Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule no 11 - Témoignages du 6 mai 2014
OTTAWA, le mardi 6 mai 2014
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 18 h 1, afin d'étudier l'importance des abeilles et de leur santé dans la production du miel, d'aliments et de graines au Canada.
Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je m'appelle Percy Mockler. Je suis sénateur du Nouveau-Brunswick et président du comité. J'aimerais maintenant demander à tous les sénateurs de se présenter, en commençant par le vice-président.
Le sénateur Mercer : Je suis le sénateur Terry Mercer, de Nouvelle-Écosse.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, du Nouveau-Brunswick. Bonjour.
La sénatrice Tardif : Bonjour. Claudette Tardif, de l'Alberta.
[Traduction]
La sénatrice Merchant : Bonjour, je suis Pana Merchant, de la province voisine de la Saskatchewan.
[Français]
Le sénateur Maltais : Bonjour. Ghislain Maltais, sénateur du Québec.
Le sénateur Dagenais : Bonjour. Jean-Guy Dagenais, sénateur du Québec.
[Traduction]
La sénatrice Eaton : Nicky Eaton, de l'Ontario.
La sénatrice Buth : JoAnne Buth, Manitoba.
Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, Nouvelle-Écosse.
Le président : Merci, honorables sénateurs. Aujourd'hui, le comité continue son étude sur l'importance des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada.
Nous avons reçu du Sénat du Canada un ordre de renvoi stipulant que le Comité permanent de l'agriculture et des forêts soit autorisé à étudier, pour en faire rapport, l'importance des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada. Plus particulièrement, le comité sera autorisé à étudier les éléments suivants :
a) l'importance des abeilles dans la pollinisation pour la production d'aliments au Canada, notamment des fruits et des légumes, des graines pour l'agriculture et du miel;
b) l'état actuel des pollinisateurs, des mégachiles et des abeilles domestiques indigènes au Canada;
[Français]
c) Les facteurs qui influencent la santé des abeilles domestiques, y compris les maladies, les parasites et les pesticides, au Canada et dans le monde; et
[Traduction]
d) les stratégies que peuvent adopter les gouvernements, les producteurs et l'industrie pour assurer la santé des abeilles.
Honorables sénateurs, notre premier témoin est Shelley Hoover, chercheure scientifique en apiculture, Agriculture et développement rural, gouvernement de l'Alberta.
Madame Hoover, nous allons procéder de la manière suivante : Vous allez commencer par présenter votre exposé, puis, vous répondrez aux questions des sénateurs. Avant de vous laisser la parole, je tiens à vous remercier d'avoir accepté de partager avec nous vos commentaires, votre vision et vos opinions.
Madame Hoover, veuillez commencer votre exposé qui sera suivi d'une période de questions.
Shelley Hoover, chercheure scientifique en apiculture, Agriculture et développement rural, gouvernement de l'Alberta : Monsieur le président et honorables sénateurs, je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole devant vous. Beaucoup de personnes étant déjà venues vous parler de cette question, je vais essayer de ne pas trop répéter ce qui a déjà été dit. Je vais plutôt vous présenter mon point de vue de chercheure et scientifique en exercice dans la région productrice de canola du Sud de l'Alberta.
Je travaille pour Agriculture et développement rural au Centre de recherches d'Agriculture Canada à Lethbridge et je fais de la recherche sur les abeilles mellifères, les mégachiles et les bourdons, ainsi que sur la pollinisation.
Plus de 40 p. 100 des colonies d'abeilles mellifères du Canada se trouvent en Alberta. Environ 80 000 colonies d'abeilles mellifères et 175 000 gallons de mégachiles contribuent à la pollinisation des champs de production de semences de canola, dans le Sud de l'Alberta. Cela représente plusieurs milliards d'abeilles domestiques.
La pollinisation par les insectes est absolument indispensable à la culture semencière du Sud de l'Alberta qui produit la majorité des semences utilisées pour planter les 21 millions d'acres consacrées à la production du canola conventionnel au Canada. Les insectes pollinisateurs augmentent aussi le rendement et la valeur des récoltes de canola conventionnel. Les semences de canola sont enrobées d'une pellicule qui contient un insecticide néonicotinoïde. Bien que les colonies d'abeilles domestiques de la région du Sud de l'Alberta soient exposées à des semences traitées avec cet insecticide, nous avons constaté une moyenne de mortalité hivernale inférieure à 19 p. 100 au cours des sept dernières années, alors que le nombre de ruches augmente dans le Sud de l'Alberta, pour répondre à la demande en matière de services de pollinisation.
Grâce à cette relation privilégiée avec l'agriculture et aux prix élevés du miel, l'industrie apicole albertaine est en pleine croissance. Je suis d'ailleurs convaincue que le succès de l'industrie apicole en Alberta s'explique en partie par cette interdépendance entre l'agriculture et l'apiculture. En fait, mon poste de recherche a été créé lorsque des intervenants de l'industrie se sont alliés au gouvernement pour fonder un poste de chercheur scientifique.
En revanche, les populations d'abeilles mellifères continuent à diminuer gravement chaque année dans de nombreuses parties du monde ainsi que dans plusieurs régions du Canada, et de nombreux insectes pollinisateurs sont en déclin. Comme d'autres témoins l'ont dit avant moi au comité, la communauté scientifique attribue le déclin des pollinisateurs à la combinaison de plusieurs facteurs tels que les agents pathogènes, la nutrition, la disparition d'habitats et l'exposition à une multitude de produits agrochimiques.
Les parasites et les pathogènes sont les principales causes d'inquiétude dans le cas des abeilles domestiques, mais la disponibilité et la qualité des zones de butinage sont des éléments importants, bien que les pesticides jouent aussi un rôle dans la disparition des abeilles. Récemment, les insecticides néonicotinoïdes ont beaucoup fait parler d'eux. Il s'agit d'une catégorie d'insecticides qui présente une toxicité aiguë pour les insectes, y compris les abeilles. Ces insecticides sont clairement la cause de la mortalité d'abeilles associée à l'utilisation de semences de maïs, en particulier en Ontario et au Québec. Par ailleurs, les effets sublétaux des néonicotinoïdes sur le butinage, l'alimentation, la fonction immunitaire et la navigation des abeilles mellifères ont aussi été documentés. L'exposition répétée à des concentrations sublétales peut rendre les abeilles plus fragiles face à d'autres stresseurs présents dans leur environnement, tels que les parasites et les pathogènes, ainsi que les températures du milieu. Pour cette raison, les inquiétudes quant à leurs effets sur les agroécosystèmes, y compris les insectes pollinisateurs, sont justifiées.
Cependant, les néonicotinoïdes ne sont pas les seuls pesticides auxquels sont exposées les abeilles. Elles sont soumises à une foule de fongicides, d'insecticides, d'herbicides, d'adjuvants — un cocktail chimique variable qui comprend également les produits utilisés par les apiculteurs dans les ruches.
En Alberta, la plupart des échantillons de pollen provenant aujourd'hui des cultures de canola ne contiennent pas de niveaux détectables de néonicotinoïdes. D'autres études ont observé de résidus faibles mais détectables dans le nectar et le pollen de canola, mais les données existantes indiquent que les niveaux de néonicotinoïdes dans ces cultures sont relativement faibles. Je fais ici référence aux analyses effectuées par Stephen Pernal et Tom Thompson.
Dans les champs de canola en Alberta, nous ne constatons pas de mortalité aiguë des abeilles due aux néonicotinoïdes à la suite du butinage ou de l'ensemencement. Les abeilles domestiques semblent non seulement coexister avec le canola, mais également contribuer à la production et à l'économie agricoles.
Les abeilles sauvages et les abeilles domestiques font face à de nombreux défis. Cependant, les pertes subies par les populations d'abeilles sauvages passent en grande partie inaperçues. Il est temps de reconnaître que les produits agrochimiques sont dangereux pour de nombreuses espèces, y compris les insectes pollinisateurs, d'appliquer des méthodes intégrées de lutte antiparasitaire et d'utiliser tous les pesticides de manière sûre et judicieuse.
J'aimerais proposer au comité un certain nombre de mesures concrètes que l'on pourrait mettre en place au Canada pour protéger la santé des abeilles. La première consisterait à étendre les essais de produits antiparasitaires afin qu'ils portent sur un plus grand nombre d'étapes du cycle de vie et sur un plus grand nombre d'insectes pollinisateurs. Les abeilles mellifères et les mégachiles, pour ne parler que de ces deux espèces, sont aussi différentes qu'une girafe l'est d'une chèvre. Nous savons tous qu'une chèvre peut manger des aliments qui rendraient une girafe malade et, par conséquent, on peut comprendre que toutes les abeilles ne réagissent pas de la même manière à ces composés et que même, au sein d'une même espèce, les individus réagissent de manière différente selon l'étape du cycle de vie à laquelle ils se situent.
La deuxième mesure consiste à améliorer la quantité et la qualité du butinage dans toutes les régions du Canada. Le programme néozélandais Trees for Bees NZ nous fournit un exemple à l'échelle internationale. Ce programme encourage la plantation d'arbres accueillants pour les abeilles et améliore la stabilité des sols et les possibilités de butinage pendant les saisons où cette activité est plus restreinte. Aux États-Unis, des programmes similaires dans les cultures de bleuets ont contribué à augmenter la productivité et la rentabilité des cultivateurs. Ces mesures profitent aux abeilles, mais également aux autres insectes.
La troisième mesure concerne les recherches portant sur la lutte contre les parasites actuels et émergents des abeilles domestiques. Nous devons faire en sorte que les apiculteurs puissent continuer à disposer des outils dont ils ont besoin pour lutter contre les pathogènes qui attaquent leurs essaims, en particulier le varroa.
La quatrième mesure consiste à investir dans la formation de personnel hautement qualifié et dans la création de postes permanents de recherche et de vulgarisation dans tout le pays. Je suis certaine que vous avez connaissance de l'excellent travail réalisé par l'Équipe de transfert de technologie de l'Ontario et l'Équipe d'adaptation à la technologie de la Saskatchewan Beekeepers Association. Elles effectuent des recherches portant sur les secteurs apicoles locaux et dispensent une formation aux apiculteurs de leur région. Malheureusement, l'accès à ce type de services de vulgarisation et d'inspection n'est pas adéquat ni aussi facile dans toutes les régions du Canada. En fait, les services d'inspection viennent d'être récemment supprimés au Manitoba. Le financement de tous ces types de recherche se limite au court terme, ce qui empêche certains types de recherche telle que la sélection des stocks d'abeilles. Il faudrait consacrer un financement à long terme à la recherche et à la formation.
Les abeilles font face à de nombreux facteurs de stress, mais je crois que si nous luttons de manière efficace contre les parasites et les pathogènes, si nous veillons à leur offrir une nutrition adéquate et si nous réduisons leur exposition aux pesticides, elles pourront coexister avec l'agriculture et contribuer à l'amélioration de méthodes agricoles modernes.
Merci.
Le président : Merci, madame Hoover. Nous allons maintenant passer aux questions.
Le sénateur Mercer : Merci beaucoup pour cet exposé très intéressant. J'ai vraiment aimé le fait que vous nous ayez présenté des recommandations concrètes en nous demandant de les examiner. Je souhaiterais vraiment que tous nos témoins vous imitent.
Vous avez dit plusieurs choses intéressantes, mais j'aimerais vous demander de nous parler des échantillons de pollen qui ne contenaient aucune trace de néonicotinoïdes. Est-ce que j'ai bien compris quand vous avez parlé des échantillons de pollen de canola?
Mme Hoover : Tous les échantillons ne sont pas exempts de traces, mais plusieurs d'entre eux n'en contiennent aucune. Steve Pernal d'Agriculture et Agroalimentaire Canada et Tom Thompson d'Agriculture Alberta, ont effectué des travaux à ce sujet. Je vous invite à consulter leurs recherches pour avoir plus de détails, mais selon les informations qu'ils m'ont fournies, les niveaux de néonicotinoïdes dans le pollen sont « faibles » à « indétectables ».
Le sénateur Mercer : Cela signifie-t-il que le problème dont on continue à nous parler n'est peut-être pas aussi grave qu'on le pense?
Mme Hoover : Tout dépend du problème que vous évoquez. C'est vrai que le traitement des semences de maïs tue les abeilles, mais cela est dû plus précisément à la technique de plantation. L'ensemencement des champs de canola produit beaucoup moins de poussière, en partie grâce au type et à la forme des semoirs utilisés. Les néonicotinoïdes contenus dans les cultures de canola ne semblent pas poser problème pour les abeilles qui les butinent.
Le sénateur Mercer : Est-ce que l'utilisation de plusieurs déflecteurs de poussière lorsqu'on sème le maïs, permettrait de résoudre une partie du problème, ou est-ce qu'il est impossible de faire autrement lorsqu'on sème le maïs?
Mme Hoover : Je suis loin d'être une spécialiste dans ce domaine, mais je sais que c'est la poussière produite lors des semailles qui cause la mortalité chez les abeilles. S'il était possible de réduire la production de poussière, cela permettrait de diminuer les taux aigus de mortalité des abeilles liés à l'ensemencement des parcelles de maïs. Je sais que Santé Canada effectue actuellement des travaux en vue d'atténuer la production de poussière, en modifiant les semoirs ainsi que le type de lubrifiant utilisé.
La sénatrice Buth : Pouvez-vous me dire quel est, selon vous, le problème le plus grave qui touche les abeilles en Alberta?
Mme Hoover : Je pense que ce sont les parasites et les agents pathogènes. La situation varie d'une année à l'autre, et il semble que le risque causé par le varroa soit circonscrit, mais il ne faut pas oublier les virus associés. Par exemple, le nosema est source de problèmes. Certaines années, lorsque l'hiver est plus long et plus froid, la mortalité hivernale est plus élevée. Cependant, je dirais de manière générale que ce sont les parasites et les pathogènes.
La sénatrice Buth : Vous avez dit que les pertes hivernales ont atteint en moyenne 19 p. 100 sur un certain nombre d'années. Ce pourcentage paraît faible par rapport à d'autres chiffres qui ont été cités. Pourquoi selon vous, les pertes hivernales sont-elles plus faibles en Alberta, alors que vos hivers ne sont pas beaucoup plus cléments que ceux de la plupart des régions des Prairies?
Mme Hoover : Le pourcentage que je vous ai cité correspond plus précisément à la région Sud de l'Alberta où l'on sème des graines de canola hybride. L'hiver est plus chaud et nous bénéficions également de périodes plus clémentes au cours desquelles les abeilles peuvent sortir et les apiculteurs peuvent les nourrir plus tôt. On peut donc dire que nous avons un hiver plus court dans le sud de l'Alberta.
La sénatrice Buth : Vous avez aussi parlé des mégachiles et je ne pense pas que beaucoup d'autres témoins les aient mentionnées. Pouvez-vous nous parler un peu plus des mégachiles, de leur utilité et des types de problèmes que rencontrent les populations de ce type d'abeilles?
Mme Hoover : Avec plaisir. Dans notre région, nous utilisons les mégachiles pour deux raisons dans les cultures semencières : la culture de luzerne porte-graine et la production de canola de semence. La plupart des champs de production de canola de semence attirent deux sortes d'abeilles domestiques — les abeilles mellifères et les mégachiles. De manière générale, les apiculteurs ne multiplient pas énormément les populations de mégachiles qui pollinisent les champs de canola; ils en récupèrent un peu plus qu'ils n'en avaient libéré. Par contre, les populations d'abeilles qui butinent dans les champs de luzerne reviennent trois ou quatre fois plus nombreuses et les apiculteurs peuvent donc vendre ces nouvelles cohortes d'abeilles pour polliniser d'autres champs.
Les éleveurs de mégachiles ont des soucis avec les fongicides, avec une maladie fongique appelée ascosphérose, qui attaque le couvain. Il s'agit d'une variété différente de la maladie qui touche les abeilles mellifères. Il y a aussi des parasites comme les guêpes qui attaquent les pupes pendant l'hiver. Voilà quelles sont les plus grandes sources de préoccupation.
La sénatrice Buth : Par conséquent, les mégachiles sont utilisées principalement dans les cultures de luzerne porte- graine, mais certaines sont utilisées pour la production de semences de canola hybride; est-ce exact?
Mme Hoover : Oui, c'est le cas dans notre région, mais on les utilise également pour la culture des bleuets dans d'autres endroits. Nous exportons aux États-Unis des mégachiles de l'Alberta.
La sénatrice Merchant : Merci pour votre exposé.
Est-ce que vous collaborez avec d'autres provinces? Je pense à la Saskatchewan. Est-ce qu'il y a des programmes qui permettent de rassembler les résultats des recherches que vous faites ou les informations dont vous disposez? J'ai noté qu'en Alberta, vous avez un régime d'assurance. Il sert peut-être à indemniser les éleveurs à la suite de la mortalité hivernale des abeilles. J'ai remarqué que la Saskatchewan vient de lancer un projet pilote qui doit, je crois, durer trois ans. Pouvez-vous nous dire si vous collaborez avec d'autres provinces?
Mme Hoover : Mon travail consiste surtout à faire de la recherche et je ne participe donc pas à des services d'inspection qui débordent du cadre de la recherche. Mais il est certain qu'en matière de recherche, je collabore avec d'autres provinces.
Nous venons de terminer un projet que d'autres témoins ont sans doute mentionné à votre comité. C'était une collaboration entre des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique, moi, Steve Pernal, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada à Beaverlodge, et l'Université du Manitoba. J'ai également fait une demande de financement pour un travail avec des chercheurs de l'Université Laval. Je collabore avec des gens des autres provinces, mais c'est essentiellement pour la recherche.
La sénatrice Merchant : J'avais un peu de difficulté à vous entendre, mais je pense que j'ai compris l'essentiel. Parfois votre voix est hachée quand vous nous parlez.
Pensez-vous que le gouvernement fédéral devrait réaliser des enquêtes nationales? Je crois que le Conseil canadien du miel souhaitait que le Canada instaure des programmes similaires à celui qui a cours aux États-Unis, programme qui exécute chaque année depuis 2009 des enquêtes nationales sur les organismes nuisibles et les maladies qui touchent les abeilles. Ces enquêtes ont pour objectif de répertorier les maladies des abeilles, les parasites ou les organismes nuisibles aux abeilles qui sévissent au pays. Actuellement, aucune enquête de ce genre n'existe au Canada et les efforts réalisés par le Conseil canadien du miel en vue d'établir une telle enquête au Canada ont été contrecarrés par les membres des provinces de l'Est. Pensez-vous que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la réalisation d'une telle enquête?
Mme Hoover : Absolument. Je pense que ce type d'enquête est important pour deux raisons. La première est commerciale, car il est impossible d'établir des limites commerciales quand on ne connaît pas les parasites et les agents pathogènes présents au pays. La deuxième raison se rapporte à certaines éventualités telles que l'augmentation de la mortalité que nous connaissons actuellement. Il est difficile de savoir dans quelle mesure les conditions ont changé si l'on ne dispose pas de données historiques sur la présence de parasites et d'agents pathogènes.
La sénatrice Eaton : Madame Hoover, vous avez dit quelque chose dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Vous parlez de pesticides et d'autres produits utilisés par les apiculteurs dans les ruches. De quoi s'agit-il exactement?
Mme Hoover : Les apiculteurs utilisent divers produits pour lutter contre le varroa dans leurs colonies d'abeilles. C'est une opération très difficile qui consiste essentiellement à éliminer un arthropode qui vit sur un autre et toute la difficulté réside dans le fait qu'il faut tuer le varroa sans tuer l'abeille. Un bon nombre des produits utilisés pour éliminer le varroa sont en fait toxiques pour les abeilles, selon la dose. C'est un peu comme l'aspirine qui, selon la dose, peut être toxique ou utile pour les humains. Nous avons découvert que des résidus peuvent s'accumuler dans la cire et avoir des effets nocifs pour les abeilles elles-mêmes.
La sénatrice Eaton : Avez-vous mis au point des façons de mieux calculer le dosage — autrement dit, est-il possible d'éliminer les résidus qui se trouvent dans les ruches, avant qu'ils n'imprègnent la cire? Est-ce qu'il existe une façon pratique d'exécuter cette opération?
Mme Hoover : Il y a plusieurs actions que les apiculteurs peuvent entreprendre. L'une d'entre elles consiste à choisir avec soin l'acaricide qu'ils utilisent.
La sénatrice Eaton : Pouvez-vous parler plus fort?
Mme Hoover : Certains sont plus dangereux que d'autres pour les abeilles. Par conséquent, il faut utiliser les acaricides qui présentent le moins de danger.
La deuxième chose que peuvent faire les apiculteurs, c'est d'enlever les vieux rayons et de les remplacer par des nouveaux.
La sénatrice Eaton : Merci pour ces renseignements.
D'après moi, ce sont deux recommandations assez importantes et j'aimerais vous demander, si ce n'est pas trop abuser, de les expédier par courriel à notre greffier. Le son étant de mauvaise qualité, j'aimerais être certaine de savoir exactement ce que vous entendez par là.
Par ailleurs, un très intéressant scientifique américain nous a dit que personne ne connaît exactement les besoins et le type de nutrition des abeilles. Est-ce que vous partagez ce point de vue? Il ne suffit pas de leur fournir de l'eau et du sucre : la nutrition des abeilles est beaucoup plus complexe.
Mme Hoover : Oui, en effet. Si l'on compare par exemple les investissements qui sont faits pour comprendre la nutrition des abeilles par rapport à celle du bétail, ou la reproduction des abeilles par comparaison à celle du bétail, on se rend compte qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir dans ces domaines pour les abeilles.
La sénatrice Eaton : Pouvez-vous nous parler un peu plus du programme néozélandais Trees for Bees.
Mme Hoover : Ce programme réunit des chercheurs du gouvernement et des apiculteurs. En Nouvelle-Zélande, un grand nombre de plantes que butinent les abeilles sont en fait des arbustes ou des arbres comme le manuka. Les Néo- Zélandais ont planté des arbres non seulement pour la qualité de la récolte de miel, car le miel de manuka est très prisé, mais également pour remédier aux périodes de pénurie, quand les aires de butinage se font rares. Ils essaient de choisir des plantes qui contribuent par exemple à améliorer la stabilité du sol quand cela est nécessaire dans la région.
La sénatrice Eaton : Autrement dit, nous pourrions les imiter en laissant germer et pousser des fleurs sauvages dans une zone contiguë à un champ, afin d'offrir une autre source de nutrition. Est-ce que c'est un peu la même chose?
Mme Hoover : Exactement, mais cela se fait de manière mieux planifiée, afin d'éliminer les mauvaises herbes dans les cultures et de manière à ce que les plantes soient en fleur lorsque les abeilles ont besoin de trouver leur alimentation à l'extérieur, et pas en même temps que les cultures. Voilà une démarche qui serait utile non seulement pour les abeilles domestiques, mais également pour les insectes pollinisateurs.
La sénatrice Eaton : Merci beaucoup.
La sénatrice Tardif : Bon après-midi, madame Hoover. J'ai été assez surprise quand je vous ai entendue dire que le taux de mortalité atteignait 19 p. 100 chez les abeilles. Vous avez rajouté par la suite qu'il s'agissait du Sud de l'Alberta. D'après les conversations que j'ai eues avec des apiculteurs du nord de l'Alberta et de la région de la rivière de la Paix, la mortalité tourne plutôt autour de 30 à 40 p. 100 chez les abeilles, selon les années. On m'a même dit qu'il y a 30 ans il y avait 80 000 ruches dans la région de la rivière de la Paix, alors qu'il n'en reste plus aujourd'hui que 20 000. Quel est votre point de vue sur les chiffres que je viens de citer?
Mme Hoover : Il faudrait que je vérifie les registres que tiennent les services provinciaux de l'agriculture pour savoir le nombre de ruches dans chaque région. Dans le Sud de l'Alberta, la mortalité hivernale est en général plus faible que dans les autres régions de l'Alberta, mais il y a de grosses différences d'une région à l'autre. Les conditions météorologiques de chaque hiver exercent également une grande influence.
La sénatrice Tardif : Des apiculteurs de l'Alberta et du Manitoba ont dit au comité qu'ils souhaiteraient que le gouvernement fédéral lève l'interdiction d'importer des abeilles des États-Unis. Certains apiculteurs pensent qu'il faudrait maintenir l'interdiction, mais d'autres affirment qu'en Alberta aussi il faut faire face à certains agents pathogènes et certains pesticides. Qu'en pensez-vous?
Mme Hoover : Je suis bien contente de n'avoir pas à prendre une telle décision. J'hésiterais à importer des abeilles d'un endroit qui semble avoir plus de problèmes que nous-mêmes.
La sénatrice Tardif : Je suis désolée, je n'ai pas bien entendu. Pourriez-vous répéter?
Mme Hoover : Il semble que les États-Unis ont beaucoup de difficultés avec leur secteur apicole et avec la mortalité des abeilles. Je serais très réticente à importer les abeilles d'un pays qui éprouve beaucoup de difficultés à garder ses populations d'abeilles en bonne santé.
La sénatrice Tardif : Pensez-vous que les États-Unis ont de la difficulté à conserver leurs abeilles en bonne santé?
Mme Hoover : Dans l'ensemble, je dirais que oui. Les données qui proviennent de leurs enquêtes nationales révèlent qu'ils doivent faire face à des charges très élevées de pesticides et d'agents pathogènes.
La sénatrice Tardif : Beaucoup d'apiculteurs à qui j'ai parlé s'inquiètent de ne pouvoir importer des reines. Ils disent que les reines ne vivent plus qu'un an environ, alors qu'avant, elles pouvaient vivre jusqu'à trois ans. Ils doivent continuellement faire venir de nouvelles abeilles. Ce n'est pas suffisant et les abeilles ne vivent pas plus longtemps. C'est un véritable problème. S'ils pouvaient importer des abeilles des États-Unis, surtout des reines, cela leur permettrait de remédier aux problèmes auxquels ils font face.
Mme Hoover : Ils peuvent importer des reines des États-Unis : de Hawaii ou de Californie. Ce qu'ils souhaiteraient surtout, c'est de pouvoir importer des ouvrières-abeilles en vrac.
Vous avez touché un point sensible, en l'occurrence la santé de la reine. La plupart des gens ne mentionnent pas cet aspect. Beaucoup de nouvelles recherches montrent que les reines sont mal fécondées, ou qu'elles reçoivent beaucoup de semences, mais que la moitié de celles-ci est morte. Je pense qu'il s'agit là d'un aspect très sous-estimé de la mortalité des abeilles.
Dans mon propre rucher, la plus grande cause de mortalité est liée au fait que les colonies avaient perdu leur reine.
La sénatrice Tardif : C'est ce que nous ont dit les apiculteurs du nord de l'Alberta. Merci de le confirmer.
Le sénateur Robichaud : Est-ce que l'on s'intéresse aux abeilles sauvages? Beaucoup de recherches sont consacrées aux abeilles mellifères, mais accorde-t-on suffisamment d'attention aux abeilles sauvages?
Mme Hoover : Je ne pense pas, mais c'est difficile d'accorder suffisamment d'attention aux abeilles sauvages, car il y a en fait des centaines d'espèces différentes qui sont souvent très difficiles à distinguer les unes des autres. La simple identification des espèces nécessite des connaissances spécialisées et beaucoup de travail.
Il est très difficile de comprendre exactement ce qui se passe dans la population d'une espèce particulière d'abeilles sauvages. Il faut les considérer comme un écosystème et essayer de leur offrir un environnement sain.
Le sénateur Robichaud : Vous avez mentionné la recherche à long terme. J'en déduis qu'il n'y a peut-être pas assez de recherches à long terme.
Mme Hoover : Exactement. Nous n'avons pas, par exemple, de données de base sur les fluctuations naturelles des populations d'abeilles. Quels sont les niveaux historiques des populations d'abeilles mellifères sauvages, de parasites et d'agents pathogènes? Il faut disposer d'un financement étalé sur plusieurs années pour pouvoir étudier une chose aussi simple que la reproduction de stocks d'abeilles mellifères résistant aux maladies; il faudrait disposer d'un financement étalé sur une dizaine d'années plutôt que sur deux ou trois ans comme c'est généralement le cas.
Le sénateur Robichaud : Vous parlez d'une dizaine d'années. Nous utilisons les néonicotinoïdes depuis environ une décennie, n'est-ce pas?
Mme Hoover : Oui.
Le sénateur Robichaud : Avez-vous constaté des effets sur cette période?
Mme Hoover : Je ne peux pas me prononcer au sujet des abeilles sauvages. Il faudrait que je pose la question à des experts en la matière.
Dans le cas des abeilles mellifères, ce sont les parasites et les agents pathogènes qui ont eu l'impact le plus fort. Il y a le varroa et ses virus associés et le nosema ceranae.
Le sénateur Robichaud : La recherche porterait sur ces acariens afin de pouvoir mieux les maîtriser, plutôt que sur les abeilles elles-mêmes?
Mme Hoover : En effet, c'est vraiment une question importante.
Le sénateur Robichaud : Pour vous, combien de temps durerait une recherche à long terme?
Mme Hoover : Plus que deux ou trois ans.
Le sénateur Robichaud : Je vous pose la question parce que certains programmes prennent fin au bout de quelques années et les chercheurs ne peuvent aller jusqu'au bout de leur travail. Ils doivent comprimer leur recherche et ils perdent une grande partie du travail qu'ils auraient pu mener à bien s'ils avaient disposé de quelques années de plus.
Mme Hoover : Voilà un point très important. Par exemple, j'ai fait partie d'un programme de reproduction pour lequel nous disposions d'un financement pour trois ans. Au cours de ces trois années, nous sommes parvenus à obtenir trois générations d'abeilles. Nous avons mis au point une technique que l'on peut utiliser pour produire des abeilles résistant aux maladies, mais nous disposions également d'un stock d'abeilles dotées de cette caractéristique. Malheureusement, le financement a pris fin et nous n'avons plus les ressources nécessaires pour conserver ce stock.
Le sénateur Robichaud : Alors il est perdu?
Mme Hoover : Oui.
Le sénateur Robichaud : J'espère que nous pourrons faire des recommandations à cet effet. Merci, madame Hoover.
Le sénateur Mercer : Encore une fois, madame Hoover, merci pour cet exposé extrêmement instructif.
Le sénateur Robichaud vous a posé des questions au sujet des abeilles sauvages. Vous avez dit qu'il existe des centaines d'espèces différentes. Avons-nous étudié ces espèces? Existe-t-il une espèce d'abeilles sauvages qui pourrait donner de meilleurs résultats que les abeilles utilisées actuellement par les apiculteurs? Je ne sais pas si l'on peut apprivoiser les abeilles, mais je pense qu'on devrait les « domestiquer », je crois que c'est le mot juste, afin de les utiliser à notre profit. Est-ce que quelqu'un effectue en ce moment une telle étude? Puisqu'il existe des centaines d'espèces, je me demande si nous ne pourrions pas obtenir de meilleurs résultats avec une ou deux espèces d'abeilles sauvages?
Mme Hoover : Dans le cas des services de pollinisation, je doute vraiment que cela soit possible. Les abeilles mellifères se prêtent très bien à cette activité, étant donné qu'il est possible d'en réunir 50 000 pour les transporter en camion jusqu'au secteur qu'elles doivent polliniser. Elles sont faciles à gérer. Par-dessus le marché, elles fabriquent du miel, produit qui est une source de profits.
Il est difficile d'élever d'autres espèces en quantités suffisantes pour polliniser une récolte de manière économique. Cela se fait avec les mégachiles, par exemple, mais il s'agit là d'une espèce européenne.
Pour polliniser une récolte à l'aide d'abeilles sauvages, il faut encourager les populations d'abeilles du voisinage de la ferme et ne pas privilégier une espèce seulement, mais plutôt faire appel à l'ensemble des pollinisateurs.
Le sénateur Mercer : Vous avez évoqué une mortalité hivernale de 19 p. 100 dans le Sud de l'Alberta, tandis que la sénatrice Tardif a cité une mortalité de 30 à 40 p. 100 dans le nord de l'Alberta. Les chiffres varient beaucoup selon les régions du pays. Certains apiculteurs de l'Ontario nous ont déclaré récemment que la mortalité hivernale était pratiquement nulle dans leurs ruchers.
En tant que chercheure, comment pouvez-vous avoir un portrait exact de la situation? Certains apiculteurs déclarent une mortalité de 70 p. 100. De votre côté, vous mentionnez 19 p. 100. Je ne remets pas en question la validité de vos statistiques. J'essaie tout simplement de comprendre comment on analyse ce problème. Comment pouvons-nous véritablement prendre la mesure de ce problème avant de présenter des recommandations?
Mme Hoover : Pour commencer, je pense qu'il faut étudier les moyennes à long terme. On ne peut pas déduire que l'on a un grand problème après avoir constaté une perte de 50 p. 100 à la suite d'un hiver particulièrement long. La longueur de l'hiver peut entraîner une énorme différence.
L'autre facteur important qui peut entraîner une énorme différence est l'application d'un traitement acaricide efficace par l'apiculteur au cours de l'automne. Le taux de mortalité élevé ou bas d'un apiculteur peut s'expliquer par différents facteurs. Il faut prendre en compte les moyennes à long terme ainsi que les moyennes géographiques.
Le sénateur Mercer : Cela veut dire qu'il faudrait établir un répertoire des pratiques exemplaires que les apiculteurs pourraient consulter. Mais, bien entendu, les pratiques exemplaires peuvent varier entre le Nord et le Sud de l'Alberta, l'est de l'Ontario et les champs de bleuets de la Nouvelle-Écosse, n'est-ce pas?
Mme Hoover : Tout à fait.
Le sénateur Mercer : J'ai l'impression que ce genre de répertoire n'existe pas. Dites-moi si je me trompe?
Mme Hoover : Les apiculteurs se parlent entre eux et ils savent si telle ou telle technique a donné de bons résultats pour l'un d'entre eux. C'est pourquoi une de mes recommandations préconise l'établissement d'équipes de transfert de technologie à l'échelle régionale afin que nous puissions mettre à la disposition des apiculteurs des données scientifiques qui donnent des bons résultats dans leur environnement local.
[Français]
Le sénateur Dagenais : Bonsoir, madame. Ma question est simple : vous avez mentionné que les hivers en Alberta étaient moins rigoureux; malgré tout, l'hiver a tout de même été rigoureux dans la plupart des parties du Canada. Ceci étant dit, il se pourrait que les abeilles connaissent un taux de mortalité plus élevé. Est-ce que vous avez pris des dispositions en Alberta pour réduire le taux de mortalité des abeilles dû à un hiver rigoureux cette année?
[Traduction]
Mme Hoover : Je faisais allusion plus précisément aux conditions météorologiques du Sud de l'Alberta où nos hivers ne sont pas aussi rigoureux que dans la région de la rivière de la Paix, par exemple.
Certains apiculteurs font hiverner leurs abeilles à l'intérieur, afin d'atténuer les effets d'un hiver long et rigoureux. Malheureusement, on ne peut pas contrôler le temps et une partie du problème tient au fait que l'on ne sait pas d'avance si l'hiver sera long et rigoureux, ou au contraire clément.
Il y a deux précautions que les apiculteurs peuvent prendre. La première consiste à s'assurer de traiter les ruches avant l'hiver contre les maladies et les organismes nuisibles, et la deuxième, c'est de nourrir les abeilles suffisamment pour qu'elles ne meurent pas de faim au cas où l'hiver serait long.
La sénatrice Buth : Madame Hoover, comment un apiculteur s'y prend-il pour calculer ses pertes?
Mme Hoover : Voilà une question à laquelle il n'est pas facile de répondre, car ce n'est pas évident de savoir exactement ce que représente une chose aussi simple qu'une colonie. Les apiculteurs séparent en deux les essaims bien portants. De leur côté, les reines les divisent en petits nucléus pour la reproduction.
De manière générale, c'est au printemps que les apiculteurs peuvent savoir quels sont les essaims qui survivront et ceux qui mourront. Les essaims qui n'ont pas de reine mourront. On peut être certain qu'un essaim trop petit mourra, même s'il a une reine et occupe un cadre d'abeilles.
Voilà comment les apiculteurs calculent la mortalité. Ils comptent le nombre des essaims qui sont suffisamment forts pour vivre et ceux qui ne le sont pas, mais la taille de ces unités en nombre d'abeilles varie d'une région à l'autre.
La sénatrice Buth : Un apiculteur qui dispose de 100 ruches et qui déclare des pertes de 20 p. 100, a perdu 20 ruches complètes. S'il avait divisé les essaims à l'automne, il aurait peut-être eu des pertes moins lourdes s'il les avait combinées en 80 ruches pour commencer.
Mme Hoover : En effet. C'est un autre aspect de la question. Prenons le cas de deux apiculteurs possédant chacun 100 ruches. Le premier peut décider de combiner les essaims plus faibles en automne. Il aborde l'hiver avec 90 essaims forts, alors que l'autre apiculteur en a 100, dont 20 sont faibles. À la fin de l'hiver, il lui en reste 80. Il affirme qu'il a perdu 20 p. 100 à cause de la mortalité hivernale, alors que l'autre apiculteur affiche un taux de mortalité beaucoup plus faible puisqu'il a diminué sa population d'abeilles dès l'automne.
La sénatrice Buth : Voilà qui soulève toutes sortes de questions relativement aux renseignements que nous avons obtenus concernant les pertes hivernales. C'est très intéressant.
La vulgarisation des techniques agricoles est une responsabilité provinciale. Vous en avez parlé en soulignant les différences entre les systèmes de soutien à la vulgarisation dans les provinces des Prairies. Pensez-vous que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la vulgarisation agricole?
Mme Hoover : Absolument, ce serait formidable s'il finançait les provinces afin de leur permettre d'offrir ces services. Je ne sais pas comment ces fonds seraient acheminés, mais ce serait une bonne idée.
La sénatrice Buth : Je pense peut-être que cette question aurait dû être posée en face.
Merci beaucoup, madame Hoover.
Le sénateur Robichaud : Quel est le lien entre les différents pollinisateurs? J'aimerais savoir quel est le lien entre les abeilles et les chauves-souris, car elles aussi sont des pollinisateurs, n'est-ce pas? Est-ce que les unes comme les autres sont également sensibles aux pesticides ou aux autres produits?
Mme Hoover : Je ne peux pas me prononcer sur la physiologie des chauves-souris, mais je peux vous dire qu'un grand nombre d'animaux sont des agents pollinisateurs : les oiseaux, les chauves-souris, les mouches, les papillons de nuit et même quelques mammifères autres que les chauves-souris. Pas seulement les abeilles qui sont, de loin, les principaux pollinisateurs. Cependant, je peux vous dire qu'il y a des différences même entre les abeilles. Elles représentent une catégorie immense d'organismes. Ce n'est pas parce qu'on les appelle toutes « abeilles » qu'elles réagissent toutes de la même manière à l'ensemble des composés.
Le sénateur Robichaud : Mais on ne peut pas dire que les chauves-souris sont des « abeilles »?
Mme Hoover : Non.
Le sénateur Robichaud : Un apiculteur nous a dit au cours de son témoignage qu'il avait trouvé une façon de se débarrasser de certains varroas qui, selon lui, sont des insectes assez stupides. Vous pouvez lire son témoignage.
Il place un plateau grillagé dans le fond de la ruche. Les acariens tombent à travers le grillage, mais ne peuvent pas remonter. Est-ce que cette technique vaudrait la peine d'être examinée?
Mme Hoover : Les plateaux de fond grillagés sont une technique assez connue en apiculture. Leur utilisation peut toutefois poser problème, surtout au milieu de l'hiver, lorsqu'il fait moins 40 degrés. Quand on a 20 000 ruches, cela peut prendre pas mal de temps pour remplacer tous les plateaux de fond.
Et il faut malgré tout continuer à traiter contre les acariens. Ce n'est pas une solution magique qui permet de se débarrasser totalement des acariens. Elle permet simplement d'en réduire la population.
Le sénateur Robichaud : Il ne disait pas qu'il pouvait s'en débarrasser complètement, mais qu'il en éliminait ainsi un certain pourcentage et qu'il utilisait d'autres méthodes pour lutter contre les acariens. Mais d'après vous, cette technique est-elle efficace?
Mme Hoover : Oui, dans une certaine mesure.
Le président : Madame Hoover, merci beaucoup d'avoir partagé vos opinions et vos connaissances avec nous. Votre témoignage a été utile et très instructif. Je tiens à vous remercier au nom du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
Honorables sénateurs, nous allons maintenant prendre une courte pause avant de commencer avec notre prochain panel de témoins, depuis l'Australie.
Nous allons maintenant entendre notre deuxième panel, par vidéoconférence. Nous accueillons Mme Kareena Arthy, directrice générale, et M. Les Davies, spécialiste principal de la réglementation, Pesticides, de l'Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority.
Au Canada c'est le soir, mais pour les Australiens, c'est le matin, alors bonjour à tous les deux et merci d'avoir accepté notre invitation à comparaître pour partager vos points de vue, vos commentaires et vos recommandations sur le sujet à l'étude. Je vais vous demander de présenter vos exposés avant d'inviter les sénateurs à vous poser des questions.
Kareena Arthy, directrice générale, Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority : Merci beaucoup monsieur le président. À cette heure-ci, c'est le soir pour vous, alors je vous dis bonsoir.
Je crois que vous avez en votre possession un rapport que nous avons récemment publié sur les néonicotinoïdes et la santé des abeilles. Par conséquent, j'ai pensé que nous allions vous présenter de très brèves observations préliminaires.
À titre d'information, l'Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority est l'organisme de réglementation des pesticides en Australie. Nous avons pour responsabilité de veiller à ce que l'utilisation de tous les produits chimiques disponibles soit sans risque. Nous devons appliquer toute une gamme de critères relatifs à la santé humaine, environnementale et animale, ainsi que certains critères commerciaux et propres à l'efficacité.
Cela étant dit, nous avons demandé à M. Davies, qui est avec moi aujourd'hui et qui est l'auteur principal, de mener un projet en Australie afin de vérifier si l'utilisation des néonicotinoïdes nécessitait la prise de mesures réglementaires. Comme vous le savez, les néonicotinoïdes ont fait l'objet de beaucoup d'études, en particulier en Europe et en Amérique du Nord. Par conséquent, nous nous sommes intéressés à la situation en Australie et nous nous sommes demandé si nous devions prendre des mesures.
Nous verrons les détails plus tard, mais de manière générale, nous avons constaté que hormis la mention de renseignements plus précis sur nos étiquettes au sujet de la santé des abeilles, il n'était pas nécessaire de prendre pour le moment des mesures réglementaires supplémentaires. Il y a en fait deux raisons principales à cela. La première est que nous n'avons constaté aucun déclin des populations d'abeilles comme c'est le cas dans d'autres pays; et cela est dû peut- être à la bonne santé générale de nos abeilles. En Australie, le varroa n'existe pas, ce qui fait que le contexte est très différent de celui des autres pays.
Nos pratiques agricoles sont également très différentes, d'une part à cause des techniques que nous utilisons et d'autre part en raison de la situation de nos terres agricoles, favorable à la santé des abeilles.
Compte tenu de tout cela, nous avons réalisé une étude assez complète de la situation en Australie et nous sommes heureux de répondre aux questions de votre comité dans l'espoir de vous aider dans vos délibérations sur l'évolution de la situation au Canada.
Le sénateur Mercer : Merci beaucoup d'être venue témoigner ce matin, et ce soir.
Vous avez dit que le varroa n'existe pas en Australie et nous espérons que cela ne changera pas car c'est un véritable fléau.
Parlez-moi du taux de mortalité des abeilles. Bien entendu, vous n'avez pas nos rigoureux hivers qui entraînent de difficiles problèmes de gestion. Quel est le taux de mortalité dans les divers ruchers d'Australie et est-ce que ce taux varie d'une région à l'autre?
Les Davies, spécialiste principal de la réglementation, Pesticides, Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority : C'est vrai que le varroa est inconnu chez nous. Ce qui nous inquiète, par contre, c'est qu'il y en a en Nouvelle-Zélande, notre plus proche voisin. Les autorités contrôlent très attentivement les importations en provenance de ce pays. Par ailleurs, comme vous l'avez mentionné, nos hivers sont plutôt doux. Même à un endroit comme Canberra, les hivers sont doux par comparaison à vos hivers nord-américains. Nous ne sommes donc pas touchés par ces menaces principales.
Pour ce qui est de la mortalité des abeilles en Australie, je ne peux pas vous donner de chiffres exacts, mais je peux vous dire que les sécheresses constituent une des deux principales menaces pour les abeilles. Plusieurs régions de l'Australie ont récemment été touchées par de graves sécheresses dans certaines régions de l'État de Victoria, dans le sud, et dans de vastes territoires du Queensland. Bien entendu, les sécheresses sont nocives pour la flore indigène, en particulier les eucalyptus qui sont une importance source de nectar et de pollen pour l'abeille européenne. Évidemment, les feux de brousse sont un autre grand facteur de stress pour les abeilles. Vous savez probablement que plusieurs régions d'Australie ont été touchées par de graves feux de brousse l'été dernier. Il est clair que ces feux de brousse ont un énorme impact sur les sources florales de miel et de nectar pour les abeilles, étant donné que la brousse est complètement détruite pour plusieurs années.
Mme Arthy : Je me demande si vous avez pris contact avec le groupe qui représente le secteur de la pollinisation en Australie, l'Australian Honey Bee Industry Council, afin d'obtenir des détails sur la mortalité. Le conseil serait en mesure de vous fournir des renseignements plus précis sur les taux de mortalité. En tant qu'organisme de réglementation, nous devions nous assurer qu'aucun déclin des populations ne justifiait une intervention. Nous ne pouvons pas vous fournir de chiffres précis quant à la mortalité, mais tous nos contacts et toutes nos recherches indiquent qu'il n'y a pas d'inquiétude de ce côté.
Le sénateur Mercer : Vous avez parlé des autres flores qui sont si importantes pour la santé des abeilles. Au Canada, les agriculteurs ont tendance à semer les récoltes côte à côte, en alternant bien entendu d'un champ à l'autre. Cependant, on ne les encourage pas beaucoup à accueillir d'autres espèces florales et fauniques à proximité de ces cultures. Est-ce que les agriculteurs australiens ont la même habitude? On nous a dit qu'il était important de varier la flore pour permettre aux abeilles de disposer d'un environnement plus diversifié et autre que les cultures que nous voulons les amener à polliniser.
M. Davies : En Australie, nous avons de très grandes populations d'abeilles européennes sauvages, grâce à la riche végétation indigène qu'aiment ces abeilles importées. En raison de la proportion élevée d'abeilles sauvages par rapport aux abeilles domestiques, le secteur agricole et horticole n'a souvent pas conscience de l'importance des abeilles mellifères pour la pollinisation de ses cultures.
Le paysage australien est tel que la végétation indigène est assez présente dans la plupart des régions, de sorte que les abeilles mellifères ne sont pas extrêmement tributaires des cultures. Ce n'est que récemment, à l'occasion de l'expansion de certaines cultures horticoles comme celles des amandiers, que l'on a commencé à comprendre l'utilité de ces pollinisateurs domestiques pour ce type de culture. Les apiculteurs ne se contentent pas d'élever des abeilles pour la production de miel, depuis qu'ils ont compris que les services de pollinisation pouvaient aussi leur rapporter de l'argent.
Mme Arthy : Permettez-moi d'ajouter que vous avez tout à fait raison au sujet des habitudes des agriculteurs australiens; ils savent très bien qu'ils doivent pratiquer l'alternance des cultures. Comme vous le savez probablement, les types de sol sont très différents et l'eau est très limitée en Australie. C'est pourquoi les agriculteurs doivent prendre un soin particulier de leurs terres. Ils accordent beaucoup d'importance à l'alternance des cultures.
La géographie est un autre facteur que Les a mentionné. La brousse est très présente à proximité de nos terres agricoles. Ce n'est pas comme si une région en particulier se livrait à la monoculture. Je crois que, dans la majorité des cas, les exploitations agricoles côtoient la brousse qui abrite des abeilles et leur sert de refuge, en cas de besoin.
La sénatrice Buth : Merci beaucoup de nous aider dans l'étude que nous réalisons en ce moment. J'aimerais savoir quelles sont les cultures principales et quelles sont celles qui sont traitées aux néonicotinoïdes.
M. Davies : Notre rapport contient un tableau indiquant quels sont les éléments actifs des néonicotinoïdes que nous avons approuvés. Si je me fie aux produits enregistrés et aux utilisations approuvées indiquées sur les étiquettes, je peux vous dire que, de manière générale, ces produits sont très semblables à ceux que vous utilisez en Amérique du Nord.
Vous êtes certainement familiers avec une de nos grandes cultures, puisqu'il s'agit du canola. Cette culture se pratique dans la plupart des régions d'aridoculture d'Australie, du sud du Queensland jusqu'à l'Australie de l'Ouest, en Australie du Sud et même en Tasmanie. Le problème avec le canola, c'est que les rapports se contredisent; dans une ou deux régions, le canola traité avec des néonicotinoïdes semble poser problème. Mais de manière générale, le canola est toujours considéré comme une bonne culture propice au développement des abeilles, surtout dans l'ouest de l'Australie, notre plus grande région productrice de canola.
Il y a une abondance d'abeilles sauvages, à tel point que l'on essaie d'en limiter la population dans les parcs nationaux et régionaux, étant donné qu'elles colonisent les aires de nidification des oiseaux.
Par ailleurs, la culture du maïs et du soya, dont l'ensemencement entraîne la production de poussière au Canada, ne sont pas des cultures importantes en Australie. On cultive le maïs, mais ce n'est pas une culture importante pour le moment et le soya est resté jusqu'à présent une culture relativement mineure.
La sénatrice Buth : Avez-vous vérifié les résidus susceptibles de demeurer dans les plants de canola et de se retrouver dans le nectar ou le pollen un peu plus tard au cours de l'année?
M. Davies : À ma connaissance, les produits de l'abeille ont fait l'objet de très peu de contrôles en Australie et c'est justement une des recommandations que je présente dans mon rapport à l'intention des organismes de recherche; en l'occurrence, il serait utile de comparer ces données à celles qui sont constatées dans les produits de l'abeille à l'étranger.
Les seuls renseignements dont je dispose sont des données sur la cire d'abeille relevées il y a plusieurs années aux États-Unis. Contrairement aux importants résidus décelés aux États-Unis, l'échantillon de cire australien ne contenait que de petites proportions de chlorpyrifos. Cependant, je ne me fierais pas trop à ces résultats, étant donné qu'ils s'appuient, je crois, sur un seul échantillon. Ces données sont relativement limitées.
La sénatrice Buth : Au Canada, nos deux organismes de réglementation collaborent à l'examen des néonicotinoïdes. Travaillez-vous en étroite collaboration avec l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire canadienne et avez- vous été en contact avec elle dans le cadre de votre étude sur les néonicotinoïdes?
M. Davies : Nous avons communiqué avec de nombreux intervenants, mais nous avons bien sûr été régulièrement en contact avec Thomas Steeger de l'EPA des États-Unis et avec certains représentants des organismes de réglementation canadiens. Il est fort probable qu'au moment de produire nos directives sur l'évaluation des risques pour les abeilles, nous suivrons plus volontiers l'approche nord-américaine que l'approche de l'autorité européenne, l'AESA.
La sénatrice Buth : Je n'ai pas votre rapport devant moi, mais je pense que vous avez affirmé que les néonicotinoïdes représentaient une option moins dangereuse que certaines pratiques antérieures au traitement des semences qui consistaient à pulvériser les feuilles. Est-ce que j'ai bien lu?
M. Davies : Oui. On estime que le jeune plant étant protégé par l'absorption des néonicotinoïdes contenus dans le pelliculage de la semence, il est moins nécessaire de pulvériser ses feuilles, causant ainsi un fardeau moindre pour l'environnement que les autres insecticides ou pesticides. En protégeant les plants contre les insectes, on les protège également contre les virus et les champignons, car les plants sont moins endommagés et offrent ainsi moins d'accès aux attaques fongiques et virales.
Mme Arthy : Permettez-moi d'ajouter que nous avons en Australie un problème de dérive de pulvérisation. En raison de la taille et de l'échelle de nos activités agricoles, nous nous efforçons toujours de réduire le risque de dérive dans l'application de produits pulvérisés. Grâce aux néonicotinoïdes, les agriculteurs ne sont plus obligés de pulvériser par la suite d'autres produits susceptibles de causer des dommages plus grands à l'environnement.
La sénatrice Tardif : Merci beaucoup d'avoir accepté de comparaître. Je n'ai pas votre rapport sous les yeux, mais j'aimerais savoir si des chercheurs australiens ont effectué des études afin de comparer le rendement des cultures traitées à l'aide de néonicotinoïdes à celui des cultures qui ne l'étaient pas? Si de telles études existent, quels sont les résultats?
M. Davies : Je n'ai pas d'études précises en tête, mais les données recueillies sur le terrain semblent indiquer en effet que les cultures ont en général un meilleur rendement lorsqu'elles ont été traitées. Je ne connais aucune étude australienne portant sur ce sujet précis, mais on rapporte en général que le traitement des semences permet de protéger les cultures et que ces dernières sont en général meilleures et plus saines.
La sénatrice Tardif : Vous avez dit que vous cultivez le canola en Australie, n'est-ce pas?
M. Davies : Oui, c'est exact. C'est la plus grande culture après le blé et l'orge.
La sénatrice Tardif : Est-ce que les agriculteurs utilisent des semences traitées aux néonicotinoïdes pour leur production de canola?
M. Davies : À ma connaissance, toutes les semences de canola sont traitées de nos jours aux néonicotinoïdes.
La sénatrice Tardif : Et les agriculteurs n'ont pas rapporté une augmentation de leur production depuis qu'ils utilisent ces semences? Je sais par exemple que dans certaines régions de l'Alberta, d'où je viens, les agriculteurs affirment que cela contribue à améliorer le rendement.
M. Davies : On peut dire que les agriculteurs ne paieraient pas le coût supplémentaire du traitement si ce dernier n'était pas avantageux. Les prix des facteurs de production agricole sont si faramineux que la rentabilité est, à mon avis, un objectif capital pour la plupart des agriculteurs. Si le traitement n'était pas utile, ils ne lui consacreraient pas tant d'argent.
La sénatrice Tardif : C'est logique.
Est-ce que vous importez des abeilles d'autres pays?
Mme Arthy : Nous en exportons.
Je ne sais pas si nous en importons, car cela ne relève pas de nos responsabilités. Si vous le voulez, nous pourrons vérifier. Il nous faudra contacter notre service local chargé des importations. Je ne peux pas vous répondre.
La sénatrice Tardif : Vous n'avez pas de pénurie, bien sûr, puisque votre taux de mortalité est si faible.
Mme Arthy : C'est vrai. En fait, nos exportations sont importantes et en croissance, justement parce que nos abeilles sont en aussi bonne santé.
La sénatrice Eaton : Voilà qui fait plaisir à entendre, puisque les témoignages que nous avons entendus depuis trois mois ne parlent que des déboires de l'abeille mellifère.
Pourquoi n'avez-vous pas de varroa?
Mme Arthy : Cette question déborde des compétences de notre agence de réglementation, mais je peux y répondre puisque dans mes fonctions précédentes, j'étais chef d'une agence de biosécurité. Nous n'avons pas de varroa pour plusieurs raisons. D'abord, notre pays est une île, ce qui rend difficile le passage des abeilles. Par ailleurs, nous avons des contrôles assez stricts aux frontières, et pas seulement dans les ports. En fait, les bateaux de passagers et les bateaux de plaisance qui accostent dans le nord de l'Australie en provenance d'Indonésie et de nos pays voisins de l'Asie du Sud-Est constituent notre risque le plus grand.
Nous faisons beaucoup de contrôles dans les ports. Nous appliquons des mesures très strictes en matière de biosécurité parce que nous savons combien il est important d'interdire l'entrée au varroa. Le gouvernement déploie de nombreux efforts parallèlement à l'APVMA pour surveiller les populations d'abeilles et s'assurer qu'elles ne sont pas touchées par le varroa. Nous avons probablement de la chance, mais nous sommes toujours sur le qui-vive.
M. Davies : Le ministère de l'Agriculture collabore avec nous et a mis en place des stratégies visant à réagir aux infestations, dès qu'elles seraient détectées. Il dispose de permis spéciaux d'utilisation de divers insecticides et autres produits chimiques pour exterminer des colonies d'abeilles dès que le varroa serait détecté. Il peut également utiliser des pesticides. Un peu partout en Australie, des postes de surveillance sont chargés de repérer et de surveiller les incursions d'insectes susceptibles de transporter cet acarien.
La sénatrice Eaton : On nous a dit que le varroa s'installe parfois dans des grandes entreprises commerciales de production de miel. Avez-vous de telles entreprises en Australie ou est-ce que votre industrie et vos cultures n'ont pas encore atteint le stade où les agriculteurs ou les apiculteurs exploitent 20 000, 30 000 ou 40 000 ruches?
M. Davies : En Australie, les apiculteurs sont en général d'assez petits exploitants qui élèvent les abeilles pour la production du miel. Nous sommes loin des énormes exploitations américaines qui comptent 50 000 ou 60 000 ruches. Cela pourrait changer. Comme je l'ai dit, on s'intéresse de plus en plus à l'élevage des abeilles pour la pollinisation des cultures horticoles comme celles des amandiers. On constate une croissance de la demande de services de pollinisation. Certains apiculteurs estimeront peut-être qu'il est économiquement réalisable de répondre à la demande.
Mme Arthy : L'apiculture est une excellente industrie en Australie, étant donné que les éleveurs consacrent beaucoup de temps à la formation de leurs employés sur le varroa et la façon de le détecter. Ils prennent des mesures très proactives pour s'assurer de garder leurs abeilles mellifères en santé. Pendant plusieurs années, j'ai travaillé en étroite collaboration avec cette industrie et je peux donc vous assurer que les apiculteurs ne vont rien négliger et ne rien faire qui puisse mettre en danger leurs populations d'abeilles s'ils changent leurs pratiques.
Comme l'a dit Les, nos apiculteurs travaillent à plus petite échelle, étant donné que leur industrie est très différente. La brousse occupe une grande partie du territoire. L'apiculture mise assez clairement sur la flore indigène pour la production de miel, contrairement aux grandes exploitations.
La sénatrice Eaton : J'aimerais encore bénéficier de vos lumières. Au sujet du varroa lui-même, vous avez dit que vous surveillez vos frontières et que vous tirez parti de votre insularité. Le varroa vient d'ailleurs et dès qu'il s'installe, il se répand. Ce n'est pas un parasite lié à la ruche elle-même ou à son état, n'est-ce pas?
M. Davies : Comme il n'existe pas ici, il faudrait qu'il soit importé. Le problème avec le varroa, c'est qu'il transporte d'autres virus qui sont nuisibles pour les abeilles. On m'a dit que le varroa sur une abeille était, du point de vue taille, à peu près l'équivalent d'un Frisbee sur un humain. On voit donc que plusieurs acariens peuvent avoir un impact significatif sur une abeille.
La sénatrice Eaton : La semaine dernière, un témoin nous a dit qu'un varroa sur une abeille, c'est à peu près l'équivalent d'un gros rat sur votre épaule.
M. Davies : Oui. C'est assez désagréable.
La sénatrice Eaton : Merci beaucoup.
[Français]
Le sénateur Dagenais : Je comprends que vous avez fait beaucoup de recherches pour mieux comprendre l'interaction entre les abeilles et l'utilisation des pesticides. Selon vous, quelle serait la meilleure solution à adopter pour réduire le taux de mortalité des abeilles?
[Traduction]
M. Davies : Il m'est difficile de répondre à votre question, puisque nous n'avons pas de problème de mortalité. Le plus souvent, c'est un manque de communication entre l'agriculteur et l'apiculteur qui est mis en cause dans les cas d'empoisonnement d'abeilles par des pesticides en Australie. Comme je l'ai déjà dit, les entreprises d'apiculture sont relativement petites et elles se font généralement concurrence pour trouver des emplacements afin d'implanter leurs ruches. De manière générale, les apiculteurs évitent de dévoiler l'endroit où ils installent leurs abeilles. Par conséquent, un problème peut survenir s'ils placent leurs ruches dans une zone végétale indigène et qu'un agriculteur voisin décide de traiter des cultures à proximité. Dans les conseils que l'on donne aux apiculteurs, on les encourage à communiquer avec les agriculteurs de leur région. Je pense que ces renseignements sont aussi valables pour les agriculteurs, car ils doivent savoir que les abeilles peuvent contribuer à augmenter le rendement de leurs cultures, même si ces dernières ne sont pas totalement tributaires des insectes pollinisateurs. Il est utile également pour les agriculteurs d'encourager les abeilles. On conseille aux apiculteurs de dire aux agriculteurs à quel endroit ils placent leurs colonies d'abeilles.
Je pense que c'est vraiment le précepte principal qui s'applique à la situation en Australie.
Le sénateur Mercer : Un des problèmes que l'on nous a signalés concerne la poussière que soulèvent les opérations d'ensemencement lorsqu'on utilise des graines traitées aux néonicotinoïdes. Les agriculteurs australiens utilisent-ils des déflecteurs à poussière? Les fabricants proposent désormais de nouveaux semoirs équipés de déflecteurs, mais il est également possible de modifier les anciens semoirs afin de réduire la poussière au moment de l'ensemencement.
M. Davies : Nous sommes bien au courant du problème causé en Europe, en particulier en Allemagne, en 2008, et aussi en Italie, par les poussières contaminées par les néonicotinoïdes. Nous savons également qu'il y a eu récemment un problème au Canada, en particulier dans les cultures de maïs et de soya. L'APVMA ne dispose d'aucun document signalant l'empoisonnement d'abeilles par la poussière contaminée aux néonicotinoïdes en Australie. On utilise des semoirs pneumatiques pour ensemencer le canola dont les semences sont, comme je l'ai dit, pratiquement toutes traitées aux néonicotinoïdes. Je pense que vous savez comment fonctionnent les semoirs pneumatiques. Ils utilisent de l'air à basse pression pour souffler la graine dans le tube d'ensemencement. L'air se dégage ensuite dans le sillon, si bien qu'il y a très peu de risque que les semoirs pneumatiques produisent des poussières contaminées aux néonicotinoïdes. Je sais qu'ici le coton et le maïs sont plantés à l'aide de semoirs utilisant un dispositif sous vide. Là encore, je crois que les évents des pompes à vide sont dirigés vers le sol, si bien que cela ne pose pas problème, à ma connaissance, en Australie.
Cela étant dit, nous avons demandé à CropLife Australia de mettre au point un code des meilleures pratiques de gestion pour l'entreposage, la manutention et l'utilisation des semences traitées aux néonicotinoïdes.
Le sénateur Mercer : Combien d'espèces de pollinisateurs sauvages sont présentes en Australie?
M. Davies : La plupart sont des abeilles solitaires et je crois qu'on en compte plus de 1 000 espèces. Kareena le sait peut-être. Elles sont très nombreuses.
Mme Arthy : C'est exact.
Le sénateur Mercer : Le chiffre que l'on nous a rapporté au Canada parlait de centaines, pas de milliers. J'ai demandé à un témoin précédent si quelqu'un avait étudié les populations d'abeilles sauvages afin de vérifier si elles étaient plus résistantes que celles que l'on utilise pour la pollinisation actuellement et si elles pouvaient faire un meilleur travail.
M. Davies : Ce n'est pas vraiment une question à laquelle je peux répondre, mais je pense qu'il existe une espèce d'abeilles sauvages que plusieurs apiculteurs ont essayé d'élever de façon commerciale. En revanche, je ne peux pas vraiment vous dire précisément quels résultats ils ont obtenus.
Mme Arthy : Nous avons ici un organisme de recherche qui s'appelle le CSIRO, Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation. Cet organisme fait beaucoup de recherches sur les abeilles et l'Australie regroupe quelques-uns des plus grands chercheurs dans le domaine. Si vous êtes intéressés, vous pouvez prendre contact avec eux pour obtenir plus de détails à ce sujet.
Je sais, essentiellement grâce à mes fonctions antérieures, que l'on effectue beaucoup de recherches sur les abeilles car, il y a quatre ans, nous avons eu une intrusion d'abeilles mellifères asiatiques qui ne sont pas aussi bonnes pour la pollinisation. À l'époque, on craignait que les abeilles asiatiques ne remplacent les abeilles européennes et entraînent par conséquent des conséquences négatives pour les services de pollinisation en Australie. C'est pourquoi nos chercheurs ont fait beaucoup de travaux sur les abeilles asiatiques mais également pour trouver des alternatives à la pollinisation pour les abeilles européennes. C'est l'industrie de l'apiculture et le CSIRO qui ont dirigé ces recherches. Si vous voulez communiquer avec eux, nous pouvons vous mettre en contact avec les personnes pertinentes.
Le sénateur Mercer : Merci beaucoup, je vous en suis reconnaissant.
[Français]
Le sénateur Maltais : Quelle est la qualité du miel que vous produisez en Australie?
[Traduction]
Mme Arthy : Comment vous répondre? Il est très bon.
M. Davies : Je crois que le miel le plus apprécié est celui qui est produit à partir des diverses espèces d'eucalyptus. C'est un miel foncé par comparaison à la plupart des miels européens. C'est un excellent produit d'exportation vers des pays comme la Corée et, dans une moindre mesure, le Japon.
[Français]
Le sénateur Maltais : Est-ce une rumeur? Est-ce une mauvaise nouvelle que certains apiculteurs australiens ajoutent du sucre dans le miel? Avez-vous ce problème?
[Traduction]
Mme Arthy : Je n'ai pas connaissance de ce problème, mais de toute façon, ce n'est pas une question sur laquelle nous serions amenés à nous pencher dans le cadre de notre profession et elle ne relève pas des responsabilités de l'APVMA. Par ailleurs, je ne me souviens pas d'en avoir entendu parler dans les médias. Et vous?
M. Davies : Non, je n'en ai pas entendu parler.
[Français]
Le sénateur Maltais : Vous avez adopté une méthode allemande qui s'appelle LC-IRMS pour détecter le sucre ajouté dans le miel. Est-ce pratique courante ou est-ce minime?
[Traduction]
Mme Arthy : Cela va au-delà de nos responsabilités et ne nous concerne absolument pas. Si vous voulez avoir des renseignements à ce sujet, nous pourrions poser la question aux organismes de réglementation alimentaire et je serais heureuse de vous transmettre ces renseignements par la suite.
[Français]
Le sénateur Maltais : C'était le principal sujet de votre 40e congrès apicole, tenu à Melbourne du 9 au 14 septembre en 2007. Est-ce encore votre réalité en 2014?
[Traduction]
Mme Arthy : Excusez-moi, est-ce que vous voulez parler des additifs dans le miel?
[Français]
Le sénateur Maltais : Des additifs, oui.
[Traduction]
Mme Arthy : C'est un organisme distinct du gouvernement, le Food Standards Australia New Zealand qui est chargé de se pencher sur les additifs alimentaires. Cela ne relève pas de mes responsabilités, ni de mes connaissances, mais si vous avez une série de questions à poser à ce sujet, je serais heureuse de les transmettre à l'agence des normes alimentaires et de vous transmettre les réponses.
Le sénateur Robichaud : Il faut suivre les meilleures pratiques dans l'utilisation des insecticides et des pesticides. Il y a des façons de les appliquer et de les utiliser. Est-ce que vous surveillez ces pratiques afin que les gens qui utilisent ces produits le fassent de la bonne façon, et comment vous y prenez-vous?
Mme Arthy : En Australie, la surveillance de ces pratiques relève de la responsabilité des gouvernements des États et des territoires. En Australie, il y a trois niveaux d'administration. Nous nous situons au niveau fédéral ou au palier du Commonwealth; ensuite, il y a le palier de l'État; et enfin le palier de l'administration locale. Le gros de la responsabilité revient aux États. Ils ont recours à plusieurs méthodes pour exercer leur surveillance. L'Australie étant un pays immense, la façon la plus courante d'exercer cette surveillance consiste à partir d'une expérience négative. Je ne sais pas comment cela se passe au Canada, mais en Australie, si un agriculteur n'utilise pas correctement le matériel ou s'il cause des dégâts par inadvertance, les autorités sont rapidement avisées, soit par un voisin, soit par l'agriculteur lui- même. Nos agriculteurs sont très à cheval sur l'utilisation appropriée du matériel. À partir de là, en cas de rapport défavorable, les gouvernements des États ou territoires interviennent et font enquête.
En cas de comportement répété, la surveillance se fait de manière plus suivie, plus ciblée et plus proactive. Généralement, des inspecteurs du gouvernement se rendent dans l'exploitation agricole pour évaluer la situation.
Les organismes de recherche des divers États proposent aussi une très grande campagne d'information et collaborent très étroitement avec les entreprises du secteur pour encourager une gestion appropriée des exploitations agricoles.
Comme je l'ai dit plus tôt, le contexte agricole est assez difficile en Australie, en raison du manque d'eau et des rudes conditions climatiques. Nos agriculteurs font beaucoup d'efforts pour collaborer avec le gouvernement et les chercheurs afin d'appliquer les meilleures pratiques.
Je ne dis pas que nous ne laissons rien passer. Il y a toujours des agriculteurs qui utilisent mal leur matériel, mais généralement, nous sommes avisés en cas de problèmes.
M. Davies : Le chapitre 12 de notre rapport rend compte des expériences négatives qui nous ont été signalées à la suite d'empoisonnement d'abeilles et je pense que cela confirme ce que disait Kareena. L'organisme pertinent de l'État intervient et fait enquête dès qu'un incident est signalé.
La sénatrice Tardif : Estimez-vous que les méthodes diagnostiques que vous utilisez vous permettent d'évaluer de manière appropriée les impacts aigus et subchroniques des pesticides sur les abeilles et les couvains d'abeilles?
M. Davies : Dans notre rapport nous affirmons que nos méthodes diagnostiques pour déterminer la toxicité aiguë sont adéquates, mais nous reconnaissons qu'il est nécessaire d'étendre la portée des tests afin de prendre en compte diverses préoccupations concernant les effets subchroniques des expositions répétées à de faibles doses. L'Australie collabore avec la Society of Environmental Toxicology and Chemistry, la SETAC, ainsi qu'avec l'OCDE, pour élaborer cette série de tests. Je crois que l'Australie, tout comme la plupart des autres pays de l'OCDE, disposera un jour d'un ensemble de contrôles et d'impératifs d'essai similaires.
Le président : Vous avez dit que le taux de mortalité des abeilles était relativement faible en Australie et vous ne semblez pas avoir de problème avec l'utilisation des néonicotinoïdes dans des cultures comme le canola. C'est pourquoi je vous pose la question suivante : Pourquoi avez-vous décidé d'entreprendre une étude sur les néonicotinoïdes et la santé des abeilles domestiques?
Mme Arthy : C'est le genre de choses que nous entreprenons régulièrement en tant qu'organisme de réglementation. Étant donné les initiatives prises en ce sens, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, au sujet des néonicotinoïdes, nous nous sommes sentis interpelés, en tant qu'organisme de réglementation, et nous avons voulu nous assurer que l'Australie ne faisait pas une impasse dans ce domaine. C'est pourquoi nous avons décidé de faire cette étude.
Cette recherche est en fait un travail préliminaire visant à déterminer si nous avions un problème auquel il fallait réagir. Nous voulions également vérifier si nous devions nous intéresser à certains enjeux futurs. C'est ainsi que nous nous sommes penchés sur les mentions figurant sur les étiquettes, ainsi que sur les besoins futurs en matière de recherche. Nous tenions à agir de manière plus proactive en vue d'une éventuelle réglementation des néonicotinoïdes à l'avenir. Nous voulions nous assurer que nous n'avions pas de problème.
La sénatrice Buth : Je me demande si vous vous êtes intéressés à la rémanence des néonicotinoïdes. Avez-vous des données supplémentaires sur leur persistance dans le sol, d'autant plus que, le plus souvent, vos sols sont assez secs?
M. Davies : Nous ne ferons certainement pas l'impasse là-dessus. Nous continuerons à nous intéresser à toutes les recherches consacrées aux néonicotinoïdes. Notre rapport préliminaire indique justement qu'il ne faut pas négliger la question de leur stabilité relative et de leur persistance.
Nous recevrons les données des évaluations réglementaires auxquelles sont soumis actuellement certains nouveaux produits faisant l'objet d'un contrôle et ces évaluations porteront certainement sur ces points précis.
Les preuves recueillies jusqu'à présent tendent à démontrer que ce n'est probablement pas un problème au niveau utilisé, mais nous attendons toujours ces données, un rapport final qui proviendra de notre service de l'environnement, sans doute au cours des prochains mois.
Le président : Avant de conclure, souhaitez-vous faire quelques commentaires supplémentaires, madame Arthy et monsieur Davies?
Mme Arthy : Non. Je pense que nous avons bien couvert le sujet. Si vous souhaitez nous poser des questions après la fin de la séance ou si vous souhaitez avoir le point de vue australien sur d'autres aspects, nous serons heureux de vous fournir les renseignements demandés. Nous pouvons également vous mettre en contact avec d'autres organismes australiens que vous souhaiteriez rencontrer. Merci de nous avoir donné l'occasion de comparaître.
M. Davies : Il est clair que nous serons ravis de continuer à collaborer de près avec l'ARLA du Canada et l'EPA des États-Unis au moment de mettre au point de nouvelles méthodes d'essai et de meilleures déclarations sur les étiquettes.
Le président : Les Australiens ont leurs sports nationaux. Certains disent que c'est le rugby, d'autres le football.
J'aimerais terminer en confiant ceci à nos amis australiens. Alors que vous allez poursuivre vos activités quotidiennes, les Canadiens vont très bientôt s'installer devant leur poste de télévision pour regarder leur sport national, le hockey. Ce soir, la grande majorité des Canadiens regarderont un match de hockey sur glace, notre sport national. Chacun choisira son camp et il ne fait aucun doute dans mon esprit — je n'ai pas peur d'afficher mes couleurs — que les Canadiens de Montréal vont battre les Bruins de Boston.
Merci beaucoup à nos amis australiens.
(La séance est levée.)