'entreprise pourra donner en exemple aux clients et aux partenaires de l'étranger. À cet égard, Technologies du développement durable Canada a grandement soutenu Corvus en finançant un projet conjoint avec le gouvernement norvégien. Grâce à cette initiative, Corvus a pu réaliser un projet à l'étranger en plus d'obtenir un nouveau client pour ses exportations et d'établir un partenariat avec l'un des principaux fabricants de moteurs marins du monde. Comme Technologies du développement durable Canada se consacre normalement à des projets en sol canadien, cette collaboration internationale était inhabituelle. Peut-être serait-il utile de répéter l'expérience avec d'autres entreprises pour les aider à obtenir des contacts à l'étranger.
Par ailleurs, il faut minimiser les risques financiers que court le client en offrant une couverture du risque de change, des lettres de crédit et une assurance-crédit aux petites entreprises. EDC a grandement soutenu Corvus dans ce domaine. En effet, cet organisme a accepté d'assumer les risques et nous a donné l'occasion de travailler directement avec des banques commerciales du Canada bien que nous ne soyons pas encore rentables. C'est extrêmement important. Sans ce soutien, nous n'aurions probablement jamais pu accroître nos exportations. J'espère vivement que d'autres entreprises pourront profiter de ce soutien.
Les entreprises axées sur l'exportation peuvent avoir plus de mal à trouver du capital de risque au Canada, puisque certains les considèrent moins sûres que les entreprises axées sur les marchés locaux. Technologies du développement durable Canada nous a donné un coup de main en nous présentant à certains investisseurs, principalement des fonds nord-américains. Cet organisme a un peu moins de contacts en Asie et en Europe. S'il pouvait établir, dans ces marchés, des réseaux semblables à ceux dont il dispose en Amérique du Nord, ce serait fort utile aux entrepreneurs.
Il existe un nombre impressionnant de ressources. Il est difficile pour les PME de les connaître toutes et de savoir s'y retrouver. Il serait fort bénéfique de consolider toutes ces options et de fournir un point de contact unique qui servirait aussi de guide. Les PME pourraient ainsi profiter pleinement, facilement et rapidement de toutes les ressources à leur disposition.
J'espère que ces observations seront utiles. Si vous avez des questions, j'y répondrai avec plaisir.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : En tout premier lieu, merci à vous deux pour vos présentations.
Monsieur Reynolds, ma première question s'adresse à vous. Vous avez plus de 25 ans d'expérience au sein de l'industrie de la technologie de l'information, à la fois au Canada et à l'étranger. Vous êtes membre du Conseil consultatif sur les PME du ministre, comme vous l'avez mentionné tout à l'heure.
Selon votre expérience, les services fédéraux de promotion du commerce ont-ils réussi à favoriser les activités d'exportation des entreprises canadiennes dans le secteur de la technologie de l'information? J'aimerais savoir aussi s'il y a des lacunes dans ces services qui sont offerts aux entreprises.
[Traduction]
M. Reynolds : Je peux répondre que oui, les programmes du gouvernement ont certainement été utiles aux PME du secteur de la technologie. Ce secteur retient beaucoup l'attention, particulièrement à Waterloo. Je pense par exemple à Communitech, qui regroupe 1 000 entreprises technologiques de la région de Kitchener, Waterloo, Guelph et Cambridge. Ces entreprises reçoivent du soutien de nombreux organismes. Elles servent d'incubateurs; elles conçoivent et développent des technologies pour les mettre en marché.
Le Service des délégués commerciaux de la région soutient fortement le secteur technologique et d'autres entreprises. Nous avons reçu un très bon soutien de cet organisme sur toute la ligne. Récemment, quelques entreprises ont été invitées par leur délégué commercial à rencontrer des délégués venus de Mexico, d'Atlanta et de Détroit, tous spécialistes du secteur automobile. C'était l'occasion de découvrir des débouchés, d'établir des contacts et de rencontrer des gens d'autres pays.
L'événement s'est tenu à l'Université de Waterloo, où se trouve le centre de recherche et de design WatCAR, qui se concentre sur les innovations dans le secteur automobile. Le gouvernement nous fait connaître toutes ces initiatives.
Le Service des délégués commerciaux a réservé un pavillon au Mississippi, auprès d'un grand constructeur automobile japonais, et a invité quatre entreprises à y participer. C'est grâce au gouvernement et à certaines de ces organisations que nous avons pu en entendre parler.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Selon votre expérience, avez-vous relevé des obstacles et des risques auxquels sont confrontées les petites et moyennes entreprises? Cette question ne touche pas nécessairement le secteur des communications, mais plutôt celui du commerce international. Avez-vous perçu des obstacles qui pourraient empêcher les petites entreprises de fonctionner?
[Traduction]
M. Reynolds : Nous avons repéré certains obstacles, en effet. Il est certain que ceux-ci varient selon la PME. Les obstacles ne sont pas toujours les mêmes. Nous avons les nôtres. La première difficulté, selon moi, consiste à pouvoir obtenir des capitaux sans renoncer à notre propriété intellectuelle. Notre entreprise est une société privée, dont les trois partenaires sont propriétaires. J'ai aussi de l'expérience dans le redressement d'entreprises et d'autres domaines semblables. Notre flux de trésorerie est donc positif; nous faisons des bénéfices; l'entreprise n'a pas de capital de risque ni de dettes.
Nous pouvons conserver un rendement relativement stable et être profitables. Mais pour passer à la vitesse supérieure, une entreprise comme la nôtre ne peut pas vraiment croître de façon organique, par elle-même. Elle doit avoir accès à des injections de capitaux à un taux d'intérêt plutôt concurrentiel, sans devoir abandonner sa propriété intellectuelle.
C'est mon point de vue en ce qui touche la propriété intellectuelle. Je crois que toutes les PME devraient garder ce point à l'esprit.
D'autres obstacles peuvent surgir quand on souhaite envoyer des gens travailler dans un autre pays, mais ce problème se pose peut-être moins souvent dans le secteur technologique que dans d'autres domaines. Malgré l'existence d'accords de libre-échange et d'ententes bilatérales, quand on se retrouve devant l'agent des douanes qui laisse entrer les gens au pays ou non, les choses peuvent se compliquer.
Il y a donc le capital et la capacité de percer dans d'autres organisations ou d'autres pays. Il n'est pas difficile d'envoyer son produit à l'étranger dans le secteur de la technologie, car tout se fait électroniquement. C'est la partie facile. Ce n'est pas aussi facile pour les fabricants, cependant, car ils traitent en marchandises et en autres types de services.
J'espère avoir répondu à toutes vos questions.
M. Lang : J'aimerais me concentrer sur les finances. La plus grande difficulté pour les nouvelles entreprises du secteur de la technologie — celles qui ne sont pas encore rentables — consiste à offrir les services financiers que les clients étrangers s'attendent à recevoir. Par exemple, nos clients veulent payer en euros. Il nous faut des moyens de couverture. D'importants cautionnements doivent être versés au début d'un contrat. Les clients veulent également une lettre de crédit pour garantir l'exécution du contrat, et enfin, de notre côté, lorsque nos banques contribuent au financement du commerce, nous sommes tenus d'obtenir une assurance-crédit.
EDC fait du bon travail. En assumant le risque pour les grandes banques au Canada, elle permet aux jeunes entreprises d'obtenir les instruments nécessaires afin de pouvoir devenir rentables. Sans la société, le chemin serait extrêmement ardu et le taux de croissance diminuerait considérablement.
Voilà pour l'aspect financier. J'aimerais maintenant parler des moyens d'aider les PME à promouvoir à faible coût leurs produits et services à l'étranger. Il coûte extrêmement cher d'assister à des foires commerciales à l'étranger. Il serait utile pour les sociétés de trouver des moyens de nous regrouper sous une même marque afin de réduire les coûts, ou encore de trouver d'autres moyens de se faire connaître, notamment en amenant les délégués commerciaux à accorder la priorité aux allocutions publiques afin de devenir des leaders d'opinion dans leur propre marché. Il peut être difficile pour les PME de cerner toutes ces occasions, mais les délégués commerciaux postés à l'étranger sont en mesure de les aider.
En ce qui me concerne, ce sont là les deux principaux obstacles auxquels nous sommes confrontés.
La sénatrice Eaton : Merci, monsieur Lang et monsieur Reynolds.
De 2003 à 2012, la valeur des exportations de biens et services canadiens a crû à un taux inférieur que celle d'autres pays comme l'Australie, les États-Unis et l'Allemagne. Pensez-vous que le taux de croissance des exportations dans ces pays est attribuable à des mesures particulières?
Monsieur Lang, vous avez parlé du manque de crédit et de services financiers et de promotion. Les Allemands et les Américains sont-ils meilleurs que nous à ces égards? Y a-t-il plus d'argent dans leur système?
M. Lang : Je préférerais parler d'une question légèrement différente que j'estime importante. J'ai brièvement parlé des instituts nationaux de recherche et de l'industrie qui mettent au point des technologies de base et les mettent à la disposition des entreprises. Les pays dont les exportations ont crû davantage et plus rapidement mettent l'accent sur la mise au point de ces plateformes technologiques ou technologies habilitantes afin que les entreprises puissent s'en servir pour développer leurs propres produits.
Il est merveilleux de financer la recherche et le développement d'une entreprise donnée, mais au bout du compte, cette entreprise-là est la seule à avoir accès aux fruits de ces investissements. Lorsqu'on met au point une plateforme technologique et qu'on la met à la disposition de l'ensemble des entreprises canadiennes, les retombées augmentent considérablement; comme je l'ai déjà mentionné, je pense qu'ITRI, KITECH et Fraunhofer sont d'excellents exemples de sociétés exportatrices qui ont très bien tiré leur épingle du jeu à cet égard. On peut en dire de même de la société pour laquelle je travaille actuellement, CORVUS, ainsi que de la société du secteur de l'énergie pour laquelle nous travaillions précédemment, qui affichait les mêmes forces que Fraunhofer et ITRI.
La sénatrice Eaton : Merci pour votre réponse, mais je me demande aussi si nous offrons des produits qui sont en demande dans le monde. Bombardier a percé en Chine et BlackBerry s'est répandu dans le monde entier. Je ne parle pas de la situation actuelle de BlackBerry, mais il demeure qu'il y avait une demande mondiale pour ces produits.
M. Reynolds : Comme l'a dit la sénatrice, le volume de nos exportations a chuté depuis 2003. Pour en revenir aux observations de la sénatrice Fortin-Duplessis, cette baisse est éventuellement attribuable au secteur de la technologie à Waterloo. On sait maintenant que l'Université de Waterloo et le secteur de la technologie créent de nombreuses jeunes entreprises. Lorsque celles-ci en arrivent au point où elles sont prêtes à prendre de l'ampleur, une société américaine ou autre les rachète.
Comme vous avez utilisé un BlackBerry, je vous rappelle que les entreprises qui ont percé comme OpenText sont plutôt nombreuses. Mais les gens d'affaires du milieu de la technologie à Waterloo déplorent le fait que nous acceptions de nous départir de nos nouvelles entreprises après les avoir cultivées, ce que nous faisons très bien. Quelle qu'en soit la raison — et personne ne semble pouvoir dire ce qu'elle est exactement — c'est ce qui se passe. Entre autres raisons, je pense que les concepteurs de logiciels, par exemple, sont prédisposés à accepter une offre d'achat intéressante dès que leur compagnie prend de la valeur. C'est peut-être dû à leur mentalité. Les entreprises ne restent pas au Canada.
Sinon, un membre chevronné d'un des cabinets comptables qui fait affaire avec les PME m'a parlé d'une autre raison locale qui pourrait contribuer à ce phénomène. Cette personne travaillait de près dans le domaine il y a plusieurs mois probablement, dans tous les cas, il n'y a pas si longtemps. Une entreprise européenne souhaitait s'installer en Amérique du Nord. Lorsque le cabinet comptable, une société internationale, lui a montré les offres dans deux provinces, il a été très surpris du différent niveau d'intérêt manifesté. Il a dit avoir trouvé cela très surprenant, et lorsqu'il est allé aux États-Unis, il a constaté que les offres faites par deux États en particulier étaient beaucoup plus intéressantes.
Si nos exportations faiblissent, c'est en partie parce que nous ne sommes pas capables d'amener les sociétés étrangères naturellement susceptibles de créer un marché d'exportation à s'installer et à rester au Canada. Une société européenne qui s'installe au Canada contribuerait considérablement au volume des exportations. Mais elles ne viennent pas ici seulement pour servir le marché canadien.
Je pense que le problème se manifeste sur deux plans. D'une part, les petites entreprises se font racheter, et de l'autre, généralement parlant, le Canada ne semble pas être aussi concurrentiel ou aussi déterminé à attirer des investisseurs.
La sénatrice Cordy : Merci à vous deux. Vos exposés étaient excellents. La semaine dernière, nous avons entendu le témoignage de représentants de la commission canadienne du commerce qui nous ont parlé de la marque Fabriqué au Canada. La marque nationale du Canada se classe au deuxième rang mondial mais la marque Fabriqué au Canada a peine à se classer parmi les vingt premiers. Cela en dit long sur les grands efforts que l'on devra déployer à l'échelle fédérale pour la mettre au point. Lorsqu'on se dit que les exportations des petites et moyennes entreprises à l'extérieur des États-Unis se chiffrent à 1 p. 100, force est d'avouer qu'il y a beaucoup de travail à faire.
Monsieur Reynolds, vous avez parlé des entreprises qui sont prêtes à exporter mais je pense que vous avez tous deux très bien décrit les obstacles auxquels sont confrontées les petites et moyennes entreprises qui n'ont tout simplement pas suffisamment de capital pour se mettre à exporter.
Quelle est la chose la plus importante que le gouvernement fédéral ou autre pourrait faire à l'échelle nationale pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises?
Sinon, monsieur Lang, vous avez également très bien décrit les obstacles auxquels sont confrontés les groupes commerciaux internationaux lorsqu'ils doivent se rendre à l'étranger et combien il est difficile pour les petites entreprises de trouver les ressources financières nécessaires pour envoyer un représentant assister à une foire internationale. Que pouvons-nous faire à l'échelle internationale? Vous avez également parlé des ressources limitées des organismes fédéraux. Peut-être pourriez-vous développer cette question.
M. Lang : Sur le plan commercial, il serait très utile de donner aux PME les moyens de mettre en commun leurs ressources afin de pouvoir assister à des foires commerciales. Le service des délégués commerciaux est lui aussi un élément clé. Beaucoup d'entreprises du secteur de la technologie servent un très petit marché; les délégués peuvent les aider à y trouver des débouchés. Cette relation personnelle est essentielle.
Il existe déjà beaucoup de bons programmes. Je pense que beaucoup de PME n'en sont pas conscientes. Il faut trouver un moyen de regrouper ces programmes sous un même point de contact. L'intégration des délégués commerciaux aux associations sectorielles est un bon début, mais ces délégués ont chacun accès à des ressources limitées. Je pense qu'il serait incroyablement avantageux de leur permettre d'accéder à tous les instruments fédéraux différents.
M. Reynolds : Premièrement, je suis tout à fait d'accord avec M. Lang.
Il faudrait également permettre aux PME d'avoir accès à un bassin de capitaux raisonnable à un faible taux d'intérêt. Cela leur permettrait de surmonter certains obstacles financiers. Je ne préconise pas le retour à l'époque où l'on renflouait les caisses de n'importe quelle entreprise, mais il faut néanmoins faciliter l'accès au capital. Les représentants de PME qui siègent à notre conseil d'administration qui nous ont fait une présentation ont dit que, bien qu'il soit plus facile de faire affaire avec EDC ou la BDC qu'avec une banque à charte, il y a encore trop d'obstacles. Les prêts, stipulations et autres font tous l'objet de restrictions; il serait extrêmement utile d'abolir ou au moins d'alléger ces restrictions.
Ensuite, on pourrait également mettre un financement à la disposition des entreprises qui veulent assister à de tels événements à l'étranger.
Cela représenterait des sommes plutôt faibles pour un grand pays comme le Canada, mais pour les PME elles représentent un obstacle quasi insurmontable.
Le sénateur Demers : Merci d'avoir accepté notre invitation monsieur Reynolds. Merci aussi à vous, monsieur Lang, d'être venu nous parler.
D'après le rapport de décembre 2012 du Conference Board du Canada, le Canada commence à s'éloigner de la fabrication, dont les exportations sont particulièrement vigoureuses, afin de miser davantage sur les services professionnels et les secteurs liés aux ressources naturelles.
Est-ce un avantage ou un désavantage?
M. Reynolds : C'est un désavantage dans la mesure où on s'éloigne d'une valeur sûre.
Il est formidable de pouvoir se lancer dans de nouveaux secteurs, mais je pense qu'il faut pouvoir le faire sans renoncer à d'autres secteurs. À entendre les représentants de diverses PME qui siègent à notre conseil d'administration, je pense que le Canada n'est tout simplement pas aussi concurrentiel qu'il devrait l'être.
Il y a un adage qui dit qu'il faut réussir chez soi pour réussir dans le monde. Il faut renforcer nos infrastructures. Nous n'avons pas les moyens d'attirer les sociétés qui souhaitent s'installer en Amérique du Nord. Dans le même ordre d'idées, cette même lacune nous empêche de convaincre les sociétés de rester au Canada.
Le secteur de la fabrication a pris un coup. L'article du Globe and Mail de la fin de semaine dernière sur la situation au Mexique brosse un portrait plus général de ce qui se passe. Mais le secteur de l'automobile est toujours dynamique en Ontario. Nous y investissons de l'argent, et les gens s'y intéressent. Je pense qu'il y a lieu de garder espoir et de demeurer optimistes. Il ne faut abandonner sur aucun front.
Le sénateur Demers : Merci, monsieur.
M. Lang : Je suis d'accord. Il ne convient pas de s'intéresser à un seul secteur. Toute entreprise a quelque chose à offrir, que ce soit dans les services, la fabrication, ou encore la vente de technologies. Tous ces secteurs sont susceptibles de réussir. Ils créent tous des emplois au Canada et attirent de l'argent au Canada, c'est pourquoi il ne faut pas limiter nos domaines d'intérêt.
La présidente : J'ai une seule question à poser. On parle souvent de la capacité d'obtenir les fonds nécessaires pour commencer à exporter. J'ai parlé à certaines personnes qui affirment ne pas pouvoir trouver d'argent au Canada. Elles peuvent en trouver aux États-Unis, et c'est pourquoi elles finissent par s'installer là-bas. Dans le même ordre d'idées, elles vont outre-mer, où elles peuvent trouver un partenaire.
Se pourrait-il qu'après avoir obtenu les fonds nécessaires pour percer de nouveaux marchés, les sociétés adoptent une perspective plus internationale? Y a-t-il quelque chose qui manque à cette étape-là au Canada? Monsieur Reynolds?
M. Reynolds : Je pourrais faire part de mon opinion personnelle, que partagent en général les Canadiens, mais pas l'ensemble de ceux-ci. Nous ne nous trouvons pas capables de réussir à l'échelle internationale. C'est fondamentalement une question de perception. Il suffit d'aller à l'étranger et d'y travailler pour constater non seulement que nous pouvons être concurrentiels, mais aussi que nous avons même les moyens de surpasser d'autres entreprises. Je pense qu'il est utile de garder cela à l'esprit.
En ce qui concerne les capitaux, il semble que les obstacles soient plus difficiles à surmonter ici qu'ailleurs. Ce que j'ai dit plus tôt se rapporte aux créanciers et aux investisseurs américains, par exemple. Ils voient les choses à plus grande échelle, mais ils ne considèrent pas nécessairement que l'investissement dans une petite entreprise comporte des risques inhérents comme le pensent certains investisseurs canadiens.
Je pense que l'ensemble des PME représentées à notre conseil estime qu'il est difficile d'obtenir du capital. Selon mes associés, il faudrait à tout prix éviter les investisseurs en capital-risque canadiens, car ils exigent une proportion bien trop élevée de capitaux propres et imposent beaucoup de contraintes à l'organisation. Par conséquent, il est vrai que c'est très difficile, madame la présidente.
La présidente : Merci. Monsieur Lang?
M. Lang : J'ajouterais simplement que je crois que les sociétés de capital-risque canadiennes semblent surtout regarder et comprendre les risques associés aux entreprises qui concentrent leurs ventes au Canada. Alors, lorsqu'on leur présente un plan d'affaires fondé en grande partie sur l'exportation, elles considèrent que les risques sont trop élevés. En comparaison, les sociétés de capital-risque à l'étranger sont beaucoup plus ouvertes à un genre de perspective mondiale et comprennent probablement mieux les risques. Je doute que ce soit parce qu'elles sont disposées à prendre de plus grands risques. Je crois plutôt qu'elles comprennent les tenants et aboutissants de l'exportation et ce qu'il faut pour réussir dans ce marché.
La présidente : Est-ce typiquement canadien, comme mentalité? J'entends sans cesse dire que nous sommes craintifs, et que par conséquent, les institutions financières...
M. Lang : Peut-être qu'elles ne comprennent pas les risques associés aux exportations. Elles comprennent les risques qu'il y a à faire des affaires au Canada, mais pas à faire des affaires largement fondées sur l'exportation. Elles se concentrent sur ce qu'elles connaissent le mieux.
La présidente : Voilà qui complète nos questions. Au nom du comité, monsieur Reynolds, monsieur Lang, je vous remercie de nous avoir fait part de votre opinion. Cela nous aide énormément.
Il est regrettable que nous ayons eu des difficultés avec la vidéoconférence. Néanmoins, je crois que nous avons les témoignages et les renseignements dont nous avons besoin. Merci, monsieur Reynolds, monsieur Lang, de vous être déplacés aujourd'hui.
Honorables sénateurs, nous allons commencer par M. Philip Turi, avocat général et directeur des Services d'affaires mondiaux de Manufacturiers et Exportateurs du Canada.
Nous poursuivons notre étude des questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères et au commerce international en général. C'est dans le cadre de ce mandat que la Chambre de commerce est venue nous parler de la promotion du commerce, et nous continuons cette étude aujourd'hui.
Monsieur Turi, veuillez présenter votre exposé. Les sénateurs vous poseront des questions par la suite.
Philip Turi, avocat général et directeur, Services d'affaires mondiaux, Manufacturiers et Exportateurs du Canada : Merci, madame la présidente, et merci à vous, honorables sénateurs, de me donner l'occasion de m'adresser ce soir au Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international.
Je suis ravi d'être ici pour parler du Plan d'action sur les marchés mondiaux et, dans une optique plus générale, de la promotion du commerce au Canada. En plus des fonctions d'avocat général, j'exerce aussi celles de directeur des Services d'affaires mondiaux de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, ou MEC, et c'est à ce titre que je m'adresse à vous ce soir. Je le précise, parce que je crois que c'est pertinent pour les besoins de la présente discussion. C'est moi qui supervise tous les échanges commerciaux ainsi que les initiatives liées à l'exportation.
Au cas où vous ne le sauriez pas, MEC est la plus importante association industrielle du Canada. Nous représentons des manufacturiers et des exportateurs de partout au Canada, et nos membres représentent collectivement plus de 80 p. 100 des exportations canadiennes non liées aux marchandises de même que des milliers d'emplois hautement rémunérés.
Tout d'abord, j'aimerais mentionner, en ma qualité de directeur des Services d'affaires mondiaux de MEC, que mon équipe et moi sommes sur la première ligne de la promotion du commerce au Canada et constatons de première main l'incidence du Plan d'action sur les marchés mondiaux.
Au cours des deux dernières années, mon équipe a organisé six missions commerciales sectorielles à l'étranger, dans des marchés de l'Union européenne et du Mexique, chacune avec l'aide financière du programme Opportunités mondiales pour les associations.
Nous avons coordonné et appuyé plusieurs missions étrangères au Canada. Nous avons tenu plus d'une trentaine de webinaires sur les occasions d'exportation afin de faire connaître nos délégués commerciaux en poste à l'étranger ainsi que d'autres experts en commerce international. En outre, nous travaillons depuis peu avec Exportation et développement Canada à l'élaboration d'une série d'ateliers de mentorat et d'apprentissage en exportation afin de renforcer nos capacités en la matière. C'est extrêmement important, en particulier pour les PME.
En ce qui a trait au Plan d'action sur les marchés mondiaux, notre président et chef de la direction, Jayson Myers, a comparu plus tôt aujourd'hui devant le Comité du commerce international de la Chambre des communes pour en parler. Le PAMM a été lancé octobre ou novembre 2013, il y a un peu plus d'un an.
De toute évidence, le PAMM est important, car il met en relief le rôle vital des exportations pour le Canada et montre qu'elles constituent un moteur de croissance pour l'économie canadienne et le commerce international dans son ensemble. Ce plan met l'accent sur les besoins des PME et établit des cibles claires et mesurables concernant le nombre de PME exportatrices, qu'on veut faire augmenter. C'est vraiment important. Il faut absolument fixer des cibles, parce que c'est le genre de chose qui encourage les gens.
Le PAMM permet ensuite de faire ressortir les marchés géographiques et sectoriels qui s'annoncent les plus prometteurs pour les entreprises canadiennes, en plus de donner au gouvernement une indication sur les stratégies les plus intéressantes à poursuivre dans chaque cas. Les États-Unis resteront certainement le plus important partenaire commercial du Canada et connaissent actuellement une croissance à l'échelle internationale.
Cela étant dit, les marchés émergents continuent de présenter des débouchés intéressants pour les exportateurs canadiens, et c'est encourageant de voir le gouvernement utiliser le PAMM pour leur donner la priorité.
À partir des données fournies par les entreprises elles-mêmes, le plan d'action recense en outre une série de marchés prioritaires et propose un plan d'afin de mieux harmoniser les initiatives de politiques commerciales du gouvernement aux services de soutien correspondant aux priorités commerciales établies.
En ce qui concerne l'harmonisation — et je fais ici référence à l'harmonisation entre nos objectifs de négociation et les services de soutien offerts par le gouvernement —, des progrès observables ont été réalisés. La coordination est meilleure au sein du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement et d'autres ministères, tout comme elle l'est entre le MAECD et ses partenaires gouvernementaux, c'est-à-dire le Service des délégués commerciaux, Exportation et développement Canada, la Banque de développement du Canada et la Corporation commerciale canadienne.
J'ai moi-même passé beaucoup de temps à discuter de coordination et de partage d'information avec ces organismes- là afin de mieux soutenir les exportateurs canadiens. Si ça vous intéresse, je vous expliquerai avec plaisir quel a été le résultat de mes démarches.
Chacun de ces organismes offre des services utiles et uniques aux entreprises canadiennes qui font des affaires à l'étranger, et plus particulièrement aux PME, qui n'ont souvent pas l'expertise ou les ressources pour s'attaquer seuls aux marchés internationaux et y percer. Chose certaine, ils figurent beaucoup trop souvent parmi nos secrets les mieux gardés, et plus particulièrement le Service des délégués commerciaux.
Le Plan d'action sur les marchés mondiaux permet justement de faire connaître les services et les activités du Service des délégués commerciaux. Je suis d'ailleurs fier de dire que MEC s'est associé au gouvernement du Canada pour la mise en œuvre d'un programme national de sensibilisation appelé Le monde à votre portée.
Sûrement que Jim et Neil vous en ont déjà parlé. Les deux ont pris part à l'une des séances que nous avons organisées plus tôt cette année. Il y en aura 20 au total. Jusqu'à maintenant, nous en avons organisé sept un peu partout au Canada afin de promouvoir le plan d'action, les divers accords commerciaux internationaux, comme l'AECG ou l'accord Canada-Corée, mais surtout de faire connaître les avantages qu'ont les entreprises à entretenir des liens avec le Service des délégués commerciaux, Exportation et développement Canada et la Banque de développement du Canada s'ils veulent étendre leurs opérations à l'étranger.
Nous avons toujours dépassé les 100 participants. Il s'agissait surtout de PME, alors il y a du progrès.
Enfin, le Plan d'action sur les marchés mondiaux est utile parce qu'il permet aux organismes comme MEC de contribuer à faire des ambitions internationales du gouvernement une réalité. C'est un peu comme la croisée des chemins, pour nous.
Mon organisme en est un bon exemple. Avec l'appui d'EDC, du Service des délégués commerciaux et du Conseil national de recherches, mon équipe a lancé le Réseau canadien d'entreprises. Ce service en ligne aide les entreprises d'ici à trouver des milliers de contacts sur les marchés étrangers et à en tirer profit et se spécialise dans l'offre et la demande dans les secteurs du commerce, de la technologie et des partenariats de recherche.
La base de données est alimentée à même une base de données européenne qui propose plus de 20 000 offres et demandes de partenariats. Depuis son lancement en septembre dernier, le site reseaucanadiendentreprises.ca a reçu 26 000 visiteurs. Plus de 600 entreprises ont fait part de leur intérêt à recevoir ou à faire publier des profils d'opportunités, et nous avons déjà conclu 32 partenariats internationaux.
Dans le cadre de tous les partenariats, mon équipe collabore de près avec le Service des délégués commerciaux et Exportation et développement Canada afin que ceux-ci non seulement soient au courant des activités de jumelage, mais qu'ils puissent fournir des références et appuyer les PME. Voilà comment MEC contribue activement au PAMM.
Pour croître, les entreprises canadiennes doivent avoir accès à des occasions d'affaires à l'échelle internationale et être en mesure de s'en prévaloir. C'est une idée qui revient constamment dans les réponses au sondage que nous effectuons annuellement auprès de nos membres. Nous sondons nos membres deux fois l'an et, presque chaque année, la principale priorité des répondants en ce qui concerne les marchés internationaux, c'est la recherche et l'identification de nouveaux partenaires étrangers fiables. Il s'agit d'un enjeu jugé plus important que l'accès au financement et la gestion du risque de change. C'est la priorité absolue.
Le PAMM tient compte de cette réalité et vise à ouvrir des marchés et à soutenir les entreprises canadiennes plus efficacement en harmonisant et en coordonnant les services gouvernementaux. Le plan devra être réévalué et amélioré régulièrement et, bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore beaucoup à faire.
J'ai quelques suggestions. Il est nécessaire de déployer des efforts supplémentaires pour mettre en adéquation les activités des ministères et les objectifs du PAMM en matière de commerce international. Il est nécessaire d'améliorer l'échange de renseignements entre les ministères clés et les organismes de promotion du commerce et au sein de ceux-ci, dans l'intérêt des PME. Il est nécessaire de simplifier les fonds de promotion du commerce, tels que le programme Opportunités mondiales pour les associations. Depuis trois ans, je participe à la conception du formulaire de demande au titre de ce programme. Je serai donc enchanté de vous en parler et de vous expliquer son fonctionnement.
De nombreux efforts restent à faire pour appliquer la formule du guichet unique afin de mieux répondre aux besoins des PME sur le plan des exportations. Il faut aider les PME à s'y retrouver dans le monde fort complexe des échanges internationaux et à mieux comprendre les programmes de promotion du commerce financés par les deniers publics, auxquels il est parfois difficile de savoir comment accéder.
Il est impératif de faire des investissements stratégiques dans le Service des délégués commerciaux, une ressource précieuse. Nombreux sont nos partenaires commerciaux qui nous envient de pouvoir compter sur ce service. Les délégués font un travail extraordinaire. Je crois néanmoins qu'ils peuvent — et doivent — en faire davantage. Je serai disposé à en discuter pendant la période de questions et réponses.
Par surcroît, il y a lieu d'aller encore plus loin pour dresser la liste des chaînes mondiales d'approvisionnement auxquelles participe le Canada de manière à ce que les PME connaissent les points d'accès aux sociétés internationales qui ont une présence au Canada. Des mesures supplémentaires s'imposent pour tirer parti, dans l'intérêt des PME, des relations que les organismes comme EDC entretiennent avec certains des plus grands acheteurs de produits et de services du monde.
En guise de conclusion, j'aimerais me faire l'écho du point de vue de notre PDG, Jayson Myers. Selon lui, le Plan d'action sur les marchés mondiaux mérite d'être salué, car il est axé, comme il se doit, sur les besoins du client — c'est- à-dire les entreprises canadiennes et, en particulier, les PME. Il met l'accent sur les entreprises qui cherchent activement de nouveaux débouchés à l'étranger. C'est un plan dans lequel il faut investir et dont il faut faire la promotion. Notre organisation continuera d'appuyer sa croissance et son développement.
C'est avec joie que je répondrai à vos questions le moment venu.
La présidente : Je vous remercie, monsieur Turi. Nous passons maintenant à la période de questions. Madame la sénatrice Eaton?
La sénatrice Eaton : Monsieur Turi, je vous remercie beaucoup d'être venu témoigner. Quel plaisir d'entendre un exposé optimiste. J'ai écouté ce que les deux autres messieurs et vous-même aviez à dire, et une question me vient à l'esprit : quelle part de responsabilité incombe au gouvernement et quelle part revient aux fabricants eux-mêmes? La question est plutôt philosophique; vous n'avez peut-être pas de réponse. Ne sommes-nous pas devant un exemple d'État providence? L'État doit pratiquement prendre en charge les produits. Il me semble qu'on lui en demande beaucoup.
Voici des questions simples : avons-nous les bons produits? Nos efforts pour innover sont-ils insuffisants? Sommes- nous à la traîne par rapport à des pays comme l'Australie et l'Allemagne, qui exportent plus que nous?
M. Turi : C'est un argument tout à fait valable, et je ne veux pas donner l'impression que notre organisation s'attend à ce que le gouvernement prenne tout en main. Il est certain qu'il a grandement contribué à ouvrir des portes. Les accords commerciaux sont une excellente occasion pour le gouvernement de donner l'impulsion requise. Mais, en définitive, ce sont les entreprises qui doivent franchir les portes que le gouvernement leur ouvre.
Le PAMM...
La sénatrice Eaton : D'après vous, est-ce que le partenariat transpacifique nous offre d'immenses possibilités?
M. Turi : Oui. On n'a qu'à examiner le marché que cela représente. À eux trois, l'ALENA, l'Accord économique et commercial global et le partenariat transpacifique nous donneraient accès à plus de 70 p. 100 de l'économie mondiale. Ainsi donc, les accords commerciaux tels que le partenariat transpacifique offrent des possibilités considérables. Mais vous avez absolument raison de dire que les investissements que nous faisons dans la promotion des échanges commerciaux pour aider les entreprises doivent aller de pair avec des investissements dans l'innovation et des mesures stratégiques favorisant la croissance du secteur de la fabrication — je pense notamment à des technologies de fabrication de pointe. Bon nombre d'entreprises ont réalisé ce genre d'investissements, malgré le ralentissement de 2008-2009. La plupart de nos membres actuels sont devenus habitués de fonctionner dans un contexte de parité du dollar canadien avec le dollar américain et ont investi dans l'automatisation, la robotique et la formation de la main- d'œuvre. Les entreprises n'ont d'autre choix que d'investir là-dedans si elles veulent demeurer concurrentielles. Pour dire vrai, ce type d'investissements est une condition indispensable à remplir pour quiconque veut pénétrer les marchés mondiaux.
Il faut jouer sur les deux plans, mais vous avez parfaitement raison.
La sénatrice Eaton : Puis-je poser une courte question?
La présidente : Certainement.
La sénatrice Eaton : Je crois que c'est M. Lang qui a indiqué qu'il est très difficile pour les entreprises de s'y retrouver entre les Affaires étrangères, EDC, CDC et tous les organismes qui pourraient les aider. A-t-on pensé, par exemple, à instaurer une sorte de guichet unique? Un préposé pourrait leur faire prendre contact avec tous les organismes susceptibles de les aider et de répondre à leurs besoins.
M. Turi : La notion de concierge ou de guide-expert, en effet. Elle a cours depuis un certain temps. Nous avons certainement abordé la question avec le MAECD et EDC. Le gouvernement semble vouloir agir en ce sens. Nous aimerions certainement participer à ce projet. Nos membres nous en parlent depuis longtemps.
Je crois que le meilleur exemple à ce sujet est le CNRC, qui a récemment inauguré le PARI, le Programme d'aide à la recherche industrielle. Il y a des conseillers un peu partout au pays. Si vous faites partie d'un secteur particulier au Canada et que vous souhaitez en savoir plus sur les possibilités de financement pour votre projet de recherche, vous pouvez communiquer avec un de ces conseillers. Le site web est assez simple. On y pose deux questions : Que recherchez-vous et où êtes-vous situés?
À la lumière des réponses fournies, un guide-expert du CNRC communiquera avec vous et vous aidera à vous y retrouver parmi les divers programmes de financement gouvernementaux offerts. Je crois que le même genre de service serait bénéfique dans le domaine du commerce. Il convient donc de se demander quel organisme serait le plus apte à offrir un tel service?
Je crois que MEC serait très heureux de le faire. Mais nos ressources sont limitées, et il est parfois difficile d'agir en tant qu'expert-conseil.
Je crois que cette tâche conviendrait mieux à quelqu'un d'un ministère. Il devrait s'agir d'une initiative ministérielle.
La sénatrice Eaton : Celui du Commerce international.
M. Turi : En effet. Nous avons essayé d'aider à ce chapitre. Sur le site web dont j'ai parlé plus tôt, reseaucanadiendentreprises.ca, se trouve un onglet intitulé « Navigateur d'aide à l'exportation ». Croyez-le ou non, pendant l'été, une étudiante a été embauchée uniquement pour répertorier tous les programmes de promotion du commerce offerts par les diverses provinces, car la plupart ont des programmes de promotion des exportations. L'Ontario en a. Le Québec en a. Chaque province en a. Il s'agit souvent de programmes financés. Ces programmes sont semblables au programme OMA, un financement direct aux entreprises intéressées à participer à une mission commerciale à l'étranger, par exemple.
Mais comme il n'y avait pas vraiment de guichet unique, l'étudiante a dû passer environ deux mois à répertorier tous ces programmes. Nous les avons affichés sur notre site web, reseaucanadiendentreprises.ca, afin que les entreprises puissent y avoir accès. C'est un premier pas vers un service de concierge ou d'expert-conseil en ligne, mais ce n'est vraiment pas comme ce à quoi on pourrait s'attendre de la part d'un service téléphonique. Je crois que ce serait extrêmement bénéfique, car il est souvent difficile de trouver la bonne personne à qui parler uniquement au ministère des Affaires étrangères. C'est celle qui a de l'expérience dans le domaine aérospatial en France. Vous ne voudrez peut- être pas téléphoner là-bas, surtout si vous êtes une PME. Vous voudrez probablement commencer avec quelqu'un ici, qui pourra vous mettre en contact avec une autre personne en poste à l'étranger, par exemple. Aux ateliers Le monde à votre portée, j'ai l'avantage d'être présent aux séances de questions et réponses. Une des questions qui a été posée à quelques reprises concerne le fait que le gouvernement pourrait diffuser une liste des fonctionnaires qui ont de l'expérience dans certains marchés, depuis combien de temps ils sont dans l'aérospatiale en France ou au Mexique ou autre, afin que les entreprises puissent savoir avec qui communiquer d'abord. Une telle initiative serait extrêmement utile.
La sénatrice Eaton : Merci.
La sénatrice Ataullahjan : Merci, monsieur Turi, de votre exposé. Nous avons entendu maintes et maintes fois que les entreprises canadiennes se sentent à l'aide de faire affaire aux États-Unis, mais qu'il en va autrement lorsque vient le temps d'explorer d'autres marchés. De quelle façon encouragez-vous les entreprises à explorer des marchés autres que le marché américain? Existe-t-il certaines initiatives à ce sujet?
M. Turi : Des initiatives gouvernementales ou du secteur privé?
La sénatrice Ataullahjan : Les deux.
M. Turi : D'accord. Les marchés émergents sont intéressants, car le PAMM leur accorde la priorité. L'accent est clairement mis sur les marchés émergents parce que le potentiel de croissance est manifestement plus important si on parvient à trouver un créneau tôt. Ces marchés sont également plus difficiles à conquérir, entre autres à cause des barrières culturelles et linguistiques. On ne sait pas trop combien il faudra investir. C'est d'ailleurs l'une des questions qui revient souvent aux ateliers Le monde à votre portée : combien d'argent faut-il prévoir pour notre stratégie en Asie?
Souvent, les entreprises se rendent à l'étranger en délégation, comme les MEC. Elles participent à une mission commerciale appuyée par le gouvernement. Elles se rendent en Corée du Sud avec le ministre, par exemple. C'est un bon moyen de présenter l'entreprise au nouveau marché, mais à moins que celle-ci ne dispose d'un véritable plan stratégique prévoyant combien elle est prête à dépenser, il sera fréquent que les marchés émergents ne soient pas intéressés. Ils veulent vous voir aux foires commerciales chaque année. De plus, il arrivera souvent qu'aucun acheteur ou distributeur ne sera suffisamment intéressé par vos produits ou services tant que vous n'aurez pas été présent depuis un certain temps.
De toute évidence, ce sont alors les coûts qui posent problème. Les coûts associés aux déplacements vers des marchés émergents sont manifestement beaucoup plus importants que s'il s'agissait simplement de prendre l'avion pour aller aux États-Unis. Il s'agit donc d'un problème de taille.
Nous essayons de collaborer étroitement avec nos délégués commerciaux dans les marchés des économies émergentes afin de tenter d'accéder aux réseaux locaux, afin que nous puissions fournir aux entreprises canadiennes des renseignements qui faciliteront leur implantation.
Souvent, après avoir trouvé des partenaires commerciaux qui semblent faire l'affaire, il faut trouver quelqu'un pour régler les questions d'ordre juridique. Quelles lois fiscales ou locales faut-il connaître? À qui faire confiance? Voilà le genre de questions auxquelles les entreprises doivent trouver réponse.
Nous essayons tous de les aider avec tout cela, mais ce qu'il faut surtout, c'est aider les entreprises à trouver des débouchés et à maintenir une présence soutenue, et non ponctuelle.
La sénatrice Cordy : Comme je suis nouvelle au comité, j'aimerais que vous m'en disiez plus sur les Manufacturiers et Exportateurs du Canada. Que faites-vous, qui sont vos membres et comment êtes-vous financés?
M. Turi : Dans mon exposé, j'ai indiqué que les MEC forment une association industrielle. Nous formons la plus ancienne association industrielle au pays. Nous sommes en fait à l'origine du Service des délégués commerciaux du Canada. Le premier délégué commercial, en Nouvelle-Zélande, était un ancien président des MEC. Nous existons donc depuis longtemps. Nous représentons surtout les manufacturiers, dont la plupart sont aussi des exportateurs, mais également de nombreux exportateurs, qui agissent comme intermédiaires. Ils ne fabriquent rien, mais ils aident à amener les produits jusqu'aux marchés. Ce sont des intermédiaires et des fournisseurs de services.
Nous avons des membres partout au pays. Il n'y a pas de sections régionales. Il existe toutefois des divisions, qui offrent divers services aux entreprises. Nous jouons un important rôle de défenseur des intérêts de nos membres à Ottawa et dans la plupart des capitales provinciales. Nous représentons des pays de tous les secteurs. Plus de 80 p. 100 de nos membres sont des PME. Il s'agit d'entreprises comptant 250 employés ou moins. Ces entreprises me parlent de tous les obstacles dont je viens de vous parler. Les plus grandes entreprises n'ont pas ce genre de problèmes. Le conseil d'administration s'est réuni à Ottawa la semaine dernière, et elles n'ont pas ce genre de problèmes.
Les problèmes dont me font part les plus grandes entreprises sont plutôt du genre : « Philip, il nous faut plus de PME dans notre chaîne d'approvisionnement », ou « Quel rôle les MEC peuvent-ils jouer au chapitre du jumelage? » J'ai dit que beaucoup d'entreprises peuvent exporter en profitant de relations ici même, au Canada. Donc, bénéficier des relations de grandes entreprises comme GE ou Siemens, qui ont d'importantes chaînes d'approvisionnement partout dans le monde, en établissant des relations d'affaires avec elles ici, au Canada, peut contribuer à accéder à une chaîne d'approvisionnement et à des marchés de plus grande envergure.
La sénatrice Cordy : Vous avez dit beaucoup travailler auprès des PME. Je crois que vous et d'autres témoins avez parlé du fait qu'il existe de nombreux organismes gouvernementaux qui font bien des choses, mais que de nombreuses PME ne connaissent pas nécessairement leur existence. Une petite entreprise ne disposera pas nécessairement des ressources nécessaires pour chercher quels organismes pourraient lui venir en aide.
Comment sensibiliser — le précédent témoin parlait de rendre les PME prêtes à l'exportation — et étendre cette connaissance? Nous entendons tous dire que le pouvoir, c'est la connaissance, mais il faut avoir cette connaissance, savoir comment l'obtenir, et qu'elle soit facilement accessible. Je crois que la sénatrice Eaton a parlé du service de concierge ou des aspects de Service Canada où un guichet unique permet d'obtenir tous les renseignements voulus.
M. Turi : Pourriez-vous clarifier la question?
La sénatrice Cordy : Vous avez dit que des organismes gouvernementaux font beaucoup de bon travail, mais que les PME ne peuvent pas vraiment...
M. Turi : D'accord.
La sénatrice Cordy : ... un pourcentage élevé, ou d'après ce que nous avons entendu la semaine dernière et aujourd'hui, qu'elles ne sont pas vraiment au courant des services qui existent.
M. Turi : C'est une bonne question. Cela fait partie du problème. Le PAMM établit des cibles ambitieuses au chapitre du nombre de PME que nous voudrions qui exportent, mais qui ne le font pas en ce moment.
Le gros problème, c'est que de nombreuses entreprises devront faire le saut elles-mêmes, mais elles doivent savoir qu'elles peuvent bénéficier de partenariats avec des organismes tels que le SDC, la BDC, EDC et la CCC. C'est vraiment ce qui ressort des ateliers Le monde à votre portée.
Je ne sais pas si les témoins précédents vous ont parlé de ces ateliers, mais en gros, après les remarques du ministre, j'anime un atelier où je joue le rôle du PDG de Canada Inc. — j'ai toujours voulu être PDG — et je décris une situation du genre : j'ai une entreprise canadienne qui vend des produits au Canada. J'ai déjà vendu des produits aux États-Unis, et je cherche à en vendre dans d'autres pays. Par où dois-je commencer? C'est ce que nous expliquons.
Je dois déterminer quel marché cibler, à quels partenaires commerciaux je pourrais vendre mes produits, où se trouvent les clients qui pourraient acheter mes produits ou services. C'est là que nous nous tournons vers les SDC et les services qu'ils offrent. Je parle ensuite de la BDC. Pour ceux qui ne le savent pas, la BDC a lancé un programme de consultation en matière de stratégie d'exportation. On y fait entre autres une étude de marché concernant vos produits et les probabilités qu'ils soient vraiment vendus sur des marchés étrangers. Ce genre de recherche plus difficile à réaliser fait partie du développement des capacités.
On émet ensuite l'hypothèse que j'ai trouvé un acheteur étranger. Quoi faire ensuite? C'est là qu'EDC peut entrer en jeu et offrir un financement commercial, une assurance comptes clients, des garanties d'écart et des cautionnements d'exécution. On tente d'expliquer tout cela à un public qui n'a peut-être jamais entendu parler de ces organismes, et encore moins de ce qu'ils font.
Ça va bien. Les commentaires sont extrêmement positifs. J'adorerais que cette initiative se poursuive après les élections, car les choses vont vraiment bien. Ce serait super si cette initiative était transformée en service de concierge, mais ça reste à voir.
Il s'agit en partie d'un exercice de marketing, de publicité et de sensibilisation qui est nécessaire sur plusieurs plans.
La sénatrice Cordy : Vous avez parlé d'un guichet unique pour s'y retrouver dans le domaine de la promotion du commerce. Est-ce que ce serait difficile à mettre en œuvre? S'agit-il simplement de regrouper toutes les ressources et d'acquérir les connaissances?
M. Turi : Nous sommes sur la bonne voie. Je sais que ces organismes — les délégués commerciaux, EDC et la CCC — se rencontrent pour échanger des renseignements. Ce qui revient toujours sur la table, ce sont les capacités canadiennes. Ils tentent constamment de déterminer quelles sont les véritables capacités industrielles et technologiques du Canada. Ils tentent constamment d'établir cela. Je sais qu'ils tentent vraiment de mieux échanger les exemples, les références et les données concernant les capacités canadiennes afin de pouvoir tirer parti de leurs relations à l'étranger, puis des relations que leurs employés entretiennent avec les PME ici, au pays.
Ce faisant, ils en sont arrivés à un tel point qu'ils inaugureront probablement bientôt un guichet unique. Cela viendra peut-être du ministère, car son site web ressemble de plus en plus à un guichet unique. Peut-être qu'on nous écoute, qui sait?
Je ne pense pas qu'il faudra attendre encore bien longtemps avant d'avoir un véritable guichet unique, mais il faudrait plus que de simples liens vers d'autres sites web. Cela se fait. Il faut faire plus au chapitre de tous les formulaires à remplir si on veut vraiment que nos produits ou nos employés percent les marchés étrangers.
L'UE a récemment lancé un site web sur l'exportation où tout ce qu'il faut faire, c'est entrer le code tarifaire de son produit. Apparaît alors toute la liste des formulaires dont il faut connaître l'existence pour pouvoir exporter sur le marché de l'Union européenne.
C'est impressionnant. Ils ont fait ça d'un commun accord. On en parle à nos membres, car cela va leur permettre d'économiser beaucoup de temps et d'énergie. On pourrait faire la même chose au Canada.
La sénatrice Johnson : Merci d'être ici ce soir. Aimeriez-vous nous parler d'un rapport de Michael Hart, de l'Institut C.D. Howe, publié en 2012 je crois, qui portait sur le fait que la productivité du Canada au cours de la dernière décennie était l'une des pires. Selon vous, quels facteurs énumérés dans ce rapport sont bons, vrais ou faux? Je ne suis pas certaine de ce que vous en pensez ou de ce qui a changé depuis.
De quelle façon cela affecte-t-il les relations Canada-États-Unis? C'est ce qui est le plus important selon moi. Il nous faut les autres marchés en permanence.
M. Turi : Certainement.
La sénatrice Johnson : En tant que présidente du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis, je travaille constamment à améliorer cette relation auprès de mes collègues. Elle est essentielle et il y a tant de dossiers sur la table en ce moment.
M. Turi : En effet, et c'est une bonne remarque. Lorsqu'on parle d'exportation et de nouveaux marchés, on peut oublier ce qui doit se passer ici. La productivité est très importante. Je ne me souviens pas de ce rapport, mais je suis certain de l'avoir déjà lu.
La sénatrice Johnson : D'accord. Ce rapport tenait des propos désobligeants au sujet de notre pire performance des 10 dernières années sur le plan de la productivité, disait que nos chefs d'entreprise étaient allergiques aux risques, et que le secteur privé était inefficace et insuffisant. Les rédacteurs de ce rapport étaient-ils seulement de mauvais poil ce jour- là? Qu'en pensez-vous? Manque d'innovation. C'était il y a seulement deux ans, mais je suis persuadée que les choses se sont améliorées.
M. Turi : Sur le plan de la productivité, il est possible qu'il y ait au Canada une aversion au risque en ce qui concerne les investissements stratégiques dans la formation professionnelle. Toutes ces choses contribueraient à combler l'écart de productivité par rapport à d'autres pays.
À cet égard, il doit y avoir un changement de culture au sein du milieu des affaires. Je ne suis pas convaincu que le gouvernement y peut quelque chose. Nous tentons d'encourager ce changement, de le préconiser et de le faire assimiler aux entreprises.
Nous en faisons beaucoup à l'égard de la production à valeur ajoutée, afin que les usines adhèrent à ces principes. Tous ces aspects contribueront à la productivité. Il est plutôt ridicule que la gestion Lean existe depuis de très nombreuses années, mais que des entreprises, surtout des PME, ne sachent pas vraiment encore en quoi cette démarche consiste ou comment l'appliquer concrètement. Cela pourrait avoir un gros impact sur la productivité et contribuerait grandement à renforcer les liens avec les États-Unis. Voilà les mesures qu'il faut prendre concomitamment avec toutes nos activités de promotion du commerce.
La sénatrice Johnson : Avez-vous des observations au sujet des priorités fédérales afin d'améliorer la performance commerciale du Canada? Quelles devraient être les priorités fédérales pour améliorer la performance commerciale du Canada? Avez-vous des observations à cet égard?
M. Turi : Cela relève plutôt des investissements intérieurs. J'ai l'étrange impression que le secteur manufacturier va connaître une grosse année. Je crois que celui-ci va recevoir beaucoup d'attention dans le prochain budget et pendant la campagne électorale — lorsqu'on se décidera à déclencher des élections.
Il faut s'assurer de faire des investissements stratégiques. Nous ne pouvons pas nous démarquer dans tous les domaines. Il faut choisir les secteurs que nous voulons véritablement encourager et où nous voulons exceller. Il faut appuyer ces secteurs afin qu'ils puissent obtenir plus facilement des capitaux, que ceux-ci proviennent du public ou du privé. Les entreprises pourront ensuite utiliser ces capitaux pour investir dans les ressources humaines.
L'écart de compétences est important. Tous les bureaux de MEC, dans toutes les régions du Canada, en entendent parler. Il n'y a tout simplement pas suffisamment d'ouvriers qualifiés capables de travailler rapidement en autonomie. Dans ce contexte, il faudrait examiner les liens entre la formation donnée aux étudiants dans les établissements d'enseignement et les programmes d'apprentissage, par exemple, que suivent certains jeunes. L'industrie doit faire partie de l'équation, car cela nous permettra de nous assurer que les personnes qui viennent travailler dans nos entreprises comblent davantage nos besoins.
Il faut faire tout cela. Il reste à savoir quand. Mais nous serions assurément en faveur de cela. À tout le moins, c'est ce que nous jugeons prioritaire.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur Turi, je tiens à vous remercier pour votre présentation. Ma question est la suivante : selon un rapport publié en décembre 2012 par le Conference Board du Canada, et je cite : « Le Canada est en train de s'écarter de certains secteurs d'exportation traditionnels qui ont fait sa force dans la fabrication afin de privilégier les services professionnels et les industries liés à notre savoir-faire dans le domaine des ressources naturelles. »
J'aimerais connaître votre opinion sur les avantages et les inconvénients liés à un tel changement.
[Traduction]
M. Turi : Je répondrai que la priorisation des secteurs où nous avons des atouts concurrentiels présente des avantages. Je suis toutefois convaincu qu'il est risqué de prioriser certains secteurs aux dépens d'autres secteurs. Le secteur manufacturier a longtemps été dynamique au Canada. Il l'est encore et demeure l'un des moteurs de notre économie.
Je ne crois pas qu'il faille choisir. Il faut investir dans l'un et l'autre et favoriser le dynamisme des deux, car ils sont bien souvent interreliés. Un fabricant fournit des marchandises à différents secteurs, il n'est pas le fournisseur d'un seul secteur. Il est donc crucial d'appuyer ces deux secteurs. Je ne crois pas qu'on puisse laisser tomber un secteur en particulier parce que le secteur des services a le vent en poupe, par exemple. Je crois qu'il est encourageant de voir que les accords commerciaux des temps modernes mettent l'accent sur la libéralisation du commerce à l'égard des services. Mais je crois qu'il faut continuer d'appuyer tous les secteurs plutôt que d'en privilégier un aux dépens de l'autre.
La présidente : Monsieur Turi, nous nous intéressons au domaine de la promotion du commerce et plus particulièrement aux pratiques innovantes et différentes. Vous nous avez donné de nombreuses pistes et nous vous en sommes fort reconnaissants.
Dois-je conclure de vos propos qu'il nous faudrait faire preuve de plus de transparence et d'uniformité envers les entreprises qui en sont à leurs premiers pas, mais que de leur côté, celles-ci devraient peut-être changer leur façon de penser afin de se considérer comme le maillon d'une chaîne de mécanismes de distribution et de penser en termes planétaires.
Comment changer la façon de penser? Pour le reste, la balle semble être dans le camp du gouvernement. Comment faire en sorte que les petites entreprises et les entreprises innovatrices — la TI semble faire exception à la règle — aillent plus loin et passent à l'étape suivante?
M. Turi : Il y a de nombreuses façons d'y arriver. Le monde à votre portée, qui offre une série d'ateliers publics partout au Canada et s'adresse aux PME, tente de le faire. Il s'efforce d'inculquer cette idée et de créer un petit changement culturel, mais cette responsabilité incombe aussi aux associations de l'industrie. C'est le rôle de MEC de contribuer à ce changement de culture.
L'une des meilleures façons pour les entreprises d'être exposées à cette façon de penser est de participer à des missions commerciales. En voici un exemple concret.
En septembre de l'an dernier, mon équipe a organisé une mission pour l'industrie automobile au Royaume-Uni. Il s'agissait d'une mission qui s'intéressait aux technologies automobiles à faible émission de carbone. Nous avons voyagé avec sept PME canadiennes ayant des technologies innovatrices, notamment dans le domaine de l'électrification des véhicules et des véhicules hybrides alimentés par une batterie au lithium-ion. Toutes les entreprises qui ont voyagé avec nous ont apprécié les rencontres prévues ainsi que travailler avec le Service de délégués commerciaux du Canada afin de rencontrer des sociétés comme Jaguar, Land Rover, BMW et même Ford Europe.
À l'évidence, bien des PME canadiennes aimeraient rencontrer directement un fabricant d'équipement d'origine, mais je crois que bon nombre d'entre elles ont bénéficié beaucoup plus des rencontres que nous avons organisées avec les fournisseurs de niveau 2 et 3 qui alimentent ces grosses chaînes d'approvisionnement.
La possibilité d'établir une relation avec un Ricardo — une firme d'ingénierie qui fabrique 50 moteurs par an, et dont l'un pourrait être celui du prochain véhicule Jaguar Land Rover — est le moyen idéal de se joindre à la chaîne de valeur mondiale Jaguar Land Rover.
Il s'agit notamment d'emmener des entreprises au marché, de les présenter aux contacts importants et de les épauler. Toutefois, ce sont des démarches coûteuses. Voilà pourquoi les missions vers le Canada sont extrêmement importantes, mais le problème avec celles-ci, c'est qu'elles ne sont soutenues par aucun financement.
Les ambassades étrangères nous proposent chaque semaine des missions vers le Canada en provenance de Belgique, de France et d'ailleurs. Elles s'attendent un peu à ce que nous organisions des activités de jumelage, mais il est difficile pour nous de le faire en raison du financement. Il s'agirait là d'un moyen, en leur donnant accès au marché.
La présidente : Vous parlez de « jumelage ». S'attendent-elles à ce que le Canada fasse cela parce que leur pays le fait pour des missions qui vont chez elles ou est-ce parce que dans leur culture, il faut les inciter à venir?
M. Turi : Oui, ce n'est pas une attente. Il y a assurément un souhait que cela se produise. Mais je ne sais pas si c'est une attente.
La présidente : Monsieur Turi, vous avez couvert de nombreux points. Nous vous en sommes très reconnaissants. Nous nous penchons sur la promotion du commerce et sur les moyens de suggérer aux entreprises, aux associations et au gouvernement des façons de maximiser la productivité et l'ingéniosité des entreprises canadiennes. L'un des moyens est bien entendu de passer à la télévision. Nous espérons rejoindre l'ensemble du Canada avec vos observations. Nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé.
Mesdames et messieurs les sénateurs, il y a une rencontre informelle prévue — vous avez reçu une invitation — avec les délégués d'un pays qui souhaitent rencontrer le comité officiellement. Toutefois, il ne nous était pas possible de le faire à court préavis. La rencontre aura lieu à 18 h 15, dans la salle 256-S. Vous êtes évidemment invités, si vous êtes libres, mais il ne s'agit pas d'une rencontre officielle du comité.
Le comité s'ajourne officiellement jusqu'à demain.
(La séance est levée.)