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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule no 17 - Témoignages du 7 octobre 2014


OTTAWA, le mardi 7 octobre 2014

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 4, pour étudier l'importance des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada.

Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Mesdames et messieurs les sénateurs, messieurs les témoins, bonjour. Je remercie les témoins d'avoir accepté notre invitation, et je vais les présenter officiellement dans quelques instants.

Je vous souhaite la bienvenue à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je m'appelle Percy Mockler, et je suis sénateur du Nouveau-Brunswick et président du comité. J'aimerais maintenant demander à tous les sénateurs de se présenter.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, de Saint-Louis-de-Kent, au Nouveau-Brunswick. Bonjour.

Le sénateur Maltais : Ghislain Maltais, du Québec. Bienvenue.

[Traduction]

La sénatrice Beyak : Lynn Beyak, de l'Ontario.

Le sénateur Oh : Le sénateur Oh, de l'Ontario.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Jean-Guy Dagenais, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Unger : Betty Unger, de l'Alberta.

Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, de la Nouvelle-Écosse.

[Français]

Le président : Le comité poursuit son étude sur l'importance des pollinisateurs en agriculture et sur les mesures à prendre pour les protéger.

[Traduction]

Le Sénat du Canada a transmis un ordre de renvoi au Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts pour l'autoriser à examiner, pour en faire rapport, l'importance des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada.

[Français]

Selon le Conseil canadien du miel, on peut quantifier à plus de 2 milliards de dollars par année le rôle joué par les abeilles dans la pollinisation.

[Traduction]

À titre indicatif, les abeilles sont essentielles à la pollinisation des cultures commerciales de plantes, de fruits et de légumes.

Mesdames et messieurs les sénateurs, je suis heureux de vous présenter officiellement nos témoins. Nous accueillons Kevin McCully, directeur du Secteur des services spécialisés, Agriculture, au ministère Aquaculture et Pêches du gouvernement du Nouveau-Brunswick, qui comparaît par vidéoconférence. Êtes-vous à Fredericton, monsieur McCully?

Kevin McCully, directeur, Secteur des services spécialisés, Agriculture, Aquaculture et Pêches, gouvernement du Nouveau-Brunswick : Oui.

Le président : Les autres témoins que nous accueillons sont dans la salle et représentent le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Keith Deering, sous-ministre adjoint du Développement de l'agroalimentaire; et Dave Jennings, directeur, Produit et développement des marchés.

Je vais demander à M. Deering de présenter le premier exposé, après quoi ce sera au tour de M. McCully, à Fredericton. Après vos déclarations liminaires, les sénateurs vous poseront des questions se rapportant à l'ordre de renvoi du Sénat du Canada.

Sans plus tarder, j'invite donc M. Deering à ouvrir le bal.

Keith Deering, sous-ministre adjoint du Développement de l'agroalimentaire, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Merci, monsieur le président. Bonsoir, mesdames et messieurs les sénateurs. Nous sommes très heureux d'avoir l'occasion de nous adresser à vous ce soir à propos d'une question des plus importantes pour la province de Terre-Neuve-et-Labrador, et assurément pour l'ensemble du Canada aussi.

Le secteur agricole de Terre-Neuve-et-Labrador est relativement modeste, mais il est en expansion et se diversifie dans l'espoir d'améliorer la sécurité alimentaire de notre province. En fait, c'est justement le mandat de la direction dont je suis responsable : accroître la production alimentaire pour que nous ne dépendions plus autant des importations agricoles que nous le faisons depuis que notre province a été annexée au Canada en 1949.

Puisque nous sommes une île de l'Atlantique Nord, nous nous retrouvons parfois en situation de grande vulnérabilité sur le plan de la sécurité alimentaire, même avec de courtes interruptions des réseaux de transports. Nous constatons également que ces situations sont de plus en plus courantes.

Nous accordons une importance particulière à la santé des abeilles domestiques et à la pollinisation pour plusieurs raisons. Tout d'abord, dans le cadre de notre stratégie de croissance et de diversification, il est extrêmement important d'augmenter la valeur de la culture fruitière et maraîchère. Nous comprenons parfaitement le rôle que jouent des pollinisateurs en santé, surtout pour améliorer le rendement des récoltes de fruits. En deuxième lieu, nous constatons beaucoup d'intérêt chez un nombre sans cesse croissant d'apiculteurs, qui souhaitent élargir le secteur apicole en produisant du miel et d'autres produits de la ruche, en plus de services de pollinisation. Le troisième point, et le plus important, c'est la situation exceptionnelle de notre province quant à la santé des abeilles domestiques. C'est d'ailleurs ce sur quoi portera principalement notre témoignage ce soir.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs études ont démontré que l'île de Terre-Neuve est un des très rares endroits dans le monde où les abeilles domestiques ne sont attaquées par aucun des principaux parasites apicoles. Ce fait a été reconnu dans un article scientifique récent publié par plusieurs spécialistes, y compris M. Geoffrey Williams, qui a comparu devant votre comité le 18 septembre, je crois.

Le parasite le plus important est le varroa, qui a entraîné la perte de nombreuses colonies d'abeilles et qui a posé de sérieuses difficultés aux apiculteurs du monde entier. L'île est également exempte de l'acarien de l'abeille domestique, du petit coléoptère des ruches et de la fausse-teigne de la cire. Par conséquent, notre province n'a pas connu les mêmes pertes de colonies que les autres territoires.

Alors que l'absence de ces parasites était probablement un hasard auparavant, la province a pris des mesures pour protéger sa situation. En vertu de notre Animal Health and Protection Act, nous avons édicté un règlement qui interdit l'importation d'abeilles domestiques d'autres provinces ou pays sans certification rigoureuse d'un vétérinaire.

Nous pouvons appliquer ces règles dans la province, mais n'avons pas le pouvoir de prendre des mesures préventives en dehors de notre territoire. Nous demandons donc au gouvernement fédéral de le faire, par l'entremise de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, afin de protéger notre province de l'importation d'abeilles malades. Cette mesure pourrait s'inspirer de la procédure de mise en quarantaine de nos gares maritimes visant à éviter la propagation de la galle verruqueuse et du nématode doré de la pomme de terre de Terre-Neuve vers les autres provinces.

Nous essayons de protéger et de favoriser notre secteur apicole d'autres façons. Les préoccupations entourant les répercussions, sur la santé des abeilles domestiques, de l'utilisation à grande échelle des pesticides de la catégorie des néonicotinoïdes ne nous ont pas échappées. Notre position unique nous permet de suivre la situation de près. Notre secteur agricole compte peu de cultures traitées avec ces insecticides. Même si les recherches scientifiques entourant ces répercussions ne sont pas tout à fait concluantes, nous encourageons nos agriculteurs à trouver des solutions de rechange à cette catégorie d'insecticides.

Nous venons de terminer un projet de recherche agricole fédéral-provincial de trois ans à frais partagés de 7,5 millions de dollars, qui nous a permis de réaliser 69 projets de recherche ayant donné lieu à d'importantes innovations dans notre secteur agroalimentaire. Plusieurs recherches se sont attardées à la santé des abeilles et à la pollinisation dans notre industrie fruitière. Le programme a pris fin le 31 mars 2014, mais nous n'avons pas réussi à convaincre le gouvernement fédéral de le renouveler. Or, nous estimons que le moment est mal choisi pour mettre un terme à l'importante recherche sur les abeilles domestiques, la pollinisation et tous les autres volets de notre industrie.

Le caractère unique de l'absence de maladie chez nos abeilles domestiques a suscité beaucoup d'intérêt auprès des chercheurs apicoles. Dans le cadre de notre propre programme de recherche, nous tentons de collaborer avec certains d'entre eux pour mieux tirer parti de notre situation. M. Williams, qui s'est adressé à vous le 18 septembre dernier, nous encourage à cibler le développement d'un marché d'exportation d'abeilles sans maladies. Une aide fédérale à la recherche à Terre-Neuve nous serait certainement des plus utiles à cet égard. Nous souhaitons que le gouvernement fédéral reconnaisse la situation particulière de Terre-Neuve dont l'ensemble de l'industrie apicole canadienne pourrait profiter.

D'autres raisons expliquent pourquoi notre industrie agricole est différente de celle de la majeure partie du Canada. Elle est relativement jeune, et nos terres arables sont largement fragmentées; nous n'avons donc pas de vastes étendues de terres agricoles comme on en retrouve couramment dans d'autres provinces canadiennes. Les abeilles domestiques et les pollinisateurs naturels bénéficient donc de sources d'alimentation diversifiées qui sont rarement interrompues par une monoculture.

Les répercussions évidentes des changements climatiques représentent à la fois des défis et des possibilités pour nous. Alors que nous avons en moyenne plus de jours de croissance et de plus longues périodes sans gel, nous semblons subir davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui a également une incidence sur la santé des abeilles.

L'hiver 2013-2014 a été extrêmement rigoureux, entraînant un déclin plus prononcé des abeilles que celui que nous avions connu ces dernières années. Tous ces facteurs offrent des possibilités de recherche fort intéressantes. Le savoir acquis à Terre-Neuve pourrait être transféré et contribuer à la création de programmes de lutte intégrée et de stratégies de gestion des abeilles.

Pour terminer, mesdames et messieurs les sénateurs, nous estimons que le gouvernement fédéral a un rôle de premier plan à jouer dans la création d'occasions, d'une part, pour protéger la bonne santé des abeilles de notre province et, d'autre part, pour mettre en place les ressources afin d'étudier les facteurs contribuant à notre situation unique. Il faut explorer à fond la relation entre les maladies d'abeilles, la santé environnementale, les pesticides et la vigueur des abeilles domestiques afin de mieux comprendre. Terre-Neuve-et-Labrador est un laboratoire parfait pour ce genre de recherches.

Aussi, l'adoption d'une stratégie nationale de recherche en agriculture devrait constituer une grande priorité pour chacun de nous. Il est bien établi que les pays qui consacrent plus d'énergie à la recherche et au développement arrivent bien mieux à augmenter leur PIB agricole. Une étude récente du département américain de l'Agriculture démontre que des augmentations annuelles de 1 p. 100 du financement en recherche et développement aux États-Unis entraînera, en 2050, une production agricole 83 p. 100 supérieure au niveau de 2008. La même étude montre que chaque dollar versé à la recherche sur le blé rapporte 20 $. Il semble que l'Australie investit davantage dans la recherche sur le blé que le Canada, avec 80 millions de dollars par année, comparativement à nos 25 millions.

Le deuxième symposium bisannuel sur la recherche agricole de Terre-Neuve aura lieu en novembre. Nous attirons des chercheurs de notre province et des autres aussi. Il s'agit là d'une excellente occasion de faire connaître nos travaux et de discuter de sujets de recherche riches de possibilités pour chacun d'entre nous.

Cette année, nous aurons une présentation à propos de la recherche sur les abeilles domestiques par M. Daniel Borges, un étudiant de M. Ernesto Guzman, à l'Université de Guelph. Nous discuterons alors en détail des possibilités de recherche sur les abeilles. Il y aura également des exposés sur bien d'autres secteurs de recherche agricole; vous trouverez de plus amples renseignements sur le symposium à l'adresse www.ourfoodourfuture.ca.

Nous estimons que le secteur agricole de Terre-Neuve-et-Labrador connaît un virage. Les possibilités d'augmenter considérablement la taille et la diversité de notre secteur sont sous nos yeux. En raison de notre géographie et de notre climat, nous devons toutefois souvent faire les choses autrement que la plupart des autres provinces. Voilà pourquoi il importe de réaliser des recherches en fonction de nos conditions.

Je vous remercie de nous écouter ce soir, et nous sommes vraiment heureux de pouvoir échanger avec vous.

Le président : Merci beaucoup.

J'invite maintenant M. McCully, du Nouveau-Brunswick, à nous présenter son exposé.

M. McCully : Pour commencer, j'aimerais remercier le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts de nous permettre de donner le point de vue du Nouveau-Brunswick sur les questions que vous avez soulevées à propos des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada, et plus particulièrement au Nouveau-Brunswick. J'ai préparé une série de diapositives, que vous devriez avoir sous les yeux. Il y en a trop pour que je puisse les examiner en détail, mais je vous invite à y revenir quand bon vous semblera pour prendre connaissance de particularités dont je n'aurai pas le temps de parler.

La deuxième diapositive porte sur notre secteur au Nouveau-Brunswick, où l'industrie apicole est relativement petite avec ses quelque 9 000 ruches. Dans la province, les abeilles domestiques servent surtout à la pollinisation, plus particulièrement des bleuets sauvages. Nous produisons également du miel, quoique relativement peu, et aucune production de graine n'est associée à la pollinisation.

La diapositive suivante porte sur l'importance des abeilles pour la pollinisation au Nouveau-Brunswick. Dès qu'on s'attarde à l'importance de la pollinisation, il faut revenir aux recettes monétaires agricoles. On peut voir sur la diapositive que les bleuets sont encore de loin notre principale culture nécessitant une pollinisation, et qu'ils rapportent 36 millions de dollars en recettes monétaires agricoles à l'économie du Nouveau-Brunswick. La valeur totale des principales cultures pollinisées par les abeilles totalise un peu plus de 44 millions de dollars.

La diapositive suivante s'attarde plus particulièrement aux bleuets sauvages et à l'importance de la pollinisation. À l'heure actuelle, nous avons besoin d'environ 51 000 unités de pollinisation. Nous avons actuellement recours à une combinaison d'abeilles domestiques, de bourdons et de découpeuses de la luzerne, ce qui équivaut à 12 000 unités de pollinisation. Afin de combler la demande, nous devons importer quelque 20 000 ruches, principalement de l'Ontario, mais du Québec aussi, dans le seul but de répondre à une partie de nos besoins en pollinisation. Malgré tout, il nous manque encore 19 000 unités de pollinisation.

Passons à la diapositive suivante. Il y a un an, le Nouveau-Brunswick a publié une stratégie sectorielle sur le bleuet sauvage qui, d'après nos estimations, augmentera probablement la production de 30 000 acres. Notre production actuelle va pratiquement doubler. Par conséquent, nous prévoyons un manque d'environ 64 000 unités de pollinisation si nous ne faisons rien. Sans une augmentation correspondante du nombre de pollinisateurs, les acres d'aujourd'hui et de demain n'atteindront jamais leur pleine production, et les investissements dans l'aménagement de ces terres ne seront jamais justifiables. Le Nouveau-Brunswick aura beaucoup de mal à trouver ces unités de pollinisation supplémentaires.

La diapositive 6 dit que pour que le Nouveau-Brunswick puisse répondre à ses besoins futurs en matière de pollinisation, il faudra que des colonies d'abeilles domestiques traversent les frontières. Nous allons devoir concilier ces besoins avec les préoccupations et les risques, bien sûr, concernant la santé des abeilles.

Les apiculteurs et les producteurs de bleuets du Nouveau-Brunswick ont des points de vue quelque peu divergents quant à la façon de procéder. Les producteurs de bleuets, qui dépendent de la pollinisation et doivent avoir accès à des ruches pour atteindre leur rendement maximal, se préoccupent moins de la provenance de celles-ci. Par exemple, ils sont d'accord pour les faire venir d'autres provinces, et ne verraient absolument aucun inconvénient à ce que même les États-Unis ouvrent leurs frontières à l'exportation de ruches. Ils ont besoin de ruches pour atteindre un rendement maximal, et la demande actuelle n'est pas comblée.

En revanche, les très modestes exploitations des apiculteurs de la province sont loin de répondre à la demande actuelle. Mais les apiculteurs sont d'avis que ce n'est pas important. À leurs yeux, il vaut mieux préserver la santé actuelle des colonies d'abeilles du Nouveau-Brunswick, car ils ne veulent pas courir le risque de faire entrer de nouveaux ravageurs et maladies d'abeilles dans la province.

La septième diapositive répond à votre question sur l'état actuel des pollinisateurs au Nouveau-Brunswick, et je vais commencer par les abeilles domestiques. Sur quelque 9 000 ruches, il y en a généralement 5 000 ou 6 000 en moyenne qui survivent à l'hiver et qui sont assez fortes pour polliniser chaque printemps.

Depuis 2000, les pertes hivernales se sont élevées à 30 p. 100 en moyenne, alors qu'elles n'étaient normalement jamais supérieures à 10 ou 15 p. 100 auparavant; il y a donc bel et bien eu un changement à cet égard dans la province.

Les deux prochaines diapositives montrent des graphiques et des tableaux expliquant le même phénomène, c'est-à-dire la difficulté de survie des ruches pendant les mois d'hiver.

À la diapositive 10, on parle encore des autres pollinisateurs. Nous avons parlé des abeilles domestiques, parlons donc maintenant des bourdons. On compte également sur les bourdons pour faire la pollinisation dans notre province. Nous avons acheté environ 3 000 quads, autrement dit des boîtes remplies de bourdons. Il est possible d'en avoir si on les commande à l'avance, mais cela coûte cher. Ils ne passent pas l'hiver, et nous pensons qu'il faut développer des espèces locales que l'on pourrait élever et qui pourraient survivre à nos hivers, de façon à faire croître nos populations. À l'heure actuelle, nous dépendons de ces boîtes de bourdons, une espèce qui vient du Sud.

On a aussi recours aux découpeuses de la luzerne, mais elles sont coûteuses. Le bénéfice de rendement est marginal et elles sont beaucoup plus difficiles à gérer. Elles sont également en déclin dans notre province.

Les abeilles indigènes assurent une pollinisation considérable au Nouveau-Brunswick. Le nombre d'espèces identifiées s'élève à 69, et la pollinisation qu'elles peuvent assurer dépend du genre d'hiver et d'été que nous connaissons. La pollinisation fluctue énormément d'année en année chez les pollinisateurs indigènes. Les producteurs connaissent leur importance et cherchent effectivement des moyens d'encourager la survie des pollinisateurs indigènes.

À la diapo 11, on parle des facteurs ayant une incidence sur la santé des abeilles domestiques au Nouveau-Brunswick. Il ne semble pas y avoir un facteur en particulier qui contribue au déclin de la santé des abeilles et aux pertes hivernales. C'est plutôt un amalgame complexe de maladies et de parasites qui font que la santé des abeilles se dégrade. Les producteurs ont tendance à traiter les parasites de façon isolée. Il serait sans doute plus avantageux si la recherche se penchait sur l'ensemble du problème. Il ne faut pas traiter qu'une seule chose à la fois, mais bien tout un ensemble de facteurs complexes.

Le parasite le plus ravageur est le varroa, et il constitue un défi de tous les jours pour les producteurs de la province. On remarque également une incidence accrue de la nosémose et d'autres maladies ou parasites communs au Nouveau-Brunswick. Les pertes hivernales demeurent préoccupantes, comme on l'expliquait dans les diapos précédentes. Nous avons aussi constaté que si les abeilles n'ont pas d'aires de butinage de qualité, avec beaucoup de plantes fleuries tout au long de l'été, la ruche en souffre beaucoup. Même chose si la mauvaise température les empêche d'avoir tout le pollen dont elles ont besoin.

On remarque également que les compétences et les connaissances des apiculteurs varient grandement. Il faut absolument mieux former les apiculteurs pour qu'ils sachent comment bien gérer leurs ruches de façon à favoriser la santé des abeilles. On ignore encore quel est le plein impact des néonicotinoïdes et des autres pesticides sur la santé des abeilles au Nouveau-Brunswick. Nous sommes certainement au courant des préoccupations que leur utilisation soulève. Heureusement, la plupart de nos ruches ne sont pas situées dans les secteurs où sont appliqués des pesticides de cette famille.

À la prochaine diapo, no 12, il est question de stratégies de promotion de la santé des abeilles. La principale stratégie pour favoriser la santé des abeilles au Nouveau-Brunswick réside dans notre législation. La Loi sur l'inspection des ruchers prévoit des mesures assez rigoureuses et nous permet de désigner des inspecteurs pour surveiller les maladies et les parasites touchant les abeilles dans notre province. La loi leur confère des pouvoirs d'exécution qui peuvent même aller jusqu'à la destruction des ruches. En l'absence d'un programme d'inspection rigoureux, la santé des abeilles pourrait être compromise.

Nous collaborons également avec les provinces voisines en vue d'harmoniser nos exigences relatives à l'importation d'abeilles d'autres régions. Je pense entre autres au petit coléoptère des ruches. Dans le cadre de notre stratégie pour le secteur du bleuet sauvage, nous travaillons sur un projet de pollinisation, car c'est crucial pour ce secteur. Nous nous affairons également à former un comité de l'Atlantique pour examiner des moyens d'améliorer en collaboration la santé des abeilles et la disponibilité de pollinisateurs dans notre région.

Le Nouveau-Brunswick surveille également les régions jugées plus à risque pour ce qui est de l'introduction de nouveaux parasites, alors nous vérifions plus régulièrement la présence de parasites le long de la frontière américaine et des frontières avec les autres provinces.

Diapositive 13 : nous offrons aussi une aide financière à l'Association des apiculteurs du Nouveau-Brunswick pour ses activités éducatives, parce que l'éducation est primordiale. Nous offrons du financement aux nouveaux apiculteurs au moyen d'un programme de mentorat, qui leur permet d'apprendre comment bien gérer les ruches.

Depuis 2000, nous investissons également dans l'industrie apicole afin de maintenir le nombre de ruches en activité, car comme vous l'avez peut-être constaté, on affiche fréquemment des pertes dans les colonies hivernantes et leur nombre est en déclin. Le but est d'à tout le moins favoriser le maintien du nombre de ruches actuel.

Nous soutenons aussi des projets de recherche sur les abeilles indigènes, ainsi que d'autres projets sur les abeilles. Nous reconnaissons que beaucoup plus de recherches doivent être menées sur les abeilles.

En terminant, j'aimerais résumer tout cela en disant que les abeilles sont d'une importance capitale pour la pollinisation des cultures au Nouveau-Brunswick, et qu'elles le seront encore plus lorsque nous aurons doublé la superficie des cultures de bleuets. Il sera difficile de trouver des milliers de nouvelles colonies et nous allons devoir nous tourner vers des sources extérieures pour répondre à nos besoins. Ce ne sera pas évident de trouver l'équilibre entre la nécessité d'aller chercher des colonies en dehors de notre région et l'importance de limiter les menaces pour la santé des abeilles.

D'autres témoins vous ont peut-être dit qu'il faudrait fermer les frontières provinciales, mais pour le Nouveau-Brunswick, il est essentiel d'aller chercher des pollinisateurs ailleurs pour répondre à nos besoins, car il nous en faut beaucoup plus. Il ne sera probablement pas possible d'opter pour une solution universelle pour toutes les provinces, et je m'attends à ce que chacune d'elle soit tenue d'élaborer un plan qui lui convient.

Merci de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions.

Le président : Merci beaucoup.

La sénatrice Tardif : Merci pour votre exposé. C'était très intéressant et informatif.

Monsieur Deering, j'ai été surprise d'entendre qu'il y a de plus en plus d'apiculteurs dans votre province. J'ai peut-être mal compris. Est-ce bien vrai? On nous a dit à plusieurs reprises que dans bien des provinces canadiennes, le nombre d'apiculteurs était en baisse. En fait, on a entendu cette semaine qu'aux États-Unis, l'industrie apicole est en crise et que les apiculteurs n'ont pas les moyens de maintenir le niveau d'activités requis. Les pertes de colonies sont trop importantes. J'ai donc été étonnée d'entendre votre commentaire, et je vous inviterais à nous en dire davantage à ce sujet.

M. Deering : Pour mettre les choses en perspective, sénatrice Tardif, l'apiculture est un secteur relativement nouveau à Terre-Neuve. Le nombre total d'apiculteurs est d'environ 35 dans notre province, et pour nous, cela représente une augmentation. L'industrie apicole est encore récente et nous ne sommes pas nombreux à pratiquer l'apiculture.

La sénatrice Tardif : Qu'en est-il au Nouveau-Brunswick?

M. McCully : Sur 200 apiculteurs, je dirais qu'il y a environ 25 apiculteurs commerciaux, c'est-à-dire ceux qui gèrent plus de 50 ruches. Le nombre d'apiculteurs commerciaux diminue, surtout en raison de l'âge. Bon nombre de nos apiculteurs se consacrent à cette activité à temps partiel, ou il s'agit de retraités qui s'y adonnent comme passe-temps. Il est également difficile de trouver de nouveaux apiculteurs.

La sénatrice Tardif : Vous l'avez mentionné dans votre exposé, mais quels sont les services que votre gouvernement offre aux apiculteurs?

Dave Jennings, directeur, Produit et développement des marchés, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador : Comme M. Deering le disait, c'est une industrie nouvelle et en expansion. Je peux vous dire que presque toutes les semaines, mon bureau est inondé de demandes de gens qui veulent se lancer dans ce secteur dans notre province. C'est difficile à expliquer, mais les gens savent que c'est un secteur qui offre des possibilités intéressantes et ils veulent en profiter. Beaucoup d'exploitants de ferme mixte, de fruits et de légumes, veulent ajouter des ruches à leur exploitation. On remarque donc une augmentation de ce côté.

Nous offrons une série de programmes de financement auxquels ils sont admissibles, et nous avons également des services de soutien pour les encadrer. Une association d'apiculteurs s'est formée récemment, et nous travaillons avec elle à l'organisation du groupe. Nous collaborons de près avec l'industrie.

La sénatrice Tardif : Monsieur McCully?

M. McCully : Au Nouveau-Brunswick, nous avons un spécialiste des ruchers qui aide les apiculteurs. Notre législation nous oblige à avoir un inspecteur en chef des ruchers. Nous avons aussi du personnel qui travaille avec les apiculteurs. Nous organisons des activités éducatives, et nous offrons du financement pour ce genre d'activités. La loi est vraiment un pilier de notre programme d'aide, car elle prévoit l'inspection des ruches et nos inspecteurs offrent des conseils aux apiculteurs concernant la santé de leurs abeilles.

La sénatrice Tardif : Est-ce que vous diffusez cette information aux agriculteurs de la région? À quoi ressemble la communication entre les agriculteurs, les producteurs agricoles, et les apiculteurs?

M. Jennings : Nous voyons cela comme une nouvelle possibilité, en quelque sorte, alors nous encourageons les gens à voir le tout comme une industrie.

Un des défis consiste à former de nouvelles ruches. Nous devons multiplier nos propres populations, car nous ne permettons pas l'importation d'abeilles d'autres régions. Nous ne pouvons pas prendre le risque d'importer des abeilles infestées. Notre situation est unique à cet égard.

M. McCully parle d'importer des abeilles d'autres régions pour assurer la pollinisation. Nous ne le permettrions pas. Nous exigerions une certification stricte attestant de la santé des abeilles. Notre province déploie de nombreux efforts de sensibilisation en ce moment.

La sénatrice Tardif : Votre situation est certainement différente de celle des autres provinces dont on a entendu parler.

M. Jennings : Certainement.

La sénatrice Tardif : C'est très bien que vous n'ayez pas à composer avec le varroa, comme c'est le cas dans d'autres provinces.

Je pose la question parce qu'on nous a beaucoup parlé de la nécessité d'assurer une meilleure communication entre les apiculteurs et les agriculteurs, par exemple dans l'Ouest canadien, d'où je viens, pour qu'ils s'échangent leurs bonnes pratiques de gestion.

Monsieur McCully, que fait-on à cet égard au Nouveau-Brunswick?

M. McCully : Les principaux utilisateurs sont les producteurs de bleuets, et il y a une bonne relation de travail entre eux et les apiculteurs. L'industrie du bleuet peut utiliser toutes les ruches que nos apiculteurs peuvent produire, alors les deux sont en communication constante, espérant avoir les ruches nécessaires pour polliniser les cultures. La communication est très bonne entre ces deux groupes.

Le sénateur Robichaud : Est-ce que Terre-Neuve importe des reines dans les paquets d'abeilles?

M. Jennings : Non.

Le sénateur Robichaud : Non? Je croyais que M. Deering avait dit le contraire.

M. Jennings : Cette année, nous avons importé des œufs et du sperme d'abeille de régions au Canada qui sont certifiées exemptes de maladies. Les apiculteurs qui veulent importer des ruches ou des paquets d'abeilles dans notre province doivent s'approvisionner dans une région exempte de maladies. C'est une exigence de notre législation provinciale. Cela se complique de jour en jour. La Tasmanie est une de ces régions. Je crois que quelques endroits dans le monde ont cette certification. Il est très difficile d'avoir la certitude que les paquets d'abeilles vivantes importés sont exempts de maladies. C'est un défi.

Le sénateur Ogilvie : Merci, messieurs.

Monsieur Deering, j'aimerais avoir quelques chiffres concernant certaines choses que vous nous avez dites. Combien de colonies permanentes élèvent les 35 apiculteurs de Terre-Neuve?

M. Deering : Environ 500.

Le sénateur Ogilvie : Mis à part pour 2013, quelle est la moyenne ou le pourcentage moyen de pertes hivernales chaque année?

M. Jennings : Ce serait plus mon domaine, sénateur. Je dirais que pour une année moyenne, nous voyons rarement des pertes de l'ordre de 20 p. 100.

Le sénateur Ogilvie : Alors, moins de 20 p. 100?

M. Jennings : Oui. L'an dernier, la situation était vraiment hors de l'ordinaire. Nous avons probablement perdu 30 ou 40 p. 100 de nos colonies.

Le sénateur Ogilvie : Sur ces 500 colonies, combien peuvent butiner dans un secteur qui n'est pas touché par les néonicotinoïdes, que ce soit des champs vaporisés ou des semences enrobées?

M. Jennings : L'utilisation des néonicotinoïdes en soi n'est pas très répandue. Nous ne cultivons pas de soja, par exemple. Nous ne cultivons pas la majorité des cultures sur lesquelles on applique généralement ces pesticides.

Le sénateur Ogilvie : Oui, je comprends.

M. Jennings : Nous avons quelques acres de maïs, par exemple, mais la majeure partie de nos cultures ne nécessitent pas l'utilisation de ces pesticides. Notre situation est donc unique à cet égard. Je dirais que la grande majorité de nos ruches ne sont pas touchées par les néonicotinoïdes, et il est probablement très facile de le vérifier.

Le sénateur Ogilvie : Je m'attendais à cette réponse, et c'est pourquoi j'ai posé la question. C'est un fait très important à souligner.

Vous avez environ 2 000 acres de maïs. Est-ce que vous utilisez des semences enrobées de néonicotinoïdes?

M. Jennings : Pour une partie des semences, oui.

Le sénateur Ogilvie : Y a-t-il des ruches à proximité de ces champs de maïs pour lesquelles vous avez des statistiques concernant les pertes hivernales? Si oui, y a-t-il une différence par rapport à la moyenne à Terre-Neuve?

M. Jennings : Nous n'avons pas de statistiques là-dessus, sénateur. Nous n'avons pas exploré la question à fond. C'est une question de recherche intéressante et nous devrions nous y attarder. C'est une belle occasion à saisir.

Le sénateur Ogilvie : Merci.

Je vous pose la même question, monsieur McCully, si vous me le permettez. Vous avez un nombre impressionnant de colonies. Vous avez parlé d'environ 9 000 colonies à l'automne, et d'un pourcentage de pertes hivernales d'approximativement 20 à 30 p. 100.

Sur toutes les ruches permanentes du Nouveau-Brunswick, celles dont je viens de parler, combien sont situées à l'extérieur des zones où les abeilles sont normalement exposées aux champs vaporisés ou aux semences enrobées de néonicotinoïdes?

M. McCully : J'estimerais que 75 p. 100 de nos ruches sont situées en dehors des zones où on utilise les néonicotinoïdes de façon intensive.

Le sénateur Ogilvie : Cela m'amène à ma prochaine question. Comme vous avez suffisamment de ruches pour que les statistiques soient significatives, avez-vous remarqué une différence dans les pertes hivernales chez les abeilles qui butinent dans les zones touchées par les néonicotinoïdes et celles qui en sont plus éloignées?

M. McCully : Nous n'avons jamais analysé nos statistiques dans cette optique, mais connaissant certains des apiculteurs exploitant des ruches dans ces zones et sachant les pertes qu'ils ont enregistrées, je dirais que c'est encore dans les environs de 30 p. 100. Il n'y a pas de tendances évidentes qui indiqueraient des pertes plus importantes dans ces secteurs.

Le sénateur Ogilvie : Ce n'est donc pas un problème que vous ont rapporté les apiculteurs à proximité de ces cultures? Aucun ne vous a dit qu'il essuyait des pertes terribles par rapport à ses voisins?

M. McCully : Les apiculteurs nous ont surtout fait part de leurs préoccupations à ce sujet. Ils craignent que cela devienne un problème pour eux.

Le sénateur Ogilvie : Mais ils ne l'ont pas vécu.

M. McCully : À ce jour, cela n'a pas posé de problème notable. Des apiculteurs pourraient dire que ces pesticides sont en cause, mais il n'y a pas de preuve documentée en ce sens. Ils savent que cela pose problème ailleurs, et ils ont l'impression que cela pourrait expliquer une partie de leurs pertes hivernales, mais rien ne peut encore le prouver.

Le sénateur Ogilvie : Je vois. Merci beaucoup.

Le sénateur Robichaud : Vous dites que toutes les abeilles qui entrent à Terre-Neuve doivent être inspectées. Que faites-vous des abeilles qui arrivent à Terre-Neuve du Québec, par le Labrador? Avez-vous les mêmes contrôles là-bas?

M. Jennings : Sénateur, ce qui nous préoccupe, c'est que notre gouvernement provincial n'est pas en mesure de défendre ses propres frontières. Nous pouvons seulement réagir. Une fois que nous découvrons que quelqu'un a fait entrer des abeilles, par exemple, nous avons le pouvoir de les saisir. Si quelqu'un fait entrer des abeilles sur l'île, depuis le Labrador ou sur le traversier, et que nous constatons qu'elles ne sont pas certifiées, nous les saisissons et les mettons en quarantaine ou les détruisons, conformément à la loi. N'empêche que c'est risqué, étant donné qu'elles sont déjà à l'intérieur lorsque nous les trouvons.

Nous aimerions qu'il y ait un certain mécanisme de contrôle à l'extérieur des points d'entrée. C'est merveilleux de pouvoir dire que nos ruches ne sont pas infestées par le varroa et que nous ne sommes pas confrontés à ce type de problème. Toutefois, nous ne pouvons pas nous défendre nous-mêmes.

Le sénateur Robichaud : Par conséquent, vous avez besoin d'aide pour protéger ce que vous avez et voir comment vous pouvez développer une industrie capable d'exporter ses produits aux autres provinces.

M. Jennings : Absolument.

Le sénateur Robichaud : Auriez-vous besoin d'un financement considérable?

M. Jennings : Si on regarde la situation, sénateur, il y a deux maladies très graves qui touchent la pomme de terre actuellement à Terre-Neuve, la gale verruqueuse et le nématode doré. L'ACIA a donc instauré un système d'inspection pour empêcher les pommes de terre infectées de quitter la province. Ce n'est pas un effort coûteux. Nous proposons quelque chose de semblable du côté de la Nouvelle-Écosse. Nous envisageons un processus de sensibilisation et d'inspection qui dissuadera les gens de faire entrer ces abeilles à Terre-Neuve. Je ne crois pas que cette mesure serait très coûteuse, mais c'est exactement ce que nous aimerions mettre en place.

Le sénateur Robichaud : Si je puis me permettre, à qui vous adressez-vous exactement?

M. Deering : Nous avons entamé des discussions avec le gouvernement fédéral. Nous avons nous-mêmes entrepris un processus de sensibilisation. Nous avons conçu des documents qui seront distribués aux gares maritimes et aux points d'entrée.

De notre point de vue, la sensibilisation est un bon début, mais il reste encore beaucoup à faire pour sécuriser les frontières provinciales.

Le sénateur Robichaud : Si vous aviez une recommandation à faire, pourriez-vous nous proposer un libellé, de sorte que nous l'inscrivions dans notre rapport?

M. Deering : Je pourrais vous remettre les documents que nous avons préparés et que nous comptons distribuer à certains points d'entrée de la province. Nous n'avons pas la version française pour l'instant; c'est la prochaine étape. C'est donc essentiellement l'une des mesures qu'il faut prendre.

Le sénateur Robichaud : Merci.

Monsieur McCully, vous avez indiqué que les apiculteurs vieillissent et qu'il y en a de moins en moins.

M. McCully : C'est exact.

Le sénateur Robichaud : J'envisage peut-être la culture du bleuet, étant donné que je vais quitter cette enceinte dans quelques mois. Si je voulais devenir apiculteur, tiendriez-vous compte de mon âge?

M. McCully : Nous vous accueillerions avec plaisir.

Le sénateur Robichaud : Très bien.

Vous avez indiqué que les abeilles avaient besoin de nourriture adéquate.

M. McCully : Oui.

Le sénateur Robichaud : Lorsque je conduis le long de l'autoroute 11, de Moncton à Saint-Louis-de-Kent, il y a une ligne électrique parallèle à l'autoroute. Ces dernières semaines, j'ai remarqué que toute la végétation était brunie, parce qu'on avait pulvérisé un herbicide très puissant.

Prend-on des mesures pour empêcher les entreprises d'utiliser ces produits à proximité des lignes électriques afin qu'il y ait des lieux de butinage pour les abeilles?

M. McCully : Pour répondre à votre question, à ma connaissance, aucune mesure n'a été prise pour empêcher l'épandage à proximité des lignes électriques, mais il s'agit là d'une préoccupation valable. Ces endroits représentent de bons habitats pour les pollinisateurs indigènes, et on les détruit. Il serait certainement préférable de ne pas utiliser d'insecticides à ces endroits, mais vous comprendrez sans aucun doute qu'il peut être problématique d'entretenir les lignes électriques lorsque des buissons et des arbres poussent autour.

Le sénateur Robichaud : Oui, mais il y a d'autres options, comme tondre à l'aide de machines.

M. McCully : Tout à fait.

Le sénateur Robichaud : Et il resterait du gazon.

[Français]

Le sénateur Maltais : J'ai deux courtes questions, car bon nombre de nos collègues veulent aussi poser des questions, et j'aimerais leur laisser du temps.

Ma première question s'adresse à M. McCully, du Nouveau-Brunswick. Vous avez mentionné dans votre mémoire que vous manquiez de pollinisateurs, que vous deviez en importer, soit du Québec ou des États-Unis. Mais je ne vous ai pas entendu évoquer la Nouvelle-Écosse. Importez-vous des pollinisateurs de la Nouvelle-Écosse?

[Traduction]

M. McCully : Peut-être quelques ruches, mais rien d'important, surtout parce que nos saisons de pollinisation se ressemblent beaucoup. Leurs champs de bleuets fleurissent en même temps que les nôtres, alors on cherche davantage de ruches en provenance d'autres régions.

En Ontario, la saison de pollinisation a tendance à débuter plus tôt pour certaines pommes et ainsi de suite. Les ruches y sont donc plus fortes que nos ruches locales, étant donné qu'elles ont été construites plus tôt au printemps, et on les transporte ensuite au Nouveau-Brunswick.

La Nouvelle-Écosse n'a pas non plus suffisamment d'unités de pollinisation, alors il serait difficile de les obtenir de cette province, étant donné que les gens là-bas en ont besoin pour leur propre usage.

[Français]

Le sénateur Maltais : D'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux gens de Terre-Neuve-et-Labrador, car on n'a pas l'occasion de les voir souvent dans le domaine de l'agriculture. Nous sommes heureux de votre présence au comité.

Pour rassurer le sénateur Robichaud, la seule province qui pourrait vous envahir avec de mauvaises abeilles, c'est le Québec. Or, nous partageons une frontière avec le Labrador, et à partir de Labrador City, je ne connais pas beaucoup de faux bourdons, de bourdons et d'abeilles.

Le sénateur Robichaud : Il y a des bleuets par contre.

Le sénateur Maltais : Non, non, non, pas à partir de Labrador City. Si vous connaissez votre géographie, sénateur Robichaud, il n'y en a pas.

En ce qui concerne le taux de mortalité, à l'exception des hivers un peu particuliers comme celui qu'a connu le Canada l'an passé, y a-t-il eu beaucoup de pertes? Avez-vous des statistiques à ce sujet?

[Traduction]

M. Jennings : Sénateur, si j'ai bien compris, vous parlez de nos pertes moyennes annuelles. Sur 100 ruches, nous nous attendons à en perdre 15 à 20 p. 100 au cours d'une année normale. Cette perte pourrait être attribuable à l'insuffisance de la nourriture ou au mauvais entreposage des abeilles durant l'hiver. Les apiculteurs doivent prendre des mesures pour protéger leurs ruches au cours de l'hiver. Même un hiver clément peut être très froid pour une abeille. Les abeilles domestiques sont habituées à un temps plus doux.

Ce qui est important de souligner, c'est que nous ne subissons pas les mêmes pressions que les autres provinces. Même si nous ne sommes pas infestés par le varroa, nous n'utilisons pas d'acaricides. Bien qu'ils protègent les abeilles contre ce parasite, ces produits ont tout de même une incidence sur leur santé. Nous n'en utilisons pas. Il y a beaucoup d'autres choses que nous ne faisons pas.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je viens de la Côte-Nord du Québec, et des apiculteurs sont venus nous dire que le taux de pertes était beaucoup moins élevé sur la côte nord, dans la vallée du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comparativement au centre du Québec, au centre de l'Ontario ou dans les Prairies, à l'exception des hivers comme celui de l'année dernière. Il y a une similitude entre les deux en raison du même climat. Un autre facteur qui exerce une influence est l'absence de monoculture. Les abeilles se trouvent à la grandeur de l'île et elles occupent un territoire vierge. Cela est très favorable, premièrement, pour la qualité du miel et, deuxièmement, pour la santé des abeilles. Êtes-vous d'accord avec cette théorie?

[Traduction]

M. Jennings : Absolument, sénateur. Des études ont notamment démontré que les abeilles qui avaient accès à une nourriture plus diversifiée étaient en bien meilleure santé que celles qui se nourrissaient à partir d'une seule culture. C'est la même chose pour nous; plus nous adoptons un régime équilibré, mieux nous nous portons. Cette théorie a certainement été prouvée chez les abeilles.

Vous avez tout à fait raison : on ne pratique pas la monoculture. Notre paysage agricole est très fragmenté. Il y a toujours des choses entre les fermes dont les abeilles peuvent se nourrir, sans compter les variétés de cultures ensemencées pour elles. Vous soulevez un très bon point.

[Français]

Le sénateur Dagenais : J'aimerais faire une réflexion et vous pourrez peut-être me répondre, tous les trois.

Durant la fin de semaine, à l'émission de télévision La semaine verte, présentée sur les ondes de Radio-Canada, on parlait des abeilles et des néonicotinoïdes. Au cours de l'émission, je suis resté perplexe lorsqu'un chercheur a indiqué que l'influence des insecticides sur la mort des abeilles devait être relativisée et qu'il ne voyait aucun lien direct entre l'utilisation des pesticides et la mort des abeilles. Ce dernier propos m'a surpris. Un autre chercheur a dit, par contre, que les ruches qui bénéficiaient d'une flore variée et d'un environnement sans pesticide étaient moins touchées par la mort des abeilles.

Je ne sais pas ce que vous en pensez. Nous étudions le problème depuis un certain temps et nous en venons à la conclusion que les pesticides tuent les abeilles. Or, un chercheur dit qu'il faut relativiser et que ce n'est pas nécessairement le cas.

[Traduction]

M. Deering : D'après les recherches que nous avons financées, j'aurais tendance à souscrire à ces observations. À mes yeux, le lien entre l'utilisation des néonicotinoïdes et la santé des abeilles est évident. Toutefois, sur le plan scientifique, les résultats ne sont pas concluants. En fait, j'imagine que le Dr Williams vous a exposé ces données lorsqu'il s'est adressé à vous le 18 septembre dernier.

Il n'y a pas de doute qu'il faut se pencher sur cette question et mener plus de recherches, mais à ce stade-ci, on semble tirer davantage de conclusions à propos des parasites et des maladies qui touchent les abeilles.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Aimeriez-vous ajouter quelque chose, monsieur Jennings?

[Traduction]

M. Jennings : À ce sujet, sachez que le recours aux néonicotinoïdes est une mesure de protection. Les agriculteurs les utilisent pour se protéger contre toute infestation. On les utilise souvent même lorsqu'il n'y a pas d'insectes.

Ce que nous préconisons, non seulement en ce qui concerne les néonicotinoïdes, mais aussi les autres pesticides et insecticides utilisés par les agriculteurs — parce que beaucoup d'autres nuisent aux abeilles —, c'est la lutte antiparasitaire intégrée et l'application de pesticides seulement lorsque c'est vraiment nécessaire. Un seuil est établi pour la plupart des cultures et, en deçà de ce seuil, on ne doit pas en appliquer. Si on les utilise avec parcimonie et de façon localisée, les conséquences seront beaucoup moins grandes non seulement pour les abeilles domestiques, mais aussi pour les abeilles indigènes. Chose certaine, je pense qu'il faut mieux gérer la façon dont nous utilisons ces produits chimiques.

Il y a un conflit entre les différentes catégories d'agriculture. Si vous cultivez le soja, vous allez évidemment vous assurer que rien ne s'attaque à vos fèves. Cependant, l'apiculteur à côté de vous ne partage pas la même philosophie. Il est d'avis que ces produits ne doivent être utilisés que lorsqu'ils sont vraiment nécessaires.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Monsieur McCully, aimeriez-vous ajouter quelque chose?

[Traduction]

M. McCully : Au Nouveau-Brunswick, les néonicotinoïdes inquiètent nos apiculteurs, mais on n'a pas encore établi de lien solide entre leur utilisation et la santé des abeilles.

Je dirais que nous sommes davantage préoccupés par les producteurs de bleuets. Lorsque les ruches sont dans les champs et qu'il y a une soudaine infestation, les agriculteurs sont forcés de vaporiser des insecticides sans toutefois en aviser l'apiculteur. Par conséquent, nos ruches sont exposées à ces pesticides. Je dirais qu'au Nouveau-Brunswick, nous nous soucions davantage de cette situation que des néonicotinoïdes.

La sénatrice Beyak : Merci, messieurs, pour vos exposés excellents et très instructifs. J'ai deux questions pour vous, une qui s'adresse à M. McCully et une autre à MM. Deering et Jennings.

Monsieur McCully, vous nous avez dit que jusqu'en 2014, le gouvernement offrait des incitatifs pour le partage des ruches afin de renforcer la capacité d'hiverner des abeilles. La semaine dernière, nous avons entendu un témoin des États-Unis. Il a parlé du partage qui s'est fait au Minnesota et qui s'est révélé très fructueux. Votre gouvernement prévoit-il renouveler ce financement? Quels ont été les résultats des recherches menées jusqu'ici?

M. McCully : Nous envisageons certainement de poursuivre le financement. La seule raison pour laquelle nous ne l'avons pas fait cette année, c'est parce qu'il y a eu un changement au programme et qu'il a fallu proposer une stratégie pour les quatre ou cinq prochaines années. Nous voulions nous assurer que l'argent était investi là où il le fallait dans l'industrie de l'apiculture. L'association elle-même travaille toujours à élaborer cette stratégie. Elle ne l'a pas encore présentée, mais nous sommes très optimistes qu'elle le sera bientôt et que le financement sera renouvelé.

Nous avons remis en question la valeur de nos investissements. Si nous comparons le nombre total de ruches que nous avions en 2000 et ce que nous avons aujourd'hui, compte tenu des hauts et des bas que nous avons connus, avons-nous plus de ruches aujourd'hui qu'en 2000? Très peu. Nous avons investi beaucoup d'argent afin de maintenir l'industrie à flot. Si nous n'avions pas fait tous ces investissements, il n'y aurait probablement plus aucune ruche à l'heure actuelle dans la province.

La plupart des apiculteurs ont réussi à renforcer leurs ruches en divisant les colonies. Ils prennent une colonie robuste, la divisent en deux et ajoutent une nouvelle reine dans la ruche. Ils se retrouvent ainsi avec deux colonies vigoureuses.

La sénatrice Beyak : C'est ce qu'il disait également. C'est très intéressant.

Messieurs, vous êtes très privilégiés d'avoir ces abeilles saines. Pourriez-vous nous dire d'où provient la première ruche et de qui vous avez obtenu les abeilles? Évidemment, elles sont demeurées en bonne santé après tout ce temps.

M. Jennings : Madame la sénatrice, je pense que c'était un coup de chance. Les abeilles provenaient probablement de l'Ontario ou de la Nouvelle-Écosse, et nous avons été très chanceux qu'elles n'étaient pas infestées. C'est tout ce que nous pouvons dire.

Bien entendu, maintenant que nous savons que notre position est favorable, nous voulons la garder.

Le sénateur Oh : Messieurs, je vous remercie d'être ici aujourd'hui.

Y a-t-il des études qui expliquent pourquoi les abeilles de Terre-Neuve-et-Labrador sont en meilleure santé qu'ailleurs au pays?

M. Jennings : Nous avons mené trois cycles d'enquête afin de détecter la présence de maladie dans nos ruches. La dernière remonte à un an. Chacune d'entre elles a confirmé qu'il n'y avait pas de maladie. Nous avons quelques cas de nosémose, qui est une maladie fongique, mais il n'y a pas d'acariens ni un grand nombre d'autres maladies. Nous devons poursuivre la surveillance, et c'est ce que nous ferons.

Le sénateur Oh : Est-ce que vos ruches demeurent à Terre-Neuve durant l'hiver?

M. Jennings : Absolument.

Le sénateur Oh : Vous ne les amenez pas ailleurs où il fait plus chaud?

M. Jennings : Non.

Le sénateur Robichaud : Au Nouveau-Brunswick, vous avez indiqué qu'une étude sur les abeilles indigènes était en cours. Où en est cette étude? Quels résultats obtient-on?

M. McCully : L'étude que nous avons menée au Nouveau-Brunswick a été entreprise par des chercheurs de la Nouvelle-Écosse qui se sont penchés sur la situation des provinces maritimes. C'est d'ailleurs grâce à eux que nous avons découvert le nombre de pollinisateurs indigènes que nous avions. Ils incitent également les gens à planter des fleurs sauvages indigènes le long des champs de bleuets, par exemple, afin que nous ayons davantage de pollinisation durant l'année. La pollinisation des bleuetières dure trois semaines en début de printemps, mais après cette période, il n'y a plus beaucoup d'autres plantes à fleurs. Par conséquent, si nous réussissons à avoir une source de pollen qui attire les abeilles indigènes en grand nombre et qui les renforce, ce serait une très bonne chose.

Le sénateur Robichaud : À Terre-Neuve-et-Labrador, vous avez également mené des recherches sur les abeilles indigènes.

M. Jennings : Tout à fait. Au cours des cinq ou six dernières années, nous avons réalisé une étude exhaustive sur les espèces de bourdons indigènes ainsi que les mégachiles de notre province. Nous avons même produit un nouveau guide des abeilles de Terre-Neuve-et-Labrador que nous n'avions pas auparavant, qui identifie toutes les espèces qui existent maintenant dans la province.

Des recherches sont en cours. Nous déployons beaucoup d'efforts afin de développer l'industrie de la canneberge dans notre province, car la pollinisation est très importante. Nous comparons l'effet des pollinisateurs indigènes par rapport aux abeilles domestiques, la pollinisation dans les champs de canneberges, et nous obtenons des chiffres très intéressants. Les résultats préliminaires nous montrent que les abeilles domestiques ne s'en tirent pas très bien dans les champs de canneberges, contrairement aux bourdons et aux pollinisateurs indigènes. Ce sont donc des travaux très pertinents.

Le président : J'aimerais remercier les représentants du gouvernement du Nouveau-Brunswick et du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador de leurs commentaires très éclairés et enrichissants.

Honorables sénateurs, veuillez accueillir, par vidéoconférence, les représentants du gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Il s'agit de Karen Wong-Petrie, gestionnaire intérimaire, Produits agricoles et animaux, et de Jason Sproule, coordonnateur, Bee Health and Minor Use Pesticide.

Le greffier m'a dit que Mme Wong-Petrie livrera son exposé, et que les sénateurs poseront ensuite des questions aux témoins.

Karen Wong-Petrie, gestionnaire intérimaire, Produits agricoles et animaux, Gouvernement de la Nouvelle-Écosse : Bonsoir, monsieur le président. J'aimerais remercier le comité de m'avoir invitée à parler aujourd'hui de l'importance des abeilles et de leur santé pour notre industrie agricole. La santé des abeilles domestiques préoccupe beaucoup le gouvernement de la Nouvelle-Écosse. En effet, nous utilisons énormément la pollinisation pour nos cultures principales, notamment les pommes et les bleuets.

Au cours des prochaines minutes, j'aimerais vous parler de la situation de la Nouvelle-Écosse. En général, notre province ne connaît pas ou n'a pas connu de grande diminution des populations d'abeilles comme c'est le cas dans d'autres provinces. Cela ne signifie pas que la question ne nous préoccupe pas, et nous avons hâte de mieux comprendre les facteurs qui ont des répercussions sur la santé des abeilles.

La valeur réelle de l'industrie apicole en Nouvelle-Écosse réside dans sa contribution aux produits agricoles. Comme je l'ai mentionné, la pollinisation par les abeilles est essentielle à la production de pommes et de bleuets, deux cultures principales de la Nouvelle-Écosse en superficie et en valeur. La culture des poires, des canneberges, des prunes, des cerises et d'autres fruits et légumes en profite également.

Actuellement, en Nouvelle-Écosse, il y a 321 apiculteurs qui possèdent environ 23 000 ruches, et nous avons approximativement 18 350 ruches louées aux cultivateurs dans le cadre de services de pollinisation, ce qui génère environ 2,5 millions de dollars en revenus. La Nouvelle-Écosse a une grande diversité de pollinisateurs sauvages, notamment les syrphes, les papillons nocturnes, les papillons, les coléoptères et d'autres insectes, mais les pollinisateurs les plus importants, et de loin, sont les abeilles.

Les pollinisateurs indigènes sont extrêmement précieux. On n'a pas mené beaucoup de recherche sur les pollinisateurs sauvages en Nouvelle-Écosse. Toutefois, on a observé et décrit une abondance et une diversité d'abeilles dans un grand nombre de nos vergers et de nos champs cultivés. Certains agriculteurs à faibles intrants se servent uniquement des abeilles pollinisatrices naturelles et obtiennent tout de même des récoltes rentables. Toutefois, il est probable que la contribution des abeilles sauvages et domestiques soit nécessaire à l'optimisation des rendements.

Les éléments qui représentent la plus grande menace pour nos pollinisateurs sauvages sont l'évolution du paysage, les grandes exploitations monocultures, les champs sans fleurs et la réduction de l'habitat. Nous observons des changements dans l'abondance des espèces. En effet, selon nos observations, certaines espèces de bourdons autrefois très répandues ne le sont plus autant. Cependant, la population d'autres espèces a augmenté.

On présume également que le changement climatique, l'exposition aux pesticides et la transmission d'infections par les abeilles domestiques ont des répercussions sur les populations d'abeilles sauvages. Toutefois, dans notre province, aucun test ou rapport n'a révélé de cas de mortalité des abeilles imputables aux pesticides.

Dans l'industrie de la Nouvelle-Écosse, on se préoccupe des pertes depuis plusieurs années. En 2013, notre taux de pertes était de 22,7 p. 100. Il était normal la plupart des autres années, avec une moyenne d'environ 15 p. 100.

Les pesticides ne semblent pas poser de problème en Nouvelle-Écosse. C'est peut-être en partie attribuable à la diversification de l'industrie dans notre province. Les colonies d'abeilles se trouvent traditionnellement près de nos champs de bleuets sauvages et de nos cultures de fruits qui ne sont généralement pas situées près des champs de l'industrie du grain.

En Nouvelle-Écosse, on ne se sert pas des semences cultivées qui nécessitent une pollinisation, par exemple le canola. Toutefois, environ 35 000 acres de maïs et 10 000 acres de soya issus de semences traitées sont cultivés en Nouvelle-Écosse. Cela signifie qu'il y a un risque de mortalité des abeilles et c'est pourquoi cet enjeu nous préoccupe.

Il est également important de souligner que la Nouvelle-Écosse n'a pas subi de lourdes pertes hivernales comparativement à d'autres régions du pays, et on n'a signalé aucune mortalité d'abeilles imputable aux néonicotinoïdes. Nous appuyons et entretenons l'habitat des pollinisateurs sauvages, mais nous avons toujours besoin de plus de pollinisateurs. Pour cette raison, nous avons mis sur pied des programmes, par exemple le Pollination Expansion Program, qui a surtout contribué à accroître la pollinisation des cultures de bleuets tout en favorisant la croissance de l'industrie des abeilles commerciales en Nouvelle-Écosse.

Comme vous pouvez le comprendre en entendant les récits des autres provinces, la question de la santé des abeilles est complexe et nous comprenons qu'elle touche à des enjeux liés aux insecticides, à la gestion des colonies, aux organismes nuisibles et au changement climatique. La Nouvelle-Écosse poursuivra ses efforts en vue d'installer plus de ruches et d'attirer des ruches saines pour répondre aux besoins en pollinisation. Ces enjeux nous préoccupent, et nous avons hâte de collaborer avec le gouvernement fédéral et d'autres provinces pour les aider à résoudre les problèmes liés à la santé des abeilles.

Le président : Merci beaucoup. La première question vous sera posée par un sénateur de votre province, le sénateur Ogilvie. Vous avez la parole.

Le sénateur Ogilvie : J'aimerais remercier les témoins de leurs exposés. Je crois que vous avez déjà répondu à l'essence de mes questions, madame Wong-Petrie, mais j'aimerais tout de même les poser, car vous avez des renseignements importants sur l'expérience de la Nouvelle-Écosse.

Tout d'abord, pourriez-vous répéter le nombre de colonies d'abeilles permanentes établies en Nouvelle-Écosse? Vous avez déjà fourni ce renseignement, mais je ne l'ai pas pris en note.

Mme Wong-Petrie : Il y a 23 000 ruches.

Le sénateur Ogilvie : D'après ce que je comprends, vous avez dit qu'il n'y avait pas un grand nombre de ces ruches à proximité ou à distance de butinage des cultures traitées dans une large mesure aux néonicotinoïdes. Est-ce exact?

Mme Wong-Petrie : C'est exact. Mon collègue, Jason Sproule, notre coordonnateur de la santé des abeilles, pourrait peut-être ajouter un commentaire, mais je crois que c'est bien le cas.

Jason Sproule, coordonnateur, Santé des abeilles et pesticides à usage limité, Gouvernement de la Nouvelle-Écosse : Oui, je généralise peut-être, mais je dirais qu'en grande partie, il existe une certaine séparation géographique entre nos cultures de céréales issues de semences traitées et nos cultures horticoles de fruits.

De plus, nous n'avons pas la même superficie de champs que d'autres régions ou d'autres provinces. Vous pouvez imaginer un petit champ, un petit champ traité aux pesticides. Dans l'ensemble, il y a moins de sources de butinage. Vous comprenez?

Le sénateur Ogilvie : Oui. Je connais bien la taille des cultures, mais il est important d'ajouter certains de ces renseignements au compte rendu.

Vous avez dit que les pertes hivernales s'élevaient à environ 15 p. 100, en moyenne, mais en quelle année se sont produites les pertes de l'ordre de 27 p. 100?

Mme Wong-Petrie : En 2013, donc l'hiver dernier.

Le sénateur Ogilvie : Les renseignements fournis par la Nouvelle-Écosse nous aident beaucoup à comprendre l'importance générale des néonicotinoïdes dans cette affaire, et je vous remercie beaucoup de vos réponses.

Le sénateur Robichaud : Imputez-vous ces énormes pertes à un hiver très froid et rigoureux? Ce n'est pourtant pas la première fois que nous avons un hiver très froid et rigoureux.

Mme Wong-Petrie : Je vais demander à Jason de répondre à cette question technique.

M. Sproule : J'hésite à fournir une raison exacte pour expliquer ces pertes. La météo représente certainement un facteur, et ce n'est pas seulement imputable à un hiver froid et rigoureux, mais peut-être également à un printemps humide, par exemple un départ lent au printemps rallonge également l'hiver, ce qui réduit le temps dont disposent les abeilles au début de la saison pour sortir, effectuer des vols de nettoyage et trouver des sources de butinage précoces.

Le sénateur Robichaud : Savez-vous si on arrose les lignes de transmission en Nouvelle-Écosse pour tuer la végétation qui pousse sous ces lignes et si on utilise des herbicides comme nous le faisons au Nouveau-Brunswick? Cela se fait-il dans votre province?

Mme Wong-Petrie : Parlez-vous de l'utilisation du glyphosate sous les lignes de transmission et dans ce type de corridors?

Le sénateur Robichaud : Oui, c'est exact.

Mme Wong-Petrie : Je ne sais pas si ces lignes interagissent avec nos champs agricoles.

Jason a peut-être quelque chose à ajouter.

M. Sproule : Je crains que non. C'est une bonne question. Je vais chercher la réponse. Je n'ai pas entendu parler de cela.

Le sénateur Robichaud : Je pose la question, car de nombreux témoins ont fait valoir que le butinage est très important pour les abeilles et qu'elles doivent avoir accès à une grande variété de plantes et d'endroits où se rendre après avoir pollinisé les cultures. Les vastes régions le long des routes et des lignes électriques pourraient être utilisées à cette fin. Êtes-vous d'accord?

M. Sproule : Oui. Je conviens que certaines de ces régions pourraient certainement être utilisées à cette fin. Je ne peux pas vous préciser les sortes d'herbicides répandus — si on les utilise — le long des routes et des lignes de transmission. Je sais que le ministère des Transports a établi un calendrier d'entretien et qu'il concerne surtout la tonte du gazon.

Oui, ce sont certainement d'importantes sources potentielles de butinage pour les abeilles sauvages et les abeilles domestiques.

[Français]

Le sénateur Maltais : Il y a des spécialistes et des chercheurs de l'Université Dalhousie qui font beaucoup de recherche sur la mortalité des abeilles. Avez-vous des contacts réguliers avec ces chercheurs? Est-ce qu'il y a des pistes de solutions en cours de route ou est-ce qu'on est encore devant le néant?

[Traduction]

Mme Wong-Petrie : Je sais que Jason a fréquenté l'Université Dalhousie. Il est un ancien étudiant du campus agricole de l'Université Dalhousie. Je ne suis au courant d'aucune collaboration directe avec l'Université Dalhousie, mais je crois que Jason pourrait faire des commentaires à cet égard.

M. Sproule : J'entretiens des relations de travail étroites avec M. Chris Cutler de la Faculté d'agriculture de l'Université Dalhousie à Truro, ainsi qu'avec certains autres chercheurs dans le cadre du programme de recherches sur les bleuets sauvages. Je ne suis pas sûr de qui ou de quels enjeux liés à la mortalité nous parlons. Pourriez-vous me fournir un peu plus de contexte?

[Français]

Le sénateur Maltais : Si on se base sur l'année dernière, au Canada, on a constaté un taux de mortalité d'environ 30 p. 100 dans les ruches. Or, on semble dire que chez vous, c'est à peu près le même scénario qu'au Canada. En plus des années froides, il y a aussi les problèmes de varroa, d'utilisation de pesticides et tout ce qui fait de la diminution du nombre d'abeilles un cas bien précis.

L'Université Dalhousie entretient-elle des liens avec les universités de Moncton, de Fredericton ou celles des autres provinces au sujet de la mortalité des abeilles?

[Traduction]

M. Sproule : Je dirais que certains chercheurs de l'Université Dalhousie examinent les effets des pesticides individuels sur les abeilles, qu'il s'agisse de la toxicité immédiate ou des effets sublétaux suivant l'exposition.

Je sais également qu'un futur projet évaluera la qualité des reines qu'on importe dans la province à partir des États-Unis, de l'Amérique du Sud et de la Nouvelle-Zélande. Je communique souvent avec les chercheurs d'autres universités de la province, et il y a certainement plusieurs projets de recherche en cours ou qui le seront très bientôt.

La sénatrice Tardif : De nombreux témoins ont insisté sur l'importance de sources de butinage diversifiées pour la santé des abeilles domestiques, et d'après ce que je comprends, l'absence de vastes monocultures en Nouvelle-Écosse permet d'offrir ces sources de butinage diversifiées aux abeilles. À votre avis, fournissez-vous une alimentation adéquate à vos abeilles ou devez-vous leur fournir des suppléments alimentaires?

M. Sproule : On offre habituellement aux abeilles domestiques un supplément alimentaire sous forme de galettes de pollen au début du printemps, et au printemps et à l'automne, elles reçoivent des traitements au sirop de sucre pour améliorer leur santé et renforcer rapidement leur système.

Nous avons une assez grande quantité de sources de butinage de rechange, mais il est important d'offrir ces sources pendant toute la saison de croissance dans les régions où on garde des abeilles. Nous avons besoin de sources de butinage tôt au printemps, et ensuite les abeilles vont polliniser, et les cultures fournissent quelques sources de butinage. Mais après cela, et pendant le reste de l'été, et même jusqu'à tard dans l'automne, nous avons des sources de butinage supplémentaires, et elles nous seraint utiles.

La sénatrice Tardif : Si j'ai bien compris, il y a des lacunes dans les services de pollinisation de votre province; est-ce exact? Est-il nécessaire de les augmenter, ou avez-vous suffisamment d'abeilles pour mener les activités de pollinisation nécessaires?

Mme Wong-Petrie : Nous reconnaissons que ce besoin a déjà existé, et c'est pourquoi nous avions mis sur pied le Pollination Expansion Program. Nous avons l'intention de maintenir ce programme, car même si l'industrie des abeilles commerciales s'est agrandie, je crois que nous constatons qu'il est possible de l'agrandir davantage.

La sénatrice Tardif : Comment proposez-vous de répondre à ce besoin? Importez-vous des abeilles d'autres provinces?

Mme Wong-Petrie : Oui.

La sénatrice Tardif : Le transport des abeilles venant d'autres provinces est donc réglementé en Nouvelle-Écosse.

Mme Wong-Petrie : Absolument. Nous avons une solide structure réglementaire visant l'importation des abeilles. Nous respectons le protocole national sur l'importation des abeilles, et nous avons adopté une loi sur l'industrie apicole. Jason, en plus d'être notre coordonnateur de la santé des abeilles, joue également le rôle d'inspecteur. Il inspecte les abeilles importées dans la province.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Ma question s'adresse à M. Sproule. Monsieur, vous avez sûrement entendu parler des néonicotinoïdes, un pesticide assez populaire, mais avez-vous entendu parler du clothianidine? Si oui, pouvez-vous nous en parler et nous dire si cela affecte la survie des abeilles dans votre secteur?

[Traduction]

M. Sproule : J'ai certainement entendu parler de la clothianidine. En Nouvelle-Écosse, nous n'observons pas les mêmes effets que dans les autres provinces, et c'est peut-être en raison de notre paysage diversifié ou de nos petits champs, ou c'est peut-être parce que nous n'avons pas autant de cultures de céréales. Nous en avons quelques-unes.

Je vais redonner la parole à Karen.

Mme Wong-Petrie : Je ne peux pas parler de ce pesticide en particulier, mais en ce qui concerne les éléments réglementaires et la recherche scientifique sur le contrôle des pesticides, la Nouvelle-Écosse tente d'obtenir l'aide de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, l'ARLA, pour lui fournir ces renseignements et nous examinerons certainement les documents et les recommandations de cet organisme concernant les restrictions imposées à ces produits et leur utilisation.

La sénatrice Beyak : Je vous remercie de votre exposé.

Agriculture et Agroalimentaire Canada a récemment annoncé une subvention de 1 million de dollars pour la Beekeepers Commission of Alberta, mais c'est pour une étude nationale de quatre ans à l'échelle du Canada sur la santé des abeilles dans toutes les colonies. On étudiera les pesticides, les maladies et les acariens. J'aimerais savoir si votre province recueille déjà ces données et si vous participerez à cette étude, c'est-à-dire si on vous a invité à y participer.

Mme Wong-Petrie : Jason, pourriez-vous parler de cet enjeu ou de ce que nous savons sur ce programme de l'AAC?

M. Sproule : J'ai appris cela récemment. Je pense que nous participerions certainement si on nous le demandait. Je crois que ce projet concernera surtout l'Alberta et le Manitoba, du moins durant les deux premières années, et il pourrait s'écouler trois ou quatre ans avant qu'on nous demande des échantillons pour examiner les maladies des abeilles et la présence de pesticides dans les ruches des provinces de l'Est. Nous serions heureux de contribuer à ce projet.

Oui, nous avons déjà enquêté sur la présence de certains organismes nuisibles, surtout l'acarien de l'abeille. Ces dernières années, on a mené une enquête annuelle pour déceler la présence d'acariens de l'abeille dans la province. On en a déjà trouvé une fois. Je ne crois pas qu'ils sont établis.

En ce moment, nous tentons de mener une enquête pour laquelle on recueillera des échantillons cet automne ou au début du printemps, et ils feront l'objet d'une analyse en laboratoire. Tous les échantillons analysés l'an dernier ont produit des résultats négatifs.

En ce qui concerne les pesticides, encore une fois, nous n'avons trouvé aucune abeille morte d'un empoisonnement par insecticide, et la question nous préoccupe donc moins qu'ailleurs.

Je sais que l'Université Dalhousie a recueilli quelques échantillons dans les ruches des Maritimes pour vérifier la présence d'insecticides dans la cire et dans les échantillons d'abeilles domestiques, et ce n'était pas spectaculaire. Je ne sais pas si les résultats ont déjà été publiés, mais il y avait quelques fongicides. Je crois que la majorité des pesticides trouvés dans les ruches étaient ceux que les apiculteurs y mettent, par exemple les acaricides, différents traitements, et cetera.

Le sénateur Robichaud : Vous avez dit que certains producteurs dépendent presque entièrement des pollinisateurs indigènes. Ils pollinisent les vergers de pommiers et aussi les cultures de bleuets, qui sont assez importants. Transporte-t-on beaucoup de ruches d'une partie de la province à une autre, au point d'avoir des répercussions sur la santé des abeilles?

M. Sproule : Chaque fois qu'on les transporte, cela entraîne un stress pour les ruches. On les déplace sur une certaine distance, mais j'hésite à donner une distance précise. Certains apiculteurs commerciaux seraient probablement capables de les transporter un peu plus loin qu'un apiculteur amateur ayant moins de 50 ruches. Oui, le transport peut entraîner un stress.

De plus, la location de ruches aux fins de la pollinisation des bleuets sauvages peut aussi entraîner un stress. Ce n'est pas la source fourragère la plus nutritive. Souvent, après la pollinisation des bleuets, les ruches reviennent affaiblies et elles doivent se rétablir pendant l'été.

Le sénateur Robichaud : Après la pollinisation des bleuets, sont-elles envoyées ailleurs aux fins de la pollinisation ou dépendent-elles des plantes fourragères sauvages?

M. Sproule : Dans certains cas, elles peuvent être utilisées pour les bleuets à divers endroits. Étant donné que les conditions climatiques varient d'une région à l'autre dans la province, certaines ruches sont utilisées plus d'une fois pour la pollinisation. Elles peuvent passer d'une bleuetière dont la floraison est hâtive à une autre région de la province, ou encore être exportées vers une autre province pour y polliniser des bleuetières. Après la pollinisation des bleuets, elles peuvent être utilisées pour la pollinisation des canneberges ou d'autres cultures, comme la culture de fruits de verger. Pour plusieurs d'entre elles, cela pourrait s'arrêter après une ou deux bleuetières; après, elles servent à la production de miel.

Le sénateur Robichaud : Si j'ai bien compris, la plupart d'entre elles ne sont pas transportées sur de longues distances, n'est-ce pas?

M. Sproule : Nous n'avons peut-être pas de très longues distances à parcourir. Il s'agit d'une province plus petite. Comparativement à d'autres régions, je serais d'accord là-dessus, mais on parle tout de même d'environ 200 kilomètres. Lorsque c'est possible, les gens tentent de trouver des champs plus près de chez eux.

Le sénateur Robichaud : Ai-je raison de dire que si je suis un apiculteur du Nouveau-Brunswick, je ne peux transporter mes abeilles en Nouvelle-Écosse, car on m'arrêterait à la frontière dans le secteur des marais de Tantramar?

M. Sproule : Vous dites que si vous êtes un apiculteur du Nouveau-Brunswick, vous ne pouvez exporter vos ruches en Nouvelle-Écosse? Pour être honnête, ce n'est pas une situation fréquente, parce qu'habituellement, cela va dans l'autre sens. Lorsque les ruches sont importées dans notre province, elles proviennent habituellement de l'Ontario et du Québec, puis nous les exportons vers le Nouveau-Brunswick. Peu de facteurs favorisent le transport dans l'autre sens.

Le sénateur Robichaud : Je croyais avoir vu près de la frontière un panneau indiquant qu'il est interdit d'importer des abeilles en Nouvelle-Écosse. Je ne sais pas s'il a été retiré.

M. Sproule : Eh bien, le panneau y est toujours, mais on devrait probablement y trouver la mention « permis obligatoire ». Il est possible de demander un permis, qui est habituellement accordé si certaines exigences sont satisfaites. Par exemple, les ruches doivent avoir été inspectées par la province exportatrice et traitées contre l'acarien de l'abeille. Les abeilles peuvent alors être importées.

Mme Wong-Petrie : Habituellement, en ce qui concerne notre cadre d'inspection, Jason participerait à la vérification à la frontière provinciale.

La sénatrice Tardif : Nous savons que beaucoup de facteurs ont une incidence sur la santé des abeilles. Quelles sont vos priorités actuelles en matière de recherche à cet égard? Quel financement consacrez-vous à la recherche?

Mme Wong-Petrie : J'ai parlé du Pollination Expansion Program que nous avons mis en place. Il ne s'agit pas d'une activité de recherche. Il s'agit d'un fonds de croissance que nous avons offert à l'industrie afin d'accroître le nombre de pollinisateurs. Encore une fois, je demanderais à Jason de répondre à cette question, car il a mis en place un réseau en collaboration avec le Campus agricole de Dalhousie, qui est situé à Truro, ce qui est bien pratique puisque c'est là qu'il se trouve ce soir. Outre les activités de recherche, les liens et les réseaux que nous avons établis avec le Campus agricole de Dalhousie favorisent certainement un dialogue accru avec nos apiculteurs.

Jason, vous pourriez peut-être aussi parler de votre relation avec l'association d'apiculteurs de votre province, ce qui est à mon avis un rôle très important de notre gouvernement provincial.

M. Sproule : Je crois sincèrement que nous avons la responsabilité d'entretenir une bonne relation de travail avec la Nova Scotia Beekeepers Association. J'assiste régulièrement à des réunions, nous fournissons des conseils et nous discutons d'enjeux et d'idées concernant des projets de recherche.

Je peux vous dire que deux projets de recherche sont en cours. L'un d'entre eux porte sur la capacité de charge de la province. On tente de qualifier et quantifier les ressources fourragères des diverses régions de l'ensemble de la province. On cherche aussi à savoir si ces ressources sont surexploitées ou sous-exploitées afin de déterminer quelles régions sont propices à l'expansion et à la croissance et de fixer le nombre optimal de ruches pour la province.

Un autre projet porte sur la santé des reines importées. On importe régulièrement des reines au printemps et plus tard au cours de la saison. Or, il y a eu certaines préoccupations concernant le rendement des reines dans les ruches en cours de saison. Voilà un autre aspect que l'on veut étudier.

La sénatrice Tardif : Merci de ces informations.

Le président : Avant de terminer, la présidence aimerait poser une question, avec la permission des sénateurs.

La question s'adresse aux témoins de la Nouvelle-Écosse. On rapporte que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada, l'ARLA, a déterminé que des pratiques agricoles liées à l'utilisation de néonicotinoïdes pour le traitement des semences de maïs et de soja sont la principale cause du taux élevé de mortalité des abeilles en Ontario et au Québec.

Je sais que vous jouez un rôle de chef de file dans le secteur de la recherche en Nouvelle-Écosse. Le problème des néonicotinoïdes a suscité beaucoup d'attention en Ontario et au Québec. Dans quelle mesure l'utilisation de ce pesticide représente-t-elle un problème dans votre province? À ce jour, combien d'incidents de mortalité chez les abeilles liés à l'utilisation des néonicotinoïdes ont été signalés dans votre province, le cas échéant?

Mme Wong-Petrie : Notre province ne compte pas beaucoup de cultures de semences pour lesquelles la pollinisation est nécessaire, même si nous avons environ 35 000 acres de maïs et 10 000 acres de soja issus de semences traitées. C'est donc une préoccupation. Pour répondre à la question précise sur la mortalité d'abeilles liée aux néonicotinoïdes, nous n'avons reçu aucun signalement.

Le président : Merci beaucoup.

Notre mandat est d'étudier la santé des abeilles. Nous remercions les fonctionnaires de la Nouvelle-Écosse de leurs observations et de leurs recommandations. Nous vous en sommes très reconnaissants.

Chers collègues, avant de lever la séance, ai-je votre consentement pour distribuer un document d'information de la province de Terre-Neuve-et-Labrador dans une seule langue?

[Français]

Le sénateur Robichaud : Le document sera traduit?

[Traduction]

Le président : Le greffier et moi avons été assurés que nous recevrons la traduction.

Donc, il y a consensus. Il sera distribué.

Encore une fois, merci beaucoup aux témoins.

(La séance est levée.)


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